Archive | Syndicalisme

10 janvier 2014 ~ 0 Commentaire

statut des enseignants: le gouvernement contraint de reculer

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Jeudi 12 décembre, le gouvernement annonçait le report des décisions concernant le statut des enseignants du second degré.

Alors qu’il ambitionnait d’intégrer les mesures du projet Peillon dès la rentrée 2014, il s’agit d’un incontestable recul du gouvernement.

À l’origine de ce revirement, la mobilisation des professeurs de prépas, présentés comme des privilégiéEs, menacéEs notamment par des pertes de salaires (jusqu’à 20 %). Organisés (AG incluant les syndicats), dotés d’une revendication claire, à savoir le retrait du projet Peillon, avec le soutien de leurs étudiantEs et collègues du secondaire, ils ont pu déjouer les tentatives de division orchestrées par le gouvernement, et déboucher sur la grève massive du 9 décembre.

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Outre ce volet, ce projet constitue fondamentalement une charge contre le statut des enseignants du secondaire. En lieu et place de la définition hebdomadaire en heures de cours, régie par les décrets de 50, le projet du gouvernement pavait la voie à l’annualisation, à la mul- tiplication des « missions » et à un début de mise sous tutelle par les pouvoirs locaux. Face un texte qui cible le cadre national de l’enseignement, qui rend possible toutes sortes d’attaques, les AG se sont multipliées dans les collèges-lycées, aboutissant à plusieurs dizaines de prises de position pour le retrait pur et simple du projet Peillon.

Pour le retrait définitif du projet Peillon Inévitablement, cette activité s’est répercutée dans les syndicats, qui ont tous participé aux « concertations ». Dans le Snes-FSU, principal syndicat, à l’opposé de la direction nationale qui a adopté une ligne extrêmement conciliante vis-à-vis du gouvernement en valorisant de prétendues « avancées », plusieurs structures départementales ou académiques ont suivi une orientation plus critique en lien avec le rejet qui remontait des éta- blissements. Cela a conduit à un vif débat dans le Snes. C’est dans ce contexte que le gouvernement a été contraint de reculer.

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Mais il ne renonce pas, Peillon annonçant un nouveau round de « concertations » dès janvier. Une chose est sûre, c’est la mobilisation pour le retrait pur et simple du projet Peillon qui a mis le gouvernement en difficulté. Participer aux nouvelles « négociations », loin de « peser » sur le « futur décret » ne peut que favoriser les desseins du gouvernement. C’est pourquoi le combat pour l’arrêt des « concertations » syndicats-gouvernement sur le projet Peillon et son retrait définitif doit se poursuivre.  Au-delà, c’est toute la politique scolaire du gouvernement qui est en cause. Pour expliquer ce report qui marque une étape importante, le député PS Yves Durand précise : « On ne peut pas avoir trop de fronts ouverts en même temps. Réussissons la réforme de la formation des maîtres et celle des rythmes, et ne nous dispersons pas ».

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Alors que de nouvelles attaques arrivent (programmes, ZEP), le combat uni pour le retrait du projet Peillon sur le statut et l’abrogation du décret sur les rythmes scolaires doit être mené. Il est à même d’infliger une défaite décisive au gouvernement, portant ainsi un coup à la loi Peillon. Ce qui mettrait un coup d’arrêt aux contres-réformes, à la dégradation de la situation et ouvrirait la voie à la satisfaction des multiples revendications enseignantes (postes, effectifs, salaires…). Tout cela est inséparable de l’activité à mener pour la rupture immédiate du « dialogue social » avec le gouvernement.

Éric Aba Hebdo L’Anticapitaliste – 224 (09/01/2014)

http://npa2009.org/content/statut-des-enseignants-le-gouvernement-contraint-de-reculer

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06 janvier 2014 ~ 0 Commentaire

syndicalisme: où en est la cgt?

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La non signature de l’accord national interprofessionnel sur la formation pro- fessionnelle a mis une nouvelle fois en lumière les difficultés de la direction confédérale, et singulièrement celles du secrétaire général Thierry Lepaon, à se positionner nationalement dans les dédales du dialogue social.

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Traînant comme un boulet l’échec de la stratégie du syndicalisme mise en œuvre dans la mobilisation contre la réforme des retraites de Sarkozy-Fillon, la direction confédérale s’est trouvée longuement déstabilisée par la guerre de succession déclenchée par le départ de Bernard Thibault. Thierry Lepaon a été élu secrétaire général sans vraiment de soutien et d’appui dans l’appareil CGT. Soupçonné de mollesse par les fédérations et unions départementales combatives, de manque de conviction sur la nécessité de rénover le fonctionnement, son élection à l’issue du 50e congrès confédéral a davantage mis en évidence les fractures dans la confédération que sa capacité de rassemblement.

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Défaites sans bataille Affaiblie en interne, la direction confédérale a refusé d’emblée de s’opposer à un gouvernement de gauche dont elle se contente d’exiger un « changement de cap ». Se satisfaisant de l’ouverture du dialogue social, la direction de la CGT s’est placée dans l’incapacité d’organiser la mobilisation contre l’ANI sur la compétitivité des entreprises. Des rassemblements maigrelets n’ont pas permis d’empêcher la signature de la CFDT, de la CGE-CGC et de la CFTC au côté du Medef.

