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10 février 2025 ~ 0 Commentaire

Morbihan ( Carte Scolaire)

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Carte scolaire. Fermetures et ouvertures de classe, postes d’enseignants supprimés ou créés, le mécontentement des maires et des syndicats

C’est au mois de février que se précisent les premiers arbitrages de la carte scolaire : ouverture ou fermeture de classe. Pour la rentrée 2025, la Bretagne va perdre des postes d’enseignants, parce que le nombre d’élèves dans le premier degré diminue. Dans les Côtes-d’Armor, certaines écoles se désespèrent de devoir fermer une classe.

À Châtelaudren-Plouagat, entre Saint-Brieuc et Guingamp, une fermeture de classe est annoncée pour la rentrée prochaine. Ce serait la troisième en trois ans.

Échaudé, le maire de la commune redoute de subir la même mésaventure qu’en 2024 où le nombre d’enfants inscrits à la rentrée scolaire de septembre était supérieur aux prévisions établies par l’inspection académique en février dernier.

« Entre la mesure de carte scolaire qui intervient au mois de février et la rentrée de septembre, il s’écoule plusieurs mois. Or, il y a toujours de nouvelles inscriptions qui interviennent entre février et juillet, et même au dernier moment. Ce qui fait au final que l’année dernière, on avait 20 élèves de moins prévus au mois de février et en fait, on en a eu 2 de plus en septembre que l’année précédente. Et on a eu quand même la fermeture de classe » explique Olivier Boissière, le maire de Châtelaudren-Plouagat dans les Côtes-d’Armor.

Baisse de la démographie depuis 5 ans

Au niveau régional et même national, la tendance est à la baisse du nombre d’élèves. Globalement en Bretagne, le nombre d’enfants entrant dans les petites classes diminue chaque année et ceci depuis 5 ans.

Sur les quatre départements bretons, la région académique Bretagne prévoit 2 964 élèves en moins dans le premier degré public par rapport à la rentrée 2024 (- 1,6 %) et 1 298 élèves en moins dans le second degré (- 0,8 %).

Le Morbihan gagne de nouveaux postes quand les autres départements en perdent

Une démographie qui conduit l’académie à réduire le nombre de postes pour la rentrée prochaine : 20 enseignants en moins en maternelle et en primaire sur l’ensemble de la Bretagne : 17 de moins dans le Finistère, 14 en moins en Ille-et-Vilaine, 4 supprimés dans les Côtes-d’Armor et 15 en plus dans le Morbihan.

Tous ces chiffres proposés en février doivent être affinés dans le mois. L’académie assure dresser un état des lieux précis avant de fermer une classe.

Mais avant de fermer une classe, l’académie assure dresser un état des lieux précis. Il n’y a pas que le nombre d’élèves par classe qui importe, selon Marc Teulier, le directeur académique : « On peut prendre des décisions différentes pour des écoles qui ont le même nombre moyen d’élèves par classe mais des situations sociales ou des situations ponctuelles très particulières. Donc, c’est vraiment un exercice qui part de données chiffrées, mais qui est un exercice qualitatif ».

« Des élèves particuliers qui demandent une attention particulière »

Une dotation en baisse moins drastique qu’annoncée, un soulagement pour les syndicats enseignants, qui calculent que le nombre d’élèves par classe pourrait baisser un peu.

« Ça s’améliore légèrement mais les conditions d’enseignement ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ans. On accueille tous les élèves, les élèves en situation de handicap, les élèves à besoins éducatifs particuliers mais ces élèves requièrent une attention particulière et quand on en a 24, 25, ce n’est pas pareil que quand on en a une vingtaine ou 18″ tient à préciser Emmanuelle Maray du syndicat FSU-SNUipp Ille-et-Vilaine.

Un constat partagé à Châtelaudren-Plouagat. L’école y accueille quelques enfants ne parlant pas encore le français et une dizaine d’autres en grandes difficultés scolaires.

Écrit par Thierry Peigné et Myriam Thiébaut

Publié le 10/02/2025 à 08h30

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04 janvier 2025 ~ 0 Commentaire

PRESSE

PRESSE

« Si la banalisation de l’extrême droite se résumait aux médias Bolloré, ça se saurait »

Pauline Perrenot est journaliste pour l’observatoire des médias Acrimed et autrice du livre Les Médias contre la gauche (Agone, 2023). Elle décrypte les mécanismes de l’extrême-droitisation des médias et rappelle le rôle essentiel des médias indés.


Benoît Prieur via Wikimedia Commons

Basta! : Selon une information du Parisien du 19 décembre, l’émission « Touche pas à mon poste ! » (TPMP), présenté par Cyril Hanouna sur C8, s’arrêterait en février. Ça y est, c’est bon, c’est la fin de la surreprésentation de l’extrême droite à la télé ?

Pauline Perrenot : Évidemment non, ça ne règle pas le problème. Compte tenu de la structuration du paysage médiatique et des phénomènes de concentration, Hanouna peut sortir par la fenêtre C8 mais re-rentrer sur le devant de la scène médiatique par la porte d’Europe 1 – où il officie d’ailleurs déjà – de CNews ou même du Journal du dimanche… Tous ces médias sont possédés par Bolloré.

D’autre part, si la question de la banalisation de l’extrême droite se résumait aux médias détenus par Vincent Bolloré, ça se saurait. Ils sont évidemment à l’avant-poste de la contre-révolution réactionnaire. Mais chez Acrimed, non seulement on inscrit ce processus dans une temporalité plus longue, mais on refuse également le mythe qui postule une étanchéité entre les médias de Bolloré et le reste du paysage médiatique. Les médias qui occupent une position dominante et légitime dans le champ journalistique sont aussi concernés par la question de la normalisation de l’extrême droite.

Quel constat dressez-vous à Acrimed sur la présence médiatique de l’extrême droite ?

Quand on parle d’extrême-droitisation, on parle d’une banalisation des idées d’extrême droite, de ses visions du monde, mais également de la crédibilisation des représentants des extrêmes droites au sens large – dans le champ politique et au-delà.

L’histoire n’a donc pas commencé avec la montée en puissance de Bolloré dans le paysage médiatique, dont la droitisation épouse une trajectoire parallèle à celle du champ politique : si l’on regarde par exemple les travaux d’Ugo Palheta sur le processus de fascisation en France, on comprend que l’on fait face à de nombreuses dynamiques (le tournant néolibéral des politiques publiques ; le durcissement autoritaire de l’État ; le renforcement du nationalisme et du racisme ; la montée du Front national ; l’affaiblissement politique du prolétariat) qui ont cours depuis les années 1970-1980.

S’agissant des grands médias, avec Acrimed, on essaye de mettre en lumière les mécanismes et les tendances lourdes qui, selon nous, ont contribué en miroir à normaliser l’extrême droite. Il y a, d’abord, la consolidation d’un pôle frontalement réactionnaire : l’extension de l’empire Bolloré, mais aussi la surreprésentation d’un grand nombre de commentateurs réactionnaires – « experts », intellectuels, journalistes, etc. – légitimés de longue date par des médias « acceptables ».

Ensuite, on a essayé de beaucoup documenter comment les médias ont participé à co-construire les cibles de la peur et de la haine : comment les obsessions de l’extrême droite (insécurité, immigration, autorité, islam) ont non seulement occupé une place de plus en plus centrale dans l’agenda médiatique, mais aussi comment les cadrages de ces thématiques ont progressivement épousé la grille de lecture qu’en donnent les partis de droite, en particulier dans l’audiovisuel et dans une large partie de la presse hebdomadaire.

Le troisième angle, c’est celui de la dépolitisation de la politique et, singulièrement, la dépolitisation et la peopolisation de l’extrême droite. Là, on s’intéresse beaucoup plus au journalisme politique en tant que tel, au triomphe du commentaire aux dépens du reportage ou de l’enquête : la focalisation sur le jeu politicien au détriment des enjeux de fond, l’emprise de la communication sur l’information politique, les mésusages des sondages, la façon dont les cadres du RN ont été surreprésentés et mis en scène comme la principale force d’ « opposition » aux partis de gouvernement, etc.

Enfin, on étudie la façon dont la mutilation du pluralisme au sens large profite à l’extrême droite. Sur les questions économiques, sociales, internationales, etc., on assiste à une disqualification systématique de la gauche, celle qui entend rompre avec les dogmes néolibéraux et le cours autoritaire et réactionnaire de la vie politique, comme des idées et des cadrages qu’elle défend.

