
Blas Infante
Blas Infante Pérez de Vargas (né à Casares, dans la province de Malaga en Andalousie le 5 juillet 1885, fusillé à Séville le 11 août 1936) est un homme politique, idéologue et écrivain andalou. Il fut le principal soutien du nationalisme andalou.
Il était notaire, historien, anthropologue, musicologue et journaliste, et de plus un grand lecteur et conférencier. Quatorze de ses œuvres ont été éditées.
Contact avec la réalité andalouse
Son père, Luis Infante Andrade est secrétaire du Tribunal de Casares, sa mère, Ginesa Pérez de Vargas, est issue d’une famille de cultivateurs de classe moyenne. Il travaille à partir de 1900 comme employé aux écritures du Tribunal de Casares puis en 1904, il s’inscrit en droit à l’Université de Grenade, où il finalise ses études en 1906. Après avoir réussi le concours en 1909, il travaille comme clerc de notaire à Séville et profite de son travail pour se mettre en contact avec l’environnement intellectuel, en particulier les membres du cercle de l’Athénée, aux idées politiques régionalistes.
L’observation de l’état des journaliers andalous le laisse fortement impressionné et il écrit :
« J’ai, gravée dans ma conscience depuis l’enfance, la vision sombre du journalier. Je l’ai vu promener sa faim par les rues du village ».
L’idéologie politique de Blas Infante, héritier des mouvements républicains et fédéralistes du 19è siècle, est fondée sur le soutien de l’andalousisme et sur l’existence de différences entre l’Andalousie et les autres régions d’Espagne. Son objectif est de parvenir à la reconstruction de l’Andalousie :
« Mon nationalisme, avant qu’andalou, est humain. Je crois que, par la naissance, la Nature signale aux soldats de la Vie le lieu où ils doivent lutter pour elle. Je veux travailler pour la Cause de l’esprit en Andalousie car en elle je suis né. Si je me trouvais dans un autre endroit, je m’efforcerais pour cette Cause avec la même ferveur. »
En 1915 est publiée son œuvre la plus importante, Ideal Andaluz (Idéal andalou) : plusieurs études sur la renaissance de l’Andalousie où il explique sa vision personnelle de l’histoire et du problème andalou. En 1918 a lieu à Ronda la première assemblée régionaliste andalouse, inspirée par la Constitution fédérale d’Antequera de 1883, qui établit la marche à suivre afin d’obtenir une pleine autonomie pour l’Andalousie.
La proposition de Blas Infante de récupérer le drapeau andalou « vert et blanc » est alors adoptée.
« Nous sentons que nous avons atteint l’heure suprême où l’achèvement de l’ancienne Espagne devra être consommé définitivement (…). Déclarons nous séparatistes de cet État qui, vis-à-vis des individus et des peuples, viole sans vergogne les fueros de justice et d’intérêt et surtout les fueros sacrés de la Liberté ; de cet État que nous disqualifie devant notre propre conscience et devant la conscience des Peuples étrangers (…). Il ne vaut plus la peine de protéger leurs intérêts misérables avec le bouclier de la solidarité ou de l’unité qu’ils appellent nationale. »
Pendant la Première Guerre mondiale, il est emprisonné pour avoir essayé d’engager l’Espagne dans le conflit, au détriment de la neutralité du pays, en préconisant l’alliance avec la France contre l’Allemagne. Aux élections de 1918, Blas Infante essaye de se présenter dans le secteur électoral de Gaucín, puis une année plus tard dans le même secteur et à Séville, mais il ne sera pas élu du fait de la forte présence du caciquisme.
Pendant la dictature de Miguel Primo de Rivera, Blas Infante rejette toute collaboration. En représailles, les Centres andalous, fondés par lui en 1916 et éditeurs de la revue Andalucia (Andalousie) comme plate-forme politique du nationalisme andalou dans un système fédéral, sont fermés.
Pendant ces années, il voyagera, notamment au Portugal. En 1924, il se rend au Maroc où il visite la tombe de Motamid, le dernier roi de Séville à Agmat. Selon certaines sources, il se serait alors converti à l’islam le 15 septembre 1924 et aurait pris pour nom Ahmad ; les témoins de sa conversion, dans une petite mosquée à Agmat, au Maroc, seraient Omar Doukali et un notable de la tribu des Bani Al-Ahmar, tous deux d’origine morisque (musulmans expulsés d’Espagne).
En 1928, il voyage en Galice pour rencontrer les idéologues du « galleguismo » et prend part à la revue régionaliste galicienne appelée Nosotros (Nous). En 1930 il donne une conférence politique à la Société Économique d’Amis du Pays à Malaga.
