Archive | Droite républicaine

27 janvier 2021 ~ 0 Commentaire

insoumis (jdd)

laicite

Laïcité : les Insoumis jouent l’esquive

Vont-ils enfin parvenir à replacer le couvercle sur la marmite?

Pointés du doigt pour leurs supposées accointances avec les « islamogauchistes » après l’assassinat de Samuel Paty en octobre, en proie à des dissensions ouvertes sur les questions de laïcité, leur rapport à la République et au communautarisme, les Insoumis s’y emploient.

Alors que le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » – c’est-à-dire contre le séparatisme – est examiné par l’Assemblée nationale, ils oscillent entre prises de position apaisantes et volonté d’esquiver le sujet qui fâche.

104 amendements, tous signés à l’unanimité du groupe

On trouve un signe de cette volonté dans le premier numéro de la nouvelle revue qu’ils publieront prochainement aux éditions du Seuil, Les Cahiers de l’avenir en commun. C’est Jean-Luc Mélenchon, l’Insoumis en chef, qui en signe l’édito.

Le candidat à la présidentielle y évoque la question de la République et son renforcement. « Nous avons tant changé qu’on ne se reconnaît plus parfois, cette nouvelle France est notre patrie républicaine commune », souligne-t-il d’une plume consensuelle.

Avant de minorer soigneusement le sujet sensible : évoquant les crises sanitaire et sociale, il déplore que, pendant ce temps, « le pays [soit] inutilement invité à des débats absurdes sur le thème de son identité ». Le groupe LFI à l’Assemblée a discrètement rencontré le préfet de Seine-Saint-Denis pour se pencher sur ces questions pendantes, notamment « les certificat.. (Article payant)

lun. 25 janvier 2021

.https://www.lejdd.fr/

Commentaire:

Il n’y aurait pas une chasse aux sorcières contre ceux qui ne sont pas islamophobes?

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21 janvier 2021 ~ 0 Commentaire

nourriture (rs 21)

Food-comparison-image

30 euros réels et les soit-disant « 30 euros » du panier des Tories

Laisseons-les mourir de faim

Nourriture et classe en Grande-Bretagne

Lundi, des images d’un « panier » de nourriture dérisoire ont circulé sur Internet. Une boîte de haricots, quelques morceaux de fruits et de légumes meurtris, du pain, des pâtes enveloppées dans du film alimentaire, ce n’était pas appétissant.

Cette collection, dont les utilisateurs ont vite fait remarquer qu’elle valait environ 5,22 £, était une livraison gratuite de repas scolaires, destinée à nourrir un enfant pendant plusieurs jours au lieu d’un bon de 30 £.

Cette photo n’a pas seulement provoqué un tollé général, elle a également permis de voir des images similaires se répandre en ligne – des paquets de nourriture dans des sacs poubelles, des poivrons coupés en deux, du thon vidé dans une tasse, etc.

Comme tout autre service au Royaume-Uni, les paniers repas gratuits étaient apparemment gérés par un privé, en l’occurrence une société du nom de Chartwells. Cette société appartient au groupe Compass, une multinationale de la restauration qui a réalisé plus d’un milliard de livres de bénéfices en 2019.

Lorsque les gens se sont intéressés à Chartwells, les médias sociaux ont été remplis d’images des repas de luxe livrés dans des écoles privées – un repas pour la classe ouvrière et un autre pour les riches.

Chartwells a bien sûr publié une déclaration remettant en question la valeur exacte du panier et la période qu’il était censé couvrir, mais ce n’est que du bruit. Ils tirent profit du fait que les enfants au Royaume-Uni ne peuvent pas obtenir suffisamment de nourriture – en scalpant et en profitant de la zone sinistrée qu’est ce pays.

La réponse des deux côtés du Parlement a été décevante, bien que cela ne soit pas surprenant.

Le ministère de l’éducation a qualifié cette disposition d’ « inacceptable » et Vicky Forde, la ministre de l’enfance, a déclaré qu’elle allait se pencher « d’urgence » sur la question.

Keir Starmer (Labour « de droite ») a tweeté que c’était « scandaleux », a demandé « où va l’argent » et a dit « il faut régler cela immédiatement ».

Ces propos tièdes sur le « tri » et les « enquêtes » reflètent un Parlement qui considère la pauvreté des enfants comme un élément nécessaire (bien que peut-être malheureux) de l’économie britannique.

N’oublions pas qu’une grande partie de la racaille qui flotte de part et d’autre des Communes a supervisé l’expansion massive de la privatisation des écoles et des services de protection de l’enfance depuis 1997.

Les députés sont assurés d’un revenu de 80 000 livres sterling, plus les dépenses. Un nombre important de députés aux Communes envoient leurs propres enfants dans des écoles privées d’élite.

Des militants comme Marcus Rashford et Jack Monroe (footballeur et  écrivaine, activistes pro repas gratuits) ont fait plus pour assurer la sécurité alimentaire de la classe ouvrière que quiconque proche de Westminster.

Récemment, des projets comme Cooperation Town et des groupes comme le Front Anticapitaliste Vert se sont engagés dans des pratiques d’entraide, veillant à ce que de la nourriture soit distribuée.

Mais de telles pratiques sont toujours défensives, elles comblent un vide qui n’aurait jamais dû exister. Il est nécessaire que la classe ouvrière passe à l’offensive, qu’elle se batte pour que chacun ait de la nourriture.

Un service alimentaire national

Nombreux sont ceux qui ont demandé à juste titre l’ « internalisation » d’un tel service, que le gouvernement revienne à la fourniture des bons de 30 livres, sinon à des transferts de fonds ou à des projets plus ambitieux. (L’utilisation de bons au lieu de transferts en espèces est la norme pour les demandeurs d’asile depuis des décennies).

Le plus notable est peut-être la demande d’un service alimentaire national,  de l’État, pour créer un réseau de production et de distribution alimentaire décentralisé. Il s’agit d’une reconnaissance de la crise alimentaire actuelle. Cependant, cela ne suffit pas. Le strict minimum de tout programme socialiste devrait être que la nourriture soit démarchandisée et mise sur la table pour tous ceux qui en ont besoin.

Les repas scolaires gratuits et tout programme alimentaire plus large de l’État, qu’il s’agisse de paniers ou de bons, risquent toujours d’être utilisés comme une arme de répression par la classe dirigeante.

Ces dernières années, une guerre prolongée a éclaté autour de la gratuité des repas scolaires, les politiques disant que le soutien accordé aux familles de la classe ouvrière était « détourné » et obligeant de plus en plus les familles à franchir de plus en plus d’obstacles administratifs pour recevoir la nourriture.

De plus, les politiques hostiles du Royaume-Uni ont vu de nombreuses familles de migrants exclues des programmes de repas scolaires gratuits, créant ainsi une autre frontière intérieure au Royaume-Uni. La classe ouvrière devrait avoir droit à la nourriture, indépendamment de son « mérite » aux yeux de l’État et de sa nationalité.

La débâcle des repas scolaires gratuits n’est qu’une facette du système alimentaire que le capitalisme pousse toujours plus près de l’effondrement.

La production alimentaire au Royaume-Uni et dans le monde entier est profondément exploitée. Depuis des décennies maintenant, le travail agricole saisonnier au Royaume-Uni repose sur l’abus de travailleurs itinérants précaires.

Comme l’ont montré des groupes tels que AngryWorkers, les usines qui distribuent, emballent et préparent la nourriture sont profondément dures avec leur main-d’œuvre, avec de mauvais salaires et des conditions de travail dangereuses.

Enfin, il y a le personnel du commerce de détail et de l’hôtellerie qui constitue la dernière ligne de démarcation entre la nourriture et ses consommateurs. Ils sont surchargés de travail, sous-payés et n’ont pas été protégés contre le virus pendant la pandémie.

La seule solution à ces problèmes à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement alimentaire est le contrôle de gros par les travailleurs, tout au long des réseaux de production et de distribution.

La vie sur l’île de la peste qu’est le Royaume-Uni est de plus en plus courte, désagréable et brutale. Les enseignants en ont assez de voir des élèves décharnés qui ont du mal à se concentrer à cause du manque de nourriture.

Dans toutes les communautés ouvrières, nous voyons des voisins qui se battent souvent en silence, luttant pour mettre de la nourriture sur la table. Des bacs de dons de plus en plus grands apparaissent dans les supermarchés, et les banques alimentaires sont au point de rupture.

En laissant la classe ouvrière affamée, en la privant constamment et en cherchant désespéré-ment à obtenir un revenu et de la nourriture, la classe dirigeante peut nous empêcher de nous organiser et de lutter.

Nous pouvons créer des cuisines coopératives, pratiquer l’entraide et faire de même, mais il s’agit d’une action d’arrière-garde.

Nous devons faire pression et dire qu’il est fondamental que la nourriture soit pour tout le monde – pas de si, pas de mais. Pour chaque enfant affamé, ce gouvernement et ses complices devraient être amenés à ressentir la colère des gens qui sont poussés trop loin.

Alors que les entreprises liées aux Conservateurs  (les Tories) détournent l’argent destiné à l’alimentation des enfants de la classe ouvrière, Gus Woody exige non seulement de la nourritu-re pour tous, mais aussi le contrôle de son approvisionnement et de sa distribution par la classe ouvrière.

Gus Woody 13 January 2021

https://www.rs21.org.uk/

Note:

RS 21 est une organisation anti-capitaliste britannique

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07 janvier 2021 ~ 0 Commentaire

usa (à-l’encontre rp)

trump

Etats-Unis. «L’insurrection à l’instigation du président»

«L’extrême de ce que Donald Trump, ses facilitateurs et ses partisans les plus fous sont prêts à provoquer a été constaté à Washington DC après qu’une foule pro-Trump, comprenant des militants armés, a envahi le bâtiment du Capitole – forçant les représentants élus à fuir pour se mettre en sécurité et quittant la session conjointe du Congrès [Chambre des représentants et Sénat] incapable de certifier immédiatement l’élection de Joe Biden à la présidence.