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La même stratégie aboutit au même résultat dans la bataille contre la réforme des retraites. Refusant de mettre en avant le retrait du projet de réforme, la CGT (alliée à FO, la FSU et Solidaires) attend le mois de septembre pour la première manifestation de rue. À l’issue d’une journée de mobilisation plutôt réussie, aucune initiative n’est prise, et le gouvernement fera passer sa contre-réforme quasiment sans riposte.

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À l’issue de ces deux défaites sans vraie bataille, la contestation se développe dans la CGT. Le nouveau rapprochement avec la CFDT, notamment dans les mobilisations bretonnes est loin de faire l’unanimité, même si le positionnement « anti-bonnets rouges » est assez largement partagé, hors Bretagne.

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Lepaon désavoué La commission exécutive confédérale et davantage encore le comité national confédéral sont agités, et la direction confédérale contrainte à des ajustements de lignes. C’est ainsi qu’est décidée et organisée la journée d’action du 6 février : appels à la grève et mobilisations dans les entreprises le matin, manifestations régionales l’après-midi, engagement de donner une suite rapide à cette journée, le tout quel que soit le retour des autres confédérations.
Dans le même temps, dans le cadre de la négociation de l’ANI sur la formation professionnelle, c’est finalement la ligne d’opposition qui l’emporte, après l’avis négatif de la délégation et contre la position initiale de Lepaon. Un refus facilité par le fait que les retombées du financement de la formation professionnelle vers les syndicats sont remises en cause.

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Au cœur des contradictions du syndicalisme français Faible syndicalisation, large dépendance des institutions étatiques ou paritaires, la voie est étroite entre la franche collaboration à la mode CFDT et l’adossement aux luttes et aux équipes syndicales combatives dans une stratégie de pression. L’audience, le poids de la CGT ont faibli depuis les années 80 et certains de ses appuis fondamentaux se sont affaissés : reculs à EDF-GDF, France Telecom, La Poste, SNCF, Renault et dans tous les secteurs composant le secteur nationalisé. Financement et renouvellement d’équipes militantes sont remis en cause.

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Pour autant, au travers de secteurs combatifs, la CGT reste un élément important de la défense des intérêts des salariéEs. Les campagnes de formation, de convictions sur les thèmes tels que l’antifascisme, les questions féministes et LGBT, la répression anti-syndicale, ne doivent pas être considérées uniquement comme des alibis ou des échappatoires aux questions politiques et stratégiques. Elles sont bien des outils pour l’action quotidienne.

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Le problème pour les militantEs radicaux vient autant des difficultés à prendre en charge les tâches du syndicalisme quotidien que de rendre visible une alternative « lutte de classes » aux positionnements confédéraux dans un contexte de dégradation du rapport de forces en défaveur des salariéEs. Ce sera un des enjeux des mobilisations qu’il sera indispensable de construire dans l’année qui vient contre les attaques sur la protection sociale, contre les licenciements ou pour les salaires.

Robert Pelletier http://npa2009.org/content/syndicalisme-o%C3%B9-en-est-la-cgt%E2%80%89

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03 janvier 2014 ~ 0 Commentaire

formation professionnelle: une avancée… pour le grand patronat (lo)

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Dans la nuit du 13 au 14 décembre, le grand patronat, représenté par le Medef, a finalisé le texte de l’accord sur la formation professionnelle qui va avoir des conséquences pour les millions de salariés du secteur privé en France.

Cet accord est tellement fait au seul bénéfice des actionnaires des plus grandes entreprises du pays que même les autres organisations patronales, celles représentant les entreprises de moins de 300 salariés, pourtant peu soupçonnables de dérives gauchistes, en ont condamné le contenu comme un hold-up des grands groupes sur la formation professionnelles des salariés.

Il n’empêche que quatre confédérations syndicales, la CFDT, la CGC, FO et la CFTC, ont immédiatement fait savoir qu’elles allaient signer cet accord et que, sans délai, Sapin, le ministre du Travail, a tenu à le présenter comme « une grande réforme porteuse d’avenir ». Et Hollande en personne y est allé de son compliment, le qualifiant « d’accord majeur ». C’est-à-dire que, dans les prochaines semaines, le gouvernement s’apprête à transcrire dans la loi les reculs institués par cet accord, comme il l’avait fait pour l’accord sur la flexibilité dit « ANI ».

Au moins deux milliards dans les caisses du grand patronat

Pour commencer, si les toutes petites entreprises ne verront pas leur contribution au financement de la formation professionnelle baisser, celles de plus de 20 salariés, elles, verront leur contribution ramenée de 1,6 % de la masse salariale à 1 %, soit une diminution de 37 %, soit encore une économie annuelle de plus de deux milliards d’euros. Pour la très grosse majorité, il s’agit des entreprises de plus de mille salariés ou appartenant à des groupes. De plus, l’accord supprime l’obligation légale pour toutes les entreprises de consacrer chaque année 0,9 % de leur masse salariale à la formation professionnelle de leurs propres salariés.