La période républicaine
Avec la proclamation de la Seconde République espagnole en 1931, il acquiert une charge notariale à Coria del Río (Séville), où il construit sa maison qu’il appellera Dar al-Farah (Ville Joie) inspirée de l’architecture d’Al-Andalus.
Blas Infante préside la Junta Liberalista de Andalucía (es) (JLA) et se présente de nouveau à différentes candidatures sous l’étiquette du « Parti républicain fédéral ». Toutefois, il n’obtient pas de représentation parlementaire. Les points essentiels de sa campagne politique sont :
- le refus du centralisme et la nécessité du fédéralisme,
- la fin du caciquisme et du système électoral complexe,
- la réforme économique
- la réforme de la justice,
- la liberté de l’enseignement,
- la liberté de mariage, etc.
Ces idées et ce qui est promu dans la JLA auront une grande importance dans la rédaction de l’avant-projet de statut d’autonomie, rédigé en grande partie par Blas Infante lui-même.
En 1931, il écrit La vérité sur le complot de Tablada et l’État libre d’Andalousie). Bien qu’il y ait de clairs germes indépendantistes dans l’andalousisme, à défaut d’appui populaire, il s’emploie à modérer le discours et à définir l’État libre d’Andalousie comme « libéré » de toute oppression, de domination et d’injustice, et ainsi de pouvoir décider de son futur, ce dernier devant venir au moyen d’une grande réforme agricole dans une nouvelle Espagne républicaine et fédérale.
Blas Infante se présente à nouveau aux élections de novembre 1933 avec la « Gauche Andalouse Républicaine » à Malaga dans une coalition (partis Radical Socialiste et Gauche Radicale Socialiste), ce qui se termine par un nouvel échec et dans une désillusion remarquable pour Blas Infante. Il défend en de nombreuses occasions l’anarchisme, pour lequel il avait des sympathies et qui était durement réprimé.
Au cours de l’assemblée de Cordoue, en janvier 1933, « l’Avant-projet de Bases pour le Statut d’Autonomie » est approuvé et doit être soumis à référendum, mais celui-ci sera retardé puis paralysé par suite de la Guerre Civile en 1936.
En 1934, Blas Infante rend visite au président de la Généralité de Catalogne, Lluis Companys, prisonnier avec d’autres membres de son gouvernement dans le pénitencier du Port de Santa María.
Avec l’arrivée au pouvoir du Front populaire, après les élections de 1936, le mouvement politique andalousiste récupère des forces et, pendant l’assemblée de Séville le 5 juillet, Blas Infante est acclamé comme président d’honneur de la future Assemblée Régionale d’Andalousie.
Peu après le coup d’État du général Franco, plusieurs membres de la Phalange l’arrêtent dans sa maison de Coria del Río. Quelques jours après, le 11 août, Infante est fusillé, sans jugement ni sentence, avec deux autres personnes, au kilomètre 4 de la route de Carmona, tandis qu’il criait « Vive l’Andalousie libre ! »
Quatre années après son assassinat, le Tribunal des Responsabilités Politiques, créé après la guerre, le condamne à mort et ses descendants à une amende, dans un document écrit à Séville le 4 mai 1940: « parce qu’il a fait partie d’une candidature de tendance révolutionnaire dans les élections de 1931 et durant les années successives jusqu’en 1936, il a été signifié comme propagandiste d’un parti andalousiste ou Nationaliste andalou ».
Hommage
Le Parlement d’Andalousie approuve à l’unanimité, en 1983, le Préambule pour le Statut d’Autonomie de l’Andalousie, où Blas Infante est reconnu comme « Père de la Patrie Andalouse ».
La Fondation du Centre d’Études Andalouses de la « Junte d’Andalousie » acquiert en 2001 la maison de Blas Infante à Coria del Río pour la transformer en maison musée du patrimoine historique et culturel andalou.
Il lui est rendu hommage chaque année le Jour de l’Andalousie (28 février) et à la date anniversaire de son assassinat le 10 août.
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Commentaire:
L’Andalousisme était très minoritaire face à l’anarchisme de la CNT, puis au PSOE. Corrompu il a été remplacé par une alliance très à droite avec PP, Cuidadanos et Vox. Aujourd’hui, ce sont nos camarades d’Anticapitalistes qui reprennent le régionalisme andalou sous le nom d’ « Adelante Andalucia » qui a 9 élus (Podemos PC en a 8).
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