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12 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

« Ras-le-bol fiscal » : le grand matraquage (Acrimed)

« Ras-le-bol fiscal » : le grand matraquage (Acrimed) dans A gauche du PS tumblr_mfumsnxGsD1ribnwko1_500

Une fièvre nouvelle se serait emparée de la France en cette fin d’été : le « ras-le-bol fiscal » des Français face à l’augmentation prétendument déraisonnable des prélèvements obligatoires. Quoi qu’on pense du niveau de ces prélèvements, un constat s’impose : la mise à l’agenda du « ras-le-bol fiscal » dans le débat public a très largement relevé d’une construction médiatique.

Tout commence par une interview du ministre de l’économie le 20 aout sur France Inter : « Je suis très sensible à ce ras-le-bol fiscal que je ressens de la part de nos concitoyens » explique Pierre Moscovici. Ses sources ? Lors de ses deux semaines de vacances, ses proches « ne lui ont parlé que de ça du petit déjeuner au dîner » explique très sérieusement Le Monde en citant l’entourage de Pierre Moscovici.

On assiste dès lors à un phénomène médiatique singulier : le « ressenti » du ministre devient un fait social avéré. Au len- demain de l’interview sur France Inter, Le Monde publie ainsi un article qui titre «  Les contribuables constatent déjà les hausses d’impôt décidées en 2012 », et décrypte le « ras-le-bol » auquel Moscovici s’est déclaré sensible… Il aura donc simplement fallu qu’un ministre fasse part de son impression et de celle de ses amis pour que des journalistes bien intentionnés s’appliquent à démontrer qu’il s’agit d’une réalité tangible.

Libération, qui ne compte pas se laisser distancer par Le Monde lorsqu’il s’agit de relayer les résultats des investigations estivales des ministres, apporte de nouveaux éléments décisifs pour confirmer le « sentiment » de Moscovici : « Beaucoup de ministres et députés ont constaté sur leurs lieux de vacances la confirmation de ce que répète l’opposition depuis des semaines : un début de trop-plein fiscal ». Décidément, les vacances portent conseil… Et si le gouvernement a renoncé à financer la réforme des retraites en augmentant les impôts, le quotidien croit savoir que c’est pour ne pas « alimenter le ras-le-bol fiscal des Français » [1]. Un « ras-le-bol » présenté ici encore, sans distance, comme une préoccupation « des Français » – alors qu’il constitue avant tout un enjeu de lutte politique entre la majorité et l’opposition…

On pouvait s’y attendre, Le Figaro, qui en matière de fiscalité a toujours confondu les intérêts de son lectorat avec ceux des Français, se contente quant à lui de prendre note de ce que le ministre se soit rendu à l’évidence : « Pierre Moscovici a reconnu qu’il y a, en France, un problème avec le niveau des impôts ». Cette évidence est partagée par Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires écono- miques et monétaires, qui explique dans un entretien au JDD du 25 août que les impôts ont atteint un « seuil fatidique » en France, et précise notamment que « la fiscalité de l’épargne et l’impôt sur les sociétés ont aussi atteint des seuils trop élevés », ou que la rigueur « doit passer par une baisse des dépenses publiques et non par de nouveaux impôts  ».

Ses propos, qui suggèrent qu’il vaut mieux couper dans les dépenses sociales que de taxer les plus riches ou les entreprises seront largement repris… Elle est aussi partagée par Jean-Louis Borloo, qui lance le 27 août une pétition nationale pour un moratoire fiscal. Cette initiative connait un certain succès médiatique puisqu’elle sera au moins reprise par TF1, RTL, Europe 1, Le Figaro, Le Parisien, L’Express, Le Télégramme, etc. En toute logique d’ailleurs : après avoir décrété que les Français (dans leur ensemble) étaient excédés par le « matraquage fiscal », diffuser un tel appel revenait à faire œuvre de salut public…

Pour se convaincre que le thème du « ras-le-bol fiscal » est largement une construction médiatique, il suffit de constater qu’il efface du débat public un autre ras-le bol, au moins aussi crédible : le « ras-le-bol » de la stagnation ou de la régression du pouvoir d’achat… Au lieu de souscrire à l’emballement médiatique, le rôle d’un journalisme exigeant aurait été de s’interroger sur ce que les « ressentis » et les « on dit » de vacances, fussent-ils ministériels, recouvrent de réalité [2].

Quand bien même « ras-le-bol » il y aurait, concerne-t-il tous les Français et revêt-il le même sens pour chacune des catégories socio- professionnelles ? Les cris d’orfraie du MEDEF et le mécontentement des couches populaires, frappées de plein fouet par l’augmentation des impôts non progressifs (et notamment des impôts sur la consommation), et donc par la stagnation ou la baisse de leur pouvoir d’achat, sont-elles à placer sur le même plan ? C’est plus d’une dizaine de jours après l’irruption fracassante du « ras-le-bol fiscal » sur la scène médiatique que l’on voit apparaître dans les grands titres de presse des dossiers sur ce qu’était au juste censé recouvrir ce phénomène de « ras-le-bol fiscal ». Mieux vaut tard que jamais ? Voire. Car il s’agit plus souvent de justifier plutôt que d’expliquer.