Sur le plan socio-économique par exemple, l’accompagnement médiatique des politiques néolibérales (et donc la délégitimation de toute alternative progressiste) aura largement alimenté un sentiment de fatalisme vis-à-vis de l’ordre établi, lequel caractérise en partie le vote RN.

Ces dynamiques ne sont pas uniformes selon les médias, elles sont entretenues plus ou moins consciemment par les professionnels, mais ce sont des tendances dominantes qui contribuent à normaliser l’extrême droite et ce, depuis plusieurs décennies.

Juste pour mettre les choses au clair avant de continuer : les médias sont-ils les seuls responsables de la dédiabolisation de l’extrême droite ?

Les travaux de sociologie et de science politique sur l’extrême droite permettent de comprendre les conditions matérielles, sociales, économiques, politiques, etc. qui ont contribué sur le long terme à la progression (notamment électorale) de l’extrême droite dans la société. On a toujours dit, pour notre part, que les médias dominants n’étaient pas les premiers responsables de cet enracinement.

Mais en tant que co-organisateurs du débat public, producteurs d’informations et de représentations du monde social, ils jouent un rôle effectif de légitimation. Il faut comprendre ce rôle en tant que tel : ni le surdéterminer, ni le sous-estimer. Quand on parle de banalisation, de crédibilisation, il faut entendre ces mots pour ce qu’ils sont et ne leur faire dire ni plus ni moins.

On voit de nombreux chroniqueurs et chroniqueuses issus de la presse d’extrême droite invités sur des chaînes de télé (par exemple, Juliette Briens, militante identitaire et qui travaille pour le magazine d’extrême droite L’Incorrect, invitée comme chroniqueuse sur BFM). Il y a donc une porosité, une continuité entre des médias d’extrême droite et des médias dits « traditionnels » ?

Il ne faut pas penser les médias Bolloré comme des médias « cloisonnés ». Il ne s’agit pas de mettre un signe égal entre toutes les lignes éditoriales, ça n’aurait pas de sens. Mais il faut en effet souligner un continuum dans la fabrique et le mode de traitement de l’information. La circulation médiatique des commentateurs réactionnaires – et, par conséquent, de leurs idées et discours – est un très bon exemple à cet égard. Parmi eux, l’un des cas les plus spectaculaires, c’est Zemmour.

Avant de basculer dans le jeu politique, il a été journaliste et éditorialiste. Il a construit sa carrière au Figaro mais il a aussi travaillé pour Marianne, RTL, i-Télé… C’est le salarié qui est resté le plus longtemps à l’antenne de « On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier sur France 2. Tout au long des années 2010, Éric Zemmour a sorti des livres qui ont fait l’objet d’un battage médiatique quasi systématique.

De nombreux médias perçus comme « légitimes » et « respectables » ont donc vraiment contribué à construire son capital médiatique. Alors quand CNews lui a offert un fauteuil régulier en 2019 pour la fameuse émission « Face à l’info » – qui a été pensée comme une rampe de lancement pour sa carrière politique –, la chaîne a capitalisé sur une notoriété entretenue pendant près de 30 ans par les autres médias.

Si on ne prend pas en compte cette complaisance continue des chefferies médiatiques à l’égard de cet agitateur (parmi d’autres …), on ne peut pas comprendre ce qui a été appelé le « phénomène Zemmour » fin 2021 et début 2022. Il y a eu un emballement médiatique absolument délirant. À Acrimed, on est vraiment tombés de notre chaise à ce moment-là, en voyant la surface médiatique qu’il a occupée, la complaisance avec laquelle il a été reçu, la façon dont les intervieweurs et intervieweuses ont complètement renoncé à contrecarrer ces thèses.

Cette séquence a été tout à la fois un symptôme et un accélérateur de la normalisation médiatique de l’extrême droite et du racisme. Elle était un révélateur, également, de la manière dont fonctionne le théâtre médiatique : la low-costisation du débat, la prime au spectaculaire, le mimétisme, etc.

Quel est le rôle de la concentration des médias dans tout cela ?

Elle a plusieurs rôles. Comme les pouvoirs publics ont renoncé à toute mesure contraignante en matière de propriété et de concentration des moyens d’information et de communication, évidemment, les industriels milliardaires ont les mains libres. Bolloré, ce n’est pas que CNews : c’est maintenant de la presse écrite, de la radio.

Mais c’est aussi une présence à d’autres niveaux de la chaîne de production et de diffusion de l’information et de la culture : il possède les points de vente Relay, des salles de spectacle, un institut de sondage (CSA, groupe Havas, une filiale de Vivendi) ainsi que des groupes d’édition. Ce double phénomène de concentration, à la fois horizontale et verticale, permet vraiment d’édifier un empire médiatique ici mis au service d’un combat politique clairement campé à l’extrême droite, dont Bolloré n’a d’ailleurs jamais fait mystère.

Au-delà du phénomène de concentration et du cas Bolloré, c’est bien le mode de propriété capitalistique des moyens d’information et la financiarisation des médias qui posent un problème majeur. De ce mode de propriété capitalistique découlent toutes les contraintes commerciales qui pèsent sur la production de l’information et formatent le débat public « low cost » tel qu’on le connaît aujourd’hui. Il y a un nivellement par le bas terrible, un triomphe du commentaire et du bavardage, qui excède de loin les frontières des chaînes d’information en continu à proprement parler.

C’est un modèle qui, à bien des égards, favorise l’extrême droite.

Sur les plateaux notamment, les commentateurs réactionnaires nagent comme des poissons dans l’eau. C’est flagrant. Ils commentent les sondages biaisés, montent en épingle des faits divers, invectivent, idéologisent des ressentis, etc. Ils se nourrissent des idées reçues qui irriguent la pensée médiatique dominante depuis des décennies. La plupart du temps, ils n’ont pas besoin de remettre en cause les cadrages des journalistes et peuvent alterner les provocations et les contre-vérités sans être repris.

A contrario, c’est beaucoup plus compliqué pour des acteurs (politiques, associatifs, intellectuels, etc.) en capacité d’apporter une contradiction étayée aux thèses libérales, sécuritaires, racistes et xénophobes. Ils sont non seulement sous-représentés, mais les contraintes des dispositifs entravent, pour ne pas dire empêchent structurellement leur expression.

En Belgique, les médias de l’audiovisuel public wallon refusent de donner la parole en direct à l’extrême droite, pour ne pas la laisser diffuser ses idées sans cadre ou contradiction possible. Cela pourrait-il être une solution ?

Je pense que le problème est plus large, notamment parce que le processus d’extrême-droitisation ne repose pas que sur des personnalités étiquetées « extrême droite »… Depuis les années 1970, les responsables politiques ont progressivement légitimé les slogans sécuritaires, y compris la gauche de gouvernement, mais aussi les mots d’ordre autoritaires, nationalistes et identitaires.

Ça s’est encore accéléré au cours des années 2010 et plus encore à partir de 2015. Les gouvernements d’Emmanuel Macron ont ensuite entravé méthodiquement les conquis sociaux des travailleurs, les libertés publiques, les droits des étrangers, emprunté au répertoire et au vocabulaire de l’extrême droite pour aujourd’hui construire des alliances objectives avec elle…

S’agissant des médias, encore une fois, beaucoup des thèses de l’extrême droite sont ventilées par des professionnels qu’on ne peut pas soupçonner de voter à l’extrême droite. Un exemple m’a toujours paru très symptomatique : en septembre 2021 sur France 2, la rédaction d’« Élysée 2022 », une émission politique très regardée (on parle de millions de téléspectateurs) avait organisé un « face à face » entre Valérie Pécresse et Gérald Darmanin.

À cette occasion, ce sont les deux présentateurs, et non leurs invités, qui ont introduit dans le « débat » la thèse raciste et complotiste du « grand remplacement » : Léa Salamé et Thomas Sotto, deux professionnels qui occupent une position professionnelle et symbolique très importante dans le champ journalistique, valorisés par une grande partie de leurs pairs.

Quand on parle d’imposition et de légitimation des préoccupations de l’extrême droite, là, on est en plein dedans.

La façon de cadrer l’information, de mettre à l’agenda certains sujets plutôt que d’autres, de systématiquement légitimer certains acteurs et d’en discréditer d’autres, tout cela constitue le « bruit médiatique ». Et il faut dire que celui-ci aura largement acclimaté les publics à des visions du monde réactionnaires.

