Défense de l’hôpital de Carhaix : la police convoque 5 nouveaux militants syndicaux en garde à vue
Après les 13 militants syndicaux qui ont déjà été entendus depuis la mi-mai, 5 nouvelles personnes seront convoquées au commissariat de police de Quimper sous le régime de la garde à vue. L’affaire fait suite à l’occupation des locaux de l’ARS par les défenseurs de l’hôpital de Carhaix, en septembre 2023.
Selon une information rapportée par France Bleu Breizh-Izel ce vendredi 31 mai 2024, cinq nouveaux militants syndicaux seront convoqués au commissariat de police Quimper sous le régime de la garde à vue, les 4 et 12 juins prochains.
Ces convocations interviennent dans le cadre de l’enquête ouverte après l’occupation des locaux de l’agence régionale de santé (ARS) de Quimper, le 14 septembre 2023. Les manifestants avaient envahi les lieux à l’issue d’une réunion entre les défenseurs de l’hôpital de Carhaix et les représentants de l’ARS. Une rencontre qui s’était déroulée dans un contexte tendu du fait de la fermeture des urgences dans cet hôpital de proximité.
Treize militants syndicaux ont été entendus depuis la mi-mai, déclenchant des manifestations de soutien, comme ce 22 mai où 300 personnes s’étaient rassemblées à Quimper.
Cette fois, ils seront cinq : quatre adhérents de la CGT et un de la CFDT, selon France Bleu Breizh-Izel. Les deux organisations syndicales appellent à une mobilisation devant le commissariat de Quimper le jour des convocations, les 4 et 12 juin.
Grand projet ferroviaire Lyon-Turin : pourquoi les écologistes s’y opposent
Le Lyon-Turin est un projet ferroviaire soutenu par Bruxelles et qui divise la gauche. Comment peut-on être écolo et contre une ligne de fret ferroviaire ? Basta! fait le point sur ce chantier européen subventionné par 30 milliards d’argent public.
Un an après la manifestation organisée avec les Soulèvements de la Terre contre le Lyon-Turin, les opposants au grand projet ferroviaire se réunissent de nouveau, le 2 juin, en Isère, à Aoste. Manière pour les comités citoyens d’opposants de dénoncer l’empreinte environnementale et paysagère à la mesure du gigantisme de l’infrastructure.
Celle-ci ne se limite pas à la construction du plus grand tunnel européen, entre Savoie et Piémont, mais implique aussi la réalisation d’une ligne fret et passagers entre la gare TGV de Lyon-Saint-Exupéry et Saint-Jean-de-Maurienne. C’est 160 km de rails traversant 71 communes en Isère et Savoie, et des dizaines d’ouvrages d’art dont trois tunnels importants sous les massifs de Chartreuse et de Belledonne.
À une semaine des élections européennes, c’est aussi l’occasion de faire le point sur ce vieux serpent de terre, ardemment soutenu par Bruxelles, et qui en France divise la gauche : insoumis et écolos votent contre, les communistes pour.
Où en est le chantier ?
Les travaux du tunnel de base, un bi-tube de 57,5 km dont 45 en France et 12,5 en Italie, ont débuté en 2002. « Cela représente 164 km de galeries à creuser, dont 37 le sont déjà », a indiqué Daniel Bursaux, le président de Telt (Tunnel Euralpin Lyon Turin), l’établissement public binational chargé de la réalisation de l’ouvrage, au Premier ministre Gabriel Attal en visite sur le chantier, le 14 mai. Seuls 13 km correspondent au tunnel, percé côté français, le reste relève de galeries utilisées pour la construction, l’entretien ou comme issue de secours.
Cinq des sept tunneliers géants nécessaires pour poursuivre le percement ont été livrés par le constructeur en Allemagne. Ils doivent être acheminés jusqu’en Maurienne, puis remontés avant de pouvoir œuvrer. Même avec le renfort de ces monstres de technologie, espérer forer 127 km d’ici 2032 – la date annoncée de mise en service – est pour le moins optimiste. D’autant que des cavités souterraines ont retardé l’achèvement de deux puits de ventilation en Maurienne, a révélé en mars le journal spécialisé Le Moniteur, et qu’« en attendant l’arrivée d’un robot téléguidé conçu pour les combler, la date de démarrage des tunneliers est incertaine ».
