Archive | Questions bretonnes etc

06 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Humour

cartr

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05 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Lorient (NPA)

 

À Lorient, avec la Bretagne antifasciste

Après la manifestation contre l’extrême droite de Saint-Brieuc, qui en avril dernier avait rassemblé 1 500 personnes, ce fut dimanche 2 mars au tour de Lorient de regrouper les antifascistes de Bretagne.

Près de 2 000 personnes ont convergé de tous les départements bretons pour revendiquer une Bretagne ouverte et solidaire, mobilisées contre la progression des extrêmes droites, institutionnalisées ou violentes.

La tentative d’implantation d’un groupuscule violent dans le pays de Lorient, la multiplication d’agressions, de menaces de mort, de tags, qui l’accompagnent, ont convaincu de la nécessité d’une riposte.

L’appel, signé par 80 organisations de la région, collectifs, syndicats, partis, associations, librairies, rappelait que « la montée de l’extrême droite s’inscrit dans un contexte national mais aussi international ».

Pointant la responsabilité « des politiques gouvernementales dictées par le capital » et leur « besoin d’accroître l’austérité et d’amplifier les pratiques autoritaires contre les exploitéEs et les oppriméEs », il insistait sur l’idée que « la réponse à la montée de l’extrême droite réside dans un combat pour plus de justice et d’égalité sociale, pour toutes et tous ». Et sur la nécessité de s’organiser collectivement.

Répression et détermination

Alors qu’à Saint-Brieuc les forces de l’ordre s’étaient faites discrètes et qu’il n’y avait eu en conséquence aucun problème sur le parcours, à Lorient le déploiement policier est venu rappeler le tournant autoritaire du gouvernement. Fouilles et arrestations en amont, présence pressante tout le long du parcours sont apparues comme des provocations.

Présence qui n’a pas évité qu’une petite minorité s’en prenne à quelques vitrines. Empêchant au final que le cortège n’atteigne le lieu prévu pour la dispersion. Malgré cela, c’est un cortège coloré, animé, festif qui a serpenté dans les rues de la ville, porté par une fanfare et surtout par les nombreux slogans contre l’extrême droite. Sans oublier de condamner les politiques gouvernementales qui lui pavent la voie.

Un succès qui demande de tracer des perspectives

Grâce au nombre et à la détermination des manifestantEs, cette initiative aura été un succès. Mais il faudra plus qu’une manifestation pour faire reculer l’extrême droite durablement « dans nos villes et dans nos campagnes ».

Car s’il est indispensable d’empêcher les groupuscules violents d’occuper le terrain, la lutte contre le fascisme qui menace doit aussi viser à faire reculer le RN et ses politiques antisociales, racistes, sexistes, homophobes et transphobes.

Et cela implique de lutter contre un gouvernement qui prétend s’opposer à l’extrême droite en reprenant ses obsessions. Dans le contexte de basculement politique mondial, l’unité de notre camp social et de ses organisations est la première des conditions : construire des fronts communs à même de contester à la fois les extrêmes droites et les politiques gouvernementales. Et à partir de là, relancer des mobilisations contre l’exploitation et les oppressions, porteuses d’un nouveau projet émancipateur.

Correspondant

http://lanticapitaliste.org/

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26 février 2025 ~ 0 Commentaire

Tracteurs (Basta)

 tracteur

Comment le lobby des tracteurs tisse sa toile dans l’enseignement agricole

Le lobby des constructeurs de machines agricoles, Axema, a trouvé un moyen imparable pour pousser le secteur agricole à toujours plus se mécaniser et à s’endetter : ce sont les constructeurs eux-mêmes qui forment les enseignants en agroéquipement.

« La marque du tracteur dans la cour de la ferme, c’est le signal de sa réussite », souffle un agriculteur. Du tracteur classique au pulvérisateur, en passant par les moissonneuses-batteuses, la mécanisation à outrance des fermes signifie aussi davantage d’endettement, avec le risque d’une spirale infernale. D’autant que tout est fait pour que les agriculteurs se suréquipent en machines.

« Deux tiers des machines agricoles sont superflues », alerte la fédération nationale des Cuma, les coopératives d’utilisation de matériel agricole, qui encouragent le partage. Résultat : le budget consacré aux machines agricoles représente en moyenne un quart des charges dans les fermes françaises.

« Dans pratiquement tous les dossiers de surendettement que j’accompagne au tribunal, une des causes des difficultés est le suréquipement », témoigne Gilbert Godet dans un entretien accordé ce mois-ci à la revue Transrural initiatives. L’homme est conciliateur et médiateur pour les agricultrices et agriculteurs en difficulté dans la Marne. Il suit une trentaine de dossiers de surendettement chaque année. Le suréquipement, ce sont des machines agricoles qui ne sont pas utilisées à la hauteur de l’investissement. C’est par exemple « avoir une moissonneuse-batteuse en propre alors qu’on peut la partager à au moins quatre », illustre le médiateur.

Des formateurs rémunérés par les industriels

À l’échelle nationale, moins de 10 % seulement des machines agricoles sont mutualisées entre agriculteurs. Cette mutualisation n’est absolument pas dans l’intérêt économique des constructeurs. Ceux-ci sont représentés par une discrète mais puissante organisation patronale, Axema. Regroupant près de 250 constructeurs et importateurs de machinerie agricole, ce groupement pousse à ce que chaque exploitation investisse dans son propre matériel. Selon les chiffres d’Axema, la vente de machines agricoles en France est évaluée à 7,25 milliards d’euros en 2023. Par comparaison, le matériel mutualisé rapporte 522 millions d’euros seulement. Soit quatorze fois moins.

Axema a trouvé un moyen imparable pour entretenir la fascination pour le matériel agricole, dès le lycée agricole. Ce sont les constructeurs qui forment les enseignants en agroéquipement, celles et ceux qui seront ensuite chargés de former les jeunes agriculteurs et agricultrices en matière de machines agricoles. Axema assume complètement ce rôle.

Le syndicat est membre de l’Aprodema, une association qui organise chaque année, depuis plus de vingt ans, des universités d’été à destination des enseignants en lycée agricole ou professionnel, des maisons familiales rurales ou bien des centres de formation agricole. Le but est explicite : « Les informer sur les évolutions et les innovations de la filière. »

Chaque université d’été annuelle dure trois jours, et reçoit 85 professeurs au titre de leur formation continue. Les ateliers s’enchaînent, animés par des formateurs présentés comme « responsables produits » et rémunérés par les industriels. Ici, deux récents modèles de moissonneuses-batteuses. Là, deux marques de nouveaux robots autonomes. « Cet événement est une réelle opportunité d’échange constructif entre le monde de l’enseignement et le monde des industriels sur les nouveautés et les nouvelles technologies de la filière », vante l’Aprodema.

« Rouleau compresseur »

Les formations dispensées par les représentants des constructeurs remplissent un vide en la matière. « Hormis cette offre privée de formation, les enseignant·es sont relativement livrés à eux-mêmes pour acquérir de nouvelles connaissances » souligne des chercheuses qui ont participé à ces universités d’été. Elles notent un recul marqué de l’État depuis les années 1980 dans la production de savoirs en agroéquipements. Les formations universitaires publiques dans ce domaine sont devenues très rares. Cette absence d’offre de formation alternative conduit au « poids déterminant du secteur privé du machinisme agricole dans la transmission des savoirs », analysent les chercheuses.

C’est donc sous la bannière du constructeur New Holland que se sont tenues les dernières universités d’été organisées par l’Aprodema. La multinationale New Holland (un conglomérat formé par les filiales de Fiat et Ford en véhicules agricoles) fait partie des cinq constructeurs – avec John Deere, Fendt, Claas et Massey Ferguson – à se partager deux tiers du marché mondial des tracteurs neufs. Dans une vidéo revenant sur ces journées, le syndicat Axema conclut ainsi : « Merci à John Deere, Krone, Manitou, Amazone, A à Z performance, JCB, Lemken et New Holland pour avoir transmis leurs savoir-faire à travers ces différents ateliers. »

Ce poids des constructeurs dans l’enseignement agricole « est un énorme rouleau compresseur alors qu’on sait qu’un des principaux leviers pour un meilleur revenu dans le secteur, c’est de limiter les charges de mécanisation », réagit Blandine Passemard, doctorante en ergonomie et qui mène actuellement une thèse au sein de la fédération régionale des Cuma en Auvergne-Rhône-Alpes.

Comment en arrive-t-on à une telle dépendance de l’enseignement public vis-à-vis du secteur privé ? Tout commence par la difficulté pour les établissements scolaires d’acquérir en propre les équipements nécessaires aux ateliers, en raison du coût très élevé des machines. Face à ces prix exorbitants, les établissements louent, par exemple, des tracteurs à des concessionnaires locaux. Les établissements tentent aussi de diversifier ce type de partenariats afin de multiplier les possibilités de stages pour les élèves.

Une fois le partenariat établi, les cours en atelier portent régulièrement sur le diagnostic des pannes. Or, ce diagnostic repose précisément sur la documentation fournie par le concessionnaire. Résultat : les contrats de location de matériel intègrent l’accès à la documentation qui devient un support de cours indispensable pour les enseignants. Leur support pédagogique est donc principalement lié à une marque et un modèle en particulier. « Beaucoup d’enseignants sont ou ont été agriculteurs. Ils ont eux-mêmes pratiqué. Ils sont en dialogue avec les professionnels, ont besoin de matière pour leurs cours, et conservent leur esprit critique », nuance Blandine Passemard.

Autoconstruction

Le fonctionnement des machines est aussi de plus en plus complexe, et les innovations sont quotidiennes. Cela oblige les enseignants à se mettre constamment à jour concernant les dernières nouveautés. Or, ces connaissances ne peuvent être acquises que par l’intermédiaire des concessionnaires et des constructeurs. Lors des ateliers menés par les constructeurs, la place des questions environnementales dans la diffusion des savoirs autour des agroéquipements est très marginale. Ce qui compte avant tout, c’est de former à la prise en main des machines.

Pour l’ergonome Blandine Passemard, « cet énorme rouleau compresseur n’empêche pas des initiatives portées par des individus, structures et interconnaissances fortes sur un territoire ». Dans le Rhône, les agriculteurs réunis au sein de la Cuma de l’Intrépide collaborent depuis plusieurs années avec la maison familiale rurale de Saint-Romain-de-Popey. Les élèves dans des cursus agroéquipement viennent réaliser l’entretien de certaines machines, en présence des agriculteurs adhérents de la Cuma qui viennent les aider, indépendamment de l’influence directe des constructeurs.

Dans la Loire, des élèves en brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole et en bac professionnel de maintenance ont coopéré avec la Cuma de Roche pour concevoir un prototype de machines visant à récolter de la semence de prairies. Le matériel a été conçu avec des agriculteurs en vue de collecter des graines de prairies naturelles qui leur coûteraient cher s’ils devaient les acheter pour les ressemer. Une manière de faire des économies tout en maintenant de la biodiversité, grâce à la sélection de variétés locales robustes adaptées aux sécheresses.

« Les élèves sont certes souvent fascinés par les gros matériels, mais ils sont aussi très élogieux des agriculteurs qui pratiquent l’autoconstruction et savent travailler la ferraille directement pour adapter les matériels à leurs besoins », atteste un article de recherche du collectif Polma qui rassemble des paysans, des paysannes, et des sociologues.

