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27 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Recherche sur les embryons : hypocrisie et obscurantisme

Recherche sur les embryons : hypocrisie et obscurantisme dans Droite républicaine inquisition-wheel

L’Assemblée nationale a adopté, mardi 16 juillet, la loi autorisant de manière encadrée la recherche sur l’embryon. Sou- tenue par la majorité et le Front de gauche, elle a recueilli 314 votes pour, 223 votes contre, ceux de l’UDI et de l’UMP…
Cette dernière a déclaré vouloir déposer un recours devant le Conseil constitutionnel. La loi met fin à l’interdiction officielle de la « recherche sur l’embryon » par la loi bioéthique de 2004. Celle-ci permettait cependant certaines dérogations, uniquement s’il n’existait pas d’autres moyens et si les découvertes potentielles étaient « susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs ». L’agence de biomédecine était chargée de délivrer ces dérogations.
Désormais, la loi autorise la recherche sur l’embryon humain et sur les cellules souches qui le constituent. Les embryons utilisés pour ces recherches sont obligatoirement issus d’une fécondation in vitro, sans transfert dans l’utérus maternel, et proviennent des fécondations effectuées à des fins d’assistance médicale à la procréation mais non utilisés. Ils sont conservés par congélation, et les parents biologiques doivent, chaque année, renouveler leur autorisation de procéder à des recherches sur ce matériel génétique.

Retour à la normale De ce point de vue, la loi ne change rien, mais « avec le nouveau texte, on va passer d’un système de transgression à un système normal d’autorisation encadrée », selon les propos de Marc Peschanski, directeur scientifique de l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques. La loi de 2004 laissait de larges possibilités aux associations hostiles à la recherche sur l’embryon, comme la Fondation Jérôme-Lejeune, d’engager des procès contre les chercheurs ou l’Agence de biomédecine.
Dans le débat parlementaire, l’UMP s’est faite le porte parole de ces milieux catholiques et réactionnaires qui reprennent la position de l’Église comme quoi « la dignité de la personne doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. […]

Si l’on reconnaît en l’embryon, dès la conception, un être humain faisant partie de l’humanité, on ne peut le traiter comme un matériau de laboratoire qu’on rejetterait après l’avoir utilisé comme réserve de cellules ». C’est la même argumentation hypocrite que celle contre le droit à l’avortement, au service du même obscurantisme.
Yvan Lemaitre Samedi 27 juillet 2013 Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 205 (25/07/13)

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26 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

A Douarnenez, les minorités font leur cinéma (Ci)

Parmi tous les festivals consacrés aux minorités, celui de Douarnenez, le Gouel ar Filmoù, est l’un des plus renommés.

Le phénomène a commencé timidement, mais il lui a suffi de quelques années pour s’affirmer. Notamment en Europe, avec la chute de l’Union soviétique et de la Yougoslavie. Loin de se restreindre à la sphère politique, cet intérêt nouveau se manifeste aussi dans le cinéma, avec d’une part l’affirmation des cinémas régionaux, de l’autre la place croissante accordée aux spécificités régionales dans l’ensemble de la production cinématographique.  Aussi, il existe aujourd’hui des festivals de cinéma consacrés aux minorités un peu partout en Europe, de la Corse à la Scandinavie. Ils mettent à l’honneur des thèmes longtemps dédaignés et aident ces cinémas à sortir de la marginalité.

C’est une nouveauté importante : si auparavant la question des minorités ne sortait pas des ciné-clubs, ces dernières années, le grand public a pu voir des films comme Le Vent fait son tour (Il vento fa il suo giro, de Giorgio Diritti, 2007), Le Mas des alouettes (La Masseria delle allodole, des frères Taviani, 2007) et Sonetàula (de Salvatore Mereu, 2008) [trois films italiens qui traitent respectivement de la mino- rité occitane en Italie, du génocide arménien et de la Sardaigne]. Ces sorties sur les écrans s’accompagnent de la publication de livres sur le cinéma basque, sarde ou encore gallois, pour ne citer que quelques exemples.  Les associations de défense des minorités ne pouvaient évi- demment pas rester à l’écart de ce phénomène. On leur doit entre autres la Mostra del cinema friulano [le festival de cinéma frioulan, dans le nord de l’Italie], qui s’est transformée en festival européen, et le European Minority Film Festival [le festival du film des minorités euro- péennes], à Husum, en Allemagne, en novembre.

Passionnés. Parmi tous les festivals de cinéma consacrés aux minorités, celui qui a lieu chaque année à Douarnenez, petite ville bretonne du littoral atlantique, est l’un des plus anciens, et certainement l’un des meilleurs. Ce festival de cinéma, ou Gouel ar Filmoù en breton, est né en 1978 grâce à quelques cinéphiles du cru engagés contre la centrale nucléaire de Plogoff. L’objectif était simple, mais ambitieux : proposer un panorama des œuvres consacrées aux problèmes des minorités, sans tomber dans l’approche anthropologique didactique, ni dans l’huma- nitaire.  Parmi les animateurs du festival, signalons Erwan Moalic, qui a participé à sa fondation et l’a dirigé jusqu’en 2010 – où il a été rem- placé par l’actuel directeur, Eric Prémel. Erwan Moalic et les autres membres de l’association Daoulagad Breizh ne sont pas seulement des défenseurs passionnés des minorités, ce sont également de véritables passionnés de cinéma. Année après année, en conjuguant leurs deux passions, ils ont donné vie à un festival qui mêle des œuvres méconnues et des films distribués en salle.

