Archive | Syndicalisme

17 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

USA (Solidarity)

usa

Élection 2024 aux États-Unis : Première réponse

Élection 2024 aux États-Unis : Première réponse «Il ne devrait pas être surprenant qu’un parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière se retrouve abandonné par la classe ouvrière. Alors que les dirigeants démocrates défendent le statu quo, le peuple américain est en colère et veut du changement. Et il a raison». – Bernie Sanders

Les élections américaines de novembre ont donné lieu à une large victoire de l’extrême droite, non seulement aux États-Unis, mais aussi à l’échelle internationale. Elle a provoqué une onde de choc non seulement dans la direction du Parti démocrate, mais aussi dans les forces progressistes et les mouvements pour la justice raciale, autochtone et de genre.

Certes, la victoire décisive de Trump a permis d’écarter les craintes de chaos post-électoral et de crise constitutionnelle – et toutes les accusations concoctées par la droite de « fraude électorale massive » se sont évaporées comme la rosée du matin. Nous pouvons également tirer un trait sur l’héritage présidentiel durable de Joe Biden : valider le génocide de Gaza, s’accrocher à sa campagne de réélection bien au-delà de la date de péremption, et porter Trump au pouvoir.

Les conséquences pourraient être tout aussi désastreuses que le prédisent de nombreux commentateurs. C’est certainement vrai pour le peuple palestinien qui subit le génocide l’État d’Israël, soutenu par les États-Unis, très probablement pour la lutte de l’Ukraine pour se défendre de l’invasion russe, sans aucun doute pour les communautés d’immigrants aux États-Unis qui font face à un nouveau règne de la terreur, et pour les étudiants et les professeurs activistes pro-palestiniens qui font face à la répression sur les campus, ainsi qu’aux menaces imminentes pour les mouvements antiracistes, pro-LGBTQ et pour les droits des transsexuel·les. Elle accélérera également – nous ne savons pas dans quelle mesure – l’apocalypse du changement climatique mondial.

Il y a beaucoup à dire sur tout cela, et nous ne pouvons qu’en effleurer une partie dans cette première réponse.

Mais nous devons commencer par un dilemme que la victoire de Trump/MAGA présente bien au-delà de la défaite d’une présidence Biden stagnante : Pour ceux d’entre nous qui font partie du mouvement socialiste, la lutte et l’auto-activité de la classe ouvrière sont l’élément déterminant pour obtenir des gains sérieux et durables. Pourtant, la réalité d’aujourd’hui est qu’une minorité substantielle de travailleurs aux États-Unis – en grande partie, mais pas seulement, parmi les travailleurs blancs- a été amenée à voter pour un programme profondément réactionnaire. Selon certaines sources, la moitié des membres des syndicats du Michigan ont soutenu Trump.

Les travailleurs qui ont voté pour Trump ne s’identifient pas nécessairement aux politiques sociales vicieuses de l’extrême droite. Il est tentant, et en partie valable, d’attribuer le résultat de l’élection à la suprématie de la race blanche – mais après tout, il s’agit d’une réalité constante aux États-Unis, qui n’explique pas de manière adéquate le résultat de 2024. Si cette élection a tourné autour d’une question centrale, c’est bien celle de l ‘inflation, dans le sillage de la dislocation de la vie des gens par le Covid.

Les appels racistes anti-immigrants ont clairement été une force mobilisatrice à droite, et le restent évidemment, mais les sondages électoraux ont indiqué qu’ils n’étaient pas l’essentiel – comme c’était également le cas pour les craintes très réelles concernant l’avenir de la démocratie qui ont motivé une grande partie du vote démocrate.

La désertion du Parti démocrate par la classe ouvrière n’est pas une nouveauté. Elle apparaît dans les élections depuis les années 1980, s’est accélérée pendant les décennies désastreuses du « néolibéralisme » et se manifeste aujourd’hui. Dans le même temps, l’aliénation politique est largement répandue au sein de la population. En 2024, le vote Trump n’a pas beaucoup changé, avec environ 72 millions de voix (contre 74 millions en 2020), tandis que le vote présidentiel des démocrates a chuté de 13 millions de voix, passant de 81 millions en 2020 à 68 millions.

Alors même que nous nous préparons à rejoindre la résistance, par tous les moyens disponibles, à l’assaut qui s’annonce contre les mouvements progressistes et les populations vulnérables, la gauche socialiste doit accepter les tendances politiques à droite au sein d’une grande partie de la classe ouvrière et analyser clairement la manière dont elles pourraient être inversées.

L’extrême droite elle-même fera une partie du travail – puisque les tarifs douaniers de Trump, les réductions d’impôts pour les riches et les attaques contre les programmes et services essentiels victimisent des millions de personnes qui ont voté pour lui. Mais cela ne fera pas automatiquement évoluer les classes populaires vers la gauche, en particulier lorsque tant de personnes réagissent aux crises de leur vie en tant qu’individus et familles isolés plutôt qu’en tant que classe organisée.

La débâcle des démocrates

Nous n’ignorons pas les graves pressions exercées sur la vie des gens par la pandémie de Covid, en particulier l’inflation corrosive qui en a résulté (faussement imputée par la droite, bien sûr, aux « dépenses publiques effrénées »). Mais nous pensons que le sénateur Bernie Sanders met précisément le doigt sur la raison fondamentale pour laquelle une grande partie de la classe ouvrière a « abandonné » les démocrates.

Il est trop facile de se concentrer sur des questions secondaires et des maladresses tactiques. Bien sûr, l’establishment démocrate a dissimulé le déclin de Biden pendant bien trop longtemps. Bien sûr, leur refus, lors de la convention, d’autoriser le moindre discours d’un délégué palestino-américain était une rebuffade cynique, lâche et raciste – qui aurait pu être fatale si l’élection s’était révélée beaucoup plus serrée et si le vote arabo-américain et progressiste avait été décisif.

