Archive | Luttes sociales en Bretagne

10 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

sncf (lutte ouvrière)

sncfSNCF – Rennes : débrayage au Technicentre Industriel

De grosses opérations de maintenance, prévues ces prochaines années sur les trains, vont nécessiter d’augmenter la production de pièces. C’est la raison mise en avant par la direction du Technicentre (TI) de Rennes pour faire passer une partie des 350 travailleurs de l’atelier en équipe de nuit.

Au mois de juillet, la direction avait commencé à réunir les travailleurs en petits groupes pour les convaincre, prime à l’appui, de cette nécessité du passage en nuit. Si certains ont accepté, tous le vivent comme un sacrifice supplémentaire pour réussir à finir le mois : pour que le salaire dépasse les 1 500 euros, il faut des années d’ancienneté. Il s’y ajoute l’aggravation des conditions de travail, avec les cadences en augmentation, les cheminots régulièrement chronométrés sur leur établi, le matériel de plus en plus vétuste et difficile à obtenir, la température, toujours plus basse dans l’atelier chaque hiver, économies de chauffage obligent.

Le 24 novembre, 70 ouvriers ont débrayé à l’appel de la CGT. Une prime ayant été octroyée dans d’autres services pour la « bonne régularité des trains », les cheminots du TI de Rennes réclament eux une prime de 700 euros. Si la direction raconte toute l’année que les cheminots sont « Tous SNCF », qu’elle verse donc la prime à tout le monde ! Lors du débrayage, les cheminots ont décidé de monter ensemble la voir. Ils ont d’abord pu y apprécier le chauffage, certains faisant remarquer qu’ils n’avaient plus les moyens de chauffer autant chez eux. Puis, ils ont pris la parole, répondu au mépris quotidien de la direction, et posé le problème des salaires trop bas.

La direction, surprise du nombre de cheminots présents, a sorti ses phrases creuses habituelles, sans rien céder. Mais ceux qui ont débrayé en sont fiers. C’était la première fois pour certains, et l’ambiance dans l’atelier a changé.

S’être retrouvés pour dire ce dont ont besoin les travailleurs est un bon début. Au TI de Rennes, il n’est pas dit que les débrayages s’arrêtent de sitôt.

Correspondant LO 06 Décembre 2023

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01 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

stellantis (lutte ouvrière)

stellantis (lutte ouvrière) dans Luttes ouvrières

Stellantis – Rennes : l’entreprise pompe l’argent public

La direction de l’usine d’automobile de La Janais à Rennes, du groupe Stellantis, vient de programmer une nouvelle semaine d’arrêt de la production fin novembre, après une autre au début du mois. Pour se justifier, elle invoque le manque de pièces.

Cela fait des mois que les travailleurs vivent au rythme des journées et maintenant des semaines annulées au dernier moment, à la volonté des patrons. Cela se couple avec des cadences de travail très élevées les jours où l’usine est ouverte, avec des pauses amputées, des quarts d’heure et des demi-heures supplémentaires…

Les travailleurs peuvent être contents de souffler, mais perdent un peu de salaire, qui est alors payé en grande partie par l’État. Quant aux intérimaires, ils ne touchent rien.

Dopé par les aides de l’État, Stellantis organise sa production en fonction du profit maximum.

Correspondant LO 29 Novembre 2023

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30 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

ehpad (rennes)

hoptiam

Ephad, Esat, IME… « Le salaire de base vient de passer en dessous du SMIC ». Le cri d’alarme des travailleurs du médico-social

Les soins et la solidarité sont dans un état de fragilité immense. C’est ce que sont venus dire près de 400 travailleurs, directeurs et présidents d’associations et de fédérations oeuvrant dans le domaine du médico-social, ce jeudi 30 novembre devant la préfecture, à Rennes. Ils ont symboliquement remis les clés de leur établissement devant les grilles.

Entre colère, ras-le-bol et inquiétude. Environ 400 responsables du secteur social, médico-social et sanitaire privé non lucratif breton se sont regroupés devant la préfecture à Rennes, ce jeudi après-midi.

Nom de la manifestation :  « Non à un Jeudi noir de la santé et des solidarités. Et si on vous rendait les clés ! »

Une manifestation avec la même symbolique mais centrée sur les Ehpad avait déjà eu lieu le 10 octobre à Plédran, dans les Côtes d’Armor.

Ils tirent la sonnette d’alarme, dénonçant la « fragilité extrême du système de santé et des solidarités » en France. Ils demandent des moyens financiers et humains pour les Ehpad, Esat ou IME qu’ils gèrent, où dans lesquels ils travaillent, pour des salaires souvent indécents.

