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16 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Vente à Perte? (Reporterre)

porcs mac

Revenu des agriculteurs : cette loi espagnole pourrait inspirer la France

L’interdiction de la « vente à perte » existe, dans la loi espagnole, depuis 2021. Álvaro Areta García, expert pour le Comité de l’agriculture des Nations unies, dresse un premier bilan de cette mesure protectrice.

Des prix rémunérateurs ! Cette revendication lancinante des agriculteurs de toute l’Europe refait surface avec les manifestations paysannes prévues la semaine du 18 novembre.

En France, la loi Egalim prévoit depuis 2018 un « tunnel de prix » (ou une fourchette), en dessous duquel un acheteur ne peut pas descendre lors d’une transaction. Mais de l’avis général, ces prix ne prennent pas suffisamment en compte les coûts réels de production et les contrôles sont insuffisants. La vente à perte reste une réalité pour de nombreux agriculteurs.

De son côté, l’Espagne a légiféré dès 2013 avec la loi « chaîne alimentaire », qui a été renforcée en 2021 et permet désormais de fixer des prix équitables, exploitation par exploitation. Álvaro Areta García, membre de la Coordination européenne Via campesina et responsable technique au Comité de l’agriculture (COAG), l’un des organes directeurs de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, nous l’explique.

Reporterre — Comment fonctionne concrètement la loi « Cadena alimentaria » (chaîne alimentaire) ?

La loi espagnole sur la chaîne alimentaire, en place depuis plus de dix ans, vise à rendre les relations commerciales entre producteurs et acheteurs plus transparentes et équitables. Elle impose la rédaction de contrats écrits, contenant des informations essentielles comme les conditions de livraison et les prix. Ce cadre contractuel a renforcé la sécurité juridique et facilité les négociations. En décembre 2021, cette loi a été modifiée pour introduire un changement majeur : il est désormais interdit de « détruire la valeur » dans la chaîne alimentaire.

Concrètement, cela signifie que le prix négocié entre les parties doit être au moins supérieur aux coûts de production des agriculteurs. Cela marque un tournant culturel, car auparavant, les prix étaient fixés en fonction du prix payé par les consommateurs, souvent au détriment des producteurs.

Cette nouvelle approche oblige à réorganiser la chaîne de valeur de manière plus juste, en partant des coûts des producteurs. Ce changement est difficile à appliquer et suscite des résistances, mais il vise à instaurer une rémunération équitable à chaque maillon de la chaîne.

Comment les prix sont-ils calculés ?

La loi exige que le prix de vente couvre les coûts de production spécifiques de chaque producteur. Cela implique que les producteurs connaissent leurs coûts de production. C’est un effort supplémentaire pour eux, mais en fin de compte, cela leur permet d’être clair sur leur niveau de rentabilité : à partir de quel prix commencent-ils à gagner ou à perdre de l’argent ? Cette question, qui devrait être naturelle dans toute entreprise, n’était parfois pas si claire dans le cas du secteur de la production.

Que se passe-t-il si le prix proposé par l’acheteur reste inférieur aux coûts de production ?

Si un producteur estime être payé en dessous de ses coûts, il peut déposer une plainte, mais il doit fournir des preuves comptables, comme des factures, pour étayer sa réclamation. Cela permet d’éviter une confrontation parole contre parole. Les plaintes peuvent également être anonymes. Des organisations agricoles comme le COAG peuvent déposer une plainte au nom des producteurs, tout en garantissant la confidentialité des informations fournies.

Une fois la plainte reçue, l’autorité compétente mène une enquête d’office pour vérifier les faits et, si nécessaire, ouvre un dossier, tout en préservant l’anonymat du plaignant.

Y a-t-il des cas d’infraction majeure et quelle est la manière dont les autorités compétentes les traitent ?

Les infractions majeures dans le secteur agroalimentaire en Espagne sont principalement liées à des hausses de coûts provoquées par des facteurs géopolitiques, comme la guerre en Ukraine, plutôt qu’à l’application de la loi de la chaîne. Ces augmentations de coûts ont été répercutées dans la chaîne, causant une inflation indépendante de la loi.

Pour y répondre, les autorités espagnoles ont mis en place des mesures de soutien, telles que des subventions pour les coûts de production, des réductions de TVA sur certains produits de base et des aides pour compenser l’augmentation des coûts de production.

Dans quel contexte a été établi cette loi ?

Le secteur agricole a connu des difficultés économiques persistantes, principalement en raison de la dérégulation des marchés et de la suppression de mécanismes liés à la Politique agricole commune, qui contribuaient à stabiliser les prix. Combiné à la concurrence accrue des importations à bas prix, cela a fragilisé les revenus des producteurs locaux. Beaucoup d’agriculteurs sont menacés de faillite.

Face à cette situation, de nombreuses mobilisations ont éclaté en 2020, avant la pandémie, exigeant des prix équitables au-dessus des coûts de production. Ces pressions ont conduit le gouvernement à adopter des mesures protectrices, dont la loi sur la chaîne alimentaire, malgré l’interruption des manifestations en raison de la crise sanitaire. Cette législation répond également à la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales, qui impose des règles générales pour tous les États membres, tout en permettant des mesures plus strictes pour ceux qui le souhaitent.

Un consensus existe au sein du secteur agricole, bien que des divergences apparaissent sur l’application pratique de cette mesure et la manière de calculer précisément les coûts.

L’adoption de la loi a été rendue possible grâce à une large majorité parlementaire. La plupart des groupes politiques — y compris ceux du gouvernement, ses partenaires, et même certains membres de l’opposition — étaient favorables et sinon, se sont abstenus sans manifester d’opposition généralisée.

Les agriculteurs espagnols sont-ils, ainsi, mieux protégés que les agriculteurs français ?

Les agriculteurs espagnols semblent mieux protégés, mais il est encore trop tôt pour évaluer pleinement l’efficacité de cette loi. Désormais, dans certaines négociations, les producteurs peuvent mettre en avant leurs coûts et s’appuyer sur des études publiques pour justifier des prix de vente, facilitant ainsi une véritable négociation. Les premières sanctions ont été imposées à des entreprises pour achat en dessous du coût de production, montrant un début d’application concrète de la loi. Des pénalités importantes ont déjà été imposées.