Mais nous devons comprendre pourquoi la campagne de Kamala Harris – qui n’a pas été conçue par Harris mais par la même clique de consultants d’entreprise qui perçoivent leurs honoraires exorbitants après chaque défaite – a été si insipide. Harris s’est focalisée sur la seule question de fond du droit à l’avortement, qui a bien sûr une résonance, ainsi que sur le fait qu’elle n’est pas Donald Trump, et sur très peu d’autres choses.

Son programme économique se résumait à des phrases creuses sur les « opportunités », avec des gestes de campagne en faveur des syndicats – mais rien sur la loi PRO (Protect the Right to Organize) que les démocrates n’ont pas réussi à faire passer, sur l’augmentation du salaire minimum au niveau de la pauvreté, ou sur la lutte contre les inégalités obscènes qui existent dans le pays. Plutôt que d’adhérer au message de Bernie Sanders qui s’attaque au pouvoir des entreprises, elle (c’est-à-dire les consultants professionnels qui ont façonné la campagne) a choisi de tourner avec Liz Cheney, proposant essentiellement un gouvernement de coalition avec les républicains qui ne font pas partie de Trump.

Sa promesse de « construire l’armée la plus meurtrière du monde » tournait le dos à la base électorale progressiste, et à toute circonscription populaire. Il s’agissait de la promesse faite par les démocrates à la classe dirigeante d’être le principal parti de l’impérialisme américain. La promesse démagogique et mensongère de Trump de « mettre rapidement fin aux guerres » en Ukraine et au Moyen-Orient a peut-être été mieux perçue par certains électeurs.

Pour être clair, nous ne saurons jamais si une campagne véritablement progressiste (ou même une campagne traditionnelle de type New Deal) aurait vaincu Trump et les Républicains MAGA. Il aurait difficilement pu faire pire que le Parti démocrate, qui n’a absolument pas mené une telle campagne. Et il n’y a pas la moindre raison de penser qu’il le fera un jour.

Sanders a mis le doigt sur le problème lorsqu’il a conclu : » Les grands intérêts financiers et les consultants bien payés qui contrôlent le Parti démocrate tireront-ils de véritables leçons de cette campagne désastreuse ? Ont-ils des idées sur la manière dont nous pouvons nous attaquer à l’oligarchie de plus en plus puissante qui détient tant de pouvoir économique et politique ? Probablement pas ».

Dystopies à venir

La nouvelle présidence Trump commencera sans aucun doute à réaliser ses promesses de campagne aux intérêts des entreprises, de la haute technologie et des crypto-monnaies : nouvelles réductions d’impôts, déréglementation, démantèlement des protections environnementales qui sont déjà désastreusement insuffisantes, etc.

Les conséquences de ces mesures – pour le déficit budgétaire fédéral et la dette nationale, pour la catastrophe climatique en cascade – se feront sentir dans les années à venir. Des promesses telles que la nomination du fanatique anti-vaccination Robert Francis Kennedy Jr. à la tête des agences de santé publique et d’Elon Musk à la tête d’une nouvelle commission de réduction des budgets auraient également des conséquences médicales et sociales à long terme.

Ce qui n’est pas clair, c’est si Trump passera rapidement à la mise en œuvre de mesures telles que d’énormes droits de douane qui déstabiliseraient immédiatement l’économie et les relations internationales, et « le plus grand programme de déportation de l’histoire » qui coûterait des dizaines de milliards, pourrait provoquer des bouleversements et de la violence, et avoir un impact sérieux sur des pans de l’économie agricole, des services et même de l’économie industrielle.

En bref, il pourrait y avoir une concurrence entre les éléments du programme de Trump – la cupidité pure et simple des entreprises d’une part, et les politiques plus folles et plus idéologiques qui pourraient prématurément saper le soutien de la nouvelle administration (compte tenu des impulsions erratiques de Trump et de certains signes de déclin, le chef de cabinet de la Maison Blanche pourrait jouer un rôle décisif).

Il s’agit là de spéculations, mais en tout état de cause, les défis auxquels la gauche est confrontée sont considérables. Il est certain que la construction d’une résistance contre les menaces anti-immigrés et les déportations massives doit être une priorité de premier ordre pour les progressistes !

Il est regrettable que l’espoir d’une modeste percée du Parti vert ne se soit pas concrétisé au niveau national – bien que le potentiel ait été perçu dans un endroit comme Dearborn, Michigan, où la rage entièrement justifiée des communautés arabo-américaines et musulmanes contre le génocide de Joe Biden et la destruction de Gaza s’est manifestée par un soutien de 18 % à la candidate verte Jill Stein.

L’incapacité de la gauche à forger une alternative crédible au duopole des partis capitalistes explique en partie comment nous en sommes arrivés au gâchis politique toxique actuel. Dans le même temps, la stratégie préconisée par une grande partie de la gauche, qui consiste à « travailler au sein du Parti démocrate pour le changer », n’a rien fait pour arrêter le recul du parti vers le « centre », c’est-à-dire vers la droite.

Comme c’est le cas depuis plus d’un siècle, la classe ouvrière des États-Unis a besoin de son propre parti, mais en ce moment désastreux, les perspectives ont rarement semblé aussi lointaines. Nous n’avons pas de schéma directeur, mais une alternative politique ne peut émerger que des mouvements sur le terrain, y compris l’indignation contre le nettoyage ethnique en Palestine, les luttes continues pour les droits reproductifs, et la modeste augmentation de l’activisme ouvrier et des activités de grève – pas encore une « poussée » selon les normes historiques, mais un signe d’espoir de renouveau. Nous notons que les référendums sur les droits reproductifs ont été adoptés même dans certains États qui ont élu Trump, et que dans d’autres, les électeurs ont augmenté le salaire minimum de l’État.

