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30 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

coca cola (la peste)

caca colé

 

La Relève et La Peste Photographie: Tomas Castelazo / Wikimedia Commons 30 novembre 2023

L’effroyable emprise de Coca-Cola au Mexique et le pillage de l’eau

La machine infernale de l’addiction est en marche à partir du moment où la marque use de tous les artifices pour séduire les habitants. Présente sur la totalité des étalages du village et vendue à un prix inférieur à celui des villes, il est aussi facile de se procurer du Coca-Cola que de l’eau.

Coca-Cola, au Mexique, s’immisce dans les communautés mayas et pompe les nappes phréatiques de la région du Chiapas. Désormais plus abordable que l’eau potable, la boisson sucrée a fini par s’imposer dans les rites ancestraux des Tzotzils et leurs habitudes de consommation, créant d’énormes problèmes de santé publique et d’accaparement de l’eau. Un reportage de Chloé Droulez.

Coca-Cola au Mexique rend les autochtones accros

Coca-Cola au Mexique sévit particulièrement dans l’État du Chiapas. A quelques kilomètres de la touristique ville de San Cristobal de Las Casas se trouve le foyer de la communauté des Tzotzil. San Juan de Chamula abrite une partie de ce peuple descendant des Mayas qui continue de perpétuer leurs propres règles et coutumes. Ce village, qui témoigne à la fois de la conservation d’un mode de vie autonome, illustre paradoxalement l’implantation de la multinationale, s’immisçant jusque dans leur lieu de culte.

C’est à l’intérieur de l’église de la commune que le paradoxe entre l’héritage maya et l’impérialisme américain prend tout son sens. Dans ce lieu de recueil, la fumée de centaines de bougies, le sol jonché d’aiguilles de pins fraîches et les sacrifices de poulets vivants s’entremêlent aux bouteilles de Coca, dressées devant les fidèles qui s’attèlent à prier religieusement.

Miguel, un guide local, explique pour La Relève et La Peste que « Le Pox, alcool local traditionnellement utilisé lors de ces cérémonies, est remplacé par la boisson pétillante ». S’abreuver de ces bulles leur permettraient « d’éructer plus facilement et ainsi de purifier leur âme ». Pire encore, nombreux d’entre eux pensent que cette boisson sucrée devenue sacrée « a le pouvoir de guérir les maladies ».

La machine infernale de l’addiction est en marche à partir du moment où la marque use de tous les artifices pour séduire les habitants. Présente sur la totalité des étalages du village et vendue à un prix inférieur à celui des villes, il est aussi facile de se procurer du Coca-Cola que de l’eau. S’ajoute à cela, le marketing des panneaux publicitaires qui joue sur l’émotion, en représentant des références religieuses et des modèles indigènes avec des slogans positifs dans la langue Tzotzil.

Plus globalement, « le Chiapas est la région du monde où l’on boit le plus de Coca-Cola et la consommation moyenne par personne est cinq fois supérieure à celle du reste du pays et 32 fois supérieure à la moyenne mondiale » selon le Conseil national des sciences et technologies du Mexique. En sachant que, selon une étude de 2019 du Conseil national pour l’évaluation de la politique de développement social, « le Chiapas est l’État du Mexique avec le taux de pauvreté le plus élevé ».

Mais le manque d’accès à l’eau potable qui affecte cette population vulnérable est considéré comme l’autre raison pour laquelle elle boit tant cette boisson gazeuse.

Coca-Cola au Mexique ou le pillage de l’eau

C’est la signature du traité de libre-échange ALENA avec les États-Unis et le Canada en 1994, lors du mandat de Vincente Fox, président et ex-directeur de la marque en Amérique Centrale, qui offre à la multinationale l’occasion de s’implanter durablement dans une zone propice à l’exploitation de l’or bleu.

En installant son usine d’embouteillage à San Felipe Ecatepec, « Coca-Cola a accès à la meilleure qualité de l’eau via des sources très pures » souligne Fermin Reygadas, directeur de l’ONG Mexique Cántaro Azul, experte en matière d’accès à l’eau, pour La Relève et La Peste.

La multinationale exploite librement les nappes phréatiques et réservoirs d’eau sous le volcan Huitepec, où les pluies déposent des quantités d’eau qui s’écoulent vers la vallée de San Cristobal de Las Casas, en échange d’une somme dérisoire versée à la commission nationale de l’eau (CONAGUA).

En somme, c’est 1,2 million de litres d’eau extrait chaque jour contre 2 600 pesos par an, pour des bénéfices dépassant les 32 000 000 pesos. Une disproportion qui révèle l’injuste décision du gouvernement à privilégier les intérêts privés et à laisser cette ressource essentielle aux mains d’un gérant de boissons sucrées, au détriment de la préservation de la santé et de l’environnement.

Bien qu’il s’agisse d’une des régions du pays dotées des plus grandes ressources naturelles, les volumes d’eau baissent depuis une dizaine d’années en raison de la déforestation, du réchauffement climatique et des forages effectués par Coca-Cola.

« À force de surexploiter les nappes phréatiques les plus profondes et rejeter les eaux usées traitées, le cycle de l’eau n’est plus régulé par les écosystèmes » explique Fermin pour La Relève et La Peste.

Très gourmande en eau, la production de cette boisson assèche les villages aux alentours de la ville de San Cristobal de Las Casas, où la population locale fait face à une pénurie d’eau potable et où aucun traitement des eaux n’est mis en place.

« Le service public qui fournit la ville utilise de l’eau de surface contaminée » affirme Fermin. « Les systèmes d’adduction d’eau sont donc gérés par des organismes indépendants, à travers le défilé quotidien de camions citernes pour approvisionner les foyers, moyennant un effort financier de la part des habitants ».

Pour le directeur de Cántaro Azul « l’eau coule vers l’endroit où se trouve le pouvoir » soulignant que « le Mexique continue d’investir dans les routes, aéroports et raffineries de pétrole mais ne se soucie pas que la population n’ait pas accès à l’eau potable ».

Les rares dispositifs de traitement des eaux mis en place par le gouvernement « ne fonctionnent pas, même pas pendant un mois ». Des solutions pouvant être pérennes et développées à plus grande échelle sont donc imaginées par des associations locales. Cántaro Azul installe des systèmes de collecte des eaux de pluie et des composants pour la désinfection, afin de garantir aux populations rurales, une eau propre à la consommation.

Le prix avantageux de la boisson gazeuse mêlé à la méfiance face à l’absence d’un système d’eau adéquat ont poussé la population à consommer de plus en plus de Coca-Colas, jusqu’à générer des maladies dégénératives. Même si le Chiapas est l’un des exemples les plus représentatifs du problème, il est sans rappeler que cette boisson poison affecte également la santé de tout le territoire mexicain.

Le Mexique est à ce jour le premier pays consommateur de Coca-Cola dans le monde et représente plus de 40% des ventes de la marque sur le continent Latino Américain. Les conséquences de sa surconsommation sont désastreuses sur la santé des habitants : diabète, hypertension et obésité. 70% de la population est en surpoids et peut boire jusqu’à 2 litres de coca par jour.

L’avenir se joue sur les nouvelles générations mais « les enfants grandissent avec l’image de Coca Cola en tête » nous dit Fermin. C’est pourquoi les députés mexicains ont adopté en 2021, une réforme interdisant la vente et la distribution de boissons sucrées dans les écoles.

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29 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

petits réacteurs (reporterre)

voiture-oui-oui

L’État débloque 100 millions d’euros pour les petits réacteurs nucléaires

Le gouvernement a mis près de 100 millions d’euros sur la table pour le développement de petits réacteurs nucléaires innovants, a-t-il annoncé lundi 27 novembre.

77,2 millions d’euros ont été accordés à six projets de réacteurs SMR (small modular reactors, petits réacteurs modulaires) et AMR (advanced modular reactors, réacteurs modulaires avancés), aux technologies et aux niveaux de maturité variés : réacteur de fission au sodium, à haute température ou réacteur à fusion, visant à produire de l’électricité, de la chaleur ou à recycler les combustibles usés. 18,9 millions d’euros ont été accordés au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour accompagner ces projets.