Après que les forces de sécurité aient repris le contrôle du bâtiment, qu’un couvre-feu [dès 18h heure locale] a été imposé dans toute la ville, les élu·e·s se sont à nouveau réunis pour assurer la transition démocratique du pouvoir [certification des votes des grands électeurs]. Notre couverture en direct de ce processus et des retombées des événements extraordinaires se poursuit. Je m’appelle Warren Murray, je suis ici pour résumer le briefing de jeudi: «Journée d’infamie à Washington DC».

Une femme a été abattue dans le bâtiment du Capitole pendant les troubles et est morte par la suite – elle était nommée dans les rapports de police comme Ashli Babbit, une vétéran de l’armée durant 14 ans et partisane de Trump.

Selon les rapports, trois autres personnes sont mortes dans ce qui a été décrit comme des urgences médicales. Les membres du personnel du Sénat ont été félicités pour leur rapidité d’esprit et leur courage après avoir saisi les bulletins de vote du Collège électoral et les avoir mis en sécurité alors que les législateurs fuyaient.

Joe Biden, le président élu, est passé à la télévision en direct et a demandé à Trump de «respecter son serment et de défendre la Constitution, et d’exiger la fin de ce siège… Ce n’est pas une protestation. C’est une insurrection.»

Mais M. Trump n’a émis que des appels discrets pour que la foule soit «pacifique» et a finalement publié une vidéo préenregistrée appelant ses partisans à «rentrer chez eux», dans laquelle il les a qualifiés de «très spéciaux» et a répété ses affirmations, démenties, selon lesquelles l’élection présidentielle avait été volée.

Facebook, Twitter et Instagram ont maintenant verrouillé les comptes de Donald Trump pendant au moins 12 heures. Twitter a averti que de futures violations de ses politiques entraîneraient le blocage permanent de son compte.

Lorsque les émeutiers ont été dégagés et que les délibérations aient repris, Mike Pence et le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, tous deux républicains, ont prononcé des discours condamnant la profanation du Capitole sans toutefois mentionner les incitations du président.

Mais Chuck Schumer, qui remplacera bientôt Mitch McConnell à la tête d’une majorité démocrate entrante [suite à l’élection en Géorgie des deux candidats démocrates au sénat: Jon Ossoff et Raphael Warnock], s’en est pris directement au président évincé et a qualifié la foule qu’il avait soulevée de «terroristes nationaux… Cette foule était en grande partie le fait du président Trump, incitée par ses paroles et ses mensonges.»

Le sénateur républicain Mitt Romney a été l’un des rares membres de son parti à lier directe-ment Trump au violent soulèvement, décrivant la prise d’assaut du Capitole comme «une insurrection, incitée par le président des États-Unis».

Dans un moment hautement symbolique, Kelly Loeffler de Géorgie, qui vient d’être éliminée du prochain Sénat, a annulé son objection à la certification de la victoire de Biden. Mais d’autres partisans de Trump, dont Ted Cruz [Texas] et Josh Hawley [Missouri], ont refusé de saisir ce moment bipartisan, liant la procédure au débat sur les objections [à la victoire de Joe Biden dans les Etats de l’Arizona et de Pennsylvanie] jusqu’aux petites heures du matin.

Des politiciens britanniques se sont joints aux réactions de dirigeants du monde entier qui étaient parfois dirigées directement contre Trump. Boris Johnson a condamné ce qu’il a appelé les «scènes honteuses du Congrès américain… Les États-Unis sont les défenseurs de la démocratie dans le monde entier et il est maintenant vital qu’il y ait un transfert de pouvoir pacifique et ordonné.»

Entre-temps, un mouvement visant à évincer rapidement Donald Trump de ses fonctions a été lancé, la députée Ilhan Omar [élue démocrate à la Chambre des représentants du Minnesota] ayant annoncé qu’elle rédigeait des articles de mise en accusation. «Nous ne pouvons pas lui permettre de rester en fonction, il s’agit de préserver notre République et nous devons respecter notre serment», a écrit Ilhan Omar.

D’autres ont demandé l’invocation du 25e amendement à la Constitution [1], qui permettrait au président d’être remplacé par le vice-président [Mike Pence] et les membres du cabinet – qui auraient des discussions à ce sujet.

Lindsey Graham, sénatrice républicaine de Caroline du Sud, a déclaré: «Trump et moi… nous avons fait un sacré voyage. Je déteste que cela se termine de cette façon. Oh mon Dieu, je déteste ça… mais aujourd’hui, tout ce que je peux dire, c’est “Ne comptez pas sur moi. C’en est assez”.»

(Article publié dans The Guardian en date du 7 janvier 2020; traduction rédaction A l’Encontre)

[1] Adopté le 23 février 1967, cet amendement implique que le vice-président devient le président, si le président en exercice est démis de ses fonctions s’il est incapable d’exercer ses pouvoirs. (Réd.)

Warren Murray 7 janvier 2020

https://alencontre.org/

Lire aussi:

Des manifestants pro-Trump envahissent le Capitole pour contester le résultat des élections (RP)

 

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05 janvier 2021 ~ 0 Commentaire

brexit 3 (l’étincelle)

boris

Une frontière de plus pour les classes populaires, pas pour les marchandises

Depuis le 31 décembre minuit heure de Bruxelles, 23 heures heure anglaise, le Royaume-Uni a coupé le dernier cordon qui le rattachait à l’Union européenne.

Il en était sorti officiellement le 31 janvier, mais restait dans l’union douanière le temps de finaliser un accord commercial. C’est chose faite, avec cet accord de quelque 1 246 pages conclu le 24 décembre dernier, ratifié le 30 par le parlement britannique et paraphé le soir même par la reine. L’accord s’applique dès le 1er janvier 2021, bien que les députés européens doivent encore l’approuver d’ici février pour le rendre définitif.

Quatre ans et demi après le référendum qui en a décidé ainsi, en juin 2016, la sortie de l’UE est donc effective. Dans les multiples rebondissements lors des dernières négociations, faisant planer le doute sur la finalisation de l’accord dans les temps, il y a surtout eu une grande part de cinéma destiné à arracher quelques concessions supplémentaires de part et d’autre sous la menace d’un « no deal » : la pêche, qui a servi de prétexte à faire trainer les marchandages, représente une part infime des enjeux économiques [1].

Finalement, Boris Johnson et Ursula von der Leyen, le Premier ministre britannique et la présidente de la Commission européenne, se sont rencontrés en personne pour aboutir in extremis à un accord auquel tous tenaient.

Le Brexit : la fin du « libéralisme » ?

Ceux, à gauche, qui avaient appelé à voter pour le Brexit contre « l’Europe néolibérale » en sont pour leurs frais : le Brexit se conclut sur un accord… de libre-échange. Les marchandises continueront de passer les frontières sans quota ni droit de douane, avec pour seule contrainte un peu de paperasse et quelques contrôles douaniers, comme cela se fait déjà avec bien des pays du monde.

En ce 1er janvier, les camions ont ainsi continué de s’engouffrer dans le tunnel sous la Manche, dans un sens et dans l’autre, sans grand ralentissement. Bien plus facilement que quinze jours plus tôt, quand l’UE a décidé de fermer ses frontières aux camionneurs qui n’avaient pas été testés au prétexte d’une nouvelle souche plus contagieuse du Covid : objectif sanitaire ou coup de pression pour conclure l’accord commercial ?

Qui plus est, le gouvernement britannique compte bien multiplier les accords de libre-échange avec d’autres pays, et c’est à cette condition que le patronat britannique s’est résolu à accepter la sortie de l’UE. Un accord a déjà été adopté avec le Japon en septembre.

Quelle « souveraineté » ?

Le parlement britannique reprend sa pleine « souveraineté », nous dit-on : les lois européennes ne s’imposeront plus, et il pourra choisir ses propres normes sociales, fiscales ou environne-mentales, selon les intérêts… de sa bourgeoisie évidemment. Puisqu’il reste un parlement bourgeois, indépendant surtout de la classe ouvrière.

Ceux qui promettaient des lois plus « sociales » et un meilleur soutien au système de santé ne sont que des charlatans. Certes l’une des premières lois contrevenant aux anciennes règles européennes a été de supprimer la TVA sur les tampons et serviettes hygiéniques… sans pour autant aller jusqu’à les rendre gratuits (sauf en Ecosse).

Selon le ministère des Finances, cela permettra aux femmes d’économiser 45 euros… sur toute leur vie ! Pendant ce temps, les hôpitaux sont au bord de l’explosion, souffrant, comme dans tous les pays, d’un sous-effectif de longue date aggravé par le Covid, qui n’est en rien le produit d’un « diktat » européen, mais des choix conscients et volontaires de la bourgeoisie britannique.

Et le parlement britannique, tout « souverain » qu’il est, ne compte rien faire pour y remédier. Pas besoin d’aller outre-Manche pour trouver l’ennemi principal des travailleurs britanniques. Et ces derniers ne peuvent compter que sur leurs luttes, et pas sur un vote ou un quelconque parlement « souverain », pour changer les choses dans le bon sens.

Les nouvelles lois envisagées par le parlement britannique n’ont rien de social : des ports francs, des subventions au patronat (à commencer par la pêche, pour l’industrialiser et gagner des parts de marché), autant de politiques en faveur du patronat qui ressemblent beaucoup à celles menées partout en Europe. Et si le gouvernement promet de faire plus que l’UE en matière de bien-être animal (mais pas des travailleurs !) et d’environnement, cela reste à voir.

