Manifs retraites dans le 56, Lorient, Pontivy (LT)
Pontivy retraites, 200 manifestants sous la même bannière
Dans de nombreuses villes bretonnes, hier matin, des manifestants se sont rassemblés pour dire non à la nouvelle réforme des retraites. À Pontivy, ils étaient un peu plus de 200.
Le contexte économique délicat, le pouvoir d’achat en berne et des difficultés financières grandissantes… Les conditions ne sont pas optimums pour mobiliser. Pourtant, à Pontivy ils étaient un peu plus de 200… Un nombre insuffisant aux yeux des personnes présentes. « Il faut comprendre les gens, ils n’ont plus les moyens de perdre une journée de salaire pour faire grève », déplorait, hier matin, Frédérique Lalys, professeur d’histoire et de géographie en collège.
Déçue par Hollande Venue grossir le flot des manifestants sur la Plaine, sous la bannière FSU, elle souligne l’injustice de cette réforme et s’inquiète, comme beaucoup, de ce que sera sa retraite. « Ce sont encore une fois les salariés qui vont être ponctionnés alors que le patronat est à peine égratigné. Sans parler de l’évasion fiscale et de la rémunération du capital. De toute façon, la gauche, aujourd’hui, s’inscrit dans la continuité de la politique des précédents gouvernements et, personnellement, je n’attendais pas grand-chose de François Hollande. Cela ne m’étonne pas, mais ça me déçoit ». Pour elle, « quand la gauche était dans l’opposition, elle proposait d’autres perspectives et d’autres solutions que celles qu’elle veut imposer aujourd’hui ». Frédérique a commencé à travailler à 26 ans. « Sincèrement, je ne me vois pas encore en activité à 69 ans. Même si je ne fais pas un métier pénible physiquement, être prof, c’est tout de même usant psychologiquement. Cela requiert une grande énergie et une disponibilité que l’on n’a plus vraiment à près de 70 ans ! Il faut savoir dans quelle société on veut. On vit peut-être plus vieux, mais pas forcément en bonne santé. Les meilleures années se situent entre 60 et 70 ans, si on nous les enlève… ».
En déambulateurs ! Même discours côté CGT, peut-être encore plus radical… « Le niveau des retraites va baisser forcément avec de telles réformes. Il faut donc mobiliser, mais cela semble difficile. Pourtant, c’est la seule solution pour éviter de voir passer cette réforme. Il y a d’autres solutions ». Chiffres à l’appui et drapeau en main, Jean-Pierre Rouet est déterminé. « On finira par aller bosser en déambulateur ! L’argent, il existe, cette réforme est totalement injuste. Rien que dans l’évasion fiscale, on pourrait trouver les fonds pour les retraites. Plus grave encore pour les jeunes nés après 1973, il n’y aura pas de solidarité intergénérationnelle. Moi, je suis là aussi pour eux ». L’un d’entre eux s’est d’ailleurs invité, tout seul comme un grand avec son drapeau, en tête du cortège, façon électron libre pour réclamer : « On veut du travail, pas des retraites… ». Ce qui en dit long sur le mal-être ambiant.11 septembre 2013 Véronique Le Bagousse
Lorient, retraite. Plus de 1500 manifestants en ville
Les revendications et les craintes n’ont pas changé. Mais trois ans après les manifestations monstres contre la réforme des retraites, celle d’hier, toujours sur le même sujet, n’a guère mobilisé les salariés.
Ils n’ont pas misé sur une rentrée sociale agitée comme à l’automne 2010 lors du mouvement contre la réforme des retraites du gouvernement Fillon. En ressortant les mêmes revendications, ils ne visaient pas non plus les participations records enregistrées lors des manifestations trois ans plus tôt (jusqu’à 20.000 manifestants).
Pas d’itinéraire bis Au contraire, hier matin, les syndicats craignaient un fort reflux de la mobilisation. La résignation ayant gagné les rangs après les divisions syndicales et le vote de la réforme, tant décriée dans la rue. D’ailleurs, les quatre organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires) avaient prévu un itinéraire bis. Mais à l’heure du départ de la manifestation, les organisateurs, rassérénés par les nombreux drapeaux, ont choisi d’emprunter le parcours habituel.« Cette participation nous encourage à poursuivre », osait même un responsable syndical à la vue du cortège, estimé à 1.500 personnes par la police et plus de 2.000 par les syndicats.
« Où sont les jeunes ? » Dans le cortège dominé par les drapeaux rouges de la CGT, les propos oscillaient entre déception et colère à l’encontre de l’actuel président de la République.« Le changement annoncé est pour quand ? Ce que Sarkozy n’a pas osé, Hollande le fait ! »Et un autre manifestant d’ajouter : « On nous parle d’effort juste ; mais qui le fait ? Les salariés et les retraités ! »Les syndicats s’opposent à une réforme qui passe à la fois par une hausse des cotisations et le report de l’âge de départ.« Dans l’agroalimentaire, 70 % des effectifs quittent leurs entreprises en invalidité avant 60 ans ! Et c’est la sécu qui paye. Où est le progrès social », tonne un salarié tout en déplorant l’absence des jeunes dans le cortège. « Pourtant, ce sont les premiers concernés. À quel âge partiront-ils à la retraite et avec quelle pension ? Ils ont de quoi s’inquiéter ! » 11 septembre 2013 -
« Même Sarkozy n’avait pas osé ! » « Je manifeste par conviction. Je ne veux pas partir à la retraite à 65 ans. Et je pense aussi à ma fille. Les principales sociétés du CAC 40 continuent d’engranger des bénéfices. Grâce à qui ? Au travail des petites mains !Mais au lieu de rechercher de l’argent du côté des actionnaires pour financer le système de retraite, on tape toujours sur les mêmes, c’est-à-dire les salariés ! Et dire que c’est un président socialiste qui propose cette réforme. Même Sarkozy n’avait pas osé ! »« Nous sommes opposés à l’allongement des cotisations. N’oublions pas que la retraite est aussi l’affaire des jeunes. Les emplois que l’on libère avec les départs doivent offrir des perspectives. C’est aberrant qu’un gouvernement de gauche en remette une couche ! C’est le système par répartition qui est remis en cause au profit d’un système par capitalisation. Nous sommes pour un système solidaire, avec une retraite décente. Non pas trimer toute sa vie pour une pension ridicule ! Nous ne voulons pas passer notre vie à la gagner ! Or il nous faudra choisir. Soit une retraite à taux plein mais en étant âgé et en moins bonne santé pour en profiter. Soit on part plus tôt mais sans les trimestres de cotisation suffisants ; dans ce cas on est limité par le niveau de nos revenus. Dans les deux cas, ce n’est pas engageant.Cette évolution est inquiétante pour les jeunes. Lorsqu’on finit ses études à 25 ans, à quel âge peut-on prétendre désormais à une retraite ? 68 ans, plus ? »« Nous sommes en retraite depuis plus de 20 ans. Nous sommes partis à 56 et 60 ans. À l’époque, on prenait en compte les conditions de travail et la pénibilité pour pouvoir partir plus tôt. Nous manifestons pour dénoncer la dévalorisation de nos pensions et par solidarité avec les copains. Le salarié a le droit de partir à la retraite en bonne santé, et pas usé. Cette réforme est une régression sociale ! C’est le point de vue de la finance qui dicte les choix ».