Au fil du temps, le projet a pris de l’ampleur, offrant une grande mosaïque socioculturelle qui met à l’honneur les minorités les plus diverses : des Gallois (1998) aux Maoris de Nouvelle-Zélande (2001), des Indiens d’Amérique du Nord (1979) aux minorités d’Italie (2000). Quelquefois aussi, les organisateurs ont opté pour des thèmes d’actualité, comme la mondialisation (2002) et les migrations (1996).

Contre la ghettoïsation. Avec le temps, le festival de Douarnenez a gagné en importance et en prestige, obtenant ainsi le soutien de nom- breuses administrations et banques locales. Outre la manifestation estivale qui porte son nom, il propose le reste de l’année divers program- mes. Et le tissu associatif qui s’est progressivement constitué autour du festival organise diverses projections, conférences et initiatives liées au cinéma.  La 35e édition du festival, en août 2012, était consacrée aux trois minorités historiques d’Espagne : les Basques, les Catalans et les Galiciens. Pour l’occasion, les 280 bénévoles avaient créé un décor où se côtoyaient le flamenco et la paella, l’architecture de Gaudi et les œuvres de l’artiste de rue Sam3, qui a conçu l’affiche du festival. Le programme ne comprenait pas seulement des œuvres de ces minorités, mais également des films d’Almodóvar, Arrabal, Buñuel et bien d’autres, ainsi qu’une sélection de films de réalisateurs internationaux qui racontent l’Espagne.

Loin de la ghettoïsation, le festival voit les minorités comme les couleurs d’une palette qui n’aurait aucun sens sans elles. En refusant l’ethnicisme obscur et dangereux, il souligne avec force les spécificités régionales en choisissant de les insérer dans un contexte international. Un message précieux en ces temps où beaucoup de ceux qui défendent leur identité refusent de reconnaître celle des autres.

Alessandro Michelucci Publié le 15 septembre 2012

36e ÉDITION DU FESTIVAL DE DOUARNENEZ
Rroms, Tsiganes et Voyageurs
- 60 films documentaires et fictions.
Une traversée cinématographique pour comprendre la situation des Rroms, Tsiganes et Voyageurs en France et en Europe.
- 40 invités : réalisateurs, producteurs, militants, acteurs associatifs, chercheurs.
- 10 Débats incisifs sur les problématiques actuelles, pour remettre les pendules à l’heure.

  • Panorama  Alessandro Michelucci 26 juillet 2013

http://www.courrierinternational.com/article/2013/07/26/a-douarnenez-les-minorites-font-leur-cinema

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24 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Formation et déformation des journalistes (1) (Acrimed)

Formation et déformation des journalistes (1) (Acrimed) dans Médias, culture ttlesjours-je-lave-mon-cerveau

Pauvreté des formations, appauvrissement du journalisme

Il y a trente-cinq ans, on commençait déjà à nous inculquer la pratique de ce qui à mon avis a pollué à la fois les médias et donc la formation des journalistes : le microtrottoir. C’est BFM, c’est Le Parisien, c’est la presse quotidienne régionale, mais ce sont tous les médias aujourd’hui pour lesquels le micro-trottoir est devenu un principe et un format de base de la fabrication de l’information. Tu dois être capable d’interviewer cinq personnes sur le trottoir pour leur demander quel sandwich ils ont mangé à midi ou ce qu’ils pensent de la réforme des retraites, et on considé- rera que tu as fait ton travail de journaliste si les cinq personnes t’ont répondu en 15 secondes ou que leur propos tient dans les 300 signes né- cessaires et suffisants pour dire quel sandwich ils ont mangé à midi ou ce qu’ils pensent de la réforme des retraites. Cette pratique du microtrot- toir est LA pratique fondamentale, puisque c’est une pratique partagée entre les médias de presse écrite – les médias nationaux, la presse quo- tidienne régionale (PQR) et locale – et les médias audiovisuels – la radio comme la télévision. Si tu sais faire un micro-trottoir, tu es journaliste.

le 24 juillet 2013 n° 8 de Médiacritique(s), le magazine trimestriel d’Acrimed.

Extrait, lire l’intégrale: http://www.acrimed.org/article4102.html

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22 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

L’autodéfense de Bernard Tapie, meilleur spectacle médiatique d’un festival d’été ?

L’autodéfense de Bernard Tapie, meilleur spectacle médiatique d’un festival d’été ? dans Médias, culture bernard-tapie-reussir-sa-vie-545x550

Depuis plusieurs semaines, Bernard Tapie occupe la devanture des médias : une autodéfense spectaculaire propre à séduire les amateurs… de spectacle. Or il s‘en trouve, parmi nos très grands journalistes, manifestement plus préoccupés de mise en scène que d’information. Retour sur les premières représentations de la tournée de Bernard Tapie.