Au nom d’une menace, sans doute largement imaginaire, d’un dumping de la part du Royaume-Uni, l’Union européenne a tout de même imposé une clause de « non régression ». Ainsi, un tribunal d’arbitrage « indépendant » (de qui ?) pourra imposer des droits de douane sur certains produits si les nouvelles réglementations, normes ou subventions entraînent une concurrence jugée déloyale. La « souveraineté » britannique reste donc toute relative. Elle dépendra finalement du degré de rigueur de ce tribunal et donc des rapports de force entre bourgeoisies qui s’y exerceront.

La finance grande perdante ou reine de la comédie ?

Depuis que l’accord est conclu, les financiers de la City de Londres clament être les grands perdants du Brexit, alors que la finance représente 7 % du PIB britannique et 1,1 million d’emplois, contre 12 000 emplois pour la pêche, qui a tant fait parler. Ils se prétendent délaissés par un Boris Johnson qui aurait déclaré en 2018 : « Fuck business ! ». Anticapitaliste, le Boris ? Il compte pourtant plusieurs financiers dans son cabinet.

De fait, les banques et fonds d’investissement britanniques perdent leur « passeport financier », qui leur permettait de vendre sans entrave leurs produits financiers dans toute l’UE depuis leur siège londonien.

Les gouvernants européens ont mis un veto au maintien de ce libre accès. Désormais, il faudra installer une filiale dans l’UE pour accéder à son marché financier. La bourgeoisie européenne a eu beau jeu de saisir l’occasion du Brexit pour tenter d’attirer les groupes financiers à Paris, Francfort ou Luxembourg plutôt qu’à Londres.

Dès 2016, peu après le référendum, les gestionnaires du quartier de La Défense, près de Paris, avaient déjà l’eau à la bouche, placardant dans les rues de Londres des appels à quitter le brouillard londonien pour les rejoindre.

En réalité, l’UE pourra encore accorder à la City des « équivalences », sortes de dérogations ouvrant chacune accès à un domaine financier (bourse, assurances, ventes à découvert, etc.). Les tractations post-Brexit ne font que commencer… où la City aura plus de poids que les pêcheurs. Sur les 39 domaines existants, l’UE n’a pour le moment accordé que deux équivalen-ces au Royaume-Uni. Elle a fait un choix politique de serrer la vis, mais cela pourrait évoluer (les États-Unis ont 23 équivalences).

L’accès au marché financier européen est une réelle préoccupation pour une partie des institutions financières de la City, notamment des acteurs « classiques » de la finance (banques, assurances, sociétés de courtage, fonds de pensions, etc.).

Ceux-là, qui étaient largement partisans du maintien dans l’UE, déclarent vouloir maintenir une législation financière alignée sur celle de l’Union européenne. Mais une autre partie de la finance a fait du Brexit son affaire. Il s’agit des secteurs qui gèrent des fonds privés faisant moins appel aux marchés financiers pour trouver leurs clients (hedge funds, capital-investissement, etc.).

Pour eux, l’objectif est la dérégulation à tout-va, pour faire de la City une plateforme offshore de la finance, déplaçant sans contrainte ses capitaux à l’échelle planétaire. Ces financiers sont des fervents partisans du Brexit : ils ont financé 57 % du budget de la campagne du « Leave » lors du référendum [2]. Ainsi, pendant que certains à gauche faisaient campagne contre cette Union européenne qui confisquerait la « souveraineté des peuples » au profit de la finance, les principaux requins de cette même finance soutenaient eux aussi le Brexit pour s’affranchir de la « surveillance » jugée trop contraignante de Bruxelles.

Fin de la libre circulation des personnes ?

Le vrai changement du Brexit est surtout du côté des populations laborieuses. La presse a parlé de la fin de la « libre circulation » au 31 décembre. En réalité, la libre circulation des personnes n’a jamais vraiment existé avec le Royaume-Uni, qui n’appartient pas à l’espace Schengen. Les migrants pourchassés à Calais en savent quelque chose.

Combien sont morts noyés dans la Manche, happés dans le tunnel ou étouffés à l’arrière d’un camion ? La libre circulation n’a jamais concerné que ceux qui avaient le bon passeport. C’est pour ceux-là que le Brexit change la donne, et encore pas pour tous. Pour les étudiants, fini les échanges Erasmus, mais les touristes pourront continuer de passer la frontière sans visa, avec cependant une limite de la durée de séjour à 90 jours sur six mois.

Pour s’installer et travailler au Royaume-Uni, en revanche, il faudra justifier d’une offre d’emploi avec un salaire annuel d’au moins 26 500 livres (soit 29 500 euros), avec quelques exceptions, comme dans l’agriculture (il ne faudrait pas gêner l’exploitation des travailleurs saisonniers !). C’est l’immigration « choisie » : libre circulation pour les cadres et les riches, galère pour les travailleurs qui espèrent s’en sortir mieux en émigrant.

C’était bien là l’objectif du Brexit pour l’extrême droite raciste de l’Ukip (United Kingdom Independence Party [3]), qui en avait fait son cheval de bataille, menant campagne contre les immigrés bulgares ou roumains qui voleraient les emplois et les prestations sociales des Britanniques. C’est sur ce terrain que le Brexit l’a emporté lors du référendum : une victoire qui n’a en rien été celle des travailleurs.

Quant aux 3,7 millions d’Européens installés au Royaume-Uni avant le 31 décembre 2020, il faudra qu’ils s’enregistrent avant juin 2021, avec là encore deux statuts différents entre ceux présents depuis plus de cinq ans, qui ont droit à une carte de résident permanente, et les autres, relégués avec une carte temporaire et qui devront refaire les démarches au bout de cinq ans.

Si globalement le statut de résident est accordé facilement, les associations témoignent déjà des difficultés pour certains à comprendre les démarches et de ceux qui ne savent même pas qu’ils sont concernés ou qu’il faut aussi enregistrer leur bébé.

Certains doivent envoyer des tonnes de papiers pour prouver leur présence, d’autres ne les ont pas parce qu’ils travaillent au noir, sous-louent une chambre, etc. Une situation que connaissent bien les sans-papiers ici en France, quand il s’agit de prouver sa durée de séjour face à l’administration. Plusieurs dizaines de milliers d’Européens pourraient ainsi se retrouver illégaux.

Avec ce fichage, le gouvernement britannique reproduit la situation qui avait provoqué un mini-scandale en 2018 à propos des immigrés jamaïcains de la génération « Windrush », du nom du bateau apportant les travailleurs de Jamaïque vers l’Angleterre dans les années 1950-1960, quand le patronat faisait appel massivement à la main-d’œuvre des colonies et ex-colonies.

Alors qu’ils étaient arrivés sans formalité, avec de belles promesses, ces derniers ont soudainement dû se faire enregistrer en 2012 à la suite d’une nouvelle loi anti-immigrés. Beaucoup ont eu des difficultés pour le faire, n’ayant pas toujours gardé les bons papiers, et se sont fait expulser, enfermer ou refuser des soins.

Maurice Spirz 3 janvier 2021

https://www.convergencesrevolutionnaires.org/

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28 décembre 2020 ~ 0 Commentaire

extrême droite (contretemps)

fafs

Qui soutient la presse d’extrême droite ? Un voyage dans les droites radicales depuis 60 ans

Les publications de la droite radicale illustrent des situations très divergentes. Malgré une transparence très inégale, il n’est pas nécessaire d’invoquer les généreux subsides de la Russie, de la République Islamique d’Iran, de caisses noires de syndicats patronaux (autant d’acteurs qui ont dans le passé fourni des aides à des groupes ou des publications d’extrême-droite) ou de Steve Bannon, l’ex conseiller de Trump[1], pour rendre compte aujourd’hui de la situation comptable de ces titres. Paradoxalement, le soutien le plus organisé de cadres de l’extrême droite historique, s’est porté sur le groupe de presse qui édite la revue initialement la moins « marquée », Causeur.

Situation financière des médias d’extrême droite

Valeurs actuelles, un newsmagazine réac, « danseuse » de riches patrons

Peu de temps après la mort de son fondateur, le sénateur Raymond Bourgine, en 1990, le titre a été successivement acheté puis revendu par une ribambelle de riches patrons, à commencer par Marc Ladreit de Lacharrière (via sa holding Fimalac), le propriétaire de La Revue des deux Mondes[2], Serge Dassault (avionneur), puis Pierre Fabre (laboratoire éponyme) propriétaire de Sud Radio, enfin Iskander Safa (chantiers navals civils et militaires) via Privinvest mediaş elle-même contrôlée par Privinvest holding, domiciliée à Beyrouth. Iskander Safa, 92éme fortune de France en 2020 selon Challenges[3], est issu d’une famille maronite proche du pouvoir libanais, engagé dans les rangs des milices de droite durant la guerre civile.

La diffusion oscille entre 120 000 et 100 000 exemplaires entre 2015 et 2019. Elle semble augmenter avec la radicalité des couvertures. Cette diffusion et le nombre de pages de publicité, font de Valeurs actuelles le plus petit des newsmagazines derrière Marianne, dont la diffusion s’érode mais dépasse toujours les 120 000 ventes. C’est dix ou vingt fois plus que la diffusion des revues Éléments, Causeur ou L’Incorrect.

Valeurs actuelles est le principal titre du Groupe Valmonde, (avec Spectacle du Monde et Mieux vivre votre Argent). Le groupe est né en 1955 sous le titre significatif de « A l’écoute de la finan-ce ». Le chiffre d’affaires du Groupe Valmonde se monte à 24 millions d’euros en 2018. Il a dégagé un bénéfice de plus d’un million d’euros, et distribué un million d’euros de dividendes : le groupe a donc vocation à rapporter de l’argent et n’obéit pas à une logique militante.

