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10 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

le balai libéré (politis)

Balai libéré affiche

« Le Balai libéré », ou ce que le capitalisme a fait au rêve autogestionnaire

Dans un documentaire brillant, Coline Grando remet au goût du jour l’expérience autogestionnaire des ouvrières du ménage de l’Université catholique de Louvain (UCL) dans les années 1970, en interrogeant sa faisabilité aujourd’hui.

50 ans plus tard, le personnel de nettoyage de l’UCLouvain rencontre les travailleuses d’hier, avec cette question : travailler sans patron, est-ce encore une option ?
 C’est une histoire que beaucoup avaient oubliée. Sans doute que certains préféraient ne pas trop la raconter, de peur qu’elle inspire. Celle du Balai libéré, nom d’une entreprise coopérative de nettoyage créée en 1975, après que des ouvrières eurent licencié leur patron, engendrant alors une expérience autogestionnaire de 14 ans. À l’Université catholique de Louvain (UCL) en Belgique, les travailleurs et travailleuses d’aujourd’hui n’en ont jamais entendu parler. C’est ainsi que s’ouvre ce documentaire d’une heure et demi. Des interviews face caméra de celles et ceux qui nettoient quotidiennement les 350 000 mètres carrés de cette faculté. Des femmes, des hommes pour qui le nom de cette expérience, Le Balai libéré, n’évoque rien.

Cette approche de Coline Grando fait la force de son documentaire. Alors que l’on aurait pu s’attendre à la narration mythifiée d’une expérience passée, la réalisatrice a préféré la raconter en l’interrogeant avec la réalité de celles et ceux qui travaillent aujourd’hui. Avec une question en toile de fond : cette utopie serait-elle possible aujourd’hui ? Tout au long du film, nous suivons donc la rencontre des autogestionnaires d’hier, avec les ouvriers d’aujourd’hui, sous-traités, esseulés. Ils ont fait et font le même métier, mais de manière très différente. Celles du Balai libéré racontent leur fierté d’avoir pris en main leur outil de travail, en licenciant un patron « inutile et parasitaire » et en s’organisant pour être mieux payées, plus nombreuses, avec de meilleures conditions de travail.

Les ouvriers du ménage d’aujourd’hui parlent d’autre chose : des cadences, de la rationalisation, de la solitude. Ils ne se connaissent que peu entre eux. Sont seuls pour nettoyer des centaines de mètres carrés. En les suivant dans leurs tâches quotidiennes, l’habile caméra nous montre cette solitude. Seuls à astiquer un amphithéâtre, des salles de cours, des sanitaires, dans un silence que le bruit du chariot et de l’aspirateur vient uniquement rompre.

Méthodique solitude

C’est aussi cela qui fait la réussite de ce film : ne pas imposer lourdement ce qui se dévoile, comme une évidence, au fil des séquences. Ce que le capitalisme a fait au rêve autogestionnaire. En organisant méthodiquement l’esseulement des salariés, en imposant des appels d’offres où le prix (et donc les conditions de travail) reste un critère prépondérant, en facilitant la sous-traitance, en créant le maintien dans la peur de perdre son emploi : autant de critères empêchant toute constitution de force collective.

Pourtant, la rencontre des femmes de ménage des années 70 avec celles et ceux d’aujourd’hui permet de briser ce qui apparaît, au début, comme une spirale inéluctable. Au fil des discussions, des visionnages d’archives, des partages d’expérience, naît dans la tête de nombreux travailleurs cette question qui risque de ne pas les quitter de sitôt : si elles ont réussi, pourquoi pas nous ?

À savoir

Le film de Coline Grando, Le Balai libéré, sort en salle le 13 décembre. Une projection-débat est organisée le 15 décembre à 20 heures au cinéma le Saint-André-des-Arts à Paris. Un débat animé par Carole Rouaud de Politis, en présence de la réalisatrice, de la députée Rachel Kéké et de Pierre Jequier-Zalc, journaliste à Politis.

Pierre Jequier-Zalc  • 7 décembre 2023

https://www.politis.fr/

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08 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

bretagne (envoyé spécial)

Migrants Ital

« Envoyé spécial » : comment la filière maraîchère bretonne a recours à des travailleurs africains souvent sans papiers, et sous-payés

Les migrants venus d’Afrique, souvent sans titre de séjour, sont devenus un rouage essentiel de la filière maraîchère bretonne. Dans les environs de Lannion, aucun des producteurs qui les emploient n’a accepté de répondre aux questions d’ »Envoyé spécial », mais une inspectrice du travail a souhaité dénoncer l’hypocrisie qui règne, selon elle, dans le secteur.

En Bretagne, de juillet à octobre, c’est la récolte des célèbres cocos de Paimpol. Comme les étudiants et les retraités français n’y suffisent plus, les maraîchers ont de plus en plus souvent recours à des travailleurs étrangers. Dans ce champ près de Lannion où s’est rendue une équipe d’ »Envoyé spécial », assis sur une chaise sept heures par jour à ramasser les haricots, des Maliens, Camerounais, Guinéens… tous les travailleurs sont africains.

« Les Africains, eux, ils ne connaissent pas de sot métier. Vous, les Français, vous avez honte peut-être de travailler dans les cocos, mais nous, on ne choisit pas. »

Un travailleur agricole africain employé dans un champ de haricots en Bretagne

Ils affirment être déclarés par le propriétaire du champ qui les emploie, mais aucun ne semble avoir de papiers français. Seraient-ils employés illégalement ?

Toute la filière maraîchère bretonne a recours à ces travailleurs africains, afghans ou syriens, devenus des « saisonniers permanents ». Aucun producteur local ne veut le reconnaître ouvertement, et tous ceux que les journalistes ont contactés ont refusé de répondre à leurs questions.