Un droit fictif pour les travailleurs

Pour justifier l’accord des syndicats, le Medef a lâché une broutille. Le droit à la formation individuelle des salariés, et à leur initiative, que les entreprises validaient au maximum à hauteur de 120 heures, passera à 150 heures que les salariés pourront conserver… jusqu’à la retraite. Sauf que les 150 heures en question ne permettent absolument pas aux salariés d’avoir une quelconque formation réelle, celle-ci nécessitant 600 heures au minimum et jusqu’à plus de 1 200 heures.

Enfin l’accord stipule que le droit au congé de formation à la demande du salarié pendant les heures de travail devient soumis à la seule appréciation et acceptation de l’employeur, alors que, jusque-là, le refus de l’employeur était strictement limité. En réalité cet accord et la loi qui devrait l’accompagner ne sont des avancées que pour le patronat et représentent une nouvelle attaque contre les droits des travailleurs. Paul SOREL

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2370&id=9

Formations professionnelle : les charmes discrets du paritarisme

Certes il n’y a pas que sur la formation professionnelle que la grande majorité des confédérations syndicales ont accepté de jouer le rôle de soutien des intérêts patronaux contre ceux qu’elles sont censées représenter, les travailleurs.

Ce qu’apprécient les bureaucraties syndicales à la tête des confédérations, c’est la possibilité de se voir offrir une collaboration étroite avec le patronat et l’État au travers des multiples « réunions d’élaboration », où rien ne se décide si ce n’est d’avaliser les décisions prises ailleurs par les vrais dirigeants, ceux du patronat. Mais la formation professionnelle offre encore quelque chose de plus.

La formation professionnelle est une des principales sources de financement de ce que les rapports officiels appellent pudiquement « le paritarisme », en clair la collaboration entre les syndicats patronaux et ouvriers. Ainsi en 2008 les syndicats patronaux et les cinq grandes confédérations syndicales se sont officiellement partagé 90 millions d’euros prélevés sur les fonds de la formation professionnelle. La part qui revient aux confédérations syndicales représente plus que l’ensemble des cotisations qu’elles perçoivent. Mais la gestion commune de plus de six milliards d’euros, centralisés dans de multiples fonds collecteurs des contributions à la formation professionnelle, permet d’autres avantages. Ainsi Chérèque, le dirigeant de la CFDT, reconnaissait qu’environ un millier de permanents CFDT étaient affectés à cela, ce qui fait quelques milliers de permanents au total pour toutes les confédérations qui sont financés par le biais de la formation professionnelle.

À cela il faudrait ajouter les organismes de formation amis que chaque syndicat associé à la gestion peut sponsoriser.

Bien sûr les dirigeants des confédérations syndicales pourront toujours répondre qu’il s’agit simplement de leur offrir des moyens de fonctionner. Sauf que cela participe à leur intégration toujours plus grande, y compris sur le plan de la dépendance matérielle, aux structures de la société capitaliste. Et dans les faits, de qui sont-ils le plus les défenseurs et porte-parole ? De leurs militants, de la classe travailleuse ou de l’État, des gouvernants et de la classe capitaliste et de son système, hors de qui ils ne voient pas de salut ? P. S.

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2370&id=10

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21 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

charte d’amiens

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Le cas d’Edouard Martin nous permet de revenir sur cette mystérieuse « charte » (note du blog)

Syndicalisme révolutionnaire

Rarement un texte voté dans un congrès syndical aura connu une notoriété aussi importante et aussi durable. À tel point que, depuis 100 ans maintenant, le mouvement ouvrier français a connu de multiples confrontations au nom de la « défense de la Charte d’Amiens ».

La Charte d’Amiens reconnaît « l’entière liberté pour le syndiqué, de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors ». Elle poursuit par l’affirmation que le syndicat n’a pas « à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ». La revendication d’indépendance du syndicat par rapport aux partis est sans ambiguïté. Mais rien – et surtout pas l’histoire de son adoption – n’autorise, comme cela a trop souvent été le cas, à donner une traduction simpliste, du genre « le syndicat ne doit pas faire de politique ».

Lorsque la Confédération générale du travail (CGT) se réunit en congrès à Amiens, en octobre 1906, l’organisation syndicale existe déjà depuis onze ans. En 1902, elle s’est renforcée avec l’intégration en son sein de la Fédération nationale des bourses du travail.

Stratégie

La majorité de ses animateurs se réclament de l’anarcho-syndicalisme et du syndicalisme révo- lutionnaire. Et si ses militants sont extrêmement méfiants par rapport aux partis qui se réclament de la classe ouvrière et du socialisme, ce n’est pas tant par refus abstrait de la politique « en général » que par opposition à l’orientation politique particulière des différents courants socialistes. Ceux-ci se sont unifiés, en 1905, au sein de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Et ce que conteste la CGT, c’est très précisément la prétention d’une SFIO déjà largement marquée par les tentations électoralistes, municipales et parlementaires, à jouer un rôle dirigeant pour l’éman-cipation ouvrière.

