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23 septembre 2022 ~ 0 Commentaire

irlande (france info)

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En Irlande du Nord, les catholiques sont désormais plus nombreux que les protestants

Désormais, 42,3% de la population nord-irlandaise s’identifie comme catholique, contre 37,3% comme protestant ou d’autres religions chrétiennes, selon les résultats du recensement publié par l’Agence de statistiques et de recherches d’Irlande du Nord (Nisra).

C’est une première en Irlande du Nord, et cela pourrait encourager les partisans d’une réunification avec la République d’Irlande. Les catholiques sont majoritaires en Irlande du Nord, selon les résultats d’un recensement publié jeudi 22 septembre. Désormais, 42,3% de la population nord-irlandaise s’identifie comme catholique, contre 37,3% comme protestante ou d’autres religions chrétiennes, selon les résultats du recensement publié par l’Agence de statistiques et de recherches d’Irlande du Nord (Nisra).

Lors du dernier recensement en 2011, 48% de la population s’identifiait comme protestante et 45% comme catholique ou autres religions chrétiennes. En 2001, 53% des habitants se disaient protestants, 44% catholiques.

Les résultats du recensement pourraient ainsi remettre sur la table une réunification de l’Irlande du Nord avec la République d’Irlande. Pour rappel, l’Irlande du Nord a vu le jour il y a 101 ans avec un découpage géographique y assurant une majorité protestante et ainsi le pouvoir aux unionistes, partisans du rattachement avec le Royaume-Uni. Dans le reste de l’île, aujourd’hui la République d’Irlande, les catholiques sont majoritaires.

22/09/2022

https://www.francetvinfo.fr/

Le jour où tout a changé en Irlande du Nord

Selon les données du recensement réalisé l’an dernier dans la région et publié jeudi 22 septembre, les catholiques, pour l’essentiel proréunification de l’Irlande, sont désormais plus nombreux que les protestants, partisans d’un maintien dans le Royaume-Uni. Un séisme, constate la presse, de Dublin à Londres en passant par Belfast.

22 septembre. “Il n’y a pas eu de séance photo : aucun président, aucun Premier ministre, aucun roi ni aucune reine n’a fait de visite officielle.” Et pourtant, en ce dernier jour d’été, “il était clair que tout avait changé pour de bon en Irlande du Nord”, annonce le Belfast Telegraph.

Pour la première fois depuis la partition de l’Irlande, en 1921, depuis la création cette année-là d’une région “protestante pour un peuple protestant”, d’un petit bout de Royaume-Uni posé sur l’île d’Émeraude, les équilibres démographiques ont basculé. Selon les données complètes du recensement 2021, publiées jeudi, l’Irlande du Nord compte aujourd’hui davantage de catholiques (45,7 %) que de protestants (43,5 %) – le reste de la population pratique un autre culte (1,5 %) ou se classe dans la catégorie “sans religion” (9,3 %).

C’est un chamboulement historique”, insiste The Irish Times : en Irlande du Nord, les catholiques sont généralement nationalistes, partisans d’une réunification de l’île, tandis que les protestants sont associés au mouvement unioniste, attaché à l’identité britannique de la province.

https://www.courrierinternational.com/

Commentaire:

Catholiques et protestants, sont des termes religieux. Politiquement on dit « nationalistes » et « unionistes ». Sans compter les non-croyants, qui ont beaucoup progressé. La messe obligatoire le dimanche est un vieux souvenir. De plus si les loyalistes votent en bloc (et encore les jeunes aussi?) les catholiques-nationalistes sont loin d’être un bloc: certains « modérés » votent royaliste!

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29 juillet 2022 ~ 0 Commentaire

pape (l’étincelle ci)

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Canada : des Mohawks manifestent contre l’Église catholique et la visite du Pape

Un groupe de femmes amérindiennes de la tribu des Mohawks a manifesté à Montréal contre la visite du Pape et dénoncé le « génocide » commis par l’Église catholique à l’encontre des enfants autochtones embrigadés de force pendant plus d’un siècle dans des pensionnats tenus par des religieux.

Ce groupe féminin, qui s’intitule « Les mères mohawks », soutient que la visite du pape au Canada a été reçue « comme une farce, comme une comédie » par nombre de membres de leur communauté.

Il déplore aussi qu’aucun prêtre n’ait eu à faire face à des actions judiciaires pour leur traitement des enfants des peuples autochtones.

En outre il demande que la mairie fasse disparaitre la grande croix qui surplombe le Mont Royal, là où se déroulait la manifestation, car il s’agit, selon elles, d’un symbole de l’oppression dont s’est rendue coupable l’Église catholique.

Des orphelins de Duplessis – ces milliers d’enfants autochtones faussement déclarés malades par le gouvernement du Québec et confinés dans des institutions psychiatriques entre les années 1940 et 1960 – participaient à la manifestation.

28 juillet 2022

https://www.convergencesrevolutionnaires.org/

Lire aussi:

Le Canada demande l’extradition d’un prêtre français accusé d’agressions sexuelles sur mineurs

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12 février 2022 ~ 0 Commentaire

hidjab (jdd)

voilee

Qu’est-ce que le hidjab?

Certaines se battent pour pouvoir continuer à le porter lors de compétitions sportives, d’autres veulent l’interdire pour respecter la laïcité française.

Qu’est-ce que le hidjab, que Les Républicains veulent interdire lors des compétitions sportives comme d’autres signes ostentatoires religieux ? Le hidjab est un vêtement, voile ou foulard, porté par certaines femmes musulmanes, qui leur couvre la tête et les cheveux, mais laisse le visage apparent. Dans les pays occidentaux, c’est ce vêtement qu’on désigne principalement quand on parle de « voile ».

Le Coran ne préconise pas explicitement le port du voile, certains versets le mentionnent et le favorisent, comme le verset 31 de la sourate 24. Mais la confusion règne entre les différentes modalités du port du voile. Le hidjab est souvent confondu avec le niqab et la burqa, qui sont perçus comme des « voiles intégraux », car ils recouvrent généralement le visage et le corps. Ils sont interdits en France dans l’espace public depuis 2010.