« On mène un travail de longue haleine pour que, dans l’avenir, les agriculteurs ne s’endettent pas sur de l’équipement dont ils n’ont pas forcément besoin et qu’ils pourraient partager », résume Blandine Passemard. Avis aux ministères de l’Agriculture et de l’Éducation nationale qui n’ont cessé depuis quarante ans de déléguer la transmission des savoirs au secteur privé. En omettant la force et l’intelligence des collectifs de travail.

26 février 2025 Sophie Chapelle

https://basta.media/

 

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16 février 2025 ~ 0 Commentaire

Remembrement

sangleirs

« Si la Bretagne avait des talus, c’est bien qu’il y avait une raison !  » Replanter des haies aujourd’hui, pour réparer les territoires abîmés par le remembrement

 Le remembrement a marqué une rupture avec l’équilibre ancestral de notre région. Pour répondre à une urgence qui ronge le territoire, Léa Legentilhome, technicienne de bocage, replante des haies sur le territoire de la Roche aux fées. C’est son histoire que raconte Brigitte Chevet dans  » Le village qui voulait replanter des arbres ».

Dans les années 60, en Bretagne, la petite polyculture d’élevage a fait place au blé ou au maïs. Le fuel a remplacé le chauffage au bois, la mécanisation s’est développée pour produire davantage. Et avec le remembrement, l’arbre a perdu, peu à peu, toute sa valeur.

Au sud de Rennes, à Matigné-Ferchaud, au pays de la Roche aux fées, Léa Legentilhomme, elle, est technicienne de bocage, et replante des arbres. Brigitte Chevet l’a suivie et réalisé un film « Le village qui voulait replanter des arbres« .

Léa Legentilhomme étudie minutieusement chaque parcelle de la commune de Martigné-Ferchaud. Avec la municipalité et les agriculteurs, elle redessine des parcelles bordées de haies. L’emplacement, les surfaces, les pentes, tout est finement calculé.

L’enjeu pour elle est de trouver des agriculteurs volontaires pour accueillir ses haies, en restituant aux arbres et aux talus, leurs implications essentielles dans l’équilibre du territoire.

Protéger les haies existantes et replanter le plus possible

L’intérêt d’une haie, c’est la garantie d’une bonne qualité de sol. Elle protège aussi la biodiversité, régule le climat local, protège également des intempéries.

Certains agriculteurs ne l’ont pas oublié. « Si la Bretagne avait des talus, c’est qu’il y avait une raison ! « En Bretagne, on a un vent d’ouest. Les haies et talus protégeaient les cultures des intempéries ! Les cours d’eau se régulaient simplement, la terre se nourrissait ainsi « .

Sur la commune de Martigné-Ferchaud, depuis 40 ans, 100 000 grands arbres ont été abattus et au gré du regroupement des terres, et le nombre de fermes a été divisé par dix.

Je ne pense pas que ce soit un souhait, ni des agriculteurs, ni des collectivités, de recréer le bocage d’avant le remembrement, mais faire en sorte que ce soit un bocage fonctionnel, et préserver ce qu’on a actuellement. Léa Legentilhomme,Technicienne de bocage

Léa Legentilhomme, aussi femme d’agriculteur, connaît bien leurs problématiques et leurs contraintes. Selon les cartographies qu’elle étudie, à l’endroit où elle repère la nécessité de replanter, elle désigne des haies qui existaient avant le remembrement.  » C’est dommage de les avoir supprimées » dit-elle. « Ce qu’on essaie de faire petit à petit, c’est de refermer ces parcelles « .

Actions fortes pour inverser la tendance

Les arbres ne sont pas les seuls avoir souffert du remembrement. Aujourd’hui, sur le bassin de la Vilaine, on creuse aussi des rivières, pour ralentir la circulation de l’eau et reconnecter les mares aux talus.

90 % des cours d’eau du département ont été redressés pour obtenir des parcelles rectilignes. Les zones humides ont été drainées, les mares supprimées, provoquant ainsi, l’accélération du cycle de l’eau. Les cours d’eau débordent, la terre s’enfuit, la pollution par les nitrates et les pesticides s’amplifie.

Sur la commune de Martigné-Ferchaud, la municipalité a entrepris d’agir, « aujourd’hui« , pour lutter contre la toxicité des eaux de sa commune, dite zone de « baignade ».

« Martigné-Ferchaud est une zone de baignade. On a dépassé le seuil de toxicité, l’eau est de mauvaise qualité sur notre bassin. Il faut prendre le taureau par les cornes, pour améliorer la qualité de l’eau. Il faut faire quelque chose ! », expriment les élus de la commune.

Ce n’est pas de dire demain, on verra. C’est dès aujourd’hui. Il faut planter pour améliorer la qualité de l’eau. Patrick Henry Maire de Martigné-Ferchaud

Patrick Henry, Maire de la commune et agriculteur, a replanté sur ses parcelles à risques, « celles avec une certaine pente et une longueur de pente » explique-t-il.  « Certains collègues m’ont dit, que j’étais malade. Que je perdais deux mètres sur la longueur de parcelle. Mais ce n’est pas grave « . Il reconnaît qu’ »avec du blé ou du maïs, le fruit de la récolte est annuel. Mais l’immédiat, on ne l’a pas avec la haie, on en récoltera les bénéfices dans les années à venir !  » dit-il.

Destruction toujours active, malgré les réglementations

En 2023, un rapport gouvernemental, dévoile que les chiffres de destructions de haie continuent à un rythme très inquiétant. Cette même année, une proposition de loi arrive du Sénat, avec des objectifs chiffrés, rapportée par Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine : « 100 000 km de haies d’ici à 2030, pour arriver à 1,5 million de km de haies en 2050 et restaurer 450 000 km de haies en gestion durable. Les incitations par la création aussi d’un crédit d’impôt pour équilibrer les charges, parce qu’on sait qu’aujourd’hui, il faut compter environ 450 euros du km par an, en gestion. Il faut qu’il y ait un équilibre des charges ».

De fait, la situation a changé pour les agriculteurs. « L’agriculteur avant disait qu’il faisait ce qu’il voulait sur ses terres. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il est chez lui, mais il ne peut plus faire ce qu’il veut. Il doit tenir compte des réglementations », explique un agriculteur, élu de la commune.  

Début 2024, le malaise des agriculteurs s’est amplifié. Initialement contre les salaires trop faibles, les revendications se sont portées contre les règles environnementales.

« On n’est pas formés pour être des bûcherons, mais pour faire du rendement, de la production, c’est ça notre métier« , se plaint un agriculteur lors d’une manifestation.

Ce témoignage appuie la prise de conscience du manque de « connaissances » des jeunes exploitants sortant de formations agricoles, aux normes environnementales et écologiques.

On a des jeunes agriculteurs, mais ils ne savent pas entretenir le paysage agricole. Ils font des formations agricoles pourtant. Il faut changer aussi à ce niveau-là.

Un agriculteur en formation de « recépage » 

Constat douloureux, volonté de réparer

Sur la table devant lui, Pierre Certenais, ancien président de la commission de remembrement, étale la cartographie des parcelles de l’époque du remembrement. Les traits en rouge correspondaient aux talus qui ont été abattus, car considérés comme inutiles ou nuisibles.

« Le remembrement faisait partie de l’évolution à l’époque. On ne parlait pas d’écologie. On nous disait déjà, pour améliorer votre revenu, produisez plus ! »

« Sur la commune de Martigné-Ferchaud, ce sont 360 km de talus qui ont été supprimés », témoigne-t-il, « Ça fait peur ! »

Le massacre qu’on a fait ! C’était honteux. On arrachait les arbres et on les laissait dans des trous et on les laissait pourrir…. Et maintenant, on replante, pourquoi ? parce qu’on a fait des conneries. Stéphane Gérard

Agriculteur sur la commune de Martigné-Ferchaud

Redonner de la valeur aux haies

« En Bretagne, il faut introduire petit à petit les espèces », explique Léa Legentilhomme. On a une liste d’environ 50 essences, qu’on choisit en fonction de la région et des terrains » indique-t-elle.

Haie de châtaigniers, de chênes pédonculés ou bien de chênes sessiles ? Le choix des espèces ne s’improvise pas. Tout comme pour la taille des arbres, il faut du savoir-faire, pour assurer la continuité du projet.

Et pour redonner de la valeur aux haies, le pays a mis en place une filière bois énergie.

L’association « le collectif bois bocage 35 » fondée par des agriculteurs, récolte la matière première, issue de haies durablement gérées. Elle propose aux agriculteurs qui hésitent à replanter en raison du coût d’entretien, des chantiers « clé en main » et forme aussi ses collègues à recéper.

Léa Legentilhomme, à elle seule, créé 15 km de bocage par an.

L’oxygène pour avoir de l’air respirable, les oiseaux, les insectes, la biodiversité en sous-sol, c’est fou ce que ça apporte, un arbre. C’est un couteau suisse. C’est important  Léa Legentilhomme Technicienne de bocage

« Le village qui voulait replanter des arbres » de Brigitte Chevet est à voir dès à présent sur france.tv et il sera diffusé jeudi 20 février sur France 3 Bretagne.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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15 février 2025 ~ 0 Commentaire

Redon

des cours d'eau bretons sont en bon état écologique

Manifestation pour l’eau le samedi 22 février à Redon à 14h

Pourquoi ? La situation actuelle est très préoccupante !

Moins de 10 % des cours d’eau de nos territoires sont en bon état.
Plus personne ne peut ignorer les dangers que représentent les
molécules chimiques que nous retrouvons partout : dans l’air, dans la
nourriture, dans l’eau. De nombreux agriculteurs et des riverains des
champs traités souffrent et meurent de maladies liées à l’usage des
pesticides.

De nombreux captages d’eau potable sont fermés,des
activités économiques menacées. Les coûts de traitement de l’eau
potable explosent. Toujours à la charge des consommateurs,
contrairement au principe pollueur-payeur.

Le changement climatique génère des sécheresses de plus en plus longues et intenses et des
inondations de plus en plus catastrophiques. Les milieux naturels
(haies, zones humides) continuent de disparaître, la biodiversité et
même la vie humaine sont menacées.

Pourquoi maintenant ? Des oppositions s’organisent pour empêcher de
protéger l’eau.

Un document important pour la protection de l’eau, le SAGE (schéma
d’aménagement et de gestion des eaux), est en cours de révision sur
le bassin de la Vilaine, avec notamment des mesures importantes pour la
protection des zones humides et la réduction de l’usage des
pesticides.

Il a suffi qu’une poignée d’agriculteurs de la FNSEA
manifeste à Redon, le 3 décembre dernier, pour qu’un certain nombre
d’élus cèdent à leurs injonctions et reviennent sur le niveau
d’ambition du document qui doit être voté fin février. Et ce
n’est qu’un exemple des nombreux reculs actés ici comme ailleurs
suite à des pressions des lobbys.

Des solutions existent. Mobilisons-nous !

Les citoyen.nes aussi doivent montrer que le sujet les préoccupe. Plus
nous serons nombreux.ses, plus nous serons entendu.es ! Il faut un
changement de cap radical dans les politiques publiques qui conduisent
vers une impasse depuis des décennies. Ensemble, demandons aux élus de
:

* Renforcer la protection des captages d’eau potable, notamment en
interdisant l’utilisation des pesticides dans les zones les
alimentant.
* Partager équitablement l’eau.
* Préserver nos milieux naturels et les services qu’ils nous
fournissent gratuitement.
* Soutenir vraiment l’agriculture paysanne et la transition vers un
autre modèle agricole respectueux des hommes et de l’environnement.
Informations pratiques

Venez résister avec nous à tout abandon de l’intérêt collectif.