Évidemment, on sait comment sont structurées les rédactions. On sait qu’il y a de très nombreux journalistes qui n’ont pas la main sur leurs sujets, qui travaillent dans des conditions désastreuses et qui sont soumis à l’autoritarisme de leur hiérarchie. Ils doivent faire mille métiers en un, et n’ont donc pas forcément la latitude et les marges de manœuvre nécessaires, ne serait-ce que pour réfléchir à comment ils souhaiteraient traiter un sujet.

Si la droitisation est transversale dans les médias dominants, elle est aussi un processus qui opère par le haut du champ journalistique, là où se concentre le pouvoir éditorial, parmi les directions sociologiquement solidaires des intérêts des classes dirigeantes. Christophe Barbier résumait très bien leur état d’esprit : « Aujourd’hui la peur de Mélenchon est plus grande que la peur de Le Pen ». Il n’y a pas besoin d’en dire plus.

Dans ce contexte, quel est le rôle des médias indépendants ?

Le travail des médias indépendants est colossal. Basta!, StreetPress, Mediapart, Arrêt sur images, Acrimed, Le Monde diplomatique, Reporterre, Le Média, Blast, Le Bondy Blog… Beaucoup de médias indépendants font non seulement un travail d’enquête sur l’extrême droite en tant que telle, ses pratiques, ses politiques, son idéologie, mais ils incarnent aussi un véritable pluralisme.

C’est dans ces médias qu’on va donner une place plus importante aux reportages et à l’enquête sociale. Ils ont aussi des cadrages et des façons de problématiser « l’actualité » qu’on ne voit pas ailleurs – et ça, sur tout un tas de sujets. Enfin, dans ces médias, on entend des personnes rarement – pour ne pas dire jamais – sollicitées par les médias dominants, qu’on pense à des militants associatifs, antifascistes, des chercheurs, des chercheuses, des intellectuels…

Sans le travail d’information des médias indépendants, le pluralisme serait dans un état encore plus lamentable. Cela étant dit, ces médias ne « font pas l’agenda » et restent moins « légitimes », généralement moins suivis. C’est l’une des raisons pour lesquelles Acrimed appelle à ne jamais perdre de vue la transformation radicale des médias, laquelle ne pourra pas faire l’économie de mesures ambitieuses visant à libérer l’information de la marchandisation et de l’emprise des industriels milliardaires

31 décembre 2024 par Emma Bougerol.

https://basta.media/

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24 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Syrie ( the conversation)

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Syrie : retour sur la chute de la maison Assad

Il a fallu une dizaine de jours pour que s’effondre un système en place depuis 1970. Les explications sont multiples, mais elles sont avant tout à chercher dans le pourrissement du régime de l’intérieur.

Dans une Syrie qui stagnait depuis 2018 dans une situation de « ni paix, ni guerre », la chute du régime Assad en un peu plus d’une semaine a été une surprise totale. L’offensive victorieuse du groupe armé non étatique Hayat Tahrir al-Cham (HTC), implanté depuis des années dans le nord-ouest du pays, a brutalement mis fin au régime mis en place par Hafez Al-Assad après son coup d’État « rectificatif » (tashihiyya) de novembre 1970 et perpétué à sa mort en 2000 par son fils Bachar à travers une succession dynastique.

Après sa « victoire » proclamée dans la guerre civile (2012-2018), le régime Assad avait maintenu en place un système sécuritaire et répressif extrêmement violent, ce qu’ont confirmé après sa chute, pour ceux qui n’avaient pas voulu le voir avant, les images horribles de la prison de Saidnaya ou d’autres centres des services de renseignement (mukhabarat)

Comment expliquer l’effondrement aussi rapide d’un pouvoir qui semblait avoir survécu à la révolte de sa société en 2011 ? La réponse tient dans la nature de ce régime, qui a fini, par sa propre impéritie, par construire les éléments de sa perte.

Une armée aux abonnés absents

Tous les régimes autoritaires ont un pilier militaire en arrière-plan, quand leur dirigeant n’est pas lui-même directement issu de l’armée : Hafez était un officier de l’armée de l’air ; Bachar, lui, avait été adoubé « en accéléré » par son père à la fin des années 1990 après la mort de Bassel, l’aîné, héritier présomptif et militaire lui aussi. L’armée est un pilier essentiel pour le maintien du régime, même s’il est moins visible en première approche que la police secrète (mukhabarat) qui gère le pays au quotidien.

Les quelques centaines de combattants de HTC qui enfoncent les lignes de l’armée loyaliste le 27 novembre 2024 prennent rapidement Alep et découvrent avec surprise que cela va leur ouvrir la porte des autres villes : Hama, Homs puis Damas. L’offensive avait été pensée de longue date par HTC comme une insurrection s’inscrivant dans la suite de la révolte de 2011, mais a d’abord été lancée pour répondre aux provocations meurtrières de l’artillerie et des drones du régime (et de l’aviation russe) qui, depuis des mois, bombardaient à l’aveugle la région d’Idlib avec une intensité croissante. Le pouvoir se révèle incapable de mobiliser ses forces pour arrêter la descente d’HTC vers Damas, alors qu’on lui prêtait le contrôle de forces prétoriennes redoutables, qui seraient capables, à tout le moins, de protéger la capitale.

La surprise est d’autant plus grande que le régime était réputé entretenir une relation organique avec son armée – ou en tout cas avec sa partie prétorienne, largement recrutée chez les alaouites (officiers comme hommes du rang) et bien équipée. Ce facteur avait permis au pouvoir d’Assad, contesté par sa société, de se lancer dans la guerre en 2012-2013. Or, en décembre 2024, les différentes villes sont livrées à HTC quasiment sans affrontements ; l’armée syrienne se bat très peu, négocie sa reddition par l’intermédiaire de notables locaux, et entre en retraite désordonnée, abandonnant la totalité de son équipement le long des routes.

L’hypothèse d’un baroud d’honneur du régime acculé, qui se serait soldé par la destruction de villes comme Homs ou Hama, voire Damas, où les alaouites qui travaillent pour l’État ou l’armée sont fortement présents et auraient pu se fortifier, ou d’un repli sur le réduit alaouite (l’ancien État alouite du mandat français (1920-1946)) pour s’y défendre bec et ongles se révèle infondée ; les forces de HTC pénètrent partout avec facilité.

Dégénérescence du régime

Le régime Assad s’est aliéné son armée, sous-payée, affaiblie par la corruption abyssale de ses officiers de tous niveaux, jusqu’au sommet de la hiérarchie où certains ont détourné des millions de dollars, et souvent même mal nourrie, sans parler d’une logistique défaillante. Le Hezbollah, les Iraniens ou les milices irakiennes avaient découvert l’état pitoyable de l’armée syrienne lors de leur intervention pour remettre le régime sur pied en 2015-2016, scellée par la reprise complète d’Alep.

Le régime s’est aliéné non seulement les conscrits, sorte de main-d’œuvre « esclave » soumise à des brimades destinées a priori à créer la discipline, mais aussi les officiers alaouites qui souffraient de la détérioration générale de l’économie syrienne. C’est bien ce qui explique cette décomposition complète de l’appareil sécuritaire et militaire du pouvoir de Damas. L’insatisfaction vis-à-vis du régime était connue en Syrie bien avant, y compris parmi les loyalistes qui ne s’en cachaient pas, sauf en cas de menace existentielle comme entre 2012 et 2018. Mais les quatre dernières années ont considérablement amplifié ce mécontentement et suscité un écroulement du moral au sein des forces de sécurité et de l’armée – les jeunes hommes de la région alaouite, démobilisés à partir de 2020, font tout pour éviter la remobilisation en décembre 2024, ne voulant plus se battre pour le régime d’Assad.

Dans le pays en général, le pouvoir a organisé un pillage systématique. Ce racket généralisé, qui incite à utiliser le terme de « mafia » pour le caractériser, profite aux sphères les plus élevées du régime, mais celui-ci a fini par s’aliéner la majeure partie de la population, y compris ses sicaires. (assassins.

Le régime s’est vidé de sa substance dans des collusions entre hauts responsables sécuritaires (Maher Al-Assad, Ali Mamlouk, Hussam Luqa, etc.) et hommes d’affaires depuis les années 2000, une relation transformée par la guerre, les profiteurs de guerre devenant les nouveaux hommes d’affaires des années 2020. Les troupes dites d’élite deviennent des organisations de racket (aux checkpoints). La Quatrième Division du frère de Bachar, Maher Al-Assad, tant redoutée, sert à organiser des activités économiques lucratives en s’imposant comme contractant par l’intermédiaire de son « bureau de sécurité ».