Comment peut-on être écolo et contre une ligne de fret ferroviaire ?
C’est la question posée par Gabriel Attal. La nouvelle liaison, en plus du trafic passagers, permettra d’augmenter le fret ferroviaire à travers les Alpes, « d’éviter la circulation de millions de camions » entre la France et l’Italie, a-t-il assuré, alors qu’« actuellement, sur 44 millions de tonnes par an, 92 % circulent via des camions. » Une délivrance pour des vallées alpines aujourd’hui asphyxiées par des norias de poids lourds.
Mais aux yeux du syndicat Sud-Rail, membre de la coalition des opposants français au Lyon-Turin, la promesse ne passe pas le mur de la réalité. Pour Julien Troccaz, secrétaire fédéral du syndicat, « construire une nouvelle infrastructure alors qu’il existe déjà une ligne ferroviaire entre Lyon et Turin et qu’elle est loin d’être saturée », démontre l’absence de réelle volonté de transférer les camions de la route au rail le plus vite possible, et de « relocaliser les activités comme devrait l’imposer le réchauffement climatique. »
Ensuite, dénonce-t-il, « en Maurienne, le projet a déjà provoqué la destruction, irréversible, d’un outil essentiel pour le fret ferroviaire de proximité : la gare de triage de Saint-Jean-de-Maurienne. Démontée, en mai 2023, à la demande de Telt, car elle se trouvait sur le tracé des futurs accès français au tunnel, elle permettait avec ses 40 voies de stationner et former des trains de fret, de desservir des entreprises locales clientes de Fret SNCF », explique le syndicaliste. C’est désormais impossible, les camions n’ont plus qu’à retourner sur la route, alors même que la mise en service des accès français n’est pas promise avant au mieux 2040 !
Sud-Rail oppose aussi au mirage du Lyon-Turin le paysage sinistré du fret ferroviaire en France. De 2002 à 2018, les volumes transportés par le train sont passés de 50 milliards de tonnes par kilomètres à 33. En France, la part du rail dans le transport de marchandise a chuté à 10 %, contre 23 % en Allemagne et 18 % en moyenne dans l’Union européenne.
Pourtant, loin de voler au secours de ce secteur essentiel pour décarboner les transports, le gouvernement a décrété le démantèlement d’ici la fin de l’année de Fret SNCF, le principal opérateur. L’entreprise a déjà dû rétrocéder à la concurrence 23 flux ferroviaires – trains affrétés d’un point à un autre par des clients – représentant 20 % de son chiffre d’affaires et 10 % de ses effectifs.
Cette liquidation « risque de saborder l’objectif de doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici à 2030 prévu par la loi Climat et résilience », alerte la commission d’enquête parlementairedans son rapport sur la libéralisation du fret ferroviaire en décembre 2023. Ce secteur a souffert de la désindustrialisation, mais, constatent les parlementaire, plus encore de son abandon, depuis 30 ans, par les politiques publiques (au profit de la route) et par les directions successives de la SNCF (en faveur du TGV).
La « concurrence dissymétrique » avec le transport routier, qui bénéficie d’allégement des tarifs de péages autoroutiers et des taxes sur le gasoil – a rivé les derniers clous dans le cercueil du fret ferroviaire français. En l’absence d’une politique publique déterminée, ce n’est pas une nouvelle infrastructure qui à elle seule pourra lui redonner vie. La preuve : malgré les gros travaux de modernisation réalisés entre 2003 et 2011 sur la ligne Lyon-Turin existante, le trafic ferroviaire de marchandises n’a fait que diminuer au profit de la route.
Quels sont les impacts environnementaux du chantier ?
En Maurienne, la commune de Villarodin-Bourget, où débuta le chantier du tunnel il y a plus de 20 ans, pourrait servir de village-témoin. Située dans le Parc national de la Vanoise, elle a vu sa forêt déboisée, et le site des berges de l’Arc autrefois composé d’une mosaïque de bois, prairies et jardins potagers, transformé en une plate-forme bétonnée, tandis que 400 000 m3 de déblais entassés obscurcissent l’horizon. Au total, selon la Confédération paysanne, la construction de la nouvelle liaison devrait artificialiser 1500 hectares de terres agricoles, notamment pour y entreposer des millions de tonnes de gravats.