  • Le niqab tend à être porté par les tenants de l’islam le plus rigoriste : le voile recouvre le visage, à l’exception des yeux, et peut être étendu au reste du corps, jusqu’aux mains qui sont gantées.
  • La burqa est portée surtout en Afghanistan, où elle a été imposée par le régime taliban dans les années 1990. Comme le niqab, elle recouvre le visage, mais aussi les yeux, la plupart du temps par une petite grille.
  • Le tchador, traditionnellement porté par les Iraniennes, est une pièce de tissu unique et circulaire, qui ne comporte pas d’ouverture, ce qui oblige celles qui le portent à le maintenir fermé à la main.
  •   12 février 2022 Camille Romano

https://www.lejdd.fr

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20 octobre 2021 ~ 0 Commentaire

église (npa)

 papa

« Plus personne ne peut remettre en cause le fait qu’il y a un problème interne à l’Église »

Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour que la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) se mette en place ?

Il faut ramener ça à l’histoire récente. On ne parle réellement des violences sexistes et sexuelles dans les médias que depuis les années 1980. Depuis cette époque, beaucoup de cas concernant l’Église ont été révélés, des commissions ont été mises en place ailleurs dans le monde (Australie, États-Unis, Irlande, Allemagne), et la France semblait y échapper.

Les évêques espéraient sans doute que les cas soient beaucoup moins nombreux en France, notamment du fait de la laïcité, du fait qu’il y ait moins de prêtres dans les écoles. Mais finalement, sous la pression de la mobilisation des victimes, sous la pression médiatique aussi, mais également parce que l’Église connaît un « passage à vide », est en perte de puissance, elle a mis en place cette commission. En un sens, elle s’est auto-contrainte à regarder en face la réalité. Et c’est ce qui s’est passé avec la remise du rapport de la CIASE mardi 5 octobre, qui est un rapport public, intégralement téléchargeable sur le site de la commission1.

Les chiffres qui ont été annoncés sont les suivants : 216 000 mineurEs abusés sexuellement depuis les années 1950, un chiffre qui monte à 330 000 si on inclut les laïcs au sein de l’Église. Peut-on se fier à ces chiffres, ou peuvent-ils être, malheureusement, sous-estimés ?

C’est avec l’équipe Inserm, composée de Nathalie Bajos, Julie Ancian, Axelle Valendru et moi-même2, que nous avons produit ces chiffres. C’est une estimation en population générale sur la base d’un échantillon de 28 000 personnes : dans la population française de plus de 18 ans, il y aurait 216 000 personnes déclarant avoir subi des violences sexuelles de la part de prêtres ou d’autres religieux. C’est une estimation moyenne, qui ne prend pas en compte les personnes décédées ni celles et ceux qui sont encore mineurEs.

Je voudrais souligner aussi que l’on a fait quelque chose d’un peu original par rapport aux autres enquêtes internationales : on a calculé la prévalence des violences sexuelles en fonction du taux d’exposition dans chacune des institutions ou instances de socialisation – la famille, l’école publique, le sport, les activités culturelles et artistiques… et l’Église.

Et ce que montre notre enquête, c’est que là où il y a le plus de violences, c’est la famille : en France, on peut estimer à 5,5 millions le nombre de personnes abusées quand elles étaient mineures. Et la deuxième instance de socialisation la plus violente, c’est l’Église. Ce qui fait qu’aujourd’hui plus personne, je crois, ne peut remettre en cause le fait qu’il y a un problème interne à l’Église.

Jusque-là, beaucoup de catholiques pouvaient dire « Oui il y a des cas de violences sexuelles dans l’Église, mais il y en a aussi à l’école, il faudrait s’y intéresser aussi ». Mais là ce dont on se rend compte c’est que l’école facilite moins les violences sexuelles que le fonctionnement de l’Église.

Par rapport à ces violences, il y a une importante omerta dans l’Église, et on l’a encore vu avec les déclarations qui ont fait suite à la publication du rapport, comme celle du président de la Conférence des évêques de France qui a expliqué que le secret de la confession était plus fort que les lois de la République.

À partir du travail que nous avons fait, sociologues et historiens, la commission a fait un certain nombre de propositions, dont le questionnement du secret de la confession, la confession étant ce sacrement délivré par les prêtres au nom de Dieu, pour laver et pardonner les péchés. Dans la loi française, la confession est reconnue comme relevant du secret professionnel, au même titre que ce qui existe par exemple pour les médecins.

Je ne sais pas si le président de la Conférence des évêques était fatigué, si c’était intentionnel ou s’il a été piégé par les journalistes, mais effectivement il a affirmé que le secret de la confession était au-dessus des lois de la République, ce qui est faux3.

Dans le travail que l’on a fait auprès des victimes, on a vu à quel point la confession était un lieu privilégié pour les abuseurs, qui utilisent ce cadre dissymétrique et le secret qui l’entoure pour, soit abuser directement soit pour convaincre les victimes de se taire. Donc il y a une vraie question autour de la confession.

Mais dans le même temps le débat se concentre sur cette question, alors qu’il y a près d’une cinquantaine de propositions, donc il serait bien que le débat s’élargisse.

On imagine mal ce qui se serait passé si un imam avait dit la même chose…

Il est certain que la religion catholique n’a pas du tout la même position, en termes de privilèges sociaux, dans la société française, que l’islam. Donc un évêque qui dit ça, cela ne prête pas à grande conséquence. On imagine que si un imam avait dit la même chose suite à des révélations aussi monstrueuses, ça aurait généré une islamophobie décomplexée…

Au-delà de ça, on constate tout de même que, depuis la publication du rapport, même chez les catholiques conservateurs il y a des gens qui se rebiffent, qui exigent des comptes de leurs responsables, évêques et prêtres, et exigent des transformations. Donc le travail de la commission va peut-être générer quelque chose : on voit que l’infantilisation des fidèles catholiques ne fonctionne plus après cet événement.

