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25 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

JO (Reporterre)

Jeux olympiques : notre carte des destructions écologiques et sociales

Jeux olympiques : notre carte des destructions écologiques et sociales

Expulsion des populations jugées indésirables, bétonnage d’espaces naturels, pollution routière et aérienne accrue : les Jeux olympiques bouleversent le paysage écologique et social. Voici une carte des destructions franciliennes.

Derrière le conte de fée sportif, les Jeux olympiques sont synonymes de destructions sociales et écologiques. Bétonnage d’espaces naturels, constructions tous azimuts…

Côté nettoyage social, les « indésirables » — sans-abri, personnes migrantes, habitants et habitants des quartiers populaires — ont été expulsés pour construire des nouveaux quartiers flambants neufs. Selon les chiffres compilés par le collectif Le Revers de la médaille, plus de 12 000 personnes auraient été expulsées pour cet évènement.

Ces jeux sont également une catastrophe écologique : 1,58 million de tonnes d’équivalent CO2 seront rejetés dans l’atmosphère par les voyageurs qui viendront du monde entier. Les organisateurs avaient d’abord promis une compétition à « contribution positive pour le climat », avant d’afficher un objectif, plus réaliste, de diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre générées par l’événement par rapport à la moyenne des éditions de Londres 2012 et de Rio 2016. Reporterre vous emmène dans l’envers du décor de la saga sportive la plus médiatisée du monde.

JO (Reporterre) dans Altermondialisme carte-24

© Stéphane Jungers / Reporterre

1 — LES DESTRUCTIONS D’ESPACES NATURELS

  • Les jardins ouvriers d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)

Septembre 2021. Les bulldozers arrachent des tournesols, déracinent des cerisiers et déchiquettent des légumes. Près de 4 000 mètres carrés des jardins ouvriers d’Aubervilliers sont détruits pour construire le solarium de la future piscine olympique de la ville. Pourtant, quelques jours plus tard, le tribunal annule le plan d’urbanisme, rendant les travaux illégaux.

Depuis, la piscine a été inaugurée, sans le solarium, mais la menace persiste. « Nous ne nous interdisons pas de relancer le projet d’espaces extérieurs, une fois que les habitants se seront approprié ce bâtiment principal », a déclaré aux Échos Valérie Pécresse, présidente (LR) de la Région Ile-de-France.

Une autre menace pèse sur ces jardins populaires : un projet pôle multimodal qui pourrait grignoter 2 000 m2 supplémentaires.

  • Le centre nautique de Taverny

Une très coûteuse nouvelle piscine olympique. À Taverny, le nouveau centre aquatique baptisé Alice Milliat a été inauguré le 13 mai dernier. Son coût : 51 millions d’euros, soit 37 % de plus que le budget initialement prévu.

La construction a également bétonné 30 000 m2 d’espaces naturels, presque dix fois plus qu’à Aubervilliers. Les opposants avaient déposé un recours en justice sans succès. « C’était censé être un équipement phare des JO mais il n’y aura aucune compétition dans cette piscine. Elle va seulement servir de base arrière pour des nageurs de deux pays [Suisse et Argentine] », assure à Reporterre Thomas Cottinet, conseiller municipal à Taverny et membre des Écologistes. « Ils nous annoncent des championnats du monde pour des sportifs de haut niveau. Mais cela ne va concerner que quelques centaines de personnes sur un bassin de quasiment 100 000 personnes. »

Les habitants du coin vont devoir également mettre la main au portefeuille : 7,70 euros l’entrée (5,90 euros pour les résidents de la communauté d’agglomération de Val Parisis) contre 4,50 euros dans l’ancienne piscine (3,40 euros pour les résidents).

  • Les épreuves de VTT Colline d’Elancourt (Yvelines)

C’est le point culminant de l’Île-de-France. La colline d’Élancourt accueillera les épreuves de VTT les 28 et 29 juillet. L’aménagement du lieu pour construire notamment les pistes pour les VTT, a coûté 10,8 millions d’euros.

Un projet critiqué par le collectif Les Amis de la revanche, aujourd’hui disparu. « Le Cojo (comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques) est plus fort que nous, on n’a pas pu lutter. Il n’y a plus qu’à apprécier le spectacle maintenant », constate Tristan Péribois, ancien membre des Amis de la revanche.

Il estime que la Solidéo a été à l’écoute des revendications du collectif en créant un comité de citoyen de suivi du chantier, ce qui a permis de tempérer les inquiétudes et de rassurer la population. « Il a fallu abattre des hectares de forêt, mais l’aménagement vu de loin s’intègre bien dans le paysage », précise Tristan Péribois.

  • La base nautique de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne)

La base nautique de loisirs de Vaires-Torcy, a été choisie pour accueillir les épreuves de canoë, de kayak et d’aviron. Pour cela, les organisateurs ont installé un rail de 2000 m de long sur la berge Nord. Le but : permettre aux caméras mobiles de suivre les bateaux. Ces travaux ont détruit les roseaux qui poussaient le long de la rive. Plusieurs élus écologistes de la région se sont insurgés contre ce qu’ils considèrent comme un écocide. « L’île de loisirs abrite plusieurs espèces animales protégées comme la couleuvre à collier et l’oiseau blongios nain ainsi que des végétaux rares », explique au Parisien Ghislaine Senée, présidente du pôle écologiste au conseil régional.

  • À Tahiti, on détruit les coraux pour l’épreuve de surf

Des coraux victimes des JO ? À Teahupoo, sur la presqu’île de Tahiti, la nouvelle tour construite pour les juges de la compétition de surf a abîmé les fonds marins de la baie. Sa construction avait été fortement contestée. Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, avait même envisagé de déplacer l’épreuve de surf sur un autre site. Une pétition, lancée par l’association Vai ara o Teahupoo, avait recueilli plus de 255 000 signatures. Hélas, les associations opposées au projet ont « lâché l’affaire ». « Nous avons fait tout ce qui était possible dans les limites de la légalité », assurait Cindy Otcenasek, présidente de Vai Ara o Teahupoo, l’association la plus mobilisée contre les travaux.