De fait, le congrès d’Amiens ne va pas « inventer » l’indépendance de la CGT, déjà intégrée à ses statuts adoptés dès 1902. Mais il va la réaffirmer avec force. Des délégués proches du Parti socialiste, emmenés par Victor Renard, dirigeant de la fédération du textile, proposent que « des relations s’établissent entre le comité confédéral et le conseil national du Parti socialiste [...] pour faire plus facilement triompher ces principales réformes ouvrières ».

Après un débat où s’expriment longuement les trois principaux courants de la CGT – réformistes, révolutionnaires et pro-SFIO – cette motion sera très largement repoussée : 34 pour, 724 contre et 37 abstentions. Ce score sans appel voit l’addition des voix des délégués révo- lutionnaires – le courant le plus important – et des réformistes. Ils divergent sur l’objectif : les uns veulent renverser le capitalisme et changer radicalement la société, les autres pensent plutôt à améliorer la condition ouvrière, quel que soit le système. Mais, pour tous, le seul instrument fiable pour atteindre le but qu’ils se fixent, c’est la l’autonomie ouvrière et la lutte syndicale contre les patrons et l’État. Et sûrement pas le rapprochement avec les partis politiques !

Une fois écartée cette dernière orientation, le congrès va adopter une motion – la future Charte d’Amiens – par 830 voix pour, 8 contre et 1 abstention. Ce document ne se contente pas de confirmer que « la CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat », ce qui n’est déjà pas rien.

Il définit un véritable programme pour le syndicalisme : « reconnaissance de la lutte de classe » et « réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. ». Mais, pour les congressistes d’Amiens, le rôle du syndicat va bien au-delà : « Il prépare l’émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale. »

Voilà qui explique la postérité de la Charte : en quelques mots… tout est dit ! Le syndicalisme a un point de départ : la lutte des classes et la bataille pour des améliorations immédiates. Il a un horizon : une société débarrassée des capitalistes et reposant sur l’association des producteurs. Et une stratégie : la grève générale expropriatrice. Pas un refus de la politique, donc. Mais l’adoption d’une politique révolutionnaire !

Débat récurrent

La suite de l’histoire ne fut pas à la hauteur de ces ambitions : en 1914, comme ceux de la SFIO, les dirigeants de la CGT rejoignirent l’Union sacrée contre l’Allemagne et des millions de travailleurs périrent pour le seul profit de leurs patrons. Mais, en 1915, lors la conférence de Zimmerwald regroupant, autour de Lénine et de Trotsky, une poignée d’internationalistes opposés à la guerre impérialiste, la délégation française était constituée de syndicalistes révolutionnaires de la CGT. Après la naissance du Parti communiste en 1920, Trotsky s’efforça de convaincre Pierre Monatte et Alfred Rosmer de rejoindre celui-ci. Pour les dirigeants bolcheviques, seule l’adhésion des syn- dicalistes révolutionnaires pouvait réellement le transformer en un authentique parti révo- lutionnaire.

La référence à la Charte d’Amiens, majoritaire dans le mouvement syndical français, ne l’a pas prémuni contre la subordination aux stratégies politiques des partis réformistes. Pendant plusieurs dizaines d’années, la CGT a été soumise aux orientations du PCF, tandis que les directions de FO, de la CFDT ou de la défunte Fédération de l’Éducation nationale avaient partie liée avec le PS. Mais cette référence fut assez puissante pour que, aujourd’hui encore, les dirigeants socialistes – notamment ceux, de moins en moins nombreux, qui s’intéressent encore à l’histoire du mouvement ouvrier – lui attribuent leur incapacité à construire un grand parti social-démocrate adossé à un syndicat, comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Europe du Nord.

Périodiquement, le débat resurgit. Dans les années 1960, la CFDT vit s’affronter partisans de la « stratégie autonome » et partisans de la « stratégie commune » avec les partis de la « gauche non communiste ». Les grèves de novembre et décembre 1995 ont remis au goût du jour la discussion sur « l’autonomie du mouvement social ». Fondamentalement, ce débat récurrent ne porte pas sur la forme : rapports entre partis et syndicats. Comme en 1906, il porte sur le fond : transformation révolutionnaire de la société ou soumission aux stratégies d’occupation des institutions.

François Duval Rouge2154, 13/04/2006

http://orta.dynalias.org/archivesrouge/article-rouge?id=2348

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20 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

du syndicalisme à la politique (jdd)

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Un passage pas si original

Edouard Martin n’est pas le premier syndicaliste à s’engager en politique. Certains combats syndicaux ont été des tremplins pour leurs leaders qui ont entamé ensuite une carrière politique. Explications.

Des meneurs syndicaux très courtisés

Avec la crise économique, de nombreux leaders syndicaux ont été médiatisés, notamment au moment de l’élection présidentielle en 2012. Ce sont souvent des responsables locaux, qui luttent contre la fermeture de leur usine ou des licenciements secs sur leur site. Des figures locales qui parlent directement aux électeurs. C’est le cas d’Edouard Martin, qui a officialisé sa candidature comme tête de liste socialiste aux prochaines européennes.