Jusqu’à une remise en cause profonde du fonctionnement de l’Église ?

Avec la séquence Manif pour tous s’était installée dans le paysage une forme de catholicisme qui voulait faire croire qu’il était la seule bonne forme de catholicisme, et qui invisibilisait les catholiques plutôt progressistes, d’ouverture, il y a plusieurs termes pour les désigner.

Et les révélations diverses, notamment l’affaire Preynat-Barbarin4, ont fait ressurgir au-dessus du seuil de visibilité médiatique un certain nombre de revendications qui étaient plutôt portées par les catholiques progressistes des années 1970-1980, qui avaient été cornérisées (place des femmes, ordination des femmes, égalité entre les laïcs et les prêtres, etc.).

Ces revendications ont retrouvé une certaine légitimité, et sont portées aujourd’hui même par des catholiques plutôt conservateurs. Cela vient rompre le triomphe paradoxal de la Manif pour tous, qui avait perdu la bataille juridique mais emporté la bataille interne entre les courants catholiques. Il va falloir observer ce que cela va donner dans les mois à venir.

Entretien avec Josselin Tricou, sociologue, auteur de « Des soutanes et des hommes » (Presses universitaires de France), et co-auteur du rapport de l’Inserm « Sociologie des violences sexuelles au sein de l’Église catholique en France (1950–2020) ».

Josselin Tricou Hebdo L’Anticapitaliste (14/10/2021)

https://lanticapitaliste.org/

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19 octobre 2021 ~ 0 Commentaire

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11 septembre 2021 ~ 0 Commentaire

11 septembre (à l’encontre)

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11 septembre: comment les Etats-Unis – et le Royaume-Uni – ont récolté ce qu’ils ont semé

Il y a vingt ans, dix-neuf hommes, remplis de haine envers les Etats-Unis et de foi dans la promesse du paradis, se faisaient exploser, tuant des milliers de personnes et provoquant l’un des plus grands chocs politiques de l’histoire mondiale. Ils étaient tous originaires du Moyen-Orient; quinze d’entre eux étaient des citoyens du plus ancien et plus proche allié de Washington dans cette région: le royaume saoudien. Les Etats-Unis récoltaient ainsi ce qu’ils avaient semé.

Pendant des décennies, le gouvernement américain a manigancé au Moyen-Orient, soutenant des régimes despotiques et encourageant l’intégrisme islamique comme antidote à tout ce qu’il pouvait considérer comme étant de gauche. En 1990, l’agonie de l’URSS sembla ouvrir la voie à un «nouvel ordre mondial» dominé par Washington–- ce qu’un chroniqueur américain appela judicieusement le «moment unipolaire».

L’empire étatsunien, qui était jusqu’alors encore sous le coup du «syndrome vietnamien», parvint à le surmonter – du moins c’est ce que crut Bush père – en lançant une attaque dévastatrice contre l’Irak en 1991. Bush père avait été incité par Margaret Thatcher à refouler les troupes irakiennes hors du Koweït voisin, qu’elles avaient envahi en août 1990. L’Irak fut ensuite étranglé par un embargo cruel qui a causé un excès de mortalité estimé à 90 000 par an par les Nations unies.

C’est la première fois que les Etats-Unis menaient une guerre de grande envergure au Moyen-Orient. Jusqu’alors, ils avaient mené des guerres par procuration, notamment par le biais de leur allié israélien. Les attentats du 11 septembre ont été le résultat direct de ce changement: une réponse «asymétrique» spectaculaire, sur le sol même des Etats-Unis, au déploiement massif de ces derniers au Moyen-Orient.

Et pourtant, plutôt que de prendre du recul et de reconsidérer une ingérence qui s’était retournée contre eux de façon si spectaculaire, George W. Bush et la horde sauvage de néoconservateurs qui peuplaient son administration virent dans le 11  septembre leur Pearl Harbor [7 décembre 1941, l’attaque japonaise qui entraîna la participation des Etats-Unis à la Deuxième Guerre mondiale]. C’était une nouvelle occasion de pousser plus loin l’expansionnisme des Etats-Unis dans ce qu’ils appelaient le Grand Moyen-Orient, une vaste zone s’étendant de l’Asie occidentale à l’Asie centrale et à l’«AfPak» (Afghanistan et Pakistan), sans autre caractéristique commune que l’Islam.

Bush fils et son équipe ont porté l’arrogance (hubris) des Etats-Unis de l’après-guerre froide à son paroxysme. Ils sont entrés en Afghanistan, avec l’OTAN et d’autres alliés, dans le but de transformer le pays en une plate-forme pour la pénétration étatsunienne dans une région stratégiquement située entre le cœur de la Russie et la Chine, les deux rivaux potentiels de l’hégémonie unipolaire de Washington.

Dix-huit mois plus tard, ils envahissaient l’Irak, leur prise la plus convoitée en raison de ses propres réserves de pétrole et de sa situation dans le Golfe, une région vitale pour des raisons stratégiques et économiques liées au pétrole. Cette expédition néocoloniale fut beaucoup plus contestée dans le monde que celle d’Afghanistan, malgré le soutien enthousiaste de Tony Blair et la participation peu glorieuse du Royaume-Uni.

L’invasion de l’Irak avait été le leitmotiv du Projet pour le Nouveau siècle américain (Project for the New American Century), le think tank dont le nom même incarnait l’arrogance des Etats-Unis. Les principaux personnages de l’administration de George W. Bush en avaient été membres. Ils avaient la conviction illusoire que les Etats-Unis pouvaient refaire l’Irak à leur image et que les Irakiens adhéreraient massivement à cette perspective.

