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16 février 2025 ~ 0 Commentaire

Info tour

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Info-tour anti-nucléaire au printemps en Bretagne-Normandie

Texte d’intention en vue d’organiser un infotour antinucléaire en Bretagne, Normandie et au-delà, au cours du printemps prochain.

Salut tout le monde Nous sommes quelques-un.es à souhaiter créer des opportunités de rencontres et de discussions antinucléaires en Bretagne et en Normandie, au cours du printemps (avril, mai, juin). Cette envie d’info-tour rejoint également des perspectives de luttes comme les rencontres contre les déchets nucléaire à la Hague du 18 au 20 juillet 2025 (plus d’infos sur piscinenucleairestop.fr).

Bref :
* Face à la relance du nucléaire, à la prolongation de durée de vie des réacteurs existants, aux travaux de terrassement déjà entamé à Penly et à la connexion au réseau de l’EPR de Flamanville,
* Face au projet de poubelle nucléaire CIGÉO, dont la mise en oeuvre avance du côté de Bure (Meuse) avec de nouvelles procédures (expropriations, Déclaration d’utilité publique obtenue, Déclaration administrative de création en cours, projet de voie ferrée, etc) (plus d’infos sur bureburebure.info)
* Face à une répression spécifique (ex-Malfaiteureuses de Bure, Association malfaiteurs de POMA contre un sous-traitant du nucléaire, fichiers spécifiques aux militant.es antinuke…)
* Face aux crédits faramineux alloués à la recherche sur les mini-réacteurs (SMR).
* Face aux opérations de séduction auprès de la jeunesse pour se former dans les métiers du nucléaire
* Face aux projets de trois piscines supplémentaires de déchets nucléaires à la Hague portés par Orano.

Nous souhaitons organiser un info-tour qui peut prendre différentes formes suivant les lieux et les envies mais dont les intentions sont de :
- Relancer des foyers de lutte anti-nucléaire (ou remobiliser les existants).
- Mobiliser en vues des rencontres estivales à la Hague et renforcer la lutte contre ses piscines nucléaires
- Trouver de nouvelles pistes pour soutenir la lutte à Bure et s’attaquer aux entreprises profiteuses de ce projet.
- etc !!

On aimerait que notre info-tour permette aussi de déconstruire les idées-reçues selon lesquelles « le nucléaire sauverait le climat » ou que « le nucléaire serait nécessaire face à la menace russe », assénée dans les têtes depuis quelques années par les nucléocrates, pour nous faire oublier les dangers du nucléaire (comme la catastrophe de Fukushima) et mieux nous faire accepter le programme de relance.

Nous souhaiterions pouvoir apporter un espace d’échanges, de discussions et de réflexions sur le contexte de relance du nucléaire en cours.

Ces discussions ont l’envie d’être publiques et accessibles y compris en dehors des milieux militants, elle peuvent prendre la forme de projection, de discussion ouverte, etc.

Nous lançons cet appel afin de faciliter l’organisation de cet info-tour, car nous savons d’expérience qu’il est parfois difficile et fastidieux de contacter individuellement tous les groupes et lieux susceptibles de nous accueillir et d’organiser l’enchaînement des dates, la communication et la mobilisation ; et comme nous savons d’ores et déjà que nous ferons cet info-tour au printemps, nous préférons le préparer plus sereinement dès maintenant.
N’hésitez pas à répondre à notre appel, et nous contacter si vous êtes intéressé.es de nous aider à co-organiser une ou plusieurs dates, ou si vous avez des contacts en tête avec qui ce serait possible.

Salutations anti-nucléaires,

Notre contact : infotour-antinuk-2025(a)riseup(.)net

https://basse-chaine.info/

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01 février 2025 ~ 0 Commentaire

Carhaisiens en route pour Guingamp

Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train pour participer à la manifestation pour la défense de l’hôpital organisée à Guingamp.
Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train pour participer à la manifestation pour la défense de l’hôpital organisée à Guingamp. | OUEST-FRANCE

Défense de l’hôpital : la catapulte et une cinquantaine de Carhaisiens en route pour Guingamp

Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train ce samedi 1er février 2025 pour rallier la manifestation organisée à Guingamp (Côtes-d’Armor) afin de défendre l’hôpital public et l’accès aux soins en Bretagne.

Une manifestation pour la défense de l’hôpital public et l’accès aux soins est organisée à Guingamp (Côtes-d’Armor) ce samedi 1er février 2025 par le collectif Initiative Armor santé Yec’hed Mat et le comité de soutien de l’hôpital de Guingamp. Elle commencera à 14 h sur le parvis de la gare.

Plusieurs appels à mobilisation

Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train en fin de matinée pour rallier la ville costarmoricaine, dont le maire Christian Troadec, le porte-parole du comité de vigilance Matthieu Guillemot et la coprésidente du comité de défense de l’hôpital de Carhaix, Annie Le Guen. D’autres habitants de Carhaix ont prévu de s’y rendre en voiture. En parallèle, la catapulte, symbole de la lutte pour la défense de l’hôpital de Carhaix, fait aussi le déplacement.

Ces derniers jours, plusieurs collectifs, syndicats et partis politiques du Poher ont appelé à participer à la manifestation organisée à Guingamp.

Anthony RIO.01/02/2025

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24 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

LE SAPIN

Santa Claus standing on sea beach with arms raised.

Syndicat de la Magistrature : Ça sent le sapin

Ça sent le sapin

La nomination de Gérald Darmanin comme garde des Sceaux, conjuguée à la reconduction de Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur, est le signe d’un alignement à venir des feuilles de route de ces deux ministères régaliens, sur le fond comme sur la forme. Elle fait craindre un nouveau recul du respect de l’État de droit comme de l’indépendance de la Justice – recul auquel Gérald Darmanin a déjà largement contribué.

En tant que ministre de l’Intérieur, il a régulièrement mis en concurrence le respect des procédures et l’intérêt de l’État, laissant entendre que le droit était plus une entrave à l’action de l’exécutif, qu’un prérequis au service de la protection et de l’égalité de traitement des citoyens. Artisan de réformes catastrophiques pour la justice et son efficacité, il a par ailleurs mené des politiques de maintien de l’ordre qui ont durablement porté atteinte aux libertés publiques. Mais il a aussi démontré à maintes reprises qu’il n’avait cure de l’indépendance de la justice.

L’autorité judiciaire est chargée, par la voix de ses procureurs et de ses juges, de faire respecter le droit et réprimer les atteintes à la loi, tout en protégeant les libertés individuelles contre les abus et en contrôlant l’action des forces de l’ordre.

Indépendante, séparée des pouvoirs exécutif et législatif, elle constitue un contre-pouvoir aux deux autres, sans lequel il n’y a pas d’équilibre démocratique.
Or, Gérald Darmanin n’a pas hésité à critiquer les décisions de justice qui lui déplaisaient ou à mettre en doute l’appréciation des juges, leur compétence, voire leur légitimité dans des affaires individuelles. Alors qu’il a également pu invoquer la politisation des magistrats pour discréditer leur travail, il devra dorénavant nommer et sanctionner les procureurs ainsi que leur demander de mettre en œuvre la politique pénale du pays.

Après l’avoir si souvent entendu prendre le parti de la police contre la justice, comment croire à sa volonté affichée de défendre l’institution judiciaire et de protéger sa mission constitutionnelle ? Les magistrates et les magistrats ne peuvent qu’être extrêmement inquiets de le voir, encore tout imprégné de la place Beauvau, arriver place Vendôme.
https://www.syndicat-magistrature.fr/

 

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04 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Photovolaique (Reporterre)

«<small class="fine d-inline"> </small>Demandons un arrêt immédiat des centrales photovoltaïques en milieux naturels<small class="fine d-inline"> </small>»

« Demandons un arrêt immédiat des centrales photovoltaïques en milieux naturels »

150 000 hectares d’espaces naturels devraient être détruits d’ici à 2050 par l’industrie photovoltaïque, dénoncent dans cette tribune plus de 60 scientifiques, politiques et personnalités. Pourtant, les alternatives existent.