2 — LES ZONES TRANSFORMÉES POUR LES JO

  • L’échangeur autoroutier, Carrefour Pleyel, à Saint Denis

Les enfants de l’école Anatole France n’entendent pas le chant des oiseaux pendant la récréation mais celui des voitures. Un échangeur routier a été construit juste à côté de leur établissement, situé Carrefour Pleyel à Saint-Denis. Le but : mieux relier le village olympique aux différents sites des compétitions. AirParif doit mesurer les concentrations des particules fines. Les résultats sont publiés sur leur site internet. « Airparif nous dit que tout va bien et que les enfants ne courent aucun danger, mais on sait que c’est faux. Cette station est à l’intérieur de la cour et loin de la chaussée. Alors que certaines fenêtres donnent sur l’échangeur », explique Hamid Ouidir, parent d’élève et membre de la FCPE 93. Sa fédération avait porté l’affaire en justice jusqu’à la CEDH avant d’être déboutée.

  • Le stade de rugby Pablo Neruda, à Saint-Ouen

Les enfants privés de terrain de sport. Leur stade Pablo Neruda, situé rue Marcel Cachin, à Saint-Ouen a été réquisitionné pour devenir un parking. De quoi garer les voitures des partenaires du comité d’organisation de Paris 2024 (Cojo). « On nous bassine avec le fait qu’il faut encourager le sport et on condamne un stade de banlieue pour le transformer en parking pour les gens du CAC40 ! », gronde Jean-Philippe Folco, le vice-président du Red Star Rugby dans Le Monde. Le temps des jeux, les pratiquants ont été priés d’aller voir ailleurs en attendant de pouvoir récupérer leur pelouse.

  • Le village des médias, à Dugny

C’était autrefois un parc où se tenait chaque année la Fête de l’Humanité. L’aire de Vents à Dugny s’est aujourd’hui recouverte d’immeubles qui vont accueillir le village des médias d’une superficie de 80 000 m² d’espace intérieur et 25 hectares extérieur. Près de 1 582 journalistes et techniciens sont attendus. Cette opération immobilière a été contestée en justice, sans succès.

Au final, 950 logements ont été construits. Leur prix : 4 500 euros le mètre carré pour un studio alors que les appartements dans la zone valent au maximum 3 611 euros le mètre carré.

  • Le village des athlètes

Le village des médias n’est pas le seul projet immobilier à renchérir le foncier de la banlieue nord de Paris. Le village des athlètes, qui doit accueillir 14 500 sportifs avec leur équipe, est sorti de terre. Il s’étend sur une superficie de 52 hectares, l’équivalent de 70 terrains de football, sur trois communes : Saint-Denis, Saint-Ouen et l’Île-Saint-Denis.

Pour le construire, 3 écoles, 19 entreprises, 1 hôtel et 2 foyers auraient été détruits selon les chiffres du collectif Saccage 2024. « Après, il participera joyeusement à la dynamique de gentrification du 93, en se reconvertissant en bureaux pour cadres, commerces, hôtels. Mais surtout en logements trop chers », estime le collectif.

En effet, les logements du village sont vendus entre 6 000 et 7 000 euros/m² alors que le prix moyen de l’immobilier à Saint-Denis est de 4 000 euros le mètre carré.

« De mon point de vue, il n’y aura pas d’habitant du 93 dans le village des athlètes », annonce Cécile Gintrac, membre du comité de vigilance face aux JO. « Nous demandons la création d’un observatoire du village des athlètes pour savoir qui devient propriétaire des logements. »

3 — LES DESTRUCTIONS SOCIALES

  • L’exploitation des travailleurs sans papiers

Pour que ces lieux d’accueil des sportifs soient prêts à temps, les travailleurs du bâtiment ont carburé sans relâche dans des conditions difficiles. On compte 87 accidents du travail sur des chantiers liés au JO et 40 % des victimes sont des intérimaires. De plus, une centaine de travailleurs n’avaient pas de papier.

Ce chantier se voulait pourtant « une vitrine internationale pour les majors de la promotion immobilière et du BTP » selon les termes de l’établissement public chargé de la construction des sites, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo).

  • À Marseille, une privatisation de la mer

Plus de 50 millions d’euros. Voici le budget consacré par la ville de Marseille à la rénovation de la base nautique du Roucas-Blanc. « On est dans la démesure. Des travaux ont été réalisés au Frioul, dans la base nautique du Roucas-Blanc, 56 millions d’euros dépensés, que du béton et rien dans les quartiers Nord, comme d’habitude », considère Thomas, membre du collectif Contre-JO dans un article de France 3.

La deuxième ville de France, où près d’1 enfant sur 2 ne sait pas nager, manque cruellement de piscines municipales. De plus, l’accès à certaines plages sera restreint au public durant les compétitions, notamment les plages du Prado et du Roucas.

  • La vidéosurveillance algorithmique

Certaines installations olympiques risquent de détruire nos libertés publiques. Pour la première fois, un dispositif de vidéosurveillance algorithmique va être utilisé durant les épreuves sportives. Cette technologie identifie des situations considérées comme «  anormales  ». La Quadrature du Net estime qu’il s’agit d’un « réel changement de dimension de la surveillance et d’industrialisation du travail d’image pour démultiplier les notifications et interpellations, guidées par cette intelligence artificielle ».

  • Des expulsions en masse

Durant la période 2023-2024, l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels a recensé 138 expulsions de lieux de vie informels, parmi lesquelles 64 bidonvilles, 34 regroupements de tentes (exclusivement sur Paris et Aubervilliers) 33 squats, ainsi que 7 lieux de personnes voyageuses. À titre de comparaison, 121 expulsions avaient été recensées sur la période 2021-2022, et 122 en 2022-2023.

En avril 2023, l’ancienne usine d’Unibéton — plus gros squat d’Île-de-France — a été évacuée par les forces de police, expulsant près de 400 exilés, relatait le Bondy Blog. Cet immeuble se trouvait juste en face du village olympique. La préfecture de Seine-Saint-Denis a assuré que cette évacuation est « à dissocier des JOP et n’intervient pas dans ce cadre. »

Le foyer pour travailleurs étrangers Adef à Saint-Ouen a été également expulsé en mars 2021, pour laisser la place aux bâtiments flambant neufs du village olympique. Le relogement des 286 hommes vivant sur place a été géré par la Solidéo et la préfecture. « De ce point de vue, ils ont bénéficié d’un traitement plus protecteur que les personnes indirectement délogées par les JO », estime Jade Lindgaard dans son livre Paris 2024 — Une ville face à la violence olympique (éd. Divergences, 2024).