Serge July, amateur de feuilletons L’un des premiers à avoir flairé le « bon coup » n’est autre qu’un vieux routier de l’éditocratie, Serge July qui, dans son édito du 30 juin sur RTL, a humé l’humeur médiatique du moment et perçu avant ses augustes confrères toute l’importance et l’intérêt qu’il convenait d’attribuer, non pas aux méandres politico-financiers de cette bien austère et scandaleuse histoire d’arbitrage, mais… à l’épopée et à la personne de Bernard Tapie ! Il montre ainsi toutes les vertus divertissantes que peut receler cette affaire, pour peu qu’on la recentre sur son acteur principal et que l’on souligne à quel point il est captivant de voir un habile manœuvrier flouer doublement l’État et ses finances chancelantes :

- Serge July : « Écoutez, Tapie c’est un incroyable feuilleton qui dure depuis plus de 30 ans et qui tient ce personnage dix fois triomphant, tombé dix fois, qui se relève, qui ose tout, qui rechute, va en prison , accomplit sa peine et revient comme un vengeur. L’homme est un méga bonimenteur… Ce qui manque à Tapie, c’est Balzac et Zola pour le raconter , avis aux amateurs, si vous cherchez à écrire une série télé, je vous conseille les aventures de Bernard Tapie , voilà une série certaine de faire un malheur. Bernard Tapie dans ce cas devra rembourser, mais ce provocateur est prévoyant puisque toutes ses invraisemblables propriétés, à une exception près, sont toutes domiciliées dans des paradis fiscaux. Si l’Etat veut se rembourser, Tapie rejouera la combine à Nanard, quasi insolvable, quel animal et quel feuilleton !  »

- Présentateur : « Je vous trouve un poil admiratif au fond de vous-même Serge July… »

- Serge July : « Mais, je trouve que c’est un très beau feuilleton, j’ai envie de le voir à la télé très vite…  »

Dès le lendemain, l’envie de Serge July fut satisfaite, au-delà de toute espérance…

David Pujadas, juge d’instruction Le 1er juillet, en effet, David Pujadas réalisait un « coup » en recevant, en exclusivité dans le 20h de France 2, Bernard Tapie, qui venait alors, à l’issue de quatre jours d’une garde-à-vue, d’être mis en examen pour « escroquerie en bande organisée » dans l’affaire de l’arbitrage Adidas-Crédit Lyonnais.

Le juge d’instruction étant tenu au silence qui, mieux que David Pujadas, pouvait donc le remplacer ? Pour remplir cet office improvisé, David Pujadas offrit donc à l’homme d’affaires 27 min, soit plus de la moitié d’un JT « ordinaire », rallongé de 10 min pour l’occasion. Le « reste » de l’actualité fut donc traité en moins de 25 min … Mais il faut croire qu’un tel scoop valait bien qu’un journal du service public expédie en quelques minutes les dernières révélations sur l’espionnage américain établissant que l’ambassade de France à Washington était écoutée, ou l’ultimatum lancé par l’armée égyptienne au président Mohamed Morsi.

D’autant plus que l’entretien ne fut même pas précédé d’un historique des faits qui aurait pourtant été indispensable pour cadrer la discussion et comprendre une affaire dont l’origine (le mandat donné par Bernard Tapie au Crédit Lyonnais pour la revente d’Adidas, qui lui appartenait alors) remonte aux années 1990. Par ailleurs, David Pujadas n’est pas spécialement connu pour ses compétences en droit des affaires, il ne s’appuyait sur aucune enquête de la rédaction de France 2 et ses questions ne reposaient que sur des éléments déjà publiés par d’autres médias. Bernard Tapie avait alors beau jeu de réfuter les éléments à charge que son intervieweur tirait de ces révélations médiatiques, en s’autorisant du dossier que lui seul sur le plateau avait consulté – et pour cause… –, et auquel, en tout cas, Pujadas ne pouvait avoir accès.

Bernard Tapie, prince du folklore Comme on pouvait s’y attendre, l’interview se transforma rapidement en un one-man-show et permit à l’homme d’affaires d’écrire lui-même un épisode de plus de « saga » qui réjouit tant Serge July. Le présentateur du 20h espérait sans doute briller en montrant qu’il pouvait se mesurer, tenir tête, voire même, par la magie de son seul verbe, obtenir les aveux contrits d’un orateur rompu à la joute télévisuelle… il n’y parvint évidemment pas et comme on pouvait s’y attendre, la valeur informative de cette interview fut nulle. Finalement, Tapie parvint globalement à mener l’entretien à sa guise afin d’imposer sa version de l’affaire [1], pendant que Pujadas tentait d’imposer son propre tempo et d’obtenir des réponses aux questions qu’il  posait – et que se posent aussi les policiers et les juges. Il a suffi que Bernard Tapie esquive et tonne et que les deux hommes s’interrompent mutuellement pour laisser, à l’issue de 27 minutes aussi longues que pénibles, une impression de grande confusion.

Mais peu importe qu’au cours de cette interview rien n’ait été dit de nouveau et d’un tant soit peu établi sur ce possible scandale républicain. La truculence de Tapie racontant les aventures de Tapie, la gouaille de Tapie associant Pujadas à « la France des aigris » lorsque ce dernier envisage l’annulation de l’arbitrage et la restitution des 400 millions d’euros, ou encore la verdeur du vocabulaire de Tapie lançant par trois fois à Pujadas qui lui demande s’il pense être victime d’acharnement, « est-ce que vous vous foutez de ma gueule ? », le tout avec le frisson du direct, valent bien toutes les informations et les enquêtes du monde. Que fallait-il espérer d’autre d’un « débat » pensé pour tourner à la confrontation entre un journaliste qui se prend pour un justicier et un mis en examen cherchant à mettre « l’opinion » de son côté ? De l’audimat bien sûr ! Lequel fut au rendez-vous puisque ce 20h aura réalisé un score en hausse de 2,5% par rapport aux éditions précédentes. Le pire étant que Pujadas n’est même pas dupe du rôle qu’il permet à Tapie de jouer – et que Tapie a tout intérêt à jouer – devant des millions de téléspectateurs…

