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22 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

trois tristes tigres (fr3)

tiçgres

« Triste Tigre » de Neige Sinno censuré dans un lycée privé.

« Une décision injuste qui participe au silence autour des violences sexuelles faites aux enfants »

En lice pour le Goncourt et le Goncourt des lycéens, « Triste Tigre » a été retiré de la bibliothèque d’un lycée privé de Ploërmel. Le roman de Neige Sinno fait le récit de l’inceste qu’elle a subi de 7 à 14 ans. L’autrice s’est déplacée dans cette commune du Morbihan, le 15 novembre. Elle estime que cette « interdiction s’ajoute au silence qui entoure les violences sexuelles faites aux enfants » estimées à 160.000 chaque année, en France.

Le déplacement de Neige Sinno à Ploërmel est symbolique. Dans cette commune rurale du Morbihan, le lycée privé catholique La Mennais a retiré son roman Triste Tigre des étagères du CDI. L’écrivaine est là pour défendre son texte, en lice pour le Goncourt et le Goncourt des lycéens – dont le lauréat sera révélé la semaine prochaine à Rennes.

Triste Tigre revient sur l’inceste que l’autrice a subi entre 7 et 14 ans. Son interdiction au prétexte que le récit « peut heurter les sensibilités », ainsi que l’a justifié la directrice de l’établissement scolaire, a suscité la consternation. Et l’incompréhension d’autant que le lycée s’est inscrit au Prix de la plume lycéenne organisé par la Région Bretagne et le rectorat. Le projet permet aux élèves volontaires de rédiger dix chroniques sur les 16 romans sélectionnés pour le Goncourt des lycéens. À La Mennais, la liste a donc été réduite à 15. Sans hésitation.

« Pour se construire, on a besoin d’avoir accès à tout »

Ce mercredi 15 novembre, les lecteurs se pressent dans cette librairie de Ploërmel où la romancière est invitée. Parmi eux, une élève de première du lycée privé qui, comme d’autres, s’est procuré le livre ailleurs. Elle explique qu’elle a été « touchée » par le récit. « Au-delà du témoignage, il y a toute une réflexion et une invitation à la pensée, confie-t-elle. L’inceste est un sujet dont on ne parle pas beaucoup. C’est touchant que Neige Sinno nous donne accès à ça ».

La jeune fille fait du groupe d’élèves volontaires pour le Prix de la plume lycéenne. « Quand le livre de Neige Sinno a manqué à l’appel, on s’est demandé pourquoi, relate-t-elle. Notre directrice nous a expliqué que le rôle du lycée, c’est d’aider les élèves à se construire et pas à se déconstruire à cause de témoignages violents. On n’a pas compris cette décision. J’ai trouvé choquant que l’on empêche cet accès à une vision. Pour se construire, on a besoin d’avoir accès à tout, même si tout n’est pas bon à voir, on doit pouvoir le palper pour y réfléchir ».

« Le silence face aux violences sexuelles faites aux enfants »

Quand Neige Sinno demande à la lycéenne si elle est là pour soutenir les enseignants qui se sont mobilisés contre le retrait du livre, celle-ci répond : « On est surtout là pour vous soutenir, vous ». L’échange dure quelques instants. D’autres élèves présents ajoutent : « On s’est bien battus ».

La romancière se dit « émue. Il y avait d’autant plus de lecteurs et de lectrices car ils sont solidaires de ma démarche dans mon livre, souligne-t-elle. Ils ont été choqués par une interdiction qui vient se rajouter à un silence qui existe déjà autour des violences sexuelles faites aux enfants. Le libraire, les profs du lycée et les élèves qui se révoltent contre une décision injuste, c’est émouvant ».

Toutes les stratégies de silenciation autour des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants sont très présentes dans mon texte

Neige Sinno Autrice de « Triste Tigre »
Elle rappelle que « les violences sexuelles faites aux enfants ont lieu dans tous les milieux, dans toutes les cultures, religions et classes sociales ». Neige Sinno n’avait pas imaginé que son livre puisse être interdit. Elle cite Toni Morrison dont les romans ont été « retirés de certains lycées sous la pression de groupes de parents et des directions d’établissements. Toutes les stratégies de silenciation autour des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants sont très présentes dans mon texte, note-t-elle. Les livres doivent être accessibles à tous pour avoir partout et pour tout le monde de la connaissance disponible. C’est un recul que l’on refuse à des gens qui pourraient en avoir envie un texte qui pourrait leur apporter quelque chose ».

La Ciivise demande l’imprescriptibilité des faits

En France, 160.000 mineurs sont victimes de violences sexuelles chaque année. Après plus de deux ans d’enquête et le recueil de la parole de près de 30.000 personnes, la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) rend public son rapport ce 17 novembre. « Elle espère que ce rapport sera lu et qu’il suscitera l’intérêt des mouvements et professionnels de la protection de l’enfance et celui des mouvements et professionnels de la lutte contre les violences sexuelles, écrit-elle en préambule. Elle espère qu’il sera lu par tous les citoyens, quel que soit leur métier ou leur engagement, parce que ce dont parle la Ciivise les concerne nécessairement ».

La Ciivise formule une série de préconisations et notamment l’imprescriptibilité des faits. « Peut-on opposer le temps qui passe aux enfants enfermés par l’agresseur et par la société complaisante dans le silence ? interroge Edouard Durand, le co-président de la Ciivise, ce vendredi, sur France-Inter. Peut-on reprocher à un enfant à qui on brûle la langue avec un mégot de cigarette de ne pas parler à temps ? Il ne faut pas passer à côté du fait que la violence, c’est violent : c’est ce que le mot veut dire« .

La Ciivise demande également à ce que sa mission se poursuive, son mandant étant censé se terminer à la fin de l’année. « Qui peut prétendre sérieusement que trois années auraient suffi pour lutter contre un déni qui est enraciné en chacun de nous depuis tant d’années ? C’est impossible. C’est un engagement, c’est le prix à payer mais c’est le prix de la fidélité à la parole des victimes » dit encore le co-président de la commission.