À la cité Marcel-Paul, sur l’Île-Saint-Denis, près de 300 ménages ont été sommés de quitter les lieux au plus vite et se sont vus proposer des appartements qui ne répondaient pas aux règles de relogement, comme l’explique une enquête de Mediapart.

Parmi les quelque 56 000 personnes sans domicile fixe hébergées dans des hôtels privés, nombre d’entre elles se sont retrouvées sur le carreau. À l’approche des jeux, beaucoup d’établissements ont décidé de rompre leur contrat avec l’État, préférant accueillir les touristes.

Autre victime des JO : les travailleuses du sexe. Selon le collectif Le Revers de la médaille, l’ensemble des associations intervenant au bois de Vincennes ont constaté une nette augmentation des contrôles de la situation administrative des femmes nigérianes qui y travaillent.

Enfin, nombre d’étudiants boursiers ont été priés de quitter leurs lieux de vie. Douze résidences Crous sont réquisitionnées pour accueillir pompiers, soignants, forces de police et sécurité civile. Les jeunes recevront en échange une indemnité de 100 euros et deux places pour assister aux compétitions.

 Laury-Anne Cholez  25 juillet 2024

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24 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Qui c’est? (Reporterre)

Qui est Lucie Castets, la candidate de la gauche pour Matignon refusée par Macron<small class="fine d-inline"> </small>?
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Qui est Lucie Castets, la candidate de la gauche pour Matignon refusée par Macron ?

Le Nouveau Front populaire a enfin tranché : la gauche a proposé la haute fonctionnaire Lucie Castets pour Matignon. M. Macron a décliné, et dit qu’un nouveau gouvernement ne sera pas nommé avant « mi-août ».

Plus personne n’y croyait. Pourtant, juste avant l’interview d’Emmanuel Macron au journal télévisé de France 2, le 23 juillet, les représentants du Nouveau Front populaire (NFP) ont publié un communiqué, annonçant soudainement s’être mis d’accord sur un nom de Première ministre : Lucie Castets.

« Validée au consensus de nos quatre formations politiques », a précisé la cheffe des Écologistes, Marine Tondelier, sur le réseau social X. Et de lancer, comme un défi : « Prochaine étape : Macron doit reconnaître le résultat des élections et la nommer. »

Las, à peine une heure et demie après cette annonce, Emmanuel Macron déclinait l’offre lors de sa première interview depuis le second tour des élections législatives. « Je suis prête, nous sommes prêts, je demande au président de la République de prendre ses responsabilités et de me nommer », a insisté sur France Inter Lucie Castets, mercredi 24 juillet.

Seize jours après les résultats des élections législatives anticipées, où le Nouveau Front populaire est arrivé en tête (sans toutefois réussir à obtenir de majorité absolue), la gauche réunie a enfin tranché. Les Écologistes, La France insoumise, le Parti communiste et le Parti socialiste ont choisi une personnalité inconnue du grand public, moins marquée politiquement qu’Huguette Bello (présidente du conseil régional de La Réunion) et que Laurence Tubiana (directrice de la Fondation européenne pour le climat), dont les noms avaient créé la polémique au sein du NFP.

Une défenseuse des services publics

Le Nouveau Front populaire vante son profil de haute fonctionnaire, « animatrice de luttes associatives pour la défense et la promotion des services publics ». Lucie Castets, 37 ans, a en effet cofondé le collectif Nos services publics en 2021, dont elle est toujours l’une des trois porte-parole.

« Il manquait une entité qui prenne la parole de l’intérieur pour mettre en lumière les dysfonctionnements et faire des propositions », expliquait la Normande, originaire de Caen, au journal L’Humanité en 2023. « Le service public va très mal. Il ne s’agit plus d’une lente dégradation, on arrive à un point de rupture. On ne peut pas traiter le service public comme on traite une entreprise », estimait-elle aussi, ajoutant que nous allons avoir « massivement besoin de l’État pour lutter contre le réchauffement climatique ».

Elle s’est aussi distinguée en novembre 2022, en reprochant publiquement à Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, sur le plateau de l’émission C ce soir (France 5), de ne pas créer suffisamment de postes liés à la transition écologique et énergétique.

Lucie Castets travaille actuellement à la Mairie de Paris, où elle est directrice des finances et des achats. Après avoir étudié sur les bancs de Sciences Po, de l’ENA et de la London School of Economics, cette économiste a d’abord exercé à la direction générale du Trésor et à la Banque mondiale, relate L’Humanité. Elle a notamment travaillé « à la répression de la fraude fiscale et de la criminalité financière », souligne de son côté le Nouveau Front populaire.

Auprès de l’Agence France Presse, Lucie Castets a affirmé qu’elle souhaitait porter « l’abrogation de la réforme des retraites » — ce qui figure en bonne place dans le programme commun du NFP. Sans perdre de temps, elle appelle également à une « grande réforme fiscale pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part ». En outre, elle souhaite impulser une « amélioration du pouvoir d’achat » par la revalorisation des salaires et le relèvement des minimas sociaux.

Selon Macron, « personne n’a gagné » aux législatives

Durant la soirée du 23 juillet, les représentants du Nouveau Front populaire se sont succédé sur les plateaux télé pour demander à Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets Première ministre. Las, le président de la République ne l’a pas entendu de cette oreille.

Lors de son interview le même soir, le président de la République a enfin reconnu la défaite de la majorité sortante, estimant cependant que « personne n’a gagné » — quand bien même la coalition de gauche est arrivée en tête du scrutin. « Ce serait faux de dire que le Nouveau Front populaire a une majorité [à l’Assemblée] », a-t-il déclaré, soulignant que le député communiste André Chassaigne, qui avait été désigné candidat du NFP pour l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale, n’a pas été élu le 18 juillet.