Pour – faiblement – compenser son absence de ressources, le pouvoir s’est lancé de manière industrielle dans le trafic de drogue, comme le montrent des vidéos tournées dans des zones industrielles ou dans des villas de hauts dignitaires du régime après sa chute. Les chiffres sont invérifiables mais on parle au minimum de 6 milliards de dollars annuels. En tout cas, le captagon syrien inonde la région.

En réalité, l’État syrien pillé par la maison Assad, qui plus est sous sanctions, n’a plus aucune ressource ; la population compose avec les pénuries, plus de 90 % des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté ; la monnaie ne vaut plus rien ; les queues pour les produits de première nécessité (huile, farine) sont interminables, etc.

Depuis la proclamation par le régime de sa « victoire » en 2018-2019, les zones contrôlées par Damas sont celles où on vit le plus mal en Syrie. La clique sécuritaire mafieuse au pouvoir se partage les profits, loin de gouverner réellement le pays et en particulier de renforcer son armée. La démobilisation décrétée en 2020-2021, soi-disant parce que la guerre civile avait été « gagnée » (2018) et que le front d’Idlib face à HTC et la Turquie était stabilisé (2020), est une solution temporaire qui permettait de négliger ce dossier ; le régime le paiera très cher en décembre 2024.

La déréliction de l’appui extérieur

Pour compenser ses faiblesses, le pouvoir syrien comptait sur l’appui de l’Iran et de diverses milices associées à Téhéran, dont le Hezbollah, et sur la couverture aérienne russe. Son armée n’avait plus de capacité opérationnelle sans ce soutien, ce dont le régime ne se souciait guère car il se croyait suffisamment important géo-stratégiquement pour toujours pouvoir compter sur l’assistance de ses « parrains ».

Longtemps, le Hezbollah et des milices iraniennes ont tenu le front d’Alep face à HTC. Le Hezbollah avait même des checkpoints en propre (la confiance ne règne pas en son sein envers l’armée syrienne) autour de la capitale sur certains axes stratégiques. Mais à partir du moment où les cadres du Hezbollah et les officiers iraniens ne sont plus présents pour échapper aux frappes aériennes israéliennes systématiques (les Iraniens se retirent mi-2024, et le mouvement chiite rappelle ses hommes pour affronter Israël au Sud-Liban à partir de septembre 2024), le régime Assad est sans défense.

La Syrie coûte plus cher à ses alliés russes et iraniens qu’elle ne leur rapporte, malgré les fiefs économiques qu’ils se sont arrogés dans le pays (dans les télécommunications, l’extraction de minerais, le pétrole, etc.). Qui plus est, Moscou concentre ses efforts sur l’Ukraine pour avancer autant que possible dans le Donbass avant l’arrivée à la Maison Blanche de Trump, qui a proclamé sa détermination de mettre fin à la guerre au plus vite.

Bachar tente de reprendre à son compte la technique de manipulation de la scène régionale déjà employée par Hafez, mais dans une position incommensurablement plus faible. Il utilise sa réintégration dans les rangs de la Ligue arabe, poussée par la Jordanie et les pays du Golfe, au premier rang desquels les Émirats arabes unis, qui souffrent de l’exportation du Captagon, pour se redonner une nouvelle légitimité à l’international, sans faire la moindre concession pour autant.

En particulier, les relations avec la Turquie, qui contrôle une partie du nord-ouest de la Syrie, sont détestables. Malgré le processus d’Astana entre la Russie, la Turquie et l’Iran, la Turquie n’obtient jamais une normalisation avec Damas qui lui permettrait de renvoyer les réfugiés syriens (trois à quatre millions) présents sur son territoire et qui sont devenus un problème de politique intérieure, en particulier lors de la dernière campagne présidentielle férocement disputée en Turquie.

Le régime syrien, pourtant très isolé, répondait par la négative à toutes les propositions turques. Pas surprenant, dès lors, que, après la visite du ministre iranien des Affaires étrangères à Damas le 2 décembre, Russes et Iraniens, qui connaissent l’état de décrépitude du régime, rencontrent les Turcs (en contact avec HTC) à Doha où ils auraient hâté la fin du régime en commun.

La fin…

Cette situation de faiblesse totale cultivée par le régime lui-même est alors saisie très habilement par un groupe armé non étatique complexe (issu d’une mouvance djihadiste, mais qui a évolué pragmatiquement ou tactiquement), HTC, qui depuis 2017 a géré la poche d’Idlib.

S’y retrouvaient comme réfugiés ceux qui y ont été jetés quand le régime Assad et les Russes, par des accords de réconciliation (2018-2019) après des sièges et bombardements, signés consécutivement dans plusieurs zones, ont « trié » les rebelles entre ceux qui acceptaient de se « réconcilier » avec les forces pro-régime et les « irréconciliables » qui les refusaient et étaient déversés avec femmes et enfants vers Idlib. Ces derniers constituent les combattants de HTC qui souhaitaient rentrer chez eux plus qu’adhérer à telle ou telle idéologie. Reste à voir comment HTC va gouverner la Syrie « nouvelle »…

23 décembre 2024

Professeur agrégé en sciences politiques et en relations internationales. Spécialiste du monde arabe, Sciences Po Grenoble

https://theconversation.com/syrie-retour-sur-la-chute-de-la-maison-assad

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14 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Syrie ( Mediapart)

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Notes politiques sur les leçons de la victoire populaire contre le régime d’Assad. Vincent Présumey.

I. Une victoire populaire.

L’effondrement du régime baathiste syrien, avec la fuite de Bachar el Assad à Moscou et la disparition du « boucher » Maher el Assad [NB : il serait en Russie], est un évènement mondial de tout premier plan, qui vient bousculer toutes les représentations « géopolitiques » convenues et dominantes.

Celles-ci tentent de se protéger en commençant par nier le fait que cet effondrement constitue une victoire populaire, donc une victoire démocratique et prolétarienne.

Le principal argument en ce sens invoque bien entendu la nature de l’organisation armée qui a déclenché le processus d’effondrement en effectuant une percée d’Idlib vers Alep au matin du vendredi 28 novembre 2024, percée rapidement suivie de la libération d’Alep et du retour des réfugiés avec ou sans armes.

Sous l’effet de cet ébranlement absolu que fut la libération d’Alep, ville dont la destruction et la prise par les forces russes et iraniennes en 2015 avait signifié la défaite de la révolution syrienne et dont la libération inversait cet ordre établi alors, tout le pays est entré en mouvement et, quelques jours plus tard, la même organisation s’autoproclamait détentrice du pouvoir à Damas.

Celle-ci, le HTS ou HTC (Hayat Tahir al-Cham, Front de Libération du Levant) est d’origine djihadiste, issue de la branche syrienne d’al-Qaïda, al-Nosra. Elle n’est plus djihadiste au sens où elle a renoncé, depuis 2016, au « djihad mondial » pour se définir comme syrienne avant tout, mais elle est toujours islamiste, considérant la sharia comme le fondement nécessaire de l’ordre social, programme parfaitement réactionnaire.

Mais sa sortie de l’enclave d’Idlib répondait aux contradictions qu’elle y a rencontrées : impossibilité et finalement renonciation à imposer la sharia, poussée populaire exigeant la rupture du statu quo, nourrie de plus par les bombardements russes. A partir d’Alep, HTS a été porté, de gré ou de force, par le flot populaire qui a vu aussi l’irruption de plusieurs autres forces armées non islamistes : Armée Syrienne Libre, tribus arabes du Sud-Est, mouvements druzes et organisations démocratiques armées venues du Sud du pays, et c’est leur convergence seule qui a assuré la libération de Damas, à laquelle la population soulevée de la grande banlieue de Damas a activement participé.

La libération d’Alep a suscité l’onde de choc de l’effondrement de l’Etat et de l’armée des Assad, vermoulus par la corruption et incapable d’administrer de la manière la plus élémentaire le pays – l’administration était « meilleure » dans l’enclave pleine de réfugiés d’Idlib. L’appareil d’Etat d’Assad, tenu à bout de bras par la Russie et l’Iran et vivant de l’économie de la drogue (le captagon), s’est disloqué devant la combinaison de soulèvements généralisés et de la percée militaire de ces différents groupes dont le HTS fut le plus en pointe. Dans cet élan, la direction islamiste du HTS a ordonné à ses hommes de « respecter les minorités » (chrétiens, alaouites, chiites, druzes, ismaéliens, et aussi les habitants kurdes sunnites d’Alep) qui sont allées partout à leur rencontre, et en fait les forces du HTS par elles-mêmes avaient déjà pris ce parti, le seul efficace pour briser la division communautaire qui était le fait du régime Assad.

