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19 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Konkerne (FR3)

Le Trévignon est l'un des 14 thoniers senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO). Il pêche le thon dans l'Océan Indien.
Le Trévignon est l’un des 14 thoniers senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO). Il pêche le thon dans l’Océan Indien. • © MARCEL MOCHET / AFP

À Concarneau, la filière de la pêche au thon tropical en voie de disparition ?

Activité historique à Concarneau, les armements de pêche au thon tropical sont dans la tourmente. Après la disparition de celui de Via Océan, ex-Saupiquet au début de l’année, la compagnie Française du Thon Océanique (CFTO), elle aussi basée à Concarneau, a annoncé cette semaine un plan d’économies drastiques avec notamment une baisse de 30 % des salaires des marins.

Réunion de crise à Concarneau ce vendredi 17 mai 2024 : une vingtaine de marins de la Compagnie française du thon océanique (CFTO) se sont retrouvés au cours d’une assemblée générale à l’appel de la CFDT.

Ils viennent d’apprendre que leur employeur envisage de réduire leur salaire brut de 30 % pour tenter de redresser les comptes de l’entreprise. Autres mesures sur la table des négociations : la diminution des vivres à bord des navires, l’arrêt des fournitures de tabac… Et pour économiser du gazole, la compagnie veut allonger la durée des campagnes de pêche.

15 millions d’euros de perte en 5 ans

Un plan d’économies annoncé cette semaine, en raison « de difficultés historiques » qui « ont durement et durablement impacté l’entreprise« . Forte de 15 thoniers (dont l’un sous pavillon italien), la CFTO a enregistré près de 30 millions d’euros de pertes nettes en 2020 et 2021, et n’a plus publié ses résultats depuis.

Si on diminue leur salaire de 30 %, [les marins] iront voir ailleurs.

Denis Jutteau Délégué CFDT à la CFTO

Les 260 marins de la CFTO seraient prêts à faire des concessions selon la CFDT, mais ils ne veulent pas être la seule variable d’ajustement.

« Pour l’instant, la seule chose qu’ils sont prêts à faire, c’est d’augmenter de huit à dix semaines le temps d’embarquement, rapport Denis Jutteau, délégué CFDT à la CFTO. Ils sont prêts à faire des efforts en termes de salaire, mais 30 % ça ne passera jamais. Si on diminue leur salaire de 30 % ils iront voir ailleurs. »

La pêche au thon a été très rentable pendant très longtemps. Les marins étaient extrêmement bien payés. Patrice Guillotreau Economiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD)

Les déboires de la CFTO sont d’autant plus scrutés que l’armateur breton, pionnier de la pêche au thon dans l’Océan Indien, compte la plus grande flottille française du secteur. Un secteur qui subit désormais une profonde crise.

« La pêche au thon a été très rentable pendant très longtemps. Les marins étaient extrêmement bien payés« , rappelle Patrice Guillotreau, économiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). « Les conditions ont changé : c’est une pêche peut-être un peu plus coûteuse, le poisson est de plus petite taille et moins bien valorisé par les conserveries« , ajoute l’économiste.

À Concarneau, la fin d’une filière ?

Résultat, d’importants armements français sont menacés ou ont déjà mis la clef sous la porte à commencer par l’ex-voisin concarnois de la CFTO, Via Océan, anciennement nommé Saupiquet.

En février 2024, il annonçait la « cessation définitive » de l’activité de ses thoniers senneurs (des thonnier munis d’un long filet rectangulaire de 1,5 km de longueur et 150 à 200 m de hauteur permettant d’encercler les thons) dans l’Atlantique. À l’arrêt à Abidjan, les navires ont été mis en vente tandis que 58 salariés vont être licenciés.

Un peu plus tôt, en novembre 2023, c’est l’armateur réunionnais Sapmer qui révélait la cession de trois thoniers senneurs, sous pavillon mauricien, pour cause de baisse de ses quotas.

100 000 tonnes de thons par an, pêchés par la France

Avec 100.000 tonnes de thons capturés par an, cette filière est pourtant un acteur majeur de la pêche française : ses navires débarquent un quart des volumes de poissons pêchés sous pavillon français, selon l’organisation professionnelle Orthongel.

La crise du Covid puis la guerre en Ukraine ont cependant déstabilisé les armements en provoquant des tensions sur la chaîne logistique et une flambée du prix du gazole, qui représente « 35 % du chiffre d’affaires annuel d’un thonier senneur« , selon Xavier Leduc, président d’Orthongel.
Ces énormes navires congélateurs, de 80 mètres, voire 100 mètres de long, avec 25 marins à bord, consomment entre 10.000 et 12.000 litres de carburant par jour. Et les prix du thon, fixés sur un marché mondial, « n’ont pas compensé la hausse des coûts« , souligne Xavier Leduc.

Une filière européenne dans le viseur des ONG

Dans ce contexte économique tendu, les navires français et espagnols sont pointés du doigt par un groupe d’États côtiers de l’Océan Indien qui critiquent leur technique de pêche, basée sur le recours à des milliers de dispositifs de concentration de poissons (DCP).
Ces radeaux dérivants, équipés de balises GPS et d’écho-sondeurs, facilitent les captures en attirant les thons en grande quantité. Mais ils sont critiqués pour la pollution, les prises accessoires et les importantes captures de juvéniles qu’ils engendrent.

À terme, la pêcherie va être difficile à exploiter pour les Européens, car leur place est contestée. Patrice Guillotreau Economiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD)

Des ONG, comme l’association Bloom, dénoncent ainsi la pêche « destructrice » et « industrielle » pratiquée par les senneurs européens, alors que la ressource se fait rare dans l’Océan Indien, où les stocks de thon albacore et patudo sont fortement surpêchés.

« À terme, la pêcherie va être difficile à exploiter pour les Européens, car leur place est contestée« , remarque M. Guillotreau. Vendredi, la Commission thonière de l’Océan Indien (CTOI), réunie à Bangkok (Thaïlande), a adopté une résolution réduisant progressivement de 300 à 225 le nombre de DCP autorisés par navire d’ici à 2028. Des « efforts supplémentaires » qui « menacent très sérieusement la durabilité des entreprises fortement malmenées par les crises récentes« , a regretté Orthongel dans un communiqué.