Interrogé par les journalistes de France 2 sur la proposition Lucie Castets, Emmanuel Macron a répondu que « le sujet [n’était] pas là ». « Le sujet n’est pas un nom donné par une formation politique, a-t-il poursuivi. [...] La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays. »

Le président a donc préféré enjoindre les partis à « faire ce que toutes les démocraties européennes font », c’est-à-dire « savoir faire des compromis » pour « voter ensemble » et « essayer d’avancer ». À trois jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Emmanuel Macron a affirmé qu’il ne nommera pas de Premier ou Première ministre avant la « mi-août », pour se « concentrer » jusque-là « sur les Jeux » et attendre « l’avancée de ces discussions ».

Macron fait du pied à l’extrême droite

Le président ne s’est pas contenté de nier le résultat de la gauche unie. Interrogé sur le fait que le Rassemblement national n’a obtenu aucun poste au sein du bureau de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron est allé jusqu’à estimer que « ce n’[était] pas une bonne chose », en observant que le Rassemblement national était « le premier parti à l’Assemblée » — quand bien même c’est la coalition des quatre partis de gauche qui est arrivée en tête. Au passage, il ne s’est pas empêché de critiquer les députés ayant refusé de serrer la main de membres du Rassemblement national, lors de l’élection au perchoir.

Continuant sur sa lancée de séduction de l’extrême droite, au moment de dérouler ses « priorités » pour le reste du mandat, Emmanuel Macron a déclaré vouloir « entendre ce que les Français nous ont dit sur [davantage] de fermeté, [davantage] de sécurité », reprenant ainsi les thèmes du Rassemblement national. À aucun moment durant son entretien le chef de l’État n’a mentionné les enjeux écologiques.

« Emmanuel Macron propose la suspension de la démocratie »

Sur le plateau de LCI, la présidente du groupe parlementaire insoumis Mathilde Panot a réagi en demandant à Emmanuel Macron de « se soumettre ou se démettre » pour « respecter le résultat des urnes et le résultat du vote des Français ».

« Il ne s’agit pas d’une trêve olympique que propose Emmanuel Macron, a-t-elle dénoncé. C’est tout simplement la suspension de la démocratie qu’il propose. J’espère que tout le monde comprend la gravité de ce que cela veut dire. »

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23 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Fûts (Reporterre)

 nuke no
.Fûts

126 000 fûts de déchets nucléaires menacés d’inondation en Allemagne

Des infiltrations d’eau menacent un important site de stockage de déchets nucléaires en Basse-Saxe. Malgré des risques de pollution, les autorités peinent à mettre en place un plan d’évacuation des fûts radioactifs.

Berlin (Allemagne), correspondance

La mine d’Asse II, site de stockage de déchets nucléaires à scandales en Allemagne, fait à nouveau parler d’elle. Du fait de la structure géologique de la mine, ses parois s’effondrent sur elles-mêmes et l’eau des nappes phréatiques et des fleuves souterrains a commencé à s’y infiltrer dès 1988.

Depuis le début de l’année, les infiltrations se sont nettement intensifiées dans cette ancienne mine de sel située en Basse-Saxe. 12 m3 d’eau s’écoulent chaque jour à environ 25 mètres au-dessus de treize chambres creusées à plus de 600 mètres sous terre, selon l’Agence fédérale en charge des déchets nucléaires (BGE). Celles-ci abritent 126 000 fûts de déchets nucléaires de faible et moyenne radioactivité.

Le risque est double. La saumure — mélange de sel et d’eau — générée peut endommager les fûts et faire fuir leur contenu radioactif dans la nature. Cela s’est déjà produit : de 1988 à 2001, de nombreuses analyses de la saumure ont montré des concentrations de tritium supérieures aux valeurs autorisées (jusqu’à 75 fois trop élevées). Idem avec du cobalt 60 et du césium 137, des isotopes radioactifs dangereux.

L’eau peut aussi conduire à l’effondrement des parois de sel et tout bonnement empêcher la récupération prévue des déchets. « Je suis inquiet. Le désastre nucléaire d’Asse se poursuit. Les incidents montrent que la récupération des déchets radioactifs doit être accélérée », a jugé le ministre de l’Environnement de Basse-Saxe, Christian Meyer (Vert), à la télévision publique régionale NDR.

Il a demandé à BGE, l’exploitant de la mine, de parer au plus vite pour empêcher la propagation incontrôlée de la boue d’eau et de sel dans la mine. « Sur les 12 m3, nous en récupérons chaque jour environ 9 m3 », a assuré la nouvelle directrice de la BGE Iris Graffunder, qui garantit que, pour l’instant, les fûts ne sont pas menacés.

Ces affirmations ne rassurent pas les riverains, d’autant qu’une partie de l’eau n’est pas récupérée et qu’un prélèvement de 2008 a montré que les concentrations de déchets radioactifs contenus dans les fûts étaient parfois bien supérieures à celles autorisées.

Un exercice dangereux

Asse II a commencé à faire les titres de l’actualité en 2008 et 2009, quand la société exploitante de l’époque avait annoncé la fermeture définitive d’un site pourtant connu pour son instabilité géologique grandissante. Suite à cela, l’évacuation des fûts, d’abord prévue à l’horizon 2022, puis 2033, a été inscrite dans la loi qui encadre la gestion des déchets nucléaires (Atomgesetz). Mais depuis, peu de choses se sont passées. Des riverains et l’initiative citoyenne Aufpassen ont d’ailleurs porté plainte en 2023 contre la BGE en l’accusant d’inaction.

Le 10 juillet dernier, la ministre fédérale de l’Environnement Steffi Lemke est venue s’enquérir elle-même de la gravité de la situation, comme en 2023. « Je suis là pour faire accélérer les choses et pour m’occuper de la manière dont nous devons évacuer les “cochonneries” qui ont été faites ici au siècle dernier », a-t-elle assuré, en promettant de tout faire pour clore l’évacuation d’ici à 2033.

Elle a cependant rappelé que cette opération était complexe et « n’a encore jamais été réalisée au monde ». « Nous devons soutenir le plafond et y pénétrer avec des appareils télécommandés. Nous avons aussi constaté, grâce à des caméras dans les chambres de stockage, que les fûts sont en grande partie endommagés. Nous devons développer des appareils capables de s’adapter à toutes les éventualités », a détaillé Jens Köhler, chef du projet pour la BGE, à la chaîne de télévision ZDF.