Il est évident que la nature politique d’al-Julani et de la direction du HTS est un obstacle potentiel au développement de la révolution, on y reviendra. Mais ceci ne devrait en aucun cas servir d’argument pour nier qu’il y a révolution. L’héritage de l’insurrection démocratique, non islamiste, de 2011, revit massivement dans le mouvement des populations, dans leur union contre l’ancien régime, dans le retour des réfugiés à l’intérieur du pays et depuis le Liban, la Turquie et l’Europe, qui a commencé.

Toute préparation de l’avenir immédiat et plus lointain, et toute opposition aux obstacles et dangers qui peuvent menacer la démocratisation, ne peut que s’appuyer sur la reconnaissance entière de ce qui s’est produit : une victoire populaire, à potentiel révolutionnaire. Toute négation ou escamotage de celle-ci ne peut que faire le jeu des forces qu’elle prétendrait combattre, islamistes et autres, en leur reconnaissant le mérite d’avoir par elles-mêmes et à elles seules renversé Bachar el Assad, ce qui est faux.

II. Prendre la mesure de ce qui a été renversé.

Il ne s’agit pas seulement du renversement d’un pouvoir présidentiel et de la dislocation commencée d’un appareil d’Etat, comme cela s’est produit en Tunisie, en Libye et en Egypte en 2011, dans plusieurs pays d’Amérique latine depuis le début de ce siècle, en Ukraine avec le Maidan. C’est cela mais c’est bien plus.

L’ouverture des prisons immenses du régime a affiché à la face du monde ce que l’on savait déjà en en soupçonnant seulement l’échelle : un système total de terreur, de torture et de mensonges. Le régime des Assad, dans un pays capitaliste à l’économie à la fois étatique et mafieuse, est l’héritier du nazisme et du stalinisme, par des liens directs : la police politique syrienne avait été formée par le nazi Aloïs Brunner, et les organes du KGB-FSB l’ont systématiquement formée et soutenue. Elle était l’épine dorsale de l’Etat totalitaire et de l’économie mafieuse.

Le peuple syrien connait une combinaison terrible de liesse et de deuil. L’immense foule qui a escorté le cercueil du martyr de l’humanité Mazen al Hamada dont le corps horriblement torturé est mort quelques jours avant la libération, exprime la force de ce sentiment. C’est un système totalitaire absolu qui s’effondre, et spécifique : les spectres de Sednaya comme ceux d’Auschwitz reviendront hanter les esprits après une, puis deux, puis trois générations. Ce système pour s’autoreproduire était engagé dans la destruction de ce qui est humain, la destruction du sens commun, la destruction physique et morale de ce qui fait les liens humains. Il a perdu.

Si le monde était démocratique, il offrirait son soutien en médecins, en psychologues, en infirmiers, en gynécologues, en pompiers, en techniciens, au peuple syrien dont le deuil et la liesse vont se combiner aux prochains combats immédiats pour la démocratie et la liberté.

Sednaya.

Syrie ( Mediapart)

III. Une révolution-guerre du XXI° siècle.

Les courants politiques qui comprennent quelque chose au réel et n’annonent pas de pauvres catéchismes ont commencé à saisir qu’en Ukraine, la levée populaire en masse de février-mars 2022 avait stoppé l’attaque impérialiste russe et que c’est la guerre qui nourrit le besoin de transformation sociale, contre la gabegie, y compris du point de vue militaire, du régime en place. Et qui nourrit aussi le besoin d’émancipation féminine, notamment. Nous avons commencé à reparler de « révolution-guerre » avec l’Ukraine.

Ce terme porte l’histoire des malentendus du XX° siècle, car il fut introduit de manière trompeuse au début des années 1950 dans le mouvement trotskyste pour appeler à l’alignement sur le camp « soviétique », en fait stalinien, dans la guerre froide. Ce qui, au fond, compensait le fait de n’avoir pas compris que la seconde guerre mondiale s’était développée, en tant que guerre, dans les insurrections nationales et les révolutions d’Europe et d’Asie.

Les questions militaires doivent cesser d’être le monde du silence des révolutionnaires, car si l’émancipation n’est absolument pas à la pointe du fusil, l’émancipation passera par l’emploi organisé des armes, et l’emploi organisé des armes s’appelle une armée. La Syrie s’inscrit totalement dans cette affirmation terrible qu’il faut regarder en face.

De même que c’est le début de formation d’un peuple en armes qui a stoppé Poutine en 2022, c’est le début de la formation d’un peuple en arme qui a renversé Bachar el Assad en 2024.

Pas de politique révolutionnaire et écologique pour sauver l’humanité sans l’exigence de démocratie absolue et jusqu’au bout : cela passe par les armes, cela va se concentrer dans des politiques militaires démocratiques, prolétariennes, et d’émancipations nationales.

Toute guerre n’est évidemment pas une révolution ou ne porte pas par elle-même la révolution. Elle la porte, dans la mesure où la défense populaire parvient à l’imposer ou dans la mesure où la guerre porte à l’insupportable, par la mort et les souffrances, l’ordre social capitaliste. Bien des guerres actuelles, même quand un peuple opprimé en est l’un des objets, ne sont pas des guerres-révolutions en train de se développer, mais le caractère de l’époque actuelle rend inévitable ce type de processus révolutionnaires, partout.

Ainsi, les Palestiniens ne sont pas un peuple en arme : les armes sont confisquées, et même les souterrains pour se protéger du massacre perpétré par l’armée israélienne à Gaza sont confisqués, par le Hamas, organisation dont la nature fondamentale est de confisquer tout droit à la démocratie et tout droit aux armes pour le peuple. La révolution syrienne, surtout si elle s’approfondit, montre donc la voie aux Palestiniens : les armes au peuple et la démocratie.

L’un des « récits dominants » sur ce qui vient de se passer tend à en faire un sous-produit du 7 octobre 2023, à travers le fait, incontestable, que les coups portés à l’Iran et surtout au Hezbollah par Israël ont donné une « fenêtre de tir » à la percée du HTS vers Alep, à partir de laquelle se sont enclenchés l’effondrement du régime et l’irruption des masses.

Il est en réalité tout à fait classique de voir une guerre nullement progressiste produire, involontairement, par la défaite de l’un de ses protagonistes étatiques, une poussée révolutionnaire. C’est ainsi que le fait que la révolution russe de 1905 ait eu pour déclencheur la défaite russe face au Japon ne rend pas le Japon d’alors révolutionnaire, pas plus que la révolution russe de 1917, liée à l’effondrement militaire en cours face à l’Allemagne impériale, ne fait de celle-ci un pays démocratique. De même, Israël n’est pas rendu progressiste et non-colonial du fait que ses coups sur le Hezbollah ont à l’évidence favorisé l’initiative initiale du HTS. Mais les causes de celle-ci sont internes. Et ses conséquences, nous allons y revenir, sont perçues comme terriblement menaçantes par Netanyahou.

IV. L’impact international de la révolution syrienne.

Cette formidable victoire populaire est donc une victoire pour tous les peuples. Elle fait contrefeu à toute la dynamique réactionnaire et fascisante mondiale que portent Trump, Poutine et Netanyahou.

Elle constitue la plus importante aide à l’Ukraine qui se soit produite, précisément au moment où la pression militaire russe dans le Donbass et la pression internationale contre l’armement de l’Ukraine et pour qu’elle cède s’intensifient avec Trump. Sur ce point, la déclaration du Comité français du RESU du 11 décembre 2024 sur la Syrie dit l’essentiel.

Mais c’est aussi le premier soutien réel apporté de l’extérieur au peuple palestinien depuis l’offensive, à dynamique génocidaire, engagée par l’armée israélienne depuis le 8 octobre 2023, au lendemain des pogroms du Hamas. Ce soutien réel ne sera donc pas venu du « mouvement propalestinien » que les organisations de la gauche et de l’extrême-gauche campistes et néocampistes influencent de manière décisive.

Car, disons-le : si l’effondrement du régime syrien, avec le puissant élan qu’il va imprimer aux aspirations populaires libanaises, porte un coup mortel au prétendu « axe de la résistance » allant de Téhéran au Hamas, ceci RENFORCE et n’affaiblit pas, la lutte du peuple palestinien dont le premier besoin, pour pouvoir résister efficacement au massacre à Gaza et à l’épuration ethnique en Cisjordanie, est de s’émanciper du dit « axe de la résistance ».

