Ce samedi 1er juillet se tenait la première marche des fiertés rurales du pays de Redon, dans le sud de l’Ille-et-Vilaine.
À Redon, une première marche des fiertés rurales déterminée
Avec la Pride de Fougères qui s’est tenue pour la première fois cette année une semaine plus tôt, la marche de Redon est l’une des deux premières Pride organisée en milieu rural en Bretagne.
Pour des fiertés visibles en milieu rural
À l’initiative de la marche, le collectif Fierté rurale en pays de Redon né début 2023 avait pour objectif de visibiliser la communauté LGBTI en milieu rural et d’y créer des liens et des lieux de rencontres qui y sont moins nombreux qu’en milieu urbain. Au final, la marche a réuni près d’un millier de personnes dans les rues de Redon, ainsi qu’une dizaine d’associations du département mais aussi de Nantes et de Quimper, sur son village associatif installé en centre ville.
Fiertés rurales, contre les réacs, les frontières et les violences policières
Au départ de la marche, plusieurs discours revendicatifs dénonçant l’isolement des personnes LGBTI en milieu rural, l’offensive réactionnaire antitrans et LGBTI-phobe ou encore les violences policières et la mort de Nahel ont été chaudement applaudis par les manifestantEs.
Le cortège s’est ensuite élancé sous une fine pluie (bretonne), derrière une batucada très déter’ qui ouvrait la marche en musique, suivie par un large cortège revendicatif réunissant entre autres des militantEs associatifs et politiques, dont plusieurs camarades du NPA.
Comme dans de nombreuses autres prides cette année, les slogans contre les frontières, contre la loi Darmanin et contre les violences policières se sont mêlés aux slogans pour la défense des droits LGBTI, et contexte oblige, une immense banderole « Justice pour Nahel » préparée en dernière minute mais très bienvenue était particulièrement bien visible dans le cortège.
Cette première marche des fiertés rurales à Redon aura en tout cas réussi à créer du lien là où il en manquait et dans un contexte de montée de l’extrême droite et de l’offensive réactionnaire, l’initiative était plus que nécessaire.
Depuis le mois de mai, les agents spécialisés des écoles maternelles de Rennes se battent contre la suppression du pool de remplacement décidée par la municipalité PS-EELV-PC.
Les agents ont enchaîné les grèves, rassemblements et ont même envahi la mairie avec parents et enfants jeudi 15 juin dans une ambiance survoltée. Les parents et les enseignants sont en effet nombreux à se montrer solidaires et à soutenir la mobilisation, même si les journées de grève se traduisent par des cantines et garderies fermées. Sur les 250 Asem travaillant dans les écoles maternelles de la commune, elles étaient nombreuses à se retrouver une à deux fois par semaine.
La ville de Rennes a traité la mobilisation avec mépris, puis en la calomniant : au cours d’une conférence de presse, les élus ont expliqué que les Asem mobilisées… mentaient ! Finalement, le projet est suspendu et ne serait qu’une « maladresse » !
Les Asem ont pour le moment suspendu leur mouvement suite à cette première victoire : elles se sont fait respecter, ont vu leur directeur méprisant et condescendant désavoué, la mairie s’emmêler les pinceaux et déplacer sa réunion au dernier moment par peur de la voir envahie… Mais surtout ils et elles ont relevé la tête, appris à se connaître d’une école à l’autre, échangé leurs coordonnées et ont pris goût à la lutte !
Inès Léraud : » Pour les algues vertes, il n’est pas exagéré de parler de mensonge d’État »
Pourquoi faire des algues vertes un tel sujet d’investigation, depuis 2015 ?
Ce qui m’intéressait, au départ, c’était la question de la santé des agriculteurs et des ouvriers agricoles exposés aux pesticides. Cela vient d’un combat plus personnel qui m’anime depuis que ma mère est devenue « chimico-sensible » : contaminée aux métaux lourds, elle a développé une hypersensibilité aux produits chimiques multiples.
Elle ne peut plus, par exemple, utiliser de savon ou de liquide vaisselle parfumés, elle ne peut pas dormir dans des draps lavés avec des lessives, etc. Pendant dix ans, elle a souffert seule, sans être diagnostiquée, en étant souvent méprisée par la plupart des institutions médicales. J’ai découvert le manque de formation des médecins au sujet des maladies environnementales, et le rôle des lobbys pharmaceutiques.
C’est ce sentiment d’injustice qui m’a poussée à enquêter, et à comprendre au fur et à mesure comment la connaissance scientifique est influencée par tout un système agro-chimico-industriel, particulièrement proactif. En m’intéressant à la Bretagne, j’ai vite mis le doigt sur la problématique des algues vertes, qui m’est apparu comme une occasion idéale pour parler de ce système, et de notre déni collectif.
Les algues vertes sont un phénomène visible, qui peut être létal instantanément – là où les autres pollutions sont souvent invisibles et tuent plutôt de façon différée. De plus, c’est une chaîne de causalité qui est assez facile à démontrer, et étayée scientifiquement. Cela compte beaucoup dans ce genre d’histoires.
Comment définiriez-vous ce « système agro-industriel » ? Qui en sont les grands acteurs ?