Pour accueillir les déchets de la mine d’Asse, un centre intermédiaire de stockage doit encore être construit en surface. Et si les galeries s’effondrent avant, un plan B prévoit l’inondation du puits de la mine avec une eau saturée au chlorure de magnésium. Leur entreposage définitif, lui, n’a toujours pas été réglé.

La situation des sites allemands n’est pas toujours aussi dramatique que celle d’Asse. Mais elle rappelle que le stockage des déchets nucléaires est un exercice dangereux qui n’a rien de sûr, ni de définitif.

Tel l’exemple de l’ancienne centrale nucléaire est-allemande de Greifswald, en démantèlement depuis trente ans.

En l’absence d’un site de stockage final pour les déchets hautement radioactifs, qui doit être officiellement déterminé d’ici à la fin du 21e siècle, la société exploitante EWN se prépare à y construire un nouveau bâtiment de stockage intermédiaire. Une option de « cellule chaude » y est intégrée, soit une salle spécialement confinée pour pouvoir ouvrir et réparer des conteneurs Castor, réputés indestructibles, mais eux aussi vieillissants et corruptibles.

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21 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Périclès (France Info)

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Plan « Périclès » : ce que l’on sait du projet du milliardaire catholique Pierre-Edouard Stérin pour promouvoir des valeurs conservatrices et faire gagner la droite aux élections

Ce plan de « bataille culturelle » ambitionne de promouvoir des valeurs culturelles de droite en finançant des cercles de réflexion qui visent à influencer le cadrage médiatique. Il passe aussi par un soutien à des personnalités politiques acquises à sa cause, RN en tête.

Il a échoué à racheter le magazine Marianne, mais son influence dépasse ses propriétés médiatiques. Le milliardaire français Pierre-Edouard Stérin, fervent catholique et exilé fiscal libertarien, n’agit pas seulement à travers les nombreuses entreprises dont il possède des parts. Ses équipes ont conçu un plan structuré pour faire gagner du terrain à ses valeurs politiques et religieuses conservatrices, à travers les médias et en soutenant des personnalités politiques de droite et d’extrême droite.

Ce projet, baptisé « Périclès », est présenté en détail dans un document datant de 2023. Son existence a été dévoilée intégralement par le quotidien de gauche L’Humanité, jeudi 18 juillet, et confirmée par les équipes de Pierre-Edouard Stérin auprès de plusieurs médias, dont Mediapart et Le Journal du Dimanche. Voici ce qu’on sait de cette stratégie de « bataille culturelle », comme le présente au FigaroVox Pierre-Edouard Stérin, une des plus grandes fortunes de France, qui doit notamment son succès à la société de coffrets-cadeau Smartbox.

La promotion du libertarisme économique et de convictions conservatrices

Dans le document dévoilé par L’Humanité, le projet « Périclès » (pour « Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes ») est présenté comme fondé et administré par Pierre-Édouard Stérin et deux de ses proches : François Durvye, directeur général du fonds Otium Capital, et Alban du Rostu, directeur général du Fonds du bien commun. Les deux structures financières appartiennent au milliardaire, plusieurs fois placé au sommet du classement des investisseurs français spécialisés dans les entreprises innovantes, et qui met en avant depuis plusieurs années ses dons à des associations portant ses valeurs.

Leur stratégie vise à « permettre la victoire idéologique, électorale et politique » d’un ensemble de « valeurs clés ». Parmi elles, des valeurs libérales comme la « liberté individuelle et d’entreprendre », et d’autres plus conservatrices ou traditionalistes, comme la présentation de « la famille » comme la « base de la société », la revendication d’une « place particulière du christianisme » ou d’une « fierté de notre histoire, notre identité, notre culture ». Ces idées sont placées en opposition de « tendances » présentées par les auteurs du document comme « les maux principaux de notre pays », dans lesquels ils incluent pêle-mêle « socialisme, wokisme, islamisme, immigration » ou « laïcité agressive ».

« Imposer ses thèmes » par une « guérilla juridique » et médiatique

Pour distiller leur idéologie, les concepteurs de Périclès prévoient une stratégie d’action à tous les niveaux de la société – juridique, médiatique, politique et administratif. Dans un premier temps, le plan prévoit une « guérilla juridique » contre « l’islamisme, l’immigration, l’attaque à la liberté d’expression, la théorie du genre (…) afin de faire changer la peur de camp, faire appliquer la loi et se défendre des attaques adverses, faire évoluer la loi ». Un projet déjà partiellement lancé, à travers la création du collectif Justitia en mai 2023 en collaboration avec le cercle de réflexion conservateur Institut Thomas More.

L’équipe de Pierre-Edouard Stérin compte aussi « imposer [ses] thèmes » et leur traitement privilégié à travers les médias, les réseaux sociaux et la « production intellectuelle ». Pour les diffuser, les auteurs misent en 2024 sur la production de « baromètres » sur l’« islam et insécurité », l’« immigration » ou l’« extrême gauche », en partenariat avec des médias chargés de relayer « massivement ces résultats pour toucher toute la population française ».

A terme, les auteurs du plan Périclès ambitionnent de diffuser leurs idées conservatrices en créant « le premier think tank de droite en France afin de réunir les principaux experts thématiques des sujets régaliens », et ainsi « d’influencer la sphère politique, médiatique et intellectuelle, de préparer les mesures politiques et les réformes ».

Un soutien concret au RN, et bientôt à d’autres candidats de droite

Au niveau des institutions politiques, le document explique vouloir « identifier les élections prioritaires » et « former au combat électoral » les « candidats alignés » sur ce projet idéologique qui ont « le plus de chances de victoire ». Pour cela, l’équipe du milliardaire compte, par exemple, sur la création d’une « école des futurs maires » qui distribuerait à partir de septembre 2024 une formation théorique et pratique à des candidats « partageant [leurs] valeurs », de sorte à leur faire remporter les élections municipales dans près de 1 000 « petites et moyennes communes ».