L’Association nationale pour la biodiversité (ANB) et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) sont deux associations défendant les milieux naturels sur le terrain, et qui reçoivent la quasi-totalité des alertes du public sur les projets photovoltaïques. Pierrot Pantel est ingénieur écologue, chargé de mission juridique de l’ANB. La liste complète des signataires de la tribune est ici.

L’ensemble de la communauté scientifique ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : l’effondrement de la biodiversité nous entraîne vers l’abîme, tout autant que le réchauffement climatique. Pourtant, la tendance reste irrémédiablement la même : pied au plancher vers le scénario du pire ! La COP16 biodiversité n’a pas fait exception.

En France, les mesures prises sont-elles plus adaptées qu’ailleurs ? Manifestement non, comme l’illustre le développement de centrales industrielles photovoltaïques dans des milieux naturels. La volonté gouvernementale de démultiplier la production d’énergie solaire photovoltaïque d’ici à 2050 et le choix du moindre coût (il est plus rentable de raser une forêt que d’aménager des zones déjà artificialisées, comme le toit des zones industrielles) provoquent l’essor de ces centrales construites sur des terrains naturels par de grandes entreprises, voire multinationales, telles qu’EDF Renouvelables, Engie Green, Boralex, Voltalia, etc.

Citons par exemple le projet d’EDF à Prévenchères (Lozère), pour une emprise totale au sol de 270 hectares (environ 385 terrains de foot), ou celui de Boralex et EDF à Vins-sur-Caramy (Var), sur 209 hectares.

Selon nos calculs [1], l’industrie du photovoltaïque projette, d’ici à vingt-cinq ans, de détruire plus de 150 000 hectares d’espaces naturels, avec les paysages qu’ils constituent, incluant des espaces aux intérêts écologiques avérés (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique — Znieff —, parc naturel, réserve de biosphère…), voire protégés (Natura 2000). Cela correspond environ à la surface cumulée des départements du Val-d’Oise et du Val-de-Marne.

Pourtant, comme l’explique le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) dans un document argumenté et factuel publié fin août, il n’est pas nécessaire de raser des forêts, d’artificialiser des prairies ou de détruire des zones humides pour implanter des centrales photovoltaïques.

Le potentiel des zones anthropisées (toitures industrielles et commerciales, ombrières) est largement suffisant pour satisfaire les besoins : « Or, plusieurs études suggèrent que l’objectif de 100 GW peut être atteint en mobilisant uniquement des espaces artificiels… Le respect de la loi Aper en matière d’équipement des parcs de stationnement devrait permettre d’installer au moins 20 GW supplémentaires. Alors que les toits comptent actuellement pour la moitié des 20 GW déjà installés en France, moins de 1 maison individuelle sur 20 est actuellement équipée. »

Pour une politique de « sobriété structurelle »

Le CNPN insiste également sur l’importance d’une « sobriété structurelle », qui vise à réduire la demande globale d’énergie et, in fine, à éviter l’utilisation d’espaces naturels. Or, dans les faits, cette dimension de la sobriété est absente de la politique du gouvernement : pas de diminution du nombre ni du poids des véhicules individuels, de développement des transports en commun, d’interdiction de la publicité pour les produits polluants, ni de conversion de l’agriculture à l’agroécologie…

Comme l’ont pourtant souligné conjointement le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), il est vital de limiter le réchauffement climatique ET de protéger la biodiversité. Cependant, face au casse du siècle — nous estimons l’enjeu financier global du photovoltaïque en France à environ 500 milliards d’euros sur les trente prochaines années —, les appétits des marchands de soleil sont féroces, et les communes qui louent leurs parcelles, pour beaucoup financièrement exsangues, des proies faciles.

Cela d’autant plus que, partout en France, ces projets industriels bénéficient d’une stupéfiante complaisance des services de l’État. Citons par exemple la condamnation du préfet des Alpes-de-Haute-Provence, en mai dernier, par la cour d’appel administrative de Marseille pour une autorisation accordée fin 2020 à l’entreprise Boralex jugée illégale. Décision hélas bien tardive, puisque la centrale de Cruis est en exploitation et que la multinationale peut, en pleine réserve de biosphère, exploiter une centrale réalisée. L’administration est par ailleurs régulièrement rappelée à l’ordre par la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour ses refus illégaux et répétés de transmettre aux associations les informations pourtant communicables qu’elles sollicitent.

Détruire ces habitats sauvages est suicidaire

Pour autant, il ne s’agit pas ici de s’opposer à la décarbonation, mais d’avoir une approche systémique pour que l’action pour le climat se fasse avec la préservation de la biodiversité et non contre elle.

Car le sujet est grave : les experts internationaux craignent un point de bascule imminent au niveau mondial pour les puits de carbone : « Les forêts et les sols ont seulement absorbé entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO2 en 2023, loin derrière les 9,5 milliards de 2022, notamment en raison de la sécheresse en Amazonie et du fait des incendies au Canada et en Sibérie », est-il précisé dans l’article du Monde de juillet dernier.

Déjà, en juin 2023, l’Académie des sciences nous alertait sur le fait que les forêts françaises ont perdu en dix ans 50 % de leur capacité à capter le dioxyde de carbone, et l’Inventaire forestier national 2024 s’alarme d’un doublement de la mortalité des arbres en dix ans sur le sol français. Le manque d’égard envers les milieux naturels, et les espèces qui y vivent, accélère donc le péril. Étude après étude, la cause principale de cet effondrement est toujours parfaitement identifiée : la destruction méthodique et à échelle industrielle des habitats de la vie sauvage.

En dépit de cette accélération funeste cyniquement ignorée des industriels de ce secteur, il est aussi urgent que vital de refuser que leur soit livré ce patrimoine commun. En effet, prétendre répondre au défi climatique en accélérant l’extinction massive d’une biodiversité déjà à genoux est la promesse d’un suicide collectif, car la biodiversité, c’est à la fois l’alimentation (que ferions-nous sans insectes pollinisateurs ?), des sols vivants (qui retiennent l’eau), des puits de carbone essentiels dans la lutte contre l’intensification du changement climatique, etc.

Nous, signataires de cette tribune, soucieux de la préservation stricte et impérieuse de la biodiversité, mais également conscients des enjeux liés à la décarbonation, demandons un arrêt immédiat du déploiement des centrales industrielles photovoltaïques en milieux naturels.

Désireux de porter ce débat au Parlement, l’Association nationale pour la biodiversité (ANB) et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) ont déposé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale. Nous invitons toutes et tous à la signer car nous visons, comme pour l’A69, la création d’une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur une orientation politique alarmante, à contre-courant du consensus scientifique.

4 décembre 2024

https://reporterre.net/

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02 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Mercosur (Terre de Liens)

vacharan

La ferme aux 3000 vaches en Haute-Vienne, un avant-goût de la France de l’après Mercosur ?

Alleluia, l’opposition au Mercosur fait l’union nationale en France. Les politiques comme les distributeurs sont vent debout contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du sud. Quand l’un organise un débat à l’Assemblée nationale, l’autre rassure le consommateur et les agriculteurs·trices : « Pas de viande Mercosur dans nos rayons ». Derrière cette opposition de façade, personne ne rappelle pourtant que les accords de libre-échange fragilisent déjà les filières françaises et que les projets de fermes-usines se développent pour y répondre, comme en Limousin.

Au-delà de l’opposition au Mercosur, qui seule ne règlera rien, Terre de Liens appelle le gouvernement à se saisir de la Loi d’orientation agricole débattue dès décembre au Sénat, pour défendre un modèle agricole soutenable pour la profession. En lieu et place de la coquille vide laissée en plan en juin dernier.