Ils se faisaient beaucoup moins d’illusions sur l’Afghanistan, à en juger par les effectifs américains qui y furent déployées – bien moindres qu’en Irak. Mais là-bas aussi, ils s’engagèrent dans un projet irréfléchi d’édification d’Etat, après avoir réalisé qu’il y avait, en fait, plus de collaborateurs volontaires de l’occupation menée par les Etats-Unis en Afghanistan qu’en Irak même.

Ils dédaignèrent ainsi la leçon principale du Vietnam, à savoir qu’il ne faut jamais s’enliser dans une aventure militaire prolongée dont le succès est incertain. L’Irak se transforma rapidement en bourbier. En 2006, l’occupation avait clairement tourné au désastre. Alors que les troupes étatsuniennes étaient occupées à combattre une insurrection arabe sunnite dirigée par la même Al-Qaida que Washington avait extirpé d’Afghanistan, l’Iran s’assurait le contrôle de l’Irak par le biais de forces arabes chiites alliées, parvenues en position de force grâce à l’occupation américano-britannique elle-même.

La classe dirigeante des Etats-Unis tira la sonnette d’alarme et contraignit le principal architecte de l’occupation, le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, à démissionner. Une commission bipartisane du Congrès élabora une stratégie de sortie, impliquant une «montée en force» (surge) temporaire des troupes étatsuniennes et l’achat de l’allégeance de tribus arabes sunnites afin de vaincre l’insurrection. Bush conclut ensuite un accord avec le gouvernement de Bagdad, soutenu par l’Iran, pour le retrait des troupes avant la fin de 2011. Son successeur, Barack Obama, supervisa l’achèvement du retrait.

Obama essaya de répéter le «surge» en Afghanistan. Il échoua lamentablement, car les chefs de guerre corrompus alliés des Etats-Unis n’ont jamais été très crédibles (les Talibans avaient pris le pouvoir en 1996 après les avoir vaincus). Obama enclencha alors un programme de sortie, que son successeur Donald Trump suspendit pendant un temps pour tenter un nouveau «surge» – non plus contre les seuls Talibans, mais aussi contre le nouvel avatar d’Al-Qaida, l’Etat islamique (EI).

Ce dernier était passé d’Irak en Syrie en 2012. Il y avait reconstruit ses forces en profitant de la guerre civile, puis était repassé en Irak en envahissant les zones arabes sunnites à l’été 2014. Cela provoqua une débâcle infamante des forces gouvernementales irakiennes, mises en place, entraînées et armées par Washington.

Les Etats-Unis combattirent l’EI au moyen de bombardements massifs en soutien à des combattants locaux, agissant sur le terrain. Paradoxalement, ces derniers ont inclus des forces kurdes de gauche en Syrie et des milices pro-Iran en Irak. L’EI fut réduit derechef à l’état de guérilla clandestine, mais il avait déjà commencé à se propager dans le monde entier, notamment en Afrique et en Asie. Des dissidents extrémistes des Talibans ont même créé une branche locale de l’EI en Afghanistan. En se débarrassant d’Oussama ben Laden en 2011, Obama n’avait achevé de défaire Al-Qaida que pour assister peu après à l’émergence de son avatar, plus violent encore.

Trump finit par jeter l’éponge. Il réduisit le nombre de troupes étatsuniennes au strict minimum et conclut un accord avec les Talibans pour le retrait des troupes étrangères restantes en 2021. Joe Biden présida à la fin de ce retrait de la manière tragiquement bâclée dont le monde entier a été témoin au mois d’août. L’armée du gouvernement de Kaboul s’est effondrée dans une débâcle identique à celle des troupes du gouvernement de Bagdad. Comme dans la mythologie grecque, l’hubris (arrogance) des Etats-Unis (et du Royaume-Uni) a une fois de plus déclenché l’ire de la déesse Némésis et a été puni en conséquence.

Les défaites en Irak et en Afghanistan ont provoqué une rechute des Etats-Unis dans le «syndrome vietnamien». Cela ne signifie pas pour autant que Washington va dorénavant s’abstenir de toute agression impériale: cela signifie seulement qu’il ne s’engagera pas de sitôt dans des déploiements à long terme et à grande échelle dans d’autres pays en vue de reconstruire leur Etat.

Washington utilisera plutôt plus intensivement ses «capacités de frappe à distance», comme l’a promis Joe Biden dans son allocution du 31 août. Obama, qui s’était opposé au Sénat à l’invasion de l’Irak en 2003, a eu recours aux drones de manière beaucoup plus intensive que son prédécesseur. Cette pratique a été poursuivie par Trump, avec frappes de missiles en sus, et de même par Biden.

Elle va sans doute s’intensifier encore. Ces frappes sont de la guerre à petites doses, non moins mortelles à la longue que des injections massives occasionnelles, et plus pernicieuses en ce qu’elles échappent à l’examen public. Elles doivent être stoppées.

(Article publié sur le site Labour Hub le 10 septembre 2021; traduction rédaction A l’Encontre)

Gilbert Achcar est professeur d’études du développement et de relations internationales à la SOAS, Université de Londres.

11 septembre 2021 Gilbert Achcar

https://alencontre.org/

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18 août 2021 ~ 0 Commentaire

talibans (jdd)

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L’Afghanistan assis sur un trésor

Selon le New York Times, les terres afghanes recèlent de gisements de minerai inexploités, dont du lithium, du cuivre et même de l’or. Une découverte qui pourrait faire de ce pays en guerre l’un des principaux centres miniers du monde. Mais à quel prix? Pour l’heure, l’Afghanistan ne dispose d’aucune infrastructure pour exploiter ces ressources.

L’Afghanistan serait assis sur une richesse inestimable. C’est en tout cas ce que pensent des responsables du Pentagone et des géologues américains. Dans son édition dominicale, le New York Times a dévoilé les conclusions de l’enquête qu’ils ont menée sur la composition du sous-sol afghan. Celui-ci renferme des gisements de minerai inexploités, dont du lithium, du fer, du cuivre, du cobalt et de l’or. Selon les estimations des experts, une fois exploités, ces gisements pourraient valoir près de 1.000 milliards de dollars!