« Sarkozy-Hollande : 84 nouveaux impôts en deux ans » titre Le Monde le mercredi 4 septembre. Le quotidien dresse ainsi l’inventaire des hausses et créations d’impôts réalisées depuis trois ans, avec un constat : «  ceux-ci atteindront un record absolu en 2013, avec un taux de prélèvements obligatoires de 46,3 % du produit intérieur brut. » ; « Pluie d’impôts sur la France » titre quant à lui l’article qui résume cette enquête dans le magazine du Monde. Le ras-le-bol fiscal existe-t-il ? En tout cas, pour Le Monde, il a toutes les raisons d’exister – et s’ils se fient à la nouvelle marotte de leur quotidien, ses lecteurs seront bientôt convaincus qu’ils sont spoliés par une fiscalité confiscatoire…

Autre enquête, celle de Rue 89, qui a le mérite de donner la parole au rédacteur en chef d’Alternatives économiques, qui relativise la « pression fiscale » dénoncée par le MEDEF (et en creux, par Le Monde) : « Les mesures supplémentaires prises pour 2013 n’ont probablement eu pour effet que de ramener la fiscalité des revenus et du capital des ménages à peu près au niveau qui était le sien en 2000 avant la débauche des baisses d’impôts pour les plus riches et les entreprises [3]. » Une prise de distance qui est pourtant relativisée par un article intitulé « Avec notre « fiscomètre », surveillez la pression fiscale », qui raille l’« impressionnante créativité fiscale » en récapitulant les nouveaux impôts et taxes mis en place par François Hollande, participant ainsi à la fabrication de l’image et de l’idée du contribuable excédé.

À ce stade, on s’étonne qu’il n’ait pas été fait mention de sondage. C’est La Tribune qui s’y colle, avec la difficile tâche de donner a posteriori réalité (du moins celle, très artificielle, que construisent les sondages) à un phénomène dont la réalité médiatique n’est plus à démontrer. Le seul sondage sur la question a donc été réalisé pendant l’été par le controversé Opinion Way, spécialiste des sondages par internet. Résultats : pour 34% des sondés la diminution des impôts est « tout à fait prioritaire », pour 41% « plutôt prioritaire », ce qui permet à La Tribune de conclure que oui, le ras-le-bol fiscal existe puisque pour 74% la baisse des impôts est prioritaire. Outre les biais sémantiques (une mesure « plutôt prioritaire » est-elle prioritaire ?), outre ceux liés à la méthodologie du sondage (par internet) et à la période (le mois d’août), cette enquête d’opinion pose au moins deux problèmes.

Le premier, c’est que la baisse d’impôt est présentée comme un choix dans l’absolu, alors que comme le souligne Olli Rehn, si l’on n’augmente pas ou si l’on baisse les impôts, il faut tailler dans les dépenses dont une écrasante majorité relève de dépenses sociales. Détacher la question du montant de l’impôt de celle de ses usages par les pouvoirs publics revient à la dépolitiser et donc à lui ôter toute signification ! Qui plus est, formuler le problème sous cet angle permet de s’assurer à peu près à coup sûr une large majorité de répondants se déclarant favorables à une telle mesure – il est rare qu’une personne déclare spontanément s’opposer à une hausse de ses revenus…

Le second problème, c’est que de parler d’impôts tout court n’a pas de sens non plus. Les catégories populaires dont une bonne partie ne paie pas l’impôt sur le revenu se contrefichent de son barème, qui obsède les plus aisés ; à l’inverse les impôts sur la consommation comme la TVA sont une préoccupation constante pour les premiers alors que les seconds n’y prêtent pas ou peu attention. Additionner leurs réponses pour créer de toute pièce « l’opinion des Français » sur la question revient donc à additionner des carottes et des choux fleurs. Mais peu importe, si cela permet de donner un vernis scientifique à l’emballement médiatique du « ras-le-bol fiscal »…

Enquêtes, contre-enquêtes, sondages… Libération fait, quant à lui, appel à une experte pour nous éclairer sur la pression fiscale. Tout droit venue de l’université de Chicago, Ioana Marinescu nous offre une petite démonstration de pédagogie néolibérale selon laquelle « il y a relativement peu à gagner en augmentant les impôts ». Et de conclure : « étant donné les minces gains économiques, Pierre Moscovici n’a donc peut-être pas tort de s’inquiéter des retombées politiques du « ras-le-bol fiscal » des Français.  » Un contrepoint aurait été bienvenu…

Dans l’éditorial de Libération daté du 25 août, « Complexés », Sylvain Bourmeau nous livre une interprétation intéressante de cette séquence du « ras-le-bol fiscal » : «  Le PS donne étrangement le sentiment perpétuel de subir les assauts idéologiques de la droite. Comment comprendre autrement les propos défensifs et même complexés […] sur le niveau décrété “ insupportable ” des prélèvements obligatoires ou l’acceptation du dogme idiot selon lequel on ne saurait créer une nouvelle taxe ? » On s’étonne que cette réflexion critique sur le « ras-le-bol fiscal » n’ait pas été davantage développée dans les colonnes de Libération… Dommage que les journalistes des grands quotidiens soient parfois si « complexés » quant à leur vocation à informer, et non à enfumer, leurs lecteurs.  par Frédéric Lemaire, le 12 septembre 2013

http://www.acrimed.org/article4133.html

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09 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Exposition : Pissarro, les ports et « la sociale »

Exposition : Pissarro, les ports et « la sociale » dans Médias, culture da8a2957385098c76854cd04fdfc68c9

Camille Pissarro : Les débardeurs à l’île des Ravageurs, dessin inédit pour la revue littéraire, artistique et sociale « La  Plume » ( 1893 )

Le musée d’Art moderne du Havre présente jusqu’au 29 septembre un bel ensemble d’œuvres consacrées aux ports industriels normands par le « patriarche de l’impressionnisme », qui se définissait lui-même comme un « prolétaire » aux idées avancées.
«  Belle affaire vraiment d’être bourgeois… sans le sou. Le bourgeois ne peut se concevoir qu’avec des rentes. Tous ceux qui travaillent de leurs mains, de leur cerveau, qui créent le travail, quand ils sont dépendants des intermédiaires, sont des prolétaires !… avec ou sans blouse. »