Accord UE/Mercosur : un traité qui cache la forêt

pAlors que l’union nationale semble de mise sur le Mercosur, Terre de Liens s’interroge : ourquoi les accords signés avec le Chili, le Kenya, la Nouvelle-Zélande n’ont pas ému le syndicat agricole majoritaire comme nos responsables politiques ?
Signé en janvier dernier et entré en vigueur en mai, le traité de libre échange avec la Nouvelle-Zélande peut aujourd’hui être directement relié à la rupture des contrats laitiers par le groupe Lactalis qui a abandonné ainsi 300 éleveurs en rase campagne sans solution.

Les traités de libre échange d’où qu’ils viennent sacrifient les agriculteurs·trices sur l’autel de la concurrence internationale et poussent au rabotage des normes sociales et environnementales, en France et ailleurs. Terre de Liens appelle aujourd’hui nos responsables politiques à la cohérence. Cette politique du deux poids deux mesures, conduit aujourd’hui à des projets qui n’auront bientôt plus rien à envier aux fermes brésiliennes qui pour certaines atteignent 100 000 hectares… Des surfaces inédites pour une ferme dans l’hexagone.

Des fermes XXL pour répondre à la concurrence mondiale ? En Limousin, la dystopie de la ferme-usine est en marche

À Saint-Martial-Le-Vieux (23), on n’a pas attendu le Mercosur pour engager la filière bovine dans la spirale de la concurrence mondiale. Dans cette région, les centres d’engraissement destinés à nourrir le marché sud-européen en jeunes bovins se multiplient. Un modèle industriel qui précarise les éleveurs et qui pourrait aujourd’hui passer un nouveau cap vers une agriculture sans agriculteurs : vous vous êtes émus de la ferme aux 1000 vaches, voici venir la ferme aux 3000 vaches !

Filiale du groupe Carnivor, la société T’Rhéa, souhaite installer un centre d’engraissement de 3100 bovins à Peyrilhac (87). Ce projet agro-industriel importerait de la matière première pour nourrir les bêtes enfermées en bâtiment, et exporterait les jeunes bovins dans les pays sud européens.

Outre les enjeux liés à la taille gigantesque de ce projet hors-sol qui s’installerait sur plus de 600 hectares, dans une région plutôt habituée aux prairies et au pâturage, et à la pression foncière qu’il engendre, le projet proposé est une hérésie environnementale, rejeté par les habitants locaux. Bien évidemment une petite musique s’agite pour légitimer la création d’une « filière locale ». Mais les Haut-Viennois ne pourront jamais ingurgiter autant de barback.

En fait, l’aliment des bovins serait importé, et la viande exportée dans les pays du sud de l’Europe. T’Rhéa promet seulement 8 emplois au total à la fin du projet, soit un actif pour 80 hectares. Si comparaison n’est pas raison, en Limousin, Terre de Liens a acquis 8 fermes qui ont permis l’installation de 20 fermiers et fermières en agriculture bio, pour une surface de 430 hectares préservés.

La Haute-Vienne a perdu 1 000 équivalents temps plein, tandis que les fermes s’agrandissent encore et encore (la surface a été multipliée par deux en 20 ans), sans améliorer le revenu pour nos agriculteurs.

Vincent LarochePorte-parole de l’association Terre de Liens Limousin

La loi d’orientation agricole : une opportunité historique de répondre à la crise

Dans ce contexte, Terre de Liens appelle le gouvernement et les députés à être à la hauteur de l’histoire et des engagements pris face au refus du Mercosur. En décembre prochain la Loi d’Orientation Agricole (LOA) se représentera au Sénat. Elle est l’occasion de réaffirmer l’attachement à une alimentation locale et saine et d’engager l’agriculture française vers une préservation de ses fermes et de ses agriculteurs·trices, en pensant de façon systémique les bouleversements à venir tant sur le plan démographique que climatique.

Le texte qui sera examiné par les sénateurs début décembre ne répond en rien aux enjeux de la crise. Aujourd’hui, c’est une coquille vide qui a sacrifié l’ambition de renouvellement des générations et la transition vers une agriculture résiliente face aux aléas climatiques. Tout reste à faire pour répondre à la crise qui mobilise le monde agricole depuis près d’un an.

Astrid BouchedorResponsable de plaidoyer de Terre de Liens  27 novembre 2024

https://terredeliens.org/

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30 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Risque nucléaire (reporterre)

Risque nucléaire (reporterre) dans A gauche du PS dodonucleaire

Un dortoir dans un abri anti-atomique en Suisse. Le pays en compte plusieurs centaines de milliers, dont 9 000 publics. Kecko from Switzerland (Rheintal SG) / CC BY 2.0 / Wikimedia Commons

Face au risque de guerre nucléaire, les États se réintéressent aux abris anti-atomiques

Face au durcissement de la guerre en Ukraine, plusieurs pays recensent ou construisent leurs abris antinucléaires. Mais pas la France, qui compte sur la puissance de sa dissuasion.

D’austères alignements de couchettes métalliques, dans un parallélépipède aveugle composé de plaques d’acier d’un vert glauque aux rivets apparents. La Russie a commencé à produire en série des abris anti-atomiques mobiles, a rapporté l’agence Reuters mardi 19 novembre.

D’après l’institut de recherche du ministère des situations d’urgence, ce refuge baptisé « KUB-M », composé d’une salle et d’un bloc technique, peut protéger ses 54 occupants des ondes de choc, des radiations, des incendies et de multiples autres menaces pour une durée pouvant aller jusqu’à 48 heures. Il peut être facilement transporté sur un camion et connecté à des réserves d’eau, et peut également être déployé dans le vaste permafrost du nord de la Russie, a précisé l’institut.

Missiles à longue portée

Cette décision intervient dans un contexte de tensions internationales croissantes. Dimanche 17 novembre, l’administration du président Joe Biden a autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles étasuniens à longue portée ATACMS pour frapper la Russie — un revirement important de la politique de Washington dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. En réponse, Vladimir Poutine a signé mardi 19 novembre un décret élargissant les possibilités de recours aux armes atomiques.

Les autres alliés de l’Ukraine lui ont aussi fourni des armes, mais avec des restrictions sur la manière et le moment où elles peuvent être utilisées à l’intérieur de la Russie, de crainte que leur utilisation n’entraîne des représailles qui attireraient les pays de l’Otan dans la guerre ou provoqueraient un conflit nucléaire.

Lire aussi : « Oui, la guerre nucléaire reste possible »

Malgré cela, les annonces concernant le développement ou la remise en état d’abri anti-atomiques se multiplient sur le continent européen. L’Ukraine s’est lancée cette année dans la construction d’écoles dotées de refuges anti-nucléaires.

La Suède a commencé lundi 18 novembre à envoyer à ses habitants quelque 5 millions de livrets d’information sur la conduite à tenir en cas d’attaque. Elle œuvre à la mise à jour des équipements de ses abris depuis 2021 et a débloqué en avril dernier une enveloppe de 385 millions de couronnes (33 millions d’euros) pour mener à bien ce projet.

L’Allemagne a annoncé lundi 25 novembre avoir commencé le recensement des bâtiments publics et privés où sa population pourrait se réfugier en cas d’attaque : parkings, gares souterraines, etc. Elle en compterait 579, datant pour la plupart de la Guerre froide, qui pourraient abriter 480 000 personnes (sur 84,48 millions d’habitants en 2023). Ses habitants sont encouragés à convertir leurs sous-sols en refuges et le développement d’une application géolocalisant ces abris est prévu.

370 000 abris en Suisse, un millier en France

Mais l’État le plus en avance dans ce processus reste la Suisse, qui disposait fin 2022 de près de 370 000 abris anti-bombardements, dont 9 000 bunkers publics, pour la plupart bâtis pendant la Guerre froide et entretenus conformément à une obligation réglementaire de 2002. L’ensemble de ses 8,6 millions d’habitants y auraient une place.