  Manon Le Charpentier

19/05/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

Lire :

« La pêche française a diminué depuis 30 ans ». D’où vient le poisson qu’il y a dans nos assiettes ?

« On s’est laissé faire par la ratatouille des Sea Shepherd et compagnie », à Lorient, une nouvelle coalition pour défendre la pêche bretonne

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17 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Surpêche (FR3)

pêche

Mobilisation de la Compagnie des Pêches: : le projet d’un navire géant toujours sans accord de l’état, « les salariés sont vent debout »

Le navire géant de la Compagnie des Pêches de Saint-Malo, l’Annelies Ilena tarde à être en service. Salariés et direction organisent une manifestation, ce vendredi 17 mai. Objectif : dénoncer la lenteur de l’Etat, qui n’a toujours pas donné son accord. Hasard du calendrier, la tête de liste LR aux élections européennes, vient justement rendre visite aux employés.

Ras-le-bol général à la Compagnie des Pêches de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Ouvriers et direction manifestent, ce vendredi 17 mai, devant leur usine. Une mobilisation est prévue dès 16 heures par une cinquantaine d’employés. Tous profitent de la venue de François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux élections européennes, dès 15 heures, pour faire part de leur inquiétude concernant l’Annelies Ilena.

15 millions d’euros ont été investis pour aménager une usine de surimi à bord de ce chalutier géant, véritable mastodonte des mers. Problème : l’Etat n’a toujours pas validé le projet de la compagnie, empêchant la reprise d’activités. Le nouveau bateau de 145 mètres de long est destiné à remplacer le navire historique, le Joseph Roty II et son usine embarquée de production, pour juin 2024.

Environnement. « Un navire de l’enfer ! « . Des associations dénoncent l’investissement de la Compagnie des pêches de Saint-Malo dans le « plus gros chalutier du monde »

« Les salariés sont vent debout. L’Etat fait la sourde oreille, les employés n’en peuvent plus, nous n’avons aucune nouvelle. Que ce soit la direction ou les salariés, on est tous dans la même galère, dans l’attente d’une réponse », précise un responsable de l’entreprise. « François-Xavier Bellamy vient nous apporter son soutien, ça donne de l’écho à notre combat, mais il n’a aucun pouvoir décisionnaire, c’est sûr ».

Une activité au ralenti

L’autorisation de transfert des activités reste bloquée, alors que l’investissement a été réalisé. « La situation est critique. Il faut savoir que nous sommes les seuls quasiment dans ce domaine à avoir la maîtrise de la pêche du merlan bleu, jusqu’à la transformation en surimi », ajoute Florian Soisson, directeur général du groupe.

Nous prévoyons une perte de chiffre d’affaires de six millions d’euros cette année avec 30 marins en activité partielle et 160 emplois menacés.

Florian Soisson, directeur général de la Compagnie des Pêches Saint-Malo

Le groupe compte 350 collaborateurs. « Sans décision de l’état, les conséquences sont là. Nous prévoyons une perte de chiffre d’affaires de six millions d’euros cette année avec 30 marins en activité partielle et 160 emplois menacés », précise Florian Soisson.

Sans accord, mais avec des opposants

Le nouveau navire pourra traiter jusqu’à 400 000 kilos de poisson toutes les 24 heures, avec une capacité de stockage de 7 millions de kilos.

Un bénéfice pour l’entreprise, mais contesté par de nombreuses associations écologistes. Qualifié de « pilleur des mers » par les militants, le navire propriété d’une société néerlandaise, attend l’aval des autorités. Une réunion publique est prévue avec François-Xavier Bellamy dans la soirée.

Vincent Le Goff  17/05/2024

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15 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Bloom (LRLP)

pêche

Caroline Roose : “La Commission pêche de l’UE est dictée par les lobbyistes”

« Tout au long de mon mandat, je suis allée à la rencontre des pêcheurs artisanaux, et ils me disent qu’ils ne sont absolument pas entendus ni écoutés par le Comité national des pêches. Ils sont en mer quand il y a les votes. Il n’y a que les gros industriels qui ont les moyens humains d’avoir à la fois des hommes en mer et des personnes administratives qui sont sur les réunions. Vu l’historique de ce qu’il s’est passé avec la senne démersale (type de chalutage de fond), on s’aperçoit que seule la pêche industrielle est reconnue par le Comité national des pêches. »

Le Parlement européen est un lieu de compromis, le nombre d’États membres l’exige. Quand on s’approche de trop près des problématiques écologiques ou industrielles, on comprend rapidement les rouages d’une institution autour de laquelle une multitude de gens gravitent et avec qui il faut discuter. Caroline Roose, eurodéputée écologiste, dénonce aujourd’hui l’influence de l’industrie de la pêche dans les tractations politiques au Parlement européen.

Élue au Parlement européen en juin 2019, elle s’est orientée rapidement vers la Commission pêche. Rien de plus logique pour elle, son père était mécanicien bateau, elle-même a son diplôme de professionnel de la mer et a navigué. Engagée dans un combat pour l’écologie et la défense de la pêche artisanale, qui représente 98% de la flotte française, elle a fait de la préservation des ressources halieutiques une priorité, sachant qu’environnement et pêche sont les deux faces d’une même pièce. Elle s’est retrouvée au cœur des jeux de pouvoir entre lobbyistes et eurodéputés.

LR&LP : Pouvez-vous nous raconter vos débuts au Parlement européen et vos rapports aux lobbys ?

Caroline Roose : Au début de mon mandat, on avait beaucoup d’audits avec les lobbys. Ils venaient se présenter dans nos bureaux. C’est ma première mandature, je ne savais pas trop qui était lobbyiste et qui ne l’était pas. J’ai vu beaucoup de monde défiler. J’ai commencé à recevoir, par mail, des propositions de listes de votes, des propositions d’amendement. Tous les eurodéputés en reçoivent.

Aujourd’hui, j’ai beaucoup moins de contact avec les lobbyistes. Ce sont les députés européens qui leur donnent ou non de l’importance, si vous n’acceptez pas leurs arguments, si vous restez sur vos positions, ils viendront moins toquer à la porte de votre bureau.