« L’agriculture espagnole reste compétitive »

On assiste à un changement de mentalité dans le secteur producteur. Il prend davantage conscience de ses coûts de production, gagne en capacité de négociation et a la possibilité de dénoncer les abus, même si la mesure n’a pas résolu tous les problèmes.

Dans une économie mondialisée, les acheteurs ne risquent-ils pas d’aller se fournir ailleurs ?

Une critique estime que des prix trop élevés pourraient inciter les acheteurs à se tourner vers d’autres pays. La question est plutôt : pourquoi les coûts de production sont plus bas dans d’autres pays ? Pour une concurrence équitable, les produits importés devraient respecter les mêmes standards. Pour autant, les chiffres ne confirment pas une perte de compétitivité pour les producteurs espagnols. Les exportations agroalimentaires espagnoles atteignent des records chaque année, ce qui indique que l’agriculture espagnole reste compétitive malgré la loi de la chaîne.

Cette loi pourrait-elle contribuer à s’éloigner du modèle productiviste, en intégrant des enjeux écologiques, ou risque-t-elle au contraire de conforter ce modèle ?

Cette loi n’intègre pas directement d’objectifs écologiques. Cependant, elle protège les coûts de production des agriculteurs, ce qui pourrait encourager les types d’agricultures soucieuses de l’environnement. Indirectement, elle peut donc être bénéfique pour l’écologie, même si son objectif premier n’est pas spécifiquement environnemental mais plutôt la rentabilité des producteurs.

VIF DÉBAT EN FRANCE SUR LE « PRIX PLANCHER »

Le débat français sur les moyens d’améliorer le revenu des agriculteurs tourne notamment autour de l’idée d’un « prix plancher », qui serait fixé par l’État. Les syndicats de petits producteurs, comme la Confédération paysanne et le Modef, et les partis de gauche, portent depuis plusieurs années cette revendication, rejetée par la FNSEA et la Coordination rurale, syndicats agricoles conventionnels.

Emmanuel Macron l’a reprise oralement à son compte en février 2024, en pleine crise agricole, mais s’y est finalement opposé lors de son examen au Parlement au printemps.

https://reporterre.net/

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11 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Agroluttes (Contre l’usine à tomates)

agro

 STOP AGROCARE -

Manifestation et soirée festive samedi 16 novembre 2024

de 13:00 à 23:59
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La Confédération paysanne de la Manche appelle à un rassemblement de protestation le samedi 16 Novembre à 13h à Isigny-le-Buat suivie d’une soirée festive avec repas.

Sur la commune d’Isigny-le-Buat, la multinationale hollandaise, Les Maraîchers de Normandie souhaite étendre ses serres à tomates géantes, pour passer de 12 à 32 hectares, soit l’équivalent de 46 terrains de football, et en faire ainsi la plus grande usine à tomates d’Europe !

Son objectif : « doubler sa production à l’international et atteindre 1 000 ha de serres chauffées d’ici 2030.

https://agenda.terresdeluttes.fr/

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11 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Forêt ( France Info)

arbres
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« En France, le puits de carbone a diminué de 50% » : menacée, la forêt absorbe de moins en moins de CO2
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Alors que la COP29, sommet international sur le climat s’ouvre en Azerbaïdjan, Franceinfo se focalise sur l’état des massifs forestiers français qui se détériore alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique.

Le climat est au cœur de la COP29, qui s’ouvre lundi 11 novembre à Bakou en Azerbaïdjan. Pour limiter l’impact de nos émissions de gaz à effet de serre, la forêt reste un puits de carbone essentiel. Mais ce puits est menacé et, en France notamment, il ne remplit plus son rôle aussi efficacement.

Pour se rendre compte de la situation forestière française, direction les massifs des Vosges du Nord, aux alentours de Bitche, en Moselle.« Vous voyez qu’il y a des arbres qui sont marqués à la peinture rouge, qui sont mourants ou en très très mauvais état, décrit en connaisseur Hubert Schmuck, agent de l’Office national des forêts (ONF). Au-delà de la Croix-Rouge, il y a des endroits où l’écorce est en train de tomber. Et quand on regarde d’un peu plus près sous l’écorce, là, on voit que le tronc est déjà sec. C’est-à-dire qu’il y a déjà plus de circulation de sève. »

« 2015, 2016, puis surtout 2018, 2019, 2020 et 2021 ont vraiment été des années terribles. » Hubert Schmuck, agent ed l’ONF à propos des sécheresses et des canicules à franceinfo

Un manque d’eau et des températures trop élevées rendent le dépérissement des arbres parfois inévitable. « On a vu des exemples de feuilles qui ont roussi en quelques jours, en particulier en 2019, quand les températures dépassaient 37, 38, 39 degrés. À un moment donné, elles ne résistent pas », se désole l’agent de l’ONF.

Pour un autre chêne, c’est irréversible. « Celui-là, il est mort, donc il ne va pas ressusciter, confirme Hubert Schmuck. Les bûcherons vont arriver d’ici quelques jours ou semaines pour l’abattre. Un chêne comme ça, de qualité, peut devenir un merrain pour faire vieillir du bon vin. » Cette situation de crise ne concerne pas que les arbres vosgiens. D’après l’IGN, l’Institut de l’information géographique et forestière, la mortalité des arbres a doublé en 10 ans dans l’ensemble du pays.

Les arbres mourants ne peuvent plus stocker de carbone. « Il faut comprendre que la photosynthèse des plantes va prendre du CO2 dans l’atmosphère, explique Marc-André Selosse, professeur au Muséum d’Histoire naturelle de Paris.

C’est ça fixer du carbone et faire du bois, des feuilles. Quand ça tombe par terre, comme en ce moment, à l’automne on en a plein sous les pieds, on a plein de feuilles mortes, on a du bois mort et c’est ce qui fait que le sol est noir. Tout le temps où ce carbone est dans de la matière organique, dans la plante ou dans le sol, il n’est pas dans l’atmosphère. Il n’est pas sous forme de CO2, il est stocké. »

Les scolytes qui rendent les arbres malades

Au sein de la forêt domaniale de Mouterhouse, en Moselle, Hubert Schmouk de l’ONF montre les conséquences de l’autre menace qui pèse là sur les épicéas du Grand-Est. Une menace elle aussi liée aux sécheresses : les scolytes, des insectes ravageurs, qui profitent de la faiblesse des arbres. Il s’arrête devant des troncs d’épicéas fraîchement coupés et empilés en bord de chemin.