Le camp des droits démocratiques et nationaux des Palestiniens n’est pas le camp de Khamenei et compagnie. L’émancipation des Palestiniens ne peut qu’être l’œuvre des Palestiniens eux-mêmes, et une Syrie démocratique serait une impulsion formidable à l’exigence d’un Etat palestinien souverain, démocratique et laïque, déstabilisant les fondements du colonialisme à étiquette sioniste qui se nourrit de la menace existentielle que l’ « axe de la résistance », sans servir de rien pour les Palestiniens, fait peser sur les Juifs.

Israël, après des années de collaboration avec l’ « antisioniste » Assad, n’a jamais autant bombardé la Syrie que dans les quelques jours ayant suivi sa chute ! Etrangement, jamais Tsahal n’avait bombardé tous ces sites militaires quand ils étaient aux mains d’Assad.

Une offensive militaire occupe la zone frontière libano-syrienne du mont Hermon. Netanyahou vient de proclamer que le Golan resterait toujours israélien, ce qu’il n’aurait jamais dit au temps d’Assad.

Le rôle actif des druzes dans la prise de Damas, depuis Souieda, Kuneitra, Deraa, inquiète Tel-Aviv au plus haut point. Le fait que les druzes israéliens et ceux du Golan occupé depuis 1967 soient souvent assez bien intégrés dans la vie sociale et politique israélienne ne contredit nullement cette réalité : les druzes pourraient justement constituer un pont entre Israël, le Liban et la Syrie.

Netanyahou n’en veut pas car cela irait dans le sens de la démocratie, qui passe par un Etat palestinien et par le fait que les judéo-israéliens s’assument comme nation proche-orientale parmi ses voisines, et non comme peuple colonial.

Cette politique de fuite en avant a besoin du mensonge : faire croire qu’un nouveau danger islamiste va faire irruption en est la clef de voute. Mais la révolution syrienne porte en elle sa grande sœur, la révolution iranienne des femmes, des travailleurs et des peuples pour mettre à mort la République islamique. Rien ne pourrait arriver de meilleur pour les Palestiniens !

Majdal Shams, dans le Golan occupé par Israël.

V. Le Rojava, un mythe qui va tomber.

Depuis des années, un mythe circule en Europe : une « commune libre », féministe et libertaire, existerait au Rojava. La réalité était la suivante : lorsque l’Etat d’Assad a commencé à reculer, ce territoire a été concédé par Bachar au PYD et à ses forces armées, les YPG. Avec son appareil d’Etat, prisons, chambres de tortures et statues de Bachar comprises.

C’est ainsi que les statues de Bachar, dans tout le Rojava, n’ont été renversées que le jour même de la chute d’Assad, comme à Séré Kaniye, au cœur du Rojava. Cet Etat, issu non d’une révolution, mais de la tentative de préserver l’Etat existant d’une révolution, a évolué en roues plus ou moins libres, entre les attaques turques visant toute émancipation nationale kurde, et l’aide des deux impérialismes, le russe et, surtout, l’américain (oubliant qu’il avait qualifié de « terroristes » ces « marxistes-léninistes »). En luttant contre Daesh, les YPG ont sauvé des populations, notamment les Yézidis, et promu la place des femmes à l’encontre des islamistes. Ces faits incontestables ne changent rien à la nature fondamentale de cet Etat, comme on le voit ces derniers jours.

Le Rojava est en effet le dernier secteur de la Syrie dans lequel l’appareil d’Etat avec sa police et son armée est resté en place, et il tire sur les manifestants notamment à Rakka. Des révolutionnaires sérieux ne peuvent qu’être avec les masses contre la police. Deir Ezzor est libéré et la question de la libération de toute la partie arabe du « grand Rojava » est posée.

Le PYD tente en même temps de s’adapter et dit se féliciter de la chute d’Assad dans laquelle il n’est pour rien. Mais les rassemblements convoqués et encadrés lui échappent, y compris en zone kurde, et tournent en affrontements.

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont sous-traité au PYD et aux FDS (Forces Démocratiques Syriennes) qu’il domine, la gestion des camps de prisonniers issus des forces de Daesh, aujourd’hui très affaiblies. Le principal d’entre eux est à Hassaké, où des affrontements entre population et appareil d’Etat ont également commencé. Il s’agirait d’environ 7000 prisonniers et prisonnières, souvent des familles, les chefs véritables de l’Etat Islamique (Daesh), riches personnages issus des polices politiques irakienne et syrienne, ayant échappé à l’arrestation. L’issue démocratique à cette situation ne peut que consister dans leur exfiltration sous contrôle de comités démocratiques formés par les Syriens eux-mêmes. Daesh ne saurait être le prétexte à la contre-révolution, au Rojava ou ailleurs.

Dans la zone occidentale prolongeant le Rojava, à El Manbij, la situation doit être analysée différemment car il y a ingérence turque, à travers l’ANS (Armée Nationale Syrienne, qui a concentré de fait les secteurs, islamistes ou non, d’Idlib, qui n’ont pas suivi l’avancée du HTS vers le Sud et sont passés ou sont restés sous contrôle turc ; ces forces contiennent une forte proportion de minorités nationales turcomanes). La menace envers les Kurdes, en tant que peuple, est certaine, et des exactions se produisent.

Mais quelle serait la seule protection efficace pour les Kurdes ? Ce serait leur alliance totale avec la révolution syrienne. Ceci n’est pas possible sous l’égide d’un appareil autoritaire qui a été, depuis 1978, l’allié du totalitarisme assadiste.

VI. Des mots d’ordre clairs contre des Etats hostiles.

Comme on le voit, la révolution syrienne a des ennemis puissants qui semble surgir de partout. Ce sont les Etats, ce sont les forces représentant l’ordre établi. Ses alliés potentiels sont les opprimés et les peuples.

Il y a attaque turque contre les FDS et menaçant les Kurdes, au Nord ; attaque israélienne au Golan ; les troupes russes sont en débandade mais ne sont pas parties ; bombardements américains théoriquement sur « l’Etat islamique » ; bombardements israéliens jusque sur Damas.

Al-Julani, le terrible « djihadiste » (en fait islamiste) n’a protesté contre rien de tout cela : il tend la main à toutes les puissances. Bien plus que la sharia qui n’est à l’ordre-du-jour nulle part en Syrie, sa politique de conciliation avec l’ordre établi est ainsi tangible, ainsi que l’affirmation de vouloir construire une Syrie fondée sur « la libre entreprise ».

Alors que pratiquement toutes les forces politiques existantes essaient de ne pas tenir compte, de refouler, de minimiser, l’irruption des masses et donc du nouveau qui vient de se produire, la défense immédiate de la révolution, de la démocratie et de la souveraineté syrienne requiert, elle, des mots-d ’ordre clairs :

Libération de tout le territoire syrien !

Les troupes israéliennes et turques : DEHORS !

Les bases russes : DEHORS !

Daesh et l’aviation américaine : DEHORS !

Dans le territoire kurde, basta l’Etat YPG : le pouvoir au peuple !

Le Golan n’est pas israélien !

Elections libres, égalité des droits, respect des confessions, sur tout le territoire ! Une Syrie démocratique serait le noyau de la reconstruction démocratique de toute la région et le premier point d’appui pour un Etat palestinien et un Etat israéliens démocratiques et laïques.

VII. Perspectives syriennes.

Les prochains affrontements en Syrie n’auront sans doute pas pour objet la sharia, mais la démocratie. Al-Julani cherche à intégrer des pans entiers de l’ancien appareil d’Etat et veut donc préserver, et même réaliser pleinement, une « économie de marché ». C’est dans la réalité, non dans des formules tirées de livres, que les chocs se produisent.

Ainsi, il a dû renoncer à l’amnistie générale sous la pression populaire. Un « comité révolutionnaire » à Hama a organisé la pendaison publique d’un assassin de masse. Les lynchages de tortionnaires ont commencé partout. Al-Julani a alors pris acte de l’action des masses en proclamant la non-amnistie des tortionnaires.

Ainsi, l’ « économie de marché » est en train de prendre un grand coup à Damas : la forme de production capitaliste la plus lucrative, les labos de captagon, ont commencé à être épurés, les stocks détruits, par des groupes armées autoconstitués.

Le mouvement de la révolution démocratique voit sans doute déjà, notamment pour organiser la vie quotidienne immédiate toute police ayant disparu, des comités populaires se former partout, et il y a une expérience en la matière depuis 2011.

L’extension de la révolution au Rojava, dernière zone où l’Etat ancien résiste vraiment, va s’imposer : les Kurdes y ont toute leur place et il est possible que des secteurs du PYD tournent, sous la pression.