Les formations de gauche radicale, comme le Parti communiste, le Parti de gauche ou le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), recrutent aussi régulièrement dans les rangs syndicaux. A la tête d’une local Sud-PTT, Olivier Besancenot a ainsi mené une grève très médiatisée des facteurs en 1998-1999 dans les Hauts-de-Seine avant de devenir, bien plus tard en 2007, candidat de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) à l’élection présidentielle. Aujourd’hui, la LCR, devenue NPA, a recruté Pierre Le Ménahès, l’ancien métallo syndiqué à la CGT qui s’était rendu célèbre en tenant tête à Nicolas Sarkozy pendant un débat télévisé en mars 2012.

Des rapports ambigus entre deux mondes Le syndicalisme français est bien plus proche du champ politique que dans d’autres pays européens. Stéphane Sirot, sur le site Atlantico, explique ainsi que la Charte d’Amiens, qui définit le statut du syndicalisme en France, « consiste en fait à considérer que le syndicat suffit à tout : il soutient la revendication prosaïque tout en préparant la grève générale qui doit mener à une transformation radicale de la société ». « Le rapport du mou- vement syndical au champ politique est plus intense ici qu’ailleurs, dans la mesure même où l’organisation ouvrière se considère comme dépositaire des grands changements de l’avenir », complète le chercheur.

Avec la Ve République, les syndicats ont renoncé à renverser le système capitaliste et se sont rapprochés des organisations partisanes. La CGT relaie ainsi les idées communistes et, depuis 2012, celles du Front de gauche. La CFDT, partenaire privilégiée des gouvernements Jospin puis Ayrault, a souvent soutenu des réformes socialistes. Si Force ouvrière s’est toujours défendue d’avoir des rapports privilégiés avec un parti, la CFTC et plus encore la CFE-CGC sont marquées au centre-droit.

Des origines syndicales chez des élus de gauche comme de droite Edouard Martin, délégué CFDT, n’est pas le premier à avoir franchi le pas. Parmi les élus les plus célèbres passés par le syn-n dicalisme, on peut citer Arlette Laguiller, qui a œuvré pendant huit ans dans les instances de la CGT avant de cofonder Lutte ouvrière en 1968. José Bové, leader du syndicalisme agricole de 1983 à 2003 (notamment au sein de la Confédération paysanne qu’il a cocréé), a, lui été élu eurodéputé écologiste en 2009.

La droite a aussi su recruter au sein des syndicats. Christian Jacob, aujourd’hui patron des députés UMP, fut président des Centre national des Jeunes agriculteurs (CNJA). De novembre 1998 jusqu’au printemps 2010, Bruno Beschizza, aujourd’hui conseiller régional et spécialiste des questions de sécurité à l’UMP, a été secrétaire général du syndicat de police Synergie-Officiers.

Plus flagrant encore, l’Union nationale des étudiants de France (Unef), marquée à gauche, est quasiment considérée comme une écurie du Parti socialiste. François Hollande, Jean-Yves Le Drian, Manuel Valls, Lionel Jospin, Julien Dray, Harlem Désir, Benoît Hamon, Jack Lang… Tous sont passés par l’Unef. Les députés Jean-Christophe Cambadélis, Pouria Amirshahi ou Christophe Borgel l’ont même présidé. A droite, le RPR a longtemps trouvé de jeunes recrues au sein de l’Union nationale inter-universitaire (UNI) : Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé ou François Fillon, entre autres, en ont fait partie. Gaël Vaillant – leJDD.fr mercredi 18 décembre 2013

http://www.lejdd.fr/Politique/Du-syndicalisme-a-la-politique-un-passage-pas-si-original-644584

Commentaire: L’UNI n’est pas un syndicat étudiant « apolitique » (donc à droite) comme la FAGE, c ‘est une « officine » d’extrême droite!

Sur « La charte d’Amiens », à part la position « anarcho-syndicaliste » développée ci-dessus: le syndicat comme outil pour changer et organiser la société, il faut ajouter qu’elle nait d’une méfiance des anarco-syndicalistes, majoritaires, envers « le parti » de l’époque, socialiste, qui à peine créé « trahit » en participant à des gouvernements de droite!

Lire aussi: http://quefaire.lautre.net/spip.php?page=article&id_article=115

http://morsu.over-blog.com/article-charte-d-amiens-independance-syndicale-peut-on-s-en-reclamer–38546846.html

http://www.lcr-debatmilitant.org/archive_lettre/lettre_123_19_10_06.htm

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19 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

sncf: la grève comme ultimatum?

Les cheminots adressent un ultimatum à la direction et au gouvernement  dans Services publics keaton-train