Ce qui cristallise désormais l’opposition, c’est la menace que font peser les travaux d’excavation sur la ressource en eau. En drainant chaque année 60 à 150 millions de mètres cubes d’eau souterraine, ils bouleversent le réseau hydrogéologique de la Maurienne et du Val de Suse et mettent en péril sources et captages d’eau potable, selon Philippe Delhomme, co-président de l’association Vivre et Agir en Maurienne (VAM). Ce alors même que la hausse des températures, qui affecte particulièrement le milieu alpin, a déjà réduit les débits annuels des cours d’eau et le niveau des nappes phréatiques. « Depuis le début du chantier, rappelle-t-il, plusieurs communes de la vallée ont vu leurs sources se tarir. »
En 2021, Vivre et Agir en Maurienne a lancé l’alerte autour d’une vingtaine de captages d’eau potables de cinq communes savoyardes. Leurs périmètres de protection sont traversés par le tracé du tunnel, alors même que des arrêtés préfectoraux interdisent formellement d’y entreprendre des travaux d’excavation des sols et sous-sols.
Depuis, aucune solution n’a été proposée par Telt ni par les services de l’État. Mais le train du Lyon-Turin n’en sera pas stoppé pour autant : la parade a été trouvée. En juillet 2023, le préfet de Savoie a commandé une étude pour évaluer l’impact du chantier sur la ressource en eau, mais curieusement seulement sur la qualité, pas sur la quantité.
En mars dernier, fort de la conclusion selon laquelle le risque d’une pollution, par des hydrocarbures par exemple, était inexistant, le préfet a annoncé que les arrêtés seraient modifiés : les travaux de creusement ne devraient plus être interdits dans les périmètres de protection des captages concernés. On gomme l’infraction à la loi sur l’Eau donc, mais pas le risque.
Combien ça coûte ?
Colossal, le Lyon-Turin l’est aussi par son coût, estimé à plus de 26 milliards d’euros en 2012, soit environ 30 milliards aujourd’hui avec l’inflation, dont 9,6 milliards d’euros pour le seul tunnel transfrontalier, d’après la Cour des Comptes européenne en 2020. « L’Union européenne est le réel moteur financier du projet, observe Paolo Prieri, membre du Presidio Europa, coalition italienne des opposants aux « grands projets inutiles ». Elle contribue, pour la partie transfrontalière, à 50 % du coût des travaux, le reste étant réparti à 58 % pour l’Italie et 42 % pour la France. »
Même si la Cour des comptes européenne a taclé en 2022 les « grossières surestimations des promoteurs du projet en matière de gains environnementaux », et rappelé que la construction de l’infrastructure générerait 10 millions de tonnes d’émissions de CO2, Bruxelles défend le projet. La Commission européenne a par exemple dérogé plusieurs fois à sa propre règle du « Use or lose it » selon laquelle elle récupère les fonds des subventions non-utilisés à leur année d’échéance, en prolongeant celles accordées à Telt. « Une façon simple de s’assurer des décennies de chantiers juteux, propulsés par 30 milliards d’argent public », commentent les Soulèvements de la Terre.
Cheminots, syndicats et écolos réunis pour sauver les trains de marchandises
Coupes dans les effectifs, démantèlement du fret ferroviaire… Les cheminots ont manifesté à Paris, le 28 mai, contre un projet gouvernemental jugé délétère pour le train et pour l’écologie.
Paris, reportage
« Vous cherchez des gens du fret ? Il n’y en a plus, ils sont tous chez Pôle emploi ! » Cette boutade lancée par un manifestant lors de la mobilisation pour sauver le fret ferroviaire — les trains de marchandises — a un goût amer. Parmi les milliers de personnes qui ont défilé entre la place d’Italie et Montparnasse à Paris, le 28 mai, rares étaient celles qui étaient encore en poste dans le secteur.
Et pour cause, l’effectif est passé de 15 000 à 4 500 agents en une quinzaine d’années. « On a des réorganisations presque tous les mois. C’est pensé dans les bureaux, sans écouter les agents sur le terrain. Et sur les 4 500 personnes encore en poste, il y a 1 200 cadres. Ce sont eux qui coûtent le plus cher, mais les réorganisations ne les concernent jamais. C’est toujours le terrain qui trinque », explique Christophe Soufflet, agent au sol à Somain (Nord) depuis vingt-sept ans.