Il n’y a pas de raccourcis, et il n’y en a jamais eu. Mais dans l’immédiat, la tâche urgente est de faire partie des mouvements qui résistent aux attaques des entreprises et de l’extrême droite, au génocide de Gaza, aux agressions brutales contre les communautés d’immigrés et à la menace du changement climatique qui pèse sur la survie de la civilisation.

Publié par le Comité nationale de Solidarity le 11 novembre 2024

14 novembre 2024  Solidarity

https://inprecor.fr/

Lire la suite

15 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Gréve du 5 Déc (Le Monde)

greve g

Fonction publique : les syndicats appellent à la grève le 5 décembre, sur l’ensemble du territoire

Les confédérations syndicales demandent que le ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, « renonce aux trois jours de carence dans la fonction publique, à la diminution de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie » et au « non-versement de la garantie individuelle du pouvoir d’achat.

Plusieurs syndicats de la fonction publique ont appelé, jeudi 14 novembre, à une journée nationale « d’action » et de « grève » le 5 décembre, pour dénoncer notamment des coupes budgétaires dans l’administration à hauteur de 1,2 milliard d’euros, selon un communiqué signé par sept des huit organisations.

« Les organisations syndicales CGT, CFDT, UNSA, FSU, Solidaires, CFE-CGC et FA-FP appellent les agents et les agentes de la fonction publique à une journée d’action, de rassemblements, de manifestations et de grève sur l’ensemble du territoire le 5 décembre 2024 », ont-elles fait savoir dans leur communiqué.

« Une journée pour que le ministre [Guillaume Kasbarian] renonce aux trois jours de carence dans la fonction publique, à la diminution de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie, au non-versement de la GIPA [la garantie individuelle du pouvoir d’achat] », détaille encore le document.

Seule Force ouvrière, deuxième organisation syndicale au niveau de l’ensemble de la fonction publique, ne s’est pas jointe à cette déclaration et a maintenu un appel à la grève de trois jours reconductible « au même moment que la grève des cheminots », « à partir du 10 ou du 11 décembre », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) le secrétaire général de l’UIAFP-FO, Christian Grolier.

Le ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, a accédé le 7 novembre à l’une des revendications syndicales, l’abandon de la suppression des catégories A, B et C, mais refuse de plier sur les autres points soulevés par les syndicats. C’est le cas de l’allongement du délai de carence d’un à trois jours en cas d’arrêt maladie et de la réduction de l’indemnisation à 90 % du traitement normal au lieu des 100 % actuels.

Les fédérations syndicales s’opposent également à la suppression annoncée de la GIPA, une forme de compensation financière pour les fonctionnaires.

« Guillaume Kasbarian prend acte de la décision des syndicats »

« Force est de constater que Guillaume Kasbarian n’a pas répondu à la plupart des autres propositions et revendications portées par les organisations syndicales », peut-on lire dans le communiqué commun des syndicats.

Ces mesures sont « difficiles mais assumées », avait déclaré l’entourage de Guillaume Kasbarian, qui plaide pour un « alignement » entre secteurs public et privé.

« Guillaume Kasbarian prend acte de la décision des syndicats et réaffirme son ouverture au dialogue. Dans une période de contraintes budgétaires fortes, le ministre agit avec responsabilité et en appelle à ce même esprit de la part de tous les acteurs », a fait savoir l’entourage du ministre.

https://www.lemonde.fr/politique/

Fonction publique : une journée de grève prévue dans toute la France le 5 décembre

Sept organisations syndicales, dont la CGT, la CFDT et Solidaires, annoncent ce jeudi 14 novembre une journée d’action début décembre. Elles demandent au ministre Guillaume Kasbarian de renoncer à plusieurs mesures par LIBERATION 14 novembre 2024 à 16h39

Une mobilisation presque au complet. Ce jeudi 14 novembre, sept organisations syndicales – la CGT, la CFDT, l’Unsa, FSU, Solidaires, la CFE-CGC et FA-FP – annoncent une «première» journée d’action «sur tout le territoire» le 5 décembre prochain. Les agents de la fonction publique sont appelés à la grève et à des rassemblements et manifestations partout en France. Seul Force ouvrière ne s’est pas joint au communiqué commun : le syndicat souhaitait faire une grève durant trois jours d’affilée à partir du 10 ou 11 décembre pour s’aligner avec la mobilisation de la SNCF, prévue à partir du 11 décembre.

Les organisations justifient cette journée de grève par les non-réponses de Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique, à plusieurs de leurs revendications. Dans leur communiqué, les syndicats demandent au ministre de renoncer aux «trois jours de carence dans la fonction publique», «à la diminution de l’indemnisation des jours d’arrêt maladie» et au «non-versement de la Gipa», la garantie individuelle de pouvoir d’achat, une indemnité destinée à compenser l’inflation.

Les annonces du gouvernement sur la réduction de 100% à 90% de l’indemnisation des congés maladie des fonctionnaires et l’instauration de trois jours de carence non payés, au lieu d’un actuellement, lors de ces absences – hors pathologies lourdes – avaient cristallisé la colère des organisations. Plusieurs d’entre-elles avaient quitté la table avant la fin de la réunion avec le ministre de la Fonction publique la semaine dernière. Ces mesures sont «difficiles mais assumées», avait indiqué l’entourage de Guillaume Kasbarian, qui plaide pour un «alignement» entre secteurs public et privé.

Dans leur communiqué, les syndicats demandent également une hausse des moyens «à la hauteur des missions des services et des politiques publiques», des «créations d’emplois partout où c’est nécessaire» ou encore des augmentations salariales. «Guillaume Kasbarian prend acte de la décision des syndicats et réaffirme son ouverture au dialogue. Dans une période de contraintes budgétaires fortes, le ministre agit avec responsabilité et en appelle à ce même esprit de la part de tous les acteurs», a indiqué l’entourage du ministre.