Les cheminots étaient appelés à la grève le jeudi 12 décembre par les fédérations CGT-UNSA-SUD Rail.
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La direction de la SNCF et le gouvernement prévoient en effet dans leur projet de « réforme » de s’attaquer violemment aux conditions d’existence des cheminots. Au menu de la direction, l’a- brogation de la réglementation du travail en vigueur à la SNCF, avec pour objectif l’alignement des 150 000 cheminots de la SNCF sur les conditions des quelques 6 000 cheminots salariés d’opérateurs privés.
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Temps de travail allongé, jours de repos supprimés, augmentation du nombre de repos pris hors du domicile etc. sont mis à l’ordre du jour par le patronat ferroviaire. De ce point de vue, les attaques que subissent les cheminots sont identiques à celles subies par l’ensemble de la classe ouvrière.
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Le gouvernement prévoit de réorganiser et diviser les cheminots de la SNCF dans trois entreprises distinctes selon leur domaine d’activité : la gestion des infrastructures (caténaires, voies, aiguilleurs etc.), le transport (conducteurs, agents de trains, commerciaux etc.), et une coquille vide regrouperait les cadres dirigeants de l’actuelle SNCF. Cette organisation prépare le retour prévu des compagnies privées qui se partageraient des monopoles régionaux sur le réseau ferroviaire. C’est pourtant bien la faillite des opérateurs privés qui avaient conduit à la nationalisation du chemin de fer en 1937…
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Une force collective Dans ce contexte, près de 50 % des roulants (conducteurs et agents de train) ont participé à la grève. La participation est en nette hausse par rapport aux mobilisations de septembre et octobre. En revanche, elle est globalement en recul par rapport à la participation du 13 juin dernier où 50 % des cheminots, toutes catégories confondues, avaient cessé le travail. Cela s’explique en partie par la lassitude d’une stratégie de grève de 24 heures espacées parfois de plusieurs mois et l’attitude de la CFDT-FGAAC (attelage CFDT et syndicat catégoriel des conducteurs) qui d’ores et déjà soutient cette réforme, présentée comme un moindre mal…
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La grève du 13 juin avait suffi à faire reculer la date d’application de cette réforme de plusieurs mois. Elle a confirmé la force et la crainte que peuvent inspirer les cheminots quand ils s’y mettent massivement. Il faut maintenant qu’ils utilisent cette arme, pleinement et tous ensemble, jusqu’à satisfaction des revendications. Cela pourrait dans le contexte en inspirer plus d’un.
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Axel Persson Jeudi 19 décembre 2013

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13 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Les cheminots adressent un ultimatum à la direction et au gouvernement

Les cheminots adressent un ultimatum à la direction et au gouvernement  dans Services publics keaton-train

Le gouvernement et la direction SNCF avait déjà reçu un sérieux avertissement le 13 juin.

Cette fois les cheminots ont clairement lancé un ultimatum. Ils ne veulent pas de ce projet de loi ferroviaire qui, loin de réunifier le service public ferroviaire, l’éclate en trois entreprises distinctes pour mieux privatiser.

La Fédération SUD-Rail s’appuie sur le rapport de force créé et exige une réforme utile pour les voyageurs, développant le trafic ferroviaire fret et unifiant par le haut les conditions de travail et droits de tous les salariés du secteur ferroviaire.

Les cheminots disent non à la politique menée depuis des années qui conduit à la privatisation complète du rail et ils réclament une vraie réunification de l’infrastructure et de l’exploitation dans une seule et même entreprise, la SNCF chargée de l’ensemble du secteur ferroviaire.

Une réforme est nécessaire, tant la précédente en 1997, a conduit le service ferroviaire dans le mur. Elle doit permettre de gagner considérablement en efficacité tout en préservant et en renforçant le modèle social existant :

· Une vraie réforme consiste à réunifier vraiment le système ferroviaire. La gestion de l’infrastructure et l’exploitation ferroviaire, mais aussi la maintenance, tous les services en gares et dans les trains, le nettoyage, l’ingénierie, etc., doivent se retrouver dans un établissement public unique : la SNCF.

· Une vraie réforme doit maintenir et améliorer le statut et la réglementation SNCF et l’élargir à l’ensemble des salariés du secteur.

C’est ce mandat que les cheminots massivement en grève donnent aux fédérations syndicales. C’est ce mandat que la Fédération SUD-Rail défendra, en plaçant sous le contrôle des cheminots les négociations qui s’imposent.

Les militants SUD-Rail étaient avec les cheminots aujourd’hui, aux piquets de grève, dans les Assemblées Générales, dans les rassemblements unitaires.

Si le gouvernement persiste dans son projet de loi actuel, si la direction SNCF continue à détruire le service public ferroviaire, les cheminots donneront suite à l’ultimatum de ce jour. La Fédération SUD-Rail a proposé aux autres fédérations une rencontre interfédérale au lendemain de cette grève. Pour SUD-Rail, il ne s’agit pas de répéter les grèves de 24 heures ; maintenant, il nous faut construire dans l’unité un mouvement reconductible pour gagner;

jeudi 12 décembre 2013 Sud-Rail Bretagne

http://www.rennes-info.org/Les-cheminots-adressent-un

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08 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Enseignants, syndicats et appareil d’Etat: conquérir l’autonomie

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La mobilisation contre la réforme des rythmes scolaires est une illustration des relations complexes que les enseignants entretiennent à l’appareil d’Etat.

La grève du 14 novembre a montré l’ampleur du rejet de la réforme : plus d’un enseignant sur deux était en grève alors que les deux syndicats majoritaires (SNUipp-FSU et SE-Unsa) n’avaient pas appelé à la grève sur le plan national, certaines villes rassemblaient jusqu’à 92 % de grévistes…

Mais, quelques jours plus tard, leurs organisations syndicales sont sagement allées négocier avec le ministère des modifications sur le statut des personnels… Cela pose de façon assez crue la question de qui contrôle qui.