17/11/2023

Carole Collinet-Appéré (Avec Julien Dubois)

https://france3-regions.francetvinfo

Note: C’est aussi un livre cubain, de Guillermo Cabrera Infante 1965

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06 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

abaya ( québec)

abaya ( québec) dans Altermondialisme
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Interdiction de l’abaya à l’école : une énième loi raciste

C’est encore une fois la notion de laïcité qui est mobilisée pour justifier le fait que l’État puisse s’insérer jusque dans la garde-robe de jeunes Françaises. Cette notion est effectivement de plus en plus utilisée par certains États contemporains (notamment français et québécois) pour justifier l’ostracisation d’une frange de la population, la plupart du temps musulmane.

Rappelons quelques faits : la laïcité est élaborée en France durant la 3è République, alors que des gouvernements monarchiques rôdaient encore à Versailles. La laïcité a alors été instituée comme l’établissement constitutionnel d’un rapport de pouvoir entre deux institutions, à savoir la religion et l’État. Rapport de pouvoir entre deux institutions, donc, et non pas une vertu que doit incarner chaque citoyenne à travers son habillement1.

Cette loi et ses semblables sont présentées comme des textes visant à combattre le « communautarisme ». Or ces lois racistes ont l’effet inverse : elles créent un « autre » qui n’appartient pas à la communauté politique du pays. Cet autre, on l’aura deviné, est aujourd’hui en France le musulman, qui ne peut alors que difficilement développer un sentiment d’appartenance commune envers une « république » et ses représentants qui méprisent son identité. D’un autre côté, ces lois participent activement au développement d’un sentiment d’insécurité chez une partie de la population non musulmane, ce qui sert le pouvoir d’État.

Le sentiment d’insécurité dans une société participe effectivement à justifier l’extension toujours plus importante de l’État et de son pouvoir policier. Cette logistique gouvernementale ne date pas d’hier : un bref survol de l’histoire suffit pour voir apparaitre de nombreux exemples où les gouvernants ont su mobiliser les masses autour d’eux en incitant chez elles ce sentiment d’insécurité. « Atteinte à la République », « attaque politique » : la rhétorique belliqueuse de l’Élysée pour décrire le port d’une robe traditionnelle est d’ordre militaire ; elle évoque une menace et incite donc à la peur.

Ce type de rhétorique de la peur est aussi très présent ces dernières années dans l’espace public québécois. Le premier ministre François Legault affirmait en septembre dernier que l’accueil de plus d’immigrants serait « suicidaire » pour la nation québécoise.

On doit entendre ici que les gens venus « d’ailleurs » menacent l’existence même de la culture et l’identité même du « peuple » québécois. Durant cette même période électorale, alors que les différents prétendants au pouvoir étatique redoublaient d’efforts pour s’attirer les faveurs de l’électorat, Jean Boulet, alors ministre de l’Immigration du Québec (et toujours en fonction en tant que Ministre du Travail et Ministre responsable de la région de la Mauricie et de la région du Nord-du-Québec, rappelons-le), affirmait le mensonge selon lequel « 80% des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ».

Bien entendu, il s’agit, en France comme au Québec, de problèmes irréels et phobiques, mais là n’est pas la question : le fait de les évoquer sur la place publique nourrit le sentiment de menace chez un « vrai » peuple, qui accepte alors aisément d’avoir un État plus « fort », c’est-à-dire un État qui accapare toujours plus de pouvoir sur la société et sur les individus qui la composent.

Laurent Desjardins mardi 5 septembre 2023

Note
1. Comme l’illustre bien Jacques Rancière, dans « Les trente inglorieuses : scènes politiques : 1991-2021 », publié chez La Fabrique, 2022.

https://www.pressegauche.org/

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28 août 2023 ~ 0 Commentaire

abaya (le huff)

gauche arabe

Sur l’interdiction de l’abaya à l’école, la NUPES en ordre (très) dispersé

Le secrétaire national du Parti communiste juge cette interdiction « nécessaire », quand Jean-Luc Mélenchon déplore une « guerre de religion ».

Il n’y a pas que sur les européennes ou sur Médine que la coalition de gauche ne parvient pas à parler d’une seule et même voix. Après l’interdiction du port de l’abaya à l’école annoncée ce dimanche par Gabriel Attal, les élus de la NUPES expriment des positions diverses sur ce sujet mis sur la table par le ministre de l’Éducation nationale.

Ainsi, plusieurs nuances se dessinent ce lundi 28 août face à cette interdiction applaudie par la droite et l’extrême droite. Après l’annonce, plusieurs élues, connues pour leur engagement féministe, ont vu dans cette décision une volonté de « contrôler le corps des femmes ».

C’est notamment le cas de la députée de Paris, Sandrine Rousseau. « L’année dernière c’était l’interdiction du crop top qui était annoncée le 12 sept 2022. Cette année, c’est l’abaya. Le contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles, toujours », a dénoncé sur X (ex-Twitter) l’élue EELV. Députée écolo du Bas-Rhin et vice-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Sandra Regol a livré une analyse similaire sur le même réseau social.

Si les insoumis partagent cette indignation, c’est davantage l’aspect stigmatisant de la mesure qui est pointé. « Jusqu’où ira la police du vêtement ? La proposition de Gabriel Attal est anticonstitutionnelle. Contraire aux principes fondateurs de la laïcité. Symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans. À peine rentrée, la macronie tente déjà de prendre le RN par la droite », a déploré la députée insoumise Clémentine Autain, à l’unisson de plusieurs de ses collègues. À l’instar du député LFI du Val-d’Oise Paul Vannier, qui s’est insurgé sur BFMTV contre la « diversion raciste » visant à « effacer les vrais enjeux de cette rentrée » marquée par l’inflation.

« Guerre de religion »

Une analyse partagée par Jean-Luc Mélenchon. « Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin. À quand la paix civile et la vraie laïcité qui unit au lieu d’exaspérer ? », s’est interrogé sur X le chef de file de la France insoumise.

Au mois de juin, le triple candidat à la présidentielle avait considéré que l’abaya n’a « rien à avoir avec la religion », et que le problème de l’école était d’abord « le manque de professeurs, l’insuffisance de l’accueil » que le port (marginal) de cette tenue.