« Là, ils ont tous été coupés dans la parcelle derrière nous et on voit un grand vide. En fait, ils ont été coupés parce qu’ils étaient morts, explique-t-il. L’idée, c’est que ces galeries-là qu’on voit, ce sont les galeries maternelles, là où les femelles sont allées pondre, et les larves, au fur et à mesure qu’elles grandissent, elles avancent, elles progressent et leur galerie s’élargit. » La situation de crise et d’épidémie est donc déclarée. Le seul moyen de lutter contre cette propagation des scolytes, c’est de couper et de récolter le bois.

Mesurer le déclin de ce puits de carbone qu’est la forêt, c’est le travail notamment de Philippe Ciais, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. « À l’échelle globale, oui, les forêts continuent à absorber beaucoup de carbone. Aujourd’hui, les forêts sont le puits de carbone principal, nuance-t-il. Mais observe en Europe que ce puits de carbone,a diminué d’à peu près 30%.

Dans des pays comme la France, il a même diminué de 50%. Quand ça allait bien, il y a cinq ans, c’était à peu près 15% de nos émissions qui étaient en quelque sorte neutralisées ou absorbées par la forêt. Ce n’était pas rien. En divisant par deux, c’est 7% ou moins de 10% des émissions seulement qui sont absorbées par la forêt. »

Pour renforcer ces puits de carbone, l’Union européenne prévoit de planter trois milliards d’arbres d’ici 2030. Mais de l’aveu des spécialistes, cela ne sera pas suffisant pour guérir nos forêts.

11/11/2024

https://www.francetvinfo.fr/

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06 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Pais Valencia ( NPA)

Pais Valencia ( NPA) dans A gauche du PS
© EFE / EP (Diario de Noticias)
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Il ne s’agit pas d’une catastrophe «naturelle».

Si j’écris ces réflexions, c’est parce que beaucoup de mes proches, qui vivent en dehors de Valence, m’ont appelé ces jours-ci pour me demander comment les choses se passaient ici et comment ils pouvaient m’aider. Je tiens à les remercier pour leur intérêt. Ils savent que si nous ne nous organisons pas pour nous soutenir mutuellement et si nous ne dénonçons pas la lenteur, voire la paresse et l’incurie de l’État, nous sommes dans le pétrin.

Valence aujourd’hui, plus d’une semaine après les inondations :

Des cadavres indéterminés pourrissent dans les fossés des ravins, dans la mer ou dans des garages, anéantis par l’eau et la boue. Des rapports scientifiques vieux de plusieurs décennies sur les effets prévisibles du changement climatique sur les zones inondables ignorés.

Des dizaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, avec des balais, des pelles et de la nourriture, tentant d’atténuer les effets des inondations, plongées jusqu’au cou dans la boue et la désolation.

Des millions d’investissements publics pour le tourisme et zéro pour les infrastructures indispensables pour canaliser les ravins et les rivières qui débordent.

Des logements à prix d’or inaccessibles aux classes moyennes et inférieures qui se rabattent sur les communes périphériques. Des hommes d’affaires focalisés sur leur profit malsain qui ne cherchent qu’à sauver leur pacotille et à se faire prendre en photo.

Des militaires et des policiers déguisés en héros dans le théâtre médiatique, qui veillent et tentent de faire rétablir les routes et les chemins de fer pour que nous puissions revenir à la normale, c’est-à-dire pour que les habitants du quartier puissent se rendre à leur travail à l’heure. Des politiciens incompétents qui cherchent à fuir leurs responsabilités et abandonnent à leur sort les habitants des communes inondées.

Un Etat soucieux de ne pas être éclaboussé par la boue et la misère à laquelle il condamne les victimes de toutes sortes : celles qui ont perdu leur maison, leur santé et leur mode de vie, celles qui ont perdu leurs proches, dont certains sont toujours portés disparus, enterrés dans des garages, dans la boue accumulée ou flottant dans la mer.

Une ville traumatisée et en état de choc par une catastrophe dont on s’obstine à répéter qu’elle est naturelle, alors que la grande majorité de ses effets et de ses victimes auraient pu être évités. Même le mauvais gouvernement qui est censé nous gouverner n’a pas été en mesure d’alerter à temps et, lorsqu’il l’a fait, dans certains cas, c’était pour transformer les garages, les ravins, les rivières et les rues en pièges mortels.

Le pire, c’est que personne ne sera puni pour cela. Ils cherchent et chercheront des boucs émissaires parmi quelques centaines de personnes qui ont pillé principalement des magasins et des centres commerciaux. Les chefs d’entreprise qui n’ont pas fait sortir à temps leurs salariés des souricières dans lesquelles ils étaient enfermés, ou les hommes politiques responsables du chaos, au mieux, et seulement certains d’entre eux, démissionneront ou seront licenciés pour sauver la face et tenter de contenir la colère et l’indignation sociale.

La population choquée, comme dans tant de catastrophes, demandera de l’aide à ses bourreaux et ceux-ci feront des affaires avec l’après-catastrophe, dont nous paierons les factures avec nos impôts. L’histoire récente des électrochocs collectifs se répète : guerres, pandémies, inondations, tsunamis ont été, sont et seront le scénario idéal pour tirer profit de la reconstruction.

Demain, nous viendrons à nouveau prêter main forte à ceux qui en ont besoin et, surtout, tenter de faire sentir aux victimes qu’elles ne sont pas seules, au moins pour l’instant, face à ce drame et à cette impuissance qui auraient pu être largement évités et que les discours et les mesures palliatives qui sont appliqués sont bien loin de l’application de changements structurels pour que cela ne se reproduise plus.

Espérons que la manifestation du 9 (exigeant la démission du président de la Comunitat del País Valencià) sera un avant et un après dans la gestion des effets et des raisons du changement climatique, sinon, et surtout les classes vulnérables, nous l’avons très mal.