Les organisations syndicales sont supposées tirer leur légitimité des personnels alors qu’en réalité, et en particulier lorsque la gauche est au gouvernement, elles semblent pour la plupart d’entre elles recevoir directement leurs ordres du Parti socialiste.

Dans le SNUipp-FSU, près de la moitié des sections départementales ont appelé à la grève contre l’avis de la direction nationale, la tendance d’opposition de gauche a recueilli au con- grès son meilleur score depuis la création du syndicat, mais la direction tient, refusant même de se rendre aux intersyndicales proposées par SUD et FO. Bien sûr, elle n’a pas la bêtise d’aller aussi loin que la direction de la FCPE, qui défend la réforme par n’importe quel moyen. Mais elle joue indéniablement un rôle de frein d’une rare ampleur.

Les mobilisations actuelles des enseignants, avec leurs grèves départementales, leurs tentatives de reconduction de la grève, un certain réinvestissement dans les assemblées générales, les débuts de prise de contact avec les personnels des mairies, témoignent de la nécessaire auto- nomisation des personnels de leurs directions.

Un syndicaliste, s’opposant dans une réunion à « la grève reconductible comme fin en soi »,oubliait un peu vite l’aspect décisif de la grève dans la construction de la conscience de classe : comment décider de ce que l’on veut, comment agir en subissant l’aliénation que constitue le travail ? Il ne s’agit pas de déserter les syndicats, mais de considérer qu’en temps de mobilisations, ils sont un outil d’action beaucoup plus restreint que l’auto-organisation.

La relation de dépendance des personnels vis-à-vis de leurs syndicats est à la hauteur de la pression exercée par le cadre bourgeois de l’école : il aura fallu plusieurs mois pour que nous soyons capables de considérer que nous pouvons nous battre avec les personnels des mairies contre la réforme du gouvernement et les municipalités qui l’appliquent.

Car l’école que nous voulons est à l’opposé de celle des réformes Darcos et des rythmes scolaires, qui organisent les discriminations et le décrochage des classes populaires. Notre école ne distinguerait et ne hiérarchiserait pas ce que les pédagogues libéraux appellent le « socle commun de connaissances » (la grammaire, les techniques opératoires, la connaissance des dates historiques) par rapport au jeu, à la culture, à la production libre dans tous les domaines.

Avec sa contre-réforme, le gouvernement aggrave les inégalités, avance dans la casse du cadre national de l’éducation et la mise en concurrence des différents personnels (enseignants, animateurs et spécialistes de certains domaines culturels). Pour nous, tous ces personnels devraient collaborer, avec des statuts d’enseignants, pour construire des apprentissages appuyés sur la réalité et la culture populaire. Samedi 7 décembre 2013

Publié dans : Revue L’Anticapitaliste n°49 (décembre 2013)

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06 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Saint-Brieuc, en grève, 80 pompiers envahissent le conseil général (lt)

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Débuté il y a trois mois, le conflit entre les pompiers costarmoricains et les élus socialistes du conseil général (le principal financeur) est monté d’un cran.
En grève pour la quatrième fois, à l’appel de CGT, 80 soldats du feu ont envahi le conseil général en début d’après-midi, ce jeudi, au moment même où se tenait le conseil d’administration du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis).
Les grévistes sont allés jusque dans l’hémicycle où ils ont retrouvé une partie des élus. Après quelques minutes de discussions, Claudy Lebreton, le président du conseil général a accepté d’écouter les revendications des pompiers, avant de leur répondre.

Le face à face a duré une vingtaine de minutes.  Outre un manque de dialogue et une dégradation du climat social, les pompiers dénoncent dans les Côtes-d’Armor des dysfonc-tionnements opérationnels, des dysfonctionnements à la suite de la réorganisation territoriale, une modification du déroulement de carrière ou encore un manque d’effectifs. 5 décembre 2013 à 17h06

Cette semaine, les sapeurs pompiers du Finistère avaient eux aussi manifesté leur mécontentement, à Quimper. Julien Vaillant

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/cotesarmor/saint-brieuc-en-greve-80-pompiers-envahissent-le-conseil-general-05-12-2013-2327703.php

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05 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

10 objectifs anticapitalistes (lcr.be)

10-objectifs

Ces jours-ci la FGTB (équivalent belge et socialiste de notre « CGT » note du blog)  Charleroi édite une nouvelle brochure.

Après les « 8 questions » autour du thème « politique et indépendance syndicale », voici « 10 objectifs d’un programme anticapitaliste d’urgence », sous le titre sans équivoque « Changer de cap maintenant ».

Nous avons déjà dit tout le bien que nous pensons de la brochure « 8 questions », nous ne pouvons que le redire après cette deuxième publication qui offre aux militants une série d’explications, d’arguments et surtout de revendications face à l’offensive du capital. La FGTB de Charleroi se place ainsi dans le prolongement de l’importante assemblée d’avril 2013 : « la déclaration commune de l’assemblée du 27 avril 2013 à la Géode disait:

 ‘Il est illusoire de penser qu’on peut réformer le capitalisme pour qu’il devienne un « bon » capitalisme de relance. Il faut donc être clair: il faut une stratégie pour sortir du capitalisme et le remplacer par un autre système qui satisfait les besoins de la population et préserve notre planète’ » rappelle la conclusion du document.

