In-Vinci-ble ? Pas si sûr…
À Chambéry comme dans la quasi-totalité des villes, la municipalité a rendu payant le stationnement en centre-ville.
Loin de diminuer la place de la voiture dans la ville, cette mesure vise à maximiser les rotations de véhicules, afin de permettre au plus grand nombre possible d’automobilistes de venir faire des achats de courte durée dans les commerces du centre-ville. Imposé aux élus par les lobbies commerciaux, le stationnement payant relève ainsi d’une politique anti-écologique et antisociale, qui contribue à réserver aux plus riches l’accès au centre-ville. De plus, les municipalités délèguent souvent la gestion du stationnement payant à des groupes privés. À Cham- béry, la municipalité PS-PCF-EELV avait ainsi concédé au groupe Vinci la gestion des parcmètres et des trois parkings souterrains du centre-ville. Lors de la campagne municipale de 2008, nous avions dénoncé cette situation, en demandant à la fois la suppression du stationnement payant et la rupture des contrats qui liaient la ville à Vinci.
Une campagne populaire Après notre élection, nous avons pu avoir accès à ces contrats et à la comptabilité. Nous avons ainsi pu constater que Vinci n’avait pris aucun risque ni fait le moindre investissement, puisque la construction des parkings, les travaux de matéria-lisation des places sur la voirie ou encore le paiement de la brigade de stationnement étaient entièrement à la charge de la ville. Nous avons aussi pu démontrer que Vinci empochait plus de la moitié des 2, 2 millions d’euros annuels que rapportait l’exploitation des parcmètres et des parkings, alors que ses charges (les salaires de 6 employés et l’entretien des ouvrages de stationnement) ne dépassaient pas 400 000 euros par an.
Nous avons fait connaître cette situation, en utilisant les outils dont peut bénéficier un élu : tribune dans le magazine muni- cipal, conférences de presse, etc. Nous avons aussi mené une campagne militante dans la ville, en particulier en décorant tous les horodateurs avec des autocollants qui rappelaient à la population que leurs petites pièces tombaient dans les poches des actionnaires de Vinci. Cette campagne a eu un grand écho auprès de la population : à notre grande surprise, les profits de Vinci sont devenus un sujet courant des conver- sations à Chambéry. Le coup de grâce est venu de la chambre régionale des comptes qui, dans un de ses rapports, a dénoncé les profits de Vinci en reprenant mot pour mot notre argumentation. À l’approche des élections, la municipalité a cédé : les parcmètres et les parkings du centre-ville sont désormais gérés par une régie municipale qui a dû reprendre les 6 salariés de Vinci. Cette victoire nous a apporté de la crédibilité et a aussi contribué à démontrer au milieu militant l’utilité de disposer à Chambéry d’une opposition de gauche à la municipalité PS-PC-EELV.
Laurent Ripart (conseiller municipal de Chambéry)
http ://chamberycentpourcentagauche.fr