Débriefé dès le lendemain dans « Le Grand direct des médias » sur Europe 1, Pujadas joue les modestes, et, généreusement donne les clés de ce coup d’éclat professionnel – ou de ce que lui-même et nombre de médias semblent considérer comme tel [2] : « Il y a beaucoup de mise en scène, de folklore dans tout ça. La prise à partie du journaliste est désormais une figure classique […] Ça fait presque parti du genre. C’est un piège […] Il faut rester sur son credo, rester sur les faits, rester sur les interrogations [...] À certains moments j’avais plus envie de sourire que de partir en courant. » Si Pujadas avait envie de sourire, la façon dont il exerce son métier donne plutôt envie de grimacer…

Le Point et BFMTV au spectacle, Jean-Jacques Bourdin à la corrida Dès le lendemain, l’entretien a un grand retentissement auprès de certains journalistes qui se délectent de l’aplomb, des emportements et des rodomontades du nouveau propriétaire de La Provence. Bernard Tapie se voit alors dérouler le tapis rouge par une cohorte de grands intervieweurs autoproclamés, sans doute alléchés par la perspective d’un pic d’audience. Il pourra ainsi déployer sa stratégie de communication, son point de vue et sa défense – et par la même occasion faire la promotion du livre qu’il vient de publier pour plaider sa cause – sur toutes les antennes de France, sans qu’aucune de ces interviews n’éclaire en quoi que ce soit le fond d’une affaire d’une grande complexité, bien au contraire. …

- Revenant dès le lendemain sur l’évènement politico-médiatique du moment dans sa chronique politique matinale sur BFMTV, Anna Cabana, « grand reporter » au Point, ne sourit pas, elle se pâme devant un « grand moment de télévision », sans autre préoccupation que la qualité du spectacle. Certes, elle concède qu’à « la fin, on n’en savait pas plus – presque moins, même… – sur la vérité de cette affaire », mais peu lui chaut, puisque « c’était physique, c’était viril » et qu’elle pense savoir (au moins) « une chose : Tapie est un des plus grands communicants de notre époque ! »

Anna Cabana, elle, apporte la preuve qu’elle est une grande analyste politique de notre époque, ou qu’elle est en passe de le devenir. Et elle s’en donne les moyens. Un hommage obligé à la pugnacité de son aîné, puis elle poursuit avec audace et enthousiasme sa critique dithyrambique du spectacle dont elle s’est délectée sur France 2 la veille : « Pujadas ne s’est pas laissé faire, pas une seconde, c’est pour ça que c’était un formidable spectacle. Parce que le journaliste avait du répondant. Et il fallait être sacrément chevronné pour résister aux assauts de cette bête de scène qu’est Tapie. Le clou du spectacle, c’est quand Pujadas lui demande pourquoi il se sent persécuté. […] Une réplique de théâtre. On était au spectacle. Un spectacle électrique. » Et une analyse foudroyante !

- Si Anna Cabana ne joue pas encore dans la même cour que David Pujadas, Jean-Jacques Bourdin, l’animateur vedette de RMC, évolue pour sa part dans les mêmes hautes sphères médiatiques. Et il pouvait à bon droit se sentir jaloux du succès de son confrère de France 2 et vexé d’avoir raté cette exclusivité. D’autant que débatteur réputé intraitable, amoureux de l’entreprise et des patrons, Bourdin pouvait se sentir des affinités avec Bernard Tapie – et s’estimait sans doute plus à même que le présentateur du 20h d’affronter la nouvelle terreur des plateaux. Chevaleresque, il commence d’abord par lui lancer… un défi sur Twitter : « Monsieur Tapie, ayez le courage de venir sur BFMTV et RMC info. Pourquoi dites-vous non ? » ! N’obtenant pas de réponse, il interprète en toute modestie le silence de Tapie dans un entretien pour le supplément télévision du Figaro : « Ses raisons, je ne les connais pas et, comme il ne me répond pas, je ne peux pas les connaître. Je sais simplement qu’il a confié à un proche que l’on ne pouvait pas “ mettre deux taureaux dans la même arène ”. Moi, je ne me considère pas comme un taureau. Ni d’ailleurs comme un matador. Il n’y a pas de mise à mort. » Pas de mise à mort sans doute, mais Bourdin semble tout de même considérer son émission comme une corrida : « Je lui propose un chiffon rouge dans l’arène pour qu’il me rejoigne à 8h35 durant vingt-cinq minutes quand il veut. » C’est donc toujours bien de spectacle dont il est question…

Elkabbach et TF1 raflent la mise Le 10 juillet, alors que la justice vient de décider de mettre sous séquestre une grande partie de ses biens, Tapie reprend sa tournée de médias qui n’ont jamais cessé de le courtiser en espérant obtenir à leur tour un « clash » et le « buzz » qui va avec. Jean-Pierre Elkabbach vedette d’Europe 1, accompagné d’un confrère d’ITélé, Mickaël Darmon, et Gilles Bouleau, présentateur du 20h de TF1, seront les heureux élus. Pour l’anecdote, Elkabbach ne se départira pas de sa complaisance proverbiale envers les puissants pour s’attacher avec son compère à déterminer si l’affaire cache, ou non, un « complot » – manière d’alimenter leurs fantasmes de journalistes politiques avec une question à laquelle seule la justice pourra répondre, et à laquelle leur interlocuteur avait déjà répondu. Gilles Bouleau, de son côté, récoltera des lauriers de quelques-uns de ses confrères pour avoir, alors que Tapie maugréait contre la procédure de saisie conservatoire et affirmait qu’elle n’existait qu’en France, réussi à lui faire admettre que les États-Unis aussi la pratiquaient – quel exploit journalistique et quelle victoire pour la vérité [3] ! Et quelles que soient les différences de styles des intervieweurs, ces deux entretiens, pas plus que le face-à-face avec Pujadas, n’apporteront la moindre information utile pour éclairer l’affaire…