La coopérative locale a même prévenu certains maraîchers, par SMS, de la présence d’une équipe d’ »Envoyé spécial » cherchant à « récupérer des informations concernant la main-d’œuvre étrangère », avec ce conseil : « Soyez vigilants et renvoyez vers la coopérative ». Laquelle a elle aussi décliné les demandes d’interview…

Seule une inspectrice du travail a accepté de s’exprimer, sous couvert d’anonymat. Elle veut dénoncer l’hypocrisie qui règne, selon elle, dans le secteur : « Tout le monde ferme les yeux. Il n’y a pas que les services de l’Etat, c’est les agriculteurs, c’est tout le monde. »

« Il n’y a pas de main-d’œuvre française qui veut faire ce travail, parce que ce n’est pas rémunérateur. » Une inspectrice du travail qui témoigne anonymement dans « Envoyé spécial »

L’inspectrice ne nie pas que les agriculteurs déclarent leurs salariés, mais sans avoir les moyens de vérifier leur identité. Ce qui n’est pas facile, précise-t-elle, car ces travailleurs étrangers « ne sont pas forcément sans titre, mais ils ont des ‘alias’ … » (ils utilisent par exemple la carte d’identité d’un proche).

Des travailleurs maintenus dans la précarité

D’après elle, beaucoup de producteurs ont intérêt à maintenir dans la précarité ces travailleurs étrangers, souvent sous-payés, voire exploités. « Comment voulez-vous revendiquer dans ces conditions-là ? » demande-t-elle. Si on lui donne 500 euros au lieu des 1 200 euros dus (l’ouvrier de cueillette est censé percevoir l’équivalent du smic, voire davantage, selon le poids des denrées récoltées), « il est obligé d’accepter. A qui il va aller se plaindre ? On va lui dire ‘Mais c’est même pas vous, Monsieur, c’est votre alias !’ C’est un no man’s land. »

Extrait de « Sans papiers mais pas sans travail », un reportage à voir dans « Envoyé spécial » le 7 décembre 2023.

> Les replays des magazines d’info de France Télévisions sont disponibles sur le site de Franceinfo et son application mobile (iOS & Android), rubrique « Magazines« .

07/12/2023

https://www.francetvinfo.fr/

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06 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

pompiers ( basta!)

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Santé des pompiers : « Mourir d’un cancer, on ne reçoit pas de médaille pour ça »

Entre les suies et l’amiante, les pompiers sont exposés à des facteurs de maladies professionnelles. Leur risque accru de cancer est reconnu, mais les actions de prévention se font attendre. Pour que l’État agisse, la CGT vient de déposer plainte.

La France compte 250 000 sapeurs-pompiers, dont 80 % de volontaires. Combien meurent des suites d’une maladie professionnelle chaque année ? Le chiffre n’est pas connu. Cancers, maladies cardio-vasculaires, infarctus : on parle moins des pompiers malades que de ceux morts en opération.

« Parce que mourir d’un cancer, pour le ministère, ce n’est pas classe, on ne reçoit pas de médaille pour ça », dénonce Sébastien Delavoux, responsable fédéral de la CGT des pompiers. Alors que les mégafeux contre lesquels les pompiers interviennent se multiplient chaque année, la question de la prévention des maladies professionnelles se pose de plus en plus.

Le 1er décembre, la CGT des pompiers a déposé une plainte contre X au Pôle santé publique du tribunal de Paris, pour mise en danger de la vie d’autrui. La CGT et plusieurs autres syndicats de pompiers professionnels, notamment la Fédération autonome (le syndicat majoritaire) et la CFDT, pointent les nombreux manquements de l’État pour protéger les soldats du feu : leurs équipements ne sont pas suffisants, les protocoles de nettoyage et de décontamination ne sont pas mis en œuvre, le suivi médical est quasi inexistant…

« Il ne faut pas que les pompiers soient une nouvelle catégorie de travailleurs sacrifiés ! Ils sont aujourd’hui dans des conditions de travail archaïques », déplore Hélène Aveline, avocate qui défend le dossier. « Cette plainte vise à créer un électrochoc », renchérit son collègue, l’avocat Philippe De Castro, qui accompagne aussi la plainte. « Les risques professionnels des pompiers sont parfaitement connus, les préconisations pour leur prévention sont écrites, mais pas respectées. Il faut identifier les responsables », ajoute-t-il.

Mais où chercher ces responsables ? Les sapeurs-pompiers sont placés sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Mais ils sont employés par les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), qui dépendent des départements. À l’exception des pompiers parisiens et marseillais, qui sont des militaires, les pompiers professionnels sont des fonctionnaires territoriaux.

Les pompiers surexposés au risque de cancers

À l’été 2022, des mégafeux font des ravages à travers la France. Alors que l’action des pompiers focalise l’attention médiatique, une autre actualité passe quasiment inaperçue. Le Centre international de recherche sur le cancer, l’agence spécialisée dans le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) réunit plus de vingt chercheurs de huit pays à Lyon, qui rendent publiques les résultats d’une étude sur l’exposition professionnelle de pompiers au cancer.

Pour la première fois, l’activité même de sapeur-pompier est classée comme cancérogène. Deux types de risques sont particulièrement identifiés : le mésothéliome (une tumeur maligne rare qui affecte les cellules la membrane protectrice qui recouvre la plupart des organes internes du corps dont la plèvre, le péritoine et le péricarde) et le cancer de la vessie.

Le risque de mésothéliome est 58 % plus élevé chez les pompiers que dans la population générale. Celui de développer un cancer de la vessie est 16 % plus important pour eux. Cinq autres types de cancer sont liés à l’exposition professionnelle des pompiers de manière « crédible », dit aussi ce rapport : cancers du côlon, de la prostate, du testicule, mélanome et lymphome non hodgkinien.

Des cagoules inefficaces comme équipement de protection

La Caisse nationale de retraite des agents de collectivités locales avait déjà alerté sur les risques relatifs aux fumées d’incendie en 2017. Le rapport avait alors eu l’effet d’une bombe dans la profession. Outre les cancers, il évoquait les impacts du travail de pompier sur le risque de développer des maladies du cœur et du poumon, et soulevait les manquements dans le nettoyage et la décontamination des tenues et du matériel des pompiers.

La même année, un deuxième rapport de la caisse de retraite des pompiers alerte cette fois sur les risques liés à un équipement utilisé par les pompiers lors des feux de végétation : une cagoule. « Nos cagoules sont tout aussi efficaces que les filets à papillon pour attraper des électrons », résume Sébastien Delavoux. Cette cagoule est portée par les pompiers lors des feux de forêt. Car l’appareil de respiration autonome, porté lors des interventions sur les bâtiments, est alors inutilisable, du fait de son poids (une quinzaine de kilo) et de sa faible autonomie.