C’est un tissu industriel, composé de grandes coopératives et de grandes entreprises de l’agroalimentaire, et de différentes instances chapeautées par l’État et par la FNSEA. Il faut comprendre le poids et les leviers d’action dont dispose le syndicat majoritaire agricole en France : la formation des jeunes agriculteurs, les financements agricoles par les banques et les assurances, l’attribution des terres par la SAFER, tout cela est cogéré par la FNSEA. Cela lui donne une assise énorme, les agriculteurs sont presque obligés de voter pour ce syndicat s’ils veulent avoir accès aux terres ou à des emprunts.
C’est plus qu’un syndicat ou une simple instance de lobbying, c’est un véritable partenaire de l’État, avec un vrai pouvoir décisionnaire – le documentaire FNSEA, enquête sur un empire agricole de Marianne Kerfriden a montré que la FNSEA participe directement à la nomination des ministres de l’Agriculture.
Il y a un vrai noyautage des instances publiques par l’agro-industrie, dont on trouve des relais à toutes les échelles de la démocratie locale dans les zones rurales, au sein des conseils municipaux, des communautés de commune, des syndicats des eaux… Beaucoup des instances décisionnaires locales qui concernent l’eau et l’environnement sont sous la tutelle de l’agro-industrie, en Bretagne. On peut voir des éleveurs porcins, qui ont détruit des rivières avec des déversements de lisier, se retrouver présidents d’une commission locale de l’eau !
Ces dernières années, dites-vous, « l’État a démultiplié les pouvoirs d’un complexe agro-industriel qui a construit sa puissance sur la violence ». C’est-à-dire ?
Outre ce pouvoir institutionnel déjà énorme, la FNSEA peut jouir, toujours grâce à l’État, de services de gendarmerie qui lui ont été alloués à travers la cellule Demeter. Désormais, elle peut formuler librement des vœux sur la liquidation des petits contre-pouvoirs qui lui font face. On le voit ces jours-ci avec la dissolution des Soulèvements de la Terre. Ce qui frappe, c’est l’appréciation à géométrie variable de la notion de violence : là où on l’instrumentalise pour discréditer les Soulèvements de la Terre, on la tolère complètement lorsqu’elle vient du côté de l’agro-industrie.
Au demeurant, la violence est bien plus importante lors des manifestations de la FNSEA, avec des bâtiments publics entièrement saccagés, des fonctionnaires molestés, etc. Cela avait été conceptualisé dès les années 1970 par Alexis Gourvennec, véritable « parrain », au sens mafieux du terme, du système agroalimentaire breton, qui déclarait texto : « 2 000 agriculteurs qui cassent tout, c’est plus payant que 10 000 manifestants qui défilent dans le calme. » C’est sur cette violence que se fonde le pouvoir de la FNSEA pour imposer sa vision industrielle, technologique et impérialiste de l’agriculture, au détriment des paysanneries du monde entier.
Avez-vous été vous-même victime de cette violence lors de vos enquêtes ?
Il y a eu des intimidations physiques lorsque j’allais sur certaines fermes, pour parler avec des agriculteurs. Des témoins ont reçu des menaces de mort, comme ma consœur Morgane Large, qui s’est fait déboulonner les roues de sa voiture dès lors qu’elle s’est mise à participer à l’enquête. J’ai subi des campagnes de discrédit sur les réseaux sociaux, par des sociétés au service de l’agro-industrie. Mon téléphone et mon ordinateur ont été mis sous surveillance. Sans compter, les procès en diffamation, bien sûr…
Quelle est la part de responsabilité des pouvoirs publics dans ce système ?
Le rôle de la préfecture m’a très vite interpellée, sur le terrain. Ce sont des éléments actifs de ce système. Je me suis rendu compte qu’ils participaient directement à construire l’omerta autour du sujet. En tant que journaliste, je recevais des fins de non-recevoir à toutes mes questions sur les algues vertes, avec cette formule qui m’a beaucoup marquée et qu’on rejoue dans le film : « Il n’y a rien à dire sur le rien. » Ils font sciemment de la rétention d’information quand ils ne mentent pas délibérément, ils sélectionnent leurs journalistes, n’hésitant pas à me menacer d’attaquer en diffamation. Pour une institution censée représenter l’État et l’intérêt général, c’est tout de même assez troublant.
On voit aussi leur empressement à accorder les autorisations de construction aux installations agricoles de type industriel, en dépit des avis défavorables des agences environnementales ou de commissaires-enquêteurs au regard de l’impact environnemental. On l’a notamment mis en évidence dans le cas des méga-exploitations porcines, dans le Finistère, avec le média d’investigation Splann ! Des mille vaches aux mégabassines, c’est la politique du fait accompli. La justice administrative peut bien être saisie, et la préfecture être déjugée quelques années plus tard, comme les recours ne sont pas suspensifs, l’industriel a tout le temps de construire l’installation.
Vous parlez de « déni collectif ». En l’occurrence, ne peut-on pas plutôt parler de véritable mensonge d’État ?
Si, bien sûr ! Il y a plusieurs exemples concrets : quand deux chiens meurent sur la plage d’Hillion en 2008, la préfecture des Côtes-d’Armor s’évertue à dire que cela ne peut pas être à cause des algues vertes, car elles ne dégagent pas des doses suffisantes d’hydrogène sulfuré (H2S) pour tuer un animal. Or, deux ans auparavant, cette même préfecture avait mandaté l’association Air Breizh pour mesurer le gaz qui se dégageait de ces amas d’algues vertes. Les résultats ont montré qu’il y avait deux fois les doses mortelles pour un être humain.