Mis à jour à 17h30

 

Lire la suite

14 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Edito (Bastamag)

Edito (Bastamag) dans Altermondialisme
L’édito de Nolwenn Weiler
Voici l’édito de notre newsletter On en Agro !. Pour la découvrir en intégralité et pour la recevoir gratuitement, c’est par là.

Riches céréaliers, petites exploitantes ou saisonniers : un monde agricole fracturé par les inégalités

Plusieurs syndicats agricoles appellent de nouveau à la mobilisation et à la solidarité. Mais derrière cette union de façade, se cache une profession traversée par de profondes inégalités.

Les campagnes française vont-elles, de nouveau, s’enflammer ? Alors que la Coordination rurale menace d’affamer les villes, la FNSEA appelle à une mobilisation générale à partir du lundi 18 novembre. La Confédération paysanne entend de son côté multiplier les actions pour exiger la régulation des marchés agricoles. Dans leur viseur : la menace de finalisation de l’accord de libéralisation du commerce entre l’Union européenne et certains pays d’Amérique du Sud, qui pourrait entraîner l’importation en Europe de centaines de milliers de tonnes de produits agricoles exonérés de droits de douane.

Mais les syndicats agricoles sont aussi fâchés du manque de suites données au vaste mouvement de colère de l’hiver dernier. « Ce que [les agriculteurs] veulent aujourd’hui, ce sont des résultats concrets dans leur cour de ferme » a déclaré Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, alors qu’il était en déplacement dans les Pays-de-Loire. « On est prêt à aller loin pour que nos revendications soient entendues », a t-il prévenu quelques jours plus tôt.

Une profession très inégalitaire

Il y aurait donc un monde agricole homogène, défendant ensemble des exploitations similaires et des intérêts communs. Mais cette unité de façade, convoquée dès que la colère gronde ou menace, empêche de réfléchir à ce qui différencie et divise au sein de la profession, qui est en fait l’une des plus inégalitaires du pays.

D’un côté, les 10 % des ménages agricoles les plus pauvres touchent moins de 10 900 euros par an (soit environ 800 euros par mois). De l’autre, les 10 % les plus riches gagnent plus de 44 600 euros par an (environ 3 700 euros par mois). Et encore, ces chiffres sont des moyennes, qui cachent les immenses fortunes autant que les vies de misère. L’abîme qui sépare les deux franges les plus extrêmes de la population agricole est plus profond que celui qui sépare les Français les plus pauvres des Français les plus riches. Loin d’être uniforme, le monde agricole est donc profondément fracturé.

Les discours valorisant la solidarité cachent aussi les inégalités de genre. Dans les fermes françaises, plusieurs milliers de femmes exercent encore sans statut et travaillent donc gratuitement. Celles qui ont un revenu touchent 30 % de moins que leurs homologues masculins. Et quand sonne l’heure de la retraite, elles perçoivent en moyenne 570 euros par mois, bien moins que ceux parmi les paysans les plus pauvres qui ne perçoivent déjà pas grand-chose – environ 870 euros par mois.

Pour ce qui est du partage de la terre, l’union est – là encore – de pure façade. Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), « près d’un quart des exploitations agricoles se partagent 1 % de la surface agricole utile (SAU), quand 5 % des plus grandes, d’une superficie supérieure à 214 hectares, s’octroient 25 % de la SAU ».

Aggravé par la chute sans fin du nombre d’agriculteurs et agricultrices, cet accaparement des terres va de pair avec l’accumulation des fonds publics, notamment européens, dont le versement est indexé à la surface : 80 % des aides de la politique agricole commune (PAC) sont captées par 20 % des exploitants en Europe. L’augmentation des formes sociétaires, qui passent sous les radars des systèmes de régulation de la propriété foncière agricole, accentue ce problème de confiscations, qui porte préjudice aux personnes non issues du milieu agricole désireuses de s’installer.

« Des intérêts antagonistes »

Tandis qu’ils et elles galèrent à trouver des fermes, des agriculteurs se taillent la part du lion, créant leurs propres sociétés pour agrandir des exploitations déjà immenses. Certaines atteignent plusieurs centaines d’hectares.

Complément d’enquête a révélé en mars dernier comment le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est désormais à la tête de 700 hectares via quatre sociétés, contrôlées par une holding, Spondeo. On est bien loin de l’image bucolique des fermes familiales de polyculture élevage que le syndicat majoritaire ne cesse de véhiculer, en les présentant comme « une singularité française qu’il faut promouvoir ».

En fait de singularité française, on assiste à un mouvement d’agrandissement des fermes, qui favorise la monoculture, l’usage de pesticides, l’appauvrissement des sols et de la biodiversité. Soit la marche inverse à ce qu’il faudrait entreprendre pour limiter les effets du changement climatique, qui impacte si durement le monde agricole.

A la tête de fermes de plus en plus étendues, les agriculteurs font de plus en plus appel à des entreprises de sous-traitance du travail agricole (les ETA). Une équipe de chercheurs a calculé que la quantité de travail effectuée par ces entreprises a été multipliée par quatre ces dernières années, et le nombre de salariés par trois. Ces méga-structures « d’agriculture déléguée » laissent entrevoir des « stratégies et pratiques proches de celles du secteur industriel ». Dans certaines parties du territoire, on assiste au développement d’un sous-salariat, venu du sud de l’Europe, qui travaille dans des conditions honteuses, pour cueillir nos fruits et légumes.

Leur condition quotidienne est plus proche de celles des salariés intérimaires à qui on vole la force de travail au péril de leur santé que de celle des agri-manageurs fortunés qui ne mettent plus une botte dans leurs champs.