« Ces cagoules ne sont pas filtrantes, constatait la caisse de retraite des pompiers. En plus, « une fois le feu éteint, des particules toxiques se sont déposées sur la peau, les cheveux, les vêtements », poursuivait l’étude. Ces particules « se retrouvent ensuite dans les véhicules, et jusqu’au domicile des pompiers ». D’où la nécessité de meilleurs protocoles de décontamination pour protéger les pompiers.

« Le chef de bureau vient un jour et me dit, “il y a un truc qui nous est tombé dessus, cela s’appelle la toxicité des fumées”, relatait Francis Magnolini, chef de section à la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises du ministère de l’Intérieur, lors du dernier congrès annuel de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers cet automne. Il disait que le rapport de 2017 avait « engendré une vraie révolution » : « Il a fallu élaborer des protocoles de déshabillage et de lavage, c’est quelque chose qui n’existait pas. »

Une révolution, vraiment ? « Il y a une promptitude du ministère à éditer des recommandations », s’agace le responsable de la CGT des pompiers Sébastien Delavoux. Mais en termes d’information aux pompiers et de traduction concrète dans les services, « on n’est pas à la hauteur », ajoute-t-il. Les pompiers dénoncent l’inertie, consécutive à un jeu de ping-pong entre le ministère et les services départementaux d’incendie et de secours. L’histoire de la cagoule est symptomatique : six ans après la démonstration de son inutilité, et donc de sa dangerosité, des référentiels techniques ont bien été rédigés. Mais sur le terrain, les pompiers les attentent toujours.

« L’amiante, c’est l’arbre qui cache la forêt »

Les pompiers sont aussi particulièrement exposés aux substances toxiques qui se dégagent lors des incendies. Lorsqu’ils interviennent dans des bâtiments construits avant 1997, date d’interdiction de l’utilisation de l’amiante, les sapeurs-pompiers peuvent entrer en contact avec cette matière cancérigène. Les pompiers de Rouen ont ainsi été exposés à de l’amiante lors de l’incendie de l’usine Lubrizol en 2019.

Dans une ville comme Saint-Nazaire, par exemple, 70 % des bâtiments sont amiantés. Lorsqu’une plaque de fibrociment brûle, elle explose et libère des milliards de fibres cancérogènes. Pour autant, le suivi médical à la suite de ces expositions, comme à celle du plomb, lors de l’incendie de Notre-Dame en 2019 est pour les pompiers, au mieux insuffisant, au pire inexistant. Quant aux tenues utilisées, quand elles sont en contact avec l’amiante, elles sont définitivement contaminées. Et pourtant elles sont souvent réutilisées.

« Les pompiers travaillent dans des conditions inadmissibles », souligne Annie Thébaud-Mony, chercheuse à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et présidente de l’association Henri-Pézerat, qui accompagne les luttes sociales sur la santé des personnes en lien avec le travail et l’environnement. « Et l’amiante, c’est l’arbre qui cache la forêt, poursuit-elle. Il y a une synergie avec d’autres substances chimiques, notamment les suies, que l’on trouve sur tous types de feux, et qui sont extrêmement cancérogènes. »

Ces suies posent d’autant plus problème qu’elles pénètrent par voie cutanée dans le corps, et plus facilement quand les pores sont dilatés par la chaleur. Or, expliquent les pompiers, leurs tenues de protection contre le feu ne filtrent pas ces suies.

Manque de suivi médical

Les syndicats dénoncent l’absence de suivi médical tout au long de la carrière des sapeurs-pompiers, et après. À une question posée à l’Assemblée nationale, le 25 novembre, par le député communiste Yannick Monnet, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin admettait que « les sapeurs-pompiers professionnels et volontaires ne bénéficient pas, en France, du même suivi épidémiologique que dans d’autres pays. » Il ajoutait : « Il est évident que du fait de leurs interventions menées dans des conditions de plus en plus dangereuses et de leur exposition à des produits toxiques de plus en plus répandus chez nos concitoyens, ils sont amenés à contracter des maladies très graves, notamment des cancers . » Cancer. Le mot était posé.

Les pompiers, eux, n’en peuvent plus d’attendre des actes. Maintenant qu’une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui a été déposée, une enquête préliminaire sera menée. Puis, la CGT et les autres syndicats de pompiers pourraient se constituer partie civile, afin qu’un juge d’instruction soit nommé.

« Nous n’acceptons pas l’incompétence de nos employeurs qui refusent de nous protéger efficacement contre les risques connus depuis longtemps, identifiés par une cohorte d’études, et malheureusement attestés par le nombre de nos collègues qui déclarent tour à tour, cancers, maladies pulmonaires invalidantes », insistait Xavier Boy, président de la Fédération autonome des pompiers dans un courrier au ministre il y a quelques jours. Pour l’instant, personne ne lui a répondu.

Élina Barbereau 6 décembre 2023

https://basta.media/

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04 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

rencontres (la brèche )

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02 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

nucléaire (greepeace)

nukleaire

COP28 : l’action climatique freinée par des annonces sur le nucléaire

Nucléaire

À la COP28, une vingtaine de pays dont la France viennent de signer une déclaration commune pour tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020. Greenpeace France dénonce une manœuvre de diversion climatique.

“Le constat scientifique est clair : si l’on souhaite conserver une chance d’une trajectoire de 1.5°C, il faut massivement baisser les émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années. Beaucoup trop lent à déployer, le nucléaire est totalement hors délai face à l’urgence climatique.

L’annonce d’un triplement des capacités est déconnectée de la réalité*. Entre retards, surcoûts et dépendance à la Russie, l’industrie nucléaire perd chaque jour du terrain dans le mix énergétique mondial et se marginalise un peu plus au profit des énergies renouvelables.

Bien moins chères, rapides à déployer et accessibles aux pays en développement, ces énergies font quant à elles consensus sur la scène internationale. À l’image de la scène nationale sur laquelle la France brille par sa médiocrité en termes de développement des énergies renouvelables, l’obsession pronucléaire d’Emmanuel Macron masque en réalité son manque de sérieux dans l’action climatique.”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France.