Cette information – et le chiffre de 1.000 milliards de dollars – avaient déjà été révélés fin janvier par le président afghan, Hamid Karzaï, mais ces données n’avaient pas encore été scientifique-ment validées. Selon l’enquête menée par les spécialistes américains, ces richesses sont réparties dans l’ensemble du pays, y compris dans le sud et l’est, le long de la frontière pakistanaise, là où l’insurrection des talibans est la plus forte.

« Il y a là un potentiel incroyable. Il y a beaucoup de ‘si’ évidemment, mais je pense que le potentiel est incroyablement important », commente dans les colonnes du journal le général David Petraeus, chef du commandement central américain.

Cuivre, fer et lithium

Si ces découvertes – basées sur l’étude de cartes et de données collectées par les experts miniers soviétiques durant l’occupation russe des années 1980 – sont confirmées, l’Afghanistan, dont l’histoire récente n’a été qu’une succession de guerres, pourrait devenir l’un des principaux centres miniers du monde.

Dans une note interne révélée par le New York Times, le Pentagone estime même que le pays pourrait devenir « l’Arabie saoudite du lithium ». Ce métal est très utilisé dans les nouvelles technologies, notamment pour la fabrication de batteries d’ordinateurs, de téléphones portables et de voitures électriques. Selon le quotidien américain, ses réserves seraient comparables à celles de la Bolivie, première réserve mondiale de lithium. Kaboul pourrait par ailleurs devenir l’un des principaux producteurs mondiaux de fer et de cuivre, aux côtés du Brésil pour le premier, du Chili et des Etats-Unis pour le second.

Interrogé sur ces informations, le porte-parole du Quai d’Orsay s’est contenté de confirmer que les autorités afghanes avaient entrepris « de recenser les ressources naturelles présentes dans le sous-sol afghan et le potentiel qu’elles représentent pour permettre au pays d’assurer à terme son développement ». Et de préciser qu’un « premier état des lieux devrait être présenté à l’occasion de la conférence de Kaboul le 20 juillet ». Une politique d’exploration des sous-sols afghans devra alors être définie, estime Paris.

La Chine, l’Inde et la Russie sur les rangs

Mais pour l’heure, l’Afghanistan ne dispose pas d’industrie ou d’infrastructures minières. Une seule véritable route relie le nord au sud du pays. Par ailleurs, le sous-sol afghan regorge de nombreuses mines artisanales, prêtes à exploser à tout moment.

Selon les responsables américains, il faudrait ainsi des décennies avant que le pays ne puisse réellement exploiter ces ressources. La guerre – et la fragilité des institutions afghanes – rendent par ailleurs difficile toute politique minière sur le long terme. Mais cette découverte pourrait toutefois avoir des conséquences sur le conflit: les puissances régionales voisines de l’Afghanistan – Chine, Inde, Russie -, jusqu’ici peu engagées dans le pays, pourraient subitement y voir un intérêt stratégique.

Pour preuve, deux entreprises chinoises se sont d’ores et déjà engagées à investir quatre milliards de dollars dans la mine de cuivre d’Aynak, au sud de Kaboul, soit le plus important investissement étranger civil à ce jour dans le pays.

Un appel d’offres international est par ailleurs attendu cette année pour l’exploitation d’une mine contenant 1,8 milliard de tonnes de fer de haute qualité dans la région montagneuse isolée de Hajigak.

Selon le ministère afghan des Mines, il s’agirait du plus grand gisement de fer inexploité de toute l’Asie. L’Inde et la Chine sont sur les rangs. Mais ces ressources pourraient être à l’origine de nouvelles tensions, dans un pays déjà très instable. D’autres pays avant l’Afghanistan l’ont expérimenté: les diamants du Liberia et de la Sierra Leone, le coltan de la République démocratique du Congo ou encore le pétrole de l’Irak et du Koweït ont davantage été sources de conflit que gages de paix.

  19 juin 2017 M.E

https://www.lejdd.fr/

Lire aussi:

Comment les talibans ont pris le contrôle du marché de la drogue

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17 août 2021 ~ 0 Commentaire

communiqués (cgt 22)

super cgt

Communiqué de presse
Union Départementale CGT des Côtes d’Armor
du 17 août 2021
Les Patriotes annoncent:

« Un grand rassemblement populaire pour la liberté »L’union départementale CGT des Côtes d’Armor se prononce pour la vaccination de masse et dénonce fermement la mise en œuvre du pass sanitaire. En effet, le gouvernement n’a pas été en mesure de convaincre et d’organiser une vaccination massive de la population. Il pénalise les salariés et agents publics par un dispositif généralisé de contrôle, de surveillance et de contraintes. La loi du 5 août est une brèche inacceptable au droit du travail, déjà bien mis à mal par Macron depuis 2016.

Pour autant, la CGT ne peut pas rester sans réagir devant l’attitude des partis et des mouvements d’extrême droite qui se mobilisent depuis cet été. La venue de Philippot, président du mouvement d’extrême-droite Les Patriotes, à Saint-Brieuc, n’est pas un hasard. Depuis plusieurs mois, nous constatons l’organisation régulière de rassemblements régionaux des mouvances radicales de droite dans la capitale costarmoricaine (Les patriotes, Génération Frexit, Debout la France, VIA la Voie du peuple, l’Union Populaire Républicaine).
Notons qu’un rassemblement comme celui organisé ce jeudi 19 août mêle revendications anti-masques et anti-vaccination. Cette mobilisation, relayée dans plusieurs villes du département, laisse apparaître un discours propre à l’extrême-droite. Ce dernier est alimenté par la peur du progrès et nourri de récits complotistes et obscurantistes, de slogans et de symboles racistes et antisémites.
Le mécontentement à l’égard du gouvernement est légitime et l’extrême-droite s’en nourrit ; elle l’utilise pour diffuser son idéologie réactionnaire. Dans un contexte de montée de l’extrême-droite, la CGT affirme ses positions et rappelle aux syndicats et syndiqués son refus de participer à de tels rassemblements.
Il s’agit maintenant de porter nos propres revendications et perspectives d’actions contre la politique anti-sociale du gouvernement et pour le progrès social, par la construction d’un mouvement national et interprofessionnel à partir de septembre.

