Archive | Santé

03 mars 2025 ~ 0 Commentaire

PLERIN ( FR 3 )

Assurance_maladie

Maternité privée de Plérin. « C’est très choquant », l’aide exceptionnelle de 300 000 euros fait débat

Dans les Côtes d’Armor, une subvention de l’Etat fait bondir les élus et responsables syndicaux. 300.000 euros accordés à la clinique de Plérin pour soutenir sa maternité privée. Voilà qui suscite agacement et incompréhension parmi celles et ceux qui sont mobilisés pour l’hôpital public et la réouverture de la maternité de Guingamp.

Même en étant qualifiée d’exceptionnelle, la subvention allouée par l’Agence Régionale de Santé à l’Hôpital Privé de Plérin pour le recrutement de pédiatres, n’a pas fini de faire débat. Une aide qui intervient alors même que l’activité de la maternité de Guingamp est suspendue depuis plus d’an : « Comment l’ARS qui est censée garantir la santé publique attribue une telle somme à une structure à but lucratif qui pratique parfois des tarifs inabordables pour les gens de notre territoire ? », interroge Virginie Le Thuaut, co-secrétaire syndical CGT de l’Hôpital de Guingamp.

« Cet argent aurait dû aller à la maternité de Guingamp »

L’ARS dans un communiqué a motivé son intervention en rappelant que son action vise « à consolider et développer l’offre de santé dans tous les territoires bretons, à la fois publique et privée ».

Une justification qui ne semble pas avoir convaincu la député de l’arrondissement de Guingamp, qui a écrit à la directrice de l’ARS : « En premier lieu, ça me choque dans le sens où on a du mal à financer toute notre politique de santé publique, donc c’est très choquant de voir des établissements privés se faire octroyer des subventions bien sûr. Je pense que cet argent aurait dû aller à la maternité de Guingamp et non pas à la maternité privée de Plérin », Murielle Lepvraud, députée La France insoumise (4e circonscription des Côtes-d’Armor).

« Inaudible et incompréhensible »

Fanny Chappé, Conseillère régionale, maire de Paimpol ne décolère pas et ne comprend pas qu’une telle somme soit fléchée vers un établissement privé et lucratif : « Ce que l’on comprend à travers ces 300 000 euros c’est que quand une structure publique comme la maternité de Guingamp a un problème de recrutement, l’ARS dit qu’on ferme le service, qu’on le suspend, alors que quand une structure privée à but lucratif, rentable, a un problème de recrutement, on lui fait un chèque donc déjà c’est la première chose qui est inaudible et incompréhensible pour un certain nombre d’élus locaux ». 

Dans les hôpitaux publics, l’épisode est très commenté et ne manquera pas sans doute de convoquer sur le sujet de nombreux élus attachés à la permanence d’un système de soin de qualité.

(Avec JM Seigner)  Laurence Postic  28/02/2025

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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16 février 2025 ~ 0 Commentaire

Info tour

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Info-tour anti-nucléaire au printemps en Bretagne-Normandie

Texte d’intention en vue d’organiser un infotour antinucléaire en Bretagne, Normandie et au-delà, au cours du printemps prochain.

Salut tout le monde Nous sommes quelques-un.es à souhaiter créer des opportunités de rencontres et de discussions antinucléaires en Bretagne et en Normandie, au cours du printemps (avril, mai, juin). Cette envie d’info-tour rejoint également des perspectives de luttes comme les rencontres contre les déchets nucléaire à la Hague du 18 au 20 juillet 2025 (plus d’infos sur piscinenucleairestop.fr).

Bref :
* Face à la relance du nucléaire, à la prolongation de durée de vie des réacteurs existants, aux travaux de terrassement déjà entamé à Penly et à la connexion au réseau de l’EPR de Flamanville,
* Face au projet de poubelle nucléaire CIGÉO, dont la mise en oeuvre avance du côté de Bure (Meuse) avec de nouvelles procédures (expropriations, Déclaration d’utilité publique obtenue, Déclaration administrative de création en cours, projet de voie ferrée, etc) (plus d’infos sur bureburebure.info)
* Face à une répression spécifique (ex-Malfaiteureuses de Bure, Association malfaiteurs de POMA contre un sous-traitant du nucléaire, fichiers spécifiques aux militant.es antinuke…)
* Face aux crédits faramineux alloués à la recherche sur les mini-réacteurs (SMR).
* Face aux opérations de séduction auprès de la jeunesse pour se former dans les métiers du nucléaire
* Face aux projets de trois piscines supplémentaires de déchets nucléaires à la Hague portés par Orano.

Nous souhaitons organiser un info-tour qui peut prendre différentes formes suivant les lieux et les envies mais dont les intentions sont de :
- Relancer des foyers de lutte anti-nucléaire (ou remobiliser les existants).
- Mobiliser en vues des rencontres estivales à la Hague et renforcer la lutte contre ses piscines nucléaires
- Trouver de nouvelles pistes pour soutenir la lutte à Bure et s’attaquer aux entreprises profiteuses de ce projet.
- etc !!

On aimerait que notre info-tour permette aussi de déconstruire les idées-reçues selon lesquelles « le nucléaire sauverait le climat » ou que « le nucléaire serait nécessaire face à la menace russe », assénée dans les têtes depuis quelques années par les nucléocrates, pour nous faire oublier les dangers du nucléaire (comme la catastrophe de Fukushima) et mieux nous faire accepter le programme de relance.

Nous souhaiterions pouvoir apporter un espace d’échanges, de discussions et de réflexions sur le contexte de relance du nucléaire en cours.

Ces discussions ont l’envie d’être publiques et accessibles y compris en dehors des milieux militants, elle peuvent prendre la forme de projection, de discussion ouverte, etc.