Seuls deux SMR sont en service

Cette enveloppe s’inscrit dans le programme d’investissements France 2030, qui a déjà doté trois projets SMR/AMR début 2023 : Naarea et Newcleo (25 millions d’euros à eux deux) et Nuward (filiale d’EDF créée début 2023). Elle a été dévoilée la veille de l’ouverture du salon mondial du nucléaire civil (WNE), qui se tient du 28 au 30 novembre à Paris et qui fera la part belle à ce type de projets.

Plus de 80 projets de SMR et d’AMR sont actuellement en développement dans 18 pays, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique. Pour autant, leur faisabilité n’est pas acquise.

À ce jour, les seuls SMR en service – deux petits réacteurs de 35 mégawatts chacun installés sur une barge – se trouvent en Russie. Aux États-Unis, l’entreprise NuScale a annoncé la semaine dernière la suspension de la commercialisation du premier SMR américain, faute de clients, refroidis par l’annonce récente d’une hausse des coûts.

En France, le coulage du premier béton du projet Nuward d’EDF n’est pas attendu avant 2030.

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29 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

cadmium (basta)

cadmium

Le cadmium, un cancérogène notoire, présent dans les céréales et les viennoiseries

Pollution des sols

Plusieurs millions de tonnes d’engrais sont épandues chaque années sur les sols agricoles. Certains d’entre eux contiennent du cadmium, un produit très cancérogène que l’on retrouve ensuite dans nos assiettes.

Le cadmium est un métal que l’on retrouve notamment – sous forme de fines particules – dans les engrais chimiques utilisés en agriculture. Il est donc présent dans l’alimentation et peut provoquer, entre autres maladies, un risque accru de cancer. Une nouvelle réglementation en cours de discussion doit fixer la quantité de cadmium autorisée demain dans les engrais phosphatés épandus sur les terres agricoles françaises. Une question centrale pour limiter la pollution des sols, des eaux et l’exposition à ce métal.

« Ce n’est pas facile de trouver un accord entre les ministères de la Santé et de l’Agriculture », résume Pierre Souvet, médecin et président de l’Association Santé Environnement France (ASEF). Il semble pourtant urgent d’avancer, car les alertes sanitaires ne cessent de se multiplier. « Une étude publiée au printemps 2023 souligne que les personnes les plus exposées au cadmium présentent d’importants surrisques de cancers » [1], explique Pierre Souvet.

Parmi ces cancers : celui du pancréas, dont l’incidence explose. Elle a plus que doublé ces 15 dernières années en France. 6 000 nouveaux cas étaient diagnostiqués en 2006, 12 000 en 2012 et aujourd’hui, on est à 14 000. Ces chiffres seront à nouveau multipliés par deux d’ici 2030 [2]. « En 2019 déjà, une étude a documenté un surrisque de cancer du pancréas pour les personnes les plus exposées au cadmium », précise Pierre Souvet.

Des problèmes de santé impressionnants

La nouvelle réglementation est soumise à la consultation publique jusqu’au 30 novembre. L’inquiétante augmentation des cancers du pancréas n’y est pas mentionnée. Seule « l’importance sanitaire » de la teneur en cadmium dans les engrais phosphatés est évoquée… au bas d’un texte qui semble écrit pour ne pas être compris. On y parle ainsi de la « résistance aux stress abiotiques » des plantes – quand elles sont soumises à de grandes variations de climat – ou encore de « l’ancrage de leurs organes absorbants ».

Dans le projet de décret, les engrais rebaptisés « matières fertilisantes » sont divisés en catégories A1 et A2, sans aucune explication sur leurs critères. Les propositions de limites de teneur en cadmium évoquent un « apport annuel moyen en grammes par hectare », sans que l’on sache ce que cela est susceptible de donner ensuite dans nos assiettes. Bref, bien malines et fort documentées devront être les personnes qui répondront à cette consultation.

Les contenus scientifiques à même d’éclairer les citoyens sont pourtant nombreux, comme le montrent les divers travaux que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a consacré à cet épineux dossier. En 2020, par exemple, une publication italienne fait état d’un nombre impressionnant d’effets sanitaires du cadmium.

En voici quelques-uns : dommages au niveau des reins, du foie, des systèmes osseux et cardiovasculaire, troubles du cycle menstruel, effets tératogènes et mutagènes…. « Plusieurs études récentes menées chez des femmes enceintes rapportent une diminution du périmètre crânien chez les nouveau-nés, en lien avec une exposition de la mère au cadmium », ajoute un récent rapport de Santé publique France, qui signale par ailleurs « une surimprégnation » au cadmium de la population française par rapport aux autres pays européens et nord-américains.

Du cadmium dans le tabac… et dans les céréales pour enfants

« En dehors du tabac qui accumule particulièrement ce métal, l’alimentation constitue la principale source d’exposition des populations au cadmium via les céréales, légumes, racines et tubercules, explique Thibault Sterckeman, ingénieur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), qui s’intéresse au cadmium depuis 30 ans. Dans ces produits végétaux, le cadmium provient du sol, contaminé par les retombées des pollutions atmosphériques, mais surtout actuellement par les pratiques agricoles, notamment la fertilisation phosphatée. »

Selon les calculs réalisés au sein du laboratoire du chercheur, les engrais phosphatés – le phosphore fait partie des trois composants à la base des engrais chimiques permettant de booster les rendements agricoles [3] – sont à l’origine d’environ 60 à 70 % des entrées de cadmium dans les sols français.

« En France, 79 % des échantillons alimentaires couvrant presque 90 % du régime total des Français ont révélé la présence de cadmium », souligne le Haut Conseil de la santé publique dans un rapport de 2022. Chez les adultes comme chez les enfants, les contributeurs alimentaires majoritaires à l’exposition au cadmium sont le pain, les biscottes, les barres de céréales, les viennoiseries, les pâtes, les pommes de terre et apparentés.

« Un surrisque a été identifié du côté des céréales du petit-déjeuner pour les enfants », remarque Pierre Souvet. La raison ? Le blé dur capte particulièrement bien le cadmium. Tellement bien que chaque année, plusieurs dizaines de milliers de tonnes de blé dur partent à la benne, parce que contenant trop de cadmium. « En moyenne 5 % des parcelles françaises de blé dur présentent une concentration en cadmium supérieure au seuil réglementaire qui est de 0,18 mg/kg pour cette céréale », détaille Jean-Yves Cornu, chercheur à l’Inrae, qui travaille depuis 20 ans sur cette question du cadmium présent dans les sols.

Comment réduire le recours au cadmium

Ce (très) sombre tableau a-t-il entraîné un branle-bas de combat du côté de nos décideurs politiques ? Pas vraiment, comme l’illustre la lenteur des négociations autour de la composition des engrais. En 2016, la Commission européenne propose de réduire d’un tiers la teneur en cadmium des engrais phosphatées au bout de trois ans (de 60 mg/kg à à 40 mg/kg), puis de diminuer encore de moitié au bout de neuf ans (à 20 mg/kg donc).

Problème : quand le Parlement européen s’empare de ce texte en octobre 2017, il rallonge la durée proposée pour réduire la teneur en cadmium, jusqu’à 16 ans. Côté français, il semble pour le moment envisagé de réduire cette quantité de cadmium de 60 à 40 mg/kg d’ici juillet 2026. Reste à savoir si cela sera suffisant pour décontaminer les sols et les Français.

« Les producteurs de minerai et les fabricants d’engrais ne sont pas favorables aux textes qui veulent réglementer les teneurs en cadmium, avance Thibault Sterckeman. Pour eux, ces mesures risquent de faire augmenter les prix des fertilisants. » Leurs craintes ne sont pas infondées, puisque les gisements marocains, principales sources de phosphates de la France, sont particulièrement riches en cadmium ; et que les techniques de « décadmiation » ne sont pas très abouties.