Ils auront toujours tendance à vous attaquer avec des mails incendiaires. Ils envoient des contres arguments à d’autres groupes politiques pour contrer vos propositions. Ils essayent de mettre des doutes à certains propos ou idées que vous pourriez exprimer.

Caroline Roose, eurodéputée

LR&LP : Quels sont les principaux lobbys du secteur ?

Caroline Roose : Le principal lobby est Europêche. Je les ai d’ailleurs reçus lors de mon rapport d’initiative (texte préalable à un dépôt de résolution devant le Parlement). Ils étaient très étonnés de ma proposition. Une écologiste qui reçoit un lobby ce n’est pas conventionnel. Mais je restais dans ma logique de dialogue et de construction.

Un autre lobby important avec qui j’ai été en contact est le lobby du chalutage de fond espagnol qui, lorsque l’on a proposé l’interdiction de cette technique de pêche dans les aires marines protégées, m’a interpellé en me disant que j’allais « détruire la pêche ». Alors même que nous proposions un accompagnement des pêcheurs et une interdiction progressive.

LR&LP : Quel est l’ampleur de leur influence ?

Caroline Roose : Pour vous donner un exemple, durant chaque mandature, les différentes Commissions conçoivent des Plans d’action, c’est à dire des listes d’engagements qu’elles sont obligées de respecter. Fin 2023, un Plan d’action qui a pour but de fixer un cap pour la protection des océans et la justice sociale dans le secteur a été déposé. À la suite de sa publication, le PPE (Parti populaire européen, droite libérale) a obtenu un rapport d’initiative, qui lui permet de proposer au Parlement des modifications du texte originel. Leur but était de contrecarrer les volontés de la Commission.

On a alors reçu un certain nombre de propositions d’amendements par les ONG et les lobbys, notamment Europêche. En parcourant le rapport d’initiative, je me suis rendue compte avoir déjà lu les amendements qui y étaient inscrits. J’ai repris le mail d’Europêche, le rapporteur avait fait un copier-coller, au mot prêt, des amendements du lobby. La ligne officielle du groupe majoritaire (Parti Populaire Européen) au Parlement est donc calquée sur Europêche.

Rassemblement National, ECR (Conservateurs et Réformistes européens) et PPE votent d’ailleurs tout le temps la même chose. Ils sont sur une ligne pro pêche industrielle.

(Le Parlement a fini par voter en faveur de ce rapport d’initiative, qui supprimait les engagements environnementaux du Plan d’action, le 18 janvier 2024, ndlr.)

LR&LP : Et à l’échelle française, qui tire les ficelles ?

Caroline Roose : Le Comité national des pêches, l’équivalent de la FNSEA. Lorsque l’Union européenne a dévoilé son Plan d’action de lutte contre les techniques de pêche destructrice début 2023, les pressions de ses représentants sont montées en puissance.

On parle de chalutage de fond, d’interdiction progressive de pêcher dans les aires marines protégées. Ce plan n’était ni contraignant, ni un texte de loi, mais uniquement des recommandations envers les États membres. Cela a provoqué leur gronde. Le message politique a été manipulé.

Le président de la Commission pêche, Pierre Karleskind (macroniste du groupe Renaissance), avec l’aide du président du Comité national des pêches Olivier le Nézet, ont fait escalader l’agressivité des pêcheurs, expliquant que l’on allait détruire le secteur. On s’est retrouvés avec l’Office Français de la Biodiversité qui a brûlé à Brest.

Bloom (LRLP) dans Altermondialisme la-releve-et-la-peste-edition-media-independant-incendie-brest-sdis29

LR&LP : Olivier le Nézet cumule au moins vingt-quatre mandats. Il est à la tête du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (ou Comité national des pêches) – l’équivalent de la FNSEA chez les agriculteurs – mais aussi de ses échelons locaux en Bretagne. Il est également président du port de Lorient, le premier port de pêche breton et le deuxième au niveau national. À ce titre, il est cogestionnaire d’un gigaport industriel en développement à Duqm dans le sultanat d’Oman. En a-t-il profité pour accentuer la pression ?

Caroline Roose : Après l’événement à Brest, il est monté à Bruxelles voir le Commissaire européen. Quand il est revenu de Belgique, il s’est posé en sauveur de la pêche et expliqué qu’il n’y aura pas de Plan d’action.

LR&LP : C’est à ce moment-là que des menaces spécifiques envers votre personne ont été émises ?

Caroline Roose : En Commission pêche, comme dans toutes celles du Parlement Européen, nous avons des missions officielles durant notre mandat. Cela consiste à aller sur le terrain pour analyser l’état actuel du secteur. Un député par groupe politique est présent. On a toujours un président de délégation.

Une mission officielle du Parlement européen en Bretagne était prévue en avril 2023. Durant celle-ci, le président de délégation était Pierre Karleskind (eurodéputé macroniste du groupe Renaissance), mais nous nous sommes aperçus qu’elle était gérée au niveau local et national par Olivier Le Nézet. Il était présent partout.

Au début de la mission, Monsieur Le Nézet me faisait part dans mon oreille de certaines phrases. Jusque-là, c’était tendu sans être très agressif. Je me suis retrouvée en sa compagnie sur un bateau de pêche sur lequel ma présence n’était pas prévue. Il m’a dit alors qu’il allait reprendre les votes des députés, les transmettre aux pêcheurs et « vous vous arrangerez avec eux ».

Pour finir, le soir de l’avant-dernier jour de la mission, alors que je suis sortie en mer plus tôt avec Sea Shepherd, Olivier le Nezet m’a dit « les députés qui travaillent avec des ONG extrémistes, on va leur cramer leurs maisons ».

la-releve-et-la-peste-edition-media-independant-olivier-le-nezet dans Luttes paysannes et alimentation

LR&LP : Comment avez-vous réagi ?