On le rencontre place d’Italie, au départ de la manifestation. Une petite bruine mouille les pavés et se mêle à la fumée blanche des fumigènes. Tout cela crée une sorte de brouillard aux airs d’automne. À côté de Christophe Soufflet se trouve son collègue Fabien Bertrand, conducteur de train depuis vingt-cinq ans. Il fustige le nouveau « plan de discontinuité » orchestré par le gouvernement.
Il s’agit de scinder l’entreprise en deux entités : la première serait chargée du transport de marchandises, la seconde de la maintenance des locomotives. Fret SNCF devra également donner vingt-trois lignes, soit 30 % du trafic, à des opérateurs privés. Tout cela pour calmer la colère de Bruxelles qui avait ouvert une enquête pour concurrence déloyale en janvier 2023. Résultat, l’entreprise aurait dû rembourser 5,3 milliards d’euros d’aides publique. De quoi couler la boîte.
« Alors qu’on parle de Green Deal [le Pacte vert lancé en 2019 par la Commission européenne ] et d’écologie à tout va, on nous oblige à abandonner vingt-trois flux. Ce qui aura pour conséquence de remettre entre 300 000 et 400 000 camions sur la route », estime Fabien Bertrand.
En effet, certaines de ces lignes, jugées non rentables, ne seront certainement pas reprises par des opérateurs privés. Pourtant, remettre les marchandises transportées par camions sur des rails serait la meilleure façon de verdir le secteur des transports, qui pèse 28,7 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Le train émet entre 9 et 14 fois moins que le transport routier, selon une note publiée par l’Alliance écologique et sociale.
Un moratoire, ou la mort du fret ferrorivaire
Afin de défendre le fret comme un « outil indispensable à la transition écologique », des représentants de syndicats et d’organisations environnementales étaient présents durant la manifestation. « Votre combat est essentiel pour préserver les emplois, les services publics et notre santé. Plus de trains, c’est moins de camions sur les routes, donc moins de pollution de l’air et moins d’émission de CO2 », a déclaré Jean-François Julliard, le directeur de Greenpeace France.
Juste après lui, Damien, un représentant des Soulèvements de la Terre, a rappelé la convergence entre la défense du fret avec des luttes en Île-de-France, comme le projet d’entrepôt logistique géant Green Dock ou le boulevard intercommunal du Parisis. « Nos luttes sont connectées. Opposer l’emploi et l’environnement est une ruse du capitalisme pour faire croire qu’on ne marche pas ensemble », a scandé Damien.
Campagne électorale pour les européennes oblige, beaucoup de femmes et d’hommes politiques ont fait le déplacement, comme Manon Aubry, tête de liste La France insoumise aux européennes, l’écolo Karima Delli, présidente de la commission transport au Parlement européen ou encore le député insoumis François Ruffin. Tous ont rappelé l’importance de sauver le fret ferroviaire pour préserver l’emploi et décarboner le secteur du transport de marchandises.
D’autant que la loi Climat vise à un doublement de la part modale du fret ferroviaire d’ici 2030, c’est-à-dire de multiplier par deux l’usage du train pour les marchandises. Un chiffre qui sera difficile à atteindre, selon Fabien Bertrand. « Avant l’ouverture à la concurrence, 18 % des marchandises étaient transportées par fret. Aujourd’hui, nous sommes à 9 %, dont 4 % par la SNCF. On nous avait pourtant promis un doublement du trafic grâce à la libéralisation. On voit mal comment ils pourraient revenir aux 18 % qu’ils promettent aujourd’hui. »
À l’avant du cortège, les enceintes de la CGT crachent les chansons classiques de manif, ponctuées par le klaxon des trains. Un air de quai de gare flotte dans les airs. Didier Daviaud, cheminot à Poitiers, s’est abrité quelques instants de la pluie sous un abribus. « Quand j’ai commencé ce métier il y a vingt ans, j’étais conducteur de train TER, de Corail et de fret. On était polyvalents, cela permettait de mieux rentabiliser. Avec la privatisation, c’est devenu interdit, on n’a plus cette flexibilité et cette souplesse. »« C’est cloisonné, il n’y a plus la même possibilité d’évolution de carrière, regrette son collègue Pierre Auxire. Cela devient monotone et on peut faire moins attention qu’avant. C’est comme ça qu’on peut faire des bêtises. »
Il n’y a pas que les salariés qui pâtissent de ce dépeçage. Les entreprises sont également pénalisées. Didier Daviaud donne l’exemple des producteurs de cognac qui utilisaient auparavant des trains pour transporter leurs marchandises jusqu’au port de La Rochelle. Aujourd’hui, c’est terminé : les bouteilles finissent dans les camions. « Certains producteurs de cognac ont demandé de relancer des trains, mais ils n’ont trouvé personne pour le faire, alors ils ont abandonné », déplore Didier Daviaud.