Utilisés pour produire des phosphates alimentaires et pharmaceutiques, ces procédés « sont développés à petite échelle, ils ne sont probablement pas encore adaptés à la production industrielle d’engrais », précise Thibault Sterckeman. « Il existe des gisements plus pauvres en cadmium, mais ils sont situés en Russie, complète Jean-Louis Roubaty. Vu le contexte géopolitique, c’est compliqué de compter sur cette option. »

Autre option pour diminuer le cadmium dans les cultures : réduire la quantité d’engrais utilisés. Pour Jean-Yves Cornu, « ce raisonnement de la fertilisation doit se baser sur une bonne connaissance du sol, de sa potentielle hétérogénéité, de son passif ainsi que des besoins de la culture ». Il préconise par ailleurs de surveiller la teneur en cadmium des amendements et des eaux d’irrigation utilisées pour fertiliser ou arroser les cultures. Pour les agriculteurs, cela fait beaucoup de paramètres à prendre en compte, en plus des exigences nouvelles qu’impose le changement climatique, qui brouille des repères essentiels, notamment celui des températures et des précipitations.

Des variétés qui évitent la contamination ?

Comme pour les pesticides, dont la présence dans les sols porte atteinte à la sécurité sanitaire, les chercheurs regardent du côté des sélections de variétés. Histoire de trouver des plantes qui captent peu, voire pas, les polluants contenus dans les sols. « Face à tous les impératifs dus au changement climatique (manque d’eau et chaleur principalement), le cadmium n’est pas forcément une priorité pour les semenciers, avance Jean-Yves Cornu. Mais un programme de recherche vient de démarrer en France pour développer des cultivars de blé dur peu accumulateurs de cadmium [4]. » D’autres études sont menées au Japon et en Chine du côté des variétés de riz, une plante qui fixe très bien le cadmium.

Des travaux ont aussi été lancés sur l’extraction du cadmium via la culture de plantes hyper accumulatrices, qui feraient donc office d’outils de dépollution. Mais les variétés identifiées n’étaient pas assez prometteuses, car trop petites. « Au mieux, on pouvait obtenir deux ou trois tonnes de matière sèche par hectare, détaille Thibault Sterckeman. Or, pour dépolluer correctement les sols contaminés, il faudrait pouvoir en obtenir quatre ou cinq fois plus. » Cette solution exige en plus de traiter ladite matière sèche, celle qui a absorbé le cadmium, soit plusieurs milliers de tonnes chaque année, hautement contaminée. Le retrait du cadmium dans les aliments serait lui aussi très coûteux énergétiquement, et il présente en plus le défaut de retirer certains éléments nutritifs en même temps que les polluants. « La solution la plus directe serait d’éviter de mettre en place des cultures à risque cadmium (tel que le blé dur) sur des parcelles contaminées. Mais cela implique un changement d’organisation des territoires agricoles qui n’est pas si simple à mettre en œuvre », explique Jean-Yves Cornu.Si l’on adopte la même stratégie pour les sols contaminés aux pesticides, on risque de voir se réduire dangereusement les surfaces aptes à recevoir des cultures. « La diminution de la source de la pollution apparaît donc comme la solution la plus sûre, conclut Pierre Souvet. À condition d’aller au-delà des exigences européennes. Car si on reste à 60 mg/kg, c’est le statu quo. On ne décontaminera pas les Français. »   

Nolwenn Weiler 29 novembre 2023

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28 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

paysans finistère ( la peste)

terres

« Les paysans vont disparaître car les industriels et la finance n’en veulent plus »

« Il est tellement plus rentable de vendre de l’amidon extrait des céréales pour en faire des balles de ping-pong, que de vendre de la farine pour en faire du pain. Le but des industriels, qui ont pour actionnaires des financiers voraces, n’est pas de nous nourrir, mais d’émarger le plus possible. Demain, l’agriculture deviendra d’abord productrice de minerai, de matière première, et d’énergie, pas forcément de nourriture. »

De suicides en faillites ou plus prosaïquement de départs à la retraite, le métier d’agriculteur est en voie de disparition en France. Pierrick Berthou, paysan à la ferme de Poulfang, à Quimperlé, dans le Finistère, analyse les raisons de cette catastrophe dans cette tribune. Nous relayons ici son cri du cœur pour prendre soin des irréductibles paysan.ne.s français.es.

L’inquiétante disparition des paysans

Arnaud Rousseau, alors fraîchement élu président de la FNSEA, déclarait en avril dernier sur BFM TV, que « dans 10 ans, les trois quarts des agriculteurs seront non issus du monde agricole ». Aucune réaction des journalistes présents ! Nonobstant, derrière cette affirmation certes bucolique d’un retour à la terre – sympathique ouverture du monde agricole – et le grand sourire de M. Rousseau, on devrait se poser des questions.

Pourquoi les paysans ne veulent-ils pas que leurs enfants reprennent la ferme ? Pourquoi les enfants de paysans ne veulent pas et ou ne peuvent pas reprendre la ferme familiale ? Et, pourquoi, là où les paysans et leurs enfants échouent, oui, pourquoi les néoruraux, eux, réussiraient-ils ? Quelle agriculture voulons-nous ? Et par déclinaison, quelle alimentation M. Rousseau nous prépare-t-il ?

C’est, en quelque sorte, cette question qui est la plus importante car elle déterminera tout ! Au-delà de ces questions, et de la démographie agricole, un constat s’impose : il n’y aura pas de transmission. Pas de transmission du savoir (il faut du temps pour former un paysan), et pas de transmission des fermes…

La mise en place de l’industrialisation de l’Agriculture – au sortir de la guerre – s’est faite sur un axiome faux : le pays a faim. Dans son excellent livre Silence dans les champs, Nicolas Legendre nous rappelle que le dernier ticket de rationnement en France date de 1949. C’est dire à quel point les paysans ont relevé le défi dès leur retour des champs de bataille.

Il faut quand même noter, et c’est essentiel, que si les paysans ont pu réaliser cet « exploit » en moins de quatre ans, c’est grâce aux femmes, donc aux paysannes, et aussi aux vieux paysans qui ont porté à bout de bras la nation pendant toute la durée de la guerre et au-delà. Car, sans elles, rien n’eût été possible…

Le tournant des années 1970

Et comment ces paysannes et paysans ont-ils été remerciés ? Au cours des années 70, le fer de lance de l’élevage industriel porcin en Bretagne Alexis Gourvennec, qui encensait l’industrialisation de l’agriculture, n’hésitait pas à dire publiquement qu’il fallait dégager d’un revers de main tous ces minables, tous ces boulets, tous ces canards boiteux, le tout en accompagnant le geste à la parole ! Quel mépris ! Il fallait oser !… Il a osé !

Dès lors, une véritable guerre contre les paysans fut menée, une guerre sans pitié, sans relâche ! 31 000 fermes laitières dans le Finistère en 1970, nous approchons de 1 500 aujourd’hui, et elles sont encore trop nombreuses nous dit-on.

Tout a été fait pour éradiquer les paysans : faibles prix, IVD (indemnités viagères de départ), contraintes environnementales et administratives, l’orientation de la PAC (Politique Agricole Commune). Même les retraites agricoles sont un levier important du découragement.

En effet, il faut bien admettre que lorsque vous avez trimé très dur toute une vie durant pour un revenu plus que modeste et que l’on vous met en perspective une retraite minable, indécente, proche du minimum vital, on n’encourage pas la reprise de la ferme familiale par les enfants. Donc, vous vendez au plus offrant, afin d’améliorer votre retraite et c’est ainsi que même les retraites agricoles participent à l’agrandissement des fermes, de fait à l’industrialisation de l’Agriculture.

En 1972, les paysans du Finistère et du Morbihan se mirent en « grève » pour un problème de prix payé aux producteurs par les industriels. Déjà ! Au bout d’un long conflit de plusieurs semaines, les industriels « lâchèrent » un peu sur les prix, les paysans rentrèrent sur leurs fermes et se remirent au travail sagement…

Personne, absolument personne, ni les politiques, ni les syndicalistes, ni les économistes, ni les journalistes, ni les intellectuels, PERSONNE, n’intervint pour aider les paysans à réfléchir. Car ce n’est pas une toute petite hausse des prix qu’il fallait négocier, c’était la relation entre les paysans et les industriels qu’il fallait mettre sur la table. Rien ne fut fait, le démembrement de la paysannerie pouvait reprendre son cours.