*Pour tripler les capacités nucléaires mondiales, il faudrait mettre en service plus de 70 grands réacteurs par an, année après année, entre 2040 et 2050.

Or ces dernières années, ce sont 5 nouveaux réacteurs en 2020, 6 réacteurs en 2021, 6 réacteurs en 2022 et 4 réacteurs en 2023 (soit un total de 21 nouveaux réacteurs) qui ont été ajoutés au réseau.

Lors des deux dernières décennies il y a davantage de réacteurs qui ont été fermés que mis en service dans le monde.

2 décembre 2023

https://www.greenpeace.fr/

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30 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

cop (reporterre)

Quel rôle va jouer la COP de Dubaï<small class="fine d-inline"> </small>?
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Des manifestants lors de la COP27, organisée à Charm el-Cheikh (Égypte). – MOHAMED ABDEL HAMID ANADOLU AGENCYAnadolu via AFP

Quel rôle va jouer la COP de Dubaï ?

Les COP, souvent décriées, contribuent pourtant à décarboner la planète. Retour sur trois décennies de négociations onusiennes avant l’ouverture de la 28e conférence internationale sur le climat à Dubaï, le 30 novembre.

Vu de loin, les COP ressemblent à une vaste foire d’empoigne réunissant des myriades de lobbyistes, diplomates, observateurs, journalistes et organisations non gouvernementales. Grandissant d’année en année, ces sommets onusiens du climat ne semblent plus produire le moindre résultat. D’où la question légitime : « À quoi servent les COP » ? Y répondre suppose de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur avant l’ouverture du 28e sommet, jeudi 30 novembre à Dubaï (Émirats arabes unis).

Retour en juin 1992, au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro.

Durant cette conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement, les dirigeants de 179 pays adoptent la Déclaration de Rio, la Déclaration sur la gestion des forêts, la Convention sur la diversité biologique et, pour le sujet qui nous intéresse, la Convention-cadre sur les changements climatiques (CCNUCC). Puis, quelques mois plus tard, la convention sur la lutte contre la désertification, intimement liée à la précédente.

L’objectif du consensus unanime

Longue de vingt-cinq pages et toujours en vigueur, la CCNUCC fixe à ses signataires un objectif : stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre (GES) « à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ».

Il s’agit de réduire nos émissions de dioxyde de carbone, de méthane, de protoxyde d’azote et d’hexafluorure de soufre. Restait à définir cette « perturbation anthropique dangereuse ». En 1992, la concentration de CO2 dans l’atmosphère était de 356 parties par million (PPM), en progression de 0,4 % par an. Quelle teneur en carbone dans l’air ne devons-nous pas franchir ? Personne ne pouvait répondre à cette question, pas même les rédacteurs du premier rapport du Giec, paru en 1990.

Comme il est de coutume pour les conventions internationales, un secrétariat de la CCNUCC fut établi. Son premier rôle ? Organiser chaque année une conférence des parties (conference of the parties, COP). Durant la quinzaine de jours que dure une COP, les parties — c’est-à-dire les États signataires de la conférence — négocient dans le but de parvenir au consensus unanime. Les négociations portent sur les règles encadrant la mise en œuvre d’objectifs fixés par la Convention, les obligations des uns et des autres et la fixation de nouveaux objectifs.

La première COP à produire des effets visibles fut la troisième du nom, organisée en décembre 1997 à Kyoto (Japon). À l’issue d’âpres négociations, elle adopte le protocole de Kyoto, obligeant les quarante-et-un États les plus développés à réduire de 5 % en moyenne leurs émissions de GES entre 1990 et 2012.

Malgré le fait que les États-Unis, le Canada, puis le Japon, se soient retirés de l’accord, le pari a été tenu. En 2012, la quarantaine de pionniers a atteint le but fixé à Kyoto, en partie grâce à la chute du bloc soviétique — qui a arrêté nombre d’industries lourdes en Russie — et à la crise économique mondiale de 2008. Cette décarbonation forcée a suscité des vocations : en 2008, l’Union européenne publie le « paquet énergie-climat », visant à réduire de 20 % les émissions de ses vingt-huit États membres entre 1990 et 2020.

En 2012, la COP est organisée par un pays producteur de pétrole, le Qatar, où il est décidé de prolonger de sept ans le protocole de Kyoto. Au terme de la phase 2, en 2020, les États assujettis au dit protocole devraient avoir réduit de 18 % leurs émissions de GES par rapport à 1990. Là encore, mission accomplie, non sans l’aide du Covid-19. En confinant le tiers de l’humanité, la pandémie a fait chuté de 6 % les rejets carboniques anthropiques entre 2019 et 2020.

Deux camps qui s’opposent

Le monde du climat est divisé en deux catégories :

les pays qui sont soumis à des obligations (en gros, les membres de l’OCDE) et les pays émergents et en développement, qui n’ont aucune contrainte.

Entérinée dès 1992, cette division a rapidement posé problème.

Le 25 juillet 1997, le Sénat étasunien adoptait ainsi à l’unanimité une résolution indiquant qu’il ne ratifierait jamais un accord international obligeant les États-Unis à réduire leurs émissions si les grands pays émergents (Chine et Inde, notamment) en étaient exonérés.

Seconde puissance économique et premier émetteur mondial depuis 2004, la Chine a jusqu’à présent refusé d’être intégrée aux pays les plus développés. Soutenue par l’Inde (troisième émetteur planétaire), le Brésil et l’Indonésie, Pékin bataille depuis des années pour être exemptée de toute contrainte carbone.

Depuis qu’elle a entrepris de rattraper son retard économique sur les pays occidentaux, la Chine assoit son développement à grande vitesse sur une consommation effrénée d’énergies fossiles. Résultat : entre 1990 et 2020, l’empire du Milieu a pratiquement quadruplé ses émissions de GES. Dans le même temps, l’Inde a plus que doublé les siennes, comme le Brésil, l’Indonésie ou la Turquie.