Un parti est plus particulièrement soutenu par Pierre-Edouard Stérin : le Rassemblement national. Les concepteurs de Périclès revendiquent viser une « victoire » du RN aux municipales de 2026, en aidant le parti d’extrême droite avec un « plan structuré » et des équipes départementales chargées d’« identifier les candidats » potentiels, avec un objectif de « 300 villes à gagner absolument ». Ce projet est présenté comme déjà partiellement lancé.

Les auteurs du document se défendent de vouloir aider exclusivement le RN, et comptent « lancer dans les prochains mois des missions similaires correspondant aux besoins de chacun (par exemple, recrutement de candidats pour LR) ». Ils recommandent aussi de « construire une présence proche des dirigeants de demain » à droite, notamment chez Les Républicains, Reconquête et le Rassemblement national. Parmi leurs cibles prioritaires : Jordan Bardella et Marine Le Pen, avec qui ils disent déjà disposer d’une « relation de confiance » et d’une « influence réelle ».

A plus long terme, les concepteurs du plan Périclès comptent préparer « en amont de la présidentielle » de 2027 « une réserve de 1 000 personnes (technocrates, professionnels de la politique, experts thématiques) » acquis à leurs idées et « pouvant être mis aux postes clés (cabinets, structures parapubliques, haute administration) ». Pour atteindre tous ces objectifs, les administrateurs de Périclès prévoient de dépenser environ « 150 millions d’euros » en dix ans.

Auprès du Journal du Dimanche (passé sous le giron d’un autre milliardaire fervent catholique, Vincent Bolloré), les équipes de Pierre-Édouard Stérin ont confirmé la création de Périclès, tout en ajoutant que le document était « un peu daté ». « Nous communiquerons très vite plus précisément sur nos projets. »

20/07/2024

https://www.francetvinfo.fr/

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10 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

France Culture

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France Culture à 18h15 dans « Le temps du débat »

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-temps-du-debat/apres-le-succes-du-nfp-les-gauches-sont-elles-reconciliables

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02 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Philippe POUTOU (NPA)

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19 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Garde à vue (Reporterre)

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Une journaliste de « Blast » en garde à vue après avoir couvert une manifestation

La reporter couvrait une manifestation menée au siège de l’entreprise d’armement Exxelia.

Une journaliste du média en ligne Blast a été interpellée le 18 juin par la police judiciaire et demeure placée à cette heure en garde à vue dans les locaux du commissariat du 11e arrondissement de Paris, indique le site d’information.

Dans le cadre d’une enquête sur les ventes d’armes en Israël, la reporter couvrait une manifestation menée au siège de l’entreprise d’armement Exxelia Technologies (ex-Eurofarad), visée par une plainte pour complicité de crimes de guerre et homicide. Cette manifestation a donné lieu à l’ouverture d’une enquête pour dégradation et intimidation par le parquet de Paris.

Risque d’« atteinte au secret des sources »

Plusieurs manifestants ont également été placés en garde à vue. En l’état, nous sommes dans l’attente de la décision du parquet quant au sort judiciaire de notre consœur.

Reporters sans frontières a réagi à cette nouvelle atteinte à la liberté d’informer : « RSF dénonce un risque d’atteinte au secret des sources d’une journaliste de Blast, dont la garde à vue a été prolongée jusqu’à [mercredi 19 juin] pour refus de remettre son portable. La reporter qui couvrait une action contre les ventes d’armes à Israël doit être libérée. »

Reporterre rappelle que l’interpellation de journalistes couvrant une action de la société civile n’est pas légale. La jurisprudence est claire, comme l’ont montré deux jugements en 2023.

Reporterre a remporté deux procès

Le journaliste de Reporterre, Alexandre-Reza Kokabi suivait en juin 2020 une action organisée par le mouvement Extinction Rebellion. Vingt-huit activistes ont pénétré sur les pistes de l’aéroport d’Orly, près de Paris, demandant l’interdiction des vols intérieurs « pour lutter contre le changement climatique ». Malgré la présentation de sa carte de presse et le fait qu’il ne s’était livré à aucun acte illégal, se contentant d’observer les activistes, le journaliste a été conduit et détenu dans un commissariat pendant dix heures.

En septembre 2021, M. Kokabi a de surcroît été condamné à payer une amende de 750 euros. Reporterre a refusé de payer et lancé une procédure devant la justice administrative. Trois ans après les faits, en novembre 2023, le tribunal nous a donné raison et a condamné l’État français.

De même, en novembre 2021, une journaliste de Reporterre, Elsa Souchay, avait couvert une action écologiste dans une usine stockant illégalement des semences génétiquement modifiées. Elle a été poursuivie en justice, et ce n’est qu’en juin 2023, après une forte mobilisation, que nous avons obtenu sa relaxe.

https://reporterre.net/

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18 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Choc ( France Info )

Les personnels du collège Lou Blazer de Montbéliard, ce mardi 18 juin

Les personnels du collège Lou Blazer de Montbéliard, ce mardi 18 juin • © FO Education

« C’est un tri social des élèves » : à Montbéliard, opération collège-mort contre le « choc des savoirs » et les groupes de niveaux

Pour protester contre le déploiement du Choc des savoirs, des opérations « collège mort » sont organisées. Ce mardi 18 juin, à Montbéliard (Doubs), c’est au collège Lou Blazer que les élèves ne sont pas venus en cours.

Ce mardi 18 juin, ils ne sont qu’une petite vingtaine d’élèves, sur les 640 que compte l’établissement, à s’être rendus en cours, au collège Lou Blazer de Montbéliard. En zone prioritaire « REP + », dans le quartier de la Petite Hollande, personnels et parents d’élèves y ont organisé une opération « collège-mort », pour protester contre la mise en place de la réforme du « Choc des savoirs » qui doit débuter en septembre 2024.

« C’est une réforme qui fait l’unanimité contre elle, et elle passe en force » résume Christophe Dubujet. Ce professeur d’Histoire-géographie, délégué du personnel du collège, demande l’abrogation de la réforme portée par Gabriel Attal. « Elle est rejetée par la totalité des organisations syndicales et des fédérations de parents d’élèves ».