Pourtant, des commentateurs trouveront que par rapport à sa performance du 1er juillet, Tapie avait perdu de sa superbe lors de ces deux prestations, et que son numéro s’usait déjà [4]. Le cauchemar de tout promoteur de spectacle en quelque sorte… Heureusement, Laurent, le fils Tapie, au prétexte qu’il a créé un site internet pour défendre son père, est déjà est là pour prendre le relais et étancher la curiosité médiatique pour la famille – avec une mention spéciale pour Paris Match, sa couverture et son dossier de la semaine du 4 juillet, et l’interview-photo de madame Tapie, Dominique, qui « passe à l’attaque » depuis son hôtel particulier, flanquée de ses deux chiens… Et le show désormais familial peut continuer… L’information, dans les médias à grand spectacle, attendra.

par Blaise Magnin,  (avec Henri Maler) le 22 juillet 2013

Notes

[1] En quelques mots, il se dit la victime collatérale d’un règlement de compte politique visant à accuser Nicolas Sarkozy et Christine Lagarde d’avoir participé à une escroquerie au détriment de l’État en autorisant de recourir à un arbitrage dont l’issue aurait été scellée d’avance au (plus grand) bénéfice de Bernard Tapie.

[2] Ces importantes déclarations de David Pujadas auront même les honneurs du site de Jean-Marc Morandini (qui gagne à être consulté)…

[3] Même Arrêts sur images congratule le présentateur de TF1…

[4] Voir par exemple le verdict de Bruno Roger-petit Nouvel Observateur.

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15 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Marseille : capitale des cultures populaires ?

Marseille : capitale des cultures populaires ? dans Antifascisme molotov-marseille2

Capitale européenne de la culture, Marseille subit les effets pervers d’une logique qui utilise le champ culturel comme un espace de communication au profit de grand projets immobiliers qui profitent essentiellement aux financiers. Malgré cela, la capitale du soleil et des luttes résiste.
Comme tout événement public ou para public de grand ampleur, la programmation de Marseille 2013 pourra tout de même vous réserver quelques bonnes surprises. N’hésitez donc pas à y regarder de plus près. Le MuCem, musée national inauguré ce mois ci, accueillera par exemple l’exposition « Bazar du genre ». L’exposition du photographe « JR » sur les murs du quartier de la Belle de Mai, réalisée notamment avec des écoliers, aura au moins le mérite de vous faire visiter cet ancien village devenu l’un des quartiers les plus pauvres d’Europe, même si elle fait partie des « quartiers créatifs » essentiellement destinée à promouvoir la politique de gentrification de la mairie.

Résistance ! Si Marseille 2013 aura eu pour principal effet de faire baisser les subventions, les associations résistent. N’hésitez donc pas à soutenir les « petits lieux » qui se sont constitués en collectifs (le bar le Molotov, fortement lié au mouvement antifasciste, le Point de Bascule, le café culturel La Merveilleuse, la librairie Transit et bien d’autres, voir l’ébauche de carte participative du site Marsactu (1) et à vous renseigner sur les dates des célèbres fêtes de quartier marseillaises. La dernière association touchée par cette coupe de subventions est « Cinémémoire », qui archive l’histoire filmée de la ville et de l’immigration postcoloniale (signez leur pétition 2).
Enfin, en septembre, ne manquez pas le festival Paroles de Galères, autofinancé et auto-organisé, populaire et militant. Cette année, le festival a rejoint les associations du Grand Saint-Barthélémy, dans les quartiers Nord, qui se sont récemment retirées des projets de Marseille 2013. Le festival aura pour thème les 30 ans de la Marche pour l’égalité. Chants berbères, scènes rap, baleti, débats, projections… les 6, 7 et 8 septembre mériteront le détour ! (www.parolesdegalere.net).

Kevin Vay
1- http ://www.marsactu.fr/societe/marseille-capitale-et-desert-musical-30082.html
2- http ://www.marsactu.fr/culture-2013/cinememoire-effacee-31482.html

Dimanche 14 juillet 2013 Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 203 (11/07/13)

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11 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Soutien à Médiapart, affaires politico-financières : nous avons le droit de savoir (Bastamag)

Soutien à Médiapart, affaires politico-financières : nous avons le droit de savoir (Bastamag) dans Internet censure

Quarante titres de presse, associations de défense des libertés et syndicats lancent un appel, pour protester contre l’arrêt de la cour d’appel de Versailles ordonnant à Mediapart et au Point de supprimer toute citation des enregistrements Bettencourt. Basta ! est signataire de cet appel, que nous relayons ici.

La liberté de l’information n’est pas un privilège des journalistes mais un droit des citoyens. Dans une démocratie vivante, le pouvoir du peuple souverain suppose le savoir d’un public informé. Etre libre dans ses choix et autonome dans ses décisions nécessite de connaître ce qui est d’intérêt public, c’est-à-dire tout ce qui détermine et conditionne nos vies en société.

S’agissant des affaires publiques, la publicité doit donc être la règle et le secret l’exception. Rendre public ce qui est d’intérêt public est toujours légitime, notamment quand le secret protège indûment des injustices et des délits, des atteintes au bien collectif ou aux droits humains. Ainsi la sécurité des Etats ne saurait empêcher la révélation de violations des libertés individuelles, pas plus que la sauvegarde de l’intimité de la la vie privée, impératif par ailleurs légitime, ne saurait être l’alibi d’infractions aux lois communes.