Ces pays s’appuient sur le principe des « responsabilités communes mais différenciées » posé dans la CCNUCC. Tous les pays doivent participer à la lutte contre le changement climatique, mais ceux qui sont responsables du dérèglement actuel doivent y contribuer plus que les autres.

Paris 2015, avancée majeure

Par leur interprétation stricte de ce principe, Pékin et ses alliés ont bloqué bien des COP. À Bali, en 2007, les parties devaient imaginer de nouveaux objectifs d’abattement des émissions. La décision finale n’en mentionnait aucun. Mais une note de bas de page pointait vers un extrait du quatrième rapport du Giec esquissant un projet d’accord : les grands émetteurs devraient réduire leurs émissions et les objectifs d’abattement seraient définis en fonction du niveau de réchauffement visé.

Il a fallu attendre la COP de Paris, en 2015, pour que soit enfin conclu un « accord universel » sur le climat. S’il n’impose pas d’objectifs chiffrés de réduction d’émissions, il fixe un but : stabiliser le réchauffement entre +1,5 °C et +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Ce qui revient à faire chuter de moitié les émissions mondiales de GES d’ici à 2030. L’Accord de Paris commande aussi d’atteindre la neutralité carbone à la moitié du siècle. Pour ce faire, tous les pays devront publier une esquisse de politique climatique qui sera régulièrement remise à jour, les contributions nationales déterminées (NDC).

Ce texte a contribué à faire bouger des lignes que l’on pensait intangibles. En 2019, l’Union européenne annonce un ambitieux plan de décarbonation. Ce Pacte vert ambitionne de réduire de 55 % les émissions communautaires en 2030 par rapport à 1990. Abondé par plusieurs sources, comme des emprunts contractés par l’UE et les contributions des États, le budget consacré à la lutte contre le changement climatique est fixé à 1 000 milliards d’euros entre 2021 et 2030.

La Chine prévoit la neutralité carbone pour 2060

Aux États-Unis, la victoire de Joe Biden, en 2020, a aussi changé la donne. En quelques mois, le président démocrate a fait adopter par le Congrès deux lois, sur les infrastructures et sur la réduction de l’inflation, permettant au gouvernement fédéral d’investir plus de 1 500 milliards de dollars en dix ans dans la modernisation des infrastructures (le réseau ferré) et la décarbonation de l’économie (énergies renouvelables et stockage souterrain du CO2).

Washington espère que cet effort financier inédit permettra au pays de réduire de moitié ses émissions entre 2005 et 2030. Le mouvement est suivi par la Chine. En mars 2021, Pékin a publié son quatorzième plan quinquennal. Entre 2021 et 2025, l’économie chinoise devra faire baisser de 18 % son intensité carbone, une étape essentielle avant le plafonnement des émissions, prévu pour 2030, et la neutralité carbone fixée à 2060. Ce sont désormais 140 pays qui visent la neutralité carbone pour les décennies qui viennent. Une situation inimaginable il y a encore cinq ans.

57 % d’émissions supplémentaires en trente ans

En trois décennies, les COP ont donc accéléré le mouvement. À l’aube des années 1990, les pays du Nord émettaient 44 % des émissions anthropiques, contre 31 % pour les principaux pays émergents.

En 2022, le Nord est responsable du quart des rejets carbonés mondiaux : deux fois moins que ceux des plus émetteurs des pays du Sud, dont les émissions ont explosé — Chine, Inde, Russie, Afrique du Sud, Brésil, Indonésie, Mexique, Turquie, Arabie saoudite.

L’évolution n’est pourtant pas assez rapide. En 2022, l’humanité a expédié dans la biosphère 55 milliards de tonnes de GES (en équivalent CO2), soit 57 % de plus par rapport à la moyenne annuelle des années 1980.

Alors, inutiles, les COP ? Pas totalement.

Leur mission est quasi impossible : convaincre près de 200 pays de changer de modèle de développement en quelques décennies, inciter la finance privée à financer toujours plus de projets de transition énergétique et d’adaptation, inviter des pays à deux doigts de la guerre à travailler de concert, favoriser la coopération entre des nations qui ont tout et d’autres qui n’ont rien.

En 2022, la COP de Charm el-Cheikh (Égypte) s’est achevée sur la promesse de créer un fonds « pertes et dommages » grâce auquel le Nord financerait l’adaptation des pays les plus vulnérables. Ce sujet sera au cœur de la COP de Dubaï.

Bien sûr, la réussite n’est pas présente à chaque opus. Mais quelle autre instance pourrait jouer plus efficacement ce rôle de parlement démocratique du climat mondial ? Voilà pourquoi, malgré des années d’attentisme et de frustration, les COP sont jugées importantes par les lobbyistes, les journalistes, les ONG et les gouvernements.

Valéry Laramée de Tannenberg 30 novembre 2023

https://reporterre.net/

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22 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

trois tristes tigres (fr3)

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« Triste Tigre » de Neige Sinno censuré dans un lycée privé.

« Une décision injuste qui participe au silence autour des violences sexuelles faites aux enfants »

En lice pour le Goncourt et le Goncourt des lycéens, « Triste Tigre » a été retiré de la bibliothèque d’un lycée privé de Ploërmel. Le roman de Neige Sinno fait le récit de l’inceste qu’elle a subi de 7 à 14 ans. L’autrice s’est déplacée dans cette commune du Morbihan, le 15 novembre. Elle estime que cette « interdiction s’ajoute au silence qui entoure les violences sexuelles faites aux enfants » estimées à 160.000 chaque année, en France.

Le déplacement de Neige Sinno à Ploërmel est symbolique. Dans cette commune rurale du Morbihan, le lycée privé catholique La Mennais a retiré son roman Triste Tigre des étagères du CDI. L’écrivaine est là pour défendre son texte, en lice pour le Goncourt et le Goncourt des lycéens – dont le lauréat sera révélé la semaine prochaine à Rennes.

Triste Tigre revient sur l’inceste que l’autrice a subi entre 7 et 14 ans. Son interdiction au prétexte que le récit « peut heurter les sensibilités », ainsi que l’a justifié la directrice de l’établissement scolaire, a suscité la consternation. Et l’incompréhension d’autant que le lycée s’est inscrit au Prix de la plume lycéenne organisé par la Région Bretagne et le rectorat. Le projet permet aux élèves volontaires de rédiger dix chroniques sur les 16 romans sélectionnés pour le Goncourt des lycéens. À La Mennais, la liste a donc été réduite à 15. Sans hésitation.