Si de nombreuses personnalités de la NUPES condamnent cette interdiction, d’autres au contraire s’en félicitent. C’est notamment le cas du député PS de l’Essonne Jérôme Guedj. « Notre boussole, c’est l’interdiction des signes ostensibles à l’école. Dès l’instant où l’abaya ou le qamis sont portés dans une dimension ostentatoire, alors il faut les interdire comme la loi de 2004 le permet, sans difficultés majeures », a-t-il estimé sur le même réseau social, considérant que les « proviseurs ont besoin d’une doctrine claire pour traiter chaque situation avec discernement grâce à cette grille de lecture ».

Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, partage cette position. « Oui, la décision sur l’abaya était nécessaire pour ne pas laisser seuls les chefs d’établissement. Non ce n’était pas la priorité », a-t-il indiqué sur X, en partageant la vidéo de son interview accordée à Sud Radio et au cours de laquelle il dit « approuver » l’annonce faite par Gabriel Attal.

Deux conceptions différentes

Une différence d’approche qui révèle les divisions de la NUPES sur les sujets touchant à la laïcité, comme c’était déjà le cas à l’été 2022 sur le burkini. Chez EELV ou LFI, les interdictions prises au nom d’une laïcité dite « dévoyée » sont souvent perçues comme des attaques faites à l’encontre des Français musulmans ne faisant que creuser le fossé entre une partie des citoyens du reste de la population, en plus d’être souvent en opposition aux libertés individuelles.

Sur le cas de l’abaya, ces deux formations se rangent d’ailleurs à l’avis du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui avait affirmé dans un communiqué que le vêtement n’était « pas » un signe religieux.

Au PS et au PCF au contraire, la laïcité est davantage perçue comme un outil d’émancipation qui doit être utilisé avec intransigeance pour se protéger de l’influence des religions sur la vie publique. Deux façons de voir les choses qui ne manquent pas de s’affronter à chaque fois que le sujet revient à l’agenda. Et qui permettent à leurs adversaires politiques de mettre en lumière ces divisions à peu de frais.

28/08/2023  Romain Herreros

https://www.huffingtonpost.fr/

Lire aussi:

Le NPA apporte son soutien à Médine face aux attaques racistes et islamophobes

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30 mai 2023 ~ 0 Commentaire

aïd (jdd)

aid el filtr

Tribune. Aïd-el-Fitr : « Fichez la paix à nos enfants », s’agace Farida Amrani, députée LFI de l’Essonne

La députée Nupes-LFI de l’Essonne Farida Amrani revient sur la polémique sur la polémique du fichage des enfants musulmans le jour de l’Aïd, dans l’Hérault et en Haute-Garonne. Elle demande également de « mettre fin à ces pratiques illégales, inadmissibles et injustifiables » 

Voici sa tribune. « Ces dernières semaines, plusieurs centaines d’établissements scolaires en Haute-Garonne et dans l’Hérault, ont reçu un mail des renseignements territoriaux, demandant le taux d’absentéisme des élèves le jour de l’Aïd-el-Fitr, fête célébrant la fin du jeûne du Ramadan pour des millions de nos concitoyens.

« À la demande des services de renseignements et pour effectuer un bilan de cette journée, nous vous sollicitons pour connaître le pourcentage d’absentéisme le vendredi 21 avril, lors de la fête de l’Aïd. Merci de nous faire un retour rapidement ». Cette pratique inadmissible, organisée par les services de l’État sur le territoire, s’apparente à du fichage religieux et notre condamnation doit être sans appel.

Ce fichage religieux, digne des heures les plus sombres de l’histoire de France, s’inscrit dans un contexte de recrudescence des actes islamophobes, partout sur le territoire national, Farida Amrani, députée de l’Essonne

Faut-il rappeler que le principe de laïcité, encadré par la loi du 15 mars 2004, permet que des “autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses” ? Dès lors, la volonté des services de police de Haute-Garonne et de l’Hérault d’associer la fête de l’Aïd-el-Fitr à un problème de sécurité publique s’inscrit dans un phénomène délétère de stigmatisation des Français de confession musulmane, qu’il convient de dénoncer avec la plus grande fermeté. Les enfants de la République ne sont pas et ne seront jamais un problème.

Monsieur Darmanin, fichez la paix à nos enfants ! Ce fichage religieux, digne des heures les plus sombres de l’histoire de France, s’inscrit dans un contexte de recrudescence des actes islamophobes, partout sur le territoire national : mosquée de Wattignies saccagée, musulman agressé à Échirolles, ratonnades à Lyon et menaces récurrentes sur des boucles Telegram d’extrême droite.

Ces violences sont la résultante de discours et d’invectives émanant de certains responsables politiques de la majorité présidentielle, de la droite et de l’extrême droite, relayés par une partie des médias.

Il est fort inquiétant que certains policiers, en dehors de toutes procédures légales, déclinent une politique discriminante sur les établissements scolaires visant à créer des fichiers illégaux.

Rappelons, une fois encore, que l’État a été condamné, il y a quelques jours, pour avoir fiché des manifestants placés en garde à vue contre la réforme des retraites.

Il s’agit désormais de mettre fin à ces pratiques illégales, inadmissibles et injustifiables en identifiant celles et ceux qui en sont à l’initiative afin de prendre les sanctions nécessaires. Face à de telles dérives, nul ne saurait être spectateur. »

Farida Amrani 30/05/2023

https://www.lejdd.fr/

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25 mai 2023 ~ 0 Commentaire

hamas (jdd inprecor)

gauche arabe

Qui sont les Frères musulmans ?

L’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker a reçu des menaces de mort pour avoir écrit un ouvrage sur les Frères musulmans. Mais quelle est cette organisation créée en Egypte ?