Reste la France, qui ne partage pas cette fébrilité bétonnière. En 2023, le sénateur de l’Oise Olivier Paccaud avait interpellé le ministre des Armées Sébastien Lecornu sur « les faibles capacités d’abris souterrains destinés à protéger la population en cas de conflit armé nucléaire ». Selon lui, la France ne comptait qu’à peine « un millier » d’abris : 600 militaires et 400 civils privés.

« Rapportés à la population, ces chiffres confèrent à notre pays un taux de protection contre le risque nucléaire d’une insigne faiblesse puisqu’il est à peine supérieur à 0 % », avait-il tancé. La Première ministre Élisabeth Borne avait répondu que « depuis 1964, la dissuasion nucléaire protège en permanence la France de toute menace d’agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux, quelle qu’en soit la forme ».

« Si l’ennemi choisit de prendre le risque, vous allez mourir »

« La dissuasion, c’est l’idée que toute atteinte aux intérêts vitaux de la France pourrait entraîner une riposte qui causerait à l’ennemi des pertes inacceptables », explique à Reporterre un haut fonctionnaire au fait du dossier. Les piliers de cette doctrine sont les modernisations successives de l’arsenal nucléaire ; la présence permanente d’un sous-marin lanceur d’engins pouvant toucher des cibles même très lointaines ; et une doctrine « ambiguë », non écrite, intimidante en ce qu’elle laisse planer le doute sur le niveau d’agression qui déclencherait l’utilisation de l’arme atomique.

Dans cette stratégie, la construction d’abris anti-atomiques serait au mieux inutile, au pire contre-productive : « Cela pourrait porter atteinte à la crédibilité de la dissuasion, en laissant entendre que nous-même ne croirions pas à notre propre doctrine », explique le haut fonctionnaire. La protection que confère cette doctrine de la dissuasion nucléaire reste néanmoins très discutable, insiste Benoît Pelopidas, fondateur du programme Nuclear Knowledges à Sciences Po Paris : « La dissuasion n’est pas une protection. C’est le pari que la menace nucléaire va convaincre l’ennemi de ne pas frapper. Si l’ennemi choisit de prendre le risque, vous allez mourir ou subir des conséquences très graves. »

Malgré cette doctrine, les entreprises françaises spécialisées dans la construction d’abris anti-atomiques pour les particuliers témoignent d’un intérêt croissant pour leurs produits. Le gérant d’Amesis Building International Protect Enzo Petrone se souvient de la déclaration d’Emmanuel Macron sur un éventuel envoi de troupes au sol, en février 2024. « Pendant un mois, on a eu deux cents coups de fil par jour », raconte-il au Figaro.

La société française Bünkl conçoit, fabrique et commercialise des refuges souterrains dotés de filtres NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) et d’une autonomie « qui dépasse largement notre capacité psychologique à supporter un confinement », explique son patron Karim Boukarabila. Le tout, pour le prix « d’une grosse berline allemande » — le prix de la prochaine solution technique proposée par l’entreprise « devrait être inférieur à 70 000 euros ».

L’entreprise n’a pas souhaité communiquer son nombre de ventes, mais observe que la demande augmente depuis le début du conflit en Ukraine. « On a tous les profils : femmes seules, personnes âgées, jeunes couples… Les gens se renseignent », raconte Karim Boukarabila. De fait, d’après un sondage conduit par l’équipe de Benoît Pelopidas en partenariat avec l’IFOP, 17,5 % des personnes interrogées en 2019 considéraient qu’une guerre nucléaire faisait partie des trois problèmes les plus susceptibles d’affecter leur vie dans les dix années à venir ; en octobre 2024, elles étaient 26,4 %.

« On n’aurait que dix à trente minutes pour faire descendre les gens dans les abris »

Ces angoisses ne sont pas nouvelles et enflent et refluent au gré de l’actualité internationale. En 1980, dans un contexte de guerre froide, la vente d’abris anti-atomiques était déjà « en pleine expansion », selon un journal d’Antenne 2.

De tels abris n’offriraient pourtant qu’une protection précaire et limitée à la population. Première difficulté, atteindre le refuge à temps. « Compte tenu de la vitesse d’un missile balistique et des délais d’alerte, on n’aurait que dix à trente minutes pour faire descendre les gens dans les abris », indique le haut fonctionnaire.

Même s’ils étaient rejoints à temps, de tels abris ne seraient pas la panacée. « S’il y a guerre nucléaire majeure, il est fort probable que les gens meurent de faim ou de suffocation dans l’abri, même si ces équipements peuvent être utiles en cas d’attaque conventionnelle ou éventuellement de frappe nucléaire unique et limitée. Il est faux de dire qu’il existe une technologie qui fait que la guerre atomique n’est plus un problème parce qu’on peut vivre en sous-sol », avertit Benoît Pelopidas.

À la sortie, se poserait la question de la survie à long terme dans un territoire dévasté et irradié. Une guerre nucléaire pourrait en effet entraîner une famine mondiale et la mort de plus de 5 milliards de personnes, selon une étude publiée dans Nature Food en août 2022.

https://reporterre.net/

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21 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

SNCF (Basta)

cheminots

Grève des cheminots : ce qui se joue avec la liquidation de Fret SNCF

Les cheminots se mobilisent ce 21 novembre et annoncent une grève reconductible pour le 11 décembre. C’est leur dernière chance d’arrêter ce qu’ils estiment être la liquidation du Fret SNCF, un mode de transport de marchandises plus écologique.

Cet article est publié dans le cadre de notre partenariat avec Rapports de force.

Les arbres ont poussé au milieu des carcasses de locomotives, dans la gare de triage de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime). C’est dans cette commune que Stéphane Lachèvre, cheminot, a grandi. Tout comme ses parents avant lui. « Quand j’étais à l’école primaire, il y avait des cheminots qui venaient dans nos classes pour vanter la SNCF et expliquer le métier », se souvient-il. La SNCF était le principal employeur des 30 000 habitants de cette banlieue de Rouen : « On allait visiter avec l’école les ateliers de réparation. L’identité de la ville était marquée par ce chemin de fer et son triage. » En 1996, le jeune homme qui rêvait d’être conducteur de train est embauché à la SNCF dans le fret – le transport ferroviaire de marchandises.

Mais la gare de triage a fermé en 2010. « Un choc », se rappelle le cheminot. Depuis, la gare de triage de Sotteville est devenue « un cimetière de locomotives ». Pour les trains en bout de course, ou pour ceux en bon état que la SNCF ne fait plus circuler faute d’un trafic suffisant. « À force, on s’habitue », soupire le conducteur de fret. « Mais venir tous les jours au boulot en se disant que ce lieu est devenu un dépotoir… C’est désolant. »

Bien d’autres gares de triage en France incarnent cette dégradation du fret ferroviaire, un moyen de transport de marchandises pourtant bien moins polluant que la route. Après des années d’ouverture progressive à la concurrence de ce qui était jusqu’alors un monopole public, l’État s’apprête à porter le coup fatal. Fret SNCF, qui représente 50 % de l’activité et 4500 cheminots, va être liquidé au 31 décembre.

Transférés au privé, sans garantie sur leurs droits sociaux

Après 28 ans de bons et loyaux services, Stéphane Lachèvre ne sera plus conducteur de Fret SNCF. À partir du 1er janvier 2025 en effet, lui et ses 4500 collègues seront transférés automatiquement vers deux nouvelles filiales. Hexafret, dédiée aux activités du fret, reprendra 4000 personnes. Technis en reprendra 500 pour l’entretien des locomotives. Le capital de la société Rail Logistics Europe, la branche du groupe SNCF qui englobe ces filiales Hexafret et Technis, a un capital ouvert aux actionnaires publics… comme privés. « On avait donc une branche construite avec de l’argent public, que l’on va désormais mettre au service du privé. Avec un schéma de rentabilisation à outrance », expose Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud Rail.

