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04 mai 2023 ~ 0 Commentaire

châteaulin, carhaix (npa)

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Crédit Photo NPA Correspondant.e.s
 Il reste la colère… et l’optimisme de la volonté de lutter

Philippe Poutou a reçu un accueil chaleureux en Bretagne le 25 avril, à Châteaulin d’abord, où il présentait son livre, puis à Carhaix où la lutte des Ford et en général celle des salariéEs était au cœur des discussions après la projection du film « Il nous reste la colère ». 

Mardi 25 avril à Châteaulin une séance de dédicace à « la maison de la presse », en train de se transformer en coopérative du livre Un “petit” candidat face aux “grands” médias écrit par Philippe Poutou, Béatrice Walylo et Julien Salingue, après un débat avec plus de trente personnes dans une ambiance chaleureuse.

Des Bonnets rouges au Grand bleu

Retrouvailles des camarades avec Philippe au restaurant les Bonnets rouges de Carhaix, tenu par notre camarade Matthieu Guillemot, puis départ vers le cinéma associatif le Grand Bleu où chacunE se présente, direction la salle de projection, où — surprise ! — nous constatons que la campagne menée depuis plusieurs jours tant sur les réseaux sociaux que par les communiqués de presse, a porté ses fruits. Pas moins de 74 entrées payantes, des militantEs NPA, des militantEs syndicaux, des acteurEs des luttes locales, des têtes connues, d’autres beaucoup moins sont venues voir le film Il nous reste la colère.

Après une rapide présentation du film, par Léna Olivier directrice du cinéma et Philippe, place à la projection. À l’issue de celle-ci, retour dans la salle pour une discussion ouverte qui s’est révélée très enrichissante, les questions allant de la situation des ancienEs salariéEs de Ford à la division syndicale, en passant par le rôle des états-majors syndicaux et la radicalité des luttes.

La présence de Olivier Le Bras de chez Gad, de Nadine Hourmant de chez Doux (entreprises de l’agro­alimentaire) qui ont tous deux, avec les salariéEs de leurs entreprises, mené des luttes très fortes contre la fermeture de leur outil de travail auront permis un échange plein d’optimisme quant à la nécessité de lutter.

Mercredi 3 mai 2023

https://lanticapitaliste.org/

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03 mai 2023 ~ 0 Commentaire

vidéo (npa)

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02 mai 2023 ~ 0 Commentaire

grèves (à l’encontre)

greve g

La dynamique des grèves et la faiblesse de l’infrastructure militante

(…)La stratégie de l’intersyndicale, qui n’a jamais appelé à la grève générale, a-t-elle empêché le durcissement du mouvement par l’extension de la grève?

Je ne partage pas la thèse de la «trahison des directions syndicales» car de fait elles n’ont pas été «poussées» par la montée des grèves et par des demandes pressantes des salarié·e·s de se lancer dans la grève.

Les AG de grévistes étaient relativement faibles. Et si l’idée de la grève et du blocage de l’économie était majoritaire dans l’opinion, on n’est pas sorti d’une logique de «grève par procuration». Dans ce contexte de faiblesse des équipes militantes dans les entreprises, on comprend que les syndicats plus combatifs (CGT, FSU, Solidaires, FO) aient joué la carte de l’unité syndicale et ont suivi la stratégie de Laurent Berger et de la CFDT de gagner la bataille de l’opinion. De fait, la CFDT n’aurait pas appelé à la grève générale reconductible.

Toutefois, il n’est pas inutile de questionner la stratégie de ces syndicats notamment lorsqu’il s’est agi d’enclencher une dynamique de grèves: tout le monde ayant bien compris que Macron ne céderait pas face aux manifestations massives. En dehors des quelques fédérations et syndicats qui ont l’habitude de construire la grève (cheminot·e·s, ouvriers des raffineries, etc.), on aurait pu imaginer une politique de la grève plus volontaire, parallèlement aux communiqués de l’intersyndicale.

La seule mise en avant des secteurs les plus coutumiers de la grève a, peut-être, été trop peu articulée à une pédagogie de la grève pour tous et toutes contre l’idée que la «grève par procuration».

C’est d’ailleurs l’ambiguïté de la médiatisation des caisses de grève: d’un côté, leur succès met en lumière le soutien populaire à la mobilisation, ces caisses donnent confiance et apportent une aide financière à ceux et celles engagés dans la grève, de l’autre côté, elles peuvent parfois légitimer la «délégation» de la grève à d’autres. J’ai été étonné, par exemple, que les leaders des syndicats plus combatifs n’aient pas rendu exemplaires, par leur présence sur les piquets, les grèves le 7 puis le 8 mars.