« Valeurs actuelles, [..] se développe avec une ligne antisystème » affirmait en 2017 le directeur général, Yves de Kerdrel. « Mais le groupe se développe là où nous jugeons bon qu’il se développe, afin de créer de la valeur pour l’actionnaire. » Le poste salaires et charges sociales en témoigne, il se monte à 6,5 millions d’euros pour 80 salariés : les journalistes sont rémunérés.

Le maigre quotidien de Présent

Bien qu’il ait paru quotidiennement depuis 45 ans, la survie de Présent est menacée par la diminution du nombre d’abonnés.

En effet, celui-ci a décru une première fois après 1999 lors de la scission du FN entre Jean-Marie Le Pen et Bruno Mégret, où Présent a refusé de choisir un camp, s’attirant l’ire de Jean-Marie le Pen et de ses fidèles.

Présent a perdu nombre d’abonnés une nouvelle fois après 2014 quand il a soutenu Marine le Pen dans son ascension à la tête du Front National. Cette orientation entraîna le départ d’une partie des journalistes pour « clause de conscience ». Cette crise découragea nombre d’abon-nés, réduisant les recettes en proportion et, via les demandes d’indemnités des journalistes partants, gonflant les dépenses et amputant la trésorerie. Si bien qu’en 2017, selon l’une des plus anciennes journalistes, la diffusion payée était tombée à 2 500, la direction évoquant un chiffre de 8 000 ou 10 000.

En 2018 Présent a dégagé un chiffre d’affaires de 868 000€ dont 488 000 € d’abonnements. Le quotidien a perçu 142 000 € de subvention au titre de l’aide à la presse. Le poste salaires (330 000€) et charges salariales (131 000€) correspond aux salaires des journalistes (parfois payés en dessous de la grille de la convention collective).  Un déficit de 62 000€ vient porter le « report à nouveau » à un déficit cumulé de 575 000 €.

Rivarol, un hebdomadaire frugal au service d’obsessions antisémites

Rivarol a des comptes équilibrés : avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 500 000 €, il règle 47 000€ de salaires et traitements, il a dégagé un bénéfice de 5 000 € en 2018 et de 33 000 € en 2017. Le report à nouveau (bénéfice non distribué) se monte à plus de 180 000 €. Le chiffre d’affaires de 2018 (560 000 €) représente 4500 fois le tarif de l’abonnement annuel (125 €). Un train de vie frugal (ainsi le journal ne semble pas avoir de locaux indépendants) lui permet une situation économique saine.

Réfléchir & Agir, l’artisanat dans la durée, pour les « alboeuropéens »

La revue, née en 1993, paraît trois fois par an. R&A est édité par le CREA (Conception et Réalisation d’Etudes et Argumentaires) qui vit dans la même opacité.

Son modèle, tout artisanal, repose sur l’engagement de militants, comme Pierre Gillieth (le toulousain Bertrand le Digabel) et Eugène Krampon (Éric Fornal, issu de Terre & Peuple de Pierre Vial), qui rédigent une bonne part des articles, sollicitent les collaborations, et maquettent eux-mêmes la revue éditée en quadrichromie.

La diffusion revendiquée de plusieurs milliers d’exemplaires (7 000 en 2017), considérant les tarifs des abonnements à 26€ ou 35€, peut fournir des recettes qui couvrent les dépenses : nulles pour la rédaction et la maquette, limitées par un système de diffusion bien rodé permet-tant de savoir, pour chaque point de vente, s’il reste des exemplaires disponibles ou si le stock est épuisé.

Front Populaire dispose déjà d’assez d’abonnements pour durer

La revue, qui compte surtout sur ses abonnements, dispose a priori de quoi tenir au moins sa première année. Front Populaire revendiquait dès avant sa première parution, en juin 2020, 30 000 abonnés à 49 €. Or 1,5 millions d’euros pour sortir 4 numéros constituent un « matelas » confortable. D’autant que les ventes annoncées (75 000) feraient plus que doubler ce chiffre. Elle n’a donc pas besoin de recruter financiers et mécènes. Le déficit chronique n’est pas une caractéristique obligée de tout organe de presse, la dépendance vis-à-vis de la publicité non plus.  Front Populaire élargit apparemment le petit cercle des journaux autosuffisants.

Éléments participe du système d’actionnariat politique qui soutient les entreprises de la Nouvelle Droite

La Nouvelle Droite est-elle le « Groupe Mulliez »[4] de l’extrême droite ? Dans le cas de la droite identitaire, les membres d’un même clan (Grece[5]) sont actionnaires, via des participations croisées, d’une nébuleuse d’entreprises qui, juridiquement, n’apparaissent pas liées.

Éléments est complètement contrôlé par la génération qui a commencé à militer dans les années 60 et a fondé le Grece. Alain Lefebvre est une valeur sûre dans le système d’actionna-riat de la Nouvelle Droite : il a été associé depuis des décennies avec d’autres cadres de son courant dans diverses sociétés.

Une rumeur, propagée par des anciens de la mouvance[6], suggère que les militants qui ont été cadres de haut niveau de l’industrie pharmaceutique ont alimenté les ressources de la Nouvelle Droite. L’hypothèse de « valets du grand capital » est rassurante pour la gauche, mais presque rien ne vient la conforter. En revanche on peut remarquer dans diverses structures proches du Grece, la présence de familles entières, propriétaires d’entreprises familiales dans d’autres secteurs. Nous avons affaire à un courant autonome, à analyser en termes politiques, idéologiques et intellectuels et non comme la simple « projection » du patronat.

Le groupe Causeur : une reconstitution de ligue dissoute

Causeur, un nouveau Minute ?

Gil Mihaely est le directeur de publication des trois périodiques : Causeur, Conflits et Transitions & Energies qui échangent des pleines pages de publicité à chaque numéro. Ce groupe de trois revues a été épaulé jusqu’en 2019 par un collectif d’anciens cadres activistes d’extrême droite : anciens d’Ordre Nouveau, du GUD, du PFN et parfois toujours proches du Grece.

La société qui édite Causeur était jusqu’en 2019 soutenue à bout de bras (plusieurs centaines de milliers d’euros) par son actionnaire principal Gérald Penciolelli. En effet Causeur perd de l’argent année après année : 183 858 € de perte en 2019, 132 106 € de perte au titre de l’exercice 2018, après 500 000 € de pertes en 2017, à rapporter à un chiffre d’affaires de l’ordre de 1 million d’euros.

Gérald Penciolelli a un profil politique très particulier : il fut membre de la direction d’Ordre Nouveau, de celle du Parti des Forces Nouvelles (PFN), actionnaire des publications d’extrême droite le Choc du Mois et Minute. On retrouvait chez d’autres actionnaires des personnes qui ont la même origine politique : Anne Meaux, venue du PFN, fonde un cabinet de communication qui travaille pour la droite classique et de grandes entreprises.

Parmi les autres actionnaires de Causeur, on remarquait Xavier Niel via NJJ presse, NJJ médias et NJJ strategy dont -très curieusement- les commissaires aux comptes étaient Christian Baeckeroot (ancien dirigeant du Front National puis du Parti de la France) et son frère Guy[8].

Pourquoi une partie des cadres de l’extrême droite parieraient-ils sur Causeur ? Sans doute ont-ils vu dans ce titre un potentiel nouveau Minute. Hélas pour eux, Causeur ne tient pas la compa-raison, des articles éditorialisants et bavards, une ligne consistant à prendre le contre-pied de ce qu’ils croient être dans l’air du temps. Minute sortait des scoops, certains de ses journalistes étaient (politiquement) d’authentiques « fachos », mais ils sortaient de l’info. Causeur se contente de news « people » dévalorisantes sur des militant·es antiracistes.

Conflits : une revue portée par la plus vieille extrême droite

La deuxième revue de ce mini groupe de presse, Conflits, est éditée par la Société d’édition et de presse Antéios (SEPA). Fondée puis dirigée jusqu’en 2019 par Pascal Gauchon, elle dispose d’un conseil scientifique de géopoliticiens souvent peu progressistes. Elle propose une vulgarisation de droite par des auteurs qui mènent souvent une carrière académique.

Son numéro de juin 2020 publie une chronique d’Ingrid Riocreux (qui chronique aussi à Causeur et publie dans Front Populaire), ainsi qu’un article de Aude de Kerros, multi-collaboratrice de journaux réactionnaires et de droite radicale, qui tient la rubrique « Art et géopolitique » :  Conflits est inclus à la marge dans le champ de circulation des journalistes de la droite radicale.

L’ours de Conflits ne mentionne, en 2019, que trois noms : Pascal Gauchon, Adam Gwiazda, dirigeant du GUD au début des années 2000, Louise Soulas, Louise Allaux de son nom de jeune fille, ex trésorière du MNR de Mégret.

Pour dire les choses autrement : sur la dizaine de membres du premier comité central du PFN de 1974 encore en vie en 2019, deux sont actionnaires de Causeur (Gérald Penciolelli et Anne Meaux), deux écrivent dans Conflits (Pascal Gauchon, Thierry Buron), et Louise Soulas, maquettiste de Conflits, a été élue au comité central du PFN lors du renouvellement de 1976 !

Les actionnaires de Conflits : un bottin militant

L’actionnariat de la société éditrice (selon les statuts de 2018) montre que la majorité des 14 actionnaires, détenant la quasi-totalité des actions, viennent de l’extrême droite. Sur un total de 2120 parts, 1 900 sont détenues par des cadres ou anciens cadres de premier plan de ces courants, et une partie du reste par du plus menu fretin de même extraction.