Nous ne jetterons pas la pierre aux paysans de l’époque car en 2009, lors de la « grève du lait », nous n’avons pas fait autre chose qu’accepter, au final, une petite hausse du prix du lait et nous sommes rentrés dans nos fermes bien sagement, reprenant le travail.

Cependant, les industriels, en 2009, eux, ont réfléchi à leurs relations avec les agriculteurs. De là est née la LMA 2010 (loi de modernisation agricole), qui enchaîna définitivement les paysans aux industriels. Feu Alexis Gourvennec ne pourrait rêver mieux, lui qui disait (dans les années 70) que l’Agriculture était l’alliée née des industriels. Il fallait comprendre que l’Agriculture sera aliénée à l’industrie, dont acte !

La fin de l’agriculture ?

Au tout début des années 90, Michel Blanc, membre éminent de la FNSEA déclarait à Quimper, à la chambre d’Agriculture, que demain celle-ci ne serait plus nourricière mais productrice de molécules.

En fait, il nous parlait, sans le nommer, du cracking alimentaire qui consiste à extraire des molécules des céréales, du lait etc. afin d’approvisionner les industries dans le but de créer de nouveaux produits (colles, médicaments et différents adjuvants qui font notre quotidien).

Il est tellement plus rentable de vendre de l’amidon extrait des céréales pour en faire des balles de ping-pong, que de vendre de la farine pour en faire du pain. Le but des industriels, qui ont pour actionnaires des financiers voraces, n’est pas de nous nourrir, mais d’émarger le plus possible. Demain, l’agriculture deviendra d’abord productrice de minerai, de matière première, et d’énergie, pas forcément de nourriture.

Mais l’autonomie alimentaire me direz-vous ? Ce n’est qu’une chimère que l’on nous serine inlassablement, c’est de la communication positive et rassurante, mais, surtout, c’est une belle hypocrisie. Déjà aujourd’hui, 50 % de notre alimentation provient de l’importation. Finalement, notre nourriture sera le sous-produit de l’industrie agroalimentaire. Pour le reste, le libre-échange compensera, il a été inventé pour cela…

Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans les fermes. Algorithmes, ordinateurs, capteurs, smartphones, logiciels, applications, robotiques, intelligences artificielles, drones, sont et seront omniprésents. Vous savez ces outils d’aide à la prise de décisions qui rapidement deviendront des outils preneurs de décisions.

Or, ces technologies ont un coût exorbitant, les agriculteurs ne pourront pas financer ces outils par le fruit de leurs productions. Alors, M. Olivier Chaillou, président de la coopérative TERRANA, a proposé un plan d’accompagnement. Ce plan propose une prise de participation dans le capital des fermes par la coopérative. Il n’échappera à personne que les dirigeants de la coopérative préfèrent entrer au capital des exploitations, car les moyens financiers sont réels, plutôt que de mieux rémunérer ses propres adhérents.

Il faut être bien conscient que l’exploitation appartiendra, au moins pour une partie, à la coopérative. C’est le monde à l’envers ! Accepter ce genre de plan, et M. Chaillou n’est pas le seul à promouvoir cette stratégie, c’est faire un grand pas vers l’absorption des fermes par les agro-industriels (de fait par la finance). Ajoutez à cela l’utilisation des OGM et le brevetage du vivant, et là, vous n’aurez plus de paysans, ni même d’agriculteurs, vous aurez des exécutants agricoles au service des agro-industriels.

Indéniablement, un pan entier de notre vie va disparaître : la paysannerie (histoire, façon de produire notre alimentation, savoir faire, culturel, paysages, relation à la vie etc.). C’est un cataclysme unique dans l’Histoire de l’Humanité qui se profile, qui nous est dicté.

Croire que l’on va stopper l’agriculture industrielle est un mirage. Et, ce n’est pas la multiplication des projets d’installations « alternatifs » et leurs multiplicités qui arrêteront ce mouvement. Certes, beaucoup de néoruraux s’installent ou veulent s’installer en agriculture, certains avec succès, mais le défi est immense et ils sont nombreux à renoncer assez rapidement.

On ne s’improvise pas paysan ! Les paysans vont disparaître car les industriels et la finance n’en veulent plus, d’ailleurs, ils ne prononcent jamais ce mot ! »

27 novembre 2023

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27 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

hôpital lorient (fr3)

affiche-sante

Le directeur de l’hôpital dans le viseur, forte mobilisation des personnels contre la politique de restriction budgétaire de l’hôpital de Lorient

La mobilisation importante ce lundi 27 novembre pour la sauvegarde des conditions de travail et d’accueil à l’hôpital de Lorient est sans précédent selon les syndicats.

Plus de 500 personnes se sont rassemblées ce lundi après-midi devant l’hôpital du Scorff à Lorient (Morbihan) pour exprimer leur colère et leurs inquiétudes sur la gestion menée par leur tout nouveau directeur, basée sur des économies à tous les niveaux.

L’appel à la mobilisation avait été lancé une intersyndicale (CGT, CFDT, FA Fédération Autonome, Santé Sociaux G.H.B.S et Sud) à 14h devant l’hôpital du Scorff. Et l’appel a largement été entendu, puisque plus de 500 manifestants se sont rassemblés pour défendre leurs conditions de travail, conditions d’accueil des patients et les emplois.

Car depuis son arrivée en juillet dernier, Jean-Christophe Phelep, le nouveau directeur du groupe hospitalier Bretagne sud (GHBS) a réussi, selon les syndicats, un exploit : faire l’unanimité contre lui. « En deux mois, il a réussi l’exploit de réunir pour la première fois une intersyndicale à l’hôpital du Scorff » nous lâchait l’intersyndicale fin septembre dernier.

Une mobilisation historique

Selon un représentant CGT et un médecin au cours de la manifestation, une telle mobilisation, « c’est du jamais vu depuis 20 ans », « une mobilisation historique ».

Dans les rangs des manifestants composés avant tout de soignants, de personnels, de médecins, de patients, de résidents d’Ehpad et de citoyens, l’inquiétude est de mise par rapport aux conditions de travail et de soins prodigués dans l’établissement. Des slogans inscrits sur des pancartes tels : « Vous ne pensez qu’aux sous. Nous ne pensons qu’aux soins », « Non au management par la peur », « Maltraitance du directeur envers le personnel soignant », démontre bien la colère des personnels à l’égard de la nouvelle direction.

Selon les manifestants et les syndicats, la politique de restriction budgétaire engagée par le nouveau directeur se fait déjà lourdement sentir. Ainsi, l’intersyndicale dénonce « le climat délétère créé par le nouveau directeur et les nombreuses rumeurs qui se sont finalement concrétisées avec, par exemple, la fin du recours à des agents contractuels, la privatisation possible de certains services, notamment le bio nettoyage ou encore le gel des CDIsation ». 

Gérard, un résident d’Ehpad de 92 ans, n’a pas hésité à sortir pour soutenir « tous ces personnels compétents, très gentils qui vont perdre leur travail à la fin du mois ou du mois suivant ». Des personnes âgées qui n’auront pas de repas de Noël pour cause de restriction budgétaire.

« Un fossoyeur du service public hospitalier »

Jean-Christophe Phelep aurait dressé l’état d’une situation financière calamiteuse, mettant en avant l’endettement de l’établissement hospitalier, ce qui empêcherait d’avoir suffisamment de trésorerie permettant d’investir dans de nouveaux projets.

Ludovic Bénabès, représentant du personnel CGT du GHBS, n’hésite pas à qualifier le nouveau directeur de « fossoyeur du service public hospitalier ».

Selon le syndicaliste, « il y a urgence » devant l’inquiétude grandissante qui s’empare d’une bonne partie des employés soignants et administratifs du groupe hospitalier Bretagne sud. « On a eu neuf assemblées générales en un mois et à chaque fois le personnel a répondu présent en masse comme pour cette mobilisation d’aujourd’hui, ce qui prouve bien le mécontentement de la nouvelle politique menée ».