La belle idée de la «grève féministe» du 8 mars n’a ainsi pas trouvé de traduction visible, même de façon minoritaire, par la mise en avant de grèves ou d’assemblées de femmes grévistes. Au passage, ceci aurait été une bonne occasion de mettre en avant des responsables syndicales car on a surtout vu des responsables syndicaux dans ce mouvement, ce qui est en décalage avec la forte féminisation du prolétariat contemporain.

On peut également s’interroger sur la préparation du 7 mars et de ses suites dans le cadre des AG. On en revient là aux capacités d’action des équipes syndicales. Il semble qu’il y ait eu peu d’AG de salarié·e·s dans les entreprises et sur les lieux de travail et lorsqu’il y en a eu, elles se sont souvent résumées à quelques interventions des responsables syndicaux sans véritables débats et sans appropriation de la stratégie par les travailleurs/ses. Cette délégation de la lutte est un problème et constituera sûrement un point de questionnement à l’avenir.

De ce fait, le calendrier de la mobilisation a été dicté uniquement par l’intersyndicale, et en son sein par la CFDT, sans qu’un autre agenda, autour de la construction des grèves et de blocages, puisse se mettre en place à grande échelle, après le 7 mars ou au moment du 49.3 lorsque le mouvement pouvait basculer.

Enfin, des formes de substitution à la grève ont pu émerger ici ou là, comme le blocage de plateformes logistiques (Nice) ou des incinérateurs, en appui aux éboueurs grévistes de la région parisienne, mais sans appels à y participer au-delà des secteurs militants organisés. Or, on avait vu pendant les Gilets Jaunes que ces formes de blocage de l’économie permettaient à des salarié·e·s ne pouvant pas faire grève (aides à domicile, infirmières, ouvriers et ouvrières dans l’artisanat et dans les PME, chômeurs/ses, etc.) de participer concrètement à la lutte et de se relayer.

De même, il n’y a pas eu vraiment de tentatives d’élargir le front des revendications à la question des salaires et des prix alors même que c’est une urgence immédiate pour les classes populaires et qu’il y a eu des grèves locales ou d’entreprises (Intermarché, groupe Rexel, etc.).

Reste que même si ces pistes avaient été suivies, leur effet sur la dynamique demeure très incertain dans un contexte de faiblesse structurelle des équipes syndicales. La force du mouvement ouvre toutefois des perspectives positives: la relégitimation des syndicats, qui semble se traduire par de nouvelles adhésions, la reconnexion d’une grande partie du salariat avec des pratiques combatives et la politisation que la mobilisation suscite peuvent constituer une base de renouvellement de l’action syndicale et l’intérêt d’adopter des politiques de syndicalisation dans les franges du prolétariat qui en sont exclues.

La déclinaison néolibérale du capitalisme est en crise. Les cycles de mobilisations et de protestations sont sûrement devant nous. (Publié par la revue L’Anticapitaliste, avril 2023)

Etienne Pénissat est chercheur au CNRS et membres du Centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales de Lille.

[1] Tristan Haute, Etienne Pénissat, «Le 7 mars et après: la grève reste une arme centrale pour la classe travailleuse», Contretemps, 4 mars 2023. https://www.contretemps…

[2] Source enquête REPONSE, DARES.

[3] Source SRCV, INSEE,

[4] Enquête réalisée par le collectif Quantité critique. Lire https://qcritique.hypoth…

[5] https://www.contretemps…

https://alencontre.org/europe

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28 avril 2023 ~ 0 Commentaire

mayotte

Colonisation

Au prétexte de lutter contre la « délinquance » à Mayotte, Darmanin a lancé une vaste opération anti-migrants dénommée « Wuambushu », qui signifie « reprise » en mahorais. Les moyens déployés pour cette opération sont démesurés : plus d’un demi-millier de gendarmes et de policiers en renfort des 1 350 déjà sur place, des membres du GIGN, des Éris (leur équivalent pour les prisons), huit magistrats… Un véritable corps expéditionnaire envoyé sur l’île !

Sur place, syndicats et collectifs promettent de documenter et signaler toutes les violations de droits dont ils seront témoins. Et ces craintes sont légitimes puisque, pour atteindre les 25 000 expulsions qui ont lieu en moyenne chaque année, les droits les plus élémentaires sont déjà piétinés : des expulsions sont réalisées le jour même où l’OQTF est notifiée, des mineurs sont rattachés de façon fictive à des majeurs, ou leur âge majoré pour pouvoir les expulser, tandis que des expulsions de parents laissent aussi à Mayotte de nombreux mineurs isolés.