C’est pourquoi il importe de défendre les journalistes professionnels, les sources d’information et les lanceurs d’alerte ayant permis la révélation de faits d’intérêt général qui, sans leur travail et leur audace, seraient restés inconnus du public. Les soutenir, c’est protéger et étendre un droit de savoir universel, garantie d’un renforcement de la démocratie mondiale à l’heure de la révolution numérique.

Pour toutes ces raisons, nous nous disons solidaires de Mediapart après la récente condamnation lui imposant de censurer, trois ans après leur révélation, ses informations sur le scandale Bettencourt. En signe de protestation, nous faisons désormais nôtres toutes ces informations. Et nous encourageons les médias, les associations, les élus, les citoyens à les reprendre immédiatement et à les diffuser par tous les moyens démocratiques en leur possession.

Les premiers signataires :

Hebdomadaires. Charlie Hebdo, L’Express, Les Inrockuptibles, Marianne, Le Nouvel Observateur, Politis.

Quotidiens. Le Courrier (Suisse), L’Humanité, Libération, Le Soir (Belgique).

Sites d’information. Aqui ! Presse, Aqui.fr, Arrêt sur images, ArteRadio, Basta !, Le Courrier des Balkans, Edito+Klartext (Suisse), Electron Libre, Factuel.info, Infolibre (Espagne), lexpress.fr, Marsactu, Mediapart, Reflets, Rue89, Le Téléscope d’Amiens.

Radio. Radio Nova.

Mensuels et trimestriels. Causette, Lyon Capitale, Mensuel Le Ravi, Polka Magazine, Regards, Terra Eco.

Associations et syndicats. Association Anticor, Association de la presse judiciaire, Attac, Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac), Déclaration de Berne (association pour un développement solidaire, Lausanne, Suisse), Ligue des droits de l’Homme, The National Union of Journalists (branche française), La Quadrature du Net, Syndicat de la magistrature, Syndicat national des journalistes (SNJ), Syndicat national des journalistes SNJ CGT, SNESUP-FSU Alsace, Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), Reporters sans frontières.

Liste des personnes signataires

Pour signer l’appel

BitTorrent - 14.5 ko
Dossier Bettencourt Médiapart

Vous pouvez télécharger l’archive du « dossier Bettencourt » publié par Mediapart via ce fichier Torrent, avec par exemple le logiciel Transmission (pour Mac & Linux) ou Bittorrent (pour Windows).

À lire :
- Bettencourt-Mediapart : un appel contre la censure, sur Mediapart
- Médias censurés sur l’affaire Bettencourt, sur Basta !

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Par Rédaction (11 juillet 2013) http://www.bastamag.net/article3187.html

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07 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Exception culturelle : protection et illusion

Exception culturelle : protection et illusion dans Médias, culture

À l’occasion de la négociation du TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership) entre l’Union européenne et la France, la question de l’exception culturelle s’est invitée à nouveau au cœur des débats.
C’est ainsi que José Manuel Barroso, le président de la commission européenne, a affirmé que la décision d’exclure la culture du champ des négociations « fait partie d’un agenda antimondialisation […] complètement réactionnaire ». Cette déclaration dit assez bien le caractère insupportable pour les néolibéraux d’un tel « dispositif » qui a connu sa première victoire en 1993 autour de la bataille contre les accords du GATT. À l’époque, la culture (le cinéma, l’audiovisuel, la musique, etc.) ne fut pas mentionnée dans le Traité de Marrakech (1994) qui allait donner naissance à l’Organisation mondiale du commerce. « La culture n’est pas une marchandise comme les autres » disait alors, entre autres, une partie des militantEs, accréditant tout de même le fait qu’elle était belle et bien une marchandise… L’exception culturelle propose ainsi d’ « excepter » les activités liées à la culture du droit commercial commun. Ceci permet à la culture de bénéficier de tout un arsenal de soutiens à la production, à la distribution, à l’exploitation et à l’action culturelle (festivals, actions éducatives dans et hors du milieu scolaire) qui seraient rendus impossibles et illégaux dans le cadre des accords économiques. Ses conséquences sont d’ailleurs fortes pour la survie d’artistes et d’œuvres que la loi du marché empêcherait d’exister… Sans conteste, l’exception culturelle a ainsi joué, ces dernières années, un rôle fort de protection du monde culturel.
Une rupture ? Pour autant, si l’exception culturelle heurte les fanatiques du néo-libéralisme comme Barroso, elle ne saurait être assimilée à une revendication anticapitaliste ! Sa vertu est protectrice pour les productions artistiques et culturelles les plus fragiles et menacées, mais elle ne rompt pas avec la logique du profit et de l’exploitation, dont l’art et la culture ne sont en rien exemptée… Elle est un frein à la déré- glementation généralisée et à l’accélération de la sauvagerie marchande, mais elle ne s’y oppose pas et lui est en grande partie compatible…
Par ailleurs, si l’exception culturelle a été réaffirmée, non sans ambiguïté, à l’occasion de la récente négociation, elle avait en grande partie fonction de leurre. Le TTIP est, en effet, l’occasion d’une nouvelle offensive du Capital. Son but est de supprimer les « barrières non tarifaires » au commerce, c’est-à-dire les normes constitutionnelles, légales, réglementaires dans chaque pays, lorsqu’elles sont susceptibles d’entraver une concurrence érigée en liberté fondamentale suprême à laquelle aucune entrave ne peut être apportée. Ces normes peuvent être de toute nature : éthique, démocratique, sociale, environnementale, financière, économique (1)… L’exception culturelle sert ainsi de paravent « offensif » à Hollande pour camoufler ses nouvelles abdications. Face à la logique de privatisation du monde qu’opère le capitalisme, il y a lieu d’imposer une autre logique : celle de sa démarchandisation et de l’extension maximale et radicale de l’exception. Car c’est bien, en effet, l’ensemble de nos vies (santé, logement, éducation, culture, etc.) qui doit être exceptée du commerce et de la marchandise.
Olivier Neuveut
1. http ://www.politis.fr/Le-TTIP-la-pire-menace-pour-les, 22649.html