Nous lançons cet appel afin de faciliter l’organisation de cet info-tour, car nous savons d’expérience qu’il est parfois difficile et fastidieux de contacter individuellement tous les groupes et lieux susceptibles de nous accueillir et d’organiser l’enchaînement des dates, la communication et la mobilisation ; et comme nous savons d’ores et déjà que nous ferons cet info-tour au printemps, nous préférons le préparer plus sereinement dès maintenant.
N’hésitez pas à répondre à notre appel, et nous contacter si vous êtes intéressé.es de nous aider à co-organiser une ou plusieurs dates, ou si vous avez des contacts en tête avec qui ce serait possible.

Salutations anti-nucléaires,

Notre contact : infotour-antinuk-2025(a)riseup(.)net

https://basse-chaine.info/

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02 février 2025 ~ 0 Commentaire

Lannion Guingamp

Les luttes pour la défense de l’hôpital public en Bretagne ont convergé sur Guingamp, ce samedi 1er février, avec la participation de 1 200 manifestants.

Plus d’un millier de personnes réunies à Guingamp pour réclamer l’accès aux soins pour tous Par Gwenaëlle Le Ny

Le 01 février 2025 à 18h44
Les luttes pour la défense de l’hôpital public en Bretagne ont convergé sur Guingamp, ce samedi 1er février, avec la participation de 1 200 manifestants.
Le Télégramme/Gwénaëlle Le Ny

« Du fric ! Du fric, pour l’hôpital public ! », « Contre le capital, défendons l’hôpital », « Guingamp, Lannion, Carhaix, résistance ! ». Au rythme de ces slogans scandés, près de 1 200 personnes ont défilé dans les rues de Guingamp, ce samedi 1er février, pour défendre l’hôpital public et plus largement le système de santé. S’ils n’étaient que 500 en début d’après-midi, à l’heure des prises de parole, sur le parvis de la gare, les rangs se sont vite gonflés dès la mise en marche du cortège.

« L’hôpital est un pilier fondamental » : 350 à 400 personnes dans la rue pour défendre l’établissement de Lannion

Par Hélène Duros

Le 01 février 2025 à 12h44

Pour défendre le système de santé et l’accès aux soins publics, ils étaient entre 350 et 400 à se réunir dans le centre-ville de Lannion ce samedi 1er février 2025. Les organisateurs ont également appelé à aller rejoindre la mobilisation prévue à Guingamp l’après-midi.

Ce samedi 1er février, entre 350 et 400 personnes ont participé à la manifestation à Lannion pour défendre les hôpitaux publics. Organisée par le Comité de défense du centre hospitalier Lannion-Trestel, la mobilisation a démarré devant le palais de justice, dès 10 h 30. « L’hôpital est un pilier fondamental de notre système de santé, un pilier qui est en train de se fragiliser sous nos yeux », a déclaré Anne Le Loarer, vice-présidente du comité de défense. Lors de sa prise de parole, elle a déploré la dégradation de l’offre de soins sur le territoire en pointant la régulation des urgences, quatre nuits par semaine. « Les urgences de Lannion doivent rouvrir dès le premier trimestre 2025, chaque nuit », a-t-elle martelé.

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01 février 2025 ~ 0 Commentaire

Carhaisiens en route pour Guingamp

Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train pour participer à la manifestation pour la défense de l’hôpital organisée à Guingamp.
Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train pour participer à la manifestation pour la défense de l’hôpital organisée à Guingamp. | OUEST-FRANCE

Défense de l’hôpital : la catapulte et une cinquantaine de Carhaisiens en route pour Guingamp

Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train ce samedi 1er février 2025 pour rallier la manifestation organisée à Guingamp (Côtes-d’Armor) afin de défendre l’hôpital public et l’accès aux soins en Bretagne.

Une manifestation pour la défense de l’hôpital public et l’accès aux soins est organisée à Guingamp (Côtes-d’Armor) ce samedi 1er février 2025 par le collectif Initiative Armor santé Yec’hed Mat et le comité de soutien de l’hôpital de Guingamp. Elle commencera à 14 h sur le parvis de la gare.

Plusieurs appels à mobilisation

Une cinquantaine de Carhaisiens ont pris le train en fin de matinée pour rallier la ville costarmoricaine, dont le maire Christian Troadec, le porte-parole du comité de vigilance Matthieu Guillemot et la coprésidente du comité de défense de l’hôpital de Carhaix, Annie Le Guen. D’autres habitants de Carhaix ont prévu de s’y rendre en voiture. En parallèle, la catapulte, symbole de la lutte pour la défense de l’hôpital de Carhaix, fait aussi le déplacement.

Ces derniers jours, plusieurs collectifs, syndicats et partis politiques du Poher ont appelé à participer à la manifestation organisée à Guingamp.

Anthony RIO.01/02/2025

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17 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Calvary Church (Aus)

climatologues interrogation températures
L’écran de l’église Cavalry à Woodland Hills affiche une température de 121 degrés Fahrenheit (49,4 degrés Celsius), le 5 septembre 2024 en Californie © AFP/Archives Frederic J. BROWN

Les climatologues s’interrogent sur la succession de records de températures du globe

Paris (AFP) – Que la planète se réchauffe depuis des décennies à cause des gaz à effet de serre émis par l’humanité, c’est entendu. Mais que les températures mondiales aient battu tous les records, et de loin, en 2023 puis encore en 2024, voilà qui donne du fil à retordre aux climatologues.

La communauté scientifique l’a démontré: notre combustion des énergies fossiles et la destruction des espaces naturels sont responsables du réchauffement de long terme du climat, dont la variabilité naturelle influence aussi les températures d’une année sur l’autre.

Néanmoins, les causes d’une surchauffe aussi forte que celle des années 2023-2024 font l’objet d’un grand débat parmi les climatologues, certains émettant l’idée que le climat se réchauffe différemment ou plus vite qu’attendu.

Plusieurs hypothèses alimentent la recherche: moins de nuages, et donc moins de réflexion des rayons solaires, un recul de la pollution de l’air, elle aussi réflectrice du soleil, et des puits de carbone naturels, océans et forêts en tête, qui absorbent moins de CO2.

Les études se multiplient, mais il faudra encore un an ou deux pour établir l’influence précise de chaque facteur.