Pour ces milliers d’enfants livrés à eux-mêmes, la délinquance dont parle le gouvernement correspond à la lutte pour la survie. L’opération Wuambushu ne fera qu’aggraver cette situation dramatique.

Si le gouvernement, relayé par les politiciens locaux, accuse les migrants de tous les maux dont souffre l’île, c’est pour mieux se défausser de sa propre responsabilité. En déversant sa xénophobie, Darmanin veut diviser Mahorais et Comoriens. Rien de nouveau, pour garder un pied dans la région, l’État français a détaché Mayotte des autres îles des Comores devenues indépendantes en 1974. En 1995, les ordonnances Balladur ont imposé des restrictions de circulation dans un archipel qui a toujours été en lien. Depuis l’instauration de cette frontière artificielle, des milliers de Comoriens meurent chaque année dans la traversée.

Il s’agit cette fois d’expulser plus de 20 000 personnes en deux mois, soit 300 par jour… Plusieurs centres de rétention doivent ouvrir, car les 150 places de celui de Pamandzi seront insuffisantes. Cette rafle d’envergure s’accompagnera de la destruction de bidonvilles, à coup de bulldozers.

Pour la préparer, il est prévu de couper l’eau aux habitants quelques jours avant son déclenchement. Darmanin promet que les habitants qui ne sont pas expulsables – mais néanmoins expulsés ! – seront relogés, une promesse qui n’a jamais été tenue dans le passé. Mahorais ou non, les habitants de ces quartiers de fortune, parfois installés là depuis plusieurs décennies, s’apprêtent donc à payer le prix fort de cette opération, sur une île gangrenée par la misère.

En effet, qu’ils aient la nationalité française ou non, 80 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté ; 40 % de la population vit avec moins de 160 euros par mois. Les infrastructures, notamment médicales, sont insuffisantes, le réseau d’eau est régulièrement coupé…

D’après le Défenseur des droits : « Les droits fondamentaux – le droit à l’éducation, à la sûreté, à la santé, le droit à vivre dans des conditions décentes, notamment – y sont gravement entravés du fait de la carence des services publics. » Les « décasages » prévus par Darmanin sont avant tout une opération anti-pauvres et pourraient être la goutte de trop, dans ce territoire officiellement français, où les conditions de vie sont indignes.

Premier revers pour le gouvernement, prompt à bafouer ses propres lois : le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu l’expulsion du bidonville Talus 2 près de Mamoudzou.

Norbert Moravcik,  27 avril 2023

 

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26 avril 2023 ~ 0 Commentaire

1er mai (npa)

1er-mai

Crédit Photo Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas

Un 1er mai massif pour nos retraites et dégager Macron et son monde

Macron voudrait siffler la fin de la partie en nous imposant « cent jours d’apaisement » pour tourner la page de la séquence des retraites. Mais en réalité la détermination reste intacte et, partout où il se déplace, le gouvernement est chahuté car il n’y aura pas de paix sans retrait. Il ne faut donc rien lâcher et faire du 1er mai le début d’une nouvelle séquence de la mobilisation, avec grèves, blocages et manifestations.

Un gouvernement qui nous mène droit dans le mur 

Pour l’anniversaire de sa réélection, Macron, droit dans ses bottes, affiche une autosatisfaction déconcertante concernant son bilan, qui tranche avec les casserolades qui ont résonné partout lundi 24 avril. Dans une interview accordée au journal le Parisien, il persiste et signe sans surprise sur la « légitimé » de sa réforme, dont l’utilité aurait été incomprise par des opposantEs qui ne savent selon lui que faire du bruit et se livrer à des incivilités. La colère de millions de personnes depuis plus de trois mois est ainsi piétinée par un gouvernement illégitime.

Macron ose assurer que cette réforme « redonne du muscle à la France » et permet d’ouvrir de futurs chantiers. Sur le fond, c’est continuer de détruire nos acquis sociaux, saccager la planète. Sur la forme, c’est renforcer les pratiques de gouvernance autoritaire, les passages en force à l’assemblée ou dans la rue symbolisée par le refus également assumé de considérer les violences policières alors même que celles-ci s’institutionnalisent. Pire encore, Macron se pose en opposant au RN tandis qu’il annonce dans le même temps un durcissement de la politique migratoire. À Mayotte, la chasse aux pauvres et aux immigréEs via l’opération « Wuambushu » va aggraver une situation déjà dramatique et offrir à Darmanin un laboratoire pour sa politique migratoire.