Samedi 6 juillet 2013 Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 202 (04/07/13)

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07 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Mort de Clément Méric : quand les médias désinforment

Mort de Clément Méric : quand les médias désinforment dans Antifascisme propagande-allemande-f2

C’est à une sinistre opération médiatique de banalisation du mal que nous avons assisté la semaine dernière, après la parution le 25 juin d’un article sur le site de RTL. L’auteur y prétendait qu’une vidéo prouvait la responsabilité de Clément Méric dans l’agression qui lui a coûté la vie.
La scène aurait été filmée par une caméra de surveillance de la RATP, et montrerait « le jeune militant d’extrême gauche se précipiter dans le dos d’Esteban Morillo, le meurtrier présumé, alors de dos, semble-t-il pour lui asséner un coup ». Ce serait seulement en réaction que « le skinhead se retourne alors et le frappe avec son poing en plein visage ». Non seulement il n’est dit à aucun moment dans l’article que le journaliste a pu lui-même visionner la vidéo, mais la radio se permet d’annoncer fièrement en titre : « La vidéo a parlé »… S’ensuit un ballet médiatique durant lequel la pseudo-information circule très rapidement sur la grande majorité des sites d’information. De l’Express, qui prétend que la vidéo permet de comprendre « ce qu’il s’est vraiment passé », à Marie-Claire, qui parle d’une « vidéo qui dérange », en passant par France Info, pour qui « une vidéo de la RATP accrédite la thèse de l’accident », c’est sans aucune prise de distance qu’est repris le prétendu « scoop » de RTL.
Ainsi, dans le JT de 20h sur France 2, David Pujadas lance son sujet en affirmant : « Les policiers ont pu exploiter et visionner une vidéo de la RATP. Elle révèle de nouveaux détails sur les circonstances de la bagarre. » Ni usage du conditionnel ni mention du fait qu’aucun journaliste n’a pu visionner la vidéo. Et le sujet de débuter sur cette question sordide : « Clément Méric a-t-il été l’agresseur avant d’être mor- tellement frappé […] ? », avant que soit proposée une sidérante reconstitution de la scène telle qu’elle aurait été filmée. Poussant le bouchon encore plus loin, Direct-matin ira jusqu’à affirmer le lendemain, en titre d’un article, qu’ « une vidéo accrédite le coup involontaire »…

À qui profite le crime ? Quelques heures seulement après la publication de l’article sur RTL, Libération avait pourtant émis des doutes sur cette vidéo, en s’appuyant sur une source policière selon laquelle la vidéo en question « ne montre que 20 centimètres au-dessus du sol, c’est-à-dire les jambes des personnes ». De même, Politis nous apprend le 26 juin que la RATP dément avoir en sa possession (et transmis) une vidéo de l’agression, France Inter enfonçant le clou le lendemain en affirmant que personne n’a pu voir la vidéo en question sinon la police. Plus largement, on ne peut s’empêcher de poser la question : à qui profite le crime sinon à tous ceux qui, dans les médias dominants et ailleurs, confondent extrême droite et extrême gauche, fascistes et antifascistes, au nom de la violence dont tous feraient preuve ? Cette confusion n’a-t-elle pas pour principal effet de banaliser les violences consubstantielles à l’extrême droite, qui se multiplient ces derniers mois à travers notamment des agressions homophobes et islamophobes ? Ne conjugue-t-on pas ainsi la dépolitisation à la confusion politique, deux ingrédients dont use abondamment l’extrême droite ?
Contre ce confusionnisme alimenté par les « grands » médias, il importe de rappeler sans cesse que la mort de Clément et l’ensemble des violences racistes de ces derniers mois n’ont rien d’accidentelles. Produits de l’existence même de groupuscules fascistes qui ont pris confiance pendant des mois, au bénéfice du mouvement homophobe contre le mariage pour touTEs, elles trouvent leurs racines dans un climat xénophobe, alimenté depuis des années par des politiques et des discours faisant des immigrés, des Roms, des musulmans, les responsables d’une misère généralisée par la crise sans fin du capitalisme.

