Déraillement de Brétigny. Polémique autour « des trains poubelles » (OF)
Les circonstances du drame de Brétigny ne sont pas encore connues mais la polémique enfle déjà sur l’état du réseau ferré et du matériel roulant de la SNCF. Une association de voyageurs parle de trains poubelles.
Que s’est-il passé à 17h14 hier dans le train Teoz Intercités Paris-Limoges ? Ce samedi aucune hypothèse n’est écartée, si ce n’est la défaillance humaine. En revanche les infrastructures et le matériel roulant sont d’ores-et-déjà pointés du doigt.
Sud-Rail réclame une réunion tri-partite Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, qui fait la tournée de médias ce samedi matin a répété sur i-Télé, RTL ou France Inter que la piste d’une vétusté du matériel n’était pas privilégiée assurant que la locomotive comme le ma- tériel roulant avait bénéficié récemment « d’une vérification classique. » « Ce qui est avéré, c’est qu’il y a eu un choc au passage d’un aiguillage ». Les regards se tournent donc vers un problème d’infrastructure. Dès hier soir, Sud-Rail demandait « qu’une réunion tripartite État/SNCF et RFF/Organisations syndicales se tienne très rapidement ». Même si le syndicat se refuse à polémiquer « cela fait des années que nous attirons l’attention sur le fait que l’entretien des infrastructures et des voitures de voyageurs ne saurait être soumis aux lois du marché et que si la sécurité a un coût, elle n’a surtout pas de prix » ?
Un client du train Paris-Limoges, habitué de la ligne témoigne d’un « matériel vétuste » avec « sans arrêt des retards », assurant qu’hier vendredi « il ne s’agissait pas de la rame habituelle. »
Une ligne malade Willy Collin rappelle, lui, que le patron de la SNCF, Guillaume Pépy avait évoqué en juillet 2012, 12 lignes malades, dont celle Paris-Limoges. L’association des voyageurs-usagers du chemin de fer (Avuc) a dénoncé samedi matin « le temps des trains poubelles » et « la vétusté » du matériel ferroviaire français. « La SNCF est-elle encore en capacité de faire circuler autant de trains dans ces périodes de vacances, de très forte fréquentation ? », a demandé le responsable associatif qui a réclamé des « inspections » du matériel. Pour Willy Colin, la sécurité a été sacrifiée sur l’autel de la rentabilité.
La maintenance du réseau mise en cause Pierre Serne, vice-président de la région Ile-de-France chargé des transports, a mis en cause le manque d’investissements sur cette ligne très utilisée, qui dessert à la fois la grande banlieue de Paris et le centre de la France. « On est en train d’essayer de faire remonter ce réseau qui a beaucoup souffert ces dernières décennies et sur lesquels, on l’a dit et répété, la maintenance du réseau a mal été faite ces dernières décennies », a-t-il dit sur BFM-TV.
Besoin de comprendre Alors que trois enquêtes sont en cours et que de nombreuses familles sont en deuil, le temps de la polémique n’est pas encore venu. « En l’absence de toute indication sur les causes du drame, il faut pour le moment s’interdire de spéculer, rappelle d’ailleurs François Sergent dans Libération ce samedi matin. Mais, une fois l’émotion passée, la SNCF aura l’impérieuse obligation d’expliquer et de s’expliquer sur les causes de cette catastrophe »
Sonnette d’alarme de la Cour des comptes Slate.fr rappelle d’ailleurs que la « Cour des Comptes a tiré en 2012 la sonnette d’alarme sur les conditions d’entretien du réseau ferroviaire national. La Cour a notamment souligné les problèmes de gouvernance entre Réseau ferré de France (RFF), le gestionnaire du réseau, et l’exploitant SNCF, qualifiant leur articulation de ‘laborieuse’ avec les conséquences que l’on imagine sur les programmes d’entretien à établir collectivement ».Catastrophe samedi 13 juillet 2013