Le syndicaliste ajoute que ce qui se déroule actuellement à Lorient est symptomatique des politiques de santé qui ont été menées ces dernières années qui ont contribué à dévaster petit à petit et plus particulièrement ces dernières années l’hôpital public ». Et de parler de double discours « entre la volonté de vouloir maintenir un service public hospitalier de qualité et les moyens mis en œuvre pour y arriver ».

 27/11/2023   Thierry Peigné

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26 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

triple inégalité ( à l’encontre)

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15 novembre 2023, São Paulo: des enfants d’une favela jettent de l’eau pendant la vague de chaleur extrême (58,5°C), antérieure à l’été.

La «triple inégalité» qui est au cœur de cette crise climatique

Les conférences internationales telles que la prochaine COP28 [qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023] peuvent apparaître comme des événements routiniers et conventionnels. Mais elles sont importantes.

Si l’on examine la carte climatique du monde que nous devrions habiter dans 50 ans, on voit une ceinture de chaleur extrême encerclant le milieu de la planète. La modélisation du climat à partir de 2020 suggère que d’ici à un demi-siècle, environ 30% de la population mondiale projetée – à moins d’être contrainte de se déplacer – vivra dans des endroits où la température moyenne sera supérieure à 29 °C. C’est une chaleur insupportable. A l’heure actuelle, pas plus de 1% de la surface terrestre est aussi chaude, et il s’agit principalement de zones inhabitées du Sahara.

Si le scénario est aussi dramatique, c’est parce que les régions du monde les plus gravement touchées par le réchauffement climatique – surtout l’Afrique subsaharienne – sont celles qui devraient connaître la croissance démographique la plus rapide au cours des prochaines décennies.

Mais malgré cette croissance démographique, ce sont aussi les régions qui, selon les données actuelles, contribueront le moins aux émissions à l’origine de la catastrophe climatique. L’inégalité est si grande que les 50% de la population mondiale qui ont les revenus les plus faibles – 4 milliards de personnes – ne contribuent qu’à 12% des émissions totales. Et ceux et celles qui se trouvent tout en bas de l’échelle ne sont pratiquement pas des contributeurs.

Les émissions de CO2 par habitant au Mali représentent environ un soixante-dixième de celles des Etats-Unis. Même si le tiers de la population mondiale qui dispose du revenu le moins élevé  – plus de 2,6 milliards de personnes – parvenait à dépasser le seuil de pauvreté fixé à 3,20 dollars par jour, les émissions totales n’augmenteraient que de 5%, soit un tiers des émissions des 1% les plus riches.

La moitié de la population mondiale, sous la conduite des 10% les plus élevés de la pyramide des revenus – et, surtout, l’élite mondiale – alimente et gère un système de production à l’échelle planétaire qui perturbe l’environnement pour tout le monde. Les répercussions les plus graves sont subies par les plus pauvres et, dans les décennies à venir, elles deviendront progressivement plus extrêmes. Pourtant, étant donné leur pauvreté, ils sont pratiquement dans l’incapacité de se protéger.

C’est la triple inégalité qui définit l’équation climatique mondiale: la disparité des responsabilités dans la survenue du problème, la disparité des impacts de la crise climatique et la disparité des ressources disponibles pour l’atténuation et l’adaptation.

Dans la zone dangereuse de la dégradation climatique, tout le monde n’est pas pauvre et désarmé. Le sud-ouest des Etats-Unis dispose des ressources nécessaires pour faire face lui-même.

L’Inde est un Etat doté. Mais le réchauffement planétaire posera d’énormes problèmes de répartition. Comment les réfugiés climatiques seront-ils réinstallés? Comment l’économie s’adaptera-t-elle?

Pour des Etats fragiles comme l’Irak, cela pourrait s’avérer trop difficile. Le risque est qu’ils passent d’une situation de survie à un effondrement pur et simple, faute de pouvoir fournir de l’eau et de l’électricité pour la climatisation – éléments essentiels à la survie dans des conditions de chaleur extrême.

En Irak, cet été, des milliers de personnes se sont entassées dans leurs voitures climatisées, faisant tourner leur moteur pendant des heures pour survivre à des pics de chaleur dépassant les 50 degrés.

On pourrait dire, plus ça change, plus les pauvres souffrent et les riches prospèrent. Mais les conséquences de la triple inégalité climatique sont radicales et nouvelles. Les pays riches ont longtemps commercé sur la base d’un change inégal avec les pays pauvres. A l’époque du colonialisme, ils ont pillé les matières premières et réduit en esclavage des dizaines de millions de personnes. Pendant les deux générations qui ont suivi la décolonisation, la croissance économique a largement délaissé ce que l’on appelait alors le tiers-monde.

Depuis les années 1980, avec l’accélération de la croissance économique de la Chine, le rayon du développement s’est considérablement élargi. Les 40% du milieu de la pyramide des revenus dans le monde contribuent aujourd’hui à 41% des émissions mondiales, ce qui signifie qu’ils ont atteint un niveau considérable de consommation d’énergie. Mais cette «classe moyenne mondiale», concentrée surtout en Asie de l’Est, réduit à néant le budget carbone restant pour les personnes aux revenus les plus faibles, et sa croissance entraîne des dommages irréversibles à certaines des populations les plus pauvres et les plus démunies du monde.

Telle est la nouveauté historique de la situation actuelle. Alors que nous nous rapprochons de plus en plus de la limite de la tolérance environnementale – soit les conditions dans lesquelles notre espèce peut prospérer – le développement du monde riche compromet systémati-quement les conditions de survie de milliards de personnes dans la zone de danger climatique. Ces personnes ne sont pas seulement exploitées ou évincées mais aussi victimes des effets climatiques de la croissance économique qui a lieu ailleurs. Cet enchevêtrement violent et indirect est inédit par sa qualité et son ampleur.

Les relations violentes et inégales entre les collectivités impliquent généralement un certain degré d’interaction et peuvent, par conséquent, faire l’objet d’une résistance. Les travailleurs et travailleuses peuvent faire grève. Ceux qui sont pris dans des relations commerciales déloyales peuvent boycotter et imposer des sanctions.

En revanche, la «victimisation» écologique sans lien de subordination n’implique aucune relation de ce type et offre donc moins de possibilités de résistance à l’intérieur du système. Il est possible que l’explosion des pipelines qui transportent l’énergie des pays pauvres vers les consommateurs riches devienne une forme de protestation (voir l’ouvrage d’Andreas Malm, Comment saboter un pipeline, Ed. La Fabrique, 2020). Ce serait certainement un signal. Mais ne pouvons-nous pas espérer des ripostes plus constructives à la triple inégalité?

C’est encore cette question qui donne toute son importance aux conférences mondiales sur le climat, comme la COP28, qui débute le 30 novembre. Elles peuvent sembler être des événements routiniers et conventionnels, mais c’est dans ces espaces que peut être exposé, sous une forme politique, le lien mortifère entre la production de pétrole, de gaz et de charbon, le type de consommation [et de production] des pays riches et les risques mortels auxquels s’affrontent ceux qui se trouvent dans la zone de danger climatique.

C’est sur cette tribune que les activistes et les gouvernements peuvent clouer au pilori le refus honteux des pays riches de coopérer à la mise en place d’un fonds de compensation pour dédommager les pays les plus menacés de leurs préjudices et dommages. La nécessité d’un tel fonds a été reconnue en principe lors de la COP27 en Egypte [du 8 au 18 novembre 2022]. Mais depuis, la résistance des négociateurs états-uniens et européens s’est durcie. A l’approche de la COP28, l’organisation et le financement du fonds restent toujours à définir.

Un tel fonds n’est pas une solution au problème de la triple inégalité. Pour cela, nous avons besoin d’une transition énergétique globale et de nouveaux modèles de développement véritablement inclusifs et durables.