Plus tard, il y a cette étude qui qualifiait les vasières dans les Côtes-d’Armor de véritables « champs de mines » tant elles contenaient de grosses poches d’H2S, avec le risque de mourir sur le coup si elles étaient percées. Cette étude a été réalisée quelques années avant la mort du joggeur Jean-René Auffray, en 2016, exactement dans le cas de figure décrit.
Les autorités vont pourtant affirmer que cela n’a rien à voir avec les algues vertes, elles ne vont pas commanditer d’autopsie. Cette étude n’a d’ailleurs été rendue publique qu’après la mort du joggeur. Donc, oui, il n’est pas galvaudé de parler de « mensonge d’État ». C’est ce mensonge qui entraîne notre déni collectif.
Quid des agriculteurs : quel regard portez-vous sur eux ? Sont-ils victimes, ou coupables ?
Il serait temps de s’atteler à un grand travail d’analyse sociologique pour mieux définir cette catégorie socioprofessionnelle qui est tout sauf homogène. Elle est tiraillée par de très forts rapports de classe. Bernard Lambert a très bien raconté ça, dans Les paysans dans la lutte des classes, c’était en 1970. Depuis, c’est comme si on l’avait oublié !
Quand je suis arrivée en Bretagne, je manquais de sources scientifiques, il n’y a pas beaucoup d’études sociologiques ou anthropologiques sur le monde des agriculteurs intensifs : qui sont-ils et combien gagnent-ils ? D’où viennent exactement leurs revenus ? Quelle est la part tirée des subventions de la PAC et celle du capital accumulé ? Sans compter tout ce qu’ils peuvent défiscaliser sur le plan du matériel agricole.
La réalité de cette population est complètement occultée sous le discours général du « les agriculteurs ne gagnent pas beaucoup d’argent », ce qui est vrai pour une bonne partieimportante d’entre eux ! De l’autre côté, de nombreux agriculteurs ont vu leurs revenus exploser ! Ceux qui cumulent les mandats de postes d’administrateurs au sein des banques et des coopératives agricoles, et bénéficient d’un certain nombre d’avantages du fait de ce statut. Dans le secteur porcin, beaucoup d’agriculteurs paient l’impôt sur la fortune immobilière !
Votre travail met aussi en évidence l’importance de la société civile dans ce combat, puisque vous avez pu bénéficier d’un soutien important tout au long de votre enquête.
C’est tout l’intérêt d’habiter sur place, on crée un réseau d’informateurs qui peut aussi devenir un réseau de soutien très efficace en cas de problèmes. Au début, j’ai compris pourquoi c’était si peu commun chez les journalistes nationaux – la plupart continuent d’habiter dans les grandes métropoles. Parce que le rapport au territoire change complètement : lorsqu’on se met à critiquer ce qu’il se passe dans son village, ou alentour, cela devient plus compliqué.
Il y a tout un travail à mener pour trouver sa juste place, afin de nouer de nouvelles alliances pour établir avec la population une critique des puissances dirigeantes. Et pour mieux faire fonctionner la démocratie, tout simplement ! Lors des procès en diffamation, j’ai aussi découvert le rôle important de Reporters sans frontières et d’associations de journalisme, qui peuvent attribuer un soutien juridique et psychologique précieux.
Et il faut souligner le rôle des médias indépendants, car ces sujets sont aussi difficiles à publier ailleurs. Pendant longtemps, j’ai eu du mal à trouver des rédactions que cela intéressait, on me répondait que ce n’était « pas d’actu », puisque « les derniers morts, c’était il y a cinq ans ».
Comme dit Daniel Mermet que l’on cite dans le film, « le journaliste national ne sait rien, mais peut tout dire. Le localier sait tout, mais ne peut rien dire » ! Travailler pour des médias indépendants et venir habiter sur son terrain d’enquête peut permettre de résoudre cette équation. C’est pour cela qu’on a créé Splann !, pour enquêter au long cours sur ces questions qui restent sous-traitées.
Pourquoi avoir fait le choix du grand écran, et du registre de la « fiction », pour continuer à porter ce sujet ?
On a reçu plusieurs propositions d’adaptation après la publication de la bande dessinée. Le cinéma me paraissait un bon moyen de continuer à populariser ce travail d’enquête. Le monde agricole reste largement sous-représenté au cinéma. Il y a donc un enjeu à pouvoir bien le raconter, dans sa complexité. On m’a beaucoup proposé de l’adapter sous forme de documentaire, mais il me semblait que seule la fiction pouvait être en capacité de reconstituer cette histoire stupéfiante. Pierre Jolivet, le réalisateur, était quant à lui très attaché à la véracité de tous les faits relatés.
Peut-on parler de « cinéma de non-fiction » comme il existe une littérature de non-fiction ? J’apprécie beaucoup le travail d’Emmanuel Carrère, dans ce registre, avec par exemple D’autres vies que la mienne. Il parvient à raconter une histoire uniquement à partir de faits réels, en nous faisant entrer dans la vie et dans l’intimité des personnes rencontrées.
C’est une forme de journalisme qui permet de transmettre des émotions profondes. Le cinéma permet aussi de produire ce partage d’émotions, cela crée de l’empathie et de la compassion. Je le vois avec les retours sur les avant-premières : les gens sortent très émus, cela leur donne, à eux aussi, envie d’entrer dans un mouvement de résistance !