Mais « la ruse de la FNSEA est de masquer, sous le vocable unitaire, les intérêts antagonistes du monde agricole, alors qu’elle ne représente que les dominants et les patrons de l’agriculture », analysait la sociologue Rose-Marie Lagrave, fine connaisseuse du monde agricole, au sortir de la crise de l’hiver. Cette fois encore, les plus puissants ont décidé de jouer la carte de l’unité qui tait les inégalités, étouffe les conflits et entrave l’émancipation.

Nolwenn Weiler 14 novembre 2024

https://basta.media/

Lire la suite

11 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Trump saison 2 (Equal Times)

trump

Trump, saison 2 : pourquoi les droits des travailleurs américains sont sur le gril ?

Selon la fédération syndicale AFL-CIO : « Au cours de ses quatre précédentes années de mandat, le président Trump a affaibli les syndicats et les travailleurs tout en favorisant les concessions fiscales aux plus riches. Il a donné carte blanche aux grandes entreprises pour baisser les salaires et rendre plus difficile pour les travailleurs de se regrouper au sein d’un syndicat ».

Donald J. Trump a non seulement remporté l’élection pour devenir le 47e président des États-Unis, mais il l’a fait avec une marge encore plus importante que la première fois, celles et ceux qui s’intéressent au sort des travailleurs américains tournent désormais leur attention vers les implications possibles de la victoire de Trump pour les syndicats et les travailleurs.

D’aucuns voient dans cette victoire une nouvelle catastrophique pour les droits reproductifs des femmes, les droits des migrants et les droits des personnes LGBTQ+, pour la quête permanente de justice raciale et l’absolue nécessité de prendre des mesures climatiques urgentes et audacieuses pour enrayer l’accélération du réchauffement de la planète, ainsi que pour tout espoir d’une paix juste en Palestine et en Ukraine et pour la démocratie dans le monde entier.

  • Mais qu’en est-il pour les droits des travailleurs ?

M. Trump ne s’est guère étendu sur les politiques du travail qu’il serait susceptible de mettre en œuvre en cas d’élection ; il a surtout insisté sur sa promesse d’augmenter les tarifs douaniers pour protéger les emplois américains et de mener, selon ses termes, « la plus grande opération de déportation de l’histoire de notre pays », laquelle toucherait des millions de travailleurs sans papiers. Toutefois, selon une analyse détaillée du Washington Post basée sur des entretiens avec huit anciens fonctionnaires de l’administration Trump et sept experts conservateurs du monde du travail, les politiques de l’emploi de M. Trump devraient se concentrer sur les points suivants : le limogeage de membres du National Labor Relations Board, nommés par Biden (qui ont préparé le terrain pour un certain nombre de campagnes syndicales importantes, notamment chez Amazon et Starbucks) ; la révision des règles fédérales en matière d’heures supplémentaires afin que moins de travailleurs soient éligibles au paiement des heures supplémentaires ; la limitation de l’accès aux droits et aux prestations pour les travailleurs à bas salaires, en particulier ceux de l’économie des petits boulots ou « gig economy » ; et l’assouplissement des protections en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail, entre autres mesures.

Il a aussi été question de mettre fin aux taxes fédérales sur les pourboires et aux taxes sur la rémunération des heures supplémentaires, bien que certains économistes aient suggéré qu’une telle mesure entraînerait un coût économique important tout en creusant les inégalités.

  • Quels indices pourrait nous donner son précédent mandat sur ce qu’une deuxième présidence Trump dans ce domaine ?

Trump est anti-réglementation, anti-syndicat et farouchement pro-entreprise – son principal soutien lors de cette campagne électorale n’est autre que le patron ultra-conservateur et antisyndical de Tesla, Elon Musk – et les politiques qu’il a menées au cours de son premier mandat en attestent.

Selon la fédération syndicale AFL-CIO : « Au cours de ses quatre précédentes années de mandat, le président Trump a affaibli les syndicats et les travailleurs tout en favorisant les concessions fiscales aux plus riches. Il a rempli les tribunaux de juges qui veulent faire reculer nos droits en tant que travailleurs. Il a réduit notre sécurité au travail. Il a donné carte blanche aux grandes entreprises pour baisser les salaires et rendre plus difficile pour les travailleurs de se regrouper au sein d’un syndicat ». Il a, notamment, promulgué plusieurs décrets exécutifs visant à réduire le pouvoir des syndicats, en particulier ceux qui représentent les travailleurs fédéraux. Il a noyauté le National Labor Relations Board en nommant des personnes qui avaient tendance à voter en faveur des employeurs plutôt que des travailleurs. Il a failli à sa promesse de faire revenir les emplois manufacturiers bien rémunérés dans des États comme la Pennsylvanie, le Michigan et l’Ohio. Il a réduit de 21 % le budget du Département du Travail et n’a pas soutenu les appels en faveur d’une augmentation du salaire minimum fédéral, qui a été maintenu à 7,25 USD de l’heure depuis 2009 (bien que le salaire minimum n’ait pas changé non plus sous l’administration Biden-Harris).

  • On entend beaucoup parler du « Project 2025 ». De quoi s’agit-il et quelles en sont les implications pour les travailleurs aux États-Unis ?

Project 2025 est un document politique de 922 pages préparé par le think tank conservateur Heritage Foundation, qui propose une stratégie de refonte totale du gouvernement américain. S’agissant du monde du travail à proprement parler, le rapport présente, entre autres mesures, des propositions visant à limiter le droit d’organisation, à autoriser les États à interdire les syndicats, à abroger les lois sur le paiement des heures supplémentaires, à intensifier les descentes des services d’immigration sur le lieu de travail et à supprimer les protections en matière de santé et de sécurité ainsi que les protections contre le travail des enfants, le tout dans le but de « stimuler la création d’emplois et l’investissement, les salaires plus élevés et la productivité ». Bien que Trump ait cherché à prendre ses distances avec ce document, celui-ci a été rédigé par un réseau d’une centaine de personnes associées à son équipe gouvernementale.