[À lire aussi La hausse des concentrations de gaz à effet de serre éloigne l’humanité de l’objectif de cantonner le réchauffement climatique à 1,5 degré]

« J’aimerais savoir pourquoi » 2023 et 2024 ont enchaîné les records « mais je ne le sais pas », a reconnu en novembre Gavin Schmidt, directeur de l’Institut Goddard d’études spatiales de la NASA. « Nous sommes encore en train d’évaluer et de déterminer si nous assistons à un changement dans le fonctionnement du système climatique ».

 « Terrain inconnu »

Pour le climatologue Richard Allan, de l’université britannique de Reading, « la chaleur mondiale record de ces deux dernières années a propulsé la planète en terrain inconnu », a-t-il déclaré à l’AFP.

Ce qui s’est produit « est exceptionnel, à la limite de ce nous pouvions attendre sur la base des modèles climatiques existants », a abondé Sonia Seneviratne de l’ETH Zurich en Suisse.

« Néanmoins, la tendance générale au réchauffement à long terme n’est pas inattendue, compte tenu de la quantité d’énergies fossiles brûlées », explique la climatologue à l’AFP. L’humanité n’a pas encore entamé le déclin des émissions, même si le pic se rapproche.

La variabilité naturelle du climat pourrait expliquer en partie l’observation. 2023 a en effet été précédé par le rare enchaînement de trois années successives de l’épisode naturel La Niña, qui a masqué une partie du réchauffement en intensifiant l’absorption de l’excès de chaleur par les océans.

Lorsqu’El Niño, le phénomène opposé, a pris le relais en 2023, avec une intensité très forte, cette énergie a été restituée, poussant le thermomètre mondial à des niveaux inconnus depuis 100.000 ans selon les paléoclimatologues.

Sauf que le pic d’El Niño, en janvier 2023, est passé depuis longtemps et que la chaleur perdure.

« Le refroidissement est très lent », reconnaît le climatologue Robert Vautard. « On reste dans les marges relativement attendues » des projections, mais si « les températures ne redescendent pas plus franchement en 2025, il faudra se poser des questions », avertit ce haut-responsable du Giec.

 Déclin des nuages

Parmi les pistes d’explications se trouve l’obligation en 2020 de passer à des carburants plus propres pour le transport maritime. Cette mesure a réduit les émissions de soufre, qui augmentaient la réflexion de la lumière du soleil par la mer et les nuages et participaient à refroidir le climat.

En décembre, une étude évaluée par des pairs a ainsi postulé que le déclin des nuages de basse altitude a permis à davantage de chaleur d’atteindre la surface du globe.

Les cycles solaires ou l’activité volcanique ont aussi pu jouer un rôle. Toutes ces hypothèses ont alimenté les débats en décembre lors d’une conférence organisée par Gavin Schmidt à l’American Geophysical Union.

Certains craignent toutefois que les scientifiques passent à côté d’autres facteurs ou tardent à détecter un emballement du réchauffement climatique.

« Nous ne pouvons pas exclure que d’autres facteurs aient amplifié les températures… le verdict n’est pas encore tombé », avertit Sonia Seneviratne.

En 2023, les puits de carbone ont subi un « affaiblissement sans précédent », selon une vaste étude préliminaire publiée à l’été. La toundra arctique émet désormais plus de CO2 qu’elle n’en stocke, a rapporté en décembre l’observatoire américain NOAA.

Et les océans, premier puits de carbone et régulateur primordial du climat, se réchauffent à un rythme que les scientifiques « ne peuvent complètement expliquer », selon Johan Rockström, de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK).

« Serait-ce le premier signe d’une perte de résilience de la planète ? Nous ne pouvons pas l’exclure », a-t-il déclaré le mois dernier.

https://www.goodplanet.info/

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07 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Désertification ( Reporterre)

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La France rejoint les pays touchés par la désertification

Lors de la COP16 désertification en Arabie Saoudite, la France s’est officiellement déclarée touchée. Une décision qui laisse espérer une meilleure prise en compte du phénomène dans notre pays.

La désertification a longtemps été circonscrite aux pays du Sud. La problématique est pourtant mondiale, et c’est tout l’enjeu de la Convention des parties (COP) consacrée à ce sujet, dont la 16ᵉ édition se tient du 2 au 13 décembre à Riyad, en Arabie Saoudite. Moins connue que les COP climat et biodiversité, la COP sur la lutte contre la désertification vise à freiner la dégradation des terres causée par les sécheresses et les activités humaines. Et pour la première fois, la France vient d’y reconnaître qu’elle est concernée.

Mardi 3 décembre lors de la session formelle d’ouverture de la COP16, le secrétaire d’État à la Francophonie et aux Partenariats internationaux a annoncé que la France rejoignait la liste des 169 États qui se sont déclarés affectés à la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Pour Thani Mohamed Soilihi, qui conduit la délégation française à Riyad, cette décision est « un pas de plus pour prendre davantage en compte cette réalité » dans l’Hexagone.

La France se transformerait-elle en désert ? Pas tout à fait, car seul 1 % du territoire national est concerné. Il s’agit essentiellement du pourtour méditerranéen, de la Corse-du-Sud ainsi que La Réunion, la Guadeloupe et Mayotte, selon le comité scientifique français sur la désertification. Une situation sans commune mesure avec des pays beaucoup plus affectés, comme la Chine, l’Inde ou le Pakistan. La désertification affecte aujourd’hui 3,2 milliards de personnes et menace 40 % des terres émergées de la planète, selon l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Dégradation des terres

Contrairement à ce que peut sous-entendre son nom, ce phénomène ne consiste pas uniquement à l’avancée du sable sur des zones cultivées ou habitées : « La désertification ne se résume pas à l’avancée des déserts, cela se traduit surtout par la dégradation des terres des zones climatiques arides, semi-arides et sub-humides sèches », explique Frédérique Montfort, chercheuse au sein de l’association Nitidae et spécialiste de la dégradation et de la restauration des paysages forestiers.