« Pour se construire, on a besoin d’avoir accès à tout »

Ce mercredi 15 novembre, les lecteurs se pressent dans cette librairie de Ploërmel où la romancière est invitée. Parmi eux, une élève de première du lycée privé qui, comme d’autres, s’est procuré le livre ailleurs. Elle explique qu’elle a été « touchée » par le récit. « Au-delà du témoignage, il y a toute une réflexion et une invitation à la pensée, confie-t-elle. L’inceste est un sujet dont on ne parle pas beaucoup. C’est touchant que Neige Sinno nous donne accès à ça ».

La jeune fille fait du groupe d’élèves volontaires pour le Prix de la plume lycéenne. « Quand le livre de Neige Sinno a manqué à l’appel, on s’est demandé pourquoi, relate-t-elle. Notre directrice nous a expliqué que le rôle du lycée, c’est d’aider les élèves à se construire et pas à se déconstruire à cause de témoignages violents. On n’a pas compris cette décision. J’ai trouvé choquant que l’on empêche cet accès à une vision. Pour se construire, on a besoin d’avoir accès à tout, même si tout n’est pas bon à voir, on doit pouvoir le palper pour y réfléchir ».

« Le silence face aux violences sexuelles faites aux enfants »

Quand Neige Sinno demande à la lycéenne si elle est là pour soutenir les enseignants qui se sont mobilisés contre le retrait du livre, celle-ci répond : « On est surtout là pour vous soutenir, vous ». L’échange dure quelques instants. D’autres élèves présents ajoutent : « On s’est bien battus ».

La romancière se dit « émue. Il y avait d’autant plus de lecteurs et de lectrices car ils sont solidaires de ma démarche dans mon livre, souligne-t-elle. Ils ont été choqués par une interdiction qui vient se rajouter à un silence qui existe déjà autour des violences sexuelles faites aux enfants. Le libraire, les profs du lycée et les élèves qui se révoltent contre une décision injuste, c’est émouvant ».

Toutes les stratégies de silenciation autour des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants sont très présentes dans mon texte

Neige Sinno Autrice de « Triste Tigre »
Elle rappelle que « les violences sexuelles faites aux enfants ont lieu dans tous les milieux, dans toutes les cultures, religions et classes sociales ». Neige Sinno n’avait pas imaginé que son livre puisse être interdit. Elle cite Toni Morrison dont les romans ont été « retirés de certains lycées sous la pression de groupes de parents et des directions d’établissements. Toutes les stratégies de silenciation autour des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants sont très présentes dans mon texte, note-t-elle. Les livres doivent être accessibles à tous pour avoir partout et pour tout le monde de la connaissance disponible. C’est un recul que l’on refuse à des gens qui pourraient en avoir envie un texte qui pourrait leur apporter quelque chose ».

La Ciivise demande l’imprescriptibilité des faits

En France, 160.000 mineurs sont victimes de violences sexuelles chaque année. Après plus de deux ans d’enquête et le recueil de la parole de près de 30.000 personnes, la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) rend public son rapport ce 17 novembre. « Elle espère que ce rapport sera lu et qu’il suscitera l’intérêt des mouvements et professionnels de la protection de l’enfance et celui des mouvements et professionnels de la lutte contre les violences sexuelles, écrit-elle en préambule. Elle espère qu’il sera lu par tous les citoyens, quel que soit leur métier ou leur engagement, parce que ce dont parle la Ciivise les concerne nécessairement ».

La Ciivise formule une série de préconisations et notamment l’imprescriptibilité des faits. « Peut-on opposer le temps qui passe aux enfants enfermés par l’agresseur et par la société complaisante dans le silence ? interroge Edouard Durand, le co-président de la Ciivise, ce vendredi, sur France-Inter. Peut-on reprocher à un enfant à qui on brûle la langue avec un mégot de cigarette de ne pas parler à temps ? Il ne faut pas passer à côté du fait que la violence, c’est violent : c’est ce que le mot veut dire« .

La Ciivise demande également à ce que sa mission se poursuive, son mandant étant censé se terminer à la fin de l’année. « Qui peut prétendre sérieusement que trois années auraient suffi pour lutter contre un déni qui est enraciné en chacun de nous depuis tant d’années ? C’est impossible. C’est un engagement, c’est le prix à payer mais c’est le prix de la fidélité à la parole des victimes » dit encore le co-président de la commission.

17/11/2023

Carole Collinet-Appéré (Avec Julien Dubois)

https://france3-regions.francetvinfo

Note: C’est aussi un livre cubain, de Guillermo Cabrera Infante 1965

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

bob (courrier inter)

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DESSIN DE PHILIPPE DE KEMMETER, BELGIQUE.

Entre Bob Marley et les Nubiens d’Égypte, une histoire d’amour

Les Nubiens éprouvent une véritable passion pour la star du reggae. L’histoire d’amour entre cette population du sud de l’Égypte et le chanteur jamaïcain remonte aux années 1970 et révèle un profond sentiment de fraternité entre deux peuples partageant les mêmes rêves de liberté. Un amour toujours aussi fort, raconte “New Lines Magazine”.

Zizo a appris à naviguer en felouque à 10 ans, l’âge d’apprendre à ramer dans les flots du Nil sous le soleil écrasant d’Assouan. C’est un rite de passage traditionnel. Être batelier était chez les Nubiens l’un des principaux moyens de gagner sa vie et une profession inter-générationnelle, mais dans les années 1980, cette activité nécessitait aussi une motivation bien particulière.

“Tant que les voiles étaient dehors et que le bateau avançait, on jouait du Bob”, raconte Zizo. Et par Bob, il veut dire le chanteur jamaïcain Bob Marley. La couchette de l’embarcation était appelée la “cabine Bob Marley”, où des touristes pouvaient fumer du cannabis. Elle était peinte en vert et jaune – couleurs dominantes de la culture jamaïcaine et de Bob Marley – se souvient Zizo avec un sourire.