Alors que faire pour sauver le fret ferroviaire ? L’Alliance écologique et sociale a mis sur la table plusieurs propositions, comme l’instauration d’un prélèvement de 1 milliard d’euros par an sur les profits réalisés sur les sociétés d’autoroutes. Elle suggère également de créer une écotaxe pour les poids lourds en transit qui refuseraient la solution du report modal. Enfin, elle plaide pour l’interdiction de nouvelles zones logistiques si elles n’étaient pas connectées au réseau ferré. En attendant, tous réclament un moratoire sur le projet de démantèlement, qui signerait selon eux la mort du fret ferroviaire en France.
« Il n’est pas normal de mourir au travail », la Bretagne compte-t-elle plus d’accidents que les autres régions ?
Deux personnes meurent au travail chaque jour, en France. Les accidents touchent les secteurs du BTP, de l’agriculture, de l’industrie, malgré les campagnes de prévention. En Bretagne, depuis le début de l’année, le travail a tué 9 salariés. Un collectif de familles de victimes veut briser le silence.
Depuis le début de l’année 2024, les accidents du travail, en Bretagne, ont coûté la vie à neuf personnes. Pour la plupart des hommes jeunes. En 2023, selon les données de l’inspection du travail, 29 Bretons sont morts au travail.
Les secteurs de l’agriculture, des transports et de l’industrie sont les plus touchés. Malgré les campagnes de sensibilisation, la sécurité des salariés est loin d’être assurée.
Mort à 25 ans
C’est sur un chantier d’Ille-et-Vilaine, à Lieuron, qu’Alban a fait une chute mortelle de cinq mètres, le 10 mars 2021, alors qu’il installait des panneaux solaires. « Il est mort le jour de ses 25 ans, relate sa mère. Il travaillait sur le toit d’un hangar, il y avait des tuiles en plastique et il est passé à travers ». Ni échafaudage ni filet ni harnais n’avaient été prévus pour le protéger.
La justice a condamné son employeur, en première instance, à 36 mois de prison dont 18 mois ferme. Le dossier est allé devant la cour d’appel de Rennes. « Le fait qu’il y ait de la prison ferme est un message important à l’attention de tous les employeurs, estime l’avocate de la famille d’Alban. Ils doivent se soucier de la sécurité de leurs salariés, pas seulement parce qu’il s’agit de la vie des gens mais parce qu’eux aussi peuvent être privés de liberté s’ils commettent des manquements graves ».
« Notre priorité, ce sont vos travailleurs »
Au nord de Rennes, la construction d’un bâtiment vient d’être stoppée par deux inspecteurs du travail. Ces derniers prennent leur téléphone et appellent le patron de cette entreprise de BTP pour lui signifier la suspension immédiate des travaux. « Notre priorité, ce sont vos travailleurs, lui expliquent-ils. Et c’est non négociable ».
Sur place, au cours de leur contrôle, ils ont relevé plusieurs dysfonctionnements. Un échafaudage installé par des salariés qui n’ont pas été formés pour le faire, pas de garde-corps, des équipements de protection « incomplets », un accès au chantier avec un risque de chute à chaque passage des ouvriers. « Sur 10 contrôles, souligne l’un des inspecteurs, on prononce entre 3 et 4 arrêts. Ce n’est pas rare ».
« Briser le silence »
Le collectif Familles, stop à la mort au travail,créé en 2023, se bat aux côtés de ceux et celles qui ont perdu un proche victime d’un accident mortel du travail. Il est venu soutenir la famille d’Alban lors des procès à Rennes. De même a-t-il organisé une marche blanche, le 24 février 2024 à Concarneau, « pour briser le silence autour d’un fait de société dont personne n’a conscience ».