L’évaluation de la désertification se base sur deux indicateurs : l’indice d’aridité et la dégradation des terres. Le premier concerne les zones à risque où les précipitations sont nettement inférieures à l’évapotranspiration potentielle. Le second est lié aux activités humaines telles que l’agriculture intensive, le surpâturage et l’urbanisation, ainsi que l’érosion et le dérèglement climatique.

« La désertification est un processus pouvant être graduel ou brutal, dégradant la productivité biologique de l’écosystème concerné, ce qui entraîne différentes conséquences comme la perte à long terme de végétation naturelle, le déclin de la biodiversité, la diminution de la fertilité des sols et des ressources en eau », ajoute Frédérique Montfort.

« De plus en plus de zones vont devenir arides »

Si la France est pour l’instant très peu touchée par la désertification, le processus devrait s’accélérer sous l’effet du dérèglement climatique. « Puisque les sécheresses vont devenir plus fréquentes et plus intenses, celle de 2022 devrait devenir la norme d’ici la fin du siècle selon le Giec, de plus en plus de zones vont devenir arides et donc susceptibles de désertification », dit Nicolas Gross, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

C’est par exemple déjà le cas des Pyrénées-Orientales qui n’ont connu que 252 millimètres de pluie en 2023, alors que la normale se situe à 507 mm. Les zones arides ne se limiteront pas au pourtour méditerranéen prévient le scientifique, « des territoires comme le Massif-Central seront concernés. Déjà en 2019 les éleveurs manquaient de foin pour nourrir leurs animaux à cause de la sécheresse ».

Des raisons qui ont poussé la France à changer officiellement sa position. Jusqu’à présent, elle était la seule à ne pas s’être déclarée affectée par la désertification parmi ses voisins méditerranéens comme l’Espagne, l’Italie et la Grèce. « La France clarifie enfin son statut et n’est plus une exception parmi ses voisins, se félicite Patrice Burger, président du Cari, association qui lutte contre la désertification au Sahel. Avant, elle était uniquement perçue comme un bailleur de fonds pour aider les pays les plus impactés, maintenant elle fait vraiment partie du groupe, c’est symbolique mais ça permet de renforcer le multilatéralisme. »

La désertification, pas encore une fatalité

Concrètement, la France devra rendre compte tous les quatre ans de la situation de ses territoires affectés, de présenter les mesures adoptées pour faire face à ce phénomène — un plan d’action contre la désertification — et les effets de ces mesures d’atténuation et d’adaptation.

Enfin, cette décision pourrait encourager les recherches scientifiques sur la qualité des sols et des sous-sols sur le territoire. Si beaucoup de chercheurs français travaillent sur la question de la désertification, ils opèrent quasi exclusivement dans les pays du Sud.

« La désertification n’est pas une fatalité, insiste Nicolas Gross, on peut agir. Pour contrebalancer les effets des sécheresses, il faut prévenir la dégradation des sols, protéger la biodiversité, tant animale que végétale, car elle joue un rôle essentiel dans la résilience des écosystèmes face aux sécheresses et à l’aridité croissante, détaille-t-il. Cela implique de repenser les pratiques agricoles dans un cadre agroécologique soutenu par des choix politiques forts. Et surtout, ajoute-t-il, on ne gagnera pas la lutte contre la désertification si on n’enraie pas le déclin de la biodiversité et que l’on ne réduit pas nos émissions de gaz à effet de serre, les trois sont intrinsèquement liés ».

Jeanne Cassard 6 décembre 2024 à

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04 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Photovolaique (Reporterre)

«<small class="fine d-inline"> </small>Demandons un arrêt immédiat des centrales photovoltaïques en milieux naturels<small class="fine d-inline"> </small>»

« Demandons un arrêt immédiat des centrales photovoltaïques en milieux naturels »

150 000 hectares d’espaces naturels devraient être détruits d’ici à 2050 par l’industrie photovoltaïque, dénoncent dans cette tribune plus de 60 scientifiques, politiques et personnalités. Pourtant, les alternatives existent.

L’Association nationale pour la biodiversité (ANB) et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) sont deux associations défendant les milieux naturels sur le terrain, et qui reçoivent la quasi-totalité des alertes du public sur les projets photovoltaïques. Pierrot Pantel est ingénieur écologue, chargé de mission juridique de l’ANB. La liste complète des signataires de la tribune est ici.

L’ensemble de la communauté scientifique ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : l’effondrement de la biodiversité nous entraîne vers l’abîme, tout autant que le réchauffement climatique. Pourtant, la tendance reste irrémédiablement la même : pied au plancher vers le scénario du pire ! La COP16 biodiversité n’a pas fait exception.

En France, les mesures prises sont-elles plus adaptées qu’ailleurs ? Manifestement non, comme l’illustre le développement de centrales industrielles photovoltaïques dans des milieux naturels. La volonté gouvernementale de démultiplier la production d’énergie solaire photovoltaïque d’ici à 2050 et le choix du moindre coût (il est plus rentable de raser une forêt que d’aménager des zones déjà artificialisées, comme le toit des zones industrielles) provoquent l’essor de ces centrales construites sur des terrains naturels par de grandes entreprises, voire multinationales, telles qu’EDF Renouvelables, Engie Green, Boralex, Voltalia, etc.

Citons par exemple le projet d’EDF à Prévenchères (Lozère), pour une emprise totale au sol de 270 hectares (environ 385 terrains de foot), ou celui de Boralex et EDF à Vins-sur-Caramy (Var), sur 209 hectares.

Selon nos calculs [1], l’industrie du photovoltaïque projette, d’ici à vingt-cinq ans, de détruire plus de 150 000 hectares d’espaces naturels, avec les paysages qu’ils constituent, incluant des espaces aux intérêts écologiques avérés (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique — Znieff —, parc naturel, réserve de biosphère…), voire protégés (Natura 2000). Cela correspond environ à la surface cumulée des départements du Val-d’Oise et du Val-de-Marne.

Pourtant, comme l’explique le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) dans un document argumenté et factuel publié fin août, il n’est pas nécessaire de raser des forêts, d’artificialiser des prairies ou de détruire des zones humides pour implanter des centrales photovoltaïques.