Les groupes de niveaux, « tri social des élèves »

C’est le point de la réforme qui suscite la plus grande levée de boucliers : la création de « groupes de niveaux » en français et en mathématiques. En 6ᵉ et en 5ᵉ dès la rentrée prochaine, puis en 4ᵉ et 3ᵉ en septembre 2025.

« Il s’agit de supprimer le groupe classe et de remplacer par des groupes de niveaux : des groupes avec des élèves les plus en difficultés, de niveau standard et en facilité » détaille Christophe Dubujet. « Pour nous, c’est un tri social de nos élèves, et on y est opposés ». Selon les syndicats enseignants, ces groupes de niveaux casseront les dynamiques de « groupe classe », ou les meilleurs participaient à porter et encourager les élèves en difficulté.

Dans un tract distribué aux parents d’élèves, les personnels estiment que ces groupes entraîneront une « accentuation des inégalités et stigmatisation des élèves en difficulté », ainsi qu’une « désorganisation des emplois du temps »« À Delle près de Belfort, on leur demande de faire les groupes sans heures supplémentaires » rapporte le délégué du personnel à Lou Blazer, également secrétaire adjoint de FO Éducation dans le Doubs, « donc on va supprimer les dédoublements de classe en physique, en mathématiques, et on va piocher des heures dans d’autres dispositifs qui fonctionnent ». 

Le mouvement critique également les nouveaux programmes, très détaillés, ainsi que les nouveaux ouvrages de cours, qui suppriment selon les organisations syndicales enseignantes la liberté d’enseignement.

Portée par les parents d’élèves qui choisissent de ne pas envoyer leur enfant au collège, la mobilisation de ce mardi à Lou Blazer porte aussi contre la suppression d’une heure de technologie en 6ᵉ, d’une heure en moins pour les cours en Segpa, et de l’obligation d’avoir le brevet des collèges pour entrer en seconde, « barrière pour entrer au lycée ».

Johanna Albrecht  18/06/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr

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10 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Saint Brévin (Basta)

Saint Brévin (Basta) dans Altermondialisme

En photo : Marche en soutien a Yannick Morez, maire de Saint-Brévin (Loire-Atlantique) le 24 mai 2023. Le domicile du maire avait été ciblé par un cocktail Molotov et un incendie détruisant une partie de sa maison. Il a démissionné de son poste suite aux menaces de militants d’extrême-droite, hostiles à l’aménagement d’un centre d’accueil pour personnes réfugiées / © Estelle Ruiz (Hans Lucas).

 Cette Bretagne « ouverte et solidaire » qui livre bataille contre les suprémacistes blancs

Ils revendiquent ouvertement leur racisme et leur suprémacisme « blanc », y compris en usant de la violence physique. Face à ces exactions d’extrême droite qui se répandent en Bretagne, syndicats et associations préparent « la bataille culturelle ».

« La Serre, c’est un repaire d’extrême gauche, de partisans d’une idéologie mortifère, leurs idées gangrènent la société. » A la barre du tribunal de Saint-Brieuc, jeudi 16 mai dernier, Noël B., 20 ans, assume pleinement ses actes. Il comparait, avec deux autres personnes dont son frère aîné, Lucas, pour violences en réunion avec arme et avec le visage dissimulé suite à l’intrusion violente dans le local associatif briochin La Serre, le 17 novembre 2023. L’agression a fait plusieurs blessés, dont l’un d’entre eux s’est vu prescrire une Interruption Temporaire de Travail (ITT) de 3 jours. Les personnes présentes participaient ce soir-là à une réunion d’une association d’éducation populaire.

Noël B., colleur d’affiches occasionnel du Parti national breton (PNB, autonomiste d’extrême droite), reconnaît avoir participé à cette action violente, visant à « récupérer le matos antifa » (autocollants, affiches et banderoles), muni d’une « barre de fer car c’est utile contre les antifa » mais indique ne pas avoir « frappé les personnes âgées par respect du code d’honneur ». Le militant d’extrême droite, qui considère « la démocratie comme un régime mortifère », dit avoir agi pour notamment « défendre le droit des Blancs à vivre », comme si celui-ci était menacé.

Sticker Ku Klux Klan et bulletin Jordan Bardella

Son frère, Lucas B., sympathisant d’Éric Zemmour, a déclaré qu’il allait « voter pour Jordan Bardella aux élections européennes » au cours d’une audition devant les gendarmes. La présidente du tribunal égraine le contenu du stock de stickers retrouvé par les forces de l’ordre au cours d’une perquisition chez lui : « « White lives matter », « La Bretagne aux Bretons », « Ku Klux Klan » et autres croix celtiques… ». « Entre nous, ça s’échange comme des cartes Pokemon », rétorque tranquillement le militant.

Carte recensant la multiplication des violences d'extrême droite en Bretagne et Loire-Atlantique.
Violences d’extrême droite
Basta! a recensé une cinquantaine d’exactions de janvier 2023 à mai 2024 commises en Bretagne et Loire-Atlantique. Elles sont classées en quatre catégories, par ordre de gravité, des tags racistes ou néo-nazis aux violences physiques, en passant par les menaces et les incendies (contre la maison d’un élu) et tentatives d’incendie (contre des mosquées notamment).
© Christophe Andrieu

Au terme de l’audience, le tribunal condamne Lucas B. à 12 mois d’emprisonnement avec deux ans de sursis probatoire et Noël à 18 mois d’emprisonnement, dont 12 mois de sursis. Le lendemain du procès, des inscriptions sont découvertes sur les murs de la Serre : à côté d’une croix gammée et d’une croix celtique, un « Fuck antifa » accompagné d’une menace : « On a pas dit notre dernier mots (sic). »

A Saint-Brieuc, ce n’est pas la première fois que la Serre, lieu de débats et de projections abritant également une cantine populaire, est prise pour cible. En octobre 2023, quelques semaines avant cette agression, des inscriptions nazies ont été taguées sur la devanture du local. En septembre, c’est la permanence du Parti communiste (PCF) qui était visée par des tags nazis et suprémacistes. En juillet, un groupe d’une vingtaine de militants fascistes cagoulés et armés attaquait les participants au festival « Pour une Bretagne ouverte et solidaire ».