« L’avenir sera tellement différent, avec l’anéantissement du capital et de la propriété, que l’on ne peut concevoir quel sera l’idéal, ou du moins qu’on ne peut sonder les profondeurs avec nos yeux de myopes. » Les lettres de Camille Pissarro (1830-1903) à son fils Lucien (1863-1944), devenu peintre et graveur lui aussi, ne laissent aucun doute sur les convictions révolutionnaires, et même libertaires, du plus âgé et expé- rimenté des impressionnistes français, que sa nationalité danoise (car né dans une des Antilles qui l’était alors) l’empêchait de trop marquer publiquement, en ces temps de chasse aux républicains, puis aux communards, puis aux anarchistes, puis aux syndicalistes…
« Création du monde social » « Pissarro et les ports » est sans doute l’exposition la plus intéressante et riche du festival d’été « Normandie impressionniste » (que complètent « Un été au bord de l’eau. Loisirs et impressionnisme » à Caen et « Éblouissants reflets. 100 chefs-d’œuvre impressionnistes » à Rouen). Il n’y est pas seulement question du peintre, que sa pauvreté contraignit jusqu’au bout à travailler sans relâche (sur de petits formats se vendant mieux) et à venir solliciter de nouveaux collectionneurs, mais des transformations et des grands travaux d’aménagement dont il fut le témoin, au Havre surtout, mais également à Dieppe et à Rouen, ville dont il avait commencé à peindre les activités portuaires dès 1883, enrichissant sa thématique jusqu’alors surtout centrée sur la vie rurale et sa célébration. À partir de cette date, cette attention neuve à la vie urbaine, à sa dureté et à ses misères se marqua plus encore dans ses gravures et ses dessins — notamment la série secrète des Turpitudes sociales (1889), féroce dénonciation à la Daumier du capitalisme et de la bourgeoisie composée pour ses demi-nièces et restée inédite jusqu’en 1972.
Dans ses vues de ports et de quais peintes entre 1883 et 1903, on admire à la fois la maîtrise de celui qui avait inventé le « pointillisme » avant la lettre, avant de renoncer à la « touche néo-impressionniste » pour reprendre et perfectionner sa manière ancienne, et l’art du cadrage de ce grand paysagiste. L’exposition et son très utile catalogue offrent d’intéressantes comparaisons avec d’autres peintres de ports, contemporains ou postérieurs, et même des photographes, mettant en relief l’originalité de Pissarro. Les autres impressionnistes avaient fui les villes, les bords de mer leur faisaient surtout peindre des plages à la mode, lui s’intéressait de plus en plus à « la création du monde social », comme il l’avait lu dans Proudhon dès 1865. Aucune des œuvres réunies au Havre n’a de caractère politique explicite, pour ne pas rebuter les acheteurs, toutes ont une dimension sociale manifeste, à l’instar des Déchargeurs de bois peints à Rouen en 1898. C’est ce qui, au-delà de leur réussite plastique souvent étourdissante, les rend aussiparticulièrement attachantes.

Lundi 9 septembre 2013 Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 207 (05/09/2013)

Gilles Bounoure Exposition : Pissarro, les ports et « la sociale »
Musée d’Art moderne André-Malraux – Le Havre, jusqu’au 29 septembre 2013

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09 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

La grève des PV, forcément « populaire » selon France Inter (Rue 89)

La grève des PV, forcément « populaire » selon France Inter (Rue 89) dans Médias, culture negociations-ps-eelv-a-montreuil Journaliste de France Inter interrogeant son « auditeur moyen »

Qu’importe si ce lundi s’annonce pluvieux sur une grande moitié est : France Inter a le sourire.

Car ce lundi est jour de grève, mais pas n’importe laquelle : une grève des PV, lancée par le syndicat de police Alliance, pour protester contre la loi Taubira. Vous vous demandez de quel droit des policiers s’expriment publiquement contre un projet de loi appelé à être voté (à une date d’ailleurs encore indéterminée) par les parlementaires ? Pas France Inter, qui ne retient qu’une chose : cette grève va être « populaire ».

Le PV, cette invention diabolique La grève des PV, c’est la grève sympa, cool, complice, « en attendant la grève des péagistes, ou celle des inspecteurs des impôts », plaisante l’intervieweuse matinale Clara Dupont-Monod, qui a invité le chef du syndicat Alliance à dire tout le mal qu’il pense de la loi Taubira. C’est vrai ! Vive la grève des PV, qui va inciter les automobilistes à se garer sur les passages piétons, sur les places handicapés, sur les trottoirs, et à obstruer le passage des poussettes.

Vive la grève des PV, la grève sympa qui va les inciter à prendre leur voiture dans les villes, plutôt que les transports en commun ou le vélo. Le PV, comme l’impôt, chacun le sait, ne sont qu’une invention diabolique visant à empoisonner les populations innocentes. Vive la grève des impôts, donc, qui pourrait vider un peu plus les caisses de l’Etat (cet Etat qui, soit dit en passant, paie les cachets de Clara Dupont-Monod).

A la portée de « l’auditeur moyen » Nul ne saurait imaginer un seul instant que Clara Dupont-Monod, journaliste présumée intelligente et éclairée puisqu’elle vient de l’hebdomadaire Marianne, adhère profondément à la niaiserie de son éloge de la grève des PV. Mais alors, pourquoi bêtifier ainsi ?