Publié par Viento Sur le 5 novembre 2024   6 novembre 2024 par Cesar Manzanos

https://inprecor.fr/

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29 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Lithium (Reporterre)

Cauchemar des pompiers, les incendies de batteries lithium-ion se multiplient

Cauchemar des pompiers, les incendies de batteries lithium-ion se multiplient

Véhicules électriques, smartphones, cigarettes électroniques… Notre quotidien regorge d’objets alimentés par des batteries lithium-ion, dont le pouvoir incendiaire redoutable provoque de plus en plus d’accidents.

Avez-vous un smartphone, un ordinateur portable, des air pods ou une cigarette électronique ? Peut-être disposez-vous d’une trottinette, d’un vélo ou d’une voiture électrique ? Il est fort à parier que tous ces objets contiennent des batteries lithium-ion. Une source d’énergie devenue incontournable, qui s’est implantée dans nos quotidiens en quelques années.

« Elles disposent d’une densité énergétique remarquable : à poids équivalent, aucune autre technologie de batterie ne réussit à enfermer autant d’énergie », explique Damien Roubineau, expert en nouvelles énergies au Centre national de prévention et de protection (CNPP). Au point que leurs inventeurs ont remporté le prix Nobel de chimie en 2019.

Une technologie qui a aussi promis de révolutionner nos mobilités. Résultat : les industries s’en emparent et des « gigafactories » de batteries au lithium poussent comme des champignons à travers l’Europe. Le problème est qu’avec le déferlement de cette technologie autour de nous, le nombre d’incendies devrait augmenter.

Un feu quasi-inextinguible

Scientifiquement, « le concept de risque est défini par la combinaison de la probabilité qu’un évènement dangereux survienne et de la gravité de ses conséquences », explique Damien Roubineau. Heureusement, la probabilité d’occurrence d’un emballement thermique responsable de l’embrasement des batteries reste très faible, dit-il d’emblée.

« Ce phénomène est essentiellement déclenché par un choc, dit le lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers professionnels Alain Laratta. Mais, cela peut aussi être lié à une surcharge, à un défaut de fabrication ou à une agression thermique extérieure. » Une fois le processus lancé, il est impossible de l’arrêter. La chaleur produite va alors brûler la batterie elle-même, mais aussi son environnement : la poubelle, la table de nuit, le garage…

Il faudra alors le savoir-faire des pompiers pour limiter la propagation des flammes, à défaut de pouvoir éteindre la source. Ainsi, le risque incendie d’une voiture électrique sur une route isolée sera très différent de celui d’une voiture garée dans un parking souterrain dont l’embrasement pourra menacer de se propager à d’autres véhicules, de fragiliser le bâtiment et d’ensevelir les équipes de secours.

« En 10 ans, les incendies liés aux batteries au lithium ont bondi de 150 % »

La fin de vie des batteries au lithium reste la plus problématique. Fortement dégradées, mal triées, elles sont responsables d’une hausse spectaculaire du nombre d’incidents dans les recycleries et les déchetteries. Selon les données du Bureau d’analyse des risques et des pollutions industrielles, entre 2010 et 2019, l’accidentalité dans les centres de déchets est passée de 14 à 24 % des déclarations.

« En 10 ans, les incendies liés aux batteries au lithium ont bondi de 150 %, et dans 60 % des cas, ils surviennent dans les centres de tri », déplore la secrétaire générale de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec), Géraldine Bulot.

« Les batteries en fin de vie sont équipées de systèmes de sécurité souvent moins performants que les batteries récentes, elles ont été déchargées et rechargées de nombreuses fois, ce qui a pu altérer leur stabilité et elles ont probablement subi de nombreux chocs au cours de leur vie. Tous ces paramètres augmentent le risque d’emballement thermique », explique le spécialiste du CNPP. « Souvent, il s’agit d’un mauvais geste de tri », dit encore Géraldine Bulot. Une simple carte d’anniversaire musicale alimentée par une petite pile au lithium et agrippée par les pinces de la machine industrielle peut mettre le feu à l’ensemble du centre.

Les accidents domestiques inquiètent aussi. À New York, les pompiers s’alarment d’un phénomène grandissant. Entre 2020 et 2022, les feux liés aux batteries Li-ion y ont été multipliés par quatre (passant de 44 à 220), rapportait Libération à la suite d’un incendie dramatique. En 2023, 268 incendies de ce type ont tué 18 New-Yorkais et blessé 150 autres.

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L’incendie chez le fabricant Aricell en Corée du Sud en juin 2024 a nécessité un énorme déploiement de pompiers. 22 travailleurs sont morts dans ce sinistre. © ANTHONY WALLACE / AFP

Pour lutter contre ce fléau, le département des transports de la ville a choisi d’éduquer et sensibiliser la population au risque d’incendies liés aux batteries lithium-ion et de faciliter l’installation de bornes de recharge pour les vélos et les trottinettes électriques en extérieur. La France n’échappe pas au phénomène : l’Association nationale des utilisateurs de micromobilité a déjà recensé au moins quarante-neuf incendies déclenchés par des batteries de trottinettes depuis le début de cette année.

Le risque incendie des parkings couverts inquiète aussi les autorités françaises. Car si l’embrasement d’une voiture électrique reste nettement moins fréquent que celui d’une voiture thermique, son extinction sera plus longue (2 h 30 en moyenne, au lieu de 28 minutes) et plus difficile, le feu pouvant reprendre plusieurs heures après une première extinction.

Selon un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), les incendies survenus dans les dix dernières années (comme celui de Liverpool, dans lequel quelque 1 400 voitures avaient été carbonisées) montrent que la conception des parkings souterrains est devenue obsolète. Les auteurs recommandent à la fois de renforcer les normes de sécurité incendie de ces parkings mais également de revoir les scénarios de lutte contre le feu.

Un million de voitures électriques françaises par an

Rares, les accidents en début de chaîne restent aussi les plus impressionnants. En juin dernier, une explosion dans une usine de fabrication de batteries au lithium en Corée du Sud a fait vingt-deux morts. Le bâtiment abritait quelque 35 000 batteries.