En renforçant la crise politique, en menant une politique autoritaire raciste et antisociale, le pouvoir déroule un tapis rouge aux fascistes en embuscade, qui rêvent de se nourrir des désillusions du mouvement social. Il est urgent de stopper ce gouvernement qui nous mène toujours plus droit dans le mur et de rompre avec un régime institutionnel anti-démocratique qui institue qu’une poignées d’éluEs est plus légitime que l’avis et la mobilisation du plus grand nombre.

Mobilisation pour construire une alternative anticapitaliste 

Il n’y aura pas de trêve dans la lutte de classe. Nous refusons de nous laisser imposer un agenda politique qui se calquerait sur l’agenda institutionnel. Comme avec le mouvement des casserolades ou la journée de la « colère cheminote » du 20  avril, c’est à notre camp social d’imposer un nouveau calendrier de mobilisations dont l’objectif à terme reste la mise à l’arrêt du pays par la grève générale. Ce 1er mai doit constituer une démonstration de force permettant d’engager de nouvelles perspectives pour gagner le retrait de la réforme.

Cette victoire est nécessaire pour inverser le rapport de forces et imposer des mesures d’urgences sociales : retour de le retraite à 60 ans (55 pour les métiers pénibles), avec près 37,5 annuités de cotisation, réduction drastique du temps de travail hebdomadaire, augmentations des salaires et des pensions, développement des services publics…

C’est possible en construisant une riposte unitaire et radicale basée sur les forces politiques, syndicales et associatives déterminées à en découdre. Plus largement, il faut engager la bataille politique pour dégager ce gouvernement illégitime et travailler à la rupture révolutionnaire pour en finir avec le capitalisme, pour une société démocratique, écosocialiste, débarrassée de l’exploitation et des oppressions.

Le 25 avril 2023

https://nouveaupartianticapitaliste.org/

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23 avril 2023 ~ 0 Commentaire

retraites (à l’encontre)

retraites (à l'encontre) dans A gauche du PS 564230603_socialmedia-1024x682
Manifestation contre la venue de Macron dans un collège de Ganges, dans l’Hérault, le 20 avril

France-retraites: «la mobilisation ne veut pas tourner la page»

Les huit derniers jours ont vu un tournant dans le mouvement de grèves et de mobilisation.

Se sont enchaînées, le jeudi 13 avril une 12e journée de mobilisation nationale appelée par l’Intersyndicale nationale, puis le 14 avril la validation du Conseil constitutionnel, le 17 une allocution télévisée «solennelle» de Macron et le 20 avril une série de manifestations et grèves d’une journée dans plusieurs secteurs.

L’expression du rejet de la réforme continue de se traduire par de très nombreuses manifestations, blocages, débrayages. Ni Macron, ni ses ministres ne peuvent effectuer de déplacement sans être confrontés à des manifestations populaires d’hostilité. De même, toutes les enquêtes d’opinion, indiquent qu’au taux de 75% d’impopularité de Macron se joint un isolement croissant depuis les derniers jours.

Le 13 avril, 1,5 million de personnes se sont rassemblées dans les manifestations (380 000 selon la police), en gros un tiers de moins que le 6 avril, poursuivant la pente descendante de la mobilisation, mais un chiffre encore très élevé, équivalent à beaucoup des plus grandes journées de grèves des dernières années.

Le fléchissement est essentiellement dû: à la fin des grèves reconductibles qui étaient de puissants moteurs de mobilisation – même si le 13 avril, à l’appel de la CGT, le secteur du ramassage des ordures repartait en grève reconductible –,  aux vacances de Pâques dans un tiers des départements,  et évidemment surtout à une situation d’attentisme. Le rapport de force n’ayant pas contraint Macron à reculer, les regards, même ceux de l’Intersyndicale, se fixaient sur l’échéance du 14 avril avec les décisions du Conseil constitutionnel.

Durant les centaines d’initiatives locales du 13 avril, blocages, barrages filtrants, occupations de ronds-points, la répression policière a été la règle, avec garde à vue à la clef.  L’isolement politique de Macron s’accompagne de l’accroissement des interventions policières, des violences. La défenseure des Droits (autorité administrative indépendante pouvant être saisie directement en défense des droits et libertés, notamment face aux administrations de l’Etat), Claire Hédon, a répertorié plus de 120 saisines de ses services pour violences policières depuis janvier 2023, dont l’immense majorité depuis la mi-mars, date du 49.3. Les exactions se multiplient, interventions policières, nasses dans les manifestations, matraquages au sol, gardes à vue arbitraires.

