Bretagne, résistance et nazisme. La prestation du cercle de Guingamp fait polémique (LT)
19 juin 2013 à 07h09 -
L’élite de la danse bretonne s’est affrontée le week-end dernier, à Quimper. L’hommage à la Résistance du cercle guingampais, qui met en scène l’occupant nazi, a indigné des spectateurs.
Émoi, dimanche, dans les travées du théâtre de Cornouaille, à Quimper. Des spectateurs quittent la salle, comble jusque-là. Certains sifflent et huent le cercle celtique de Guingamp. La troupe de Kroas-Hent Gwengamp est la neuvième et dernière à se présenter devant le jury de Kendalc’h, dans le cadre de la première épreuve technique de Dañs excellañs, championnat national de danse bretonne dans la catégorie Excellence. Sa chorégraphe, Gaëlle Herbert, a bâti son spectacle en hommage à la Résistance du pays de Guingamp. Pour planter le décor, elle met en scène l’occupant nazi. Un drapeau arborant la svastika est brandi, tandis que résonnent quelques «Heil Hitler». Quelques danseurs font également le salut nazi, soulevant l’ire d’une partie du public. «À la sortie, beaucoup étaient sous le choc», témoigne un spectateur. Un autre le rejoint : «On ne peut pas faire un spectacle sur la Résistance sans évoquer cette partie obscure, mais certains sont choqués. Doit-on traiter ce genre de choses dans un spectacle de danse bretonne ?», s’interroge-t-il. Contactée, la fédération Kendalc’h constate que «ça réagit beaucoup, effectivement. Ce n’était peut-être pas assez suggéré. Il n’y avait sans doute pas besoin d’imprimer tous ces symboles», explique Mathieu Lamour, directeur de Kendalc’h. Une rencontre est prévue aujourd’hui avec Céline Chaou, présidente du cercle de Guingamp.
«Réfléchir» Un conseil d’administration est également programmé ce week-end. «La prestation guingampaise sera certainement abordée. Plusieurs administrateurs vont soulever la question», poursuit Mathieu Lamour. Jean Guého, président de Kendalc’h, ne souhaite pas faire de commentaire mais concède qu’une réunion s’est déjà tenue à ce propos lundi soir : «Je prends du temps pour réfléchir à tout ça».
«On ne peut édulcorer l’Histoire» Jointe ce mardi soir, Gaëlle Herbert défend ses choix : «C’est surtout un hommage à la Résistance et aux résistants du pays de Guingamp. Le début est un peu cruel, mais la Résistance s’est créée en réponse à ces actes inadmissibles. Nous avons simplement posé le cadre historique. En aucun cas, nous ne faisons l’apologie du nazisme. Le drapeau nazi est piétiné sur scène. Tout notre travail a été fait en collaboration avec le musée de la Résistance de Saint-Connan et avec d’anciens résistants. Le musée pose le cadre de la même façon : dans sa première salle, il y a un drapeau nazi. On ne peut édulcorer l’histoire même si c’est violent. Je suis désolée que des gens aient été choqués mais on est dans le devoir de mémoire. Certains s’étonnent qu’on traite de la Résistance dans le cadre d’un spectacle de danse bretonne mais je ne vois pas pourquoi on la cantonnerait à des choses surannées». Dimanche soir, la confédération Kendalc’h a attribué la première place aux Quimpérois Eostiged ar Stangala. Les Guingampais finissent sixièmes ex aequo, ce qui les qualifie pour l’épreuve finale de la Saint-Loup, à Guingamp, les 17 et 18 août.
Commentaire: N’oublions pas que pendant que certains résistaient, d’autres « apolitiques » ceux-là, faisaient de la « culture bretonne », profitant d’un « espace de liberté », si si!, que la France jacobine (et c’est vrai) ne leur accordait pas. Cette cécité de « ne pas choisir » (mon oeil?) entre république et nazisme, interdit toujours au nationalisme breton de faire de la politique ! Et voilà pourquoi, le paravent de la « culture bretonne » est regardée de travers!