Léo Carvalho et Julien Sergère Vendredi 5 juillet 2013Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 202 (04/07/13)

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07 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

EPR : Ouest-France abandonne le journalisme (Odn)

EPR : Ouest-France abandonne le journalisme (Odn) dans Ecologie & climat la-priere-de-la-serenite_3342864-M

Le « chantier de tous les records », « dix fois la Tour Eiffel », « le commerce boosté »… même le service de communication d’EDF aurait fait moins grossier que cette salve de propagande offerte par Ouest-France au lobby de l’atome. Offerte car il s’agit d’ « articles » de la rédaction, qui relèvent pourtant de la (mauvaise) publicité et non du journalisme ! Ce pauvre réacteur EPR ( cf http://reacteur.epr.free.fr ) ne sera toutefois pas sauvé par cette dérisoire manoeuvre…

Nucléaire : le réacteur EPR, chantier de tous les records
« Article » de Ouest-France, 24 juin 2013 :
http://bit.ly/176jeXv
EPR. Dix fois le poids de la Tour Eiffel pour le seul ferraillage!
« Article » de Ouest-France, 25 juin 2013 :
http://bit.ly/10in0v7
La construction de l’EPR booste les commerces
« Article » de Ouest-France, 27 juin 2013 :
http://bit.ly/19ECoVn

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02 juillet 2013 ~ 0 Commentaire

Voir ou revoir La Porte du paradis

Voir ou revoir La Porte du paradis dans Histoire lest-we-forget.1287074637.thumbnail

Trente-deux ans après sa première sortie, une version restaurée et remastérisée du Heaven’s Gate (La Porte du paradis) de Michael Cimino a été mise à l’affiche dans nos cinémas. Une occasion de voir ou revoir cette œuvre unique en son genre, illustration de la lutte des classes dans l’Amérique naissante, aujourd’hui considérée comme un chef d’œuvre.

En 1980, s’appuyant sur le succès de son Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter), film choc sur la Guerre du Vietnam, le cinéaste italo-américain Michael Cimino se lançait dans la réalisation de La Porte du paradis, œuvre revisitant les mythes fondateurs de la nation américaine. D’un réalisme absolu, avec la conception d’une ville entière, une profusion de costumes, des centaines d’acteurs et figurants, un tournage s’étalant sur des mois, des remontages incessants (220 heures de pellicule), le film attint le budget, colossal pour l’époque, de 40 millions de dollars.

De l’histoire du film… Dès ses premières pré-projections, le film fut détruit par les critiques. En 1981, Ronald Reagan venait d’être élu, l’offensive néolibérale et conservatrice battait son plein. L’heure était à la contre-offensive généralisée, sociale et idéologique, contre l’Amérique rebelle et libertaire des années 1960 et 70. Les grands éleveurs préparant l’élimination physique des paysans et travailleurs pauvres du comté de Johnson, le tout avec l’appui écrit du président des Etats-Unis ? Les pauvres d’abord désemparés mais finissant par s’armer pour se défendre ? Pour l’impérialisme US revanchard du début des années 1980, il n’était pas acceptable de montrer à une si large échelle la naissance sanglante de l’Amérique moderne, l’âpreté de sa lutte des classes, le rôle criminel de sa bourgeoise et de ses institutions. Des prétextes artistiques divers et variés (trop long, trop lent, trop compliqué…) furent ainsi mis en avant pour masquer des raisons profondément politiques, forçant Michael Cimino à remonter son film dans une version courte et « diffusable », ce qui n’aidera pas à son succès. Influencé par un climat délétère, le public boudera l’œuvre qui deviendra le plus grand échec de l’histoire du cinéma américain, conduisant les studios United Artists à la banqueroute et ruinant la carrière du cinéaste. La Porte du paradis a aujourd’hui acquis une renommée tardive, ce qui a amené Michael Cimino a en refaire une version aux couleurs, sons et montage restaurés, qui rend justice à cette pièce hors norme.

…à l’Histoire elle-même La majeure partie des événements relatés sont réels. En 1890, les USA connaissaient l’une des plus grandes migrations de l’Histoire. En un siècle, plus de 40 millions de personnes quittèrent l’Europe, ses famines, sa pauvreté et ses guerres, pour tenter une nouvelle vie dans ce pays en construction. La plupart de ces émigrants étaient britanniques, irlandais (fuyant la Grande famine) et allemands. Les suivirent des slaves, scandinaves, juifs, italiens. Beaucoup étaient des paysans, cherchant de nouvelles terres à cultiver. Une partie y parvint, au prix de grandes souffrances et au détriment des Amérindiens. D’autres, dont beaucoup d’Irlandais, s’installèrent dans les villes et servirent de main-d’œuvre aux capitalistes, en pleine révolution industrielle. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, la bourgeoisie américaine naissante accueillit ces migrants sans restrictions légales, malgré de graves tensions sociales, avant de changer de politique et de commencer à fermer les frontières.

L’action du film se déroule dans le Wyoming, Etat rural de l’Ouest, pays de grands éleveurs, riches propriétaires terriens exploitant des travailleurs agricoles et des paysans pauvres, n’hésitant pas à s’en servir comme bouc-émissaires en cas de vol de bétail ou autres problèmes. Dans le comté de Johnson, en 1892, l’Association des éleveurs dressa ainsi une liste de 125 paysans pauvres à éliminer, et engagea dans ce but des mercenaires. En résulta une série d’affrontements entre grands et petits éleveurs, connus sous le nom de « Johnson County War » (la guerre du comté de Johnson). Ainsi, deux des personnages principaux du film furent en fait pendus par les mercenaires en raison de leur soutien aux petits paysans. Il fallut l’intervention de l’armée pour « ramener le calme », en fait sauvegarder les intérêts des propriétaires terriens. Parce qu’elle dépeint ces événements méconnus et volontairement occultés de l’histoire officielle des Etats-Unis, que sa réalisation, sa bande-son, ses décors, le jeu de ses acteurs (Kris Kristofferson, Christopher Walken, Isabelle Huppert, John Hurt…) sont uniques, La Porte du paradis est une œuvre incontournable et indispensable pour qui est attaché à une vision anticonformiste et politique de l’art et de la culture.

Par Yohann Segui Lundi 1 juillet 2013Publié dans : Revue Tout est à nous ! 44 (juin 2013)

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