Pétition : Loi sanitaire et Régressions sociales à venir

Pour une politique sociale et de santé juste et démocratique, contre la loi sanitaire et les régressions sociales
Comment justifier qu’un pass sanitaire permette :
  • de discriminer à l’embauche, de suspendre le salaire ou de licencier des salarié·e·s, en CDD ou précaires, parce qu’ils·elles ne sont pas vacciné·e·s ?
  • de refuser des patient·e·s dans les hôpitaux pour la même raison ?
  • d’instaurer un contrôle et une surveillance généralisés sur la population et de diviser la population entre vacciné·e·s et non vacciné·e·s ?
En même temps, peut-on accepter que la casse de l’hôpital public continue ? Que la crise soit payée, non pas par les multinationales et les plus riches qui en ont profité, mais par tous les autres, notamment les travailleur·euse·s, les jeunes, les chômeur·euse·s, les retraité·e·s ?Une vaccination large et massive est nécessaire pour combattre la pandémie, ainsi qu’une autre politique, juste et démocratique. Nous, signataires, nous opposons à la loi sanitaire et aux régressions sociales à venir.

Nous exigeons :

  • Après le vote du parlement le 24 juillet, le retrait de cette loi et de l’état d’urgence sanitaires ;
  • des moyens financiers et humains bien plus importants dans les hôpitaux publics et les Ehpad, un débat et une information d’ampleur, des possibilités de se faire vacciner sur le temps de travail, une couverture bien plus importante des centres de vaccination et les embauches nécessaires pour permettre des conditions de travail respectueuses des exigences sanitaires ;
  • la levée des brevets au sein de l’Organisation mondiale du commerce pour la solidarité internationale et la santé publique ;
  • l’abandon des lois et projets sur l’assurance chômage et les retraites.
  • Signez la pétition

2021 Union Départementale CGT des Côtes d’Armor

https://www.cgt.fr/

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24 juin 2021 ~ 0 Commentaire

droits des femmes (el diario)

femme ecrivain

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Les fonds destinés à supprimer les droits des femmes et des LGBTI en Europe ont quadruplé en dix ans

Le rapport du Forum parlementaire européen sur les droits sexuels et reproductifs (EPF) intitulé « The Tip of the Icerberg » (la pointe de l’iceberg) a chiffré l’augmentation des groupes qui tentent d’imposer un programme ultra-catholique par le biais d’une « stratégie soigneusement orchestrée » qui « produit des résultats concrets », comme le détaille le rapport.

707,2 millions de dollars pour tenter de renverser les droits sexuels et reproductifs. Ce sont les chiffres qu’une récente enquête du Forum parlementaire européen sur les droits sexuels et reproductifs (EPF) attribue à l’agenda ultra-catholique en Europe avec lequel un conglomérat de fondations et d’ONG opère pour saper les lois sur l’avortement, l’éducation sexuelle et les LGTBI et empêcher la promulgation de nouvelles lois.

Le forum est un réseau de parlementaires de tout le continent qui a surveillé l’activité d’une demi-centaine de groupes et l’argent qu’ils ont dépensé pour cet agenda, qu’il qualifie d’anti-genre. Le rapport « The Tip of the Iceberg Extremist Religious Funders Against Sexual and Reproductive Rights » révèle qu’il a quadruplé en une décennie, passant de 22,2 millions en 2009 à 96 millions en 2018. Au total, ils ont totalisé 707,2 millions en dix ans, selon une approximation « sous-estimée », souligne-t-elle.

Les chiffres illustrent la montée en puissance, ces dernières années, des mouvements opposés au féminisme et aux droits des femmes, à l’avortement et au collectif LGTBI. Parmi eux, l’association espagnole HazteOír ou sa filiale internationale CitizenGo, à laquelle l’étude attribue une dépense de 32,7 millions d’euros sur cette période, et tout un conglomérat d’acteurs ayant un poids au sein de l’Union européenne, où ils tentent d’exercer une influence politique. Mais aussi à l’intérieur de ses frontières.

L’étude souligne que la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne sont les pays de base des fondations les plus « importantes ». Dans notre pays, HazteOír s’est fait connaître pour avoir affrété le bus transphobe et lancé des initiatives ultraconservatrices. Ses liens avec Vox, une formation avec laquelle elle partage des discours et des idées, mais aussi des noms sur les listes électorales, sont bien connus.

« L’image qui se dessine est celle d’une communauté transnationale d’extrémistes religieux et d’acteurs d’extrême droite partageant les mêmes idées et prenant des décisions stratégiques de financement par-delà les frontières internationales », conclut l’enquête, qui décrit une « stratégie soigneusement orchestrée » contre l’avancement des droits qui « produit déjà des résultats concrets. »

Il s’agit notamment de l’interdiction quasi-totale de l’avortement et des « zones sans LGTBI » en Pologne ou des lois anti-LGBTBI en Hongrie, qui vient d’interdire de parler d’homosexualité dans les écoles dans une règle qui l’assimile à la pédophilie. Aujourd’hui, ces groupes s’efforcent de renverser le « rapport Matic » sur les droits sexuels et reproductifs des femmes, qui doit être voté jeudi par le Parlement européen.

Le rapport note que l’opposition à ces évolutions a été considérée pendant un temps comme une « réaction naturelle » au progrès ou « une excentricité locale contenue dans quelques pays conservateurs » et que la résurgence actuelle « a été initialement sous-estimée [...] jusqu’à ce qu’elle commence à mobiliser le soutien populaire, à influencer et à façonner le paysage politique ».