Une plongée dans l’inconnu. Pendant quinze mois, les conditions de travail des cheminots du fret doivent être maintenues. Mais ensuite : aucune garantie. Après les 15 mois, il y aura de nouveaux accords d’entreprise, en repartant d’une feuille blanche, basée sur la convention collective nationale. « C’est une stratégie de dumping social, tout simplement », résume Sébastien Mourgues, contrôleur de train, secrétaire général de la CGT cheminots du Languedoc-Roussillon. « Quinze mois, ça passe très vite », craint Stéphane Lachèvre, aujourd’hui élu Sud Rail au comité social et économique (CSE) de Fret SNCF. « Nous ne vivons pas bien du tout cette incertitude. »

Même pendant ces quinze mois, certaines dispositions pourraient ne plus être respectées. Les deux filiales ont d’ores et déjà fait savoir qu’elles ne souhaitaient pas appliquer l’ensemble des mesures contenues dans les dizaines d’accords d’entreprise existants, pour le moment, à la SNCF. L’accord sur le temps de travail, par exemple, est en jeu. En vertu de cet accord, et des horaires de travail qui doivent être adaptées aux contraintes des trains de marchandises, qui circulent de jour comme de nuit, les agents avaient jusqu’ici droit à un repos minimum de 14 heures entre deux journées de travail , et de 9 heures lorsqu’ils sont en découché à l’extérieur (pour les conducteurs de locomotive notamment). « On sait qu’il y a une velléité de diminuer ce temps de repos. Sauf qu’en faisant cela, on affecte la sécurité ferroviaire », avertit Sébastien Mourgues. La direction de la SNCF prévoit une réunion sur ce sujet des conditions de transfert le 27 novembre. À peine un mois avant l’échéance.

L’exigence d’un moratoire

Pour espérer mettre un coup d’arrêt à la liquidation, une grève est menée ce jeudi 21 novembre par l’intersyndicale CGT, Unsa, Sud, CFDT. Si le gouvernement et la direction de la SNCF ne répondent pas à leurs revendications, les syndicats font planer la menace d’une grève reconductible à partir du 11 décembre au soir. Un ultimatum. C’est que depuis de longs mois, les syndicats et cheminots se mobilisent et se rassemblent sur le sujet.

Parmi leurs revendications principales : la tenue d’un moratoire. Il s’agit d’un enjeu écologique, donc d’un sujet d’intérêt général, défendent les cheminots interrogés. « Il faut que le grand public se saisisse de ce sujet », insiste Loïc Guigou, conducteur de trains fret à Avignon, secrétaire général de la CGT cheminots locale. « Sur les chaînes d’infos en continu, on parle très peu du fret : on ne parle des cheminots que pour dire qu’ils “prennent en otage” pour les fêtes de fin d’année », déplore-t-il. Ce moratoire était l’une des préconisations de la commission d’enquête parlementaire dont le rapport sur la libéralisation du fret a été clôturé en décembre 2023. Mais jusqu’ici, le gouvernement et le ministère des Transports opposent une fin de non-recevoir.

Le gouvernement affirme seulement répondre à des injonctions européennes. Rembobinons : en janvier 2023, la Commission européenne annonce l’ouverture d’une enquête à l’encontre de l’État français, soupçonné d’aides illégales versées à Fret SNCF entre 2005 et 2019. Le montant de l’aide publique à rembourser s’élève à 5 milliards d’euros. Pour éviter de devoir payer cette facture salée, l’ex-ministre des Transports Clément Beaune annonce, en mai 2023, le futur découpage du Fret SNCF en deux filiales.

Les activités parmi les plus rentables cédées à la concurrence

« C’est de la lâcheté politique », estime Julien Troccaz de Sud Rail. Les conclusions de cette enquête européenne n’ont toujours pas été communiquées. Lorsqu’elles le seront, si une demande de remboursement est effectivement émise, il sera toujours temps de la contester, martèlent les syndicats. D’autant que la viabilité économique du modèle en deux filiales privatisées interroge. Le CSE de Fret SNCF a commandé des expertises au cabinet Secafi sur le sujet. Dans ces rapports 2023 et 2024, que nous avons pu consulter et que Reporterre avait révélé, il est écrit que les mesures imposées au groupe « risquent de fragiliser l’activité dans son ensemble » et qu’elles vont aboutir à un « modèle économique plus coûteux ».

En outre, une fenêtre s’est ouverte avec un changement de poste : Teresa Ribera, ministre espagnole socialiste et écologiste, devrait devenir la nouvelle vice-présidente de la Commission européenne en charge de la concurrence au 1er décembre. Les syndicats estiment que le gouvernement français pourrait négocier avec elle un changement de cap. « Nous ne lâcherons pas politiquement, au vu de l’urgence climatique. On a beaucoup d’alliés qui nous soutiennent dans la défense du fret, notamment au sein de l’Alliance écologique et sociale [qui réunit huit organisations syndicales et associatives] », martèle Julien Troccaz. « On a quatre semaines pour amplifier le rapport de forces. »

Le transfert aux deux filiales prévu en janvier 2025 a déjà impliqué la baisse de 10 % des effectifs du fret. 500 agents sont partis entre mi 2023 et aujourd’hui. Tous « se sont vus proposer une solution au sein du groupe », s’est maintes fois défendue la direction de la SNCF. « La direction a très bien joué tactiquement : elle a tellement pourri notre roulement, que les personnes ont d’elles-mêmes décidé de partir à droite à gauche et de demander des mutations », explique Loïc Guigou, le conducteur fret d’Avignon, dont le nombre de collègues a été divisé par deux en un an.

C’est qu’en mai 2023, toujours pour donner des gages à la Commission européenne, le gouvernement a annoncé l’obligation pour Fret SNCF de délaisser une part importante de ses trains à la concurrence. Le ministère des Transports a ainsi contraint le Fret SNCF de se séparer de ses flux de combinés, c’est-à-dire son trafic de containers également transportés par voie fluviale ou routière. Le Fret SNCF a dû informer ses clients de leur obligation de trouver un nouvel opérateur d’ici juin 2024 pour gérer ces flux. C’était pourtant la partie la plus rentable du fret, avec une haute fréquence de circulation : les combinés représentent 20 % du chiffre d’affaires et 30 % du trafic. Ils sont désormais aux mains d’autres opérateurs belges, français ou encore allemands.

Conséquence : « Il y a eu une vraie chute de la charge de travail », atteste Loïc Guigou. « Quand vous restez des semaines à attendre que le téléphone sonne, c’est difficile. » Sur la fiche de paie, là où un conducteur expérimenté fret gagne entre 2500 et 2800 euros net, la baisse de l’activité s’est concrétisée par « 400 à 600 euros de moins » chaque mois, du fait de l’absence de primes, précise-t-il.

Les cheminots transformés en sous-traitants des concurrents

À la place, l’État a obligé les cheminots du Fret SNCF à assurer de la sous-traitance pour conduire et maintenir les trains le temps que la concurrence forme ses propres employés. « On est allés jusqu’au bout de l’ignoble », lance Loïc Guigou. « Voir les trains que l’on faisait, nous, être remplacés par des trains roulant pour la concurrence. Et que l’on nous demande en plus d’assurer la sous-traitance le temps que cette concurrence soit prête… C’est très dur humainement. »

Dans ses rapports d’expertise, le cabinet Secafi pointe une exposition aux risques psycho-sociaux « forte » depuis mai 2023. L’incertitude pour l’année prochaine produit le sentiment général que « tout le monde est laissé à l’abandon », décrit Mikaël Meusnier, conducteur du fret depuis plus de vingt ans, par ailleurs secrétaire général du syndicat des cheminots CGT de Perpignan. Cette situation « engendre un sentiment de dégoût. Et puis après, les problèmes professionnels, tu les ramènes à la maison », confie un cheminot, qui préfère en parler anonymement.