Les soutiens du groupe de « Causeur » furent au cœur de l’activisme international des extrêmes droites

Catherine Barnay était aussi la correspondante en France (via l’agence AFIPE qu’elle animait) de l’équipe de fascistes italiens réfugiés au Chili de Pinochet qui, avec la bénédiction de la DINA, police politique du régime, tentèrent d’améliorer l’image de marque de la dictature militaire[14].

Barnay et Penciolelli étaient au cœur de l’activisme international des extrêmes droites. Si seule la première est citée dans un livre de référence sur la dictature chilienne, les deux bénéficient d’une notice dans l’ouvrage de Pauline Picco nourri des documents des procès italiens sur les « liaisons dangereuses » des extrêmes droites françaises et italiennes[15].

Ce réseau avait de multiples connections avec un réseau international d’anciens nazis et fascistes cherchant à recruter de nouvelles générations. Dans ce cadre l’IREP et sa revue Confidentiel (co-dirigée par Gérald Penciolelli avec la collaboration de Catherine Barnay) jouent un rôle certain. Pauline Picco résume : l’IREP « témoigne de l’implication directe de certaines franges de l’extrême-droite française parlementaire et légaliste dans le soutien aux terroristes italiens »[16].

Les deux sont cités dans les étonnants mémoires d’un néo-nazi espagnol, responsable de l’édition espagnole de Confidentiel, qui passa souvent par Paris en cavale quand il n’était pas hébergé à la prison de la Santé. Ernesto Mila Rodriguez raconte par le menu ses décennies militantes. Sur ce point son témoignage mérite d’être cité longuement (en note[17]). Il explique le « contexte » de la revue Confidentiel, une des initiatives politico-journalistiques de Penciolelli et Barnay.

Dans les années 50 et 60, « réseau de relations internationales mis en place à cette époque était avant tout un réseau informel de relations basé sur des expériences passées ». Il s’est structuré : en 1972 « une sorte de «comité de patronage» a été créé, […] «le présidium», composé de quatre «historiques»: le colonel SS Otto Skorzeny, qui avait libéré Mussolini de la prison du Gran Sasso et avait joué un rôle majeur dans les opérations spéciales du III Reich, Radu Ghenea, […], un chef de la Garde de fer roumaine, le commandant June Valerio Borghese, […] après une tentative de coup d’État avortée en Italie et, enfin, Leo Negrelli, ancien ambassadeur de l’Italie fasciste à Lisbonne, résidant à Madrid. Avec ces quatre personnalités, […] cherchions à […] d’établir un lien entre « l’ancienne génération » et la « nouvelle génération » de militants ». La stratégie à suivre a été discutée entre Otto Skorzeny, Klaus Barbie, le commandant Borghèse.

« En 1977, nous avons réussi à reconstruire une stratégie internationale. […] En Amérique latine […] nos amis, membres de certains des réseaux que nous avons définis, étaient au pouvoir ou proches du pouvoir au Chili, en Argentine, au Brésil, en Bolivie, dans plusieurs pays d’Amérique centrale, en Uruguay et au Venezuela. »

« Il s’agissait simplement de créer un réseau international dont la « couverture » était un magazine géopolitique [Confidentiel] et qui nous permettrait de passer d’une frontière à une autre avec une excuse. En France, l’initiative a été parrainée par Gérard Pencionelli [sic] et Jean Marc Brissaud, tous deux d’Occident et plus tard des dirigeants d’Ordre Nouveau, d’où ils sont allés au PFN. En Italie, la force motrice était Adriano Tilgher, président de l’Avanguardia Nazionale. En Espagne, le responsable était moi [Ernesto Milà Rodriguez] qui, en même temps, était responsable des éditions argentine et chilienne, une traduction littérale de la version espagnole. […]»[18]. .

Un ancien patron de Minute proche des Renseignements généraux

Frédéric Charpier, dans son livre « Officines. Trente ans de barbouzeries chiraquiennes » [19] rapporte les aventures de Gérald Penciolelli au moment où il prit le contrôle de Minute. On y apprend sa participation au lancement de la Radio Paris Méditerranée FM soutenue par les saoudiens !

Son passage à Minute a été si mouvementé qu’il a réussi à mettre en grève contre lui la rédaction du journal, laquelle a édité, en mai 1999 un numéro pirate de Minute qui a habillé son patron pour l’hiver. Il raconte comment Minute a creusé son déficit en salariant des employés fantômes que la rédaction n’a jamais vu.

Un article « Penciolelli-Bertrand : les liaisons dangereuses » aborde les relations  entre le rédacteur en chef et Yves Bertrand, le chef des Renseignements Généraux « Parmi les salariés occultes les plus dévoués à la direction, parmi les plumes les plus douées, et les informateurs les plus prolixes, la Direction Centrale des Renseignements Généraux tenait, au temps de M Penciolelli, une large place. [20]»

Yves Bertrand, dans son livre « RG, ce que je n’ai pas dit dans mes carnets » affirme « Il était de mon devoir de cultiver un lien avec eux, et je recevais régulièrement à mon bureau le patron de ce journal, Gérald Penciolelli. C’est un type très correct, il ne m’a jamais fait un coup tordu. Ses parents s’étaient pris d’affection pour moi et je l’ai soutenu moralement quand il a connu des difficultés personnelles. Il n’avait rien d’un fasciste caractérisé. C’était un spécialiste du Proche et du Moyen-Orient, à qui on avait même confié des missions semi officielles dans la région. [21]»

D’où vient alors l’argent ? Gérald Penciolelli a dirigé, hors presse, des affaires profitables, et il a les moyens de réinvestir des sommes importantes dans des aventures de presse plus ou moins militantes, peu ou pas du tout rentables.

Le financement du groupe de presse du Causeur ne témoigne pas des caprices individuels d’un mécène fortuné. En effet la multiplicité des actionnaires ne semble pas obéir à une logique de répartition des risques, ni a fortiori de partage de bénéfices inexistants, mais illustre un schéma de société « politique » que l’on retrouve derrière tous les patrimoines (constructions ou terrains), entreprises (à finalité politique ou seulement financière) ou publications de la Nouvelle Droite.

Evoquer les soutiens, des années durant, du groupe de Causeur, revient à exposer toute l’histoire de l’extrême droite, en France et dans ses réseaux internationaux, ses différents courants, ses liens avec des institutions étatiques françaises et étrangères, ses cultures politiques, spécialement du courant « Nouvelle Droite ».

Il ne s’agit donc pas d’histoire mais de la permanence militante et discrète de structures destinées à faciliter les entreprises éditoriales de ce courant. Et Causeur a de facto été une d’entre elles, qui s’est soldée par un demi échec. Les autres contribuent à réarmer intellectuellement et politiquement les droites radicales.

Blandine Hennion mentionne dans Le Front national, l’argent et l’establishment La découverte 1993, le Parrainage qu’Albert Beaufour, dirigeant des Laboratoires Beaufour, a accordé au Cercle Renaissance (cercle ami du FN). Elle mentionne aussi Pierre Fabre actuel patron de Sud Radio.

Quoi qu’il en ait été, on imagine mal des firmes pharmaceutiques inonder d’argent éléments qui annonçait en couverture de son numéro de juin 2020 « Big pharma, les labos, nouveaux barons de l’opium ». (Résumé voir lien)

Notes:

Dans cet article, qui fait suite à un précédent sur les controverses idéologiques parmi les courants d’extrême droite, René Monzat met au jour la situation et les soutiens financiers de la presse d’extrême droite, et s’arrête en particulier sur le groupe Causeur. Chercheur et militant antifasciste, ancien co-animateur du réseau Ras l’Front, René Monzat a écrit de nombreux livres sur les extrêmes droites, en particulier Enquête sur la droite extrême (Le Monde Éditions, 1992), Les Droites nationales et radicales en France (avec Jean-Yves Camus, PUL, 1992) ou encore Les voleurs d’avenir (Textuel, 2004).

René Monzat 21 décembre 2020

https://www.contretemps.eu/

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03 décembre 2020 ~ 0 Commentaire

trump (essf)

fired trump

T’es viré!

Déclaration (Etats-Unis) : La défaite de Trump brise l’élan de la droite autoritaire internationalement

• Les élections américaines ont sonné la défaite pour le projet de Trump. Biden a obtenu 80 millions de voix et 306 électeurs au collège électoral, soit une avance de plus de 70 en opposition à Trump. Malgré les difficultés imposées par la pandémie, ces élections enregistrent la plus forte participation depuis 1908. Cette large marge a rendu très difficile pour Trump de continuer à contester le résultat et a ouvert la voie à l’accession de Biden. Nous nous félicitons de la défaite de Trump, qui représente un affaiblissement des forces les plus réactionnaires et autoritaires de la planète.

• Pendant trois semaines, Trump a continué à ne pas reconnaître la défaite et à porter de fausses accusations de fraude. Mais en l’absence de tout plan et de toute organisation, c’était une bataille perdue d’avance pour renverser la procédure électorale. Il a perdu tout soutien, même au sein du parti républicain, et a été forcé d’accepter à demi-mots la victoire de Biden. Cependant, les théories conspirationnistes et la mise en cause dela procédure électorale qu’il continue à répandre ont un grand écho parmi ses électeurs, et contribueront certainement à dégrader davantage la démocratie déjà faible des États-Unis.

• Cela s’inscrit dans une tendance plus large qui voient des idéologies autoritaires, antiscien-tifiques et conspirationnistes se répandre rapidement dans de nombreux pays. Ces idées qui reflètent le désespoir de la situation et la méfiance à l’égard des institutions établies, sont animées et manipulées par les forces de l’extrême droite. En l’absence de mobilisations de masse et de victoires menées par des forces progressistes, ce type d’idées pourrait continuer à se répandre. Il nous appartient de tenter d’isoler ces courants, de les combattre et de les dénoncer par tous les moyens, car ils ouvrent la voie à l’autoritarisme le plus extrême.