Notre santé et notre environnement ne peuvent être sacrifiés.

Informations pratiques :

* Lieu : Redon, RDV devant la sous-préfecture (place de Bretagne)
* Date : samedi 22 février 2025 à 14h

https://expansive.info/

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14 février 2025 ~ 0 Commentaire

Brezhoneg

bzh

Dans les Côtes-d’Armor, on s’interroge : la langue bretonne est-elle en danger ?

Une étude révèle que le nombre de locuteurs du breton a chuté. A Guingamp, Francis Favereau, écrivain et ancien professeur, analyse la situation. A Lannion, un débat s’organise.

Le Guingampais Francis Favereau, écrivain, universitaire, ancien professeur de langue et littérature bretonne, est également président du Conseil Scientifique de l’Office public de la langue bretonne. ©Laurent LE FUR

Une récente enquête, commandée par la Région Bretagne et réalisée par l’institut de sondage TMO, fait apparaître une chute importante du nombre de locuteurs du breton en quelques années. Elle révèle qu’environ 107 000 personnes parlaient breton en 2024, contre 214 000 en 2018, dans les cinq départements de la Bretagne historique. Soit une baisse de moitié, en seulement six ans.

Faut-il s’alarmer des conclusions de cette enquête ? Faut-il s’inquiéter pour l’avenir même de la langue bretonne dans notre région ? Y a-t-il des signes d’espoir ? À Guingamp, Francis Favereau, écrivain, universitaire, ancien professeur de langue et littérature bretonne, également président du Conseil Scientifique de l’Office public de la langue bretonne, nous livre son analyse.

→ Francis Favereau, les résultats de cette enquête publiée fin janvier, qui révèle que le nombre de personnes parlant breton a baissé de moitié en six ans, vous ont-ils surpris ?

Oui et non. Non, parce que c’était attendu, plusieurs commentateurs avisés avaient déjà prédit cette baisse, en raison de la démographie et du fait que les bretonnants, dans les études, constituaient une population qui prenait de l’âge. Mais ce qui me surprend, quand même, c’est que l’étude précédente, qui datait de moins de dix ans, laissait entrevoir une légère augmentation du nombre de locuteurs. On peut s’interroger sur la méthode de sondage et la prise en compte des différentes catégories de bretonnants : entre les gens qui parlent très bien et les apprenants, ou ceux qui parlent occasionnellement, qui est vraiment compté et comment ?

Je parle en breton avec des gens autant qu’avant Francis Favereau

→ Ce constat, que les gens sont de moins en moins nombreux à parler breton, vous le faites aussi sur le terrain ?

Non, pas du tout. Rien qu’en regardant autour de chez moi. Dans ma rue, il y a une famille avec quatre enfants, ils parlent tous breton. Une autre voisine, plus âgée, connaît bien le breton aussi. J’ai plein d’exemples autour de chez moi. Au-delà, quand je vais sur le marché de Guingamp, je parle en breton avec des gens autant qu’avant. Au supermarché, j’entends parfois aussi des conversations en breton. Sur les réseaux aussi, internet et téléphone, j’ai beaucoup d’échanges en breton. J’assiste encore à des rencontres en breton dans différentes communes, où les gens se retrouvent autour du breton. Dans la pratique sociale et dans l’usage de proximité, je ne m’aperçois pas d’une diminution de la pratique.

→ La dernière grande rupture linguistique des années 1950 a-t-elle provoqué cette situation actuelle ? Lorsque beaucoup de parents bretonnants ont choisi d’élever leurs enfants en français, interrompant ainsi la transmission directe entre générations ?

Il y a eu des évolutions majeures depuis la moitié du siècle dernier. Jusque dans les années 50, on estime qu’environ un million de personnes parlaient breton. En 1975, certaines études annonçaient que le breton allait disparaître en 2000. Mais il y a eu une rémanence, un regain d’intérêt, un regain militant, un allongement de la durée de vie, peut-être aussi un retour de néo-ruraux.

En ville aujourd’hui, on s’aperçoit que la langue bretonne vit aussi. À Rennes, à Nantes, à Brest même (au centre), ou encore dans des plus petites villes comme Saint-Brieuc, avec un Ti ar vro ou dans des cafés. À Saint-Malo et Dinan également. Dans le Trégor (lannionnais), il y a une dizaine de groupes de conversation réguliers en breton. On en voit un peu partout.

Cela montre qu’il y a de l’intérêt pour la langue et c’est une bonne solution, je pense. Le dynamisme social est important et cela montre que les gens s’y intéressent. […] Il faut cependant comprendre que le modèle du siècle dernier, quand on parlait breton à la ferme, aux battages… est perdu. Mais ce mode de vie est perdu aussi.

→ Quels sont les signes positifs pour l’avenir du breton ?

Le breton est visible aujourd’hui, audible aussi. À la télé, à la radio, dans les journaux, les panneaux de signalisation, les bulletins des collectivités… Le breton depuis 20 ou 30 ans a acquis une légitimité. Les Bretons sont attachés à leur langue même si tout le monde ne le parle pas. Le breton s’est patrimonialisé, ce qui n’était pas du tout gagné il y a une cinquantaine d’années. Aujourd’hui, il y a un bon maillage des centres Ti Ar Vro ou équivalents. Il y a des cours, des animations, des veillées… La Redadeg aussi. Tout ceci apporte une vitalité, une sympathie aussi, voir une empathie. Je me souviens, quand le breton est revenu en grâce, avec le Kan ar bobl, par exemple, le fait d’avoir vu des petits chanter en breton a été quelque chose de très attendrissant pour des grands-mères qui, elles-mêmes, n’avaient pas appris le breton à leurs enfants.

→ Comment peut-on vivre le breton aujourd’hui et sur qui repose l’avenir de la langue ?

À mon avis, il faut intérioriser et développer l’idée que le breton est un plus aujourd’hui, une valeur-ajoutée. Cela ne retire rien à personne. C’est une déclinaison de l’humanité qui doit être suffisamment cohérente pour perdurer, mais suffisamment ouverte aussi. Sur qui repose l’avenir de langue ? Les tout-petits, ce sont les parents qui décident s’ils vont apprendre le breton ou pas à l’école. Ensuite, au collège, ça peut déjà évoluer. Donc à mon avis, cela relève plutôt de jeunes adultes qui font des choix. Je reste assez optimiste, selon moi le breton ne peut pas disparaître dès lors qu’il conserve un socle, une présence dans les écoles, les médias, dans la sphère publique… À mon avis, ce socle est suffisamment fort aujourd’hui. Et n’oublions pas que la vie sociale passe aussi par les réseaux aujourd’hui. On a un large éventail de choix sur internet pour échanger en breton ou pratiquer la langue. Moi, j’échange énormément aussi avec des amis sur les réseaux aujourd’hui, en plus des discussions dans la rue avec les gens. Il y a une vraie diaspora. Et ce qui compte beaucoup également, c’est la création : on a les festoù-noz, la chanson, la musique, le théâtre en breton, le cinéma en breton… tout ceci aussi est important pour la pérennité du breton.

Une conférence débat le 14 février à Lannion

La silencieuse mort de la langue ? Le centre culturel breton de Lannion organise une conférence débat autour des résultats de cette enquête sociolinguistique sur les langues de Bretagne, le vendredi 14 février à 18h (salle Santez Anna). Cet échange sera suivi d’un débat avec le public et d’une ouverture sur les perspectives d’actions en Pays de Lannion.

Laurent Le Fur Publié l11 févr. 2025

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14 février 2025 ~ 0 Commentaire

Question Nationale

 

Question Nationale dans Questions bretonnes etc

Réexamen des écrits de Lénine sur la question nationale : une critique marxiste précoce depuis la périphérie impériale. Par Hanna Perekhoda.

La présentation de cette article par la rédaction est commune à celle consacrée à l’article parallèle de Zbigniew M Kowalewski que nous venons de publier conjointement.

Texte d’Hanna Perekhoda

À l’occasion du centenaire de la mort de Vladimir Lénine, cet article revient sur ses écrits d’avant 1917 sur le droit des nations à l’autodétermination du point de vue de son contemporain ukrainien, Lev Yurkevych. Contrairement à la polémique bien connue entre Lénine et Rosa Luxemburg, la critique des vues de Lénine sur l’émancipation nationale posée par les socialistes des périphéries de l’Empire russe a été largement négligée. Ce n’est pas surprenant, compte tenu des efforts délibérés du Parti communiste russe pour effacer les voix dissidentes et de l’attachement de longue date du public occidental aux perspectives du centre impérial russe. Ce parti pris a non seulement façonné notre compréhension des révolutions de 1917 en tant que « révolution russe », mais a également influencé nos perceptions mondiales de la région « post-soviétique » – une habitude intellectuelle aux conséquences politiques importantes, comme l’a mis en évidence l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022.

La polémique entre deux marxistes – un Russe de premier plan et un Ukrainien largement oublié – a eu lieu il y a près de 110 ans, mais reste d’une actualité saisissante. Ce débat révèle non seulement le potentiel oppressif des projets universalistes dans un contexte impérial, mais met également en lumière les tensions profondément ancrées au sein de la pensée marxiste en tant que telle. Il met en lumière des questions de structure et d’action, de diversité et d’unité, d’universalisme et de particularisme qui restent pertinentes dans les luttes émancipatrices contemporaines.

Karl Marx et Friedrich Engels ont accordé relativement peu d’attention au nationalisme en tant que problème distinct. S’ils reconnaissaient que le nationalisme des opprimés pouvait, dans certains cas, contribuer à la lutte des travailleurs, ils le voyaient en fin de compte comme une idéologie destinée à créer une unité illusoire entre la classe ouvrière et la bourgeoisie, occultant ainsi la nature fondamentalement antagoniste de leurs intérêts de classe. Cette perception de l’identité nationale comme rien d’autre qu’une « fausse conscience » artificiellement entretenue est devenue une opinion largement acceptée parmi les sociaux-démocrates de diverses tendances pendant des décennies.1 Au sein de la social-démocratie, les débats sur cette question étaient motivés par la nécessité de formuler un programme capable d’évaluer avec précision le moment et d’identifier les stratégies les plus efficaces pour faire avancer la classe ouvrière vers la révolution – un défi qui était également au cœur des objectifs de Lénine.

Lénine se retrouve alors confronté à deux fronts politiques. D’un côté, il fait face aux socialistes juifs, caucasiens et ukrainiens qui prônent la réorganisation du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSR) en une fédération de partis nationaux et, en partie inspirés par l’austro-marxisme, cherchent à intégrer le principe d’autonomie extraterritoriale des minorités dans le programme du parti. Lénine s’oppose fermement à ces deux revendications, les considérant comme susceptibles de conduire à la dissolution du parti et, par conséquent, à l’affaiblissement du mouvement ouvrier. De l’autre côté, il se heurte aux membres qui partagent le point de vue de Luxemburg. En se fondant sur son analyse de la dynamique économique du capitalisme, Luxemburg soutient que la domination impérialiste des grandes puissances crée non seulement de profondes inégalités sociales, mais aussi des conditions de plus en plus favorables à la lutte des classes et à la victoire du prolétariat. Dans de telles circonstances, toute défense des particularismes nationaux serait en contradiction avec la logique du développement historique. (Note 2) Pour déjouer ces tendances conflictuelles, Lénine proposa une double approche : il introduisit le principe du « droit des nations à disposer d’elles-mêmes » dans le programme du parti tout en soulignant simultanément la nécessité de l’unité absolue des travailleurs de toutes les nations au sein d’une structure de parti centralisée.