Risquons une hypothèse : chargée d’une interview matinale sur France Inter, Dupont-Monod a intégré un cahier des charges implicite et inconscient, qui lui impose de se placer à la portée de « l’auditeur moyen ». Et comment l’inconscient « dupontmonesque » se figure-t-il l’auditeur moyen ? Très simple : comme une sorte d’auditeur téléphonique de RMC et RTL (où elle a aussi officié), mais avec un hypocrite bémol de convenance (on est quand même sur le service public). L’auditeur moyen de France Inter ne proteste pas bruyamment contre les PV, mais se contente de se réjouir intérieurement les jours de grève. Qu’il puisse être autre chose qu’un automobiliste grugeur est hors de son espace des possibles. Daniel Schneidermann | Fondateur d’@rrêt sur images

Publié initialement sur  Arretsurimages.net

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09 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Les médias dominants dé-rappent ? Les rappeurs indépendants répliquent (Acrimed)

Les médias dominants dé-rappent ? Les rappeurs indépendants répliquent (Acrimed) dans Médias, culture tumblr_mksahr0Hw51qdm4tlo1_500

Le rap de la scène indépendante, c’est-à-dire autoproduit, parfois auto-enregistré et auto-diffusé, est souvent très engagé politiquement. Il ne s’agit pas ici de débattre de sa valeur artistique, ni même des positionnements politiques qu’il exprime, mais de se pencher, à partir du travail de deux artistes, ROCé et Keny Arkana, sur la critique parfois virulente des médias dont il peut être porteur.

« Le rap est une sous culture d’analphabète » affirmait Eric Zemmour sur un plateau de France O. Aussitôt, les autres intervenants de l’émission s’empressaient de répondre à la provocation du polémiste en citant les noms d’artistes qui ont l’heur de plaire aux grands médias:   MC Solaar, Abd al Malik ou Grand Corps Malade.

Cette anecdote est révélatrice de la considération dans laquelle est tenu le rap dans les médias dominants, radios spécialisées mises à part. Pour un journalisme culturel qui prétend faire valoir un sens de la critique aiguisé et une sensibilité esthétique fine, le rap serait un mouvement musical globalement sans intérêt, fruste, grossier et illégitime, ne méritant par conséquent aucune médiatisation. Cependant, il y aurait quelques exceptions: les artistes qui vendent beaucoup, bien sûr, et ceux qui, en plus de beaucoup vendre, auraient une « belle langue »… Autrement dit, sont cooptés par le système médiatique les artistes dont les propos conviennent aux exigences (de classe et de format) des présentateurs.

Les rappeurs indépendants semblent avoir pris leur parti ce cette situation et ne pas s’abaisser à mendier un accès aux émissions culturelles de grande écoute. Au contraire, le fait de ne pas collaborer à ce genre d’émission devient un critère d’authenticité artistique sur la scène indépendante, qui cultive une fierté d’être en marge des médias « vendus, qui ne connaissent que la propagande » [1]. Cette position en marge de l’industrie musicale, qui a un accès privilégié aux médias, permet de développer un contenu critique.

Ainsi de ROCé, qui relate son expérience personnelle face aux médias dans La vitesse m’empêche d’avancer, sur l’album Gunz N’ROCé :

« J’arrive en télé, m’pose devant les intervieweurs
J’suis assez stressé, ils m’annoncent direct la couleur
Interview serrée, mes réponses doivent couler
Mais les questions m’ont doublées, j’réponds dans la douleur
Les mecs bavardent, sur d’la merde ils s’attardent
Le débat c’est oui ou non dans cette mascarade
Y’a pas l’temps, ça cavale, raconte tellement d’salade
Toutes les questions m’attaquent, mes réponses font façades
Faut qu’je parle vite, que j’réponde ou que j’abdique
Pas l’temps de m’exprimer, l’présentateur fait l’arbitre
Avec ses préjugés, son humour de sale pitre
Son humeur, ses idées sur les questions des artistes
J’ai mis des années à construire un disque, un discours
Faut que j’en parle entre une bitch et un p’tit four
Je joue le jeu, je suis venu donc j’assume
J’parle vite, j’finis même par jouer ma propre caricature
Ça parle tellement vite qu’y a rien de sensé, c’est trop condensé
Parle avant d’penser, j’me sens violenté
J’espérais transmettre ma vision, mon chemin, mon étude
Entre deux vannes et deux pages de pub. »

La critique porte donc sur les pratiques d’intervieweurs et de présentateurs recherchant avant tout à produire un spectacle divertissant plutôt qu’à faciliter la prise de parole d’un interviewé (en l’occurrence un artiste), éventuellement angoissé ou mal à l’aise sur un plateau. La focalisation sur des détails anecdotiques et la rapidité des échanges, empêcheraient donc l’artiste d’exposer sa pensée et sa démarche afin de les expliciter pour le plus grand nombre, de préciser les conditions de production de son art, et finalement caricatureraient ses intentions et son travail.

On comprend dans ces conditions que le rappeur refuse les invitations à ce type d’émission. La mise en mots (et en musique, l’atmosphère et le rythme du morceau sont presque stressants, le débit du chanteur heurté…) de l’expérience personnelle de ROCé illustre et rend sensible ce que la rappeuse Keny Arkana affirmait dans une interview : « La télé […] tend un micro pour […] décrédibiliser  ». Ne citant aucun nom d’émission ou de présentateur, la critique de ROCé a une portée générale et vise l’ensemble des émissions interchangeables d’«infotainment » où tout invité se doit d’être drôle ou choquant, et où c’est le dispositif de l’émission qui prime et pas ce que les invités ont fait ou ont à dire. Cette critique du spectacle médiatique se retrouve dans sa chanson Mon rap ne tient qu’à un fil où ROCé pointe l’enjeu politique que représente l’uniformité et la pauvreté de contenus et de formes médiatiques qui façonnent en partie les cadres de réflexion des individus : « Prêts à écouter les mêmes radios, lire le même journal […] Nous sommes tous les mêmes pantins faits du même bois ».