« On a exercé nos droits d’alerte sur les risques psycho-sociaux, pour danger grave et imminent », insiste Loïc Guigou. En Languedoc-Roussillon, plusieurs cheminots du fret « sont tombés malades après l’annonce de mai 2023 », abonde Sébastien Mourgues. Partout, les syndicats ont alerté. En Normandie, pour les agents de Sotteville-lès-Rouen, une alerte pour danger grave et imminent a été adressée dès juin 2023 à la direction Fret SNCF et à la direction des ressources humaines par le CSE. Les annonces gouvernementales entraînent « beaucoup d’inquiétudes, d’anxiété et d’angoisse », pointe le document que nous avons consulté. Avec « un profond mal-être psychologique » qui « peut engendrer des ruptures de séquence dans des opérations de sécurité ».

Dégradation historique au mépris des enjeux écologiques

L’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire, si elle a touché de plein fouet Fret SNCF entre 2023 et aujourd’hui, ne date pas d’hier. Dès 2006, les lignes nationales du fret ferroviaire sont ouvertes à la concurrence. Trois ans après les lignes internationales. D’où le fait que parmi les agents du Fret, « beaucoup ressentent le sentiment d’un lent déclassement collectif et individuel », pointe le rapport du cabinet Secafi.

La SNCF était en situation de monopole public sur le fret il y a 20 ans. Elle est devenue, au fur et à mesure, un groupe parmi d’autres. Cet éclatement progressif a « cassé l’ambiance cheminote, la solidarité qu’il y avait à l’époque entre nous », regrette Mikaël Meusnier. Mais la SNCF est restée un groupe fort, puisqu’aujourd’hui, elle gère encore 50 % du transport de marchandises. L’ouverture à la concurrence, elle, est loin d’avoir tenu la promesse initiale d’une relance de l’activité. La part modale du fret ferroviaire par rapport aux autres types de transport a diminué de moitié (de 16 à 8 %) entre 2000 et 2018. Dans le même temps, en 15 ans, 63 % des effectifs ont été supprimés. « Un vrai carnage social », résume Julien Troccaz.

À contre-courant de ce que prévoit aujourd’hui l’État français, les pays européens disposant d’une part modale du fret ferroviaire supérieure à 20 %, comme la Suisse, ont « tous développé des politiques publiques actives », note le cabinet d’expertise Secafi. Avec des investissements de modernisation et développement du réseau ferré, ou encore « des incitations au report modal », par exemple l’interdiction de circuler pour les poids lourds certains jours.

Le même argument gouvernemental perdure pourtant : le fret coûterait trop cher, comparativement à la route. « Mais si on commençait à faire payer l’entretien des routes aux transporteurs routiers, et si l’on ne défiscalisait pas le gasoil, et bien peut-être que la bataille ne serait pas la même », raille Loïc Guigou. « On oublie toujours de parler des coûts induits du transport routier, que la société paie : la pollution de l’air, le bruit, les accidents de la route », liste Stéphane Lachèvre.

En 2018, la réforme d’Élisabeth Borne a scellé le sort du fret, en divisant la SNCF en quatre sociétés anonymes (SA), tandis que le Fret est devenu une société par actions simplifiée (SAS). Le tout « en gardant l’endettement historique dans ses comptes et en se mettant sous dépendance de financements bancaires. Ce n’est rien d’autre que la mise à mort de Fret SNCF. Le Fret va disparaître », s’alarmait déjà le CSE de la filière dans un communiqué de 2019.

Nous y sommes aujourd’hui. « Le fret SNCF est dans une situation qui découle de vingt ans de restructurations de l’outil de production », résume Sébastien Mourgues. Pour la suite, avec le basculement du Fret SNCF aux mains de deux filiales ouvertes au privé, « on s’attend à une descente infernale de suppressions de poste », prédit Julien Troccaz. L’opération rappelle le coûteux imbroglio autour de la création de la société Réseau ferré de France (RFF) en 1997, pour dissocier l’entretien des voies ferrées (assuré par RFF) de son exploitation (par la SNCF ou l’ouverture à la concurrence), et loger la dette de la SNCF dans une nouvelle entité. Résultat : pendant la décennie qui suit, à cause de trop faibles investissements, l’état du réseau ferré s’est fortement dégradé avec les conséquences que l’on sait en matière de fermeture de lignes, de dysfonctionnements et de retards pour les usagers.

Le fret, « un laboratoire » pour les TER, Transiliens et Intercités

Les demandes de mutation des agents du Fret, désireux d’éviter le transfert de janvier, se sont multipliées ces derniers mois. Au 31 décembre, chacun sera fixé. Soit le changement de poste – donc de lieu et/ou de conditions de travail – est accepté ; soit le cheminot est automatiquement transféré sans avenant à son contrat dans la nouvelle filiale.

Loïc Guigou, lui, a fait une demande de mutation vers le TER. Mais sa région PACA est en première ligne de l’ouverture des TER à la concurrence – autre sujet de lutte des cheminots depuis de longs mois. Du fret au TER, la direction de la SNCF « emploie les mêmes méthodes sur l’ouverture à la concurrence », décrit Sébastien Mourgues. « Tout cela relève d’une stratégie globale de démantèlement de la SNCF et de baisse des droits sociaux des cheminots. » Ce 21 novembre, l’intersyndicale demande aussi l’arrêt du processus de filialisation des TER, Transilien et Intercités.

Sa mutation, Loïc ne la perçoit donc que comme « une mini bouffée d’oxygène. Je sais que dans quelques années, je vivrai au TER la même chose que ce que j’ai vécu au Fret. » Les cheminots les plus anciens « mesurent que tout ce qui a été fait avec Fret SNCF, c’est le laboratoire de ce qui va s’appliquer ailleurs, dans les autres services », soutient Sébastien Mourgues. « D’où leur forte colère aujourd’hui. »

Maïa Courtois 20 novembre 2024

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16 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Vente à Perte? (Reporterre)

porcs mac

Revenu des agriculteurs : cette loi espagnole pourrait inspirer la France

L’interdiction de la « vente à perte » existe, dans la loi espagnole, depuis 2021. Álvaro Areta García, expert pour le Comité de l’agriculture des Nations unies, dresse un premier bilan de cette mesure protectrice.

Des prix rémunérateurs ! Cette revendication lancinante des agriculteurs de toute l’Europe refait surface avec les manifestations paysannes prévues la semaine du 18 novembre.

En France, la loi Egalim prévoit depuis 2018 un « tunnel de prix » (ou une fourchette), en dessous duquel un acheteur ne peut pas descendre lors d’une transaction. Mais de l’avis général, ces prix ne prennent pas suffisamment en compte les coûts réels de production et les contrôles sont insuffisants. La vente à perte reste une réalité pour de nombreux agriculteurs.

De son côté, l’Espagne a légiféré dès 2013 avec la loi « chaîne alimentaire », qui a été renforcée en 2021 et permet désormais de fixer des prix équitables, exploitation par exploitation. Álvaro Areta García, membre de la Coordination européenne Via campesina et responsable technique au Comité de l’agriculture (COAG), l’un des organes directeurs de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, nous l’explique.

Reporterre — Comment fonctionne concrètement la loi « Cadena alimentaria » (chaîne alimentaire) ?

La loi espagnole sur la chaîne alimentaire, en place depuis plus de dix ans, vise à rendre les relations commerciales entre producteurs et acheteurs plus transparentes et équitables. Elle impose la rédaction de contrats écrits, contenant des informations essentielles comme les conditions de livraison et les prix. Ce cadre contractuel a renforcé la sécurité juridique et facilité les négociations. En décembre 2021, cette loi a été modifiée pour introduire un changement majeur : il est désormais interdit de « détruire la valeur » dans la chaîne alimentaire.