Aujourd’hui encore, les débats socialistes sur le nationalisme font souvent penser à la célèbre polémique entre Lénine et Luxemburg. Pourtant, malgré son importance, le désaccord entre Lénine et Luxemburg sur cette question était moins profond que sa divergence avec les austro-marxistes et leurs partisans. D’éminents théoriciens austro-marxistes, Otto Bauer et Karl Renner, soutenaient que les cultures nationales, avec toutes leurs caractéristiques uniques, avaient une valeur intrinsèque justifiant leur préservation et leur intégration dans un cadre socialiste (Note 3). En revanche, Lénine et Luxemburg partageaient une vision du progrès et de l’histoire selon laquelle le but ultime du développement humain impliquait « de promouvoir et d’accélérer considérablement le rapprochement et la fusion des nations » (Note 4). Lénine proposait cependant une stratégie politique distincte, affirmant que le nationalisme des groupes opprimés détenait un potentiel unique pour faire avancer la lutte contre l’État bourgeois et accélérer ainsi la victoire du prolétariat. Il prônait l’utilisation de l’énergie des nations opprimées au profit de la révolution ouvrière (Note 5). Leur débat ne portait donc pas sur le but ultime du projet socialiste, mais plutôt sur les moyens de l’atteindre.

Il s’alignait sur le rôle positif des grands États dans la progression du progrès, estimant que la fragmentation des grands États existants représenterait un revers pour les intérêts de la classe ouvrière. Néanmoins, comme les avantages économiques des grands États sont tout simplement trop convaincants pour être abandonnés, Lénine affirmait qu’il n’y avait aucune raison de craindre des séparations temporaires (Note 6). De plus, de telles séparations pourraient certainement être complètement évitées si un social-démocrate de la nation oppressive gagnait la confiance des nations opprimées en approuvant leur droit à la sécession, tandis qu’un social-démocrate d’une nation opprimée prônait une « intégration volontaire » (Note 7). En substance, le fait de prôner la séparation dans la rhétorique actuelle poserait, dans la pratique, les bases d’une future unification sociale et économique.

Il est essentiel de garder à l’esprit qu’avant 1917, l’objectif premier de Lénine n’était ni de produire une analyse théorique complète du nationalisme, ni de proposer une solution pratique au problème de l’oppression nationale, que ce soit sous le capitalisme ou le socialisme. Sa priorité était de développer une stratégie qui assurerait l’hégémonie politique de son parti au sein de la classe ouvrière sur l’échelle territoriale la plus large possible, dans le but ultime de prendre le pouvoir et d’étendre la révolution à travers le monde. Au stade initial de la révolution, le soutien aux droits sécessionnistes était une nécessité stratégique pour garantir le soutien – ou du moins la neutralité – des groupes nationaux opprimés à ce moment critique. Au stade suivant, une fois le pouvoir pris, il prévoyait que ces groupes s’intégreraient naturellement dans un État socialiste unique et centralisé, sans jamais envisager pleinement la possibilité qu’un État socialiste choisisse de rester indépendant.

Les thèses de Lénine furent vivement critiquées par les « fédéralistes » comme par les « luxembourgistes ». Dans les deux cas, les principaux auteurs de ces critiques étaient ukrainiens. En 1916, Georgii Piatakov et Evgeniia Bosh demandèrent la suppression de l’article du programme du parti sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes. Les manœuvres tactiques de Lénine ne satisfaisaient pas Piatakov, qui privilégiait la cohérence idéologique. Comment, se demandait Piatakov, pouvait-on défendre le droit des nations à disposer d’elles-mêmes tout en s’opposant à son application pratique ? Pour lui, la démocratie était inaccessible sous le capitalisme, ce qui faisait des slogans démocratiques une simple tromperie des masses, alors que sous le socialisme, avec l’éradication de l’exploitation économique et de l’oppression, tant personnelle que nationale, de tels slogans seraient tout simplement sans intérêt. Après la révolution de février, Piatakov et Bosh prirent la direction du parti bolchevique à Kiev et leurs convictions façonnèrent largement la position de l’organisation à l’égard du mouvement national ukrainien (Note 8).

À la veille de la révolution de 1917, Lev Yurkevych, théoricien marxiste ukrainien et membre fondateur du Parti social-démocrate des travailleurs d’Ukraine, publia une brochure qui examinait de manière critique le programme de Lénine sur la question nationale (Note 9). Il ne se contenta pas d’analyser les écrits de Lénine, mais les critiqua également à la lumière de la pratique politique du parti bolchevique. Il observa, par exemple, que malgré leur programme affiché, les bolcheviques « n’ont jamais dénoncé l’oppression nationale » dans leurs activités en Ukraine. Lors d’une conférence du parti tenue à Kharkiv, Yurkevych nota que « pas un seul mot n’a été dit sur l’oppression nationale de l’Ukraine et sur son “droit à l’autodétermination” ». Au contraire, affirmait-il, les sociaux-démocrates russes en Ukraine « ont systématiquement profité des conséquences de cette oppression pour étendre leur influence » (Note 10).

En effet, en évoquant la russification culturelle et linguistique des ouvriers en 1913 et en polémique contre Yurkevych, Lénine affirmait que l’Ukraine était un cas exemplaire pour illustrer sa nature intrinsèquement progressiste. Il expliquait que le développement économique avait attiré des centaines de milliers de Russes ethniques en Ukraine et que cet afflux avait conduit à une assimilation « indiscutable » et « incontestablement progressiste ». La russification transformait le paysan « ignorant, conservateur et sédentaire » en prolétaire mobile. La « nature historiquement progressiste » de cette assimilation était aussi claire pour Lénine que « l’écrasement des nations en Amérique ». S’opposer à ce processus « serait une trahison pure et simple du socialisme et une politique stupide, même du point de vue des « objectifs nationaux » bourgeois des Ukrainiens ». La raison était simple : la seule force capable de tenir tête aux oppresseurs des Ukrainiens – les propriétaires terriens polonais et russes – « n’est autre que la classe ouvrière, qui rallie derrière elle la paysannerie démocratique » (Note 11).

Plusieurs aspects du raisonnement de Lénine méritent notre attention. Le premier est son « oubli » soudain du caractère impérial de la gouvernance interne de l’État russe, qui devient évident lorsqu’il compare la russification des populations soumises de l’Empire russe au « melting-pot » américain de communautés majoritairement immigrées. Appliquant une logique de libre marché au domaine socioculturel, Lénine soutenait que la tâche des sociaux-démocrates était d’éliminer les privilèges pour toutes les langues, permettant « aux exigences des échanges économiques de déterminer quelle langue dans un pays donné il est dans l’intérêt de la majorité de la connaître pour le bien des relations commerciales » (Note 12). Yurkevych rétorquait que la russification des Ukrainiens n’est pas le résultat d’un choix volontaire d’individus libres de toute contrainte ; elle est plutôt rendue possible par l’expansion coloniale, le développement économique inégal entre les zones urbaines et rurales et la coercition politique et économique (Note 13). Prôner l’« égalité » des langues au sein de telles inégalités sociales et culturelles enracinées revient en réalité à cautionner la loi du plus fort. Cependant, ce que Yurkevych percevait comme une expression à la fois de cynisme et d’impérialisme était, pour Lénine, une position internationaliste cohérente.

Pour le leader bolchevique, le fait que la langue russe ait été promue par l’État et dotée de toutes les infrastructures nécessaires pour favoriser une culture littéraire de haut niveau, alors que le développement des autres langues était délibérément entravé, ne pose aucun problème. Il a en effet déclaré qu’il serait probablement favorable à ce que chaque habitant de la Russie ait la possibilité « d’apprendre la grande langue russe » ; la seule chose qu’il ne souhaite pas, c’est d’envoyer les gens au « paradis » par la force. La coercition ne ferait qu’« empêcher la grande et puissante langue russe de se propager à d’autres groupes nationaux » (Note 14). Cette position ne doit cependant pas être interprétée comme une expression de suprémacisme russe. C’est plutôt le résultat logique d’une perspective qui considère les distinctions comme des obstacles à surmonter et suppose la désirabilité d’un avenir où la diversité fusionnera en un tout unique et universel. Pour Lénine, la langue russe représente simplement le choix le plus « pratique » pour réaliser cet idéal prétendument non national.

En analysant cette polémique du début du XXe siècle à travers le prisme d’une critique post-marxiste de la fin du XXe siècle, nous pourrions soutenir que la position de Lénine illustre ce que Cornelius Castoriadis a identifié comme une tendance plus large au sein de la pensée marxiste à naturaliser l’imaginaire social capitaliste, avec sa suprématie de l’efficacité (Note 15).

Yurkevych a souligné les conséquences politiques pratiques de la position de Lénine qui louait l’assimilation des travailleurs à la culture impériale. Selon lui, même si la russification permet à un Ukrainien d’accéder à l’éducation et, par là même, à certaines idées progressistes et émancipatrices, il n’est plus en mesure de transmettre ces idées aux membres de sa communauté paysanne d’origine. Les Ukrainiens russifiés développent une honte et un mépris non seulement pour leur propre culture et leur propre langue, mais, plus important encore, pour leur communauté d’origine, ce qui les conduit à tourner le dos à ses besoins, à ses intérêts et à ses aspirations. La russification du prolétariat ukrainien contribue ainsi, selon Yurkevych, à aliéner les travailleurs urbains de leurs homologues ruraux, « brisant ainsi l’unité du mouvement ouvrier et entravant son développement » (Note 16).

Pour Yurkevych, lorsque les travailleurs d’une nation opprimée sont ainsi divisés, ils deviennent des cibles faciles pour les partis réactionnaires nationalistes qui exploitent ces divisions. Selon lui, la promotion pratique de l’assimilation par les bolcheviks, parallèlement à la rhétorique prônant la séparation, n’était pas seulement hypocrite mais ouvertement nuisible. Yurkevych a souligné le fait que Lénine insistait pour interpréter le droit à l’autodétermination nationale strictement comme un droit à la sécession, rejetant fermement tout appel au fédéralisme ou à l’autonomie. En fait, dans sa lettre privée à Stepan Shaumian, Lénine a même souligné que le « droit à l’autodétermination est une exception à notre principe général de centralisation » qui « ne doit pas être autre chose que le droit à la sécession » (Note 17). Un appel à l’indépendance était cependant considéré comme dangereux par les marxistes ukrainiens, qui se limitaient à des appels à l’autonomie au sein d’un État fédéraliste commun. La plupart d’entre eux étaient conscients que, dans un contexte où plus de 90 % de la population ukrainienne était composée de paysans illettrés et où les institutions démocratiques et la conscience civique étaient pratiquement inexistantes, l’indépendance totale de l’État signifierait la victoire d’une bourgeoisie étrangère sur les masses indigènes mal organisées. Pour Yurkevych, le radicalisme rhétorique de Lénine était une manifestation de son mépris pour les ouvriers et les paysans des nations opprimées. La position des bolcheviks, affirmait-il, renforçait le programme des nationalistes de droite aux dépens des forces progressistes locales.