Après avoir reçu des menaces pour avoir écrit un ouvrage sur les Frères musulmans, l’anthropologue Florence Bergeaud-Blacker a vu sa conférence prévue à la Sorbonne annulée pour des raisons de sécurité. Elle a été reçue hier par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Les Frères musulmans, c’est d’abord une organisation religieuse, politique et sociale créée en 1928 en Égypte par Hassan al-Banna, le grand-père de Tariq Ramadan. Son objectif originel ? Imposer l’Islam sunnite à travers le djihad et appliquer les préceptes du Coran contre « l’emprise laïque occidentale » et « l’imitation aveugle du modèle européen ».

La confrérie a rapidement créé des branches dans plusieurs pays, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. Certaines ont porté un discours de non-violence quand d’autres ont appelé à prendre les armes au nom de la guerre sainte. L’organisation est ainsi qualifiée de terroriste dans plusieurs États – ce n’est pas le cas de la France, où elle est incarnée par l’association Musulmans de France. Soutenue financièrement par l’Arabie saoudite jusqu’à la guerre du Golfe – avant que Riyad ne rompe les ponts –, elle a déclenché plusieurs conflits armés et a connu des fortunes diverses.

Des leaders condamnés à mort en Égypte

En Égypte, elle acquiert la respectabilité sous Hosni Moubarak, même si ce dernier lui interdit le statut de parti politique. Après le printemps arabe de 2011, la confrérie remporte les législatives puis la présidentielle, avec l’élection, en juin 2012, de Mohamed Morsi. Mais un an plus tard, l’armée reprend le pouvoir, dissout le mouvement et condamne à mort plusieurs de ses leaders.

C’est au Soudan que les Frères musulmans sont restés le plus longtemps au pouvoir : ils étaient alors alliés au président Omar el-Bechir, qui a tenu le pays d’une main de fer entre 1989 et 2019. Enfin, la branche cisjordanienne a, elle, donné naissance en 1987 au Hamas, qui contrôle aujourd’hui la bande de Gaza.

Gaël Vaillant 25/05/2023

Lire aussi:

De la première Intifada au succès du Hamas

Processus révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient

Note:

A Gaza le Hamas sunnite (en théorie lié à l’Arabie Saoudite) est concurrencé par le Djihad Islamique: A Gaza, le Jihad islamique sort immensément populaire de son combat en première ligne.

Au Liban, c’est le Hezbollah Chiite, pro Iranien le plus puissant, il contrôle en fait l’Etat Libanais.

 

 

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10 mars 2023 ~ 0 Commentaire

jéhovah ( jdd )

noel-athée

C’est quoi les témoins de Jéhovah ?

Un ancien membre des Témoins de Jéhovah a tué six personnes dans son ancienne communauté à Hambourg en Allemagne, avec qui il était en conflit, avant de se donner la mort. Mais qui sont les Témoins de Jéhovah ?

Issus d’un mouvement fondé en 1870 par Charles Russell, dans l’État américain de Pennsylvanie, les membres de la communauté des Témoins de Jéhovah se revendiquent encore aujourd’hui comme les héritiers d’un christianisme primitif, faisant constamment référence à la Bible.

Ils adoptent une vision fondamentaliste de celle-ci, les rendant par exemple hostiles à l’avortement et aux transfusions sanguines. Aucune des grandes Églises (catholique, protestantes, orthodoxes) ne les reconnaît. Ce mouvement religieux est même régulièrement accusé de dérives sectaires.

Si la communauté a fait tristement parler d’elle dans l’actualité, c’est parce qu’un de ses centres situé à Hambourg, en Allemagne, a été visé par une fusillade meurtrière jeudi soir. Six personnes, dont quatre hommes et deux femmes âgés de 33 à 60 ans, ont été tuées pendant une séance de prière de l’organisation. Le présumé coupable de 35 ans, Philipp F. – un ancien membre des Témoins de Jéhovah qui n’avait pas d’antécédents criminels –, s’est donné la mort sur place après l’intervention des forces de l’ordre.

La communauté compte 8,6 millions de membres actifs – réunis dans 239 pays –, dont pas moins de 1,2 million adeptes aux Etats-Unis et plus de 130 000 en France. Vous avez sans doute déjà croisé des « proclamateurs » – selon le lexique de l’organisation –, alpaguant le badaud aux abords des gares ou prêchant leur bonne parole lors de porte-à-porte insistants.

Alors, secte ou pas secte ? Le statut de l’organisation varie d’un pays à l’autre. Dans l’hexagone, l’activité prosélyte du mouvement fait souvent l’objet de signalements auprès de la Miviludes (la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).

Dans son rapport annuel de 2021, elle rappelle que « de nombreux Témoins de Jéhovah sont amenés, par leur doctrine, à être privés de transfusions sanguines sur le sol français » et que sa doctrine « tend à décrédibiliser et à diaboliser les organes étatiques, dont la Justice. » Sur 4 020 saisines auprès de la Miviludes en 2021, 99 concernaient les Témoins de Jéhovah.

En Allemagne – pays qui compte plus 170 000 membres de cette confession dont 3 800 à Hambourg –, les Témoins de Jéhovah sont considérés au même titre que les principales religions sur le plan juridique, tandis que l’organisation, jugée extrémiste, a été interdite par décision de la Cour suprême en Russie en 2017.

Marion Rivet 10/03/2023

https://www.lejdd.fr/

Note:

A lire également: Témoins de Jéhovah

 

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04 décembre 2022 ~ 0 Commentaire

iran (jdd)

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Répression en Iran : la police des mœurs a été abolie après des semaines de manifestations

L’Iran a annoncé l’abolition de la police des mœurs. Celle-ci est à l’origine de l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, dont la mort en détention a provoqué une vague de contestation dans le pays qui dure depuis près de trois mois.

C’est une victoire pour les nombreux manifestants iraniens. Le procureur général iranien, Mohammad Jafar Montazeri, a annoncé que la police des mœurs a été abolie par les autorités compétentes, a rapporté ce dimanche l’agence Isna.

Cette déclaration est considérée comme un geste envers les manifestants. Elle est intervenue après la décision samedi 3 décembre des autorités de réviser une loi de 1983 sur le port du voile obligatoire en Iran, imposé quatre ans après la révolution islamique de 1979. « La police des mœurs n’a rien à voir avec le pouvoir judiciaire, et elle a été abolie par ceux qui l’ont créée », a-t-il affirmé samedi soir dans la ville sainte de Qom lors d’une conférence religieuse.