  • Les syndicats américains ont-ils soutenu Donald Trump ou Kamala Harris ?

La plupart des grands syndicats américains ont apporté leur soutien à la campagne de Kamala Harris, et certains, comme l’AFL-CIO et le syndicat des travailleurs de l’automobile UAW, figuraient au nombre des intervenants lors de la convention nationale démocrate de 2024. Il convient de noter que le syndicat Teamsters a choisi de ne soutenir aucun des deux candidats (bien que le président du syndicat, Sean O’Brien, soit devenu le premier membre des Teamsters, en 121 ans d’existence, à prendre la parole lors de la convention nationale républicaine). M. Trump a également obtenu le soutien de l’International Union of Police Association.

  • Trump a remporté le vote populaire avec une marge significative. Comment expliquer le soutien des électeurs de la classe ouvrière au vu de sa position anti-ouvrière ?

De multiples facteurs expliquent le soutien populaire à Donald Trump. Beaucoup de gens se souviennent de la période qui a précédé la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine comme d’une époque où ils avaient plus d’argent en poche, et ils attribuent cela à la gestion économique de Donald Trump plutôt qu’aux événements mondiaux plus larges. Ils se rallient par ailleurs à son discours lorsqu’il se présente comme une alternative au statu quo – une alternative à ce qu’il nomme le « marécage » de Washington – qui a fait fi de la voix des « gens ordinaires ». On ne peut pas ignorer non plus l’attrait qu’exerce sa position agressivement nativiste, xénophobe et anti-immigration sur une frange de l’électorat qui cherche la cause de son mécontentement économique au bas de l’échelle plutôt qu’au sommet.

7 novembre 2024

Pour aller plus loin :

« Les travailleurs syndiqués, un électorat indispensable pour Kamala Harris, mais pas acquis d’avance  » – The Conversation

« Le retour du travailleur sur la scène politique américaine » – Le Monde Diplomatique (Novembre 2024)

« États-Unis. Le bilan de la présidence Trump en matière d’emploi : quels défis pour les organisations syndicales ? » Par Donna Kesselman, dans Chronique Internationale de l’IRES (2021)

« Projet 2025 présente un plan anti syndical » Par Jenny Brown (Labor Notes), traduction d’un article paru dans Jacobin.

https://www.equaltimes.org/

Lire la suite

10 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Licenciements ( France Info)

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, sur le site de l'usine Michelin à Vannes (Morbihan), le 8 novembre 2024. (ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS / AFP)
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, sur le site de l’usine Michelin à Vannes (Morbihan), le 8 novembre 2024. (ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS / AFP)

Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle », prévient la secrétaire générale de la CGT

« On estime que plus de 150 000 emplois vont disparaître, probablement plus »,

« La CGT alerte depuis des mois. »

Dans une interview à La Tribune, dimanche 10 novembre, la secrétaire générale de la centrale syndicale, Sophie Binet, met en garde contre l’accumulation des plans sociaux, alors que le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, avait assuré la veille s’attendre à la destruction de « milliers d’emplois ».

« Quand j’ai rencontré Michel Barnier, qui arrivait à Matignon, je lui ai présenté une liste de plus de 180 plans sociaux que nous avons recensés. Aujourd’hui, cette liste frôle les 200. Et il y en aura d’autres. Dans l’automobile, chez les constructeurs, les équipementiers, mais aussi dans la chimie, etc. : tous les secteurs sont impactés », affirme Sophie Binet.

Pour la patronne de la CGT, la remontée prochaine du chômage est inévitable. « On estime que plus de 150 000 emplois vont disparaître, probablement plus. Car il y a un effet domino sur toute la chaîne de sous-traitance, développe Sophie Binet. Les plans de licenciements des grands donneurs d’ordres entraînent toujours des suppressions de postes dans les petites entreprises. Nous sommes au début d’une violente saignée industrielle. »

La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a, elle, affirmé dans Le JDD que « les conditions économiques se durcissent sensiblement », après l’annonce de plans sociaux chez Michelin et Auchan. Elle fait état d’« une accélération du nombre de procédures collectives ouvertes par les entreprises en difficulté. Avec, de surcroît, des transformations structurelles dans l’automobile ou la grande distribution ».

Sophie Binet, dimanche, à « La Tribune ». 10/11/2024

https://www.francetvinfo.fr/

Lire la suite

06 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Licenciements (NPA)

Mobilisation générale contre la fermeture des usines Michelin de Cholet et Vannes !

Auteur
Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)

COMMUNIQUÉ du NPA-L’Anticapitaliste 49

Mobilisation générale contre la fermeture des usines Michelin de Cholet et Vannes !

Les salariéEs de Michelin-Cholet ont voté la grève ce mardi 5 novembre, après que la direction du groupe a brutalement annoncé la fermeture de l’usine d’ici un an, de même que celle de Vannes.

Ces salariéEs ont raison, et toutes les forces progressistes, associations, syndicats et partis doivent résolument se tenir à leurs côtés.

Ce sont au total 1.254 personnes qui vont être directement violentées par le jeu de Monopoly de Michelin. Et ce sont des milliers d’emplois induits par la présence des deux usines qui sont menacés.

Comme d’habitude dans le monde capitaliste, le seul souci de la direction, qui a fait le choix ancien de désinvestir dans ses usines de l’Ouest, est la préservation des profits des actionnaires.