Concrètement, cela signifie que le prix négocié entre les parties doit être au moins supérieur aux coûts de production des agriculteurs. Cela marque un tournant culturel, car auparavant, les prix étaient fixés en fonction du prix payé par les consommateurs, souvent au détriment des producteurs.

Cette nouvelle approche oblige à réorganiser la chaîne de valeur de manière plus juste, en partant des coûts des producteurs. Ce changement est difficile à appliquer et suscite des résistances, mais il vise à instaurer une rémunération équitable à chaque maillon de la chaîne.

Comment les prix sont-ils calculés ?

La loi exige que le prix de vente couvre les coûts de production spécifiques de chaque producteur. Cela implique que les producteurs connaissent leurs coûts de production. C’est un effort supplémentaire pour eux, mais en fin de compte, cela leur permet d’être clair sur leur niveau de rentabilité : à partir de quel prix commencent-ils à gagner ou à perdre de l’argent ? Cette question, qui devrait être naturelle dans toute entreprise, n’était parfois pas si claire dans le cas du secteur de la production.

Que se passe-t-il si le prix proposé par l’acheteur reste inférieur aux coûts de production ?

Si un producteur estime être payé en dessous de ses coûts, il peut déposer une plainte, mais il doit fournir des preuves comptables, comme des factures, pour étayer sa réclamation. Cela permet d’éviter une confrontation parole contre parole. Les plaintes peuvent également être anonymes. Des organisations agricoles comme le COAG peuvent déposer une plainte au nom des producteurs, tout en garantissant la confidentialité des informations fournies.

Une fois la plainte reçue, l’autorité compétente mène une enquête d’office pour vérifier les faits et, si nécessaire, ouvre un dossier, tout en préservant l’anonymat du plaignant.

Y a-t-il des cas d’infraction majeure et quelle est la manière dont les autorités compétentes les traitent ?

Les infractions majeures dans le secteur agroalimentaire en Espagne sont principalement liées à des hausses de coûts provoquées par des facteurs géopolitiques, comme la guerre en Ukraine, plutôt qu’à l’application de la loi de la chaîne. Ces augmentations de coûts ont été répercutées dans la chaîne, causant une inflation indépendante de la loi.

Pour y répondre, les autorités espagnoles ont mis en place des mesures de soutien, telles que des subventions pour les coûts de production, des réductions de TVA sur certains produits de base et des aides pour compenser l’augmentation des coûts de production.

Dans quel contexte a été établi cette loi ?

Le secteur agricole a connu des difficultés économiques persistantes, principalement en raison de la dérégulation des marchés et de la suppression de mécanismes liés à la Politique agricole commune, qui contribuaient à stabiliser les prix. Combiné à la concurrence accrue des importations à bas prix, cela a fragilisé les revenus des producteurs locaux. Beaucoup d’agriculteurs sont menacés de faillite.

Face à cette situation, de nombreuses mobilisations ont éclaté en 2020, avant la pandémie, exigeant des prix équitables au-dessus des coûts de production. Ces pressions ont conduit le gouvernement à adopter des mesures protectrices, dont la loi sur la chaîne alimentaire, malgré l’interruption des manifestations en raison de la crise sanitaire. Cette législation répond également à la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales, qui impose des règles générales pour tous les États membres, tout en permettant des mesures plus strictes pour ceux qui le souhaitent.

Un consensus existe au sein du secteur agricole, bien que des divergences apparaissent sur l’application pratique de cette mesure et la manière de calculer précisément les coûts.

L’adoption de la loi a été rendue possible grâce à une large majorité parlementaire. La plupart des groupes politiques — y compris ceux du gouvernement, ses partenaires, et même certains membres de l’opposition — étaient favorables et sinon, se sont abstenus sans manifester d’opposition généralisée.

Les agriculteurs espagnols sont-ils, ainsi, mieux protégés que les agriculteurs français ?

Les agriculteurs espagnols semblent mieux protégés, mais il est encore trop tôt pour évaluer pleinement l’efficacité de cette loi. Désormais, dans certaines négociations, les producteurs peuvent mettre en avant leurs coûts et s’appuyer sur des études publiques pour justifier des prix de vente, facilitant ainsi une véritable négociation. Les premières sanctions ont été imposées à des entreprises pour achat en dessous du coût de production, montrant un début d’application concrète de la loi. Des pénalités importantes ont déjà été imposées.

« L’agriculture espagnole reste compétitive »

On assiste à un changement de mentalité dans le secteur producteur. Il prend davantage conscience de ses coûts de production, gagne en capacité de négociation et a la possibilité de dénoncer les abus, même si la mesure n’a pas résolu tous les problèmes.

Dans une économie mondialisée, les acheteurs ne risquent-ils pas d’aller se fournir ailleurs ?

Une critique estime que des prix trop élevés pourraient inciter les acheteurs à se tourner vers d’autres pays. La question est plutôt : pourquoi les coûts de production sont plus bas dans d’autres pays ? Pour une concurrence équitable, les produits importés devraient respecter les mêmes standards. Pour autant, les chiffres ne confirment pas une perte de compétitivité pour les producteurs espagnols. Les exportations agroalimentaires espagnoles atteignent des records chaque année, ce qui indique que l’agriculture espagnole reste compétitive malgré la loi de la chaîne.

Cette loi pourrait-elle contribuer à s’éloigner du modèle productiviste, en intégrant des enjeux écologiques, ou risque-t-elle au contraire de conforter ce modèle ?

Cette loi n’intègre pas directement d’objectifs écologiques. Cependant, elle protège les coûts de production des agriculteurs, ce qui pourrait encourager les types d’agricultures soucieuses de l’environnement. Indirectement, elle peut donc être bénéfique pour l’écologie, même si son objectif premier n’est pas spécifiquement environnemental mais plutôt la rentabilité des producteurs.

VIF DÉBAT EN FRANCE SUR LE « PRIX PLANCHER »

Le débat français sur les moyens d’améliorer le revenu des agriculteurs tourne notamment autour de l’idée d’un « prix plancher », qui serait fixé par l’État. Les syndicats de petits producteurs, comme la Confédération paysanne et le Modef, et les partis de gauche, portent depuis plusieurs années cette revendication, rejetée par la FNSEA et la Coordination rurale, syndicats agricoles conventionnels.

Emmanuel Macron l’a reprise oralement à son compte en février 2024, en pleine crise agricole, mais s’y est finalement opposé lors de son examen au Parlement au printemps.

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11 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Forêt ( France Info)

arbres
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« En France, le puits de carbone a diminué de 50% » : menacée, la forêt absorbe de moins en moins de CO2
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Alors que la COP29, sommet international sur le climat s’ouvre en Azerbaïdjan, Franceinfo se focalise sur l’état des massifs forestiers français qui se détériore alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Le climat est au cœur de la COP29, qui s’ouvre lundi 11 novembre à Bakou en Azerbaïdjan. Pour limiter l’impact de nos émissions de gaz à effet de serre, la forêt reste un puits de carbone essentiel. Mais ce puits est menacé et, en France notamment, il ne remplit plus son rôle aussi efficacement.

Pour se rendre compte de la situation forestière française, direction les massifs des Vosges du Nord, aux alentours de Bitche, en Moselle.« Vous voyez qu’il y a des arbres qui sont marqués à la peinture rouge, qui sont mourants ou en très très mauvais état, décrit en connaisseur Hubert Schmuck, agent de l’Office national des forêts (ONF). Au-delà de la Croix-Rouge, il y a des endroits où l’écorce est en train de tomber. Et quand on regarde d’un peu plus près sous l’écorce, là, on voit que le tronc est déjà sec. C’est-à-dire qu’il y a déjà plus de circulation de sève. »

« 2015, 2016, puis surtout 2018, 2019, 2020 et 2021 ont vraiment été des années terribles. » Hubert Schmuck, agent ed l’ONF à propos des sécheresses et des canicules à franceinfo

Un manque d’eau et des températures trop élevées rendent le dépérissement des arbres parfois inévitable. « On a vu des exemples de feuilles qui ont roussi en quelques jours, en particulier en 2019, quand les températures dépassaient 37, 38, 39 degrés. À un moment donné, elles ne résistent pas », se désole l’agent de l’ONF.