Caroline Roose : J’en ai parlé au président de la Commission pêche, Pierre Karleskind, qui m’a répondu : « oui c’est vrai, hier soir, Olivier était lourd ». Mais il n’était plus simplement lourd, il était menaçant. Dans le rapport de la mission parlementaire, j’ai notifié les menaces d’Olivier Le Nézet, ce à quoi Pierre Karleskind a réagi en disant : « je ne pensais pas que cela avait été jusque-là ». En l’absence de réaction, j’ai déposé une main-courante auprès de la gendarmerie.

La suite de l’histoire est connue, Pierre Karlesnkind, eurodéputé Renaissance, et Hervé Berville (secrétaire d’État à la mer et à la biodiversité) ont obtenu le recul de la Commission pêche, qui a assuré qu’elle n’imposera pas d’interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées.

LR&LP : Pierre Karlesnkind et Hervé Berville ne réfléchissent qu’à travers les doléances de la pêche industrielle, ils n’ont jamais les échos des pêcheurs artisanaux ?

Caroline Roose : Jamais ! Tout au long de mon mandat, je suis allée à la rencontre des pêcheurs artisanaux, et ils me disent qu’ils ne sont absolument pas entendus ni écoutés par le Comité national des pêches. Ils sont en mer quand il y a les votes. Il n’y a que les gros industriels qui ont les moyens humains d’avoir à la fois des hommes en mer et des personnes administratives qui sont sur les réunions.

Vu l’historique de ce qu’il s’est passé avec la senne démersale (type de chalutage de fond), on s’aperçoit que seule la pêche industrielle est reconnue par le Comité national des pêches.

LR&LP : Pourtant, la régulation de la pêche industrielle est une question de justice sociale pour les pêcheurs artisanaux, majoritaires dans le pays ?  

Caroline Roose : Quand on montre à Pierre Karlesnkind ou Hervé Berville les chiffres dévastateurs des techniques de pêche industrielle, quand on leur explique les dégâts que vont provoquer leur non-régulation, leur seule réponse est « il ne faut pas penser qu’à l’environnement ». Mais la pêche et l’environnement vont de pair. Le premier ne peut exister sans l’autre. Si on continue à pêcher comme cela, un jour, il n’y aura plus du tout de pêcheur.

Les pêcheurs artisanaux subissent cette absence de politique protectrice. Après le passage des chalutiers industriels, les zones sont vidées de toute biodiversité. Les pêcheurs n’ont plus de ressources.

Florian Grenon Photographie: Bloom 14 mai 2024

https://lareleveetlapeste.fr/

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07 avril 2024 ~ 0 Commentaire

Plastique (FR3)

Plastique (FR3) dans Altermondialisme 5edf77c6d2fb0_ftv0850-00_00_04_00-4153586

© C.François France Televisions

Nettoyer les déchets sur les plages, pour quoi faire ?

La Fondation Surf Rider organise ce week-end des campagnes citoyennes de collecte des déchets sur le littoral. Elle livre aussi les conclusions de son étude sur la « vague de plastiques » qui submerge l’environnement et menace notre santé. Dans son palmarès, les déchets les plus collectés sur nos plages sont : les mégots de cigarette, les fragments de plastique, les polystyrènes, et les morceaux de filet de pêche en plastique.

En Bretagne, des bénévoles de la fondation Surf Rider ont retroussé leurs manches à Saint-Malo samedi 6 avril, et ce dimanche, c’est Rennes qui prend relai pour ramasser les détritus au sol. En effet, Rennes s’avère presque une ville du littoral pour ce qui est des déchets : voyageant des trottoirs aux eaux pluviales, puis dans les cours d’eau, les canettes de soda et autres bouchons plastiques finissent rapidement, et inévitablement, dans la mer.

Un camion-poubelle de plastique par minute

Dans les océans, l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de déchets plastiques se déverse chaque minute. À Saint-Malo comme ailleurs, difficile de trouver une parcelle de plage qui ne soit pas souillée pour un détritus.

La Fondation Surf Rider connaît bien l’ampleur de la tâche, ramasser et recommencer inlassablement. Mais elle souligne l’intérêt des données qu’elle collecte pendant les campagnes de ramassage, en classant les déchets, retrouvés sur le littoral français, selon leur nature, et en calculant les quantités pour chacun. « Ces données constituent des preuves précieuses capables d’influencer les décideurs publics « , estime-t-elle.

L’association fournit sur son site internet les fiches papier ou une application numérique pour renseigner et centraliser les données sur les déchets trouvés.

Chaque année, un palmarès des déchets est établi. En 2023, les mégots de cigarettes ont ainsi conservé leur titre de déchet numéro 1 sur le littoral. Plus de 1,5 million ont été ramassés l’an dernier en France, ce déchet est retrouvé dans 88 % des collectes de l’association Surf Rider.

Viennent ensuite les fragments de plastique, que Surf Rider classe dans cette catégorie lorsqu’ils mesurent entre 2,5 à 50 cm, sans inclure les sacs plastique et morceaux de sacs. Les glaneurs de déchets retrouvent,  en troisième position, les emballages en polystyrène qui servent, par exemple, au conditionnement du poisson et de la viande, mais aussi à l’emballage des objets divers commandés sur internet et livrés à domicile.  Enfin, la quatrième place de cet inventaire revient aux morceaux de filets de pêche en plastique, souvent d’un vert vif, facile à repérer mais difficile à extraire dans les algues sur les plages.

Les billes de plastiques échouées, spécialité régionale

Les pellets, ces billes en plastique de la taille d’une lentille, s’échouent régulièrement en Bretagne et en Espagne, dans les régions de la Galice et de Tarragone, selon la Fondation Surf Rider.  En 2022 et 2023, une « arrivée massive » de ces granulés plastiques a été constatée à Plouarzel dans le Nord-Finistère, et dans le pays Bigouden (à Tréffiagat, Plomeur, Le Guilvinec et Penmarc’h ).

Également appelés larmes de sirènes, ils servent à fabriquer les objets en plastique dans les usines. Leur diffusion dans l’environnement peut être occasionnée durant leur transformation, leur transport maritime ou terrestre, ou par des « fuites » pendant qu’ils sont stockés. Très légers, les granulés de plastique industriels (GPI) sont facilement dispersés par le vent et la pluie.