Un an plus tôt, en juillet 2023, le cargo Freemantle Highway avait pris feu au large des Pays-Bas alors qu’il transportait un demi-millier de voitures électriques alimentées par des batteries au lithium, tuant un marin et menaçant plus de 10 000 espèces terrestres et aquatiques de la mer des Walden. En France, plusieurs entrepôts sont également partis en fumée dans un immense panache noir, à Grand-Couronne (Seine-Maritime), à Viviez (Aveyron) ou encore à Saint-Consorce (Rhône), à la suite de l’embrasement de batteries.

D’ici 2027, la France produira un million de voitures électriques par an, a promis Emmanuel Macron, en 2022. À la faveur d’une activité qui s’annonce florissante, plusieurs dizaines de projets de giga-usines de batteries au lithium ont éclos partout en Europe : en Allemagne, Norvège, Suède, Autriche… Et au moins quatre en France, à Douvrin, Dunkerque, Douai (Nord) et Mulhouse (Haut-Rhin). Trois des quatre projets français seront dévolus à la technologie Li-ion, qui alimente la majorité de nos véhicules et objets électroniques.

« Le cauchemar des pompiers »

En banlieue de Mulhouse, la giga-usine du groupe Bolloré sera, elle, dédiée à la fabrication des batteries solides lithium-métal brevetées par le groupe. Cette technologie est destinée à la flotte de véhicules en libre-service ou aux bus produits par le groupe. « Le cauchemar des pompiers », avertit le lieutenant-colonel Laratta. Car bien qu’elles soient plus autonomes, ces batteries contiennent aussi davantage de lithium, qui est très réactif.

Pour lutter contre les incendies de ces sites délicats, les pompiers rencontrent les plus grandes difficultés. En Australie, en 2021, il aura fallu quatre jours aux spécialistes du feu pour venir à bout de l’incendie déclenché sur une batterie Tesla de 13 tonnes. En 2020, à Perle-et-Castelet (Ariège), les pompiers ont lutté 24 heures durant, avant de venir à bout du feu.

À l’époque, le bureau d’enquête avait étrillé RTE pour son manque de préparation. Le problème est qu’« il est impossible d’arrêter l’emballement thermique une fois lancé, dit Alain Laratta. Il n’y a qu’à attendre que la pile s’épuise ». Sur l’incendie d’un véhicule, « on va agir en protection des cibles : les occupants, les services de secours, et les cibles alentour, comme le garage », ajoute-t-il.

Dans le cas d’un entrepôt, il faudra aussi déployer des quantités astronomiques d’eau pour protéger la structure alors que les systèmes de sécurité ne sont pas encore suffisants. Or, pour l’heure, « il y a encore beaucoup d’incertitudes sur l’efficacité des systèmes de mitigation [1] vis-à-vis des incendies de batteries lithium-ion. Et nous sommes actuellement incapables de garantir qu’un système d’extinction pourra circonscrire de tels feux en toutes circonstances », prévient Damien Roubineau.

Des conséquences environnementales mal connues

Devant des incendies de cette ampleur et longs à éteindre, les conséquences environnementales ne sont hélas pas bien connues, observe Paul Poulain : « D’une part, l’intoxication par les fumées émises lors de la combustion des batteries reste très mal évaluée. Mais également la pollution des sols, liée notamment à la grande quantité d’eau utilisée pour lessiver l’incendie et limiter la propagation du feu. »

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) vient d’ailleurs de lancer une consultation afin de proposer une réglementation sur le lithium et les sels de lithium, notamment parce qu’ils présentent des risques reprotoxiques avérés, des propriétés de perturbateurs endocriniens, et des risques de toxicité pour les milieux aquatiques.

En 2023, l’extinction de l’incendie de 12 000 batteries au lithium à Grand-Couronne avait nécessité des centaines, voire des milliers de mètres cubes d’eau pompée dans la Seine à 500 mètres de là. Début 2024, le site regorgeait toujours d’eau polluée. Il n’a toujours pas été nettoyé intégralement et menace toujours de polluer les eaux souterrains. Le 9 octobre, la justice a mis en demeure Bolloré Logistics de réaliser la dépollution d’ici la fin de l’année.

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20 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Bio (FR3)

ennemo bio

Associations et agriculteurs veulent déposer plainte pour le non-respect de la loi EGalim sur le bio dans les cantines

Une trentaine d’associations en lien avec l’agriculture biologique se sont réunies à la Cité de la Voile à Lorient, samedi 19 et dimanche 20 octobre 2024, pour lancer « l’Appel de Lorient ». Un appel à soutenir la filière du bio, en commençant par appliquer la loi concernant la restauration collective. Pour faire respecter les règles, les acteurs, réunis ce week-end, envisagent de déposer plainte contre l’État.

L’association d’Isabelle Bretegnier épaule les maires qui veulent améliorer la qualité des repas servis dans les cantines. Membre du collectif Les pieds dans le plat, elle affiche le menu : « à Romainville, en Seine-Saint-Denis, les cantines sont toutes devenues 100% bio, cuisinant majoritairement des produits locaux, et le repas coûte 1 euro de moins que lorsqu’il était fabriqué dans une cuisine centrale, en dehors de la commune ». La preuve, selon la responsable associative, que lorsqu’on veut, on peut, même si cela implique du temps et des efforts, de la part des élus locaux comme des cuisiniers et des agents administratifs.

20% de produits bio

La loi EGalim de 2018, complétée par la loi Climat et résilience de 2021, avait fixé des objectifs aux communes : proposer au moins 50 % de produits dits « durables » et « de qualité »  dans les cantines, dont au moins 20 % de produits biologiques. Cette moitié de produits de qualité, exigée dans la loi, se calcule par rapport au coût total des marchandises achetées pour préparer les repas, et non pas en termes de volume.

Six ans plus tard, le compte n’y est pas : seules 37 % des communes respectent l’objectif de 20% de produits biologiques dans les cantines, selon une enquête de l’Association des maires de France publiée en juin 2024.

« Aider les producteurs à répondre aux appels d’offres »

Selon le collectif Les pieds dans le plat, la loi a été mal ficelée, n’apportant pas de solutions pour remplir les objectifs qu’elle a fixés. « Il faudrait simplifier les conditions de la commande publique, pour les acheteurs, et aider les petits agriculteurs locaux à répondre, » aux appels d’offres des cantines, précise Isabelle Bretegnier.