Menaces par armes à feu

Une violence d’extrême droite qui s’est déployée ces derniers mois non seulement à Saint-Brieuc, mais également dans toute la région Bretagne ainsi que dans le département des Pays-de-la-Loire. Basta! a ainsi recensé de manière non exhaustive plus d’une cinquantaine d’actes violents perpétrés par différents groupes d’extrême droite sur ce territoire depuis début 2023.

« C’est la première fois qu’on subit ce niveau de violence, indique Winston* [1] du Collectif vigilance antifasciste (CVA), à l’origine avec d’autres organisations du festival « Pour une Bretagne ouverte et solidaire » à Saint Brieuc. « Jusqu’à présent, on était plutôt épargné dans la région. » A Lorient, les syndicalistes étudiants de l’Union pirate ont également vu se multiplier les autocollants fascistes, croix celtiques et autres tags nazis sur les murs de l’université ces derniers mois. « Une vidéo a même circulé dans laquelle on voyait des personnes tirer avec une arme à feu sur une de nos affiches syndicales », relate Amélie*, de l’Union pirate Lorient, « c’est choquant ». La syndicaliste fait le lien entre la multiplication des intimidations et la création récente sur le campus d’une section du syndicat d’extrême droite Union nationale inter-universitaire (UNI).

A Lorient, les agissements de l’extrême droite ne restent pas cantonnés à l’université. « En mars 2023, à la fin d’une manifestation contre le projet de réforme des retraites, plusieurs camarades portant des chasubles Solidaires ont été agressés et menacés avec une arme à feu », note Gwenn* du syndicat Sud Éducation Morbihan. Amélie, à Lorient, continue la liste : « Pendant les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, on a aussi vu se constituer une milice privée qui interpellait les protestataires aux côtés des forces de l’ordre, on sait que certains membres de l’UNI y ont participé. »

Cibler l’accueil des migrants…

« Ces deux dernières années, nos locaux de Brest ont été ciblés à cinq reprises par de la peinture ou des tags avec notamment des croix gammées ou des croix celtiques », rappelle de son côté Ismaël Dupond, secrétaire départemental du PCF pour le Finistère. Le militant précise que les plaintes déposées après ces dégradations n’ont cependant pas donné de suites judiciaires à ce jour. Ce qui inquiète encore plus Ismaël Dupond, ce sont « les intimidations autour des questions d’accueil des migrants », évoquant ainsi les menaces de mort dont a été la cible Laure-Line Inderbitzin, membre du PCF, ex-adjointe à la mairie de Callac (mais toujours membre du conseil municipal).

Callac est une petite ville d’environ 2000 habitants dans les Côtes d’Armor. Un projet d’accueil de réfugiés porté par la municipalité y a été abandonné début 2023 suite à un virulent mouvement d’opposition orchestré par l’extrême droite. « L’offensive violente de Reconquête ! à Callac, les manifestations qui y ont été organisées et le fait qu’on ait vu débarquer dans ces rassemblements des militants appartenant à des groupuscules violents, cela a déclenché quelque chose », analyse Marie* du syndicat Solidaires des Côtes d’Armor, qui ajoute : « Le fait qu’ensuite la mairie de Callac abandonne le projet d’accueil de réfugiés, ça a été interprété comme une victoire par l’extrême droite. »

Face à la recrudescence des violences de l’extrême droite, les organisations syndicales et militantes tentent de construire une riposte. « Avec la Confédération générale du travail (CGT) et la Fédération syndicale unitaire (FSU), nous avons créé en juin 2023 le collectif Vigilance et initiatives syndicales antifascistes (VISA) pour les Côtes d’Armor », explique Marie de Solidaires. Cette dynamique intersyndicale contre l’extrême droite, née en 1996 au niveau national, n’existait pas localement. « On informe et on organise des formations, précise la syndicaliste, l’objectif, c’est d’outiller les militants et les syndiqués pour qu’ils puissent agir sur leur lieu de travail contre l’extrême droite et ses idées ».

Ou des artistes drag-queen

« Il y a une bataille culturelle qui se joue, complète Gwenn de Sud Éducation Morbihan, pas seulement en Bretagne, mais aussi au niveau national, tant dans les médias que dans le champ professionnel ». Organiser des ateliers de formation, décrypter les programmes défendus par les partis d’extrême droite, mieux comprendre comment fonctionne « la fachosphère » et ses réseaux, recenser les actes perpétrés par les groupes violents : contrer l’influence de l’extrême droite implique un travail militant conséquent.

Au-delà du champ syndical, Marie juge pour sa part qu’il était « urgent d’élargir le front contre l’extrême droite et de reprendre la rue », raison pour laquelle son syndicat, Solidaires Côtes d’Armor, a rejoint l’initiative locale du Front commun. « Avec le Collectif Vigilance Antifasciste (CVA), nous souhaitions ne pas nous cantonner aux syndicats et partis politiques mais impliquer plein d’autres personnes et organisations qui pouvaient soutenir ce genre de combat, précise Winston. « Nous nous sommes donc tournés vers des commerçants, des musiciens ou des lieux culturels, dont certains avaient fait face à l’extrême droite, comme à Lamballe au cours d’un atelier de lecture organisé par des artistes drag-queen. »

Le Front commun contre l’extrême droite prend forme fin 2023 et a d’organisé une manifestation régionale le 21 avril dernier, à Saint Brieuc, 23 ans jour pour jour après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, le candidat du Front national (FN), au second tour de l’élection présidentielle. Environ 1500 personnes étaient présentes pour cette manifestation. Winston du CVA se dit « satisfait » du niveau de mobilisation mais souligne que « c’est le résultat d’un important travail d’information de terrain auprès d’un large public afin de mobiliser contre toute cette violence d’extrême droite ».

L’enjeu ? Gagner « la bataille culturelle » et faire que la Bretagne reste une terre « ouverte et solidaire ». Un défi colossal au lendemain d’élections européennes marquées par des scores conséquents de l’extrême droite, tant au niveau européen que nationalement et localement. Et suite à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, qui prend le risque de permettre l’arrivée de l’extrême droite à Matignon.

10 juin 2024  Maël Galisson

https://basta.media/

 

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09 juin 2024 ~ 0 Commentaire

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