Ils entrent alors dans la chaîne alimentaire, après avoir été ingérés par les oiseaux et animaux marins. En 2018, un rapport de la Commission européenne estimait à 160 000 tonnes la masse de ces billes « perdues » chaque année dans la nature.

« Couper le robinet du plastique »

Face à ce que les scientifiques qualifient désormais de  « bombe à retardement », les stratégies envisagées pour endiguer la pollution au plastique divergent : concentrer les efforts sur la collecte et le recyclage des emballages, comme le préconise le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)   ou stopper progressivement la production mondiale de plastique en ne la réservant qu’à certains secteurs (médecine, défense…), comme le réclament les ONG de protection de l’environnement.

Pour le spécialiste Baptiste Monsaingeon, maître de conférences à l’université Reims-Champagne-Ardenne et auteur d’Homo detritus, critique de la société du déchet (2017), « l’enjeu n’est pas tant de nettoyer la surface des océans que de couper le robinet de production des plastiques. Sinon, tout va recommencer inlassablement. »

Myriam Thiébaut  07/04/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

Lire aussi:

Succès pour le défi plastique

L’association fournit sur son site internet les fiches papier ou une application numérique pour renseigner et centraliser les données sur les déchets trouvés.

En 2022 et 2023, une « arrivée massive » de ces granulés plastiques a été constatée à Plouarzel dans le Nord-Finistère, et dans le pays Bigouden (à Tréffiagat, Plomeur, Le Guilvinec et Penmarc’h ).

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25 mars 2024 ~ 0 Commentaire

plomeur (FR3)

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Pompage illégal à Plomeur : en pleine fête des fleurs, échanges musclés entre des horticulteurs et des manifestants

Deux semaines après le début de la fête des fleurs à Plomeur, une violente altercation a opposé une trentaine de manifestants écologistes et des horticulteurs ce dimanche 24 mars. En cause : le pompage illégal dans un étang près d’une zone humide protégée. Les horticulteurs avaient déjà été mis en demeure par la Préfecture du Finistère un an plus tôt.

Les champs n’étaient pas les seuls à être fleuris ce dimanche 24 mars à La Torche. Les mots échangés entre des manifestants et des horticulteurs l’étaient tout autant. À tel point que les deux camps ont fini par en venir aux mains.

« Dégagez de chez moi !« , répètent inlassablement les deux responsables de l’exploitation Kaandorp devant les yeux médusés des visiteurs déambulant sous les serres et les parterres de tulipes et de jacinthes à l’occasion de la fête des fleurs.

En face, une trentaine de manifestants écologistes, banderole à la main, enceinte sur l’épaule, jouent au chat et à la souris avec les propriétaires. Ils viennent dénoncer le mode de culture et le pompage excessif dans l’étang voisin de Saint-Vio situé à un kilomètre de l’exploitation.

Exaspérés par cette intrusion des manifestants sur leur exploitation, les bulbiculteurs interviennent pour les expulser non sans quelques échanges de coups.

Pour Ard Kaandorp, l’un des responsables, c’est l’incompréhension. « On ne nous laisse pas travailler, on ne nous laisse pas vivre. L’eau pompée à Saint-Vio, je la paye au Conservatoire [du littoral] et au Conseil de l’eau et c’est déclaré tous les ans. Toutes les pompes ont un volumètre. Donc c’est faux de dire qu’on vole de l’eau ! » 

Jusqu’à 56 piscines olympiques prélevées par an

Cette société familiale hollandaise cultive des fleurs printanières à bulbe, tulipes, iris, narcisses et jacinthes sur la commune de Plomeur depuis les années 80.

Pour les irriguer, elle pompe chaque année entre 70 000 et 140 000 m³ d’eau, l’équivalent de 28 à 56 piscines olympiques, dans l’étang de Saint-Vio. Un étang qui alimente le marais de Loc’h ar Stang, une zone humide protégée, classée Natura 2000.  

« S’il y a toujours de l’eau dans l’étang, on a constaté un assèchement du marais voisin, explique Bernard Trebern, conservateur pour l’association Bretagne Vivante. Arrivée, l’eau ne passe plus vers le marais, parce que l’étang a trop baissé.

Trop sec, le milieu devient « défavorable » pour certaines espèces. « On a perdu plusieurs oiseaux qui ne viennent plus nicher dans le marais comme le butor ou des échassiers. La plus emblématique, c’est la barge à queue noire qui avant, était vraiment l’espèce phare de la baie d’Audierne. Elle a disparu depuis les années 2000, 2004. »

Un constat établi dès 2013 dans une étude hydro-écologique commandée par le conservatoire du littoral. Ce rapport préconise alors de réduire le pompage dans un premier temps et d’y mettre fin à moyen terme.

Une autorisation de prélèvement jamais demandée

Pourtant, « ce pompage existe depuis les années 60« , assure l’horticulteur. « Quand l’étang a été racheté par le Conservatoire du littoral, il a assuré la continuité d’une vieille convention qui autorisait ce pompage-là à l’entreprise agricole Kaandorp, arrivée là dans les années 80, explique de son côté Virginie Hervieux, membre de l’association Eaux et rivières de Bretagne. Cette convention, c’est quelque chose qui est différent de l’autorisation légale de prélèvement dans le milieu naturel qui doit être fait auprès des services de l’État. » Une autorisation qui n’a jamais été demandée par l’entreprise Kaandorp.

Une mise en demeure… et aucune sanction

Au printemps dernier, la Préfecture met en demeure l’entreprise pour qu’elle régularise enfin sa situation. Depuis, rien n’a été fait : aucune démarche n’a été réalisée par les exploitants qui indiquent simplement que les bureaux d’étude sollicités n’ont pas voulu les accompagner. Aucune sanction non plus du côté de l’État.

Les associations Bretagne vivante et Eau et rivières de Bretagne ont donc déposé plainte à l’automne dernier auprès de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) pour « non-respect de l’arrêté préfectoral et dégradation de zone humide« .