Le lendemain du 13 avril, le Conseil constitutionnel rendait deux avis: un concernant la constitutionnalité de la loi sur les retraites et de la procédure suivie, un autre sur la demande par la NUPES de l’organisation d’un «référendum d’initiative partagé» (RIP) sur une loi disant que «l’âge légal de départ en retraite ne peut être fixé au-delà de 62 ans».

Beaucoup espéraient que ce qui n’avait pas pu être obtenu par la motion de censure, par les grèves et les manifestations puisse l’être par la décision du Conseil constitutionnel, jugeant non conforme la loi et obligeant le gouvernement à retourner devant le parlement.

Beaucoup espéraient aussi, au minimum, que puisse être organisée une campagne de recueil de signatures pour le RIP (référendum) : environ 4,8 millions en 9 mois, 10% des électeurs et électrices inscrit·e·s. Scène digne des dictatures, le bâtiment du Conseil, au cœur de Paris, fut entouré, dès le 13 avril, de plus d’une centaine de CRS et gendarmes mobiles pour y interdire toute manifestation.

Même s’il y avait de très solides bases juridiques pour ne pas avaliser la loi, le faire aurait évidemment été un choix politique paradoxal venant d’une instance composée de neuf notables lié·e·s à Macron et à sa politique, de près ou de loin. Hors de question pour ce Conseil d’ouvrir plus largement la crise politique. De même, le choix fut très politique de refuser le RIP qui aurait pu devenir une épine dans le pied de Macron, l’infectant avec son gouvernement pendant au moins neuf mois.

Le soir du 14 avril, les rues de Paris et de dizaines de villes résonnaient de la colère des milliers de personnes, manifestant une nouvelle fois leur rejet de la réforme. L’Intersyndicale, dès l’annonce de la validation de la loi, demanda à Macron de surseoir à la promulgation de la loi et de les recevoir. Celui-ci, bien au contraire, alors qu’il disposait de quinze jours pour le faire, s’empressait de promulguer la loi, quelques heures après l’annonce de la validation. Ces avis du Conseil, derniers espoirs de bloquer légalement la loi, cette promulgation express, ont été vécus comme un nouveau diktat visant à faire taire la colère populaire.

Le lundi suivant (17 avril), Macron a essayé une première «sortie de crise» télévisée par une allocution à 20h. Concédant l’évidence «Cette réforme est-elle acceptée ? A l’évidence, non», cela ne l’empêcha pas de rabâcher à nouveau ses arguments pour justifier sa réforme. Macron faisait furieusement penser à un PDG d’une grande entreprise, justifiant à nouveau ses décisions durant un CSE (Comité social et économique), cela face à des syndicats en grève contre un plan social.

Comme le PDG n’a aucune obligation d’écouter les syndicats et les salarié·e·s, l’ancien banquier d’affaires considère évidemment qu’il n’a comme obligation que de remplir les objectifs financiers du capitalisme libéral et des impératifs communautaires (UE). Les institutions politiques ne sont pour lui qu’un accessoire, encombrant; la voix populaire et majoritaire des grèves et de la rue, un contretemps gênant, mais sans conséquences, tant que ses donneurs d’ordre, ses commanditaires continuent à lui faire confiance.

Dès lors, la seule preuve qu’il voulait apporter dans cette allocution était qu’il tenait toujours la barre. Il sait que son pouvoir réel, quotidien, il le tient des grands investisseurs, entreprises et institutionnels.

Son discours servait ainsi à se donner 100 jours en vue d’obtenir «un apaisement», en fermant «l’épisode des retraites» à parler de santé, de chômage, d’immigration, de sécurité, comme si toutes ces questions pouvaient lui permettre de tourner la page et n’étaient pas des domaines dans lesquels s’exercent la même politique de classe, d’inégalités et de discriminations. L’association ATTAC avait lancé l’idée de grands rassemblements de «casserolades», à l’heure de son allocution. Largement relayé, avec des milliers de personnes dans plus de 300 rassemblements.

Ces rassemblements de casseroles se renouvellent depuis, à chaque tentative de Macron, d’Elisabeth Borne ou de ses ministres de se déplacer. A tel point que mercredi 19 avril, alors que Macron se rendait dans une petite ville du Sud-Ouest, Ganges, le préfet du département a pris un arrêté pour «instaurer un périmètre de protection» en invoquant les menaces d’attentats, les lois antiterroristes qui, une nouvelle fois, sont utilisées de fait pour interdire la liberté de manifester.