En dehors de la barrière du prix, l’enquête auprès des maires de France révèle en effet d’autres raisons pour lesquelles ils boudent partiellement le bio :  l’offre d’aliments bio est jugée pas suffisamment abondante, ou parfois pas suffisamment diversifiée. Elle soulève aussi des contraintes logistiques, lorsque le producteur n’a pas la capacité de livrer sa production à la cuisine, contrairement aux industriels de l’agroalimentaire.

Constat d’échec

Dans les discussions qui se nouent à la Cité de la voile, à Lorient, certains, comme Julien Kien, président de bio consom’acteurs, parle de « mépris de l’État » envers les producteurs bio. D’autres soulignent que le soutien du gouvernement se porte vers l’agriculture industrielle, celle qui produit pour le marché national, mais aussi pour exporter à l’étranger. « La ferme-France ne doit pas être le garde-manger du monde entier, elle n’est pas là pour inonder le monde de produits, » estime Philippe Camburet, agriculteur et président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB).

Un « système » que la trentaine d’associations réunies qualifie d’échec, au regard de la grande précarité alimentaire d’une partie de la population, notamment chez les jeunes, et de la piètre qualité de certains aliments produits en France. Face à ce constat, les acteurs de la filière bio lancent « l’Appel de Lorient ».

De son côté, l’agriculture biologique se porte mal : elle a commencé à perdre en surfaces cultivées, depuis un an. Les terres cultivées en bio sont évaluées à 10% des surfaces agricoles en France, loin des 21% fixés comme objectif par le gouvernement pour 2030.

Le rôle décisif de la restauration collective

Dans la loi, les cantines étaient présentées comme un moyen de changer la donne.  Et pour cause : « la restauration collective, c’est 10 millions de repas par jour, on peut changer le monde par l’assiette ! assure Isabelle Bretegnier, soulignant que ces repas sont aussi l’occasion d’éduquer les enfants au goût.

Pour le président de la Fédération de l’agriculture biologique, « il y a des engagements qui n’ont pas été tenus et la justice doit trancher : quelles sont les responsabilités de l’État lorsque sa propre loi n’est pas respectée ? » Porter l’affaire devant le Tribunal administratif est l’un des leviers débattus, au cours de ce week-end de rassemblement des soutiens à l’agriculture biologique.

(avec Nicolas Corbard)  Myriam Thiébaut  20/10/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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20 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Kerguelen

Kerguelen dans Altermondialisme

Bretagne : Contre la Thalasso – pour la défense des terres de Kerguelen – 3 nov – Larmor

 Contre la Thalasso – pour la défense des terres de Kerguelen – 3 nov 2024 – Larmor
Depuis plusieurs années déjà des collectifs locaux (Tarz Heol, Rendez-nous la mer, Stop Thalasso) militent contre le projet d’une Thalasso sur le littoral à Kerguelen, Larmor-Plage.

Le groupe Relais Thalasso espère construire un complexe de 3 500 m² comprenant un hôtel 4 étoiles de 130 chambres, 2 restaurants, 3 piscines, un bâtiment de dix logements pour le personnel, et un parking.

La conséquence d’un tel projet est non seulement la disparition de 4 hectares de terres agricoles, pour 9 892 m² de bâtiments sur 4 étages ainsi que 500 véhicules estimé par jour en plus sur le secteur.

C’est aussi le projet de pomper 250 000 litres d’eau de mer par jour, chauffée puis rejetée en mer et enrichies de substances non filtrables, comme les boues, les cosmétiques ou autres.

Tout cela sur des terres agricoles et dans un environnement non urbanisé au cœur d’une zone humide et à quelques mètres d’une zone naturelle d’intérêt écologique (ZNIEFF) gérée par le Conservatoire du littoral.

https://lessoulevementsdelaterre.org/

https://yonnelautre.fr/

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17 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Cancers ( Reporterre)

Cancers du sein : «<small class="fine d-inline"> </small>Plus de la moitié sont dus aux pollutions environnementales<small class="fine d-inline"> </small>»

Cancers du sein : « Plus de la moitié sont dus aux pollutions environnementales »

Les pollutions environnementales « jouent un rôle majeur dans l’apparition des cancers du sein », selon Fanny Thauvin, de l’association Jeune et Rose, qui traque les polluants et prône l’auto-examen mammaire.

Avec 60 000 nouveaux cas chaque année et 12 000 décès par an, le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez la femme, selon Santé publique France. Bien que l’âge moyen de diagnostic du cancer s’établisse à 64 ans, près de 20 % des femmes sont atteintes d’une tumeur au sein avant 50 ans, soit quelque 12 000 femmes chaque année.

Fanny Thauvin est bénévole au sein de Jeune et Rose, un collectif de jeunes femmes qui ont affronté un cancer du sein entre 20 et 40 ans et ont décidé de se mobiliser ensemble. Elle anime des ateliers de prévention, dans des lycées, des collectivités ou des entreprises, et fait partie du groupe de travail de veille scientifique sur les facteurs environnementaux des cancers.

Reporterre — Vous organisez des ateliers de prévention du cancer du sein : comment abordez-vous la question environnementale ?

Fanny Thauvin — On aborde tous les facteurs liés au cancer du sein, en replaçant les chiffres dans leur contexte. On sait qu’un tiers environ des cancers du sein sont dits « évitables » — parce que liés à des comportements individuels comme le tabagisme, l’alcoolisme ou la sédentarité. On sait aussi que 10 % de cancers du sein sont d’origine génétique. Ce qui signifie que le reste — 55 à 60 % des cancers — prend son origine dans les facteurs environnementaux. Autrement dit, les pollutions environnementales (pollution de l’air, pesticides, perturbateurs endocriniens) jouent un rôle majeur dans l’apparition des cancers.

C’est pourquoi nous sommes critiques vis-à-vis de certaines communications, notamment pendant Octobre rose, qui pointent les comportements à risque individuels, comme le tabac ou l’alcool. Ce sont des facteurs certes importants, mais il n’y a pas que ça ! Pour nous, ce focus individualise le combat, et instaure une forme de culpabilisation pour les femmes qui sont atteintes d’un cancer… Cela voudrait dire que si l’on décède d’un cancer, c’est un peu notre faute. Or parmi nous, il y a plein de femmes qui n’ont jamais fumé, très peu bu.