« On sait que tous les ans, les pompages démarrent à peu près à cette saison, au mois de mars, rappelle Virginie Hervieux. Tout ce qu’on espère, c’est qu’avec cette démarche, les pompages ne démarrent pas et que surtout l’état fasse son travail et arrête définitivement le prélèvement. »

Sommé de trouver une solution alternative, le responsable de Kaandorp se dit impuissant :

« Aujourd’hui pour trouver 100 000 m³ d’eau, c’est une retenue d’eau qu’il faut, moi financièrement, je ne peux pas la construire et même si je le fais, il y a tous les zadistes du coin qui vont débarquer pour s’assoir dedans. »

Cultivateurs comme associations en appellent aujourd’hui à l’État pour trouver une solution à un problème qui a manifestement déjà trop duré.

Gwenaelle Bron et Stéphane Soviller
  Manon Le Charpentier

24/03/2024

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05 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

dauphins (larlap)

dauphin

 Laurie Debove Photographie: Sea Shepherd France 2 novembre 2023

Dérogations pour permettre la pêche l’hiver : le gouvernement risquel’extinction des dauphins au mépris de la science

Fin octobre, un rapport de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a mis en cause le rôle des filets de fond dans la mort des cétacés.

La bataille pour sauver les dauphins du Golfe de Gascogne continue. A l’encontre de l’avis des scientifiques, du Conseil d’État et de l’Union Européenne, le gouvernement français accorde de nombreuses dérogations pour maintenir la pêche l’hiver dans le Golfe de Gascogne, alors que les captures accidentelles de cétacés menacent leur survie.

La survie de l’espèce en jeu

Depuis 1990, on estime que la pêche a causé la mort de 90 000 dauphins en Atlantique nord-est. La survie de l’espèce est en jeu, à tel point que 1 500 scientifiques s’étaient réunis pour demander la fermeture temporaire des zones de pêche les plus meurtrières.

Un avis suivi par la Commission Européenne et le Conseil d’État qui a ordonné au gouvernement, en mars 2023, de fermer chaque hiver les zones de pêche les plus destructrices pour réduire drastiquement les captures de Dauphins et petits cétacés.

Sea Shepherd France, France Nature Environnement et l’association de Défense des Milieux Aquatiques, les trois associations à l’origine du recours devant le Conseil d’État, attendaient donc avec impatience de voir comment le gouvernement allait réguler la situation.

Alors que le CIEM (Centre International d’Exploration Marine) et le Conseil d’État recommandaient de fermer les pêcheries 3 mois l’hiver et un mois l’été, le gouvernement a retenu une fermeture limitée à 30 jours l’hiver. Encore plus préoccupant, il autorise par de nombreuses dérogations la poursuite de la pêche.

« Cette décision arrive sans surprise mais elle me révolte, car cette année on a battu les records de 2019 et 2020 de 50% ! Fin juin, il y avait 1400 dauphins officiellement échoués sur la plage. Dans ce contexte, que l’État persiste à dire que les dispositifs acoustiques (pingers) sont suffisants, alors qu’il n’y a jamais eu autant de pingers et autant d’échouages, c’est aberrant ! » réagit Philippe Garcia, Président de l’association de de Défense des Milieux Aquatiques, pour La Relève et La Peste

Dans la même lignée, l’État permet aux bateaux équipés seulement de caméras de pouvoir continuer à pêcher, bien que les vidéos n’empêchent en rien les captures accidentelles. Le gouvernement justifie cette décision par l’importance de collecter des données sur l’ensemble de l’année.

Or, les données existent déjà et dressent un tableau de plus en plus alarmant sur la situation. Un constat dressé par le CIEM qui a baissé le plafond de 4900 dauphins échoués menaçant la survie de l’espèce il y a quelques années, à 950 actuellement.

Une décision politique

Fin octobre, un rapport de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a mis en cause le rôle des filets de fond dans la mort des cétacés.

« A l’époque, on pensait que les chaluts pélagiques provoquaient le plus de dégâts. Le rapport de l’Ifremer démontre la responsabilité des filets tramails et des filets pêche-tout. Avec l’amélioration des techniques sur les nylons, les fabricants ont créé des filets qui flottent de plus en plus haut dans la colonne d’eau, jusqu’à plusieurs mètres de hauteur, là où avant ils montaient de seulement 80cm. Cette innovation technologique a entraîné d’immenses dégâts chez les cétacés qui se font prendre au piège » explique Philippe Garcia, Président de l’association de de Défense des Milieux Aquatiques, pour La Relève et La Peste

Dans son rapport, l’Ifremer reconnaît notamment qu’on ne connaît ni la longueur ni la hauteur des filets, donc nous n’avons actuellement aucune idée de la surface totale des filets immergés dans le Golfe de Gascogne.

Les filets sont non seulement plus performants, mais ils sont aussi de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les poissons disparaissent. Une problématique mondiale : en 2019, une étude de l’université de Tasmanie et du CSIRO pointait ainsi qu’il y a deux fois plus de bateaux pour 80 % de poisson en moins.

La pêche industrielle est devenue une véritable « économie de l’extinction » : pour résoudre le problème de raréfaction des poissons et de la biodiversité marine, on aggrave les causes du problème en pêchant toujours plus.

Alors que la FAO estime que les populations de poisson vont totalement s’effondrer d’ici 2048, sauver les cétacés d’une potentielle extinction est le premier jalon d’un combat vital pour protéger l’Océan de notre aveuglement.

« Les dauphins sont les ambassadeurs de l’océan. Ils ont un capital sympathie énorme et devraient nous alerter de façon bien plus efficace que le sort des soles ou les merlus sur lesquels c’est bien plus difficile de sensibiliser l’opinion. C’est aussi pour cela que c’est une sorte de ligne rouge : si on n’y arrive pas, là, sur la question des dauphins, c’est foutu pour tout le reste » nous expliquait Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France, en mars 2021

Pour indemniser les pêcheurs à quai en hiver, l’argent existe pourtant déjà. Une enveloppe européenne alloue 6 milliards d’euros pour la pêche sur cinq ans, dont 570 millions d’euros uniquement pour la France. Cette somme n’a été utilisée qu’à moitié lors du dernier versement.