Aussi, les « vidéos maison », ces médias autoproduits par les rappeurs constituent-elles une alternative pour faire connaître et diffuser leur musique, à l’image de ce que peuvent être les clips pour des artistes ayant davantage de moyens [2]. La vidéo de la chanson V pour Vérité de la rappeuse Keny Arkana commence comme un journal télévisé crédible : le présentateur, un homme, blanc, environ 45 ans, annonce une « explosion de violence » (il ne s’agit en fait que d’un ralentissement de l’économie, des manifestations et des perturbations du trafic…). Puis la rappeuse et ses amis prennent le contrôle du JT afin de délivrer leur message :

« Mesdames et messieurs, excusez pour la gêne
Coupure momentanée de votre journal télé car notre voix est HS
Besoin d’exprimer notre point de vue aux yeux du pays
[…] Faut dire qu’ils ne veulent pas qu’on vous cause
[…] Nous sommes ces jeunes qu’on ghettoïse »

Ici, la mise en scène vidéo pointe du doigt le conformisme des formats, les paroles soulignent le conformisme des contenus. Alternant entre une « vidéo maison » où elle rappe avec ses amis, et un « clip » faisant voir un JT a priori archétypal, la rappeuse porte ici au moins une double critique des médias. Les contenus des uns étant alignés sur les contenus des autres, la parole médiatique se répète et s’auto entretient : toute voix alternative n’a donc aucun accès à la parole médiatique si elle ne provoque pas un « buzz » rendu spectaculaire qui sera repris par les journaux concurrents.

De plus la critique se place sur un plan à la fois politique et social : le groupe qui prend le contrôle du JT se compose de « ces jeunes qu’on ghettoïse » et qui portent des revendications politiques en dehors des syndicats, des partis politiques et des groupes religieux. Des jeunes en sweat à capuche, devenus les symboles des « classes dangereuses » face à Jean-Pierre Smila (dont le nom n’est évidemment pas choisi par hasard), ainsi est résumé le clivage social dans l’accès aux médias.

La critique des médias diffusée dans le rap, se place donc sur deux plans principaux. Elle porte sur des professionnels des médias qui sont loin de faciliter l’expression des artistes et sur le conformisme de formats qui suscitent nécessairement des propos convenus. D’autre part, elle est une dénonciation de la sélection sociale et politique qui a cours dans les médias dominants qui n’ont d’égards que pour les plus favorisés qui s’expriment dans les canons légitimes [3] et qui exclut des jeunes renvoyés à leurs ghettos sans qu’on prête attention aux opinions qu’ils portent. par Vincent Bollenot, le 9 septembre 2013

Notes

[1] D’après les paroles de Keny Arkana, dans le morceau La rue nous appartient.

[2] Un exemple de l’importance des « vidéos maison » : « On exhume le rap français à coup de vidéos maison ».

[3] Voir ROCé, « Habitus ».

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02 septembre 2013 ~ 0 Commentaire

Hollande « piégé » sur la Syrie : mais par qui ? (Rue 89)

Hollande « piégé » sur la Syrie : mais par qui ? (Rue 89) dans International

C’est un des petits bonheurs consolateurs de la rentrée.

Comme on retrouve sa trousse et ses gommes, on retrouve ses éditorialistes préférés, inchangés, intacts, requinqués par quelques semaines de débranchement. Au micro d’Inter, voici Thomas Legrand et Bernard Guetta, se partageant le plat du matin : Hollande piégé par Obama sur la Syrie. Oui, oui, piégé. Hollande était parti sabre au clair pour « punir » Assad après une attaque à l’arme chimique fin août. Là-dessus, le parle- ment britannique se prononce contre la guerre, et voilà Obama se souvenant qu’il existe aussi un Parlement aux Etats-Unis. La punition atten- dra donc le 9 septembre, au plus tôt, ce dont Obama a l’obligeance de prévenir Hollande. Lequel, donc, se retrouve « piégé », dans la position doublement inconfortable de celui qui a dégainé avant d’avoir un fusil, et du seul Président des « démocraties occidentales » à pouvoir s’as- seoir sur son Parlement, ce qui est tout de même un peu voyant.

Feu sur les « grandes démocraties » Croit-on que Legrand et Guetta vont saluer la sagesse d’Obama et la grandeur de la démocratie britannique ? Mais non. Legrand part dans de grandes explications sur la Ve République : elle est ce qu’elle est, et qu’elle a toujours été, aujour- d’hui davantage d’ailleurs que demain.

Guetta est plus net : feu sur Obama, cet « intellectuel », cet « observateur » (deux des défauts les plus épouvantables dans l’échelle Guetta). Feu sur ces « grandes démocraties », qui « paraissent se coucher devant un dictateur ». Que Hollande se soit « piégé » tout seul, en dégainant plus vite que son ombre, en utilisant un vocabulaire qui trahit le flou des buts de guerre (« punir » Assad) n’effleure l’esprit d’aucun des oracles du matin. S’ils sont pris à contrepied, c’est bien parce que les grandes consciences de la presse française sont parmi les premières à avoir « piégé » Hollande, en le sommant d’aller bastonner Assad, sans se soucier particulièrement du Parlement.

Aux avants-postes, Le Monde qui, en multipliant reportages et éditoriaux, tente depuis des mois de chauffer l’opinion française, en déguisant Assad en Hitler, et les rebelles syriens soutenus (notamment) par le Qatar en dépenaillés en sandales. Sans grand succès apparemment, sauf sur Harlem Désir, le seul à ce jour à avoir brandi à la droite l’inusable fantôme de la capitulation de Munich.