C’est ce qui pourrait expliquer le succès de ces avant-premières qui font salle comble, partout où le film est projeté ?
On est agréablement surpris, avec Pierre. Il y a sûrement une forme de curiosité, générée au fil des ans par le retentissement que mon travail a eu, notamment en Bretagne. Rien que le tournage du film a fait beaucoup parler, puisqu’il a lui aussi été mouvementé et compliqué par de nombreuses entraves – beaucoup de collectivités nous ont interdit l’accès aux plages pour filmer, on a dû supprimer un personnage faute de pouvoir tourner dans une porcherie après que les coopératives ont interdit aux éleveurs d’ouvrir leurs portes [1].
Il y a aussi un contexte particulier de libération de la parole grâce à l’augmentation de la production d’analyse sur la réalité de ce système agro-industriel. Je pense par exemple au livre que Nicolas Legendre vient de publier, Silence dans les champs (lire notre entretien avec Nicolas Legendre). Serait-ce comme le retour de boomerang après ces années de silence et de tabou ? Le public semble en tout cas avide de connaissances, le sujet des algues vertes devient central, là même où il a si longtemps été marginalisé.
Enfin, je pense que l’accentuation de la répression n’est pas anodine. Ces dernières semaines, ma consœur Morgane Large s’est à nouveau fait déboulonner les roues de sa voiture, l’agriculteur Paul François a été violemment agressé chez lui… On a atteint un point paroxystique, que la mobilisation des Soulèvements de la Terre rend particulièrement visible à sa façon. J’étais à Sainte-Soline, le 25 mars, lors de la grande manifestation. J’ai pu voir la violence de la répression qui s’est abattue sur ces files de gens de tous les âges, qui marchaient en pleine campagne.
Huit ans après le début de cette enquête, avez-vous l’impression d’avoir fait bouger les lignes ?
Je pense que ce travail a eu un impact, oui. Cela a permis à un certain nombre d’habitants de prendre conscience de l’environnement mafieux dans lequel ils évoluent, et sur lequel ils n’avaient pas forcément mis de mots. Cela a décidé Rosy Auffray, la veuve du joggeur décédé, à porter plainte en engageant la responsabilité de l’État – une première (procès perdu en première instance, actuellement en appel, ndlr). Aujourd’hui, la bande dessinée continue d’être partagée dans les lycées agricoles, et le sujet des algues vertes s’est imposé lors des dernières élections régionales, obligeant chaque candidat à se positionner.
Après, sur le terrain, le volume d’algues vertes n’a pas diminué. Il serait de toute façon illusoire d’espérer observer un quelconque reflux, dans un temps si court. Les baies sont saturées de nitrates, on en a encore pour des décennies. Et les modes de production agricole ont-ils changé ? Non. On voit que le Conseil régional continue de subventionner massivement le secteur agro-industriel, mais refuse de projeter le film dans son hémicycle !.
Je continue de croire que les choses bougent, petit à petit. Tout récemment, j’ai été agréablement surprise de voir les scientifiques engagés dans le plan de lutte contre les algues vertes signer une tribune dans Le Monde pour dresser publiquement le « constat d’échec » des politiques publiques en la matière. Il y a quelques années, une telle sortie médiatique aurait été impensable. Tout ce qui contribue à casser l’omerta est bon à prendre, cela donne de l’énergie pour continuer !
Algues Vertes, le film
Après le succès de sa bande dessinée, Algues vertes, l’histoire interdite (plus de 150 000 exemplaires vendus), c’est désormais au cinéma que la journaliste Inès Léraud fait connaître son travail, avec un film dont elle est coscénariste, aux côtés de Pierre Jolivet. Sortie en salles le 12 juillet prochain.
Inès Léraud
La journaliste Inès Léraud avec la rédaction de basta! lors du procès en diffamation intenté par le groupe agro-alimentaire breton Chéritel contre basta! et la journaliste en janvier 2021. Chéritel a finalement retiré sa plainte le jour de l’audience. DR
En 2011, le passage du tsunami a entraîné la fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3, ainsi que la surchauffe de la piscine de désactivation du réacteur 4. Wikimedia Commons/CC BY 3.0/Sodacan
Centrale de Fukushima : l’eau radioactive bientôt rejetée dans l’océan
Le rejet dans l’océan des eaux contaminées par la catastrophe nucléaire de Fukushima a été approuvé le 4 juillet par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Au Japon, les inquiétudes sont nombreuses.
C’est le feu vert que le gouvernement japonais et l’électricien Tokyo Electric Power Company (Tepco) attendaient avec impatience. Mardi 4 juillet, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a estimé dans un rapport que le projet du Japon de rejeter dans l’océan Pacifique les quelque 1,3 million de tonnes d’eau contaminée par l’accident nucléaire de Fukushima était « conforme aux normes de sûreté internationales » et aurait « un impact radiologique négligeable sur les personnes et l’environnement ».
Ce rapport est une étape supplémentaire de franchie dans la liquidation de la catastrophe nucléaire qui a frappé le Japon en 2011. Les installations de rejet, en face de la centrale accidentée, sont déjà prêtes. Tepco a achevé lundi 26 juin le forage d’un tunnel sous-marin d’1 kilomètre de long où transiteront les eaux contaminées, et fini d’installer le filtre à sa sortie. Les derniers tests de ces installations de déversement ont été réalisés le 27 juin, et ceux des installations de dilution et de transfert le 28 juin.