Mais un fonds pour les préjudices et les dommages ferait ressortir une chose essentielle: la reconnaissance que la crise climatique mondiale n’est plus un problème de développement à venir. Nous sommes entrés dans une phase où le fait de ne pas s’attaquer d’urgence à la crise croissante devient un processus actif de pénalisation. Une pénalisation qui réclame, au moins, une reconnaissance de responsabilité et une compensation adéquate.

(Article publié dans The Guardian le 23 novembre 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

Par Adam Tooze  professeur d’histoire à l’université de Columbia.25 novembre 2023

https://alencontre.org/

 

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25 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

dieldrine (basta)

dieldrine (basta) dans Altermondialisme
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Des pesticides ultratoxiques et interdits depuis 30 ans continuent de polluer nos légumes 

Massivement utilisée avant son interdiction en 1972, totalement prohibée depuis 1992, la dieldrine demeure présente dans des sols agricoles aux quatre coins de la France. Une véritable entrave au développement de l’agriculture bio.

Quand elle a découvert la pollution de ses légumes à la dieldrine, un insecticide très toxique pour l’être humain, Delphine est tombée de sa chaise, incrédule. Maraîchère bio, elle peinait à comprendre comment cet insecticide interdit en agriculture depuis 50 ans, et qu’elle n’a jamais utilisé, pouvait se retrouver dans ses productions. Puis, elle s’est heurtée au silence des diverses institutions qu’elle a contactées. Comme si personne ne savait rien.

Le problème est pourtant connu de longue date, si l’on en croit plusieurs témoins qui nous ont contactés à la suite de la publication de l’histoire de Delphine, en avril 2023.

Le produit en cause, la dieldrine, est un insecticide de la famille des organochlorées (la même que le DDT), utilisé en arboriculture, en viticulture, en horticulture et en grandes cultures pour lutter contre des insectes et certains champignons. La dieldrine est interdite en 1972 en agriculture, et totalement prohibée depuis 1992, quels que soient les usages.

Un problème connu depuis longtemps

Prenons l’exemple de Gilles, technicien pour un groupement d’agriculteurs bio dans le sud-ouest de la France. La première fois qu’il entend parler de problèmes de résidus de dieldrine dans des légumes, c’est dans les années 1980. Les alertes n’ont jamais cessé ensuite, jusqu’à la fin de sa carrière, en 2017. « C’était toujours plus ou moins les mêmes circonstances, évoque-t-il. Des acheteurs de légumes, souvent des grossistes belges et parfois allemands faisaient des analyses des productions et trouvaient des doses de dieldrine qui dépassaient les limites maximales de résidus (LMR). On avait surtout des problèmes avec les courgettes, qui captent facilement la dieldrine. Mais cela arrivait aussi avec les concombres et, parfois, les carottes. »

« Les parcelles bio peuvent être polluées par des pesticides organochlorés (tels que la dieldrine, ndlr) puisque ces molécules perdurent dans la terre bien au-delà des deux années de la reconversion bio », avertit pour sa part l’Institut suisse de recherche sur l’agriculture biologique. Jamais utilisée en agriculture biologique, la dieldrine a été largement épandue dans les champs « conventionnels » jusqu’à il y une trentaine d’années, notamment sur les zones maraîchères, arboricoles et céréalières. « Les vieux agriculteurs disaient qu’ils en balançaient des quantités à l’époque pour assainir les sols, évoque Gilles. Résultat : il en traîne dans tous les vieux sols maraîchers. » Mais aussi dans bon nombre de légumes, apparemment.

« On retrouve d’autant plus les polluants qu’on les cherche », ironise Gilles, qui se souvient avoir croisé des labos qui avaient arrêté de chercher la dieldrine, mais aussi d’autres pesticides, parce qu’ils en retrouvaient toujours, souvent au-delà des limites autorisées. « Ces résidus sont très problématiques pour le bio, mais on doit également en retrouver dans légumes conventionnels », souligne Gilles.

Les courges bio ne sont évidemment pas les seules à pomper les polluants qui demeurent dans le sol. Mais, tenus de se conformer à un cahier des charges très précis, les agriculteurs bio et les produits qu’ils vendent sont beaucoup plus contrôlés que leurs collègues conventionnels. « Ce serait intéressant de tester des légumes non bio, et de voir ce qu’il y a dedans », avance Julien Hamon de la Confédération paysanne du Morbihan, qui a suivi le dossier de Delphine.

Une vigilance inégale

Que faire face à cette pollution ? Pour éviter les déconvenues, « il est recommandé de clarifier une fois pour toutes si la parcelle est polluée par des pesticides organochlorés, en faisant une analyse de terre avant de cultiver pour la première fois des cucurbitacées. Cela permet aux producteurs de garantir facilement des récoltes non contaminées et de se prémunir à peu de frais contre les pertes », suggère l’Institut de recherche suisse dès 2012, soit dix ans avant que Delphine ne découvre, par hasard, cette problématique… « Si une parcelle est polluée, on oublie la production de courges dessus », appuie Gilles, qui pense qu’il faudrait systématiser les analyses de sols avant que les jeunes maraîchers s’installent. La Fédération nationale des agriculteurs bio (Fnab) partage son avis. Pour le moment, rien de tel n’est prévu en France.

La vigilance est inégale sur le territoire. Dans la Sarthe, c’est l’expérience professionnelle d’un technicien maraîcher, Frédéric, qui a rendu le groupement des agriculteurs bio attentifs à cette problématique. Frédéric a en effet travaillé sur la pollution des sols au sein du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) [1]. « Lors des formations que je délivre, je conseille de faire des analyses de sol dans les parcelles où il y a eu du maraîchage, de la viticulture ou de l’arboriculture, détaille-t-il. Parce que ce sont des cultures sur lesquelles on épand beaucoup de pesticides quand on est en conventionnel. »

Au-delà d’une certaine teneur en dieldrine, il déconseille carrément l’installation, car les risques d’absorption du toxique par les légumes sont trop élevés d’après lui. « S’il s’avère lors d’un contrôle que les produits sont contaminés, les maraîchers vont devoir détruire leurs cultures et ils vont perdre leur certification bio, explique-t-il. Ils peuvent difficilement prendre ce risque. » L’histoire de Delphine, livrée à elle-même après la découverte de la contamination de ses terres et aujourd’hui sans revenu, lui donne plutôt raison.

Que faire quand les terres sont contaminées ?

Cécile a également découvert que le coin où elle produit des plantes ornementales, dans la Sarthe, est largement contaminé à la dieldrine, quand des analyses ont été réalisées sur des terres voisines. « Une parcelle s’est libérée juste à côté de la mienne et des maraîchers voulaient s’y installer. Je me réjouissais d’avoir des collègues si proches. Mais la présence de dieldrine sur les terres qu’ils convoitaient a rendu leur installation impossible, regrette-t-elle. Aujourd’hui, ils continuent à chercher des terres. »

La productrice a découvert que ses propres parcelles contenaient de la dieldrine, et notamment celle qu’elle prévoyait de prêter à sa sœur pour faire pousser… des courges ! « Elle fait du maraîchage et manquait de terres, cette parcelle ne me servait pas, je pouvais la mettre à sa disposition. Mais quand on a vu à quel point les courges peuvent pomper de la dieldrine, on a décidé de renoncer à cette parcelle pour cette culture. »

D’où vient donc la dieldrine présente dans les terres de Cécile ? Impossible à dire précisément. « Mes terres sont une ancienne zone maraîchère, créée à la fin des années 1970. Mais la dieldrine a été interdite en 1972. Les épandages datent sans doute d’avant, de grandes cultures comme le maïs par exemple, évoque Cécile. Mais on ne sait pas trop. » Pour elle, qui produit des plantes ornementales, l’impact est limité. « Je me sers de terreau, et suis donc hors-sol », dit-elle.

Mais elle se pose tout de même de nombreuses questions concernant les risques pour la santé et les possibilités de dépollution. « Je serai intéressée d’avoir une cartographie précise, pour identifier les endroits où je peux cultiver. Via une IEM par exemple. » IEM signifie « interprétation de l’état des milieux ». C’est une analyse poussée des sols, de l’air et des végétaux. Problème : cela coûte environ 10 000 euros.