D’autres choix sont possibles, y compris la reconversion des deux usines dans des productions socialement et écologiquement utiles, avec préservation intégrale de l’outil de travail et des emplois. Car le groupe Michelin fait des profits, et nos vies valent plus que les profits de ses actionnaires !

Le 5 novembre 2024

Stellantis Rennes : Suppression de 250 emplois intérimaires, une décision inacceptable !

Crédit Photo
Photothèque Rouge/tn.
Auteur
Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)

Stellantis Rennes : Suppression de 250 emplois intérimaires, une décision inacceptable !

Le NPA Rennes dénonce fermement la décision prise par Stellantis de passer à une seule équipe de production sur le site de la Janais à partir de janvier 2025, entraînant la suppression de 250 postes d’intérimaires. Ce nouveau coup porté aux travailleurs.euses précaires intervient dans un contexte où les intérimaires, qui assurent une partie essentielle de la production, sont à nouveau les premières victimes de la logique de rentabilité des grandes entreprises.

Depuis plusieurs mois, les salarié-es de l’usine font face à une réduction de l’activité et à la fermeture progressive des lignes de production, à commencer par le modèle 5008. La direction justifie ces suppressions par une baisse prévisible de la production et les nouvelles prévisions commerciales. La réalité, c’est que les bénéfices ont été en hausse de 11% en 2023, le chiffre d’affaires en record de près de 190 Mds€ et que le « salaire » indécent de Carlos Tavares est de l’ordre de 36M€. Et une fois de plus, ce sont les travailleurs.euses les plus précaires qui en paient le prix fort. Si la production baisse il faut baisser les cadences et répartir le travail entre toutes et tous.

Le NPA Rennes soutient les syndicats et à commencer par la CGT qui dénoncent cette situation. Il est impératif que les intérimaires, qui sont par ailleurs sur le terrain depuis de nombreuses années, puissent bénéficier de conditions de travail dignes et d’une plus grande sécurité de l’emploi en étant, si elles et ils le souhaitent, embauché-es en CDI.

De Rennes à Poissy, les travailleurs.euses du secteur automobile, qu’ils soient en CDI ou en intérim, font face à une offensive patronale massive et planifiée. Dans le reste de l’industrie et du commerce, des plans de licenciements s’annoncent chaque jour. De Michelin à Auchan en passant par Stellantis, l’heure est à la mobilisation ! Non aux licenciements, nos vies valent plus que leurs profits.

Rennes, le 5 novembre 2024

Le communiqué en PDF

Lire la suite

06 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Interdiction des licenciements (NPA)

Crédit Photo Photothèque Rouge/MILO.

L’interdiction des licenciements, c’est urgent !

Communiqué du NPA-l’Anticapitaliste – L’interdiction des licenciements, c’est urgent !

Michelin, Auchan, Airbus, Vencorex… les plans de licenciements s’intensifient. Depuis quelques semaines, le secteur automobile en Europe se mobilise contre ce que les patrons et les actionnaires veulent présenter comme inéluctable : les suppressions d’emplois pour rétablir les marges face à la concurrence internationale.

Avec toujours la même logique destructrice : les travailleurEs servent de variables d’ajustement. En France, ce sont notamment les salariéEs de MA France, de Dumarey-Powerlidge à Strasbourg, ou encore de Valeo qui sont en première ligne.

D’autres secteurs sont également touchés : la chimie, la grande distribution,… Les salariéEs de la centrale de Cordemais, près de Nantes sont mobiliséEs ainsi que celles et ceux de Vencorex en Isère. Auchan vient d’annoncer la suppression de 2300 emplois et Michelin, de 1250 postes à Vannes et Cholet, où une grève puissante vient d’éclater.

A ces plans de licenciements s’ajoutent Airbus et ses 2500 postes menacés, et tant d’autres comme Walor, Milee, ExxonMobil… Au 18 octobre 2024, la CGT recensait 180 plans de licenciements en un an[1].

Ces entreprises ont pu bénéficier par le passé de cadeaux fiscaux et d’aides en tout genre. Pendant des années, elles se sont accaparées de l’argent public et licencient à tour de bras aujourd’hui. C’est inacceptable. Michel Barnier peut bien montrer du doigt les directions de Michelin et d’Auchan, personne n’est dupe. Son gouvernement va accompagner la casse sociale.

Le secteur public non plus n’est pas épargné, comme dans l’Education Nationale où 4000 postes seront supprimés. La Cour des Comptes préconise quant à elle la suppression de 100 000 postes dans la Fonction Publique Territoriale.

Pour que cesse la destruction capitaliste des emplois, des vies et du vivant, il est vital que ces luttes convergent. La propriété privée des moyens de production, qui ne sert que les intérêts particuliers d’une minorité, est la principale responsable de la catastrophe sociale et écologique en cours …

Il est temps d’y mettre fin. Ce serait faire œuvre de salubrité publique au bénéfice de la majorité, celles et ceux qui produisent les richesses.

Dans l’immédiat, il devient urgent d’imposer l’interdiction des licenciements et la reconversion des emplois pour produire ici sans polluer, pour que les salariéEs décident avec la population ce dont elle a besoin et comment le produire.

Il est tout aussi urgent que l’ensemble de la gauche sociale et politique, dans le Nouveau Front Populaire et en dehors, que toutes les équipes syndicales concernées se regroupent pour organiser une manifestation centrale à Paris contre les licenciements, contre les suppressions de postes, et contre le gouvernement Macron-Barnier.

[1] CGT. 180 plans de licenciements en un an.

https://npa-lanticapitaliste.org/

Lire la suite

19 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Lactalis (FR3)

lait

Lait sous pression : opération coup de poing de la Confédération Paysanne contre Lactalis

Lait et colère : Une cinquantaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne ont mené une opération coup de poing ce vendredi à la laiterie Lactalis de Retiers, en Ille-et-Vilaine. Ils ont investi les lieux pour dénoncer le désengagement du géant laitier, qui a décidé de réduire sa collecte et de se séparer d’une partie de ses fournisseurs.