D’après le quotidien économique japonais Nihon keizai shinbun du 4 juillet, les rejets devraient démarrer au mois d’août. Aucune mesure restrictive concernant la pêche, la baignade ou toute autre activité n’est prévue pour accompagner ces déversements.
Un site d’entreposage bientôt saturé
Actuellement, quelque 1,34 million de mètres cubes d’eau contaminée sont entreposés sur le site, dans plus d’un millier de citernes d’acier. « Ils sont à 97 % de la capacité d’entreposage du site, qui est de 1,39 million », indique à Reporterre Jean-Christophe Gariel, directeur général adjoint chargé de la santé et de l’environnement à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui a visité le site en avril dernier. Or, les Japonais doivent continuer de refroidir à grande eau le combustible encore contenu dans les réacteurs accidentés. Chaque jour, environ 140 tonnes d’effluents radioactifs supplémentaires pompés dans les installations viennent accroître ce stock.
Pour faire face au risque de saturation, plusieurs solutions ont été envisagées. Construire de nouvelles cuves ? « Le site où sont installées les citernes est entouré par l’Interim Storage Facility, dédié à accueillir les terres contaminées issues de la décontamination des territoires autour de la centrale. Il n’y a plus de place », indique M. Gariel. Installer un autre site d’entreposage plus loin ? « Il aurait fallu transporter les liquides radioactifs par la route, ce qui n’est jamais bon. Et trouver une municipalité qui les accepte, ce qui n’est pas gagné. »
Quant à la décontamination totale de l’eau, elle s’est révélée impossible. 35 % de l’eau entreposée à Fukushima a déjà été traitée. Pour ce faire, les Japonais ont développé la technique de décontamination Alps (pour advanced liquid processing system), qui permet d’éliminer 62 des 64 éléments radioactifs présents dans les effluents. Mais elle échoue à supprimer le carbone 14 et le tritium. « Le tritium est l’élément radioactif de l’hydrogène, H. Il prend sa place dans les molécules d’eau, H2O, explique M. Gariel. Or, filtrer de l’eau, ça donne toujours de l’eau. »
Inquiétudes quant aux effets sur la santé
Entre 2013 et 2016, un comité s’est donc penché sur les différentes manières de se débarrasser définitivement de ces eaux contaminées si encombrantes. Cinq options ont été examinées : le rejet dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau tritiée ; l’injection de l’eau contaminée dans un puits très profond ; l’électrolyse avec rejet du tritium dans l’atmosphère ; l’utilisation de l’eau tritiée pour fabriquer du béton — lequel aurait été enterré comme un déchet radioactif — ; et le rejet en mer.
C’est cette dernière option que le Japon a choisie en 2021, pour des raisons de coût, de faisabilité et de maîtrise de l’opération. « Le problème du rejet dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau tritiée, c’est que le vent ne souffle jamais dans la même direction. Les courants marins sont beaucoup plus stables », commente M. Gariel.
Les rejets devraient s’étaler sur plusieurs décennies. Avant de rejoindre le large, les effluents seront dilués dans de l’eau de mer pour en faire baisser la concentration en radionucléides. Tepco a assuré que la radioactivité de l’eau rejetée ne dépasserait pas 1 500 becquerels par litre, bien moins que les normes de l’AIEA pour les rejets en mer — 60 000 becquerels par litre — et même que les normes de potabilité de l’eau établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) — 10 000 becquerels par litre.
Jean-Christophe Gariel se montre rassurant sur les conséquences de l’opération sur l’environnement et la population : « La mer est une énorme baignoire où tout se dilue très rapidement. À quelques kilomètres, le tritium ne sera plus mesurable. » Tous les réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde rejettent du tritium dans l’environnement, rappelle-t-il. En France, l’usine de retraitement de La Hague (Manche) a une autorisation de rejet pour des eaux chargées en tritium à hauteur de 4 000 becquerels par litre. « La différence avec Fukushima, c’est que les rejets sont le résultat d’un accident. Mais c’est le même tritium qu’ailleurs. »
« La société Tepco a simplement choisi l’option la moins chère »
Kolin Kobayashi, journaliste retraité japonais établi en France et militant antinucléaire, ne partage pas cet optimisme. Pour lui, le rejet en mer est une aberration. « Le coût des cinq options variait entre 3,4 et 387,6 milliards de yens. Tepco a simplement choisi la moins chère », dénonce-t-il.
Lui alerte sur le risque de transformation du tritium en une forme organique, dite OBT, bien plus néfaste pour les organismes vivants où il s’accumule et qu’il irradie de l’intérieur pendant plusieurs années. Et rapporte notamment des effets sur les organes reproducteurs des animaux exposés — sans qu’aucun effet n’ait été démontré chez les humains, faute d’étude épidémio-logique solide. Des excès de leucémies infantiles ont été constatés aux abords de La Hague, des centrales nucléaires et chez les enfants des travailleurs de l’usine nucléaire de Sellafield au Royaume-Uni, mais les articles n’incriminent pas le tritium plus qu’un autre radionucléide.