Les analystes ont depuis longtemps averti que cette toile d’acteurs s’incarne dans des formations politiques qui se sont développées ces dernières années. L’étude cite l’Espagne et l’Allemagne comme pays où ces groupes ont créé des mécanismes « pour canaliser l’activisme » contre les droits sexuels et reproductifs « et transformer les participants en acteurs politiques » par le biais de partis tels que Vox, citent les experts.
Un réseau international coordonné

L’EPF a identifié trois origines géographiques importantes de ces organisations : Europe, États-Unis et Russie. C’est la première qui contribue le plus au montant total grâce à l’activité de fondations privées  » engagées  » dans le programme  » anti-gender « .

Au total, une vingtaine d’organisations ont dépensé 437,7 millions de dollars au cours des dix dernières années, selon l’étude. Ils le font par le biais de nombreuses activités, telles que la création de médias, la collecte de signatures en ligne, l’organisation de marches ou la tenue de forums et d’événements. L’étude prévient que les données de ces acteurs européens « sont les plus incohérentes » et présentent « des lacunes importantes qui conduisent à une sous-estimation ».

L’étude décrit HazteOír/CitizenGo comme « l’une des organisations les plus importantes de l’extrême droite de l’échiquier politique international » et lui attribue des stratégies fructueuses telles que le « astroturfing », qui consiste à lancer des initiatives en les faisant passer pour une expression populaire et spontanée.

Tous deux se définissent sur leur site web comme « une communauté de citoyens actifs qui cherche à promouvoir la participation de la société à la politique » par le biais de pétitions de signatures. Le dernier demande à Pablo Casado de faire appel de la loi sur l’euthanasie qui entrera en vigueur dans deux jours.

De cette manière, « ils fabriquent de l’indignation sociale pour canaliser leurs objectifs vers les partis politiques de droite et d’extrême droite », détaille l’étude.

L’étude cite également One of Us, une fédération européenne fondée en 2013 par l’ancien ministre populaire Jaime Mayor Oreja dans le but de défendre « les valeurs basées sur les racines judéo-chrétiennes » ; la Fundacio Provida Catalunya, ou encore la fondation française Jérôme Lejeune, également présente en Espagne. Les fondations en France, en Allemagne, en Italie et en Pologne complètent la carte des acteurs plus actifs qui n’agissent pas de manière isolée du reste, mais s’organisent et se coordonnent entre eux et également avec les formations politiques et les églises et acteurs religieux de premier plan.

Cette « collaboration internationale », derrière laquelle se cache une stratégie d’action formelle, prend la forme d’initiatives collectives telles que l’Agenda Europa, un réseau créé en 2013 auquel appartiennent nombre de ces organisations, ou encore le Political Network for Values, une plateforme « de représentants politiques pour travailler en réseau, dans un échange global et local, en promouvant et en défendant activement un décalogue de valeurs partagées, dont la protection de la vie humaine, le mariage, la famille et la liberté de religion et de conscience ».

Parmi ses membres figurent le maire Oreja, l’ancien sénateur Luis Peral et près d’une vingtaine d’autres hommes politiques venus du monde entier. Le conseil est présidé par la ministre hongroise de la famille, Katalin Novák, et Ignacio Arsuaga, président et fondateur de HazteOír, en est membre.

L’utilisation du contentieux « pour porter atteinte aux droits de l’homme ».

L’étude chiffre à 81,3 millions d’euros le montant qui provient d’une douzaine d’ONG et de think tanks aux États-Unis qui « bénéficient à leur tour de fondations conservatrices produites par des milliardaires ayant des liens avec le Parti républicain et l’extrême droite », affirment-ils.

Les acteurs de ce groupe sont passés de huit à dix au cours de la dernière décennie et parmi eux se distinguent ADF International et ECLJ, activement engagés dans des litiges stratégiques et qui, selon le rapport, « ont construit une infrastructure juridique en Europe » avec des bureaux « dans tous les centres de décision » du continent d’où ils ont participé « à plus de 30 affaires » devant les tribunaux européens « pour porter atteinte aux droits de l’homme ». Cette dernière est une technique utilisée en Espagne par l’organisation ultra-catholique Christian Lawyers (avocats), qui a porté devant les tribunaux des dizaines d’affaires liées à l’avortement ou à l’éducation sexuelle.

Une autre des organisations de la droite chrétienne américaine actives en Europe que l’enquête identifie est le Leadership Institute, fondé dans l’État de Virginie en 1987 et connu « pour former des militants » du mouvement ultraconservateur Tea Party et pour organiser en Europe, indique le rapport, « des formations pour des publics ultraconservateurs et d’extrême droite tels que le HazteOír espagnol », notamment « en les aidant à professionnaliser les opérations de collecte de fonds ». Arsuaga, a en effet été récompensé en 2012 par un conglomérat d’acteurs dont ce collectif pour avoir fait de HO « l’un des mouvements de la société civile les plus influents d’Europe occidentale ».

Le dernier point de mire a été la Fédération de Russie, d’où proviennent 188 millions de dollars pour financer le « programme antisexiste ».

Principalement d’entités « liées à deux oligarques russes : Vladimir Yakunin et Konstatin Malofeev » et de quatre agences gouvernementales. Le rapport souligne également l’existence d’argent « noir » provenant de blanchisseries en Russie.

Le Forum parlementaire européen sur les droits sexuels et reproductifs affirme que c’est ainsi que les fonds ont été acheminés vers les partis d’extrême droite sur le continent.

Marta Borraz 23 juin 2021

https://www.eldiario.es/

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08 juin 2021 ~ 0 Commentaire

racisme canada (presse de gauche)

indio guarani

Au Canada, qu’en est-il du racisme envers les Autochtones ?