La libération de Damas a été un acte démocratique constituant, au sens national du mot « constituant », car des forces de tout le pays ont convergé sur Damas – à l’exception du grand Rojava, par la faute du PYD.

L’idée d’une période de transition est généralement acceptée en raison de ce mélange de liesse et de deuil dont il a été question. Comme l’écrit le militant démocratique Firas Kontar, bien plus clairvoyant que tous les « marxistes » auto-étiquetés, les Syriennes et les Syriens en ont grand besoin. En ce sens, il y a un mandat tacite à al-Julani, qui est aussi une forme de contrôle. Il ne durera pas longtemps.

La suite du processus appelle des élections, libres et démocratiques, dans tout le pays, reposant à la fois sur l’égalité civique de tous les Syriens et sur la reconnaissance des droits culturels propres à chaque groupe. Elections à une assemblée constituante souveraine, ce que al-Julani menace déjà en disant vouloir former un groupe de juristes et de docteurs chargés d’ « amender » la constitution bidon d’Assad.

Ce processus réel est celui d’une révolution démocratique et donc prolétarienne, car le « prolétariat », masse humaine n’ayant que sa force de travail pour vivre, est ici aussi l’immense majorité.

VIII. Conclusion : perspectives internationalistes.

La plupart des « marxistes » fonctionnent de la manière suivante face aux évènements : ils vérifient que ces évènements sont conformes à ce qu’ils pensent savoir, ce qui conduit à les tordre et à en dénier le contenu réel. La vraie méthode ne doit pas consister à faire la leçon aux évènements, à dire aux révolutions qu’elles sont mal barrées, à vérifier que les forces ennemies sont en place et les vaches bien gardées afin de pouvoir se prémunir de toute expulsion de sa zone de confort. Elle doit consister à saisir le réel, à appréhender le nouveau. Il survient dans un cadre déjà connu, qui a été analysé, mais il le modifie. Le vrai « marxisme » consiste à apprendre des faits, pas à faire la leçon aux faits. Il conduit donc à l’enrichissement, pas à la répétition. Car la répétition finit immanquablement par devenir … contre-révolution.

Le 24 février 2022 a inauguré une nouvelle période de guerres et de révolutions et de révolutions-guerre. Le 7 octobre 2023 a servi aux partisans de la répétition à tenter de tout ramener dans leur ancien monde campiste, alors que la nouveauté y était, elle aussi, inscrite. Le 28 novembre 2024 (jour de la libération d’Alep) jusqu’au 8 décembre (fuite d’Assad) viennent à nouveau retourner la période, marquée entretemps d’un autre évènement majeur, contre-révolutionnaire lui : le 5 novembre 2024, élection de Trump n°2.

Il est remarquable de voir à quel point l’irruption syrienne heurte tous les schémas qui, par conséquent, lui résistent de toutes leur énergie – et cette énergie fait aussi partie du réel où se déterminent les rapports de force : notre compréhension de la Syrie est un élément du rapport de force mondial.

Désormais, contre l’ordre impérialiste multipolaire de Trump, de Poutine et de Netanyahou qui nous mènent à la destruction climatique, économique et militaire, les internationalistes conséquents ont deux points d’ancrage et de référence centraux (pas les seuls bien sûrs mais les plus puissants) : l’Ukraine et la Syrie. Toute la question palestinienne notamment ne pourra qu’être rebattue en fonction de la Syrie.

Le présent texte ne vise qu’à commencer à intégrer cette dimension nouvelle, premier devoir de tout révolutionnaire du monde réel.

Vincent Présumey, le 13/12/24.

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18 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Ivresse

ivress

Ivresse-Novembre

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26 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

NPA (LGBTI)

Crédit Photo Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Auteur Commission LGBTI du NPA

Gouvernement Barnier : un musée des horreurs homophobe et transphobe

On ne s’attendait à rien de la part de Macron et Barnier, et on est pourtant horrifiéEs. L’accord de coalition de la macronie avec LR, soutenu par le RN, a un vieux goût de rance et de réactionnaire.

On savait Barnier réactionnaire, en témoigne son opposition à la dépénalisation de l’homosexualité ou au PACS. On connaissait les positions LGBTIphobes de Dati, Vautrin ou encore Lecornu.

Mais cela ne lui suffisait visiblement pas. Plusieurs figures de la réaction entrent au gouvernement comme Bruno Retailleau ou Laurence Garnier. Ces derniers se sont notamment fait connaître pour leur opposition au mariage pour touTEs, à la PMA pour touTEs, pour leur soutien aux thérapies de conversion.

Ils ont porté et soutenu la loi Eustache-Brinio, ultra-répressive contre les mineurEs trans, qui vise à bloquer leurs transitions et les soumettre à des thérapies de conversion.

Cette loi a aussi été soutenue par Sophie Primas (au commerce extérieur), Marie-Claire Carrère-Gée (à la coordination gouvernementale), ainsi que Françoise Gatel (à la ruralité) ; et surtout Agnès Canayer, ministre de la Famille (sic) et de la Petite enfance. Soutenir les tortures des enfants trans, le parfait CV pour diriger ce ministère !

À l’Agriculture, ce sera Genevard, opposée au mariage pour touTEs et à la PMA pour touTEs. Sur le même créneau, Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur a porté un amendement à la loi sur les dérives sectaires pour paralyser la lutte contre les thérapies de conversion. Othman Nasrou, chargé de la lutte contre les discriminations, a combattu le mariage pour touTEs.

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, dénonçait en 2023 lors des questions au gouvernement « les dérives du transgenrisme ». Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, a participé au harcèlement contre le Planning familial, jugé « trop inclusif » envers les personnes trans.

La Manif pour tous est maintenant en force. C’est la fin du « en même temps » – que le gouvernement Attal avait bien entamée – et du progressisme de façade de la macronie. Si nous n’avons jamais cru à son pinkwashing, nous ne pouvons qu’être alertéEs. La menace d’un soutien gouvernemental à la loi Eustache-Brinio est d’actualité.

Face aux réactionnaires, aux homophobes et aux transphobes, il nous faudra nous mobiliser dans l’unité la plus large pour défendre nos droits et en gagner de nouveaux. Cela commence le 1er octobre à l’appel de l’intersyndicale, cela continue le 12 octobre pour l’Existransinter dans les mois qui viennent.

Commission LGBTI du NPA

https://npa-lanticapitaliste.org/

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07 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Scrutin ( OF)

La gauche est réunie sous les couleurs du Nouveau Front populaire.

Législatives. Pas de majorité absolue, surprise à gauche… Ce qu’il faut retenir de ce second tour

Les Français ont élu leurs députés, ce dimanche 7 juillet, lors du second tour des élections législatives. Alors qu’aucune majorité absolue ne se dégage, la gauche arriverait légèrement en tête devant le camp présidentiel et le Rassemblement national. Voici les cinq enseignements du scrutin.

Un scrutin historique. Quatre semaines après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les électeurs étaient appelés aux urnes, ce dimanche 7 juillet 2024 pour le second tour des élections législatives. Voici les enseignements de ce vote à partir des estimations des instituts Ifop pour TF1 et LCI et Ipsos pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI et LCP.

Surprise, la gauche légèrement en tête

Divisée au soir des européennes, la gauche avait déjà surmonté un premier défi en parvenant à s’unir pour former une nouvelle coalition sous la bannière du Nouveau Front populaire. Avec des estimations entre 170 et 215 sièges, elle ferait mieux que la Nupes en 2022 (151 députés) et deviendrait même la force la plus représentée à l’Assemblée.

Une surprise pour ce bloc qui était arrivé deuxième du premier tour (27,99 %) mais qui a probablement bénéficié du front républicain mis en place dans de nombreuses circonscriptions pour faire barrage au Rassemblement national. « Il faut reconnaître que ce front républicain a fonctionné », s’est réjoui Raphaël Glucksmann.

Cette progression devrait aussi s’accompagner d’un nouvel équilibre des forces. En 2022, La France insoumise dominait largement (75 députés) ses partenaires. Mais après les élections européennes, l’équilibre des forces avait été revu avec notamment plus de circonscriptions pour les socialistes. Cela devrait se refléter dans les élus avec un groupe PS qui talonnerait celui de LFI. L’ancien président de la République François Hollande a notamment été élu.