« Lactalis nous enfume » ou encore « Besnier fumier, on va te composter » les slogans sur les banderoles sont forts et parlants, pour cette opération coup de poing, menée ce vendredi 18 octobre 2024, à la laiterie Lactalis de Retiers, au sud est de l’Ille-et-Vilaine.

Une cinquantaine de producteurs de lait de la Confédération paysanne ont investi les lieux. Ils sont en colère contre la décision du géant laitier, d’arrêter la collecte de 450 millions de litres de lait dans les pays de la Loire et le Grand Est, ainsi que l’arrêt de collecte de 26 producteurs et productrices bio en Bretagne.

Ce n’est pas possible aujourd’hui en France que Lactalis dessine le paysage agricole, celui de l’élevage. On doit collectivement avoir une vision de l’agriculture, mais ce n’est pas aux industriels de dessiner ce paysage ! Stéphane Galais

secrétaire national de la Confédération paysanne

Selon la Confédération paysanne encore, « il est inadmissible que des collègues soient sacrifié·es sur l’autel de la politique de concentration laitière et de rentabilité des industriels.

On est encore sous le choc depuis deux semaines!

Gilles et Riwan, le père et son fils, sont venus de Plouray dans le Morbihan, où le premier est installé depuis 23 ans comme producteur de lait bio. Ses deux fils travaillent désormais avec celui, qui doit bientôt faire valoir ses droits à la retraite. Ils sont « abasourdis et encore sous le choc, depuis deux semaines », disent-ils, après le coup de fil reçu, à l’heure du déjeuner, pour leur annoncer qu’ils devaient trouver une nouvelle laiterie bio et que d’ici à deux ans sinon, s’ils n’étaient pas passés en conventionnel, leur contrat avec Lactalis allait s’arrêter.

« Lors de cet appel, ils nous ont proposés même si notre lait est certifié en agriculture biologique, de le collecter dans le circuit conventionnel et de nous payer au tarif conventionnel, un tarif bien inférieur » explique ainsi Riwan. « On a du mal à comprendre la démarche, renchérit son père, alors qu’aujourd’hui, on essaye plutôt de favoriser une agriculture plus vertueuse et plus verte. » Des producteurs surpris de la méthode, inquiets aussi, et qui aujourd’hui attendent des réponses, alors qu’ils sont en train de prévoir des investissements sur 15 à 20 ans pour moderniser leur ferme.

Lire : Lactalis abandonne le lait bio pour le conventionnel : « On se fait jeter », la colère des producteurs bretons

Krystel Veillard  18/10/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr

Lire la suite

11 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Grève (NPA)

Éric M
Hebdo L’Anticapitaliste – 724 (10/10/2024) PUF, 2024, 320 pages, 20 euros.
.

Réapprendre à faire grève, de Baptiste Giraud

À tous les camarades qui, au sein de la gauche radicale, pensent encore qu’il suffirait que les directions des confédérations syndicales appellent à la grève générale pour que celle-ci devienne effective, la lecture du livre de Baptiste Giraud constituera un bon antidote.

Immersion dans la CGT commerce

Dans son ouvrage, issu de deux années d’enquête par immersion au sein de l’Union syndicale Commerce et Service de la CGT à Paris, Baptiste Giraud met en évidence les difficultés que rencontrent les militants CGT pour enraciner le syndicat parmi les salariéEs des magasins, grands ou petits, ou de l’hôtellerie-restauration, qui représentent 64 % des 4 millions d’emplois disponibles dans la capitale.

Difficultés liées au management autoritaire et ou paternaliste du patronat, à la petitesse et la volatilité du personnel de ces entreprises et à la précarité des statuts pour faire reconnaître simplement le droit du travail.

Difficultés à faire face aux multiples sollicitations du « dialogue social », comme les NAO (négociations annuelles obligatoires).

Difficultés résultant de la perte du « savoir-faire » militant parmi les déléguéEs syndicaux souvent jeunes : comment rédiger un tract, comment organiser un débrayage, une grève ?

Difficultés à sortir du cadre étroit de la lutte d’entreprise, voire de la défense de ses seuls intérêts personnels, pour venir simplement aux réunions organisées par l’Union syndicale, voire aux mobilisations interprofessionnelles. Mobilisations interprofessionnelles qui apparaissent trop éloignées dans leurs mots d’ordre et leurs modes d’action du vécu des salariéEs de ces secteurs du commerce et des services.

Transmettre

Illustré par de nombreux exemples issus de ce travail d’enquête ethnographique, le livre de Baptiste Giraud montre comment les quelques permanentEs et militantEs plus chevronnés tentent, par un vrai travail de Sisyphe, de redonner confiance aux déléguéEs, de les appuyer lors des conflits tout en veillant à ne pas faire à la place de ces derniers. Baptiste Giraud souligne que ces problématiques ne sont pas inhérentes à la seule CGT mais concernent également la CFDT et les autres syndicats.

L’auteur n’en reste pas aux seuls constats mais amorce quelques propositions sur le nécessaire investissement en moyens humains et matériels auquel les organisations syndicales devraient consentir pour s’implanter dans ces « déserts syndicaux ».

En résumé, un livre utile pour mieux saisir les enjeux de cette lente période de transition du monde du travail et sur les moyens d’y reconstruire une conscience de classe en étant averti de la dégradation des rapports de forces.

Éric M

https://lanticapitaliste.org/

Lire la suite

25 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

1er Octobre (CGT)

cgt

Lire la suite

Rocutozig |
Tysniq |
Connorwyatt120 |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Rafredipen
| Agirensemblespourpierrevert
| Buradownchin