Les associations n’ont pas dit leur dernier mot pour enrayer l’hécatombe. Un recours sur le fond est toujours en cours d’instruction. Elles vont également attaquer en justice l’arrêté publié par le gouvernement et demander à ce que toutes les dérogations soient suspendues en urgence pour « empêcher une véritable boucherie ».

https://lareleveetlapeste.fr/

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25 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

pêche (fr3)

pêche

Pourquoi les pêcheurs ont-ils claqué la porte des Assises de la pêche à Nice ?

Nice (Alpes-Maritimes) Vendredi 22 septembre : Hervé Berville, secrétaire d’Etat chargé de la mer, défend son plan de transition énergétique face aux professionnels de la pêche au Centre universitaire méditerranéen.

Le secrétaire d’Etat chargé de la mer Hervé Berville présidait vendredi 22 septembre à Nice les Assises de la pêche. Ses annonces sur « un plan de transition énergétique » n’ont pas convaincu les pêcheurs présents. Ils sont partis avant la fin du discours.

Pourtant, ces Assises de la mer, face à la Méditerranée, commençaient bien.

Face à une assemblée de professionnels et à la presse, le secrétaire d’Etat à la Mer, Hervé Berville, a tenté de parler de l’avenir de la pêche. Pendant 40 minutes, il a développé ses 3 axes : végétalisation du carburant, abandon des énergies fossiles et de nouvelles infrastructures portuaires.

Des mesures qui s’inscrivent dans un vaste « plan de transition énergétique de la flotte de pêche. »

Un gazole pêche plus vert

« Le verdissement du carburant aura pour premier bénéfice une réduction à la pompe de 13 centimes (par litre) pour tous les navires de pêche, tant que les prix seront élevés », a déclaré Hervé Berville, sans préciser le calendrier de mise en œuvre de cette mesure.

« Avec le PDG du groupe TotalEnergies, nous nous sommes mis d’accord pour que le gazole pêche soit plus vert en incorporant une part importante de biocarburant », a-t-il précisé.

Actuellement, TotalEnergies assure « les deux tiers de la vente du carburant marin » en France, et le biocarburant qui doit être incorporé à hauteur de 7,5% est « disponible ».

Cette adjonction « ne nécessite pas d’adaptation des moteurs » des navires, mais « nécessite des investissements dans les stations ». Ce qui prendra du temps.

Mais justement, le temps, les pêcheurs n’en ont pas !

Ils attendaient une réponse rapide face au « cataclysme » vécu par la filière du fait du coût des carburants, c’est « la déception ».

Les pêcheurs quittent l’assemblée, en plein discours.

Le plan est qualifié de « mesurettes ». Sur X (ex-Twitter), le CNPMEM affirme que « le compte n’y est pas ! » Il annonce qu’il tiendra un conseil extraordinaire lundi.

Filière en crise

Pour Olivier Le Nezet, président du comité national des pêches, de nombreuses entreprises de pêche exigent des réponses urgentes : « Les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur de la crise que traverse depuis des années la filière, celle du Covid, du Brexit, de l’énergie », a-t-il insisté.

« Nous allons devoir nous expliquer avec le ministre et surtout, lui va devoir nous expliquer son plan, qui aujourd’hui n’en est pas un. Les 13 centimes ne permettront pas aux entreprises de continuer leur activité », a déclaré Olivier Le Nezet devant la presse.

Le prix du carburant est au cœur des débats mais les pêcheurs azuréens subissent d’autres contraintes, différentes de la Bretagne, qui n’ont pas du tout été évoquées.

« Les yachts nous ruinent les fonds marins »

Arnaud Allari, pêcheur à Saint-Jean-Cap-Ferrat, ne croit plus en son avenir. En quelques années, il a vu la Méditerranée changer. Il explique : « On a besoin d’aides par rapport à la grande plaisance, devant tous les espaces cotés de la Méditerranée, c’est pas travaillable parce qu’il y a de plus en plus de yachts ! Ils nous ruinent les fonds marins, il n’y a plus d’habitat marin, c’est fini pour nous. »

Le pêcheur remarque que la posidonie disparaît. Cette plante joue le rôle essentiel, à la fois de nurserie et de poumon de la Méditerranée. « Avant, elle allait jusqu’à 30 mètres de fond, maintenant elle est absente. Jusqu’à 15 mètres de fond, on n’a plus un brin de posidonie. » Malgré les zones préservées, selon lui ça ne suffit pas, « il faut faire plus !« 

Il invite le secrétaire d’Etat à voir quelle est la situation en Méditerranée.

À l’issue de cette intervention, la filière en appelle directement à Emmanuel Macron pour être enfin entendue.

(23/09/2023 Aline Métais avec Thibaut Rysman et AFP)

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22 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

gazole (fr3)

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Fin des aides au gazole pour la pêche. « La mort du pays bigouden »

La fin de l’aide au gazole  annoncée il y a quelques jours par le secrétaire d’Etat à la mer Hervé Berville inquiète tout le monde de la pêche. Alors que les Assises de la pêche se sont ouvertes ce 21 septembre à Nice, Stéphane Le Doaré, président LR de la communauté de communes du Pays bigouden sud estime que l’arrêt de ces aides le 15 octobre signe « la mort » d’une région où la pêche représente la « colonne vertébrale de l’économie locale ». Interview

Alors que les Assises de la pêche se sont ouvertes ce 21 septembre à Nice, Stéphane Le Doaré, président LR de la communauté de communes du Pays bigouden sud a accordé une interview à nos confrères de l’AFP sur la fin des aides de 20 centimes par litre de gazole accordées au monde la pêche.

Le vice-président du conseil départemental du Finistère, estime que l’urgence est « de faire en sorte que les marins puissent sortir en mer« , ce qui « passe obligatoirement par une aide au carburant« . Au bout du Finistère sud, dit-il, le Pays bigouden est « à genoux« .

Quel est l’impact de la hausse du carburant dans votre territoire?

« L’annonce de la fin de l’aide au gazole, c’est la fin du Pays bigouden. On est mort. La pêche hauturière représente 86% des poissons débarqués dans nos ports et vendus sur les criées. C’est la colonne vertébrale de l’économie locale.

On est pris dans un effet ciseau, entre le prix exorbitant du carburant et un cours du poisson historiquement bas, essentiellement à cause d’une baisse de consommation due à l’inflation.