Le capitalisme est en crise Dès la première page, le ton est donné. « Nous ne sommes donc pas face à un phénomène passager de récession, auquel succèdera une expansion, mais face à une crise globale dont tous les aspects (financier, économique, social, alimentaire, environnemental, culturel, idéologique…) nous renvoient à la nature du capitalisme. Ce sont les lois fondamentales du système (la course au profit, la concurrence et le marché) qui sont au cœur du problème… et des solutions. ».

Et des « solutions » le document n’en manque pas. Il est évident qu’en une vingtaine de pages il n’est pas possible de développer une analyse détaillée et complète du capitalisme d’aujourd’hui et de tous ses ravages mais la brochure brosse les dix thèmes à partir d’un schéma qui rend la compréhension facile : une description, des revendications, des explications, des exemples, des chiffres-clé.

Un catalogue ? En fin de document, les syndicalistes mettent les points sur les « i » : « Nous nous refusons à en faire un catalogue de bonnes intentions dans lequel chacun pourrait venir puiser des éléments à sa guise. Ce programme et ses articulations doivent être compris comme une dynamique qui tend vers un changement radical des rouages de la société »

Qu’il s’agisse de Refuser le chômage massif en répartissant le travail entre tous pour « Travailler moins, travailler tous (et vivre mieux) » ; ou encore de

Redistribuer les richesses en « reprenant aux patrons, par la hausse des salaires et  une fiscalité redistributrice, les points de valeur ajoutée confisqués aux salariés depuis le début des années 1980 », les syndicalistes de Charleroi revisitent les textes des congrès syndicaux, si âprement discutés et si rapidement remisés dans les tiroirs, pour en faire un vrai plan de bataille. Les « 10 objectifs » s’articulent entre eux, ne se limitant pas aux thèmes syndicaux classiques. Le sommaire de la brochure en dit long : outre les deux points ci-dessus, on notera également : Pour de vrais services publics ; Pas touche à la sécu ; Pour une fiscalité juste ; Désarmer la finance ; Dette publique: on ne paie pas ! ; Pour une autre Europe ; Pour notre terre ; Un monde solidaire. Et pour chaque thème la volonté de décortiquer les responsabilités et d’avancer des propositions radicales (« qui vont à la racine »).

Un outil Comme les « 8 questions » qui a été tirée en milliers d’exemplaires (en français et en néerlandais), il est évident que la brochure « 10 objectifs » ne s’adresse pas qu’aux militants de la FGTB Charleroi, c’est un outil précieux pour tous ceux qui veulent « comprendre le monde pour le changer ». Elle doit tourner dans les équipes syndicales, dans les formations syndicales, dans les associations et les organisations. C’est le souhait des syndicalistes de Charleroi.

« Ce programme anticapitaliste d’urgence n’est pas à prendre ou à laisser. Nous allons l’enrichir ensemble dans la démocratie qui bourgeonnera dans nos combats » concluent-ils.

2014 n’est pas loin Dès le discours du Secrétaire Régional de la FGTB Charleroi en mai 2012 il était clair que la question d’un prolongement politique aux luttes des travailleurs était posée sous un angle nouveau. « Surtout, l’appel de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut et l’écho qu’il a reçu (notamment à la CNE) permettent d’espérer faire un premier pas en direction d’une recomposition en profondeur du mouvement ouvrier, à la fois sur le terrain politique/électoral et sur le terrain social/syndical » analysait une déclaration récente de la LCR[2] .

La brochure « 8 questions » s’appuyant sur la Déclaration de principes de la FGTB (1945) redonnait un sens aux interactions entre combat syndical et combat politique. En septembre nous citions  un extrait de cette brochure : « La stratégie alternative proposée par la FGTB Charleroi Sud Hainaut permet, à ses yeux, de retrouver une vraie indépendance syndicale: élaborer nous-mêmes, en tant que mouvement syndical, notre programme de lutte, en fonction d’une seule préoccupation: les besoins des travailleur·euse·s. En les encourageant à s’impliquer activement et démocratiquement, afin que ce programme et ces luttes soient les leurs. «Alors, au lieu que les partis nous dictent leur politique, c’est nous qui exigerons des partis qu’ils s’engagent à lutter avec nous pour ce programme»[3]. Les « 10 objectifs » prolongent et concrétisent cette démarche et s’adressent aussi à ceux qui vont briguer les suffrages des travailleurs.

Ceci vient bien à point dans la perspective des élections de 2014 pour lesquelles une dynamique unitaire est en train de voir le jour, même si elle est encore timide, même si un certain nombre de « puristes », de « sceptiques » qui se posent des questions ou déprécient ces efforts  arguent « que « d’avoir des élus » n’est pas un but en soi, la question est pourquoi faire ? Pour défendre quelle position ? », à ceux-là nous conseillons la lecture de la brochure de la FGTB Charleroi.

Freddy Mathieu 4 décembre 2013

http://www.lcr-lagauche.org/10-objectifs-anticapitalistes/

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