La présence du chanteur dans la province la plus méridionale d’Égypte est loin d’être cantonnée au voilier de Zizo. Les images, chansons et symboles de Bob Marley font partie intégrante de l’esthétique nubienne. C’est une influence qui est parfois manifeste, parfois subtile et discrète. Il y a des cafés et boutiques, et même des personnes, qui cherchent à l’imiter de façon ostentatoire.

Citons parmi les attractions la maison d’hôte à thème Bob Marley, ainsi que les nombreux imitateurs sur les différentes îles près d’Assouan. Mais il faut parfois être plus observateur pour repérer d’autres signes, comme les bonnets rastas dans les boutiques de souvenirs ou les bannières à l’effigie de Bob Marley à la proue des bateaux, aux côtés du drapeau national et des fanions de clubs de foot.

Des oppressions communes

Chez les Nubiens, le chanteur jamaïcain est une légende. Il avait en commun avec ce peuple la couleur de peau et la lutte, mais aussi un mode de vie. Ahmed Idris, hôtelier à Gharb Soheil, déclare avec certitude : “Il n’y a pas un Nubien qui n’aime pas Bob Marley.”

Nul ne sait vraiment d’où c’est venu. Les cassettes de sa musique ont pu arriver avec les touristes venus du continent américain, comme s’en souvient Zizo, ou du Soudan, où l’obsession est plus prononcée encore. Quoi qu’il en soit, il est certain que dès les années 1970 et 1980, et jusqu’à aujourd’hui, Bob Marley n’a plus quitté les Nubiens et s’est fait une place chez eux, sur leurs felouques et, surtout, dans leur cœur et leur âme.

Comme beaucoup d’autres, Zizo ne comprenait pas les paroles au début. Le rythme, la personnalité et l’ambiance étaient suffisamment accrocheurs. Mais au fil du temps, il a saisi des thèmes récurrents auxquels il s’identifiait, tels que l’oppression, la liberté, le renvoi forcé et l’ostracisation.

Les grands-parents de Zizo ont fait partie des milliers de Nubiens déplacés plusieurs fois, quand leurs villages et leurs îles ont été submergés par la construction de deux barrages coup sur coup : le barrage d’Assouan, à l’initiative des Britanniques et mis en service en 1902, qui a forcé les premières migrations, et le Haut barrage d’Assouan, construit sous l’impulsion de Nasser dans les années 1960, qui a exacerbé le problème et contraint plus de 50 000 personnes à partir de chez elles.

Ces populations se sont réinstallées au Caire, à Alexandrie ou encore dans le nord d’Assouan, perdant ainsi leurs métiers d’agriculteurs et de pêcheurs. Zizo compare le déplacement des Nubiens à celui des…

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

basta!

Sans titre 1

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

pontchaillou rennes (basta)

manif hopital

Heures non payées et pression : le personnel de nettoyage en lutte à l’hôpital de Rennes

Non-remplacement, heures supplémentaires non payées, plannings changeants… À l’hôpital de Rennes, le personnel de nettoyage, surtout des femmes, est épuisé par les méthodes de l’entreprise prestataire. Depuis quelques mois, elles se mobilisent.

Ses mains sont blanchies par les produits ménagers après des décennies à travailler en tant qu’agente de propreté. Joséphine* ne s’appelle pas vraiment comme ça. Elle a peur d’être identifiée, mais souhaite tout de même témoigner. Elle est indignée par ses conditions de travail actuelles à l’hôpital de Rennes.

Le nettoyage du CHU Pontchaillou de la capitale bretonne est externalisé depuis dix ans déjà. Un appel d’offres est formulé tous les trois à quatre ans. En février 2021, les tâches de nettoyage de l’hôpital ont été transférées d’une entreprise sous-traitante, Helios Entretien, à une autre, Net Plus. Depuis, Joséphine dit avoir a vu ses tâches se multiplier et la pression de la hiérarchie se renforcer.

« Avant il y avait des secteurs de nettoyage tracés et fixes avec une personne par étage. Il y avait un suivi, c’était organisé, dit l’employée. Net Plus a tout changé et a ajouté du travail. Avec eux, on nettoie certains bureaux seulement deux fois par semaine. La direction utilise cet argument pour dire qu’il y a moins de travail, mais les bureaux sont plus sales et cela prend plus de temps pour les nettoyer. »

Sous-effectif et manque de matériel

Raida, elle aussi employée au nettoyage de l’hôpital Pontchaillou de Rennes, juge aussi que l’arrivée de Net Plus a aggravé ses conditions de travail, au point qu’elle a été contrainte de poser un arrêt maladie après des douleurs chroniques et des vertiges. « Après trois départs de travailleuse dans notre bâtiment, dont un licenciement, on s’est retrouvées à deux pour faire huit étages. C’était impossible. Quand je me suis plainte, j’ai reçu plusieurs courriers d’avertissement puis une mise à pied », dit Raida. Cela fait 20 ans qu’elle exerce au sein de l’hôpital rennais. Depuis 2021, « le travail a été multiplié par trois », juge-t-elle.

Les agentes sont unanimes : elles n’ont pas le temps de finir le travail demandé par l’agence, elles ne sont pas assez. Non seulement elles se disent en sous-effectif, déplorent un manque de matériel, comme des chiffons et des aspirateurs, mais dénoncent aussi l’attitude de la hiérarchie qui leur impose une pression constante.

Les horaires ne rendent pas les choses plus faciles. La prise de poste commence à 5 h le matin alors que les transports ne sont pas encore en service à cette heure-ci à Rennes. « Parfois, on nous appelle tard le soir pour changer nos horaires au dernier moment, on doit toujours être disponibles, mais ce n’est pas le cas dans l’autre sens », explique Raida.

Les collègues soignantes constatent elles aussi les mauvaises conditions de travail des agentes de nettoyage. « Il n’y a qu’une seule personne pour faire 42 chambres, c’est catastrophique », témoigne une aide-soignante. « Elles n’ont même pas de salle de pause », déplore une autre.