• Dans ce contexte, la défaite de Trump est sans aucun doute une bouffée d’air frais, un événement qui brise l’élan de l’autoritarisme qui se répand dans le monde entier en Pologne, en Hongrie, en Turquie, en Inde, aux Philippines et au Brésil, vers l’élimination des plus puissants de ces nouveaux dirigeants autoritaires.

• La nouvelle administration Biden représente le business as usual de la démocratie américaine, où le gouvernement, qu’il soit républicain ou démocrate, sert les intérêts des grandes entreprises et de l’impérialisme américain.

Les premières nominations de son gouvernement montrent qu’il n’a pas l’intention de changer de cap, et qu’il continuera à isoler et à prendre ses distances avec les éléments de gauche émergents au sein du parti démocrate.

En même temps, les luttes sociales aux États-Unis se poursuivent : les infirmières, les ensei-gnants et des travailleurs essentiels des transports, de la distribution alimentaire et d’autres secteurs mènent des grèves, des manifestations et des actions pour protéger leur santé pendant la pandémie qui se propage maintenant de manière incontrôlée dans tout le pays.

Les Noirs et les Latinos, presque toujours soutenus désormais par des Blancs et des Asiatiques, continuent de protester contre la violence policière raciste que subissent toujours leurs communautés. Les énormes manifestations antiracistes ont impliqué environ vingt millions de personnes et ont fortement touché l’opinion publique, tout en suscitant un mouvement international.

• Dans d’autres parties du globe, les mouvements sociaux de masse et certaines victoires nous donnent également des raisons d’espérer que, malgré les revers et la répression, des mouvements populaires défensifs et revendicatifs continueront à voir le jour. Nous avons vu la victoire du MAS en Bolivie, qui a réussi à renverser un coup d’État soutenu par les États-Unis grâce à un soutien et une mobilisation populaires massifs.

Au Chili, le mouvement populaire a réussi à renverser la Constitution de Pinochet, ouvrant ainsi la voie à des changements plus profonds dans la société grâce à la mobilisation de masse. En Pologne, un mouvement de masse sans précédent mené par les femmes remet en question l’hégémonie réactionnaire du pays.

Au Brésil, la gauche a réussi une percée historique lors des élections municipales. En Thaïlande, au Bélarus et à Hong Kong, nous assistons à des mobilisations de masse, qui montrent que la population est prête à s’organiser et à lutter pour un avenir meilleur, malgré les difficultés, les obstacles et la répression de l’État.

• Malgré tout cela, la situation générale reste très difficile pour les classes populaires et les luttes d’émancipation. La deuxième vague de la pandémie frappe durement dans le monde entier, augmentant le nombre de décès et de personnes nécessitant des soins intensifs.

Les mesures imposées pour tenter d’arrêter la propagation du virus sont d’autant moins acceptées par les populations qu’elles sont considérées comme la conséquence de la mauvaise gestion des gouvernements qui n’ont rien fait pour étendre et renforcer les services de santé publique lors de la première vague de la pandémie.

• Le confinement total ou partiel a également des effets profonds sur l’économie, les pires projections devenant les scénarios les plus probables. Le coût de cette crise va être payé par les classes populaires avec une aggravation de leurs conditions sociales et économiques. Comme nous l’avons déjà dénoncé, les plus touchés seront celles et ceux qui sont déjà victimes de l’injustice sociale et économique, à savoir les communautés noires et ethniques, les migrants, les femmes et les LGBT.

• En outre, les gouvernements utilisent les mesures de confinement et les couvre-feux pour limiter et restreindre les libertés démocratiques, ce qui rend l’organisation et la mobilisation plus difficiles.

Néanmoins, même là où il n’y a pas de mouvements de masse comme au Chili ou en Thaïlande, il y a des luttes localisées sur les lieux de travail, dans les quartiers et les communautés qui montrent également le rejet de ces politiques de confinement répressives, ces poliques qui tentent de compenser les échecs des gouvernements à planifier la deuxième vague prévue et prévisible et favorisent de plus en plus clairement les grandes entreprises, même si certains secteurs (notamment l’hôtellerie et les voyages touristiques de masse) ont été sacrifiés dans une certaine mesure.

Là où les dépenses publiques ont été stimulées, c’est par une explosion de la dette publique qui aggrave le problème actuel et qui, en fin de compte, fait supporter tous les coûts à la classe ouvrière.

• Les féministes ont continué à s’organiser, en particulier, mais pas seulement, sur la question des violences faites aux femmes. L’augmentation de la violence domestique pendant les périodes d’enfermement a été évidente et a poussé certains gouvernements à mettre en place des programmes permettant aux femmes de dénoncer les incidents et de quitter un foyer partagé avec un partenaire violent. Ces mesures, comme les autres mesures de lutte contre la pandémie, sont insuffisantes et trop éphémères.

• L’un des secteurs qui concentre les contradictions est celui de l’éducation :il y a d’abord les risques de contamination en rassemblant différentes générations dans des conditions où les mesures de distance et de barrière physiques sont difficiles à mettre en œuvre. C’est aussi le droit pour les jeunes à une éducation décente alors que l’enseignement en ligne est une réponse insuffisante puisque les dispositifs, un accès internet fiable, des conditions de travail appropriées ne peuvent être garantis.

Et le droit pour les enseignants de travailler dans des conditions sûres et en leur fournissant les ressources techniques adéquates pour l’enseignement en ligne. Les gouvernements se servent de l’inquiétude populaire concernant le droit à l’éducation et l’avenir des jeunes pour maintenir les établissements d’enseignement ouverts malgré le danger réel que cela peut représenter dans la propagation du Covid-19.

• Le mouvement contre le changement climatique a continué à s’organiser, en utilisant des réunions virtuelles. Très vivant dans sa radicalité et sa diversité, il est bien placé pour demander des comptes à M. Biden quant à sa promesse que les États-Unis rejoindront la COP sous sa présidence. La lutte pour la justice climatique, pour la fin des émissions de carbone et pour une transformation profonde de notre système énergétique et de production, doit revenir au premier plan pour gagner une véritable alternative au système capitaliste et extractiviste.

• La question de la démocratie est placée au premier plan dans de nombreuses luttes actuelles, qui réclament le droit de décider, contre la montée de l’autoritarisme et contre la déconnexion des classes politiques et néolibérales de la souffrance des classes populaires. Nous travaillons à développer ces luttes en poussant à l’auto-organisation et à l’autodétermination.

• Nous soutenons et luttons avec enthousiasme pour la victoire des luttes et des mouvements, qu’ils soient locaux ou à un niveau plus large, et nous cherchons constamment à montrer leur convergence objective.

Nous dénonçons l’échec de tous les gouvernements capitalistes à répondre de manière adéquate à la pandémie, leur recours croissant aux théories complotistes, à l’idéologie réactionnaire et à l’autoritarisme.

Il est donc urgent de lutter pour des mesures structurelles anticapitalistes (expropriation des banques, big pharma, énergie…) et pour une taxation exceptionnelle des riches et des grandes entreprises : pour une alternative globale basée sur la justice sociale, économique, de genre et écologique.

Le Bureau exécutif de la IVe Internationale

mardi 1 décembre 2020

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22 novembre 2020 ~ 0 Commentaire

sarkozy (the guardian)

sarko

Nicolas Sarkozy sur le banc des accusés 

Enfin le « procès historique » sur la corruption

L’ancien président français est accusé d’avoir reçu des fonds illicites et de trafic d’influence. Sarkozy a vigoureusement nié toute malversation dans les enquêtes.

Nicolas Sarkozy, l’ancien président français, entrera dans l’histoire lundi lorsqu’il comparaîtra devant le tribunal accusé de corruption et trafic d’influence.

Cette affaire est la première de plusieurs enquêtes menées contre l’homme politique de droite qui a dirigé la France entre 2007 et 2012.  Il se présente devant les juges après des années de tentatives pour faire abandonner ou annuler les accusations.

Dans une affaire connue sous le nom d’ « affaire des écoutes », l’accusation allègue que Sarkozy et son avocat, Thierry Herzog, ont tenté de soudoyer un haut magistrat, Gilbert Azibert, pour qu’il leur remette des informations secrètes provenant d’une enquête distincte menée contre l’ancien dirigeant français. En retour, Sarkozy est accusé d’avoir proposé à Azibert de l’aider à obtenir un emploi confortable sur la Côte d’Azur.

Sarkozy a fait l’objet d’une série d’enquêtes judiciaires, allant d’allégations de financement illicite de la campagne par feu le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à la réception de prétendus pots-de-vin provenant de ventes d’armes au Pakistan.

Les policiers français ont commencé à surveiller les communications de Sarkozy en septembre 2013 dans le cadre d’une enquête sur des allégations selon lesquelles il aurait reçu un don non déclaré et illégal de 50 millions d’euros de Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007.

Les conversations enregistrées ont cependant orienté les enquêteurs dans une direction entière-ment nouvelle et inattendue. Ils ont révélé que l’ancien président et Herzog communiquaient « secrètement » à l’aide de téléphones portables enregistrés sous de faux noms. Le téléphone de Sarkozy a été attribué à un certain Paul Bismuth.

Des écoutes supplémentaires sur ces téléphones ont permis de capter des conversations suggérant que Sarkozy avait été en contact avec Azibert, alors membre de la Cour de Cassation – la plus haute cour de France – via Herzog pour demander des informations confidentielles sur une enquête séparée visant à déterminer si Sarkozy avait reçu des dons de l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, qui était malade.