Cette polémique met en lumière une autre question cruciale du marxisme : qui constitue la classe ouvrière et qui, en termes pratiques et théoriques, agit comme agent de son émancipation ? Lénine et Yurkevych s’accordent tous deux à dire que « l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’acte de la classe ouvrière elle-même ». Pourtant, leurs définitions implicites de la classe ouvrière révèlent des conceptions différentes de l’action et de l’émancipation. Lénine envisage un prolétariat mobile, transcendant les identités locales et les particularités culturelles – une force révolutionnaire universelle (représentée, en pratique, dans le contexte ukrainien par l’ouvrier industriel russophone). Dans ce cadre, les paysans « arriérés » sont positionnés comme des suiveurs, qui doivent être guidés par cet agent universel vers la libération. Pour Yurkevych, cependant, la véritable émancipation nécessite de reconnaître les conditions, les intérêts et les identités spécifiques des différentes populations de la classe ouvrière, y compris les paysans ukrainiens qui constituent sa majorité.

Yurkevych établit un parallèle intéressant entre les opinions de Lénine et celles d’Alexandre Herzen (Note 18), un éminent intellectuel russe qui, en 1859, affirmait le « droit total et inaliénable de la Pologne à l’indépendance de la Russie », tout en affirmant qu’une telle séparation n’était pas souhaitable de son point de vue. Herzen estimait qu’une sécession immédiate de la Pologne affaiblirait le mouvement démocratique et réduirait ainsi les perspectives de révolution en Russie. Après une révolution démocratique en Russie, pensait-il, le départ de la Pologne ne serait plus nécessaire. Pour Herzen comme pour Lénine, ces positions n’étaient pas motivées par le nationalisme grand-russe ou par un désir de domination d’autres peuples. Ils se considéraient plutôt comme les défenseurs d’un projet universaliste d’émancipation. Pourtant, tous deux partageaient la conviction que c’était leur communauté qui servirait d’agent principal de cette mission libératrice. Tous deux croyaient que c’était le « peuple » russe – qu’il s’agisse de l’obshchina paysanne russe pré-moderne pour Herzen, ou du prolétariat russe moderne pour Lénine – qui ouvrirait la voie à la libération, d’abord pour ses voisins et finalement pour toute l’humanité.

Yurkevych n’était qu’un des nombreux socialistes ukrainiens, y compris certains membres du parti bolchevique, à formuler des critiques similaires à l’encontre de Lénine (Note 19). Tous ont souligné le contraste entre l’éloge théorique de la libération par la base et le refus pratique de tenir compte des contextes locaux et des intérêts spécifiques des groupes non russes. La conception de la stratégie socialiste de Laclau et Mouffe offre un parallèle théorique utile à ces premières critiques (Note 20), suggérant que l’hégémonie politique nécessite une coalition d’identités sociales diverses, chacune conservant ses exigences et particularités spécifiques dans un cadre plus large de solidarité. La classe ouvrière, dans cette perspective, n’est pas monolithique mais un ensemble diversifié de groupes. Cette perspective remet en question la notion d’un agent de changement singulier et universaliste et défend plutôt un modèle où l’action s’exprime à travers des contextes historiques et culturels spécifiques. Elle exige une approche démocratique et auto-organisée de la libération. Dans la critique de Yurkevych, nous voyons une articulation précoce des risques d’une approche « universelle » du socialisme – une approche qui, lorsqu’elle est appliquée à des contextes (post-)impériaux, renforce l’oppression plutôt que de la démanteler.

Une courte citation des Résolutions de la Conférence conjointe de l’été 1913 du Comité central du P.O.S.D.R. et des responsables du Parti peut illustrer le potentiel autoritaire de la conception marxiste des « lois » historiques du développement, que Castoriadis a critiquée plus tard. Elle affirme que le droit des nations à l’autodétermination « ne doit en aucun cas être confondu avec l’opportunité de la sécession d’une nation donnée ». C’est le parti qui « doit décider de cette dernière question exclusivement sur ses mérites dans chaque cas particulier, conformément aux intérêts du développement social dans son ensemble et aux intérêts de la lutte de classe prolétarienne pour le socialisme » (Note 21).

Et comme les bolcheviks considèrent leur organisation comme l’avant-garde du prolétariat, particulièrement bien équipée pour saisir la logique de l’histoire et les véritables intérêts de la classe ouvrière, il revient en fin de compte à la direction du parti de déterminer si une lutte de libération nationale particulière est légitime. En d’autres termes, en supposant que l’histoire a une direction objectivement connaissable et en revendiquant une compréhension scientifique de cette trajectoire, les dirigeants se positionnent eux-mêmes et leurs organisations comme des interprètes de la nécessité historique, leur accordant l’autorité d’imposer un chemin « correct » aux groupes mêmes qu’ils prétendent représenter (Note 22). Cela révèle un mépris pour l’action de la population ainsi qu’une croyance sous-jacente selon laquelle on a l’autorité de concevoir la société d’en haut et de la traiter comme un objet à organiser et à diriger rationnellement selon les besoins d’une force impersonnelle de l’Histoire. Cette approche instrumentale traite les populations comme des tremplins dans un projet plus vaste, plutôt que comme des agents autonomes avec leurs propres aspirations légitimes capables d’agir de manière indépendante. En d’autres termes, au lieu de rompre avec l’imaginaire capitaliste, elle perpétue sa logique de « maîtrise rationnelle » (Note 23).

Selon Yurkevych, « l’adulation des socialistes russes pour les grands États et le centralisme » sape toute perspective internationaliste authentique (Note 24). Lénine, en cherchant « non seulement à mettre un terme à la fragmentation de l’humanité en petits États et au particularisme des nations, non seulement à rapprocher les nations, mais aussi à réaliser leur fusion », s’est positionné non pas comme un porte-parole de l’internationalisme mais « du système moderne du centralisme des grandes puissances » (Note 25). On peut soutenir que cette critique révèle une tension plus profonde sur le sens même de la modernité et du progrès. Elle expose différentes hypothèses sur le telos ultime du développement humain – si le progrès signifie l’unification rationnelle de groupes divers en une entité singulière et cohésive ou s’il permet la coexistence de groupes divers et donc potentiellement divergents.

Une conception considère les États centralisés et les sociétés homogénéisées comme une conséquence inévitable du progrès humain, la diversité y étant un obstacle. En ce sens, elle reflète un « fantasme de la totalité » (Note 26), où l’idéal est un ordre universel obtenu par l’élimination des particularités et la consolidation des entités plus petites dans un système unifié et rationalisé. Une autre conception envisage la modernité comme compatible avec le pluralisme, la différence et la décentralisation. Cette vision de la modernité valorise la gouvernance locale, la participation démocratique et les structures décentralisées qui permettent à différents groupes de contrôler leur destin dans un cadre coopératif. Plus généralement, elle reflète un scepticisme à l’égard de l’idéal totalitaire, soulignant les dangers potentiels de la poursuite d’un modèle universaliste qui efface les particularités (Note 27).
On pourrait soutenir que Lénine et d’autres bolcheviks ont fini par reconnaître et permettre aux différences de contribuer au projet soviétique, comme on l’a vu dans l’introduction de la Nouvelle politique économique et de la Korenizatsiia après leur victoire précaire et coûteuse dans la guerre civile. Cependant, il faut regarder au-delà des arbres pour voir la forêt : le telos ultime du projet bolchevik restait la fusion de toutes les différences en une seule totalité unifiée où toutes les distinctions significatives – et donc tout potentiel de conflit – disparaîtraient et devraient donc disparaître. Ce n’est pas l’objectif qui a changé, mais l’horizon temporel – si en 1917 il semblait réalisable dans un avenir proche, en 1923 il était devenu un objectif plus lointain. La diversité était tolérée à condition qu’elle soit finalement transcendée. Sous Staline, la prudence antérieure a été abandonnée en faveur d’une poussée agressive pour éliminer tout élément perçu comme une menace à l’unité. L’impulsion totalitaire a été déchaînée dans toute sa splendeur.

Il faut cependant souligner que l’idée que le socialisme possède une essence totalisante « inhérente » est plutôt trompeuse. Comme l’a soutenu Castoriadis, la modernité n’est pas un projet monolithique mais une tension dynamique et permanente entre des significations concurrentes : l’impulsion vers la maîtrise rationnelle et l’homogénéité d’un côté, et le potentiel de pluralisme, d’autolimitation et d’autonomie démocratique de l’autre (Note 28). Le socialisme, en tant que projet moderne, contient également ces deux logiques en lui-même, ce qui signifie qu’il n’est pas lié à une vision totalisante. Si le socialisme veut tenir sa promesse émancipatrice, comme le suggèrent Laclau et Mouffe, il doit accepter que toute unité sera un résultat contingent et provisoire, jamais résolu de manière permanente. En ce sens, les structures politiques ne devraient pas être des véhicules pour imposer une voie « correcte » mais devraient rester ouvertes à la critique continue. La capacité du socialisme à résister à la totalisation dépend donc de son engagement envers la multiplicité et la contestation, reconnaissant la diversité et l’antagonisme comme essentiels au tissu social. Cette approche implique cependant que le socialisme démocratique contient toujours les germes de sa propre perte. C’est là, pour Castoriadis, que réside l’aspect tragique de la démocratie : les mêmes conditions qui permettent un renouvellement continu l’exposent également au risque d’être récupérée par des forces qui pourraient exploiter ses libertés pour imposer un système fermé et totalisant dans lequel la remise en question n’est plus autorisée (Note 29).

L’influence durable des idées de Lénine sur la pensée de la gauche radicale a des implications profondes, façonnant la manière dont les questions de diversité, d’autonomie et d’autodétermination sont comprises – et, dans de nombreux cas, mal comprises. Au milieu du XXe siècle, les théoriciens critiques occidentaux ont commencé à réexaminer les arguments de Rosa Luxemburg, des communistes des conseils et d’autres qui avaient anticipé les dangers du centralisme alors qu’ils prenaient racine dans la pratique des bolcheviks. Cependant, malgré une reconnaissance croissante de l’importance de la diversité pour empêcher les mouvements émancipateurs de dégénérer en dictature, les critiques de gauche du marxisme-léninisme ont été lents à saisir non seulement ses dimensions autoritaires mais aussi impérialistes.
La gauche occidentale a toujours été plus sensible aux perspectives du centre impérial russe qu’à celles des périphéries. En conséquence, en privilégiant les perspectives de Moscou et de Saint-Pétersbourg, la gauche occidentale perpétue souvent les angles morts impériaux de ses homologues russes. Considérer les luttes d’émancipation nationale à travers les yeux des marxistes russes peut, par exemple, conduire à ne pas reconnaître la valeur intrinsèque que la souveraineté, l’autonomie et la spécificité culturelle peuvent représenter pour les populations opprimées.