Pire, les forces de police, s’appuyant sur l’arrêté, ont systématiquement confisqué les casseroles et boîtes de conserve dont s’étaient dotés les manifestant·e·s bien décidés à se faire entendre de Macron. Une nouvelle fois la contestation sociale est assimilée à une «entreprise terroriste».

Les signes de dérives du pouvoir se multiplient, au-delà de l’épisode de Ganges. Les menaces contre la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) proférées par Gérald Darmanin, ont été suivies de celles d’ Elisabeth Borne. Le Conseil d’orientation des retraites (COR), dont le rapport 2023 ne confirmait pas le roman de Macron sur la catastrophe annoncée, a subi depuis des pressions pour que son rapport 2024 soit conforme à la version officielle du pouvoir.

A la demande de Macron, et pour rassurer les agences de notation sur la «qualité de gestion» du pouvoir, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, vient de sortir sa nouvelle «feuille de route des finances publiques». Alors que la hausse des taux d’intérêt est maintenue par la BCE, il veut accélérer l’application des critères de convergence avec, comme objectif pour 2027, la réduction du déficit du budget à 2,7% du PIB, et celle de la dette à 108,3% du PIB. L’année dernière, Bruno Le Maire prévoyait seulement 2,9% et 112,5%. Cette année le déficit budgétaire devrait être de 4,9%. En conséquence, tous les ministères viennent de recevoir des lettres de cadrage prévoyant 5% d’économies pour avancer vers l’objectif fixé par Le Maire. Baisser radicalement le montant des dépenses publiques va aggraver davantage la pénurie dans les services publics.

Dans ce contexte, le mouvement de mobilisation, malgré la colère sociale, marque le pas. Ce qui est en jeu c’est la capacité ou non d’imposer à Macron un recul sur les 64 ans, malgré la promulgation de la loi. Il est évident que cela dépendrait toujours de la capacité à élargir la crise politique et à paralyser le gouvernement. La paralysie parlementaire va subsister puisqu’il est clair désormais que les Républicains (LR) ne noueront pas d’alliance parlementaire pour asseoir une majorité. Mais Borne et Macron espèrent néanmoins passer au travers de nouvelles motions de censure et   continuer à gouverner en louvoyant et en procédant au maximum par décrets qui n’impliquent pas de vote du parlement. Seule la mobilisation populaire peut permettre réellement de faire mettre genou à terre au gouvernement.

L’objectif annoncé par l’Intersyndicale est de faire du 1er Mai la prochaine échéance par des manifestations unitaires massives dans toutes les villes. Certes, cela sera une première historique, puisque depuis 1945, le mouvement syndical, en France, n’a jamais été réuni dans une même manifestation le 1er Mai. Cela témoigne positivement du rapport de force construit dans le mouvement.

Mais quel en est l’objectif? En faire un point de départ pour un second souffle, un nouvel élan pour affronter Macron? Cela serait évidemment décisif pour imposer une défaite à Macron, mais cela renvoie aux limites de l’Intersyndicale. L’unité est maintenue sur le rejet des 64 ans et le refus de dialoguer avec Macron sans recul sur sa réforme et cela est un facteur de dynamisation des mobilisations toujours nombreuses dans tout le pays. Mais quel sera l’objectif après le 1er Mai?

Fixer de nouveaux leviers de mobilisations, contre les 64 ans, en élargissant aux questions sociales les plus urgentes, à commencer par les salaires et le coût de la vie, en gardant la dynamique unitaire mais en avançant vers un nouvel affrontement pour faire céder Macron, seront les enjeux des jours qui viennent.

(Article reçu le 21 avril au soir – Réd.) 22 avril 2023 Par Léon Crémieux

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23 avril 2023 ~ 0 Commentaire

politis

social

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21 avril 2023 ~ 0 Commentaire

nupes (npa)

pcf

NUPES : le trou d’air

Depuis le début du mouvement contre la réforme des retraites, la coalition formée lors des dernières législatives sous l’impulsion de La France insoumise est traversée de tensions multiples qui mettent en péril son existence même. Les désaccords tactiques voire stratégiques, évacués avant l’été dernier par une séquence électorale pleine de promesses, reviennent aujourd’hui comme un boomerang.

«Adhérer directement à la Nupes » ? C’est visiblement ce que souhaitait dimanche Sandrine Rousseau, la députée EÉLV, reprenant ainsi une proposition formulée le jour même par Manuel Bompard dans une interview au JDD. Une proposition aussitôt balayée par le PS et le PCF qui y voient la possibilité d’y perdre leur indépendance organisationnelle, en passant sous les fourches caudines de LFI qui en assure à cette heure le leadership.