La police des mœurs avait arrêté le 13 septembre dernier Mahsa Amini , une Kurde iranienne de 22 ans, à Téhéran en l’accusant de ne pas respecter le code vestimentaire strict en République islamique, qui impose aux femmes le port du voile en public. Selon ses proches, elle a été battue à mort le 16 septembre, trois jours après son arrestation, par la police des mœurs. Mais les autorités ont lié son décès à des problèmes de santé, démentis par ses parents.

Depuis, ce tragique événement a déclenché une vague de manifestations durant lesquelles des femmes ont enlevé et brûlé leur foulard, en criant « Femme, vie, liberté ». Un mouvement qui s’est depuis élargi, remettant en question tout le régime religieux en place afin de réclamer plus de liberté et la démocratie.

Loi sur le voile 

Cette police, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d’orientation), a été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), pour « répandre la culture de la décence et du hijab ». Formée d’hommes en uniforme vert et de femmes portant le tchador noir qui couvre la tête et le haut du corps, cette unité avait commencé ses patrouilles en 2006 avec l’objectif de faire respecter le code vestimentaire strict en République islamique.

Samedi 3 décembre, le même procureur, Mohammad Jafar Montazeri, a déclaré que « le Parlement et le pouvoir judiciaire travaillaient » sur la question du port du voile obligatoire, sans préciser ce qui pourrait être modifié dans la loi. Deux camps s’affrontent en Iran. D’un côté, les conservateurs qui s’arc-boutent sur la loi de 1983 et de l’autre celui des progressistes qui veulent laisser aux femmes le droit de choisir de le porter ou non.

Malgré la répression qui a fait des centaines de morts, le mouvement de contestation se poursuit. Selon un dernier bilan fourni par le général iranien Amirali Hajizadeh, du corps des Gardiens de la Révolution, depuis le 16 septembre, il y a eu plus de 300 morts lors des manifestations.

Samuel Azemard  04/12/2022

https://www.lejdd.fr/

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16 novembre 2022 ~ 0 Commentaire

israël (l’étincelle-courrier)

Palestinian_refugees

La naqba, la fuite devant l’armée israëlienne

Élections législatives en Israël : quasi-disparition de la gauche, renforcement de l’extrême droite

Deux traits saillants ont marqué les élections législatives israéliennes qui se sont déroulées au début de ce mois.

D’abord, la quasi-disparition de l’échiquier politique de la gauche sioniste qui n’a plus que quatre sièges au Parlement, la Knesset, sur un total de 120. Ensuite, la forte poussée d’une extrême droite religieuse, raciste à l’égard des Arabes et des non-juifs, homophobe et expansionniste, dont le leader, Itamar Ben Gvir, rêve de débarrasser la Palestine de tous les Arabes qui seraient envoyés en Jordanie. Les deux phénomènes sont d’ailleurs étroitement liés.

La gauche sioniste, creuset de l’État sioniste

Il faut d’abord rappeler que la gauche israélienne – sous ses variantes travailliste et socialiste – a toujours proclamé son sionisme à tout crin, c’est-à-dire son nationalisme juif. Avant même la proclamation officielle de l’État d’Israël, en 1948, elle avait mis en place pas à pas une structure étatique avec une force armée, la Haganah, et ses commandos d’élite, le Palmach, des coopératives ouvrières, des colonies collectivistes (kibboutz), des villages coopératifs (moshav), une centrale syndicale (la Histadrout), une sécurité sociale, des organisations culturelles et sportives, etc.

De plus elle contrôlait l’essentiel des municipalités juives. Ce qui incita dans les années 1950 et 1960 une partie de la gauche européenne et nord-américaine à parler à ce propos, et un peu vite, de « socialisme israélien ». Et lorsque l’État sioniste est né, les travaillistes se sont retrouvés naturellement aux postes clés du pouvoir, depuis les dirigeants du gouvernement (Ben Gourion, Golda Meir) jusqu’à ceux de l’armée (Moshe Dayan, Itzhak Rabin), en passant par la police, la justice, voire régulièrement la présidence de l’État (Ben-Zvi, Shazar, Herzog), etc.

Mais dès l’origine, le ver était dans le fruit. En s’affirmant sioniste, cette gauche désignait peu ou prou comme adversaire la population arabe, supposée occuper indûment la terre de ses ancêtres. Et nombre de kibboutz et de moshavs furent érigés sur des terres d’où avaient été chassés les fellahs palestiniens. De même il fallut une lutte de longue haleine pour faire accepter les travailleurs palestiniens au sein de la Histadrout, réservée à l’origine aux seuls travailleurs juifs et qui interdisait aux entreprises dirigées par des juifs d’employer des salariés arabes.

C’est cette même gauche sioniste qui était à la tête du pays lors des différentes guerres israélo-arabes et de l’occupation de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est en 1967. Et là encore, elle continua la même politique nationaliste et expansionniste, toujours au nom de la préser-vation de « la Terre d’Israël ». Tout comme elle couvrit toutes les exactions de l’armée, qu’elle présentait comme « la plus morale » au monde, et accusait « d’antisémitisme » et de « négation de l’Holocauste » ceux qui critiquaient sur sa gauche cette politique colonialiste.

Le tournant des années 1970

Mais peu à peu s’est développée dans le pays une bourgeoisie qui a trouvé de plus en plus pesante la tutelle des travaillistes qui lui avaient pourtant mis le pied à l’étrier. Elle ne cachait pas son admiration pour les politiques économiques ultra-libérales de Reagan et de Thatcher.

Après quelques tâtonnements, elle fit sienne l’idéologie du « sionisme révisionniste », une tendance qui, avant la Seconde Guerre mondiale, flirtait avec Mussolini et les régimes dictatoriaux du genre de l’Espagne franquiste, mettait en avant son goût marqué pour des actions terroristes contre la population arabe et son opposition viscérale à tous ceux qui, de près ou de loin, se réclamaient de la gauche et du socialisme.