Les événements de Kamloops et avec eux les douloureux souvenirs des pensionnats autochtones devraient pouvoir mieux nous aider à comprendre ce qu’il en est du racisme existant au Canada et par conséquent des manières les plus propices pour le combattre.

Car si la notion de racisme systémique —si à la mode aujourd’hui— permet de comprendre que le racisme n’est pas que le fait de quelques individus isolés, elle reste en même temps si vague et indéterminée qu’elle peut ouvrir la voie à de multiples interprétations, et donc à des manières bien différentes de mener le combat anti-raciste.

Un anti-racisme décolonial décontextualisé

C’est ainsi qu’un certain type d’anti-racisme décolonial décontextualisé a pris dans la société allochtone du Québec le haut du pavé et s’est fait entendre haut et fort ces derniers temps au travers de dérives passablement inquiétantes (voir entre autres les débats autour du comité anti-raciste décolonial au sein de Québec Solidaire !).

Car cette approche tend —au fil d’un discours apparemment radical— à réduire le combat anti-raciste à une série de positions manichéennes, individualistes, sectaires et moralisantes, loin de toute compréhension en profondeur du racisme et surtout des leçons historiques que nous pourrions tirer du si triste épisode des pensionnats autochtones.

Car le racisme n’est pas qu’une question de couleur de peau, de fragilité blanche et de privilège ou mea-culpa individuels. Il est aussi une question d’État, et on ne peut en comprendre la profondeur qu’en le reliant à des politiques sociales et économiques menées depuis d’implaca-bles intérêts de classes. Et c’est justement ce que nous rappellent les événements de Kamloops.

Pourquoi un régime des pensionnats ?

Car c’est dans la droite ligne de la loi sur les Indiens (1876) et de ses visées assimilatrices, que le régime des pensionnats fut officiellement instauré en 1892 par le gouvernement fédéral, suite à des ententes avec les clergés catholiques, anglicans, méthodistes et presbytériens.

Et si ce régime a été officiellement aboli en 1969 (le dernier pensionnat a été fermé au Québec en 1991), il n’en a pas moins donné naissance à près de 140 pensionnats répartis dans tout le Canada (dont au moins 10 implantés au Québec et 40 gérés par la congrégation des Oblats) et qui ont pris en charge pendant toute cette période de plus de 150 000 enfants.

Il s’est donc agi, par le biais d’une alliance « entre le sabre et le goupillon », entre l’État fédéral et les Églises du Canada, d’assimiler et d’évangéliser les populations autochtones ; en d’autres mots de faire disparaître —par le biais d’une rééducation forcée de leurs enfants— tout ce qui avait à voir avec les mœurs, les langues, les cultures et traditions des Premiers Peuples.

Non d’ailleurs sans des abus de toutes sortes : mauvais traitements, agressions sexuelles, expérimentations pseudo-scientifiques, nourriture insuffisante, etc. En ce qui concerne les Oblats, il faut ajouter que, s’ils étaient officiellement les gestionnaires financiers de ces pensionnats, c’étaient surtout des congrégations féminines (les soeurs grises notamment) qui étaient en charge au quotidien de ces enfants et des pédagogies répressives qui y étaient appliquées ainsi que des maigres ressources qui leur étaient allouées.

En fait, il ne s’est agi, avec ces 140 pensionnats, de rien d’autre que de la mise en marche d’un véritable ethnocide culturel des peuples autochtones visant à assimiler leurs propres enfants et à leur enlever —en la brisant— toute identité qui leur soit propre.

Un racisme d’État

Le régime des pensionnats, était donc une des pièces clefs des politiques coloniales prises au plus haut niveau de l’État fédéral et visant ultimement à répondre aux intérêts économiques des classes possédantes canadiennes qui cherchaient à s’emparer définitivement de vastes territoires inexploités et à les ouvrir au développement, ainsi qu’à l’exploitation forestière et minière. Il participait donc à ces stratégies d’exploitation économique et de répression des peuples sur la base de laquelle s’est d’ailleurs fondé puis renforcé le Canada.

En ce sens, s’il peut exister encore aujourd’hui un racisme dit systémique au Canada, c’est parce qu’il est d’abord —et continue d’être— un racisme d’État mis au service des intérêts politiques et économiques des élites possédantes canadiennes.

Certes les élites religieuses québécoises y furent directement impliquées —notamment par le biais des Oblats— mais ce ne le fut qu’en se pliant et cautionnant ou légitimant (par la religion) ces politiques de colonisation économique et d’assimilation culturelle menées depuis l’État fédéral.

Beaucoup plus que des excuses

Aussi si l’on veut vraiment s’en prendre au racisme d’État toujours en vigueur au Canada, c’est beaucoup plus que des excuses venant des gouvernements ou des Églises qu’il faudrait exiger. C’est beaucoup plus que des réparations d’ordre monétaire, ou des mea-culpa individuels ou collectifs, ou encore des statues qu’on déciderait de déboulonner solennellement. C’est même beaucoup qu’une simple réconciliation, car il ne peut pas y avoir de réconciliation sans justice sociale, politique et culturelle.

Si l’on veut vraiment s’en prendre au racisme d’État toujours en vigueur au Canada, c’est nécessairement et en même temps, oser s’en prendre politiquement à cette prison des peuples que reste le Canada et qui fait que tant de peuples se sont trouvés —au nom d’insatiables intérêts économiques et jusqu’à aujourd’hui— dépossédés des territoires où ils vivaient, mais aussi de tout droit à l’auto-détermination, Québec compris.

Lutter contre le racisme, c’est donc nécessairement prendre en compte, toute la profondeur de cet arrière-fond économique, social et politique sans lequel le racisme n’aurait jamais pris le caractère systémique qu’il revêt aujourd’hui au Canada. Et si ce n’est pas là un mince défi, c’est pourtant à cette seule condition que l’on pourrait en finir avec ce terrible poison qu’est le racisme pour tant de peuples !

mardi 8 juin 2021 Pierre Mouterde

https://www.pressegauche.org/

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