Regain de tension

Toujours selon Sandrine Rousseau « la Nupes n’est pas juste une alliance électorale ». Certes, mais force est de reconnaître que celle-ci a bien du mal à exister au-delà de l’intergroupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Si les « groupes d’action » de La France insoumise sont une force militante dans beaucoup de villes, on peine à trouver de tels cadres à l’échelle de la Nupes. Pire les tentatives venues de la direction de La France insoumise de mettre en place des structures a minima d’élaboration commune, telles qu’un « parlement de la Nupes », n’ont rien fécondé face aux réticences de leurs « partenaires ». Et la manifestation nationale du samedi 21 janvier contre le projet de contre-réforme des retraites n’avait vu que l’engagement de la seule France insoumise, avec un refus plus ou moins poli du reste de la Nupes…

C’est aussi dans ce cadre qu’il faut apprécier les positionnements divergents qui sont apparus dans le cadre du débat parlementaire. Après la demande formulée par les directions de la CGT et de la CFDT que l’Assemblée nationale puisse aller jusqu’à l’examen, voire au vote, du fameux article 7 reculant l’âge légal de départ à la retraite, les députéEs de la Nupes ont retiré 90 % de leurs amendements pour accélérer les débats… Mais ils se sont ensuite renvoyé la patate chaude face à l’échec de cette tactique, les Insoumis assumant pleinement « l’obstruction parlementaire » pour empêcher à tout prix le vote de l’article 7.

Et la semaine dernière, le lamentable retour d’Adrien Quatennens voté par le groupe parlementaire LFI a fait tousser quelques-unEs de ses députéEs, dont François Ruffin et Clémentine Autain, mais a surtout donné à voir la discorde existant au sein de la Nupes. Le PS a parlé de « faute politique », un choix qualifié de « lamentable » par la sénatrice EÉLV Mélanie Vogel…

Si un point semble faire accord en son sein, c’est que la Nupes a besoin d’un « Acte 2 » pour se relancer. Car le premier bilan de la séquence de mobilisation actuelle, c’est que ni la coalition ni aucune de ses composantes ne profitent à plein de la colère sociale contre le macronisme, laissant ainsi le danger RN apparaître comme le réceptacle politique de celle-ci.

Avec qui et pour faire quoi ?

Entre clarification de l’orientation et réorganisation démocratique, les différentes composantes de la Nupes ne mettent pas le curseur sur les mêmes difficultés, et surtout évacuent les questions qui fâchent : avancer, oui, mais avec qui et pour aller où ?

À l’évidence, le PCF a bien sa petite idée sur la question. Son dernier congrès, clos il y a une dizaine de jours, a été marqué par la victoire de la ligne de son ex-candidat à la présidentielle, Fabien Roussel. Une ligne qui combine une auto-affirmation identitaire « communiste » (dans le sens du PCF en tant que parti, d’une légitimité issue d’une trajectoire historique) à une orientation de gestion quotidienne dans les institutions municipales, départementales ou régionales en force d’appui à un PS sous direction social-libérale.

C’est dans cette visée politique qu’il faut apprécier le positionnement de la direction actuelle du PCF soucieuse de desserrer l’étreinte d’une France insoumise trop hégémonique à son goût : « Concernant la Nupes, il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Mais il faut changer l’eau du bain de temps en temps ! »… Une formule toute rousseliste pour justifier la main tendue à Carole Delga et Bernard Cazeneuve, les peu ragoûtants restes du hollandisme avec lesquels le PCF se dit prêt à travailler pourvu que cela l’éloigne de Mélenchon. Derrière le « Front populaire », le retour de la gauche plurielle…

Du point de vue de ses perspectives, l’épreuve du feu est devant la Nupes. Non sans ambiguïté et zigzags, elle a su être une force d’opposition dans les institutions, souvent sur la base du plus petit dénominateur commun. Mais les élections européennes l’année prochaine vont devoir trancher.

La révision du programme « l’Avenir en commun », les 650 mesures qui servent de base programmatique à la Nupes, avait opportunément laissé de côté la question européenne, qui cristallise le niveau de rupture avec les canons capitalistiques de la construction européenne, de la rupture nécessaire avec les traités qui la régissent.

Et EÉLV comme le PCF affirment déjà leur volonté d’aller aux urnes sous leurs propres couleurs. Or, comme le dit Manuel Bompard, « comment gouverner ensemble le pays si nous ne sommes pas capables de porter des combats communs au niveau européen ? »

Entre gestion et rupture, la Nupes ne pourra renverser la table qu’au prix d’un choix douloureux. Y survivra-t-elle ?