Les médias ignorent davantage qu’ils ne savent La presse est-elle dans son rôle en dénonçant des crimes de guerre ? Oui, incontes-tablement. Est-elle dans son rôle en rapportant de Syrie des échantillons pouvant concourir à la preuve de ces crimes (on en parlait dans une de nos émissions du printemps) ? Oui encore. Doit-elle donner ces échantillons au gouvernement français ? Ça se discute.

Ce travail de reportage l’autorise-t-elle moralement à sommer le gouvernement de partir en guerre ? C’est à cet instant qu’elle devrait se souvenir de tout ce qu’elle ne sait pas, c’est-à-dire l’essentiel. A quel niveau du commandement de l’armée syrienne a été donné l’ordre d’utiliser les gaz ? A quelle échelle ont-ils été utilisés ? Les rebelles ont-ils riposté avec les mêmes armes ? Entre Obama et Hollande, qui a poussé qui, qui s’aligne sur qui (tiens, cet article du New York Times vous a peut-être échappé en août. Lecture impérative) ? Autant de points sur lesquels les m« dias, avec les outils forcément imparfaits qui sont les leurs, ignorent davantage qu’ils ne savent. Daniel Schneidermann | Fondateur d’@rrêt sur images

http://www.rue89.com/2013/09/02/hollande-piege-syrie-245354

Commentaire:  Schneidermann se laisse aller à mettre sur le même plan le dictateur, finalement pas si pire, avec le peuple qui se laisse soutenir par le Qatar. Ce n’est pas notre avis!

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29 août 2013 ~ 0 Commentaire

Films de Patricio Guzman, Tredrez Locquémeau, au Café Théodore

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Films de Patricio Guzmán

En 1973, neuf mois avant le coup d’Etat militaire, le jeune cinéaste Patricio Guzmán entreprend un tournage qui se révèlera sans précédent. « A l’époque, je voulais montrer les visages anonymes, les milliers de sympathisants et militants engagés dans la tourmente politique », explique-t-il. Sa caméra se mêle à l’effervescence chilienne de cette année fatidique, saisit au vif les témoignages, les réactions, et peint au final, à grand renfort de plans séquences, la lutte des classes comme une longue fuite en avant.

- 14h : L’Insurrection de la bourgeoisie, 1975, entrée 2€
- 15h30 : Le Coup d’État miliaire, 1977, entrée 2€
- 17h00 : Le Pouvoir populaire, 1979, entrée 2 € (les trois films: entrée 5€)

http://www.cafetheodore.fr/programme/

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28 août 2013 ~ 0 Commentaire

Signes d’information ostensibles (Acrimed)

Signes d’information ostensibles (Acrimed) dans Médias, culture ren-ard-231x300

« Ostensible : qui ne se cache pas ou qui se montre, en général dans l’intention d’être vu. » La loi interdit les signes religieux ostensibles à l’école. Mais il est bien d’autres signes ostensibles qui sont autant de signes des temps. Petit sélection estivale : faits divers à profusion, publicités envahissantes, familialisme éditorial, islamophobie coutumière.

L’information a filtré dans de nombreux médias : selon le baromètre thématique des JT de l’Institut national de l’audiovisuel (Ina), le nombre de sujets consacrés aux faits divers dans les journaux télévisés du soir a augmenté de 73% depuis dix ans. (…)

bolore dans Médias, culture

Signes publicitaires ostensibles

… Il est utile de savoir que Direct Matin appartient à Bolloré qui est un des gestionnaires des Autolib’. Prenant explicitement la relève d’une observation d’Arrêt sur images (« Direct Matin (Bolloré) fait la pub d’Autolib (Bolloré) ») et de nos propres observations (« Bolloré, Direct Matin et Autolib’ : un cas d’école), Nicolas Pelletier, le 24 juin 2013, détaillait abondamment sur Rue89 ce que le titre de l’article suggère : « Direct matin ne se lasse pas de ses scoops sur Autolib’ ». Plus détaillé encore, un article de Christophe Del Dobbio,publié sur son blog le 24 août 2013, propose un inventaire et une analyses des mentions d’Autolib’ dans soixante-douze numéros de Direct Matin, entre août 2010 et juillet 2013. Si après la lecture, vivement recommandée, de ces articles, vous n’être pas convaincus des vertus de la liberté de la presse, c’est que vous êtes inguérissables.

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Signes catholiques ostensibles

Ouest-France, premier quotidien de France par sa diffusion, est également un bulletin paroissial, du moins si l’on en croit le contenu très catholique de nombre des éditoriaux signés, souvent le samedi, par son PDG, François-Régis Hutin. Ouest France est aussi une affaire familiale. Le dimanche, c’est souvent la fille du patron, Jeanne Emmanuelle Hutin, qui se voit confier à la « Une » du quotidien, un éditorial destiné à éclairer le peuple sur les voies de sa rédemption. Le 1er juillet 2012, la fille de son père, prenait vigoureusement position contre le mariage homosexuel : « Des repères stables pour surmonter la crise ». Le 30 juin 2013, quelques semaines à peine après l’adoption de la loi sur le mariage pour tous, elle titrait sa production dominicale : « La famille, une ressource pour l’humanité ».