Il faut comprendre que le patron de pêche ne fixe pas le prix de vente. Le poisson est vendu aux enchères en criée. Quand les enchères sont en baisse constante et que les prix du carburant ne cessent d’augmenter, sa trésorerie passe non plus au rouge mais au noir.

Les pêcheurs sont payés à la part. On fait le compte des ventes, on déduit les charges et on partage le reste: deux parts pour le patron de pêche, une pour chaque matelot.

A 70 centimes le litre, on équilibre, à 90 centimes, on n’est pas sorti du port qu’on a déjà perdu de l’argent ».

 

Pourquoi est-ce si dur dans le Finistère?

« Le Pays bigouden sud, c’est douze communes, 40.000 habitants l’hiver et 3.000 emplois liés à la pêche, entre marins, mareyeurs, transporteurs, etc.

Sur les plus de 90 bateaux partis à la casse après le Brexit, on en a 26 sur nos trois ports: Loctudy, le Guilvinec, Saint-Guénolé. Depuis, on a 40% de poisson en moins qui arrive en criée.

Avant le Brexit, le Guilvinec était la première place de la pêche fraîche française et le premier port de pêche artisanale. Ce qui a disparu, c’est une partie de la souveraineté alimentaire française.

Le Brexit nous a mis un genou à terre. La fin de l’aide au gazole, c’est le coup de glaive pour nous achever ».

Quelle est l’urgence pour vous?

« L’urgence c’est de ne pas casser la filière: de faire en sorte que les marins puissent sortir en mer. Cela passe obligatoirement par une aide au carburant.

L’Espagne continue bien à soutenir ses pêcheurs [une ristourne de 20 centimes par litre de carburant a été maintenue en 2023 pour les transporteurs, les agriculteurs et les pêcheurs, NDLR].

Dans le même temps, la filière doit engager la transition écologique. Mais rien n’est prêt: la décarbonation, ce n’est pas possible tant qu’on n’a pas de moteur à hydrogène, ce qui va prendre une dizaine d’années.

Ensuite, on a depuis 20 ans un problème de jauge (puissance), du fait des règles européennes qui empêchent de modifier la jauge d’un bateau que l’on remplace. Quand les bateaux pourront être plus grands, on pourra modifier les carènes, installer des moteurs hybrides plus puissants et les utiliser pour les chalutiers.

Aujourd’hui, on en appelle au président de la République. On importe déjà plus de 70% du poisson consommé en France. Et pourtant la ressource est là ».

( Avec AFP) 21/09/2023 Séverine Breton

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25 mars 2023 ~ 0 Commentaire

pêcheurs (le tél)

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La colère des pêcheurs côtiers s’exprime à Lorient

Ils n’en peuvent plus d’être désignés comme des tueurs de dauphins et affirment que leur survie est en jeu. Les pêcheurs côtiers ont mené toute une série d’actions, vendredi 24 mars, à Lorient.

« On n’a plus rien à perdre. Aucune entreprise ne peut survivre sans pêcher pendant quatre mois de l’année. Tant qu’on n’aura pas été reçus au ministère et qu’on n’aura pas de réponse, on continuera le mouvement. C’est comme pour le mouvement des retraites. Ils laissent pourrir. On est au bord de l’insurrection. On est écoutés sur rien. On va congédier les directions des organisations de producteurs et du comité départemental des pêches maritimes ».

Depuis mercredi 22 mars, et la manifestation des pêcheurs à Rennes, la colère de David Le Quintrec, le porte-parole du mouvement des pêcheurs côtiers ne fait que croître.

Sophie Paitier 24 mars 2023

https://www.letelegramme.fr/

Voir aussi:

À Lorient, l’organisation des producteurs pêcheurs de Bretagne saccagée par les pêcheurs en colère

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04 mars 2023 ~ 0 Commentaire

pays bigouden (npa)

dessin-surpeche

Plus de 600 personnes étaient réunies ce samedi 25 février à Pont l’abbé  contre la  » décision » de casse des navires dont 25 dans le seul pays bigouden!

En cassant les navires, on ferme les yeux sur l’avenir de la pêche bretonne.

En cherchant à l’affubler de titres ronflants (PAI : plan d’accompagnement individualisé, PSF : plan de sortie de flotte…), pour le rendre plus soft, on essaye de faire oublier la triste réalité.

Il s’agit d’un énième plan de casse que subit la flotte de pêche française. 90 bateaux dont 45 bretons vont disparaître, cette fois à cause du Brexit, du coût exorbitant du gasoil, de la raréfaction de la ressource.  Et ce n’est qu’un début, puisqu’en 2026, la pêche bretonne risque à nouveau de payer cash les conséquences d’une nouvelle diminution des autorisations de pêche dans les eaux britanniques.

Ce plan de casse ne règle en rien les problèmes structurels de la pêche. Pire, en l’absence de toute anticipation, il laisse planer un avenir sombre sur les ports bretons.

Quid de la modernisation et de la décarbonation de la flotte ? Quid de la réflexion internationale nécessaire sur une pêche ou une aquaculture artisanale et responsable, alors que cette énième crise va concentrer les droits de pêche sur les unités restantes ?

Quid du champ libre laissé à d’autres flottes , parfois pilleuses d’océans, pour lesquelles la gestion de la ressource halieutique n’est absolument pas une priorité ? Quid des efforts de gestion des ressources demandés aux pêcheries françaises alors même qu’on laisse débarquer  ou vendre le butin des razzias de ces pilleurs d’océans dans les ports français ?

En cassant les navires, c’est l’emploi que l’on casse !,

Ce plan de casse est en premier lieu un plan de casse social, sans accompagnement, lui. 600 à 700 emplois vont disparaître, 600 à 700 emplois de marins, d’ouvrier-e-s, d’employé-e-s. Il va provoquer un séisme économique dans l’industrie, l’artisanat et le commerce local dont l’activité dépend directement ou indirectement de la pêche.

Comme d’habitude, comme dans les fermetures d’usines, selon le modèle capitaliste, ce sont toujours celles et ceux d’en bas qui trinquent, qui paient le coût de la casse sociale.

Une saignée de 600 à 700 emplois pour lesquels rien n’est prévu !

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