16 licenciements, 21 démissions en deux ans

Aujourd’hui, Net Plus emploie sur le site de l’hôpital rennais 130 personnes en CDI et 27 en CDD. Sur les CDI, 103 sont en contrats à temps plein, plutôt rares dans le secteur du nettoyage. Et pourtant, les agentes sont unanimes : elles n’ont pas le temps de finir le travail demandé par l’agence, et elles ne sont pas assez pour le faire.

Elles dénoncent aussi une pression constante de la part de la hiérarchie. Les employées se disent également épiées, avec des signalements sur le groupe Whatsapp des chefs. Sur une autre conversation Whatsapp où chefs et employées sont inclus, les notes de propreté de chacune sont publiées.

« Avant, les chefs nous aidaient, mais maintenant, ils nous surveillent et ne font plus que vérifier si nous nettoyons bien et nous dénoncent sur Whatsapp si nous ne sommes pas assez sérieuses », se désole Joséphine. « On nous demande de nettoyer un bureau en cinq minutes, mais c’est impossible », s’indigne aussi Raida, qui a déjà mis au défi un responsable de nettoyer un bureau dans ce temps imparti, ce qu’il n’a pas réussi.

Licenciement

Mila a été licenciée en mai dernier. Dans un courrier en retour à destination de la direction, elle déclare avoir annoncé son arrêt maladie causé par son dos bloqué et ne pas avoir eu d’avertissement quant à un possible licenciement.

Mila, de son côté, a été licenciée, car elle ne respectait pas les seuils de propreté selon son responsable. Pourtant, elle dit avoir fait son maximum : « Je travaillais très bien, tout le monde me le disait ». Elle affirme ne pas avoir compris la décision de la direction, et avoir été licenciée sans avertissement. « J’ai trois enfants et je ne peux pas m’arrêter de travailler », nous dit-elle aussi.

En tout, la direction de Net Plus a prononcé 16 licenciements sur son équipe de nettoyage de l’hôpital rennais depuis 2021, huit pour la seule année 2023, selon les chiffres qu’elle nous elle-même a communiqués. Les démissions se multiplient aussi. Il y en a eu 21 depuis que Net Plus a repris le contrat de nettoyage au CHU de Pontchaillou en 2021. Ces départs ne sont pas toujours remplacés. Les tâches se retrouvent donc redistribuées entre les agentes toujours en poste, leur ajoutant du travail, sans accroissement ni de leurs heures ni de leur paie.

Une association en soutien

L’an dernier, les employé·es ont commencé à communiquer entre elles et réalisé qu’elles n’étaient pas seules à ressentir une dégradation de leurs conditions de travail. Elles se sont rapprochées en janvier d’une association rennaise, nommée « Si on s’alliait », qui soutenait déjà certaines des salariées sur d’autres sujets. L’organisme propose par exemple des permanences dans les quartiers de Rennes pour accompagner les habitants qui en ont besoin dans les démarches administratives et numériques, ainsi que dans l’apprentissage du français.

Cette association a formé un collectif avec les syndicats CGT et Sud Santé pour défendre les employées du nettoyage du CHU. Ils ont lancé une pétition pour dénoncer « la situation désastreuse que ces travailleuses vivent au quotidien ». « Net Plus veut faire plus avec moins au détriment des salariées, résume Yves Morice, délégué du syndicat Sud à l’hôpital Pontchaillou.

Les agentes ont une charge croissante de travail au jour le jour et n’en voient pas la couleur financièrement. » En juin, le collectif a rencontré des responsables de Net Plus, dont le directeur e de l’agence rennaise Pierre-Yves Guichaoua. Une table ronde a également eu lieu fin août entre la direction et les syndicats pour discuter des conditions de travail.

Mais rien de satisfaisant n’est ressorti de ces rencontres pour le collectif. Le 10 octobre, les salariées de Net Plus et leurs soutiens ont investi les locaux de la direction de l’hôpital Pontchaillou, balais et seaux en main. La cinquantaine de personnes ont réclamé un rendez-vous en scandant des slogans « Net Plus, malhonnêtes plus » et « Santé au travail, on ne remercie pas l’hôpital ».

La directrice de l’hôpital Véronique Anatole Touzet n’était pas présente. Après plusieurs appels téléphoniques et l’arrivée des policiers, les manifestants ont fini par obtenir un rendez-vous avec la direction de l’hôpital. Fixé dans un premier temps au 26 octobre, il a été repoussé par la direction au 21 novembre.

Responsabilité de l’hôpital

« Il a fallu envahir la direction de l’hôpital pour obtenir un rendez-vous, se désole Yves Morice. Il dénonce l’inaction de la direction de l’hôpital. « On reproche au CHU de ne pas créer un cadre contraint à l’entreprise sous-traitante. Il faut une pression pour garantir le droit du travail et la transparence. La direction a une responsabilité sociale, c’est elle qui crée le cadre. »

La suite du mouvement dépend maintenant des réponses qu’apportera la direction lors du rendez-vous. Les syndicats demandent une rémunération des heures supplémentaires, ainsi que l’achat de matériel adéquat. Le syndicaliste de Sud exige aussi « la fin de ce management où les responsables, qui ne sont pas tout le temps sur place, viennent mettre des coups de pression. » Le syndicat réclame enfin la réinternalisation du nettoyage à Pontchaillou. « Depuis dix ans, l’externalisation a aggravé les conditions de travail », constate Yves Morice.

De leur côté, les employés de Net Plus veulent au plus vite un temps de travail approprié à la charge de nettoyage, plus de salariées et moins de chefs, le remplacement de chaque départ, un paiement des heures supplémentaires, une pointeuse de début et de fin de journée, la mise en place d’instances d’échanges entre salariées et employeurs, et la réintégration des personnes licenciées qui le souhaitent.

Contactée par mail, Net Plus nous écrit estimer « que cette mobilisation est le fruit d’une généralisation, très souvent trompeuse, où les représentants des collectifs étaient plus nombreux que nos agents ». Elle dit être ouverte « au dialogue et à l’amélioration continue ». Et accuse la CGT de vouloir avant tout réinternaliser la prestation, alors que le marché doit être reconduit en janvier.

*Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat et la sécurité de l’emploi des interrogées

20 novembre 2023 Angéline Desdevises, Lucile Trihan

https://basta.media/

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