Ce projet suscite une certaine inquiétude dans la région, notamment en Chine, en Corée du Sud et dans les petites îles du Pacifique. Le 23 juin, un défilé maritime d’opposants s’est déroulé au large de Wando, au sud-ouest de la Corée du Sud. Des marins-pêcheurs y ont participé. Une autre manifestation de marins-pêcheurs a eu lieu devant l’Assemblée nationale à Séoul le 12 juin. Même s’il n’identifie pas d’impact sanitaire ou environnemental des rejets, Jean-Christophe Gariel reconnaît un problème d’acceptabilité sociale. « Les pêcheurs du territoire n’ont pas eu le droit de pêcher pendant des années. Leurs produits étaient soupçonnés d’être radioactifs. Ces rejets, en termes d’image, c’est la double peine. »
Contactées, l’AIEA et l’Autorité de sûreté nucléaire japonaise n’ont pas répondu aux questions de Reporterre.
Les agrocarburants pourraient émettre plus de CO2 que les fossiles
Des scientifiques de l’Institut de recherche de Potsdam (Allemagne) se sont penchés sur les conséquences de la production d’agrocarburants sur le changement climatique.
Ces derniers sont plus émetteurs de CO2 que la combustion de carburants d’origine fossile, selon leur étude publiée dans la revue Nature Climate Change, le 26 juin. « Le défrichement lié à la production d’agrocarburants modernes entraîne des facteurs d’émission de CO2 qui sont plus élevés que ceux liés à la combustion de diesel fossile », souligne Florian Humpenöder, coauteur de l’étude, dans un communiqué.
Solution : un contrôle strict de l’utilisation des terres, afin que la demande en agrocarburants ne pousse pas à défricher des forêts par exemple.
Les agrocarburants sont issus en majorité de cultures agricoles telles que le blé et le maïs, la betterave ou encore le soja, le tournesol et le colza. Ils nécessitent donc un accaparement important des sols, où les cultures intensives sont souvent couplées d’arrosage copieux en pesticides.
Pour remplacer l’ensemble des carburants fossiles par des agrocarburants, l’étude souligne que les terres agricoles disponibles actuellement ne suffiront pas. Il faudra inévitablement détruire des écosystèmes pour étendre les champs cultivés. Or, le changement d’utilisation des sols (une prairie transformée en culture par exemple) relâche massivement du CO2 dans l’atmosphère.
L’Ademe (Agence de la transition écologique) était d’ailleurs arrivée au même constant l’an dernier.
« Après la sidération, c’est l’écœurement ». Le collège de Corlay condamné à fermer d’ici deux ans
Les parents d’élèves du collège de Corlay se mobilisent contre sa fermeture annoncée à la rentrée 2024
Il ne devrait bientôt plus y avoir de collège à Corlay. C’est indirectement la décision prise ce lundi 3 juillet 2023 par les élus du Conseil départemental des Côtes-d’Armor en votant le plan d’investissement 2023-2028 pour les collèges. Les réactions sont vives dans l’agglomération de Corlay.
Ce mardi 4 juillet au matin, l’ambiance à Corlay est à l’image de la météo : triste et maussade.
Avec son vote du plan pluriannuel d’investissement, le Conseil départemental des Côtes-d’Armor condamne indirectement le petit collège de Corlay à fermer ses portes d’ici un ou deux ans.
Un nouveau collège à Saint-Nicolas-du-Pelem
L’enjeu de ce vote ? 75 millions d’euros investis à la modernisation de plusieurs établissements sur tout le territoire. Si le plan proposé n’entérine pas directement la fermeture du collège de Corlay, il prévoit la construction d’un nouvel établissement à Saint-Nicolas-du-Pelem, à huit kilomètres de Corlay. La rénovation du collège de Corlay qui accueille 73 élèves aurait, elle, coûté 5 millions d’euros.
Le 5 juin dernier, certains opposants étaient venus en tracteur de Corlay (dans les Côtes-d’Armor) à Saint-Brieuc pour défendre un « collège de proximité ».
« Après la sidération, c’est l’écœurement, soupire Olivier Allain, maire de la petite commune de 950 habitants. La plateforme de gauche avait quand même mis au cœur de ses engagements de ne prendre aucune décision, sans mesurer auparavant les impacts territoriaux. »
« Il n’y a eu aucune concertation, une décision brutale avec aucun argument financier ou pédagogique donc on ne comprend pas. »Olivier Allain maire de Corlay (22)
« Le collège n’est pas fermé donc on reste nombreux, forts et mobilisés », martèle Élodie Legal, présidente de l’association des parents d’élèves du collège de Corlay, rappelant également le succès de la pétition contre la fermeture du collège de Corlay signée par plus de 2 500 personnes.
« On va continuer à s’opposer au conseil départemental et on va continuer à dire haut et fort la façon indigne dont il se comporte avec nous. On espère obtenir un sursaut de lucidité ou d’honnêteté d’un certain nombre de conseillers départementaux pour enfin traiter notre territoire rural avec respect. » Élodie Legal, présidente de l’association des parents d’élèves du collège de Corlay
Lundi, à la sortie de l’hémicycle, plusieurs manifestants ont déchiré leur carte d’électeur.
04/07/2023 Manon Le Charpentier , Nathalie Rossignol et Jean-Marc Seigner
Violences urbaines. Une enquête ouverte sur des militaires ayant aidé les forces de l’ordre face aux émeutiers à Lorient
Une enquête de commandement a été ouverte par le ministère des Armées après la participation de militaires à un groupe d’anti-casseurs qui est intervenu au côté des forces de l’ordre lors des émeutes à Lorient, dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet.