« Il n’est pas normal de mourir au travail, dit ce collectif. Les familles des victimes ont bien l’intention de faire changer les choses ».
« On n’en veut pas » : des enseignants et des parents d’élèves manifestent contre la réforme dite du « choc des savoirs »
Vannes et Lorient ouvrent cette journée de mobilisation contre une réforme voulue par le gouvernement qui pourrait instaurer des groupes de niveaux dans les collèges à partir de la rentrée prochaine. Environ trois cents manifestants déambulent dans le centre de Lorient pour obtenir le retrait de cette nouvelle disposition dans l’éducation.
« Nous ne trierons pas nos élèves », « pour un choc des moyens », les pancartes du cortège affichent la détermination des enseignants à refuser d’instaurer des groupes de niveaux en mathématiques et en français pour les élèves de 6ᵉ et de 5ᵉ.
La réforme annoncée le 5 décembre 2023 par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, baptisée « choc des savoirs », assure vouloir « élever le niveau des élèves ». Aux yeux de la présidente de la Fédération des parents d’élèves du Morbihan, cette mesure « constitue à coup sûr un tri des enfants et un éclatement de la classe dès la 6ᵉ ».
Dès 10 ans ou 11 ans, les élèves auront un tiers de leur emploi du temps en dehors de leur classe habituelle, c’est une perte de repère. Et cela risque de stigmatiser les élèves. Maud Le Roscouët Présidente de la Fédération des parents d’élèves du Morbihan
Contre ce projet et pour réclamer des postes d’enseignants, trois journées de grèves nationales ont été organisées dans les collèges depuis janvier 2024. Une trentaine de manifestations est annoncée en France ce samedi 25 mai 2024. Vannes et Lorient ont donné rendez-vous à 10h30, Brest, Quimper et Saint-Brieuc à 11h, tandis que Rennes prend le relais à 14h. À Paris, le cortège s’élancera à 13h depuis la place de la Sorbonne.
« Contre le choc des savoirs et pour l’école publique »
L’instauration de « groupes de niveaux », désormais remplacés par des « groupes de besoins » dans le texte de la réforme, constitue la mesure phare du plan de Gabriel Attal et représente souvent pour ses opposants la goutte d’eau qui vient faire déborder un vase déjà bien plein, entre les dotations en baisse, justifiées par les académies par la diminution du nombre d’élèves pour des raisons démographiques, et la pénurie d’enseignants, qui obère le fonctionnement quotidien des établissements, notamment en matière de remplacement.
Au moment de l’annonce de cette mesure, en décembre 2023 et prévue pour s’appliquer dès septembre prochain, Gabriel Attal avait assuré que « des créations de postes permettront de limiter le groupe des élèves les plus en difficulté à une quinzaine d’élèves ». La même organisation en groupes de niveaux est promise aux classes de 4ᵉ et de 3ᵉ à partir de la rentrée de septembre 2025.
Au ministère de l’Éducation nationale, l’entourage de Nicole Belloubet reconnaît qu’il y a encore des « incompréhensions à dissiper ». Depuis plusieurs mois, la contestation se maintient localement, en se concentrant dans certains collèges où les parents d’élèves et les enseignants sont particulièrement mobilisés.
Rassemblement de solidarité à Genève avec les syndicalistes et enseignant·e·s d’Iran, vendredi 7 juin
A l’occasion de la Conférence internationale du travail de l’OIT (Organisation internationale du travail), les organisations syndicales signataires appellent à un rassemblement devant le siège des Nations Unies à Genève, le vendredi 7 juin 2024.
Elles entendent ainsi dénoncer la nouvelle campagne de répression entreprise par les autorités de la République islamique d’Iran, et notamment:
le nombre effrayant d’exécutions capitales, dont plus de soixante rien que pendant les deux dernières semaines du mois d’avril;
la poursuite de la répression de femmes refusant de porter le voile.
Nous protestons également contre la venue annoncée à la Conférence internationale du travail de personnes désignées par le régime pour représenter les salarié·e·s.