Une répartition des sièges qui sera cruciale pour trancher la question du leadership. Contrairement au camp présidentiel ou au RN, la gauche avait choisi d’avancer sans chef de file. « Le Nouveau Front populaire est prêt à gouverner », a déclaré Jean-Luc Mélenchon peu après l’annonce des résultats. « Nous allons gouverner », a aussi déclaré l’écologiste Marine Tondelier. Pour le socialiste Olivier Faure, « ce vote doit ouvrir à une véritable refondation »..

 Aucun bloc n’obtient la majorité absolue

Emmanuel Macron avait dissous l’Assemblée nationale car il ne disposait pas de majorité absolue. Après ce nouveau scrutin, il se retrouve face à un hémicycle encore plus divisé. Signe de la nouvelle tripartition de la vie politique française, aucun des trois principaux blocs n’obtient au moins la moitié des sièges. C’est seulement la troisième fois sous la Ve République, qu’aucune coalition ne rafle la majorité absolue. En 1988, il manquait 13 sièges aux socialistes. Un écart qui est monté à 39 en 2022 pour le camp d’Emmanuel Macron. Ce chiffre sera encore plus important cette année.

Alexis BOISSELIER  07/07/2024

https://www.ouest-france.fr/

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11 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Edito (NPA L’Anticapitaliste)

Crédit Photo NPA Nouveau Parti anticapitaliste

Dans les urnes et dans la rue, le NPA-L’Anticapitaliste est prêt à participer au combat unitaire

Sept organisations de gauche viennent de publier un communiqué unitaire pour les prochaines législatives. Elles répondent à l’aspiration unitaire qui s’exprime contre la menace du fascisme et contre les politiques autoritaires, racistes et antisociales de Macron, qui lui ont ouvert la voie. Le NPA-L’Anticapitaliste salue ce positionnement et est favorable à une telle démarche.

Le texte appelle à ce que la liste des signataires s’élargisse. Effectivement, pour gagner, un accord entre appareils ne peut suffire : il faut rassembler les classes populaires, leurs organisations ; les forces politiques mais aussi le mouvement social.

C’est d’un grand mouvement de masse dont nous avons besoin pour changer le rapport de forces. Pour battre le RN mais aussi pour ouvrir une véritable alternative aux politiques capitalistes qui détruisent la planète, sèment la guerre et la misère.

Nous ne voulons pas renouer avec les reniements de la gauche au pouvoir, de Mitterrand à Hollande, qui ont tant démoralisé et contribué à ce que l’extrême droite se renforce.

Nous voulons une gauche de combat, qui porte des mesures de rupture : sur les salaires, les retraites (avec le retour de la retraite à 60 ans) et la protection sociale ; qui s’affronte au patronat et aux banques ; qui met en place une véritable transition écologique ; qui défend les droits des peuples, palestinien, ukrainien comme Kanak.

Une gauche du monde du travail et des quartiers populaires, des exploité·es et des opprimé·es. Une gauche de la solidarité et de l’égalité, féministe, antiraciste et internationaliste.

Et dans cette gauche-là, le NPA-L’Anticapitaliste est prêt à prendre toute sa place !

Lundi 10 juin 2024

https://npa-lanticapitaliste.org/

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07 avril 2024 ~ 0 Commentaire

Ravel (NPA)

Crédit Photo DR Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
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Lycée Ravel : islamophobie et politique sécuritaire, nous ne sommes pas dupes !

L’affaire d’islamophobie au lycée Ravel ne cesse de prendre de l’ampleur. Le 28 février, un chef d’établissement interpelle violemment une élève de BTS pour lui demander de retirer son sous-hijab, qu’elle enfilait afin de se rhabiller à la sortie du lycée. Alors que la jeune femme doit prendre un moment pour retirer le nœud du bonnet, celui-ci s’en prend violemment à elle au point que des élèves devraient s’interposer pour interrompre le proviseur. Le proviseur a ensuite démissionné, alléguant des menaces qui pèseraient sur sa sécurité. Des menaces bien entendu condamnables.

Le geste du chef d’établissement est d’abord celui d’un personnel de l’Éducation nationale pour qui les dispositions islamophobes de l’institution scolaire ont paru justifier la violence sur une élève. La légitimation d’une forme d’intolérance à la visibilité de l’islam, par des dispositifs légaux, n’a pas seulement pour effet d’opprimer les mulsumanEs mais aussi d’encourager la violence islamophobe. Nous affirmons notre soutien à l’élève concernée, ainsi qu’à tous les élèves mulsumanEs qui subissent l’islamophobie d’État entérinée par la loi de 2004.

La médiatisation de cette violence, nécessaire pour dénoncer les conséquences réelles des règlements administratifs discriminatoires, a suscité des réactions outrées parmi les populations visées par l’islamophobie d’État « et d’atmosphère » au quotidien.

Les menaces sont graves et ne doivent pas être minimisées, elles manifestent des tensions réelles et croissantes qui sont le résultat de la discrimination accrue dans notre pays. Pour autant, il ne s’agit plus de « ne pas faire d’amalgame » mais de refuser l’inversion des responsabilités.

Le parallèle qui est réactivé dans les médias avec l’assassinat de Samuel Paty est intolérable car il représente une instrumentalisation de sa mort pour silencier la dénonciation de l’islamophobie. Invitée à réagir à la mise en retrait du proviseur, la jeune fille agressée s’est dit « désolée pour lui ». Elle n’est pourtant en rien responsable des menaces, venant d’individus des Hauts-de-Seine, sans lien avec elle. Une fois encore, les musulmanEs, même victimes d’oppression, sont somméEs de se solidariser avec leurs agresseurs.

Depuis le début du mois de mars, l’escalade islamophobe est insoutenable : le soutien de la classe politique, du PS à l’extrême-droite, au chef d’établissement manifeste l’aggravation de la cécité islamophobe dans notre pays. Une étape est franchie par le Premier ministre, Gabriel Attal, qui non content d’avoir intensifié la pression islamophobe avec l’interdiction des « signes religieux par destination » et non plus seulement « ostentatoires », c’est-à-dire visibles, affirme porter plainte contre l’adolescente pour « dénonciation calomnieuse ». La ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, y ajoute la mise en place de « d’une force mobile scolaire » pour « soutenir » les chefs d’établissement dans leur mission islamophobe.

Nous dénonçons la réaction sécuritaire et raciste du gouvernement Attal et nous nous opposons à cette transformation de l’Éducation nationale en institution idéologique dont la priorité selon le gouvernement est l’application de lois islamophobes. Nous affirmons notre soutien aux élèves discriminéEs, aux enseignantEs et personnels d’éducation qui luttent pour une société libre d’oppressions et s’opposent à la mise au pas raciste du service public.

 3 avril 2024

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

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31 août 2022 ~ 0 Commentaire

convergence (unité)

gauche arabe

Face à l’urgence sociale et écologique, construire une large convergence (communiqué unitaire)

La hausse des prix rend de plus en plus difficile la vie quotidienne de la grande majorité de la population. Les mesures prises par le gouvernement aboutissent à une baisse des revenus réels, alors même que le patrimoine des plus riches et les dividendes versés aux actionnaires ne cessent de croître et que de nouveaux cadeaux fiscaux pour les employeurs sont déjà programmés. De plus, le gouvernement prévoit de nouvelles attaques frontales contre la protection sociale que ce soit sur la question des retraites ou sur l’assurance-chômage, et contre les services publics.

À cette injustice sociale se combine l’inaction du gouvernement face à la crise climatique, dont les événements dramatiques de cet été sont l’illustration emblématique. Cette inaction ne fait que renforcer les inégalités puisqu’elle permet au plus riches de continuer leur mode de consommation, alors même qu’il est le plus destructeur des écosystèmes, et à la plupart des entreprises, en particulier les plus grandes, de continuer à privilégier la logique du profit au dépend du respect des impératifs écologiques.

Dans cette situation, nos organisations syndicales, associations et forces politiques ont décidé d’entamer des échanges afin de construire ensemble un processus de mobilisation populaire pour mettre en échec la politique sociale et climatique menée par le gouvernement et pour imposer les changements nécessaires.

Dans ce cadre, nous nous associons d’abord aux mobilisations syndicales déjà prévues les 22 et 29 septembre et à toutes celles qui vont avoir lieu dans les secteurs professionnels et les territoires.

Et nous nous reverrons le 12 septembre pour décider ensemble d’éventuelles initiatives communes.

Signataires : Alternative, ATTAC, CGT, Confédération paysanne, Convergence services publics, Copernic, EELV, FSU, Génération.s, LFI-NUPES, MAN, NPA, OXFAM, Solidaires, PCF, PS, UNEF.

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

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