Moins que le SMIC

Comme Patricia Bouëtel, qui travaille en protection de l’enfance. « Au moment du covid, on s’est retrouvé tout seul », déplore-t-elle. « Pas de masque, pas de gel, toutes les structures fermées. Et nous on avait des adolescents qui étaient dans un état lamentable, des éducateurs qui ne savaient pas comment faire. On n’a jamais été augmenté. Le salaire de base vient de passer en dessous du SMIC. Ça fait 40 ans que je bosse dans la protection de l’enfance.  Je ne pensais pas connaître ça dans ma vie ».

Non-marchandisation des personnes vulnérables

Ce que craignent les manifestants, c’est la remise en cause du système non-lucratif. Un de nos crédos, c’est la non-marchandisation de l’accompagnement des personnes vulnérables. Nous voulons préserver ce système. Il faut que le grand public comprenne que la non-lucrativité du secteur implique un accompagnent, des personnes vulnérables pour tous et qu’on ne laisse personne sur le bord du chemin.

« Nous sommes des magiciens »

D’après les manifestants, des associations sont en danger économique. « L’inflation, l’augmentation des personnes vieillissantes fait que beaucoup de nos structures sont au bord de la cessation de paiement », explique Mathieu Thiébaut, membre d’association. Nous sommes des magiciens. Tous les gens qui travaillent, professionnels ou bénévoles, arrivent à inventer des solutions au quotidien ».

Quelques élus ont rejoint les rangs de la manifestation.

Au même moment, la ministre des Solidarités et des Familles dans le Finistère

Pendant ce temps, la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, était en visite dans le Finistère. Ce mercredi, elle a annoncé la construction de « 100 établissements médico-éducatifs » d’ici 2027, pour l’inclusion des enfants en situation de handicap dans les écoles.

Les professionnels attendent de voir.

 30/11/2023  Benoit Levaillant (Avec Sylvaine Salliou)

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28 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

paysans finistère ( la peste)

terres

« Les paysans vont disparaître car les industriels et la finance n’en veulent plus »

« Il est tellement plus rentable de vendre de l’amidon extrait des céréales pour en faire des balles de ping-pong, que de vendre de la farine pour en faire du pain. Le but des industriels, qui ont pour actionnaires des financiers voraces, n’est pas de nous nourrir, mais d’émarger le plus possible. Demain, l’agriculture deviendra d’abord productrice de minerai, de matière première, et d’énergie, pas forcément de nourriture. »

De suicides en faillites ou plus prosaïquement de départs à la retraite, le métier d’agriculteur est en voie de disparition en France. Pierrick Berthou, paysan à la ferme de Poulfang, à Quimperlé, dans le Finistère, analyse les raisons de cette catastrophe dans cette tribune. Nous relayons ici son cri du cœur pour prendre soin des irréductibles paysan.ne.s français.es.

L’inquiétante disparition des paysans

Arnaud Rousseau, alors fraîchement élu président de la FNSEA, déclarait en avril dernier sur BFM TV, que « dans 10 ans, les trois quarts des agriculteurs seront non issus du monde agricole ». Aucune réaction des journalistes présents ! Nonobstant, derrière cette affirmation certes bucolique d’un retour à la terre – sympathique ouverture du monde agricole – et le grand sourire de M. Rousseau, on devrait se poser des questions.

Pourquoi les paysans ne veulent-ils pas que leurs enfants reprennent la ferme ? Pourquoi les enfants de paysans ne veulent pas et ou ne peuvent pas reprendre la ferme familiale ? Et, pourquoi, là où les paysans et leurs enfants échouent, oui, pourquoi les néoruraux, eux, réussiraient-ils ? Quelle agriculture voulons-nous ? Et par déclinaison, quelle alimentation M. Rousseau nous prépare-t-il ?

C’est, en quelque sorte, cette question qui est la plus importante car elle déterminera tout ! Au-delà de ces questions, et de la démographie agricole, un constat s’impose : il n’y aura pas de transmission. Pas de transmission du savoir (il faut du temps pour former un paysan), et pas de transmission des fermes…

La mise en place de l’industrialisation de l’Agriculture – au sortir de la guerre – s’est faite sur un axiome faux : le pays a faim. Dans son excellent livre Silence dans les champs, Nicolas Legendre nous rappelle que le dernier ticket de rationnement en France date de 1949. C’est dire à quel point les paysans ont relevé le défi dès leur retour des champs de bataille.