Durant des ateliers de prévention, on parle donc beaucoup des facteurs environnementaux, en donnant des adaptations concrètes dans notre quotidien. Déchiffrer les étiquettes des aliments (on peut le faire facilement avec l’application Yuka) pour traquer les édulcorants cancérogènes, faire attention aux produits ménagers et aux cosmétiques qui contiennent des phtalates, avoir une vigilance sur la qualité de l’air. Notre discours, c’est : « Certes il faudrait des législations là-dessus, mais, en attendant, voilà ce qu’il est possible de faire. »

On nous rétorque souvent qu’il nous manque des données, qu’il faut être sûr avant d’interdire une substance. Mais il existe un certain nombre d’études qui devraient inciter au principe de précaution. L’OMS [Organisation mondiale de la santé] a classé la France comme premier pays pour l’incidence du cancer du sein : ça devrait nous pousser à agir !

Pourquoi cibler en particulier les jeunes femmes autour du cancer du sein ?

Il y a une recrudescence des cas de cancer du sein chez les jeunes adultes, même si on manque de données. D’après une étude parue en 2023, il y aurait eu une augmentation de ces cancers de 80 % chez les moins de 50 ans entre 1990 et 2019. En France, les moins de 50 ans représentent 20 % des cas de cancer, soit 12 000 cas chaque année.

Or les jeunes femmes sont encore souvent hors des radars des mesures de prévention. Parce qu’on n’imagine pas avoir un cancer avant 50 ans. Nous avons vu que ce public pouvait tomber malade hors du dépistage organisé et donc que l’auto-examen mammaire avait un réel intérêt sanitaire pour éviter des dépistages tardifs mettant en péril la guérison.

Dans nos ateliers, on apprend aux participantes à s’observer, à se palper, à identifier les symptômes visuels qui doivent nous pousser à consulter un professionnel. On donne des conseils, comme aller jusque sous les aisselles et les clavicules et ne pas rester au niveau des seins. Sentir sous son doigt quand une boule a un aspect « caillouteux » qui doit nous alerter.

Pour nous, ça devrait être une routine, un examen qu’on se fait une fois par cycle, à distance des règles. Nos ateliers ne sont pas du tout fermés au public plus âgé, au contraire. Ils sont par contre dispensés par des jeunes femmes patientes de l’association, en traitement ou en rémission.

Qu’est-ce qui ne va pas dans la prévention contre le cancer du sein ?

Nous pensons que l’auto-examen mammaire est un outil indispensable, gratuit et sans délai, que trop peu de personnes disent savoir pratiquer.

Cependant, nous en voyons la limite. Diminuer l’incidence du cancer nécessite de se pencher sur les facteurs déclencheurs en amont. Tant qu’on ne traite pas à la source, on peut dépister autant qu’on veut, on ne résoudra pas le problème.

D’où la création de ce groupe de travail interne sur les facteurs environnementaux. Également, on soutient la création d’un registre national. En Europe, la France est le seul pays, avec l’Espagne, à ne pas avoir de registre national qui réunit toutes les données sur les personnes atteintes de cancer — seuls 25 départements font ce suivi. Ce type de registre permet pourtant de mettre en évidence des maladies professionnelles, des territoires particulièrement vulnérables. Et in fine, de pouvoir envisager des mesures de prévention plus efficaces.

Ateliers « pouet-pouet », « télététon »… Vous abordez ce sujet sérieux avec humour, et avec un aspect festif : pourquoi ce choix ?

Nous sommes convaincues qu’en portant le message de cette façon, nous augmentons les chances que les personnes porteuses de mamelons soient plus conscientes des facteurs de risque, et surtout se mettent à l’auto-examen mammaire. En ne dramatisant pas le geste et en leur suggérant que l’« on vérifie que tout va bien » — et non pas que l’on « recherche une masse suspecte » —, cela pose une intention plus positive.

Lorène Lavocat 17 octobre 2024

https://reporterre.net/

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17 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Karaes (NPA)

carhaix

Hôpitaux, services publics, Carhaix : un exemple à suivre

NPA Kreiz Breizh
Hebdo L’Anticapitaliste – 725 (17/10/2024)

Ce 12 octobre, des milliers de manifestantEs se sont réuniEs devant les entrées de l’hôpital de Carhaix, épicentre de la résistance à la destruction de l’hôpital public et de ses services comme les urgences… Dès le début, Matthieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance, donne le ton devant au moins 5 000 à 6 000 personnes : « Karaez Resistans ! »

C’est une foule impressionnante qui déborde de partout, colorée de drapeaux des diverses organisations dont les très nombreux du NPA-l’Anticapitaliste mais aussi de LFI, du PCF, de l’UDB, de la CGT, de SUD, de la CFDT, de nombreux drapeaux bretons et des panneaux défendant l’hôpital, y compris avec la reprise de l’affiche des bonnets rouge « ré’zoré/ Trop c’est trop ».

La santé n’est pas une marchandise

Après des mois de combat depuis que les urgences fonctionnent en mode dégradé — malgré le protocole de sortie de crise signé avec l’État le 23 octobre 2023 et plus d’une trentaine d’auditions au commissariat de Quimper (soignantEs, syndicalistes, éluEs) sous le régime de la garde à vue — la détermination des actrices et acteurs de cette résistance demeure sans faille. Elle sera portée d’ailleurs par les éluEs du Centre Bretagne reçuEs en préfecture le 16 octobre pour exiger l’application de ce protocole.

Un front unique très large

Comme en 2008, lors de la lutte « gagnée » pour la réouverture de la maternité, c’est avec le souci de l’unité et de la radicalité que cette lutte et cette journée se sont construites.

C’est un front de la gauche sociale et politique, tenant compte des singularités locales dans la défense du service public, qui s’est exprimé à la tribune au travers de témoignages d’usagerEs mais aussi du comité de défense, des syndicats comme Sud Santé Sociaux, CFDT ou encore du maire de Carhaix, Christian Troadec, du député LFI de Brest, de la députée PS de Carhaix, du PCF, du NPA-A avec Philippe Poutou — une fois de plus présent pour apporter notre soutien —, de l’UDB (Union Démocratique Bretonne), des écologistes ou encore de Gaël Roblin, conseiller municipal de Guingamp, membre de la gauche indépendantiste et même… du député des Côtes-d’Armor, droite républicaine… défendant l’hôpital public !