Elle s’opposait à tout étatisme économique et jugeait la gauche trop molle à l’égard des Pales-tiniens. Elle trouva une oreille attentive parmi certains Juifs orientaux, c’est-à-dire ceux originai-res du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, généralement très conservateurs, qui s’estimaient lésés par les « élites » travaillistes, en général venues d’Europe, qui occupaient le haut du panier.

C’est en s’appuyant principalement sur eux que fut fondé le Likoud, parti dirigé d’abord par Menahem Begin, puis plus tard par Benyamin Netanyahou, le type même du politicien affairiste impliqué dans nombre de scandales financiers. Begin, dont le parti avant remporté les élections, fut Premier ministre de juin 1977 à octobre 1983. C’est lui qui, en 1978, signa les accords de paix avec le président égyptien Anouar el-Sadate.

Une alternance qui penche de plus en plus à droite

À partir de ce moment, gauche et droite sionistes vont alterner au gouvernement. Le dernier grand succès des travaillistes date de 1992, lorsque qu’avec le petit parti socialiste Meretz ils totalisèrent plus de 44 % des voix. Une victoire qui n’eut pas de suite et qui fut marquée par l’assassinat du Premier ministre, Yitzhak Rabin, en 1995, par un extrémiste juif mécontent des accords d’Oslo qui avaient été signés avec l’Autorité palestinienne.

Depuis lors, la droite et l’extrême droite n’ont cessé de se renforcer. Même le dernier gouverne-ment israélien, celui de Yaïr Lapid, qualifié de « centriste » par les observateurs, faisait une large place dans ses rangs à des formations de droite, certaines proches des colons.

Formé sous la bannière de « tout sauf Netanyahou », ce gouvernement a continué une répres-sion féroce contre les Palestiniens, fait évacuer des villages entiers pour laisser la place à des colons juifs ou à l’armée et multiplié les assassinats ciblés. Aujourd’hui il est remplacé par une bande de politiciens véreux, de fanatiques religieux et de fascistes juifs qui veulent encore aller plus loin dans cette voie et affirment pouvoir faire mieux que lui.

La fin des « deux États » ?

Beaucoup de commentateurs se sont lamentés sur le fait que le résultat de ces élections signifiait dans les faits la fin du concept des « deux États », l’un juif, l’autre arabe, vivant côte à côte en bonne harmonie. Mais ce concept a surtout servi aux différents gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, à gagner du temps pour repousser les négociations aux calendes grecques tout en continuant sans vergogne la colonisation et les expropriations.

Il a aussi été utilisé comme cache sexe par les « amis d’Israël », au sein de l’Union européenne et aux États-Unis, pour ne jamais condamner clairement l’occupation israélienne sous prétexte de préserver l’avenir d’hypothétiques négociations.

Construire une gauche révolutionnaire et internationaliste

Aujourd’hui la gauche israélienne n’existe pratiquement plus. La plupart des militants sincère-ment pacifistes et anti-occupation ont déserté la sphère politique pour demeurer actifs au sein des organisations non gouvernementales d’aide et de soutien aux Palestiniens. Des ONG qui sont parfois devenues la bête noire des autorités.

Pourtant, un jour ou l’autre, il faudra bien construire une gauche nouvelle, profondément anti-raciste, internationaliste et révolutionnaire, non seulement opposée à l’occupation et au statut de seconde zone dans lequel sont cantonnés les Arabes israéliens, mais soutenant pleinement le droit des Palestiniens à disposer d’eux-mêmes et le droit au retour des réfugiés chassés de leurs terres au cours des différents conflits.

Jean Liévin 14 novembre 2022

https://www.convergencesrevolutionnaires.org/

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02 octobre 2022 ~ 0 Commentaire

hazaras (l’étincelle)

chiites

Afghanistan : 35 étudiantes hazaras tuées dans un attentat

Au moins 35 personnes, en majorité des femmes et des jeunes filles, sont mortes dans un attentat suicide perpétré vendredi dans le quartier Dasht-e-Barchi, à l’ouest de Kaboul, contre un centre de formation pour étudiants situé dans un quartier abritant la minorité chiite hazara.

En outre 82 ont été blessées. Plus de 600 étudiants étaient présents dans le centre d’examen d’entrée à l’université mais le kamikaze a choisi de se faire sauter dans la partie de la salle réservée aux étudiantes.

Le porteur de bombe était sans doute membre du groupe État islamique en farouche concurrence avec les Talibans quant à la défense d’un islam rigoriste et réactionnaire.

Mais les deux groupes ont en commun leur haine des hazaras, qu’ils considèrent comme des païens et des hérétiques, et leur opposition au fait que les femmes puissent faire des études. En mai dernier, au moins 85 personnes, là encore principalement des filles, avaient été tuées et environ 300 blessées lorsque trois bombes avaient explosé près d’une école du même quartier.

Le Moyen Âge en plein 21è siècle.

Samedi matin, une cinquantaine de jeunes femmes ont bravé l’interdiction de rassemblement imposée par les talibans pour crier leur colère. Les manifestantes ont défilé sur la route principale qui traverse le quartier en criant le point levé « Stop au génocide des Hazaras » et en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire «  Ce n’est pas un crime d’être chiite ». Elles se sont dirigées vers l’hôpital où avaient été transportées plusieurs victimes, avant d’être dispersées par la police talibane.

1er octobre 2022

https://www.convergencesrevolutionnaires.org/

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28 septembre 2022 ~ 0 Commentaire

hindous (socialist worker)

cpi inde

Qui est responsable de la violence de l’Hindutva en GB?

Les nationalistes hindous de droite ont longtemps terrorisé les musulmans en Inde, et aujourd’hui, leur politique empoisonnée se manifeste dans les rues de Grande-Bretagne. Mais, écrit Yuri Prasad, cela n’aurait pas pu se produire sans l’encouragement du gouvernement tory et la complicité de la droite travailliste.

Comment la politique chauvine de l’Hindutva est-elle apparue dans les rues de Leicester ?

Un nouveau poison est entré dans le sang de certains des centres-villes les plus multiculturels de Grande-Bretagne. Il peut provoquer la haine et la division – et peut même tuer. Nous l’avons vu à l’œuvre lors de troubles récents à Leicester et dans la banlieue de Birmingham.