Un collaborateur de France 3 Bretagne l’avait remarqué aux côtés des forces de l’ordre face aux émeutiers dans le centre-ville de Lorient. Un groupe cagoulé d’une trentaine d’anti-casseurs est venu leur prêter main forte. Parmi eux : des militaires, confirment nos confrères de Ouest-France.
4 000 militaires de La Marine nationale sont présents à Lorient. Contactée ce mercredi, la Forfusco (Force maritime des fusiliers et commandos) a expliqué qu’elle » n’avait pas d’éléments factuels concernant ou non la participation de certains de ses membres à cette action » et que « même si le maintien de l’ordre n’est pas dans le périmètre d’intervention des Armées ni de notre Force, des éléments de la Forfusco peuvent avoir participé à ce groupe à titre personnel sans que la hiérarchie n’en ait été informée au préalable. Aucune unité n’a été engagée de manière formelle comme informelle. »
Sous un nom d’emprunt, un militaire a expliqué à nos confrères les raisons pour lesquelles il avait participé spontanément à cette action.
De son côté, la commissaire centrale, Géraldine Papassian, Directrice départementale adjointe de la sécurité publique du Morbihan, confirme « qu’aucune personne arrêtée et/ou entravée n’a été livrée à des policiers. Les quatre interpellations ce soir-là ont été effectuées par nos agents. Et aucun n’a échangé avec ce « prétendu groupe » ».
Quel rôle a joué ce groupe ?
Les émeutes de cette nuit-là ont conduit à l’interpellation de quatre individus par la police. Quel a été le rôle des militaires dans ce cadre, ont-ils eux-mêmes livré des émeutiers à la police ou entravé des personnes ?
Selon l’article 73 du Code de procédure pénal, dans les cas de délit flagrant puni d’une peine d’emprisonnement, toute personne a qualité pour en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche. Pour autant, la Forfusco précise « qu’elle va vérifier les faits en interne ». Des sanctions disciplinaires ou pénales pourraient être encourues par tout militaire ayant commis un délit.
Plusieurs témoignages sur les méthodes utilisées interrogent selon le journal Médiapart.
Une enquête administrative de commandement a été ouverte par le ministère des Armées après la participation de ces militaires au sein du groupe d’anti-casseurs, nous a confirmé le ministère ce mercredi matin.
Crise de l’eau : « La population ne se rend pas compte à quel point la situation est tragique »
Dans un rapport inquiétant, l’Académie des technologies, et son vice-président Yves Levi, exhorte la France à investir dans le stockage et à faire l’inventaire de ses besoins.
La crise de l’eau s’accentue et s’accélère en France, alerte l’Académie des technologies dans un rapport.
La France va manquer d’eau douce et les élus, comme la population, n’ont pas encore mesuré l’ampleur du problème. Dans un rapport qui sort ce lundi 3 juillet, l’Académie des technologies tire la sonnette d’alarme et se penche sur les solutions que notre pays va devoir mettre en place. Certaines mesures, comme les retenues d’eau en montagne ou les compteurs chez les agriculteurs, ne vont pas plaire. Entretien avec Yves Levi, vice-président du pôle Environnement et impact du changement climatique.
L’Express : Pourquoi l’Académie des technologies publie-t-elle ce rapport quelques mois après le Plan Eau annoncé par l’exécutif ? Celui-ci est-il insuffisant ?
Yves Levi : On ne peut pas comparer les deux. Nous n’avons pas vocation à faire un plan national pour tout le monde. Nous nous sommes concentrés sur l’un des éléments de cette stratégie, à savoir les technologies utiles pour la production d’eau douce.
Dans le chemin tracé par le gouvernement, on voit qu’il faut aller davantage vers la réutilisation des eaux usées. Mais les autres possibilités techniques ne sont pas évoquées. Nous nous sommes donc penchés sur le dessalement de l’eau ou encore le stockage. Mais le point de départ de notre réflexion, c’est la situation inquiétante de la France.
Je ne jetterai pas la pierre à tous ceux qui découvrent le sujet du manque d’eau douce en France. Mais je pense que l’ensemble de la communauté nationale ne s’est pas rendu compte à quel point les choses s’accéléraient et devenaient véritablement tragiques.
La réduction des débits moyens et d’étiage va s’aggraver en période sèche, en induisant des impacts sur la qualité des eaux, et augmenter les conflits d’usage. L’évapotranspiration devient un phénomène important, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Il va falloir nous adapter. Le problème, c’est que nous avons pris du retard.
Quelles sont les solutions que la France va devoir mettre en œuvre ?
On a beaucoup parlé de la réutilisation des eaux usées. Cela peut effectivement être intéressant, tout comme la recharge des nappes phréatiques, une pratique déjà à l’œuvre dans certaines régions comme l’Ile-de-France.
Cependant, il va aussi falloir se poser la question du dessalement. Pour l’instant, celui-ci n’est pas économiquement intéressant. Mais cela pourrait évoluer à l’avenir. Compte tenu du réchauffement climatique, de plus en plus de gens vont se déplacer et chercher à habiter au bord de la mer, espérant y trouver un peu plus de fraîcheur. Certaines villes – c’est le cas notamment en Vendée – pourraient manquer d’eau douce dans les périodes d’été marquées par une surpopulation.