Le potentiel des zones anthropisées (toitures industrielles et commerciales, ombrières) est largement suffisant pour satisfaire les besoins : « Or, plusieurs études suggèrent que l’objectif de 100 GW peut être atteint en mobilisant uniquement des espaces artificiels… Le respect de la loi Aper en matière d’équipement des parcs de stationnement devrait permettre d’installer au moins 20 GW supplémentaires. Alors que les toits comptent actuellement pour la moitié des 20 GW déjà installés en France, moins de 1 maison individuelle sur 20 est actuellement équipée. »

Pour une politique de « sobriété structurelle »

Le CNPN insiste également sur l’importance d’une « sobriété structurelle », qui vise à réduire la demande globale d’énergie et, in fine, à éviter l’utilisation d’espaces naturels. Or, dans les faits, cette dimension de la sobriété est absente de la politique du gouvernement : pas de diminution du nombre ni du poids des véhicules individuels, de développement des transports en commun, d’interdiction de la publicité pour les produits polluants, ni de conversion de l’agriculture à l’agroécologie…

Comme l’ont pourtant souligné conjointement le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), il est vital de limiter le réchauffement climatique ET de protéger la biodiversité. Cependant, face au casse du siècle — nous estimons l’enjeu financier global du photovoltaïque en France à environ 500 milliards d’euros sur les trente prochaines années —, les appétits des marchands de soleil sont féroces, et les communes qui louent leurs parcelles, pour beaucoup financièrement exsangues, des proies faciles.

Cela d’autant plus que, partout en France, ces projets industriels bénéficient d’une stupéfiante complaisance des services de l’État. Citons par exemple la condamnation du préfet des Alpes-de-Haute-Provence, en mai dernier, par la cour d’appel administrative de Marseille pour une autorisation accordée fin 2020 à l’entreprise Boralex jugée illégale. Décision hélas bien tardive, puisque la centrale de Cruis est en exploitation et que la multinationale peut, en pleine réserve de biosphère, exploiter une centrale réalisée. L’administration est par ailleurs régulièrement rappelée à l’ordre par la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) pour ses refus illégaux et répétés de transmettre aux associations les informations pourtant communicables qu’elles sollicitent.

Détruire ces habitats sauvages est suicidaire

Pour autant, il ne s’agit pas ici de s’opposer à la décarbonation, mais d’avoir une approche systémique pour que l’action pour le climat se fasse avec la préservation de la biodiversité et non contre elle.

Car le sujet est grave : les experts internationaux craignent un point de bascule imminent au niveau mondial pour les puits de carbone : « Les forêts et les sols ont seulement absorbé entre 1,5 milliard et 2,6 milliards de tonnes de CO2 en 2023, loin derrière les 9,5 milliards de 2022, notamment en raison de la sécheresse en Amazonie et du fait des incendies au Canada et en Sibérie », est-il précisé dans l’article du Monde de juillet dernier.

Déjà, en juin 2023, l’Académie des sciences nous alertait sur le fait que les forêts françaises ont perdu en dix ans 50 % de leur capacité à capter le dioxyde de carbone, et l’Inventaire forestier national 2024 s’alarme d’un doublement de la mortalité des arbres en dix ans sur le sol français. Le manque d’égard envers les milieux naturels, et les espèces qui y vivent, accélère donc le péril. Étude après étude, la cause principale de cet effondrement est toujours parfaitement identifiée : la destruction méthodique et à échelle industrielle des habitats de la vie sauvage.

En dépit de cette accélération funeste cyniquement ignorée des industriels de ce secteur, il est aussi urgent que vital de refuser que leur soit livré ce patrimoine commun. En effet, prétendre répondre au défi climatique en accélérant l’extinction massive d’une biodiversité déjà à genoux est la promesse d’un suicide collectif, car la biodiversité, c’est à la fois l’alimentation (que ferions-nous sans insectes pollinisateurs ?), des sols vivants (qui retiennent l’eau), des puits de carbone essentiels dans la lutte contre l’intensification du changement climatique, etc.

Nous, signataires de cette tribune, soucieux de la préservation stricte et impérieuse de la biodiversité, mais également conscients des enjeux liés à la décarbonation, demandons un arrêt immédiat du déploiement des centrales industrielles photovoltaïques en milieux naturels.

Désireux de porter ce débat au Parlement, l’Association nationale pour la biodiversité (ANB) et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) ont déposé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale. Nous invitons toutes et tous à la signer car nous visons, comme pour l’A69, la création d’une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur une orientation politique alarmante, à contre-courant du consensus scientifique.

4 décembre 2024

https://reporterre.net/

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02 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Mercosur (Terre de Liens)

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La ferme aux 3000 vaches en Haute-Vienne, un avant-goût de la France de l’après Mercosur ?

Alleluia, l’opposition au Mercosur fait l’union nationale en France. Les politiques comme les distributeurs sont vent debout contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays d’Amérique du sud. Quand l’un organise un débat à l’Assemblée nationale, l’autre rassure le consommateur et les agriculteurs·trices : « Pas de viande Mercosur dans nos rayons ». Derrière cette opposition de façade, personne ne rappelle pourtant que les accords de libre-échange fragilisent déjà les filières françaises et que les projets de fermes-usines se développent pour y répondre, comme en Limousin.

Au-delà de l’opposition au Mercosur, qui seule ne règlera rien, Terre de Liens appelle le gouvernement à se saisir de la Loi d’orientation agricole débattue dès décembre au Sénat, pour défendre un modèle agricole soutenable pour la profession. En lieu et place de la coquille vide laissée en plan en juin dernier.

Accord UE/Mercosur : un traité qui cache la forêt

pAlors que l’union nationale semble de mise sur le Mercosur, Terre de Liens s’interroge : ourquoi les accords signés avec le Chili, le Kenya, la Nouvelle-Zélande n’ont pas ému le syndicat agricole majoritaire comme nos responsables politiques ?
Signé en janvier dernier et entré en vigueur en mai, le traité de libre échange avec la Nouvelle-Zélande peut aujourd’hui être directement relié à la rupture des contrats laitiers par le groupe Lactalis qui a abandonné ainsi 300 éleveurs en rase campagne sans solution.