Par ailleurs à la tribune, et lors du colloque qui a précédé cette manifestation, fut évoqué aussi la régionalisation de l’ARS, l’appel à la venue de médecins cubains ou encore les 52 maires bretons signant un arrêté mettant en demeure l’État d’initier dans les plus brefs délais un plan d’urgence pour l’accès à la santé.

« Des milliards pour la guerre, des clopinettes pour la santé »

Au terme du rassemblement, alors même que de très nombreux commerces avaient fermé leurs portes en solidarité, un long cortège dynamique et joyeux s’est formé pour aller jusqu’à la gendarmerie, symbole de l’État… et de la répression, pour affirmer une fois de plus que c’est par la lutte, la grève et la rue que nous obtiendrons satisfaction à Carhaix, en Bretagne et sur tout le territoire.

NPA Kreiz Breizh

https://lanticapitaliste.org/

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15 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Pesticides (Reporterre)

pesticides

Des pesticides cancérogènes retrouvés dans l’organisme d’enfants près de La Rochelle

Des traces de pesticides ont été retrouvées dans les cheveux et l’urine de 72 enfants près de La Rochelle. Le résultat d’une enquête citoyenne sur les causes de la surincidence de cancers pédiatriques dans la zone.

La Rochelle (Charente-Maritime), reportage

Sophie Guillard a toute une liste de molécules à la main, les résultats des analyses de sa fille Fleur, auxquels elle ne comprend rien. « Et ça on le retrouve dans quoi ? » « Le lindane ? À peu près partout. Ne regardez pas sur internet, c’est un cancérogène avéré, interdit, persistant. »

En cette soirée de restitution des résultats de l’enquête de l’association Avenir Santé Environnement, le 12 octobre, à chaque parent qui défile avec de nouvelles questions, Laurence Huc, toxicologue, a d’autres mauvaises nouvelles à annoncer. L’atrazine : neurotoxique. Le diméthylsulfate : mutagène. Le terbutryn : reprotoxique. La liste est longue. Au total, quatorze pesticides interdits dans les cultures ont été retrouvés dans les cheveux et l’urine de 72 enfants participant à ce projet de recherche citoyen près de La Rochelle.

La plupart de ces pesticides avaient déjà été trouvés dans l’air de la plaine d’Aunis. En 2023, la dernière étude atmosphérique avait recensé 70 substances interdites. Mais un produit surprise a été relevé dans l’urine de plusieurs enfants : l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit depuis 2018. « On a une corrélation entre la proximité des enfants avec les cultures et le taux. Plus ils sont près des exploitations, plus ils en ont, estime la toxicologue. Le fait qu’on en retrouve dans les urines révèle une exposition aiguë, et l’hypothèse privilégiée est qu’il est encore utilisé. »

Clémence, 8 ans, en a trouvé dans ses résultats. Sa mère, Sarah-Kim Wibaut, se questionne : « Est-ce qu’il restait des bidons [d’acétamipride] qu’on a cherché à écouler ? Peut-être que des contrôles serviraient à s’assurer qu’il n’y a plus ce genre de produits au sein des exploitations… » À Bourgneuf, où elles habitent, deux adolescentes ont déclaré des lymphomes cette année.

Un lien avec les cancers pédiatriques ?

L’association Avenir Santé Environnement a organisé et financé cette enquête avec un laboratoire public et des chercheurs bénévoles. Une tentative de faire un lien entre les toxiques auxquels sont exposés les enfants et la surincidence de cancers pédiatriques du territoire. En 2018, le CHU de Poitiers a détecté un cluster de cancers pédiatriques dans le village de Saint-Rogatien. Les jeunes de moins de 24 ans y auraient quatre fois plus de risque de développer un cancer que la moyenne nationale.

Pauline Brion est décédée en 2019, à 15 ans, des suites de deux cancers différents, une leucémie puis un lymphome. Sa mère Nathalie, qui milite toujours au sein de l’association, s’émeut des résultats des analyses : « Ça me fait quelque chose, parce que ma fille n’est plus là et qu’elle avait sûrement ces produits-là aussi… Ça me touche beaucoup, des enfants continuent de tomber malades. »

« Il y a des enfants qui sont morts ! »

À la sortie de la salle, Sophie Guillard a rejoint son mari avec l’explication des cinq molécules retrouvées chez leur fille adolescente. Le couple habite à Saint-Rogatien, où il élève ses trois enfants. L’utilisation de produits interdits met Christophe Guillard hors de lui : « Il y a des enfants qui sont morts ! Et là, on voit que certains agriculteurs continuent d’utiliser des produits interdits, et jouent au “pas vu, pas pris”. C’est cette impunité que je ne comprends pas, c’est tout un système qu’il faut dénoncer ! »

Un cocktail chimique agricole et domestique

Outre les pesticides agricoles, une part non négligeable de produits d’origine domestique est mise en cause dans l’enquête. Près de la moitié des enfants montrent des traces de pentachlorophénol (PCP), longtemps utilisé pour traiter le bois, aujourd’hui interdit. Ce perturbateur endocrinien présent dans les poutres des maisons est relargué en continu dans l’air.

Présent dans un quart des analyses, le phényl-2-phénol, fréquent dans les détergents, pourrait venir de son utilisation dans les lieux publics (écoles, hôpitaux…), pointant le rôle à jouer des collectivités dans la sortie des pesticides. Enfin, le fipronil, interdit dans les cultures, mais toujours utilisé pour traiter les animaux, est présent chez les propriétaires de chats ou chiens.

Toutes ces molécules sont plus ou moins nocives séparément. Mais ce qui inquiète Laurence Huc et son équipe de toxicologues, c’est l’exposition à leur effet cocktail : l’interaction entre ces différents composés peut créer une toxicité plus élevée et puissante que la somme de leur toxicité individuelle. Ce qui est impossible à évaluer.

L’association compte bien désormais enquêter sur l’origine des produits interdits, et interpeller les dirigeants, à commencer par l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine, à qui elle a transmis ses résultats.

https://reporterre.net/

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