Les nombreuses questions qu’impose la découverte d’une contamination à la dieldrine et l’absence totale de soutien technique, administratif et financier font que beaucoup de gens – agriculteurs, pouvoirs publics, laboratoires d’analyses, etc. – jouent la stratégie de l’autruche. « Il m’est arrivé de conseiller à de jeunes porteurs de projets de faire des analyses de leurs terres, évoque Gilles. Mais ils m’ont dit non, ils n’avaient pas le temps de s’intéresser à ça. »

Plus inquiétant, le technicien se souvient d’une conversation avec le responsable des pesticides au ministère de l’Agriculture, à propos des résidus de dieldrine. « Le gars me dit “ah non je n’en ai jamais entendu parler”. Je pense qu’il se moquait de moi. Dans toutes les anciennes zones maraîchères, on en trouve, c’est obligé. Ça a été mis sous le tapis. »

« En même temps, si on systématise ces tests, on risque de se retrouver avec beaucoup de parcelles sur lesquelles on ne pourrait pas faire pousser de courgettes », concède Gilles. « Imaginons une ferme de dix hectares où il y aurait de la dieldrine partout… Il faudrait que le maraîcher achète d’autres terres ailleurs. Mais où ? Et à qui ? Ça peut vite devenir très compliqué. »

Nolwenn Weiler 23 novembre 2023

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

pontchaillou rennes (basta)

manif hopital

Heures non payées et pression : le personnel de nettoyage en lutte à l’hôpital de Rennes

Non-remplacement, heures supplémentaires non payées, plannings changeants… À l’hôpital de Rennes, le personnel de nettoyage, surtout des femmes, est épuisé par les méthodes de l’entreprise prestataire. Depuis quelques mois, elles se mobilisent.

Ses mains sont blanchies par les produits ménagers après des décennies à travailler en tant qu’agente de propreté. Joséphine* ne s’appelle pas vraiment comme ça. Elle a peur d’être identifiée, mais souhaite tout de même témoigner. Elle est indignée par ses conditions de travail actuelles à l’hôpital de Rennes.

Le nettoyage du CHU Pontchaillou de la capitale bretonne est externalisé depuis dix ans déjà. Un appel d’offres est formulé tous les trois à quatre ans. En février 2021, les tâches de nettoyage de l’hôpital ont été transférées d’une entreprise sous-traitante, Helios Entretien, à une autre, Net Plus. Depuis, Joséphine dit avoir a vu ses tâches se multiplier et la pression de la hiérarchie se renforcer.

« Avant il y avait des secteurs de nettoyage tracés et fixes avec une personne par étage. Il y avait un suivi, c’était organisé, dit l’employée. Net Plus a tout changé et a ajouté du travail. Avec eux, on nettoie certains bureaux seulement deux fois par semaine. La direction utilise cet argument pour dire qu’il y a moins de travail, mais les bureaux sont plus sales et cela prend plus de temps pour les nettoyer. »

Sous-effectif et manque de matériel

Raida, elle aussi employée au nettoyage de l’hôpital Pontchaillou de Rennes, juge aussi que l’arrivée de Net Plus a aggravé ses conditions de travail, au point qu’elle a été contrainte de poser un arrêt maladie après des douleurs chroniques et des vertiges. « Après trois départs de travailleuse dans notre bâtiment, dont un licenciement, on s’est retrouvées à deux pour faire huit étages. C’était impossible. Quand je me suis plainte, j’ai reçu plusieurs courriers d’avertissement puis une mise à pied », dit Raida. Cela fait 20 ans qu’elle exerce au sein de l’hôpital rennais. Depuis 2021, « le travail a été multiplié par trois », juge-t-elle.

Les agentes sont unanimes : elles n’ont pas le temps de finir le travail demandé par l’agence, elles ne sont pas assez. Non seulement elles se disent en sous-effectif, déplorent un manque de matériel, comme des chiffons et des aspirateurs, mais dénoncent aussi l’attitude de la hiérarchie qui leur impose une pression constante.

Les horaires ne rendent pas les choses plus faciles. La prise de poste commence à 5 h le matin alors que les transports ne sont pas encore en service à cette heure-ci à Rennes. « Parfois, on nous appelle tard le soir pour changer nos horaires au dernier moment, on doit toujours être disponibles, mais ce n’est pas le cas dans l’autre sens », explique Raida.

Les collègues soignantes constatent elles aussi les mauvaises conditions de travail des agentes de nettoyage. « Il n’y a qu’une seule personne pour faire 42 chambres, c’est catastrophique », témoigne une aide-soignante. « Elles n’ont même pas de salle de pause », déplore une autre.

16 licenciements, 21 démissions en deux ans

Aujourd’hui, Net Plus emploie sur le site de l’hôpital rennais 130 personnes en CDI et 27 en CDD. Sur les CDI, 103 sont en contrats à temps plein, plutôt rares dans le secteur du nettoyage. Et pourtant, les agentes sont unanimes : elles n’ont pas le temps de finir le travail demandé par l’agence, et elles ne sont pas assez pour le faire.

Elles dénoncent aussi une pression constante de la part de la hiérarchie. Les employées se disent également épiées, avec des signalements sur le groupe Whatsapp des chefs. Sur une autre conversation Whatsapp où chefs et employées sont inclus, les notes de propreté de chacune sont publiées.

« Avant, les chefs nous aidaient, mais maintenant, ils nous surveillent et ne font plus que vérifier si nous nettoyons bien et nous dénoncent sur Whatsapp si nous ne sommes pas assez sérieuses », se désole Joséphine. « On nous demande de nettoyer un bureau en cinq minutes, mais c’est impossible », s’indigne aussi Raida, qui a déjà mis au défi un responsable de nettoyer un bureau dans ce temps imparti, ce qu’il n’a pas réussi.

Licenciement

Mila a été licenciée en mai dernier. Dans un courrier en retour à destination de la direction, elle déclare avoir annoncé son arrêt maladie causé par son dos bloqué et ne pas avoir eu d’avertissement quant à un possible licenciement.

Mila, de son côté, a été licenciée, car elle ne respectait pas les seuils de propreté selon son responsable. Pourtant, elle dit avoir fait son maximum : « Je travaillais très bien, tout le monde me le disait ». Elle affirme ne pas avoir compris la décision de la direction, et avoir été licenciée sans avertissement. « J’ai trois enfants et je ne peux pas m’arrêter de travailler », nous dit-elle aussi.

En tout, la direction de Net Plus a prononcé 16 licenciements sur son équipe de nettoyage de l’hôpital rennais depuis 2021, huit pour la seule année 2023, selon les chiffres qu’elle nous elle-même a communiqués. Les démissions se multiplient aussi. Il y en a eu 21 depuis que Net Plus a repris le contrat de nettoyage au CHU de Pontchaillou en 2021. Ces départs ne sont pas toujours remplacés. Les tâches se retrouvent donc redistribuées entre les agentes toujours en poste, leur ajoutant du travail, sans accroissement ni de leurs heures ni de leur paie.

Une association en soutien

L’an dernier, les employé·es ont commencé à communiquer entre elles et réalisé qu’elles n’étaient pas seules à ressentir une dégradation de leurs conditions de travail. Elles se sont rapprochées en janvier d’une association rennaise, nommée « Si on s’alliait », qui soutenait déjà certaines des salariées sur d’autres sujets. L’organisme propose par exemple des permanences dans les quartiers de Rennes pour accompagner les habitants qui en ont besoin dans les démarches administratives et numériques, ainsi que dans l’apprentissage du français.

Cette association a formé un collectif avec les syndicats CGT et Sud Santé pour défendre les employées du nettoyage du CHU. Ils ont lancé une pétition pour dénoncer « la situation désastreuse que ces travailleuses vivent au quotidien ». « Net Plus veut faire plus avec moins au détriment des salariées, résume Yves Morice, délégué du syndicat Sud à l’hôpital Pontchaillou.