Les traités de libre échange d’où qu’ils viennent sacrifient les agriculteurs·trices sur l’autel de la concurrence internationale et poussent au rabotage des normes sociales et environnementales, en France et ailleurs. Terre de Liens appelle aujourd’hui nos responsables politiques à la cohérence. Cette politique du deux poids deux mesures, conduit aujourd’hui à des projets qui n’auront bientôt plus rien à envier aux fermes brésiliennes qui pour certaines atteignent 100 000 hectares… Des surfaces inédites pour une ferme dans l’hexagone.

Des fermes XXL pour répondre à la concurrence mondiale ? En Limousin, la dystopie de la ferme-usine est en marche

À Saint-Martial-Le-Vieux (23), on n’a pas attendu le Mercosur pour engager la filière bovine dans la spirale de la concurrence mondiale. Dans cette région, les centres d’engraissement destinés à nourrir le marché sud-européen en jeunes bovins se multiplient. Un modèle industriel qui précarise les éleveurs et qui pourrait aujourd’hui passer un nouveau cap vers une agriculture sans agriculteurs : vous vous êtes émus de la ferme aux 1000 vaches, voici venir la ferme aux 3000 vaches !

Filiale du groupe Carnivor, la société T’Rhéa, souhaite installer un centre d’engraissement de 3100 bovins à Peyrilhac (87). Ce projet agro-industriel importerait de la matière première pour nourrir les bêtes enfermées en bâtiment, et exporterait les jeunes bovins dans les pays sud européens.

Outre les enjeux liés à la taille gigantesque de ce projet hors-sol qui s’installerait sur plus de 600 hectares, dans une région plutôt habituée aux prairies et au pâturage, et à la pression foncière qu’il engendre, le projet proposé est une hérésie environnementale, rejeté par les habitants locaux. Bien évidemment une petite musique s’agite pour légitimer la création d’une « filière locale ». Mais les Haut-Viennois ne pourront jamais ingurgiter autant de barback.

En fait, l’aliment des bovins serait importé, et la viande exportée dans les pays du sud de l’Europe. T’Rhéa promet seulement 8 emplois au total à la fin du projet, soit un actif pour 80 hectares. Si comparaison n’est pas raison, en Limousin, Terre de Liens a acquis 8 fermes qui ont permis l’installation de 20 fermiers et fermières en agriculture bio, pour une surface de 430 hectares préservés.

La Haute-Vienne a perdu 1 000 équivalents temps plein, tandis que les fermes s’agrandissent encore et encore (la surface a été multipliée par deux en 20 ans), sans améliorer le revenu pour nos agriculteurs.

Vincent LarochePorte-parole de l’association Terre de Liens Limousin

La loi d’orientation agricole : une opportunité historique de répondre à la crise

Dans ce contexte, Terre de Liens appelle le gouvernement et les députés à être à la hauteur de l’histoire et des engagements pris face au refus du Mercosur. En décembre prochain la Loi d’Orientation Agricole (LOA) se représentera au Sénat. Elle est l’occasion de réaffirmer l’attachement à une alimentation locale et saine et d’engager l’agriculture française vers une préservation de ses fermes et de ses agriculteurs·trices, en pensant de façon systémique les bouleversements à venir tant sur le plan démographique que climatique.

Le texte qui sera examiné par les sénateurs début décembre ne répond en rien aux enjeux de la crise. Aujourd’hui, c’est une coquille vide qui a sacrifié l’ambition de renouvellement des générations et la transition vers une agriculture résiliente face aux aléas climatiques. Tout reste à faire pour répondre à la crise qui mobilise le monde agricole depuis près d’un an.

Astrid BouchedorResponsable de plaidoyer de Terre de Liens  27 novembre 2024

https://terredeliens.org/

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30 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Risque nucléaire (reporterre)

Risque nucléaire (reporterre) dans A gauche du PS dodonucleaire

Un dortoir dans un abri anti-atomique en Suisse. Le pays en compte plusieurs centaines de milliers, dont 9 000 publics. Kecko from Switzerland (Rheintal SG) / CC BY 2.0 / Wikimedia Commons

Face au risque de guerre nucléaire, les États se réintéressent aux abris anti-atomiques

Face au durcissement de la guerre en Ukraine, plusieurs pays recensent ou construisent leurs abris antinucléaires. Mais pas la France, qui compte sur la puissance de sa dissuasion.

D’austères alignements de couchettes métalliques, dans un parallélépipède aveugle composé de plaques d’acier d’un vert glauque aux rivets apparents. La Russie a commencé à produire en série des abris anti-atomiques mobiles, a rapporté l’agence Reuters mardi 19 novembre.

D’après l’institut de recherche du ministère des situations d’urgence, ce refuge baptisé « KUB-M », composé d’une salle et d’un bloc technique, peut protéger ses 54 occupants des ondes de choc, des radiations, des incendies et de multiples autres menaces pour une durée pouvant aller jusqu’à 48 heures. Il peut être facilement transporté sur un camion et connecté à des réserves d’eau, et peut également être déployé dans le vaste permafrost du nord de la Russie, a précisé l’institut.

Missiles à longue portée

Cette décision intervient dans un contexte de tensions internationales croissantes. Dimanche 17 novembre, l’administration du président Joe Biden a autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles étasuniens à longue portée ATACMS pour frapper la Russie — un revirement important de la politique de Washington dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. En réponse, Vladimir Poutine a signé mardi 19 novembre un décret élargissant les possibilités de recours aux armes atomiques.

Les autres alliés de l’Ukraine lui ont aussi fourni des armes, mais avec des restrictions sur la manière et le moment où elles peuvent être utilisées à l’intérieur de la Russie, de crainte que leur utilisation n’entraîne des représailles qui attireraient les pays de l’Otan dans la guerre ou provoqueraient un conflit nucléaire.