La République islamique d’Iran a refusé de ratifier de nombreux textes fondamentaux de l’OIT, dont ceux concernant la liberté de constituer des syndicats, la protection du droit syndical et la négociation collective (Conventions 87 et 98 de l’OIT).
Rien ne justifie néanmoins que l’Iran agisse en contradiction avec ces normes. En effet, la Déclaration de 1998 «oblige les Etats Membres à respecter et à promouvoir» ces dispositions, «qu’ils aient ou non ratifié les conventions correspondantes».
Et cela d’autant plus que l’Iran siège officiellement dans certaines instances de l’OIT.
L’Iran est par ailleurs signataire de deux traités internationaux protégeant notamment le droit de constituer des syndicats, de s’y affilier et de rencontrer des syndicalistes d’autres pays:
Pacte international (ONU) relatif aux droits civils et politiques (PIDCP/ICCPR), article 22;
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC/ICESCR), article 8.
Le régime réprime néanmoins des dizaines de personnes agissant dans le cadre de ces deux textes signés par l’Etat iranien.
Nous organisons un rassemblement:
Vendredi 7 juin 2024, à partir de 12h à Genèvedevant le Palais des Nations – «La Chaise» – contre la répression généralisée du régime iranien, – pour soutenir les personnes arrêtées, dont notamment les syndicalistes et les enseignant·e·s, – pour exiger leur libération immédiate.
Confédération française démocratique du travail (CFDT)-France,
Confédération générale du travail (CGT)-France,
Fédération syndicale unitaire (FSU)-France,
Union syndicale Solidaires-France,
Union nationale des syndicats autonomes (UNSA)-France,
Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS)–Suisse,
Syndicat SSP enseignement Genève –Suisse.
300 personnes manifestent leur soutien aux défenseurs de l’hôpital de Carhaix convoqués en garde à vue
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies ce mercredi 22 mai à Quimper pour apporter leur soutien aux militants syndicaux qui sont convoqués par la police, pour avoir envahi les locaux de l’Agence régional de santé (ARS) en septembre dernier. L’affaire s’était déroulée dans un contexte très tendu aux urgences de Carhaix.
Les gardes à vue des militants syndicaux qui ont envahi les locaux de l’Agence régionale de Santé de Quimper en septembre 2023 s’enchaînent depuis mi-mai… tout comme les manifestations de soutien.
Ce mercredi 22 mai, près de 300 usagers de l’hôpital de Carhaix, habitants finistériens et syndicalistes se sont rassemblés à Quimper pour soutenir les militants convoqués par les policiers, comme le relate Radio France.
La CGT et la CFDT demandent notamment l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre militants, qui se sentent « salis, comme si on était des criminelles » confiait au micro de France Bleu Caroline Tromeur. La secrétaire générale de le CGT de Carhaix avait pénétré avec une dizaine d’autres personnes dans les locaux de l’ARS de Quimper le 14 septembre pour protester contre la fermeture des urgences de Carhaix.
Ces défenseurs de l’hôpital de Carhaix avaient occupé les lieux en s’installant dans une salle de réunion et en retenant des représentants de la direction, pour réclamer la réouverture des urgences 7 jours sur 7, 24h/24.
« En position d’accusés, alors que nous sommes victimes »
Après cette action, les militants avaient tous reçu fin avril une convocation pour une audition sous le régime de la garde à vue pour séquestration et violences en réunion. « C’est très lourd comme courrier. Ça remue un peu » assurait l’un d’eux, Matthieu Guillemot.
Dans un contexte où la situation de l’hôpital de Carhaix, seul établissement dans un bassin de population de 80 000 habitants, est dramatique, le maire de la ville avait apporté son soutien aux militants.
« Aujourd’hui, nos urgences sont fermées 24 h sur 24, 7 jours sur 7, déplore Christian Troadec. Les gens sont contraints d’aller à Morlaix, à Brest ou à Quimper. On nous prend pour des cons, voire, pire encore, on nous laisse pour des cons. On se retrouve en position d’accusés alors que nous sommes victimes« .
L’association des parents d’élèves du collège de la Fontaine-Blanche, à Plougastel-Daoulas, avait lancé pour ce jeudi 23 mai 2024, à 18 h 30, un appel à manifester contre la réforme du choc des savoirs et, plus particulièrement, contre la mise en place de groupes de niveau.