Comme nous l’avons vu plus haut, avant la prise du pouvoir par les bolcheviks, les socialistes ukrainiens avaient déjà exprimé leurs inquiétudes quant aux tendances autoritaires et impérialistes ancrées dans la théorie et la stratégie politique bolcheviques. Ils affirmaient qu’une société véritablement socialiste devait trouver un équilibre entre unité et respect de la diversité politique et culturelle, prévenant que le fait de ne pas tenir compte de ces différences conduirait inévitablement à l’autoritarisme et à la trahison des idéaux émancipateurs. L’absence d’évaluation critique de l’impérialisme soviétique par la gauche peut être attribuée, en partie, au fait que ces premiers avertissements émanant des socialistes non russes des périphéries impériales ont été ignorés ou tout simplement ignorés. Les reconnaître révèle une tradition socialiste plus riche et plus diversifiée, qui souligne l’importance de trouver un équilibre entre unité et diversité – une question qui reste aussi pertinente aujourd’hui qu’elle l’était au début du XXe siècle et le restera sans aucun doute à l’avenir.

Z M Kowalewski – Critique de la position anti-indépendantiste de Lénine face à la question nationale ukrainienne et à celle des autres nations opprimées de l’Empire russe.

 dans Questions bretonnes etc

Présentation

Alors même que l’Axe Trump/Musk/Poutine tente de déporter les Palestiniens de Gaza et de livrer l’Ukraine à Poutine, pour asservir l’Europe à l’ordre impérialiste multipolaire et entraîner le monde dans la barbarie de l’oppression, nous publions aujourd’hui deux textes théorico-historiques de la plus grande importance. Nous appelons nos lecteurs et nos amis à ne pas considérer qu’il s’agirait là d’un sujet pour spécialistes, et à se l’approprier pour le discuter.

Dans un article pour une revue historique, Revolutionary RussiaHanna Perekhoda, militante socialiste, révolutionnaire et féministe ukrainienne, originaire de Donetzk, ville occupée depuis 2014, Hanna Perekhoda, qu’Aplutsoc a souvent, depuis 2014, soutenue ou citée, présente l’existence, généralement inconnue, de marxistes ukrainiens au début du XX° siècle, comme Lev Yurkevitch, qui défendait l’auto-détermination effective, et pas seulement le « droit à » l’autodétermination, des nationalités non russes, comme l’axe révolutionnaire pour les prolétariats de l’empire russe. Elle rappelle que ces courants nationaux polémiquaient avec Lénine et que, contrairement à ce qu’a retenu la doxa dominante, Lénine n’a pas seulement polémiqué avec Rosa Luxemburg et autres négateurs de la dimension révolutionnaire et démocratique des questions nationales, mais aussi avec ceux qui allaient jusqu’au bout de la défense de la démocratie, comme axe de la révolution prolétarienne : les partisans de l’indépendance. Dont il n’était pas.

Dans un important article, le camarade Zbigniew Kowalewski, militant polonais ayant vécu à Cuba avant 1980, pris part à la direction de Solidarnosc à Lodz en 1980 puis qui, exilé en France, est devenu trotskyste mais en entreprenant de restituer ces pans occultés de notre histoire véritable, revient en détail sur les positions de Lénine avant 1917 à propos de la question nationale. Sa démonstration ne laisse aucun doute : s’il était partisan de l’émancipation des peuples opprimés dans les colonies outre-mer des puissances impérialistes, Lénine n’envisageait pas le démembrement de la « Russie », mais seulement une autonomie régionale et linguistique préservant l’État centralisé – à l’exception d’un « emballement » qu’il effectua, juste après s’être prononcé pour le « défaitisme révolutionnaire » après le déclenchement de la boucherie impérialiste, à l’automne 1914.

Comme Hanna Perekhoda à propos de Lev Yurkevitch, Zbigniew Kowalewski restitue la mémoire de théoriciens nationaux et marxistes de premier plan, comme les socialistes polonais Kazimierz Kelles-Krauz (à propos duquel le célèbre historien Timothy Snyder a commencé ses recherches) et Feliks Perl, et les ukrainiens Vassyl Shakrai et Serhiy Mazlakh (ce dernier, judéo-ukrainien). Et il  fait cette remarque terrible mais terriblement juste : « les manuels et les anthologies » sur le sujet « marxisme et question nationale » ont systématiquement « oublié » ces auteurs et militants, alors qu’il s’agit précisément de ceux qui appartenaient aux nations opprimés et luttaient pour leur propre émancipation !

C’est ainsi qu’un vieil ouvrage, anthologie de référence en la matière, Les marxistes et la question nationale, 1848-1914, publié pour la première fois en 1974 sous la direction de George Haupt, Michaël Lowy et Claudie Weill, comporte des textes des auteurs suivants : Marx et Engels, Karl Kautsky, Rosa Luxemburg, Karl Renner, Otto Bauer, Josef Strasser, Anton Pannekoek, Staline, Lénine, James Connolly. A la seule exception de James Connolly, l’intégralité de ces auteurs appartiennent à des nations « dominantes » et non pas dominées (l’osséto-géorgien Staline étant un cas-type de russification). La doxa qui résulte de ce choix et qui est exposée par les historiens ayant supervisé cette anthologie (dans ce qui était à l’époque un apport certain à la connaissance), oppose des positions tendant à nier la question nationale (Luxemburg, Pannekoek, Strasser) à des positions la prenant en compte (Lénine principalement et même Staline), tout en s’opposant aussi aux « austro-marxistes » (Bauer) qui la prennent en compte mais la dissocient de l’État et soulèvent la question des minorités extra-territoriales, des diasporas et de leurs droits.

Les partisans conséquents de l’indépendance, sauf Connolly mais qui est quasi marginalisé si ce n’est folklorisé, sont ignorés alors qu’ils existaient. Connolly, irlandais, est aussi le seul à appartenir à un groupe opprimé. Kelles-Krauz, Feliks Perl, Vassyl Shakrai, Serhiy Mazlakh, Lev Yurkevitch, Youri Mazurenko, Volodomyr Vinnitchenko, le géorgien Makharadzé, ou les juifs Vladimir Medem, apparenté aux austro-marxistes, ou Ber Borokhov, apparenté aux indépendantistes voulant un État territorial (par conséquent sioniste), sont ignorés alors qu’il s’agit d’un pan énorme de la pensée « marxiste » historiquement réelle. Mirsayet Sultan Galiev, par la suite, tatar de Crimée et « musulman » au sens d’une identité nationale-culturelle (non religieuse dans son cas) peut être ajouté à cette liste, et sera un peu plus connu du fait de recherches spécifiques l’ayant concerné.

De fait, le « droit à l’autodétermination jusqu’à la séparation » chez les bolcheviks s’apparente au droit de tendance ou de fraction dans les sectes (« tu as le droit mais t’as pas intérêt à t’en servir »), ou au droit au divorce dans un mariage bourgeois (« tu peux divorcer, chère épouse, mais à tes risques et périls » …) : cela donne « tu as le droit à la séparation mais le prolétariat ne te permet pas de l’exercer ». Quel prolétariat ? En Ukraine en 1917 les ouvriers et intellectuels russes et russifiés des villes expliquent, au nom de l’internationalisme, au prolétariat agricole majoritaire qu’il ferait bien de ne pas user de son « droit » et, dès 1918, c’est par la force des armes, des armes russes, que les bolcheviks (la majorité d’entre eux, car il y a eu des bolcheviks indépendantistes comme Shakrai et Mazlakh), viennent le leur expliquer …

Cette question est tout sauf académique. Car elle est au centre de la dégénérescence de la révolution russe, donc du stalinisme et de la tragédie du XX° siècle que l’humanité paie si cher au XXI° et dont l’héritage pèse tel le mort voulant saisir le vif. En effet, de manière classique, la tradition trotskyste explique la dégénérescence stalinienne par un diptyque : arriération et isolement. L’arriération, c’est l’héritage russe qui pèse sur une révolution ayant en fait remporté sa première victoire, la prise du pouvoir, « Octobre », dans un pays « sous-développé ». L’isolement, c’est l’échec de la révolution européenne et par là mondiale entre 1917 et 1923, dont la première responsabilité est imputée à la social-démocratie allemande, qui assassine Karl et Rosa.

Tout cela est vrai, mais il serait temps d’élargir le diptyque. C’est en réalité un triptyque. A l’arriération et à l’isolement dont les bolcheviks n’ont cessé de se plaindre, s’ajoute leur centralisme étatique russe. Car Octobre n’était pas seule et s’est crue seule. Il n’y a certainement pas à renier Octobre, mais il faut comprendre qu’Octobre n’était pas la seule naissance d’une formation sociale révolutionnaire renversant les anciennes classes dominantes, que l’on n’appellera des « États ouvriers » plus ou moins bureaucratiques (toujours beaucoup plus que moins !) que quand cet élan sera retombé. Il y avait pouvoir prolétarien en Finlande, la rada ukrainienne était un vrai soviet, la Géorgie menchevique, comme la Finlande, l’Ukraine et la Russie, avait socialisé les usines, exproprié les banques, fait des élections sous la protection des milices ouvrières armées …

Les bolcheviks russes se voulurent tout de suite les seuls, les autres étaient des « petits-bourgeois » ou des « nationalistes bourgeois », et la guerre civile fut aussi leur conquête militaire par un appareil d’État qui se remet à ressembler, très vite et furieusement, à l’ancien, ce dont Lénine, qui l’a voulu ainsi, se plaindra très vite, et contre lequel il se rebiffera d’une manière admirable (de ce point de vue, Z. Kowalewski est peut-être sévère sur cette dernière et terrible phase de Lénine déjà mourant), mais impuissante. Ce syndrome centraliste russe a joué un rôle clef dans l’isolement : en 1919, la jonction pouvait se faire par l’Ukraine et la Hongrie, mais pas par la Russie, asservissant l’Ukraine et la Hongrie.

C’est pourquoi, on ne peut plus s’en tenir à la doxa sur Lénine le bon protecteur des nationalités. D’ailleurs, les autres dimensions si « russes » chez les bolcheviks prenant leurs aises avec la démocratie (dimensions que nous retrouvons chez les socialistes-révolutionnaires de gauche et les anarchistes, mais pas chez les mencheviks internationalistes « civilisés » et « européens » de Martov, pour s’en tenir aux courants russes ayant accepté Octobre) , telles le refus d’élections libres nationales, la Tchéka … ont une relation profonde, à n’en pas douter, avec cette incapacité à se dégager du schéma d’un État russe, qu’on l’appelle Russie, « Fédération de Russie » (cette expression antinomique qui reste le nom de cet État aujourd’hui), ou URSS – une appellation a-nationale, imposée par Lénine contre Staline fin 1922 mais défendue pour la première fois par les « oukapistes », communistes-indépendantistes ukrainiens, en 1919.

Notons que la dite doxa a été, tout récemment, reprise et illustrée dans la revue de la IV° Internationale, Inprecor, dans deux numéros sur la question nationale, avec les articles de Michael Löwy, Marxisme et question nationale de Marx à Eric Hobsbawm (n° de novembre 2024) et de Jaime Pastor, L’évolution de la pensée de Lénine sur la question nationale (n° de décembre 2024). Pour affirmer et développer un internationalisme à la mesure du XXI° siècle des catastrophes, de l’effondrement, des guerres et des révolutions pour la survie du monde humain, nous avons besoin de reconsidérer cette histoire, pas par pure passion historienne, mais par ce qu’elle explique aujourd’hui, et aide à agir pour demain.

Sur ce pan de l’histoire qu’il nous faut nous réapproprier, voir aussi, en langue française, Ukapisme – une gauche perdue. Le marxisme anti-colonial dans la révolution  ukrainienne. 1917-1925. Textes rassemblés sous la direction de Christopher Ford avec une préface de Vincent Présumey. Ibidem-Verlag, Stuttgart, 2021.