Manu Bichindaritz
Hebdo L’Anticapitaliste – 658 (20/04/2023)

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18 avril 2023 ~ 0 Commentaire

vu de londres (socialist worker)

strike-france-paris-13-april-2023

(Photo : Phototheque Rouge/Martin Noda/Hans Lucas)

La résistance peut annuler l’assaut du président Macron sur les retraites

La Cour constitutionnelle a soutenu la manœuvre antidémocratique d’Emmanuel Macron, mais des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue.

La semaine dernière, des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes de France, dont Paris, Marseille, Nice, Lyon, Toulouse, Montpellier, Chambéry et Nantes. Les gens ont réagi avec indignation après que la Cour constitutionnelle française, remplie de personnalités de l’élite politique et de l’État, a déclaré que les attaques du président Emmanuel Macron sur les retraites avaient été adoptées légalement.

Les manifestations ont la rage contre la manière antidémocratique dont M. Macron et son gouvernement ont fait passer la mesure. Il n’y a pas eu de vote au parlement. Au lieu de cela, M. Macron a utilisé une partie de la constitution qui permet à la loi d’être adoptée à moins que le gouvernement ne soit défait lors d’un vote de défiance,

Sophie, enseignante, a déclaré à Socialist Worker : « Nous savions que cela allait arriver, mais cela n’arrête pas notre rage. Les autorités ont interdit cette manifestation, mais nous sommes trop en colère pour ne pas descendre dans la rue. Nous devons continuer.

Le tribunal a annulé six artices de la nouvelle loi sur les retraites, dont la plupart étaient de maigres édulcorants que les députés avaient ajoutés au cours des débats sur la loi. Mais elle a approuvé l’augmentation de deux ans de l’âge de la retraite. Elle a également rejeté une demande déposée par une partie de la gauche en faveur d’un référendum sur une loi alternative qui maintiendrait l’âge actuel de la retraite.

Après la décision du tribunal, M. Macron disposait officiellement de 15 jours pour mettre en œuvre la loi. Mais pour cracher au visage des dirigeants syndicaux qui avaient demandé un délai, il a fait en sorte que la loi soit annoncée aux premières heures du samedi.

Cela ne signifie pas que la lutte est terminée. Cela signifie que la stratégie des dirigeants syndicaux a échoué jusqu’à présent.

La coordination des dirigeants syndicaux appelle désormais « tous les travailleurs, les jeunes, les retraités à faire du 1er mai une journée de mobilisation populaire exceptionnelle contre la réforme des retraites et pour la justice sociale ».

C’est très lent. C’est tellement lent que les quatre principaux syndicats du rail ont appelé à une « journée d’expression de la colère cheminote » pour le jeudi de cette semaine. « Nous n’irons pas de l’avant tant que cette loi n’aura pas été abrogée », indique un communiqué de presse des syndicats.

Pour certains dirigeants syndicaux, le 1er mai sera le dernier acte de la résistance. Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a déjà déclaré qu’il souhaitait reprendre les négociations avec le gouvernement une fois la loi passée.

Mais une nouvelle stratégie basée sur la préparation d’une grève générale étendue peut encore l’emporter. En février 2006, le gouvernement a adopté une mesure connue sous le nom de Premier contact pour l’emploi (CPE). Cette mesure prétendait que le moyen d’augmenter l’emploi des jeunes était de les priver de leurs droits.

Les travailleurs et les jeunes ont fait grève et ont continué à protester contre cette mesure, même après que les députés l’ont soutenue. Finalement, en avril, deux mois après l’adoption officielle de la loi, le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé que « les conditions n’étaient pas réunies » pour que le CPE s’applique.

Ce que le Parlement fait, la rue et les lieux de travail peuvent le défaire.

Charlie Kimber Tuesday 18 April 2023

https://socialistworker.co.uk/

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16 avril 2023 ~ 0 Commentaire

philippe poutou (châteaulin / carhaix)

Le 25 Avril en Finistère.
 pppoouu
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A Chateaulin de 17 à 19h, à la librairie, Maison de la presse.
Béatrice Walylo et Philippe Poutou présenteront le livre « Un petit » candidat face aux  » grands  » médias  » écrit aussi avec Julien Salingue
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st_denis
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Ce même Mardi 25 avril à 20h , au cinéma le grand bleu à Carhaix, ciné rencontre avec le film  » Il nous reste la colère » projection suivie d’un échange avec Philippe Poutou.

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