Pour un autre chêne, c’est irréversible. « Celui-là, il est mort, donc il ne va pas ressusciter, confirme Hubert Schmuck. Les bûcherons vont arriver d’ici quelques jours ou semaines pour l’abattre. Un chêne comme ça, de qualité, peut devenir un merrain pour faire vieillir du bon vin. » Cette situation de crise ne concerne pas que les arbres vosgiens. D’après l’IGN, l’Institut de l’information géographique et forestière, la mortalité des arbres a doublé en 10 ans dans l’ensemble du pays.

Les arbres mourants ne peuvent plus stocker de carbone. « Il faut comprendre que la photosynthèse des plantes va prendre du CO2 dans l’atmosphère, explique Marc-André Selosse, professeur au Muséum d’Histoire naturelle de Paris.

C’est ça fixer du carbone et faire du bois, des feuilles. Quand ça tombe par terre, comme en ce moment, à l’automne on en a plein sous les pieds, on a plein de feuilles mortes, on a du bois mort et c’est ce qui fait que le sol est noir. Tout le temps où ce carbone est dans de la matière organique, dans la plante ou dans le sol, il n’est pas dans l’atmosphère. Il n’est pas sous forme de CO2, il est stocké. »

Les scolytes qui rendent les arbres malades

Au sein de la forêt domaniale de Mouterhouse, en Moselle, Hubert Schmouk de l’ONF montre les conséquences de l’autre menace qui pèse là sur les épicéas du Grand-Est. Une menace elle aussi liée aux sécheresses : les scolytes, des insectes ravageurs, qui profitent de la faiblesse des arbres. Il s’arrête devant des troncs d’épicéas fraîchement coupés et empilés en bord de chemin.

« Là, ils ont tous été coupés dans la parcelle derrière nous et on voit un grand vide. En fait, ils ont été coupés parce qu’ils étaient morts, explique-t-il. L’idée, c’est que ces galeries-là qu’on voit, ce sont les galeries maternelles, là où les femelles sont allées pondre, et les larves, au fur et à mesure qu’elles grandissent, elles avancent, elles progressent et leur galerie s’élargit. » La situation de crise et d’épidémie est donc déclarée. Le seul moyen de lutter contre cette propagation des scolytes, c’est de couper et de récolter le bois.

Mesurer le déclin de ce puits de carbone qu’est la forêt, c’est le travail notamment de Philippe Ciais, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. « À l’échelle globale, oui, les forêts continuent à absorber beaucoup de carbone. Aujourd’hui, les forêts sont le puits de carbone principal, nuance-t-il. Mais observe en Europe que ce puits de carbone,a diminué d’à peu près 30%.

Dans des pays comme la France, il a même diminué de 50%. Quand ça allait bien, il y a cinq ans, c’était à peu près 15% de nos émissions qui étaient en quelque sorte neutralisées ou absorbées par la forêt. Ce n’était pas rien. En divisant par deux, c’est 7% ou moins de 10% des émissions seulement qui sont absorbées par la forêt. »

Pour renforcer ces puits de carbone, l’Union européenne prévoit de planter trois milliards d’arbres d’ici 2030. Mais de l’aveu des spécialistes, cela ne sera pas suffisant pour guérir nos forêts.

11/11/2024

https://www.francetvinfo.fr/

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06 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Pais Valencia ( NPA)

Pais Valencia ( NPA) dans A gauche du PS
© EFE / EP (Diario de Noticias)
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Il ne s’agit pas d’une catastrophe «naturelle».

Si j’écris ces réflexions, c’est parce que beaucoup de mes proches, qui vivent en dehors de Valence, m’ont appelé ces jours-ci pour me demander comment les choses se passaient ici et comment ils pouvaient m’aider. Je tiens à les remercier pour leur intérêt. Ils savent que si nous ne nous organisons pas pour nous soutenir mutuellement et si nous ne dénonçons pas la lenteur, voire la paresse et l’incurie de l’État, nous sommes dans le pétrin.

Valence aujourd’hui, plus d’une semaine après les inondations :

Des cadavres indéterminés pourrissent dans les fossés des ravins, dans la mer ou dans des garages, anéantis par l’eau et la boue. Des rapports scientifiques vieux de plusieurs décennies sur les effets prévisibles du changement climatique sur les zones inondables ignorés.

Des dizaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, avec des balais, des pelles et de la nourriture, tentant d’atténuer les effets des inondations, plongées jusqu’au cou dans la boue et la désolation.

Des millions d’investissements publics pour le tourisme et zéro pour les infrastructures indispensables pour canaliser les ravins et les rivières qui débordent.

Des logements à prix d’or inaccessibles aux classes moyennes et inférieures qui se rabattent sur les communes périphériques. Des hommes d’affaires focalisés sur leur profit malsain qui ne cherchent qu’à sauver leur pacotille et à se faire prendre en photo.

Des militaires et des policiers déguisés en héros dans le théâtre médiatique, qui veillent et tentent de faire rétablir les routes et les chemins de fer pour que nous puissions revenir à la normale, c’est-à-dire pour que les habitants du quartier puissent se rendre à leur travail à l’heure. Des politiciens incompétents qui cherchent à fuir leurs responsabilités et abandonnent à leur sort les habitants des communes inondées.

Un Etat soucieux de ne pas être éclaboussé par la boue et la misère à laquelle il condamne les victimes de toutes sortes : celles qui ont perdu leur maison, leur santé et leur mode de vie, celles qui ont perdu leurs proches, dont certains sont toujours portés disparus, enterrés dans des garages, dans la boue accumulée ou flottant dans la mer.

Une ville traumatisée et en état de choc par une catastrophe dont on s’obstine à répéter qu’elle est naturelle, alors que la grande majorité de ses effets et de ses victimes auraient pu être évités. Même le mauvais gouvernement qui est censé nous gouverner n’a pas été en mesure d’alerter à temps et, lorsqu’il l’a fait, dans certains cas, c’était pour transformer les garages, les ravins, les rivières et les rues en pièges mortels.

Le pire, c’est que personne ne sera puni pour cela. Ils cherchent et chercheront des boucs émissaires parmi quelques centaines de personnes qui ont pillé principalement des magasins et des centres commerciaux. Les chefs d’entreprise qui n’ont pas fait sortir à temps leurs salariés des souricières dans lesquelles ils étaient enfermés, ou les hommes politiques responsables du chaos, au mieux, et seulement certains d’entre eux, démissionneront ou seront licenciés pour sauver la face et tenter de contenir la colère et l’indignation sociale.

La population choquée, comme dans tant de catastrophes, demandera de l’aide à ses bourreaux et ceux-ci feront des affaires avec l’après-catastrophe, dont nous paierons les factures avec nos impôts. L’histoire récente des électrochocs collectifs se répète : guerres, pandémies, inondations, tsunamis ont été, sont et seront le scénario idéal pour tirer profit de la reconstruction.

Demain, nous viendrons à nouveau prêter main forte à ceux qui en ont besoin et, surtout, tenter de faire sentir aux victimes qu’elles ne sont pas seules, au moins pour l’instant, face à ce drame et à cette impuissance qui auraient pu être largement évités et que les discours et les mesures palliatives qui sont appliqués sont bien loin de l’application de changements structurels pour que cela ne se reproduise plus.

Espérons que la manifestation du 9 (exigeant la démission du président de la Comunitat del País Valencià) sera un avant et un après dans la gestion des effets et des raisons du changement climatique, sinon, et surtout les classes vulnérables, nous l’avons très mal.

Publié par Viento Sur le 5 novembre 2024   6 novembre 2024 par Cesar Manzanos

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