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13 février 2025 ~ 0 Commentaire

Marées Noires

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L’empreinte des marées noires

Les déchets des marées noires du Boehlen (15 octobre 1976) et du Tanio (7 mars 1980) stockés sur la Pointe du Raz, commune de Plogoff, reviennent à la surface.

En réponse à une lettre de Robin des Bois en date de janvier 2003, Jean Vichon, maire de Plogoff de 1995 à 2008, nous assurait pourtant par courrier que “les déchets de la marée noire du Bolhen (sic) déposés dans un blockhaus de la dernière guerre ont été extraits et traités selon un procédé recommandé par les services de l’Etat lors de l’opération de réaménagement du Grand Site National de la Pointe du Raz en 1995 et 1996“.

En fait d’extraction et de traitement, les déchets ont été en partie déplacés, déversés dans une fosse près du sémaphore de la Pointe du Raz, recouverts de remblais et d’une couche de terre végétale. Ce site contient aujourd’hui au moins 1200 m3 de déchets. Il n’y a pas de suivi de la pollution des sols et sous-sols.

A proximité, un ancien blockhaus a servi de casemate et de cachette à déchets et il est resté en l’état. C’est lui qui a refait surface fin 2024. Un bon connaisseur des lieux accompagné d’un journaliste du Télégramme a exploré le blockhaus dont les sols sont jonchés d’hydrocarbures. L’air est imprégné par les odeurs des déchets.

A la suite des déclarations tranquillisantes du CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) et du Conservatoire du Littoral propriétaire du site, il vient d’être décidé par la préfecture du Finistère et le Conservatoire de laisser les dizaines de tonnes de déchets sur ce site labellisé “Grand site de France” et classé Natura 2000. Le Conservatoire du Littoral devient un conservatoire du pétrole brut vénézuélien (Boehlen) et de fuel lourd n°2 raffiné en Allemagne (Tanio).

Grâce aux plaintes et à l’obstination de Robin des Bois (cf. encadré ci-dessous), 44 sites de stockage de déchets de marées noires historiques sont inventoriés dans le Finistère et 147 sites dans les Côtes d’Armor. Ces dépôts restés clandestins pendant plusieurs décennies ont maintenant une existence administrative et cadastrale. Ils sont mémorisés et consultables sur l’Inventaire CASIAS* et sur la carte interactive de Robin des Bois. **

Parmi ces sites pollués, 11 dans le Finistère et 32 dans les Côtes d’Armor sont des décharges avérées de déchets de marées noires en bordure littorale, dans des dunes, des hauts de plage ou des marais soumis aux vagues de submersion, à l’érosion du trait de côte et dans certains cas aux inondations des bassins versants. Pour certains ils sont proches d’habitations et en zone protégée (liste ci-dessous).

Il est urgent d’inclure ces décharges dans le Plan national de résorption des décharges littorales historiques présentant un risque de relargage en mer, avec un co-financement de l’Etat, des départements et des communes. Entre 1967 et 1988, la Bretagne a été sinistrée par les marées noires du Torrey Canyon, du Gironde, de l‘Olympic Bravery, du Boehlen, de l’Amoco Cadiz, du Tanio et de l‘Amazzone, soit 370.000 tonnes environ d’hydrocarbures.

La marée de l’Erika en 1999 a été une rupture dans la gestion des déchets : les sites de transit en haut de plage ont été consignés, protégés par des géomembranes sur les flancs et dans les fonds, vidangés au bout de quelques mois et regroupés dans le site collectif de traitement à Donges dans l’estuaire de la Loire. Robin des Bois à cette occasion avait insisté pour que les 6000 tonnes de déchets de l’Amoco Cadiz stockés à proximité depuis 1978 dans la plainte alluviale de la Loire soient traitées en même temps que les déchets de l’Erika mais Total s’y est opposé. Les 6000 tonnes sont aujourd’hui, en 2025, toujours sur place.

Les séquelles des marées noires ne sont pas seulement concentrées sur le littoral de la Bretagne, de la Loire-Atlantique, de la Seine-Maritime. Elles proviennent aussi des épaves. Il reste environ 5000 tonnes de pétrole dans la partie avant du Tanio immergée par 80 mètres de fond. Des suintements intermittents parviennent sur les plages du Finistère et engluent des oiseaux de mer. Les fuites sont colmatées au fur et à mesure par les moyens de la Marine nationale mais l’épave continue de perdre son intégrité et de rouiller. Il est aussi urgent de pomper ce pétrole qui constitue un risque majeur de pollution. D’autres épaves de la Seconde Guerre mondiale ou de naufrages en temps de paix doivent être surveillées et les résultats communiqués avec toute la transparence nécessaire. Pour l’instant, les suivis des épaves de l’Henriette Bravo qui a coulé avec 2800 tonnes de déchets de l’Amoco Cadiz et du Gino qui contient encore des milliers de mètres cubes de pétrole raffiné restent confidentiels. Même si les fuites en provenance de ces épaves ne parviennent pas sur le littoral, elles sont une source supplémentaire de contamination des écosystèmes et des chaînes alimentaires marines.

DÉCHARGES AVÉRÉES DE DÉCHETS DE MARÉES NOIRES EN BORDURE LITTORALE

FINISTÈRE

– Esquibien (Kernod), chemin pédestre, située en bordure littorale, zone Natura 2000.
– Esquibien (Landrevet), habitations à 50 m, située en bordure littorale.
– Esquibien (Plage de Sainte Evette), habitations à 50 m, située en bordure littorale, site inscrit.
– Esquibien (Pouldu), habitations à 50 m, située en bordure littorale, zone humide et 2 ruisseaux à proximité.
– Locquirec (Moulin de la Rive), pique-nique, habitations à 30 m, située en bordure littorale, ruisseau et zone humide en zone est.
– Plouarzel (Porscuidic), parking, habitations à 100 m, située en bordure littorale, ruisseaux et petite zone humide, Zone de Protection Spéciale (ZPS) et zone Natura 2000.
– Plouescat (Port de Pors Gwen), habitations à 0 m, située en bordure littorale, Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO), Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) 2.
– Plouhinec (Dunes de Kersiny), chemin pédestre, habitations à 100 m, située en bordure littorale.
– Plouhinec (Plage de Mesperleuc), chemin pédestre, habitations à 150 m, située en bordure littorale, exutoire caniveau.
– Primelon (Le Loch), chemin pédestre, habitations à 50 m, située en bordure littorale, zone Natura 2000.
– Roscoff (Perharidy), chemin pédestre, habitations à 100 m, située en bordure littorale, Zone de Protection Spéciale (ZPS).

 

CÔTES D’ARMOR

– Bréhat (Pointe du Paon), landes, située en bordure littorale, ZNIEFF 1, ZPS.
– Erquy (Caroual Ouest), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale, ZNIEFF 1.
– Erquy (Parking Caroual), parking, habitations à proximité, située en bordure littorale, ZPS.
– Perros-Guirrec (Port de Ploumanac’h), habitations à proximité, située en bordure littorale, zone Natura 2000.
– Plestin-les-Grèves (Toul an Héry), aire des gens du voyage, habitations à proximité, située en bordure littorale, en bordure d’estuaire du Douron.
– Pleubian (Brestan), chemin pédestre, située en bordure littorale, site inscrit, ZICO, zone Natura 2000, ZNIEFF 1, ZPS.
– Pleubian (Kermagen), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale, ZICO, zone Natura 2000, ZNIEFF 1, ZPS.
– Pleubian (Le Yelog), chemin pédestre, située en bordure littorale, en bordure de zone inondable, zone Natura 2000, ZNIEFF 1, ZPS.
– Pleubian (Port Béni), aire de jeux, habitations à proximité, située en bordure littorale, ZICO, zone Natura 2000, ZNIEFF 2, ZPS.
– Pleumeur-Bodou (Ile Grande Port Blanc), chemin pédestre, située en bordure littorale, zone Natura 2000.
– Ploubazlanec (Anse de Gouern), cultures, habitations à proximité, située en bordure littorale, ZICO, zone Natura 2000, ZPS.
– Ploubazlanec (Launay), parking, habitations à proximité, située en bordure littorale, ancienne zone humide, site inscrit.
– Ploubazlanec (Lezvellec), friche, habitations à proximité, située en bordure littorale, zone humide, site inscrit.
– Ploubazlanec (Porz Dun Kerroch), camping, habitations à proximité, située en bordure littorale.
– Plougrescant (Gouermel), centre aéré, habitations à proximité, située en bordure littorale, en bordure de marais, site inscrit, zone Natura 2000, ZNIEFF 1, ZPS.
– Plougrescant (Guermeur), élevage, habitations à proximité, située en bordure littorale, site inscrit, zone Natura 2000, ZPS.
– Plougrescant (Le Gouffre), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale, site classé, zone Natura 2000, ZNIEFF 1, ZPS.
– Plougrescant (Pointe du Château), cultures, habitations à proximité, située en bordure littorale, site classé, ZICO, zone Natura 2000, ZPS.
– Plougrescant (Pors-Bugalé Est), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale, site classé, ZICO, zone Natura 2000, ZPS.
– Plougrescant (Raluzet Ralevy), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale, en bordure de zone humide, site classé, zone Natura 2000, ZNIEFF 1, ZPS.
– Trébeurden (Grand parking Grand Marais), parking, située en bordure littorale, en bordure de marais, site classé, zone Natura 2000, ZNIEFF 2.
– Trébeurden (Marais de Notenno D21), marais, habitations à proximité, située en bordure littorale, marais recouvert par la marée, site classé, zone Natura 2000, ZNIEFF 1.
– Trébeurden (Marais de Notenno), chemin pédestre, située en bordure littorale, marais recouvert par la marée, site classé, zone Natura 2000, ZNIEFF 1.
– Trédrez (Plage du Notigou), parking, habitations à proximité, située en bordure littorale.
– Trédrez (Pointe du Dourven), espace vert, située en bordure littorale, espace littoral remarquable.
– Trégastel (Grève Blanche), habitations à proximité, située en bordure littorale.
– Trégastel (Le Grannec), landes, située en bordure littorale, zone Natura 2000.
– Trégastel (Poul Palud), terrain de sport, située en bordure littorale, ancien marais bordé par une lagune, zone Natura 2000.
– Trélévern (Nantouar), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale.
– Trévou-Tréguignec (Le Rocher Royau), pique-nique, habitations à proximité, située en bordure littorale, zone Natura 2000, ZPS.
– Trévou-Tréguignec (Marais du Royau), chemin pédestre, habitations à proximité, située en bordure littorale, en bordure de zone humide, zone Natura 2000, ZPS.
– Trévou-Tréguignec (Parking Le Royau), parking, habitations à proximité, située en bordure littorale, zone Natura 2000, ZPS.