Pour ces agglomérations, le dessalement deviendra peut-être indispensable dans une quinzaine d’années. Nous avons également réfléchi au cas de la montagne. Imaginons que dans 40 ans, il n’y ait quasiment plus de neige. Si l’on veut soutenir les débits des rivières, il nous faudra sans doute multiplier les retenues collinaires. La population l’acceptera-t-elle ? Il faudra lui montrer qu’il s’agit d’une installation d’intérêt public, permettant d’augmenter le débit des rivières, de faire vivre les poissons et de distribuer de l’eau potable, et pas d’une initiative profitant uniquement à un petit groupe privé.
Les fameuses bassines feront-elles aussi partie des options ?
Oui, à condition de bien faire les choses et de ne pas se retrouver noyé par l’idéologie. Si dans une région touchée par le manque d’eau, l’ensemble des acteurs – industriels, agriculteurs, pouvoirs publics – se mettent d’accord pour stocker de l’eau de cette manière, si les prélèvements dans la nappe ont lieu en hiver quand celle-ci est bien pleine et que ce processus reste bien contrôlé par les géologues, et enfin, si la moitié de l’eau ne part pas en évaporation, alors il n’y a pas de problème. Mais vous voyez bien qu’il s’agit d’un sujet complexe, qui n’est ni tout blanc, ni tout noir. De la même manière, la situation en Lorraine n’est pas la même que dans le Sud-Ouest où le manque d’eau se ressent beaucoup plus fortement. L’adaptation sera donc locale, au cas par cas. Ce qui suppose un recensement précis des besoins.
Ce travail a-t-il été effectué ?
Si vous demandez au président d’une communauté de communes d’une grande ville, ou à un maire, quels sont les postes de consommation d’eau – lavage des camions, des rues, immeubles publics, piscines… – sur lesquels on peut commencer à baisser les prélèvements, j’ai bien peur qu’il vous dise qu’il n’en sait rien.
Donc, l’un des points clés du rapport, c’est de dire qu’il ne faut pas se jeter sur la technologie en se disant qu’on va « faire de l’eau ». Commençons d’abord par effectuer des prévisions d’évolution de la ressource. Cela a été fait, dans une certaine mesure, par les agences de l’eau et certaines grandes communautés de communes qui avaient senti le problème arriver. Nous ne partons donc pas de zéro. Mais jusqu’ici, ce travail avançait doucement. On ne sentait pas la grosse crise arriver. Désormais, l’année 2022 l’a montré, nous rentrons dans le dur.
Royaume-Uni : L’état du système de santé britannique « sérieusement inquiétant », selon un rapport
Les dirigeants britanniques devraient « sérieusement s’inquiéter » de l’état du système de santé du Royaume-Uni, avertit un rapport publié ce lundi, qui compare ce pays à 19 autres et alerte notamment sur la mortalité élevée pour des maladies curables.
Le NHS, le système public de santé britannique, qui fête début juillet ses 75 ans, traverse une profonde crise, affaibli par des politiques d’austérité et les conséquences de la pandémie. Il est confronté depuis des mois à des grèves historiques, des infirmiers, des ambulanciers, des médecins, qui réclament des augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail. Les Britanniques font face à de longues listes d’attente pour accéder aux soins.
Le Royaume-Uni « est moins performant que beaucoup de ses pairs sur plusieurs mesures, y compris l’espérance de vie et les décès qui auraient pu être évités grâce à des soins de santé efficaces, en temps voulu (…) et des services de prévention », explique le rapport publié par le think tank King’s Fund. Le pays figure à l’avant-dernière place en ce qui concerne la mortalité pour des maladies qualifiées de curables (comme les cancers du sein ou colorectaux). Seuls les Etats-Unis font pire alors que l’Australie, le Japon et la France sont les mieux classés.
Manque de personnels, de matériel et de lits
Le Royaume-Uni arrive également en bas du tableau pour les maladies qualifiées d’évitables, comme le cancer du poumon. Là aussi, les Etats-Unis sont classés derniers. Le Japon et l’Italie arrivent en tête. Pour les accidents vasculaires cérébraux (AVC), le Royaume-Uni enregistre le taux de mortalité le plus élevé à 30 jours après admission à l’hôpital. Les Pays-Bas et le Canada figurent eux en tête du classement. Par ailleurs, le Royaume-Uni a un « nombre étonnamment bas d’infirmières et de médecins par personne par rapport à ses pairs », selon le rapport.
Le pays est également à la traîne en termes d’équipement. Il est le dernier du classement pour le nombre de scanners et d’IRM, avec 16,1 pour un million d’habitants, contre 166,7 au Japon. Le Royaume-Uni dispose également d’un nombre relativement faible de lits d’hôpitaux par rapport à la moyenne des 19 pays, avec 2,5 lits pour 1.000 habitants, contre 3,2 en moyenne. Ce rapport est publié alors que le Premier ministre conservateur Rishi Sunak visite des établissements de santé dans le centre de l’Angleterre pour annoncer un nouveau dispositif afin de faciliter l’accès au dépistage du cancer du poumon.
En partenariat avec la Union Locale de la CGT d’Epinal, la Confédération Paysanne de Vosges, ATTAC 88, les Ami.e.s de la Confédération Paysanne des Vosges et Réseau Salariat des Vosges