Il porte de nombreux noms, mais en Inde, d’où il est originaire, il est connu sous le nom d’Hindutva. Il s’agit d’une forme de nationalisme qui proclame la supériorité des hindous sur tous les autres en Inde.

Les adeptes de l’Hindutva insistent sur le fait que l’Inde est aujourd’hui, et a toujours été, une nation exclusivement hindoue. Mais, disent-ils, ce rêve a été continuellement frustré par les envahisseurs et les interférences étrangères.

Le champion de cette idéologie est aujourd’hui le premier ministre indien de droite dure, Narendra Modi, et son parti, le BJP. Dans l’ombre, on trouve des groupes fascistes tels que le RSS, une organisation paramilitaire de rue.

Modi et ses nombreux partisans voient des ennemis de l’Inde partout, de ceux qui s’élèvent contre l’oppression des castes aux femmes qui demandent justice pour les victimes de crimes sexuels. Mais pour ceux qui sont infectés par l’Hindutva, il n’y a pas de pire ennemi que les musulmans.

Historiquement, les musulmans sont accusés d’avoir envahi et occupé l’Inde sous l’empire moghol qui s’est étendu du 16e au 19e siècle. Aujourd’hui, on dit d’eux qu’ils sont « l’ennemi intérieur » et qu’ils travaillent à saper la nation sur l’ordre de l’ennemi juré de l’Inde, le Pakistan.

Cette idée empoisonnée s’est récemment rendue en Grande-Bretagne grâce à la technologie moderne. La télévision indienne par satellite bombarde les téléspectateurs du monde entier de bile chauvine.

Et même de nombreux groupes familiaux indiens sur Whatsapp sont contaminés par des histoires abjectes sur les méchants musulmans et les gloires des défenseurs hindous de l’Inde. Mais cela n’aurait pas suffi pour que l’Hindutva s’implante ici.

Elle a été aidée par l’État britannique et sa politique ouverte d’islamophobie – et par l’assentiment des partis conservateur et travailliste. L’Hindutva en Grande-Bretagne est une mutation qui mélange la politique réactionnaire indienne avec la haine anti-musulmane propre à la Grande-Bretagne.

Riaz Khan est un éducateur et un activiste communautaire de Leicester. Célèbre comme l’auteur de Memoirs of an Asian Football Casual, il connaît bien la ville et ses habitants.

Il a expliqué au Socialist Worker comment les hindous de droite étaient à l’origine des troubles récents dans la ville des East Midlands.  « Les tensions entre les jeunes hindous et musulmans de Leicester durent depuis environ quatre mois », a-t-il déclaré.

« Mais elle a atteint un tournant au début du mois lorsqu’une bande d’environ 25 personnes a attaqué un jeune musulman et l’a battu. Avant cela, il y avait eu toutes sortes d’événements – des personnes intimidant des foyers musulmans et refusant de se disperser. Pendant tout ce temps, la police n’a pratiquement rien fait ».

Riaz affirme que, malgré la montée de la colère, lui et d’autres personnes ont réussi à calmer les jeunes musulmans qui voulaient réagir aux provocations.  « Mais il y a ensuite eu la marche des hindous de droite de la semaine dernière », dit-il.

« Ils étaient quelques centaines à défiler de Loughborough Road à Green Lane Road. Au moment où ils sont arrivés à North Evington, ils étaient masqués et scandaient des slogans anti-musulmans.

« Et pendant toute la durée de cette marche de 3,5 km, qui était totalement illégale, la police n’a rien fait. Six officiers marchaient aux côtés des marcheurs, mais plus tard, des officiers de police de haut rang ont affirmé qu’ils n’étaient au courant de rien.

« Si cela avait été des supporters de l’équipe nationale qui défilaient lors d’un match de football à Leicester, la police aurait été présente par centaines. Au lieu de cela, les policiers ont laissé la marche se poursuivre. »

Lorsqu’il est arrivé dans le quartier à majorité musulmane de North Evington, Riaz raconte qu’une quarantaine d’hommes, principalement musulmans, sont descendus dans la rue pour protéger leur localité. Un petit nombre d’hindous locaux les ont rejoints, affirmant que les marcheurs ne les représentaient pas.

« Nous devons nous demander pourquoi cela se produit maintenant », a déclaré Riaz. « Lorsque la mosquée Babri en Inde a été détruite par des foules hindoues en 1992, rien ne s’est passé à Leicester. Lorsque les émeutes anti-musulmanes du Gujarat ont eu lieu en 2002, rien ne s’est produit à Leicester.

« Mais en 2022, la droite hindoue en Grande-Bretagne s’est sentie enhardie. C’est parce qu’ils ont maintenant des partisans, notamment les politiciens conservateurs Priti Patel et Rishi Sunak, de leur côté. »

Le parti conservateur a joué un rôle crucial pour l’Hindutva en Grande-Bretagne. En tant que premier ministre, Boris Johnson a invité cette année Modi en Grande-Bretagne pour une visite d’État.

Modi avait jusqu’en 2012 été interdit pour son rôle dans les émeutes du Gujarat. L’ancienne ministre de l’intérieur Priti Patel appelle Modi « notre cher ami » et déclare que les Tories et le BJP sont des « partis frères ».

Mais les dirigeants du parti laissent le travail vraiment sale de diffusion de l’Hindutva à des députés d’arrière-ban comme Bob Blackman. En 2017, il a invité le défunt et très emprisonné Tapan Ghosh à s’exprimer au Parlement.

Activiste vicieusement anti-musulman du Bengale occidental, Ghosh et son groupe ont été impliqués dans des attaques physiques contre des opposants. Les réactionnaires britanniques de l’Hindutva n’étaient que trop heureux de leur rendre la pareille.

Lors des élections générales de 2019, l’association Overseas Friends of the BJP UK a affirmé avoir mené une campagne de vote Tory dans 48 sièges marginaux à fort électorat hindou. « Nous avons une équipe dans chaque circonscription qui fait le tour avec le candidat conservateur pour distribuer des tracts, parler aux gens et les persuader de voter conservateur », a déclaré Kuldeep Singh Shekhawat au journal Times of India.