Lire aussi : « Oui, la guerre nucléaire reste possible »

Malgré cela, les annonces concernant le développement ou la remise en état d’abri anti-atomiques se multiplient sur le continent européen. L’Ukraine s’est lancée cette année dans la construction d’écoles dotées de refuges anti-nucléaires.

La Suède a commencé lundi 18 novembre à envoyer à ses habitants quelque 5 millions de livrets d’information sur la conduite à tenir en cas d’attaque. Elle œuvre à la mise à jour des équipements de ses abris depuis 2021 et a débloqué en avril dernier une enveloppe de 385 millions de couronnes (33 millions d’euros) pour mener à bien ce projet.

L’Allemagne a annoncé lundi 25 novembre avoir commencé le recensement des bâtiments publics et privés où sa population pourrait se réfugier en cas d’attaque : parkings, gares souterraines, etc. Elle en compterait 579, datant pour la plupart de la Guerre froide, qui pourraient abriter 480 000 personnes (sur 84,48 millions d’habitants en 2023). Ses habitants sont encouragés à convertir leurs sous-sols en refuges et le développement d’une application géolocalisant ces abris est prévu.

370 000 abris en Suisse, un millier en France

Mais l’État le plus en avance dans ce processus reste la Suisse, qui disposait fin 2022 de près de 370 000 abris anti-bombardements, dont 9 000 bunkers publics, pour la plupart bâtis pendant la Guerre froide et entretenus conformément à une obligation réglementaire de 2002. L’ensemble de ses 8,6 millions d’habitants y auraient une place.

Reste la France, qui ne partage pas cette fébrilité bétonnière. En 2023, le sénateur de l’Oise Olivier Paccaud avait interpellé le ministre des Armées Sébastien Lecornu sur « les faibles capacités d’abris souterrains destinés à protéger la population en cas de conflit armé nucléaire ». Selon lui, la France ne comptait qu’à peine « un millier » d’abris : 600 militaires et 400 civils privés.

« Rapportés à la population, ces chiffres confèrent à notre pays un taux de protection contre le risque nucléaire d’une insigne faiblesse puisqu’il est à peine supérieur à 0 % », avait-il tancé. La Première ministre Élisabeth Borne avait répondu que « depuis 1964, la dissuasion nucléaire protège en permanence la France de toute menace d’agression d’origine étatique contre ses intérêts vitaux, quelle qu’en soit la forme ».

« Si l’ennemi choisit de prendre le risque, vous allez mourir »

« La dissuasion, c’est l’idée que toute atteinte aux intérêts vitaux de la France pourrait entraîner une riposte qui causerait à l’ennemi des pertes inacceptables », explique à Reporterre un haut fonctionnaire au fait du dossier. Les piliers de cette doctrine sont les modernisations successives de l’arsenal nucléaire ; la présence permanente d’un sous-marin lanceur d’engins pouvant toucher des cibles même très lointaines ; et une doctrine « ambiguë », non écrite, intimidante en ce qu’elle laisse planer le doute sur le niveau d’agression qui déclencherait l’utilisation de l’arme atomique.

Dans cette stratégie, la construction d’abris anti-atomiques serait au mieux inutile, au pire contre-productive : « Cela pourrait porter atteinte à la crédibilité de la dissuasion, en laissant entendre que nous-même ne croirions pas à notre propre doctrine », explique le haut fonctionnaire. La protection que confère cette doctrine de la dissuasion nucléaire reste néanmoins très discutable, insiste Benoît Pelopidas, fondateur du programme Nuclear Knowledges à Sciences Po Paris : « La dissuasion n’est pas une protection. C’est le pari que la menace nucléaire va convaincre l’ennemi de ne pas frapper. Si l’ennemi choisit de prendre le risque, vous allez mourir ou subir des conséquences très graves. »

Malgré cette doctrine, les entreprises françaises spécialisées dans la construction d’abris anti-atomiques pour les particuliers témoignent d’un intérêt croissant pour leurs produits. Le gérant d’Amesis Building International Protect Enzo Petrone se souvient de la déclaration d’Emmanuel Macron sur un éventuel envoi de troupes au sol, en février 2024. « Pendant un mois, on a eu deux cents coups de fil par jour », raconte-il au Figaro.

La société française Bünkl conçoit, fabrique et commercialise des refuges souterrains dotés de filtres NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) et d’une autonomie « qui dépasse largement notre capacité psychologique à supporter un confinement », explique son patron Karim Boukarabila. Le tout, pour le prix « d’une grosse berline allemande » — le prix de la prochaine solution technique proposée par l’entreprise « devrait être inférieur à 70 000 euros ».

L’entreprise n’a pas souhaité communiquer son nombre de ventes, mais observe que la demande augmente depuis le début du conflit en Ukraine. « On a tous les profils : femmes seules, personnes âgées, jeunes couples… Les gens se renseignent », raconte Karim Boukarabila. De fait, d’après un sondage conduit par l’équipe de Benoît Pelopidas en partenariat avec l’IFOP, 17,5 % des personnes interrogées en 2019 considéraient qu’une guerre nucléaire faisait partie des trois problèmes les plus susceptibles d’affecter leur vie dans les dix années à venir ; en octobre 2024, elles étaient 26,4 %.

« On n’aurait que dix à trente minutes pour faire descendre les gens dans les abris »

Ces angoisses ne sont pas nouvelles et enflent et refluent au gré de l’actualité internationale. En 1980, dans un contexte de guerre froide, la vente d’abris anti-atomiques était déjà « en pleine expansion », selon un journal d’Antenne 2.

De tels abris n’offriraient pourtant qu’une protection précaire et limitée à la population. Première difficulté, atteindre le refuge à temps. « Compte tenu de la vitesse d’un missile balistique et des délais d’alerte, on n’aurait que dix à trente minutes pour faire descendre les gens dans les abris », indique le haut fonctionnaire.