DECHETS DE MAREES NOIRES HISTORIQUES
ELEMENTS CHRONOLOGIQUES

Décembre 1994
Premier “Inventaire des sites de stockage des déchets de marées noires” du BRGM. Ce rapport reste enfoui dans les tiroirs et s’efface des mémoires. Robin des Bois pendant sa tournée des sites de transit des déchets de l’Erika en 2000 en a été destinataire.
9 mars 1998
Communiqué de Robin des Bois, “Bon anniversaire ! L’Amoco Cadiz et le Torrey Canyon bougent encore”.
https://robindesbois.org/bon-anniversaire-lamoco-cadiz-et-le-torrey-canyon-bougent-encore/
17 février 2000
Communiqué “Du Torrey Canyon à l’Erika“, Robin des Bois rend public une première liste de sites de stockage de déchets des anciennes marées noires se basant notamment sur le rapport du BRGM de 1994.
https://robindesbois.org/du-torrey-canyon-a-lerika/
21 février 2000
Courriers de Robin des Bois aux maires de Bréhat, Plougrescant, Penvénan, Trévou-Tréguignec, Perros-Guirec, Ploubazlanec, Pleubian et Plougasnou rappelant que des dépôts de déchets de marées noires ont été improvisés sur le territoire de leur commune, sans aucun arrêté préfectoral, et leur demandant de prendre des mesures d’urgence pour signaler l’existence de ces décharges à l’attention du public et d’en appeler aux pouvoirs publics compétents pour que soit effectuée une évaluation des impacts environnementaux et sanitaires et que les déchets soient extraits, stockés et traités selon les mêmes procédures techniques que les déchets de l’Erika.
28 février 2000
Le CIADT (Comité Interministériel pour l’Aménagement et le Développement du Territoire) décide d’attribuer une allocation de 20 millions de francs (3 millions d’euros) pour réaliser des investigations, des travaux de sécurité et une surveillance des sites “de stockage des déchets des marées noires précédentes” (anté-Erika).
A cause des réticences renouvelées des élus bretons pourtant regroupés au sein de Vigipol et des cafouillages du ministère de l’Environnement, cette dotation budgétaire pourtant arrivée au Trésor public de Rennes n’a pas été utilisée.
14 mars 2000
Communiqué de Robin des Bois “L’Amoco Cadiz sur les bords de Seine”. L’association révèle la présence de déchets de l’Amoco Cadiz dans la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine.
https://robindesbois.org/lamoco-cadiz-sur-les-bords-de-seine/
Un arrêté préfectoral du préfet de la Seine-Maritime impose immédiatement au Port Autonome du Havre de caractériser l’impact et la nature des produits présents sur ses terrains.
Novembre 2000-juillet 2001
Extraction et élimination des déchets de l’Amoco Cadiz entreposés à la Rochelle.
Janvier/ février 2003
Série de courriers de Robin des Bois à des maires notamment Plogoff, Porspoder, Trévou-Tréguignec, Locquirec, Ile de Bréhat.
14 mars 2006
Communiqué et cartographie Robin des Bois “18 mars 1967 Torrey Canyon – 16 mars 1978 Amoco Cadiz – Les sites de stockage de marées noires.”
https://robindesbois.org/wp-content/uploads/2015/01/dechetsmareesnoires.pdf
18 mars 2007
Robin des Bois porte plainte contre X pour délit d’abandon de déchets dangereux (les déchets des marées noires historiques), délit d’exploitation d’une installation classée sans autorisation, délit de pollution des eaux superficielles et souterraines et d’abandon de déchets sur les plages auprès des Procureurs de la République des Tribunaux des Grande Instance de Brest, de Morlaix, de Guingamp, de Saint-Brieuc et de Quimper. Ces plaintes ont été classées sans suite pour “infraction insuffisamment caractérisée”.
6 janvier 2009
Jean-Louis Borloo, ministre d’Etat, et Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’état chargée de l’Ecologie, ont saisi le BRGM pour qu’il établisse un inventaire exhaustif de l’ensemble des sites de stockage de marées noires, notamment ceux situés dans les départements du Finistère et des Côtes d’Armor.
Le protocole des investigations fait l’objet d’une concertation entre Robin des Bois et le BRGM.
13 avril 2010
Création de la rubrique ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement) 2719 “Installation temporaire de transit de déchets issus de pollutions accidentelles marines ou fluviales ou de déchets issus de catastrophes naturelles” qui soumet à déclaration tout entreposage supérieur à 100 m3.
Novembre 2011
Achèvement des travaux de dépollution des 4 fosses de stockage de déchets du Torrey Canyon, de l’Amoco Cadiz et du Tanio sur l’Ile d’Er.
Octobre 2012
Publication du rapport du BRGM “Programme post Grenelle – Action Post Marées Noires – Actualisation de l’inventaire des sites de stockage de déchets de marées noires – Départements des Côtes d’Armor (22) et du Finistère (29)”
Mars 2015
Publication du rapport du BRGM “Actualisation de l’inventaire des sites de stockage des déchets de marées noires – Côtes d’Armor (22) et Finistère (29).”
14 mars 2018
Communiqué de Robin des Bois et nouvelle cartographie “Les déchets de l’« Amoco Cadiz » et « autres » comme si vous y étiez”.
https://robindesbois.org/devoir-memoire-dechets-marees-noires/

 

 

 

 

 

 

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06 février 2025 ~ 0 Commentaire

Bretagne Santé

Bretagne Santé
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Bretagne…en lutte pour la santé

Après Carhaix (29), il y a deux mois et l’immense rassemblement en défense des urgences de l’hôpital et la fin des poursuites policières et judiciaires contre les défenderesses et défenseurs de ce service indispensable, c’est à Guimgamp (22) que le combat continue pour la réouverture de la maternité de l’hôpital public et pour le droit à l’accès à la santé publique.

En Bretagne, et particulièrement dans un grand nombre de petites villes et en ruralité, l’accès à la santé et aux soins devient de plus en plus une course d’obstacles comme l’ont démontré les témoignages lus ce samedi 1er février, issus des cahier de doléances.

Toutes les interventions des syndicats ( intersyndicale du 22 et sud santé/sociaux du 29), du comité de vigilance de Carhaix, des comités de défense des hôpitaux (Lannion, Douarnenez, Pontivy, Concarneau, Carhaix, St malo/Dinan, Landerneau) comme celles de la député FI de la circonscription ou PS de Carhaix, dénoncèrent la marchandisation de la santé et la dégradation de l’accés aux soins publics au profit du privé.

Ce sont aussi les représentants des 57 maires du pays d’ Armor, signataires d’un arrêté pour enjoindre l’état à agir sur le sujet de la santé et qui , pour cela , ont été convoqué au tribunal administratif de rennes qui ont témoigné de leur volonté de défendre la santé sur leur territoire.

Précédés par les tracteurs de la confédération paysanne qui arboraient aussi un magnifique drapeau cubain dont l’ambassadeur s’est déplacé, il y a quelques temps, pour proposer les services médicaux de son pays ce sont 2000 à 2500 personnes qui ont arpenté les rues de Gwengamp.

Une manif dynamique et colorée regroupant des délégations de toute la Bretagne avec bien entendu la CGT et Solidaires, partis comme la FI, le PCF, les JC, l’UDB, la gauche indépendantiste, 1 drapeau du PS et bien sûr une belle délégation du NPA l’Anticapitaliste Bretagne ( organisation appelante).

Aux rythmes des slogans scandés comme «du fric, du fric pour l’hôpital public», «contre le capital défendons l’hôpital», «les cotisations sont à nous c’est à nous de décider» «Guimgamp, Lannion, Carhaix Résistance» ou encore le très repris «Nos vies valent plus que leurs profits» la manif a défilé pendant 2 heures pour se terminer devant la mairie.

D’évidence ces luttes ne s’arrêteront pas. La détermination est grande pour la réouverture des urgences, des maternités et de l’accès aux soins comme l’a exprimé Gaël Roblin,conseiller municipal d’opposition à Gwengamp et un des initiateurs du collectif organisateur «Initiative Armor santé yech’hed mat »

«La Bretagne des bourgs comme des tours doit pouvoir avoir accès à la chaîne des soins H24 depuis la naissance jusqu’à la mort. C’est une question d’égalité, une question de dignité. C’est un choix de société. C’est le notre. Notre santé c’est notre seul capital. Nos vies valent plus que leurs profits et leurs économies. Restons unis, combatifs, inventifs… et déterminé.es »

Jusqu’à la victoire, toujours !

Correspondant Bretagne

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31 janvier 2025 ~ 0 Commentaire

Inondations

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Inondations, la faute à la météo ?

Depuis plusieurs jours Rennes et sa région connaissent un épisode pluvieux inédit et intense entraînant des crues des cours d’eau sans précédent depuis des décennies.

Plusieurs rues proches du canal d’Ille-et-Rance ont été sérieusement touchées, et des centaines d’habitantEs ont été évacuéEs dans des centres d’hébergement de la Croix-Rouge. Guipry-Messac est également sous les eaux avec une crue record, et Redon va recevoir l’onde de crue de l’ensemble du bassin versant d’ici la fin de semaine. Le NPA Rennes exprime bien évidemment toute sa solidarité envers ces personnes sinistrées et salue l’engagement du SDIS 35 et de tous les personnels mobilisés pour répondre à cette catastrophe… « naturelle » ? Pas tout à fait.

Urbanisation galopante en zones inondables

Rennes connaît depuis quelques années maintenant une urbanisation galopante. Il ne fallait pas être grand clerc pour supposer que certains terrains seraient largement submersibles aux premières fortes pluies. Aux abords des prairies Saint-Martin, dans le quartier de Confluence… les nouveaux immeubles fleurissent et les grues sont toujours en activité.

Avec 10 000 habitantEs en plus depuis 2015, dû à une hausse du solde naturel mais surtout à une arrivée massive d’habitantEs en lien étroit avec la ligne de train à grande vitesse, la municipalité construit à tout-va. Le Plan local de l’habitat en cours prévoit de livrer 30 000 logements supplémentaires pour la période 2023-2028, dont plus de la moitié dans le cœur de la métropole. Ce sont 188 hectares qui ont été artificialisés entre 2011 et 2017.

La topographie de la ville ne laissant que peu de choix, les constructions se font donc en pleines zones inondables en proximité de la Vilaine ou des canaux. Des besoins fonciers qui font le bonheur des promoteurs immobiliers de la région (Giboire) et des entreprises du monde du béton (Lafarge).

Destruction du bocage

Une artificialisation des terres et une bétonisation qui est par ailleurs largement soutenue par la municipalité et par Rennes Métropole à travers ses projets de la Prévalaye, de Via Silva ou encore d’extension, voire de construction d’un nouveau stade de foot. Avec la destruction de ces terres arables, de ces haies, de ces petits hectares de bocage en ceinture de la métropole, c’est tout un écosystème permettant de retenir les eaux pluviales qui est détruit chaque année par l’équipe municipale et les promoteurs.

Facture payée par les plus pauvres

Des épisodes climatiques inédits de ce type se multiplieront ces prochaines années face à l’inaction politique et la fuite en avant du capitalisme et des gouvernements à son service. En 2020, l’Agence européenne pour l’environnement annonçait déjà : « Dans ce scénario le plus optimiste, sur la côte ouest en France, les risques d’inondations seront près de 200 fois plus importants qu’en 2010 ». Et à Rennes, comme partout dans le monde, la facture est payée par les populations les plus vulnérables tandis que promoteurs immobiliers, entreprises du béton et compagnies d’assurances s’enrichissent sur ces crises.

Les inondations de Rennes ne sont pas « la faute à pas de chance », elles sont le résultat de l’aménagement capitaliste des espaces. L’aménagement doit être pensé en fonction de l’environnement et non plus des profits. Pour réduire les inondations, il est aussi essentiel de limiter au maximum le réchauffement climatique par une décroissance écosocialiste de la production. Tout Rennes coule ? À nous d’inonder le système capitaliste !

NPA Rennes

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