Le prétexte ? Un colloque qui s’était tenu la même semaine cette semaine au très catholique Collège des Bernardin, à Paris, sur le thème… « La famille, une ressource pour l’humanité » : un évènement de portée internationale dont l’importance serait passée inaperçue si Jeanne Emmanuelle Hutin ne lui avait pas consacré un recueil de citations des principaux participants : Andrea Riccardi, Président de la Chaire des Bernardins (2012-2014), dont il nous est précisé qu’il est aussi « ancien ministre italien des affaires étrangères et fondateur de la Commu- nauté Sant’Egidio », Mgr Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille, Tugdual Derville, l’un des responsables de l’Alliance Vita (hostile notamment à l’IVG et au mariage homosexuel) et Mgr André Vingt-Trois, Archevêque de Paris. Faut-il s’en étonner ? Un dernier participant n’est pas mentionné : Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux. Puisqu’il semble hors de question de priver Jeanne Emmanuelle Hutin de ses inestimables contributions, peut-être peut-on suggérer à l’héritière de consacrer un prochaine éditorial à cette question : « L’abus de pouvoir est-il indispensable à la liberté d’expression religieuse ? »

Signes islamophobes ostensibles

À de multiples reprise depuis 2003, des journalistes créatifs du Figaro n’ont rien trouvé de plus infâmant que d’affubler du nom d’ « islamo-braqueurs » les auteurs de divers braquages soupçonnés de les avoir réalisés pour financer des attentats terroristes [1]. Les créatifs du Figaro on depuis connu de nombreux imitateurs. « Onze « islamo-braqueurs » aux assises », titrait finement le JDD, début janvier 2011, pour annoncer un procès : « Appelés à la barre à partir de lundi, ils sont accusés d’avoir braqué pour financer le djihad ». Et Le Figaro de persister. « Trois individus présentés comme des islamistes radicaux ont été arrêtés mardi dans le Sud, au lendemain d’un coup de filet antiterroriste réalisé en région parisienne », annonce le site du Figaro le 25 juin 2013. Le titre ? « Coup de filet islamiste en Ile-de-France, trois arrestations dans le Sud ». « Coup de filet islamiste » ? Cela ne veut évidemment rien dire… à moins que ce ne soient des islamistes qui ont réalisé un coup de filet. Mais c’est une version corrigée du titre initial : « Antiterrorisme : un gang d’islamo-braqueurs en garde à vue ». C’est ce que permet de vérifier ce lien [2]. Associer en un seul mot, et quel que soit le motif, Islam et criminalité est évidemment involontaire… On attend avec intérêt la floraison de titres sur les catho-pédophiles et les judéo-assassins, si l’occasion se présente.

Un collectif d’Acrimed (Blaise Magnin, Henri Maler, Julien Salingue, Laure Simon et un correspondant) par Un collectif d’Acrimed, le 28 août 2013

Notes

[1] Il suffit pour se convaincre de la créativité du Figaro de taper « Islamo-braqueurs » dans le moteur de rechercher du site…

[2] C’est le site Al Kanz qui a attiré notre attention sur les informations qui précèdent.

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26 août 2013 ~ 0 Commentaire

Les Roms, invités d’honneur du festival des minorités à Douarnenez (FR3)

Les Roms, invités d'honneur du festival des minorités à Douarnenez (FR3) dans Douarnenez, le Cap roms.jpg-douarn

Première minorité ethnique d’Europe avec 10 à 12 millions de personnes, les peuples roms, souvent appelés tsiganes, manouches ou gitans, sont les invités d’honneur de la 36e édition du festival consacré aux minorités qui s’est ouvert ce samedi à Douarnenez (29).

Cinéma, littérature, photographies, arts plastiques, musique, « débats et rencontres-palabres » sont autant d’approches de cette minorité en France et en Europe, en présence de représentants des communautés roms, dont d’anciens résistants ou des artistes, ainsi que de spécialistes de ces communautés (historiens, ethnologues, sociologues, juristes, représentants d’associations, etc…). Sur ce thème, une cinquantaine de films européens, depuis ceux des années 1970-1980 jusqu’aux derniers réalisés en 2013, seront présentés. Plusieurs d’entre eux sont inédits en France. En France vivent 350.000 à 500.000 « gens du voyage », de nationalité française à plus de 95%. Les Roms, originaires de Roumanie et de Bulgarie principalement, seraient environ 15.000.

Un focus sur les transexuels et intersexes Le festival, qui se prolonge jusqu’au 31 août, met par ailleurs l’accent cette année sur le cinéma roumain, avec une trentaine de longs métrages, avec une attention particulière à la production de la Roumanie contemporaine. Autre volet important de cette manifestation, les enjeux et situations des transexuels et intersexes à partir des témoignages de personnes impliquées et de films. Comme ces cinq dernières années, le cru 2013 du festival se penche sur le combat des sourds pour se faire entendre et reconnaître à part entière par la société. Pour la deuxième année consécutive, l’ensemble des films, débats ou ateliers seront accessibles aux sourds pour permettre « une totale mixité, culturelle, sociale, linguistique, humaine », rappellent les organisateurs. Enfin, comme chaque année, Douarnenez consacre une large place à la création audiovisuelle en Bretagne, avec une douzaine de documentaires et dix fictions, dont un long métrage en breton.

Donner la parole aux minorités : la vocation du festival depuis 1978 Né en 1978, le festival de Douarnenez s’est interrogé depuis ses débuts sur les revendications linguistiques, culturelles et politiques des minorités du monde, en écho à la lutte pour la survie de la culture et de la langue bretonnes. Ce festival s’est intéressé aussi bien aux minorités européennes (pays celtiques, Pays Basque, Catalogne) qu’aux minorités lointaines (Tibet, Aborigènes d’Australie), aux peuples sans territoires (Yddishland, Palestine, Kurdistan) ou encore aux grandes thématiques de l’époque (mondialisation, immigration, colonisation, etc.) Sylvaine Salliou (avec AFP) Publié le 25/08/2013 | 12:23

http://bretagne.france3.fr/2013/08/25/les-roms-invites-d-honneur-du-festival-des-minorites-douarnenez-306727.html

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24 août 2013 ~ 0 Commentaire

Valeurs actuelles… comme en quarante ? (LDH)

Valeurs actuelles... comme en quarante ? (LDH) dans Antifascisme fachos

La Ligue des droits de l’Homme condamne avec la plus grande fermeté l’utilisation par la rédaction de l’hebdomadaire Valeurs actuelles dans la une et le contenu du numéro du 22 août 2013 de termes stigmatisants et injurieux vis-à-vis des Roms.