Même s’ils étaient rejoints à temps, de tels abris ne seraient pas la panacée. « S’il y a guerre nucléaire majeure, il est fort probable que les gens meurent de faim ou de suffocation dans l’abri, même si ces équipements peuvent être utiles en cas d’attaque conventionnelle ou éventuellement de frappe nucléaire unique et limitée. Il est faux de dire qu’il existe une technologie qui fait que la guerre atomique n’est plus un problème parce qu’on peut vivre en sous-sol », avertit Benoît Pelopidas.

À la sortie, se poserait la question de la survie à long terme dans un territoire dévasté et irradié. Une guerre nucléaire pourrait en effet entraîner une famine mondiale et la mort de plus de 5 milliards de personnes, selon une étude publiée dans Nature Food en août 2022.

https://reporterre.net/

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29 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

A69 (Reporterre)

«<small class="fine d-inline"> </small>Alliances terrestres<small class="fine d-inline"> </small>», le film qui retrace la lutte contre l'A69

« Alliances terrestres », le film qui retrace la lutte contre l’A69

Dans son documentaire, Isabelle Haelvoët raconte l’histoire de la lutte contre l’A69, qui doit relier Toulouse à Castres. Militants, paysans et scientifiques parlent de leur combat pour sauver les terres menacées par l’autoroute.

Des militants perchés dans les arbres, des recours juridiques, des zad, une commission d’enquête, des projets alternatifs… Depuis presque deux ans et le début des travaux de l’autoroute A69, qui doit relier Toulouse à Castres, la lutte contre cette infrastructure bat son plein dans le Tarn et en Haute-Garonne.

Largement médiatisée à l’échelle nationale, notamment grâce aux trois grands rassemblements organisés près de Castres à l’appel des Soulèvements de la Terre, la lutte contre l’A69 revêt plusieurs formes, plusieurs modes d’action et rassemble de multiples collectifs ou associations. C’est justement cela qu’Isabelle Haelvoët, réalisatrice du documentaire Alliances terrestres, a voulu raconter dans ce film de 89 minutes.

Le titre du documentaire reflète une réalité essentielle : la création d’alliances entre des acteurs variés — militants, paysans, scientifiques et citoyens — unis par une même volonté de protéger ce territoire et ses ressources. La réalisatrice illustre avec sensibilité la solidarité qui se construit dans la résistance, malgré les tensions et les pressions exercées par les préfectures et les forces de l’État.

Le film célèbre ainsi l’intelligence collective et l’ingéniosité déployée pour faire face à des moyens disproportionnés mis en œuvre par l’État. Des militants plus radicaux dans les zad luttent ainsi aux côtés de citoyens, des grimpeurs et grimpeuses s’allient à des scientifiques… Le documentaire est une ode à la complémentarité des modes d’action.

Force de la lutte

Au cœur du documentaire, bien entendu, l’autoroute A69. Un projet qui symbolise l’affrontement entre deux visions du monde. D’un côté, celle d’un développement économique basé sur la bétonisation, la croissance et l’expansion routière  ; de l’autre, une conception plus collective, respectueuse des écosystèmes et des modes de vie locaux.

Le documentaire met en avant les conséquences directes de ce projet : destruction de terres agricoles, fragmentation des habitats naturels et impacts écologiques durables. Les images des paysages menacés, entrecoupées de témoignages poignants, soulignent l’absurdité de ce projet au regard des défis climatiques actuels. Isabelle Haelvoët s’appuie sur ses propres images, mais également sur des archives ou des vidéos tournées par des militants.

Le documentaire ne se limite pas à la simple dénonciation d’un projet d’infrastructure controversé, mais propose une réflexion approfondie sur les enjeux environnementaux, sociaux et humains qui en découlent. À travers un récit poétique et documenté, il donne une voix à celles et ceux qui s’élèvent contre ce projet et, plus largement, contre une logique productiviste menaçant nos écosystèmes.

Alternant entre des plans larges des paysages menacés et des scènes plus intimes de rassemblements, la réalisation joue sur une dualité entre la fragilité de la nature et la force de la lutte. Aux scènes d’arbres abattus et de zones terrassées par d’énormes machines viennent s’opposer celles de liesse collective entre militants. Le film est ponctué par des lectures poétiques, presque méditatives, tirées du livre de l’économiste Geneviève Azam Lettre à la Terre — Et la Terre répond.

Hymne à la résistance

Ce documentaire dépasse également le cadre d’un simple combat local, pour s’inscrire dans une réflexion globale. On retrouve ainsi tout au long du film la sociologue Geneviève Pruvost, qui évoque la nécessité de «  repolitiser notre quotidien  » et revient sur les notions de subsistance et de liberté avec un éclairage écoféministe. Des ponts sont également établis avec d’autres luttes pour la préservation du vivant, notamment le mouvement Chipko, né en Inde dans les années 1970 et porté par l’écoféministe Vandana Shiva, ou plus récemment la défense de la forêt de Hambach, en Allemagne.

Le tournage du documentaire s’est poursuivi jusqu’à fin mars dernier, et la victoire provisoire des militants sur le site de la Crem’Arbre qui ont obtenu une trêve pour l’abattage des arbres. Quelques mois plus tard, la zone fut rasée, mais d’autres occupations se multipliaient partout le long des 53 km de tracé, entraînant une répression toujours plus intense à l’encontre des militants.

Le film d’Isabelle Haelvoët est finalement un hymne à la résistance, où se relaient des citoyens, scientifiques, militants aguerris, sociologues ou agriculteurs. La lutte est un moyen, comme ils le confient, de s’émanciper, de passer du désespoir à l’action collective, de se rassembler et d’espérer construire un monde plus respectueux des êtres humains et de la nature.

Le documentaire est régulièrement projeté partout en France, souvent accompagné d’une discussion à l’issue de la projection. Les projections sont à retrouver ici.

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Alliances terrestres, d’Isabelle Haelvoët, 89 minutes, 2024, diffusé partout en France.

 

https://reporterre.net/Alliances-terrestres-le-film-qui-retrace-la-lutte-contre-l-A69

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