Les enquêteurs ont saisi les agendas de Sarkozy dans le cadre de l’enquête Bettencourt, et l’ancien président aurait voulu qu’Azibert lui dise ce qu’ils comptaient en faire. En retour, il aurait promis de glisser un mot pour qu’ Azibert soit nommé dans une sinécure à Monaco.

L’affaire Bettencourt a finalement été abandonnée, mais l’enquête sur la corruption et le trafic d’influence avait alors été ouverte.

Sarkozy a toujours vigoureusement nié toute malversation dans toutes les enquêtes passées et présentes. Il a affirmé que les accusations de Bismuth étaient « une insulte à son intelligence ».

Herzog a également soutenu que l’écoute et l’enregistrement de leurs téléphones enfreignaient les règles de confidentialité avocats-clients, mais ses tentatives répétées pour faire rejeter les preuves ou faire classer l’affaire ont échoué.

Les trois défendeurs: Sarkozy, Herzog et Azibert, sont accusés de « corruption » et de « trafic d’influence ». Herzog et Azibert sont également accusés de « violation de secret professionnel ». Ils risquent tous jusqu’à 10 ans de prison et de lourdes amendes s’ils sont reconnus coupables.

Dans sa réquisition, le parquet national financier (PNF) a accusé Sarkozy de se comporter comme un « délinquant chevronné » et a accusé ses avocats de « paralyser » l’enquête par de nombreux recours.

Les partisans de Sarkozy, dont l’ancienne ministre de la justice Rachida Dati, ont, à leur tour, accusé le PNF, créé sous son successeur, le socialiste François Hollande, de dispenser une « justice politique ».

Fabrice Arfi, rédacteur en chef du site d’information Mediapart, qui a mené plusieurs enquêtes approfondies sur des allégations de corruption politique, a déclaré à l’Observer ( nom du Guardian le dimanche blog) que les tentatives de Sarkozy pour détourner l’attention et pour montrer du doigt le système juridique et politique étaient du « populisme pur ».

« C’est un procès historique pour la justice en France car c’est la première fois qu’un président comparaîtra devant un tribunal accusé de corruption. C’est absolument crucial et probablement le plus grand test auquel les juges anticorruption français sont confrontés », selon M. Arfi.

« Sarkozy est en procès mais, au lieu de répondre aux accusations, ce qu’il a essayé de faire, c’est de montrer du doigt le système judiciaire français et de lui faire un procès. Nous avons un ancien président qui se comporte comme Berlusconi et Trump ».

Sarkozy devrait comparaître l’année prochaine dans une autre affaire, l’ « affaire Bygmalion », dans laquelle il est accusé d’avoir dépensé trop d’argent pour sa réélection en 2012. Aucune date n’a été fixée dans les autres enquêtes liées à Sarkozy.

Kim Willsher  Dim 22 Nov 2020

https://www.theguardian.com/

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12 novembre 2020 ~ 0 Commentaire

de gaulle (lutte ouvrière)

De Gaulle

De Gaulle : le grand homme du capitalisme français

À l’occasion des cinquante ans du décès de De Gaulle le 9 novembre 1970, une pléthore d’hommages, intéressés de la part de Macron, mais aussi de toute une partie de la classe politique, se sont concrétisés par des émissions spéciales, des feuilletons, etc.

C’était donc la semaine de Gaulle, le « grand homme », reconnu comme tel à droite, certes, mais aussi à gauche.

L’histoire de De Gaulle est celle d’un homme qui a cherché de tous côtés, de l’extrême droite à la collaboration avec le Parti Communiste, à se placer comme serviteur de cette bourgeoisie française quelque peu décrépite.

Après la guerre de 1914-1918, de Gaulle a poursuivi sa carrière militaire. Il fut envoyé en Pologne en 1919 pour aider le gouvernement à combattre les bolcheviks, c’est-à-dire la révolution prolétarienne de Russie qui menaçait de s’étendre à l’ouest.

Au début de la Deuxième Guerre mondiale, ayant entamé une carrière politique, il se plaça pour tenter de représenter la bourgeoisie française auprès de l’alliance anglo-américaine. Pétain se faisait, lui, le représentant de cette même bourgeoisie française, mais auprès de l’impérialisme allemand, vainqueur de la première manche. C’était l’aigle à deux têtes.

C’est le Parti Communiste qui conféra à de Gaulle son image populaire et le crédit dont il avait besoin auprès des Alliés, en collaborant avec lui au travers de la Résistance jusqu’à entrer dans son pré-gouvernement en 1943.

Le ressentiment populaire était ainsi tourné exclusivement contre le régime de Pétain. Il fallait assurer la reconstruction de la France, c’est-à-dire le maintien par la force de l’Empire colonial et la remise sur pied des forces productives au profit des capitalistes français, au prix des sacrifices de la classe ouvrière.

La force de De Gaulle consista à savoir utiliser le crédit du PCF pour défendre les intérêts généraux de la bourgeoisie. Ce n’était pas un coup de génie personnel, mais une politique appliquée avec le même succès de l’Italie au Japon en passant par la Belgique, avec l’accord du grand frère américain et les bons offices de Staline.

Mais le rêve de De Gaulle était de réussir à instaurer un régime autoritaire et anti-ouvrier en France.

C’est pourquoi, dès sa sortie du gouvernement d’union nationale, en 1946, il construisit un parti quasi fasciste, le RPF, faisant la chasse aux communistes. Après d’éphémères succès électo-raux, entre 1947 et 1954, le RPF s’effondra et de Gaulle disparut de la scène.

En 1958, de Gaulle se présentait comme un recours face à une 4è République instable et incapable de donner une solution politique à la guerre d’Algérie. L’armée d’Algérie, insurgée contre le gouvernement le 13 mai 1958, fit acclamer son nom par la foule des Pieds-Noirs. De Gaulle fut alors appelé à constituer un gouvernement et donc, de fait, porté au pouvoir par un putsch militaire.

Après une intensification de la guerre, il allait négocier l’indépendance de l’Algérie en imposant ses conditions. Il profita de ce succès pour instaurer le régime présidentiel fort qui prévaut encore aujourd’hui.

En mai 1968, la grève générale de la classe ouvrière, déclenchée par la jeunesse étudiante, allait précipiter la relégation du grand homme. Il dut partir moins d’un an plus tard, trahi par les politiciens de droite à l’occasion de son dernier référendum.

Mais en 1968, encore une fois, de Gaulle avait su, avec son gouvernement, utiliser la coopéra-tion des dirigeants de la CGT et du PCF pour imposer la fin de la grève au moindre coût pour la bourgeoisie.

Au cours d’une très longue carrière militaire puis politique, sous divers oripeaux et dans des situations délicates, son autorité servit à garantir la stabilité et la continuité du pouvoir de la bourgeoisie française.

Il est logique qu’il soit reconnu aujourd’hui comme un modèle par tous ceux qui font profession de servir les possédants. Pour les travailleurs, il n’aura été qu’un ennemi de classe de plus.

Paul SOREL 11 Novembre 2020

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09 novembre 2020 ~ 0 Commentaire

de gaulle et mai 68 (pierre franck)

De Gaulle

La crise fondamentale du capitalisme français

Pour comprendre la signification historique de Mai 1968, Il faut exposer à grands traits la crise du capitalisme français. La crise majeure du capitalisme français a commencé après la première guerre mondiale.

Au cours d’une partie du 19è siècle, la France était encore la deuxième puissance économique du monde. Après 1918, en dépit des avantages qu’elle avait retirés du traité de Versailles, elle n’était plus qu’une nation de second ordre, qui avait en outre subi une saignée abondante. Le capitalisme français devait se reclasser aux dépens des travailleurs ou bien ceux-ci devaient l’éliminer.

La crise ainsi engendrée a pris des formes spectaculaires à partir des années1930. On a assisté à une succession de grandes convulsions dans lesquelles le régime politique a plusieurs fois changé.

Citons-les : le 6 février 1934, coup de force de la droite qui porte atteinte pour la première fois au régime parlementaire et à la 3è République ; juin 1936, poussée à gauche, première occupation des usines ; 1939-40 coup de barre à droite, renversement de la 3è République et établissement du régime de Vichy ; 1945-47, nouvelle poussée à gauche au lendemain de la guerre et établissement de la 4è République.

1958, coup de force à Alger, arrivée au pouvoir de de Gaulle et instauration de la 5è République. Dans cette succession, Mai 1968 se situe comme le début d’une nouvelle poussée à gauche qui vise au renversement du régime gaulliste et ouvre la perspective d’une République socialiste.

Dans chacune des poussées à droite, le capitalisme français n’a pas été capable, de conduire son offensive jusqu’à imposer une solution fasciste, comportant un écrasement de la classe ouvrière, l’élimination complète de ses organisations, une décimation impitoyable de ses cadres.

La plus stable d’entre elles a été le régime gaulliste qui a réussi à tromper pendant un temps une partie des masses sur sa véritable nature du fait qu’il a mis un terme à la guerre d’Algérie, qu’il a eu une politique internationale démagogique, qu’il était soutenu par les gouvernements de nombreux pays récemment décolonisés et, aussi, par ceux des États ouvriers, notamment par celui de l’Union Soviétique qui voyait en lui un élément de dislocation de l’alliance atlantique et un allié possible pour la « coexistence pacifique ».

Par contre, dans chacune des poussées à gauche, les ouvriers en premier lieu et les masses laborieuses en général n’ont jamais manqué de militantisme, de combativité. A chaque fois, Ils n’ont pas été jusqu’à renverser le capitalisme, uniquement parce que les directions des organisations de masse ne leur ont pas demandé de le faire.