Sous prétexte d’un sondage commandé par le journal à propos des occupations de terrains, Valeurs actuelles s’autorise en première page à stigmatiser l’ensemble des Roms en y accolant les termes « assistanat » et « délinquance ».

Elle appelle par ailleurs à une réaction à leur égard puisqu’elle considère leur présence comme provoquant une « overdose ».La rédaction demande au gouvernement une réponse sur cette base. Il s’agit ainsi d’une prise de position raciste, puisque des personnes sont désignées non pas pour ce qu’elles font, mais pour ce qu’elles sont.Le contenu du journal développe cette idéologie répugnante en qualifiant les Roms de « plaie » et de « fléau », menaçant notre pays d’invasion et justifiant une réaction citoyenne. Par un communiqué de presse, le journal se prétend républicain et soutient défendre avec force les principes fondateurs de notre démocratie. Mais ce cache ne trompera personne. Valeurs actuelles a glissé dans les limbes de l’extrême droite haineuse, appelant à la violence à l’encontre d’individus à raison de leur origine. Communiqué LDH   Paris, le 22 août 2013

http://www.ldh-france.org/Valeurs-actuelles-comme-en.html

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21 août 2013 ~ 0 Commentaire

Royaume Uni: la presse menacée par la lutte antiterroriste (CI)

Dessin de Haddad, Liban. Dessin de Haddad, Liban

La détention arbitraire du compagnon du journaliste Glenn Greenwald en vertu d’une loi antiterroriste a ému l’ensemble de la presse britannique.
Elle accuse une législation qui permet de graves atteintes aux libertés individuelles. La police doit clarifier l’usage des lois antiterroristes, selon The Times. Partant de la détention de David Miranda à l’aéroport d’Heathrow, dimanche 18 août en vertu de l’article 7 de la loi anti- terroriste de 2000, le journal s’interroge sur l’équilibre fondamental entre liberté et sécurité que doit assurer une société démocratique. Citant Keith Vaz, président du comité des Affaires intérieures, le quotidien s’inquiète des « nouveaux usages de la législation antiterroriste », tout en se déclarant « intéressé de savoir comment la police justifiera l’usage d’une telle loi ».
« Même la Mafia avait un code de l’éthique » Dans les colonnes du quotidien directement concerné, les critiques sont franches, et la gravité des faits soulignée. Dans son éditorial du 19 août, The Guardian parle de « trahison de la confiance et des principes du journalisme« . Le rédacteur en chef, Alan Rusbridger, rappelle ce mardi 20 août que la loi en question est critiquée depuis longtemps, et défend l’idée qu’un usage disproportionné d’une telle législation est plus néfaste pour la démocratie que pour le terrorisme. « Je me demande combien de jour- nalistes ont compris le danger absolu pour leur métier que représente l’idée d’une surveillance totale », s’inquiète-t-il. Glenn Greenwald s’in- surgeait, lui, hier, sur le site du quotidien : « Même la Mafia avait un code de l’éthique lorsqu’elle s’attaquait aux familles. Il est déjà assez grave de poursuivre et d’emprisonner les sources. Il l’est encore plus d’emprisonner des journalistes qui racontent la vérité. » Dès le 19 août, les déclarations publiques de responsables d’associations de défense des droits de l’homme se multipliaient pour condamner l’attitude des autorités. Selon Widney Brown, responsable d’Amnesty International, cette loi « viole tout principe d’équité. Cette détention montre comment une loi peut être détournée. Les Etats ne peuvent pas faire passer des lois antiterroristes, affirmer qu’elles sont nécessaires pour protéger les individus, puis les utiliser pour empêcher ces mêmes individus d’exercer leurs droits », condamnait-elle dans le Daily Mail.

Une mesure disproportionnée  Seul The Financial Times se distingue dans un traitement très réservé sur l’incarcération de David Miran- da, annonçant attendre les rapports complets de la police avant de se prononcer. Le seul acte de solidarité du journal consiste en une con- damnation des proportions de l’interrogatoire de David Miranda, « qui se rapprochent du harcèlement ». Le quotidien se distance par la suite clairement du travail de Greenwald, justifie les poursuites contre Edward Snowden et donne raison au gouvernement américain le pour- suivant.

Les conditions et la durée de l’incarcération de David Miranda sont aussi vivement critiquées par The Independent. Au-delà, c’est le silence des autorités et en particulier du Home Office [ministère de l'Intérieur] qui étonne le quotidien. David Anderson, l’observateur indépendant de la législation contre le terrorisme, insiste sur la durée exceptionnelle de la détention, seulement 40 personnes sur les 60 000 à 70 000 interrogées dans le cadre de l’article 7 du Terrorism Act l’ayant été durant plus de six heures. Le compagnon de Glenn Greenwald a, lui, été incarcéré durant neuf heures. « Vous pouvez constater à quel point ce cas est inhabituel », conclut-il. Seule une explication succinte de Scotland Yard était disponible le 20 août au matin, alors que des agents du MI6 étaient partie prenante de l’inter- rogatoire, affirme le journal, qui propose un court guide sur les droits pouvant être revendiqués face à l’article 7. Sans être certain qu’une telle initiative ait de véritables résultats pour améliorer l’application de la législation. Courrier international Antonin Lambert 20 août 2013

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