Les agentes ont une charge croissante de travail au jour le jour et n’en voient pas la couleur financièrement. » En juin, le collectif a rencontré des responsables de Net Plus, dont le directeur e de l’agence rennaise Pierre-Yves Guichaoua. Une table ronde a également eu lieu fin août entre la direction et les syndicats pour discuter des conditions de travail.

Mais rien de satisfaisant n’est ressorti de ces rencontres pour le collectif. Le 10 octobre, les salariées de Net Plus et leurs soutiens ont investi les locaux de la direction de l’hôpital Pontchaillou, balais et seaux en main. La cinquantaine de personnes ont réclamé un rendez-vous en scandant des slogans « Net Plus, malhonnêtes plus » et « Santé au travail, on ne remercie pas l’hôpital ».

La directrice de l’hôpital Véronique Anatole Touzet n’était pas présente. Après plusieurs appels téléphoniques et l’arrivée des policiers, les manifestants ont fini par obtenir un rendez-vous avec la direction de l’hôpital. Fixé dans un premier temps au 26 octobre, il a été repoussé par la direction au 21 novembre.

Responsabilité de l’hôpital

« Il a fallu envahir la direction de l’hôpital pour obtenir un rendez-vous, se désole Yves Morice. Il dénonce l’inaction de la direction de l’hôpital. « On reproche au CHU de ne pas créer un cadre contraint à l’entreprise sous-traitante. Il faut une pression pour garantir le droit du travail et la transparence. La direction a une responsabilité sociale, c’est elle qui crée le cadre. »

La suite du mouvement dépend maintenant des réponses qu’apportera la direction lors du rendez-vous. Les syndicats demandent une rémunération des heures supplémentaires, ainsi que l’achat de matériel adéquat. Le syndicaliste de Sud exige aussi « la fin de ce management où les responsables, qui ne sont pas tout le temps sur place, viennent mettre des coups de pression. » Le syndicat réclame enfin la réinternalisation du nettoyage à Pontchaillou. « Depuis dix ans, l’externalisation a aggravé les conditions de travail », constate Yves Morice.

De leur côté, les employés de Net Plus veulent au plus vite un temps de travail approprié à la charge de nettoyage, plus de salariées et moins de chefs, le remplacement de chaque départ, un paiement des heures supplémentaires, une pointeuse de début et de fin de journée, la mise en place d’instances d’échanges entre salariées et employeurs, et la réintégration des personnes licenciées qui le souhaitent.

Contactée par mail, Net Plus nous écrit estimer « que cette mobilisation est le fruit d’une généralisation, très souvent trompeuse, où les représentants des collectifs étaient plus nombreux que nos agents ». Elle dit être ouverte « au dialogue et à l’amélioration continue ». Et accuse la CGT de vouloir avant tout réinternaliser la prestation, alors que le marché doit être reconduit en janvier.

*Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat et la sécurité de l’emploi des interrogées

20 novembre 2023 Angéline Desdevises, Lucile Trihan

https://basta.media/

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

fermes usines ( fr3 )

 

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Contre les « fermes-usines », Greenpeace déverse du lisier devant le ministère de l’Agriculture

Faux poulets de batterie, vraies algues vertes et purin: des militants de l’ONG environnementale Greenpeace ont répandu lundi des milliers de litres de lisier devant le ministère de l’Agriculture. Ils réclament « un moratoire sur les fermes-usines » au nom du bien-être animal et de la protection de la planète.

Arrivés vers 09H00 devant le ministère, une bétaillère contenant un cochon géant gonflable et un camion grillagé transportant des militants déguisés en poulets ont bloqué la rue de Varenne.

Rapidement, des activistes vêtus de combinaisons blanches et d’un T-shirt floqué du slogan « Stop fermes usines », ont commencé à déverser du lisier, un mélange liquide d’excréments animaux servant d’engrais, sur une bande-son de vrais cris de porcs.

Pour la transition écologique et le bien-être animal, Greenpeace demande un moratoire

« Nous avons déversé deux tonnes de lisier pour dénoncer le modèle d’élevage industriel qui, face à la crise environnementale et climatique, doit faire l’objet d’une profonde transformation », a expliqué Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France.

L’opération a pris fin vers 11H00, « onze activistes » ayant été interpellés selon l’ONG.

« Nous demandons un moratoire sur tous les nouveaux projets de construction ou d’extension de fermes-usines en France. Dans le cadre de la transition écologique et pour le bien-être animal, il est nécessaire de déployer d’autres modèles d’élevage », a ajouté Sandy Olivar Calvo.

3000 fermes usines en France, les 2/3 dans l’Ouest

L’ONG place sous l’appellation « ferme-usine » les exploitations devant faire l’objet d’une autorisation des services de l’État en raison de leur impact potentiel: ces fermes peuvent accueillir jusqu’à 750 truies ou plus de 40.000 volailles.

Sur la base de données du ministère de la Transition écologique, Greenpeace recense quelque 3.000 « fermes-usines » en France (sur 145.000 exploitations spécialisées dans l’élevage), principalement de volailles et de porcs. Les deux tiers se concentrent dans l’ouest du pays.

« Ces fermes-usines, c’est 3% de l’élevage qui concentre 60% du cheptel. En Bretagne, cette concentration contribue à polluer les nappes phréatiques et à la prolifération des algues vertes », a affirmé une militante, en désignant des fûts d’algues vertes marqués d’une tête de mort au pied du camion.

L’ONG s’inquiète de la future loi d’orientation agricole, plusieurs fois reportée et désormais annoncée pour début 2024. « Ce texte, qui sera l’unique loi agricole du quinquennat, doit être l’occasion de repenser l’élevage en France », a plaidé Sandy Olivar Calvo, déplorant « un cruel manque d’ambition du gouvernement ».

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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14 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

sécu (coord de défense)

sécu (coord de défense) dans Santé

 Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et des maternités de Proximité :

Pétition pour que le budget de la Sécurité Sociale réponde en 2024 aux besoins de la population / Mobilisation le 16 novembre pour la santé et la Sécurité Sociale

Mobilisation le 16 novembre pour la santé et la Sécurité Sociale

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Urgences régulées, maternités fermées, médecin traitant introuvable, médicaments en rupture de stock, l’accès aux soins est de plus en plus compliqué dans notre pays et il y a déjà eu des morts évitables .

.Le gouvernement refuse de prendre des mesures adaptées à la gravité de la situation, préférant augmenter les restes à charge pour les malades, s’attaquer aux arrêts maladie, privilégier le secteur privé qui coûte plus cher pour la Sécurité Sociale, pour la population en fait.

Devant le mécontentement généralisé, relayé par les députés, c’est par le 49.3 qu’il fait adopter le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale 2024 (PLFSS) imposant à notre système de santé de nouvelles coupes budgétaires à hauteur de 3,5 milliards d’euros minimum.

La Coordination Nationale des Comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité rappelle son plan d’urgence pour les professionnels de santé : les garder, en former plus, mieux les répartir.

Les garder ! Admirons leur conscience professionnelle, mais les applaudissements ne suffisent pas. La Coordination appelle ses comités, la population à participer à la mobilisation intersyndicale des soignants le 16 novembre.

Leurs revendications sont légitimes et leur satisfaction indispensable pour la santé dans notre pays.

Malgré les 49.3, les comités de la Coordination ont continué à faire signer la pétition pour que le PLFSS 2024 réponde aux besoins de la population. Cela est l’occasion d’échanges traduisant l’indignation face aux manœuvres antidémocratiques du gouvernement et de multiples témoignages des difficultés d’accès aux soins, de la multiplication des dépassements d’honoraires.

C’est une inquiétude généralisée face à la crainte d’être malade et de ne pouvoir être soigné dans de bonnes conditions.

Une délégation de Convergences Service Public et de la Coordination remettra les pétitions le 16 novembre, avant de participer au rassemblement parisien à 13 h devant le ministère de la santé.

Pétition à l’attention du Président de la République
Pour que le budget de la Sécurité Sociale réponde en 2024 aux besoins de la population

https://coordination-defense-sante.org/2023/09/petition-le-texte/

http://coordination-defense-sante.org/

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