« Il faut savoir terminer une grève », déclarait Thorez en 1936. Cette fois-ci, en Mai 1968, Séguy (CGT)  n’a pas eu la possibilité chez Renault de poursuivre son discours jusqu’à dire « Il faut savoir terminer une grève » ; il a été obligé de changer d’orientation au cours même de son discours.

Dans chacun des grands mouvements du prolétariat français, un élément a joué le rôle de détonateur pour le déclencher. En Mai 1968, le détonateur a été constitué par la lutte des étudiants. Rien ne serait plus trompeur que de donner à cette lutte la caractéristique de classe « petite bourgeoise » sous prétexte que les étudiants seraient en grande majorité des fils de bourgeois ou de petits-bourgeois.

Par contre, en mai 1968, l’expérience a montré – au Champ de Mars, à la gare de Lyon, à la manifestation du stade Charléty, à la manifestation du Montparnasse à Austerlitz – que les fameux « enragés », « groupuscules », « provocateurs », etc., selon qu’on se réfère au vocabulaire du gouvernement, de L’Humanité ou d’autres, étaient certes encore une minorité, mais pas du tout une minorité insignifiante. Cette minorité était capable de regrouper dans des manifestations des dizaines de milliers de personnes, tenant tête de façon efficace aux forces de répression de l’ordre bourgeois.

La direction bourgeoise

Une situation révolutionnaire est également marquée, selon Lénine, par une incapacité de la bourgeoisie à diriger le pays. Qu’en a-t-il été au cours du mois de Mai 1968 en France ? Il est de notoriété publique que la direction bourgeoise, elle aussi, a été défaillante.

Laissons de côté les voyages à l’étranger de Pompidou et de de Gaulle, qui témoignaient de leur fuite devant la situation. Le mutisme quasi total de ces deux hommes n’a pas été le produit d’un calcul. Le mouvement étudiant, puis celui des ouvriers ont dépassé tout ce que la bourgeoisie avait connu dans son histoire.

On a parlé de divers côtés, notamment dans un journal comme Le Monde, réputé pour le sérieux de ses analyses, des « erreurs » du pouvoir. C’était oublier les leçons de l’histoire qui montre qu’un régime à bout de souffle commet de telles « erreurs » du simple fait que chacun de ses actes se retourne contre lui.

Tout comme les directions ouvrières, la direction du capitalisme français se trouvait dépassée, débordée. De Gaulle a réellement eu la pensée de se retirer. On peut croire son interview à la radio sur ce point. Les déclarations de Mitterrand, de Mendès-France, de Giscard d’Estaing et de plusieurs autres, (le 28 mai, correspondaient également à une telle intention. Le monde politique bourgeois était ces jours-là à la recherche d’une solution de rechange.

C’est seulement lorsqu’il se trouva dans une situation extrêmement difficile, presque désespé-rée, que de Gaulle qui est un tacticien politique d’envergure, décida de procéder avec la plus grande hardiesse.

Le mouvement était près de briser la digue. De Gaulle comprit que, dans ces circonstances, le coup de pouce final ne viendrait que si la direction opposée le donnait. Sur sa seule spontanéité, sur ses forces privées de direction, le mouvement avait avancé beaucoup plus loin que personne ne pouvait l’imaginer.

N’ayant d’autre part que mépris pour les « politiciens au rancart », du type Mollet ou Mitterrand, il décida de les effrayer tous. Il accusa le P.C.F. d’une politique qu’il n’avait pas la moindre inten-tion de suivre, menaça d’une répression qui fit trembler les échines de ces leaders, et leur offrit des élections en échange du torpillage du mouvement. Des élections, ces hommes se retrou-vaient sur leur terrain de prédilection ! C’est ainsi que de Gaulle sauva in extremis son régime.

Il n’y a pas eu de sa part une opération préméditée de longue date. Il a procédé à une improvi-sation de dernière heure, une improvisation très habile qui a produit un effet certain.

Pierre Franck Mai 68  / vendredi 1er janvier 2010

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19 octobre 2020 ~ 0 Commentaire

conflans (révolution permanente)

macron

Conflans. Macron et son unité nationale  

Après l’ignoble décapitation d’un enseignant, le gouvernement n’a pas tardé à instrumentaliser le drame pour tenter de bâtir une « union nationale » réactionnaire.

Après le crime abominable de Eragny, les échos de l’appel à « l’union nationale » de Macron

La décapitation d’un enseignant hier à Eragny, crime abominable, a choqué très largement. D’après les premiers éléments disponibles, l’enseignant aurait été visé par un jeune homme d’origine tchétchène qui aurait appris sur les réseaux qu’il avait montré en classe des caricatures de Mahomet et décidé de l’assassiner.

Cette affaire fait suite à une polémique générée à l’intérieur du Collège du Bois d’Aulne de Conflans-Saint-Honorine, où selon le témoignage de parents d’élèves, le professeur aurait demandé aux élèves musulmans de sortir de son cours pour y montrer deux des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, suscitant l’indignation de parents qui ont relayé leur colère sur les réseaux sociaux, avant que celle-ci ne leur échappe.

Face à ce drame, l’extrême-droite puis le gouvernement n’ont pas tardé à tenter d’instrumenta-liser. Après les multiples déclarations racistes de figures d’extrême-droite, Emmanuel Macron a pris la parole depuis le lieu du meurtre.

Après avoir rendu un hommage hypocrite aux enseignants pour essayer de leur faire oublier le mépris qu’il leur témoigne au quotidien avec le manque de moyen dans les établissements scolaires, la souffrance au travail, et la répression de ceux qui relèvent la tête malgré tout, le Président de la République a appelé à l’union nationale : « Nous ferons bloc, ils ne passeront pas. Ils ne nous diviseront pas. J’appelle l’ensemble de nos compatriotes à faire bloc, à être unis. »

Un appel qui a résonné dans le champ politique bourgeois, puisque Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat expliquait dès le lendemain sur France Info que « Les Républicains des deux rives doivent se tendre la main », tandis que François Hollande appelait à « l’unité » face « à la barbarie et à l’obscurantisme » et que le Parti Socialiste appelait à « une manifestation d’unité de la Nation » derrière les organisations d’enseignants et de parents d’élèves.

Du côté de l’extrême-droite, c’est pour le moment le déchaînement islamophobe contre « les jeunes musulmans » et la condamnation de « l’inconséquence » supposée du gouvernement qui prime. Au « ils ne passeront pas » d’Emmanuel Macron, Marine Le Pen a ainsi répondu sur Twitter « ils sont déjà là ». Tandis que, sur BFM TV, Jordan Bardella accusait la communauté musulmane de « communautarisme de conquête pour imposer à l’ensemble de la société française leurs interdits », et demandait la démission d’une députée MODEM qui avait évoqué une « erreur » du professeur après le drame. (…)

Face à un crime abominable, aucune concession au gouvernement et à l’« unité nationale » !

Alors que depuis la rentrée, Emmanuel Macron mène une offensive sécuritaire et islamophobe pour tenter de s’ancrer à droite, l’assassinat d’un enseignant apparaît comme une opportunité pour le pouvoir de tenter de se relégitimer y compris vis-à-vis de l’aile gauche de son électorat de 2017.

De fait, Macron compte bien profiter du symbole que constitue cette attaque perpétrée contre un professeur pour tenter de coopter le corps enseignant, alors même que les travailleurs de l’Education Nationale se sont largement opposés aux réformes successives du gouvernement et dénoncent une rentrée dans des conditions sanitaires indignes.

Dans ce cadre, toute concession à l’appel à l’union nationale du gouvernement conduit non seulement à masquer sa responsabilité dans le climat islamophobe actuel – qu’il a instauré et attisé, alimentant les tensions sociales qui mènent à de véritables drames – mais aussi à appuyer la récupération politique du gouvernement et son opération séduction en direction des enseignants. En n’offrant aucune alternative à gauche, la position de Jean-Luc Mélenchon constitue ainsi un véritable cadeau au gouvernement, en plus d’être inadmissible par principe.

De fait, traditionnellement mobilisée par les classes dominantes au lendemain d’événements traumatisants, à l’image des attentats terroristes, l’« union nationale » est un piège. Cette injonction à l’unité vise en effet à profiter des « chocs », de la guerre, d’événements tragiques, pour mettre sous le tapis les oppositions qui traversent et structurent la société.

L’opposition, par exemple, entre les exploités qui subissent la crise, le chômage, la pauvreté, et le patronat, que le gouvernement n’a cessé de gaver à coup de milliards ces derniers mois. Les oppositions racistes et islamophobes également, celles-là même que le gouvernement alimente par sa campagne récente qui attise la haine des musulmans et les tensions sociales, faisant le lit de l’ultra-violence des fanatiques.

Si les dominants ont intérêt à dissimuler ces divisions qu’ils entretiennent à l’ordinaire, répondre à leur injonction conduit nécessairement, pour ceux qui les subissent, à désarmer et à se rendre incapable de mener la lutte résolue qu’appelle au contraire cette situation.

En effet, ce n’est pas l’union nationale avec ce gouvernement raciste, avec la droite et l’extrême-droite, qui permettra d’en finir avec ces actes mais une politique radicalement différente, pour l’éducation, pour l’emploi, le logement, en complète opposition avec ce qui se fait depuis des décennies, ainsi que d’une lutte résolue contre l’exploitation et les oppressions, notamment l’islamophobie, qui font le lit de la violence.

Une lutte que les organisations syndicales du mouvement ouvrier, de l’éducation et de la jeunesse ainsi que la gauche devraient prendre en charge de façon claire, en toute indépendance du gouvernement et des forces qui ne cessent d’attiser la haine pour mieux instrumentaliser et nous diviser en tirant profit avec cynisme d’événements abominables.

https://www.revolutionpermanente.fr/

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Commentaire:

Révolution Permanente est un courant du NPA

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