Un certain nombre de temples hindous sont allés plus loin, invitant des orateurs racistes, dont parfois le nazi britannique Tommy Robinson, à s’adresser aux fidèles. Le prix de cette agitation est déjà payé à Leicester et Smethwick, mais pourrait bientôt se propager plus loin.

Néanmoins, Riaz a bon espoir que les connexions organiques entre jeunes hindous et musul-mans puissent faire tomber les tensions. « Le problème ne sera pas résolu par les « anciens de la communauté » qui, en ce moment, sont assis autour d’un thé et de biscuits entre eux », a-t-il déclaré.

« Mais la solution pourrait venir des jeunes eux-mêmes. Les enfants hindous, musulmans et sikhs grandissent ensemble ici. Ils vont à l’école et au collège ensemble et se rendent les uns chez les autres.

« Pour l’instant, beaucoup de gens ont trop peur pour s’exprimer, mais nous devons trouver un moyen de faire passer la communication. Personnellement, je veux simplement que les choses redeviennent ce qu’elles étaient. Je préfère de loin l’époque où nous nous sommes tous unis pour combattre les fascistes du Front national dans les rues à ce qui se passe maintenant. »

Au sein du parti travailliste de Leicester, si vous contestez la politique d’un conseiller hindou, vous êtes accusé de racisme  » – Un membre du parti travailliste de la ville.

Ce n’est pas seulement au sein du parti Tory que les chauvins hindous contribuent à définir l’agenda. Ils sont également profondément ancrés dans le parti travailliste, et nulle part ailleurs autant qu’à Leicester.

Tirant les leçons de la façon dont les partisans de droite d’Israël se sont mobilisés contre le leadership de Jeremy Corbyn, ils prétendent que toute réaction négative au gouvernement indien est un racisme anti-hindou. À la veille de l’élection générale de 2019, six conseillers travaillistes ont publié une lettre adressée au leader de l’époque. Ils y affirmaient que le parti avait traité la communauté hindoue britannique avec « dédain et manque de respect ».

Ils y dénonçaient la conférence du Labour qui avait adopté une motion sur le Cachemire. Cette motion condamne le gouvernement indien pour sa répression dans le territoire contesté et demande que des observateurs internationaux soient autorisés à surveiller la situation.

Lorsqu’il est devenu évident que la droite travailliste et les nationalistes hindous se mobilisaient tous deux autour de cette question, Corbyn a fait marche arrière à tort, et le Labour a changé de position.

Désormais, le parti a déclaré que le Cachemire était une « question interne » pour les gouvernements indien et pakistanais. Mais, tout comme pour l’antisémitisme, ce repli n’a fait qu’alimenter l’appétit des chauvins.

Beaucoup d’affaires sales sont conclues derrière des portes fermées. Les dirigeants locaux veulent faire en sorte que les différentes communautés religieuses s’équilibrent.

Alan est un membre travailliste de gauche de longue date dans la circonscription de Leicester East. Il a déclaré au Socialist Worker que le parti est un « nid de vipères ».

« L’abandon de la position sur le Cachemire était terrible, et cela vient de moi en tant que partisan de Corbyn », a-t-il déclaré. « Cela a donné à la droite ici la chance qu’elle recherchait.

« Les conseillers qui ont signé cette lettre sont des partisans ouverts de Modi et du BJP. Certains d’entre eux ont même soutenu Trump et l’interprétation la plus droitière du Brexit. Comment ils sont autorisés dans le parti, et encore moins à des postes d’autorité, je ne le sais tout simplement pas. »

La logique du parti est imprégnée de communautarisme, a déclaré Alan. « Beaucoup d’affaires sales se font derrière des portes closes. Les dirigeants locaux veulent faire en sorte que les différentes communautés religieuses s’équilibrent », dit-il.

« Ils permettent aux zones musulmanes d’élire des conseillers musulmans, et de même pour les zones hindoues. C’est censé apaiser tout le monde.

« Mais cela permet à des travaillistes médiocres et de droite, issus d’un groupe ethnique particulier, de remporter des postes importants, ce qui légitime ensuite leur politique. C’est ainsi que les partisans de droite du BJP ont construit leur base ici. »

Alan affirme qu’une main de fer sur les réunions du parti signifie qu’il y a peu de place pour la dissidence, et que les plaintes auprès de la machine du parti sont inutiles.  « Si vous contestez la politique d’un conseiller hindou, vous êtes accusé de racisme », dit Alan.

« Cela signifie que le communalisme n’est pas remis en question, malgré la menace qu’il représente pour le parti et le mouvement syndical. » La tragédie, selon Alan, est qu’aucune des divisions religieuses actuelles n’est inévitable.

« Beaucoup de gens ici, issus de milieux différents – hindous, musulmans et blancs – se connaissent depuis longtemps. La plupart des Asiatiques qui sont venus d’Ouganda à Leicester en 1972, et ceux qui ont suivi, ont grandi ici ensemble. Ils ont dû affronter les mêmes batailles ensemble.

« Mais ce calme a été brisé par la politique indienne. Dans le passé, la plupart des hindous d’ici auraient soutenu le Parti du Congrès indien avec sa politique apparemment laïque.

« Aujourd’hui, ils pensent que Modi est bon et qu’il a fait de l’Inde une superpuissance. Cela doit changer la nature de leur relation avec leurs voisins musulmans, n’est-ce pas ? ».

Comme Riaz, Alan pense qu’il peut y avoir une solution, mais qu’elle doit venir d’en bas.  « Le conseil municipal ne peut rien faire car il est enfermé dans ce système sectaire », dit-il. « Mais j’espère que les batailles sur les salaires et le coût de la vie vont rapprocher les gens.

« Nous avons besoin d’unité dans l’action pour nos moyens de subsistance. Mais nous devons prendre les divisions qui existent à bras le corps sans éluder la question de la droite hindoue, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Labour ».

Yuri Prasad Saturday 24 September 2022

https://socialistworker.co.uk/

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