Ils avaient appelé en renfort leurs homologues des environs dont les enfants pourront être concernés par une entrée en sixième l’an prochain. Ils étaient ainsi une petite centaine à clairement afficher « leur opposition à cette réforme, qui va à l’encontre de la démocratisation scolaire en classant des élèves par groupes de niveau en maths et en français ».
Carhaix : Toujours pas d’urgences à l’hôpital… mais des gardes à vue
« Carhaix, Carhaix, Résistance ! ». Depuis le 14 mai, entre 100 et 200 personnes lancent ce cri quasi quotidiennement devant le commissariat de Quimper (Finistère). Ce sont à nouveau les défenseurEs des urgences de l’hôpital de Carhaix qui battent le pavé quimpérois.
Ils et elles sont doublement en colère. D’une part, le protocole pour la réouverture des urgences de leur hôpital du Kreiz Breizh (Centre Bretagne) — signé le 27 octobre par l’Agence régionale de santé (ARS), le département et la préfecture — n’a toujours pas vu la moindre mise en œuvre. D’autre part, et c’est le motif de leurs rassemblements devant le commissariat, les mêmes qui avaient signé le protocole ont porté plainte pour séquestration et violence en réunion, à la suite de l’occupation des locaux de l’ARS à Quimper le 14 septembre 2023.
Une dizaine de personnes (il semble que la liste pourrait s’allonger) dont le porte-parole du comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix Matthieu Guillemot, des militantEs syndicalistes (six de la CGT et trois de la CFDT) ont ainsi été convoquéEs à partir du 14 mai pour être entenduEs sous le régime de la garde à vue.
Mobilisation contre la répression
Mardi 14, c’est notre camarade Matthieu Guillemot qui « ouvrait le bal ». Pour l’accompagner, quelque 200 personnes, pour une part venues en car depuis Carhaix, des militantEs syndicaux (CGT, CFDT, Sud Santé Sociaux/Solidaires), des militantEs du Comité de défense des hôpitaux de proximité, et des éluEs et responsables politiques. Parmi lesquels Christian Troadec, maire de Carhaix, Mélanie Thomin, députée socialiste du Finistère et Philippe Poutou. En termes d’organisations politiques, hors quelques drapeaux de l’UDB, le NPA-l’Anticapitaliste semblait être le seul à avoir appelé largement au rassemblement.
Au sortir de son audition, et après un passage par la case cellule, Matthieu Guillemot a réaffirmé que « le 14 septembre dernier, il n’y a pas eu de violence ni de dégradation dans le bâtiment de l’ARS. À Carhaix, nous avons l’habitude de nous battre et nos méthodes sont connues : la détermination et la non-violence », et que son audition, comme celles à venir des neuf autres militantEs, participait d’une tentative de « criminalisation des mouvements sociaux et syndicaux ».
Faisant référence à la condamnation pour apologie du terrorisme à l’encontre de Jean-Paul Delescaut, secrétaire départemental de la CGT du Nord, ou à la plainte pour « diffamation et injures publiques » de Darmanin contre le militant de Sud Éducation du Finistère, Olivier Cuzon, Philippe Poutou a dénoncé une « répression du mouvement social et militant qui se généralise. Dès qu’on milite, qu’on conteste, qu’on est en opposition au pouvoir ou que l’on défend les services publics, on est menacé et entravé par des convocations policières, par des menaces judiciaires ».
La lutte continue
Loin de se laisser intimider, chaque jour donc et jusqu’au 28 mai les manifestantEs continueront de soutenir Matthieu, Cathy, Sandrine, Rachel, Andréa, David, Caroline, Thomas, Bahar et Stéphanie, leurs camarades de lutte pour les urgences de l’hôpital de Carhaix. Ainsi, la CFDT, la CGT et SUD Santé Sociaux du CHRU de Brest/Carhaix ainsi que leurs unions syndicales départementales appellent respectivement à faire du 21 et du 22 mai (dates auxquelles ce sont leurs militantEs qui passent en audition au commissariat de Quimper) de belles journées de mobilisation contre la répression et la judiciarisation de la lutte. À la fin du mois, nul doute que panneaux et poteaux seront recouverts de l’autocollant « Karaez Rezistañs ! ».