Il faut quand même noter, et c’est essentiel, que si les paysans ont pu réaliser cet « exploit » en moins de quatre ans, c’est grâce aux femmes, donc aux paysannes, et aussi aux vieux paysans qui ont porté à bout de bras la nation pendant toute la durée de la guerre et au-delà. Car, sans elles, rien n’eût été possible…

Le tournant des années 1970

Et comment ces paysannes et paysans ont-ils été remerciés ? Au cours des années 70, le fer de lance de l’élevage industriel porcin en Bretagne Alexis Gourvennec, qui encensait l’industrialisation de l’agriculture, n’hésitait pas à dire publiquement qu’il fallait dégager d’un revers de main tous ces minables, tous ces boulets, tous ces canards boiteux, le tout en accompagnant le geste à la parole ! Quel mépris ! Il fallait oser !… Il a osé !

Dès lors, une véritable guerre contre les paysans fut menée, une guerre sans pitié, sans relâche ! 31 000 fermes laitières dans le Finistère en 1970, nous approchons de 1 500 aujourd’hui, et elles sont encore trop nombreuses nous dit-on.

Tout a été fait pour éradiquer les paysans : faibles prix, IVD (indemnités viagères de départ), contraintes environnementales et administratives, l’orientation de la PAC (Politique Agricole Commune). Même les retraites agricoles sont un levier important du découragement.

En effet, il faut bien admettre que lorsque vous avez trimé très dur toute une vie durant pour un revenu plus que modeste et que l’on vous met en perspective une retraite minable, indécente, proche du minimum vital, on n’encourage pas la reprise de la ferme familiale par les enfants. Donc, vous vendez au plus offrant, afin d’améliorer votre retraite et c’est ainsi que même les retraites agricoles participent à l’agrandissement des fermes, de fait à l’industrialisation de l’Agriculture.

En 1972, les paysans du Finistère et du Morbihan se mirent en « grève » pour un problème de prix payé aux producteurs par les industriels. Déjà ! Au bout d’un long conflit de plusieurs semaines, les industriels « lâchèrent » un peu sur les prix, les paysans rentrèrent sur leurs fermes et se remirent au travail sagement…

Personne, absolument personne, ni les politiques, ni les syndicalistes, ni les économistes, ni les journalistes, ni les intellectuels, PERSONNE, n’intervint pour aider les paysans à réfléchir. Car ce n’est pas une toute petite hausse des prix qu’il fallait négocier, c’était la relation entre les paysans et les industriels qu’il fallait mettre sur la table. Rien ne fut fait, le démembrement de la paysannerie pouvait reprendre son cours.

Nous ne jetterons pas la pierre aux paysans de l’époque car en 2009, lors de la « grève du lait », nous n’avons pas fait autre chose qu’accepter, au final, une petite hausse du prix du lait et nous sommes rentrés dans nos fermes bien sagement, reprenant le travail.

Cependant, les industriels, en 2009, eux, ont réfléchi à leurs relations avec les agriculteurs. De là est née la LMA 2010 (loi de modernisation agricole), qui enchaîna définitivement les paysans aux industriels. Feu Alexis Gourvennec ne pourrait rêver mieux, lui qui disait (dans les années 70) que l’Agriculture était l’alliée née des industriels. Il fallait comprendre que l’Agriculture sera aliénée à l’industrie, dont acte !

La fin de l’agriculture ?

Au tout début des années 90, Michel Blanc, membre éminent de la FNSEA déclarait à Quimper, à la chambre d’Agriculture, que demain celle-ci ne serait plus nourricière mais productrice de molécules.

En fait, il nous parlait, sans le nommer, du cracking alimentaire qui consiste à extraire des molécules des céréales, du lait etc. afin d’approvisionner les industries dans le but de créer de nouveaux produits (colles, médicaments et différents adjuvants qui font notre quotidien).

Il est tellement plus rentable de vendre de l’amidon extrait des céréales pour en faire des balles de ping-pong, que de vendre de la farine pour en faire du pain. Le but des industriels, qui ont pour actionnaires des financiers voraces, n’est pas de nous nourrir, mais d’émarger le plus possible. Demain, l’agriculture deviendra d’abord productrice de minerai, de matière première, et d’énergie, pas forcément de nourriture.

Mais l’autonomie alimentaire me direz-vous ? Ce n’est qu’une chimère que l’on nous serine inlassablement, c’est de la communication positive et rassurante, mais, surtout, c’est une belle hypocrisie. Déjà aujourd’hui, 50 % de notre alimentation provient de l’importation. Finalement, notre nourriture sera le sous-produit de l’industrie agroalimentaire. Pour le reste, le libre-échange compensera, il a été inventé pour cela…

Les nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans les fermes. Algorithmes, ordinateurs, capteurs, smartphones, logiciels, applications, robotiques, intelligences artificielles, drones, sont et seront omniprésents. Vous savez ces outils d’aide à la prise de décisions qui rapidement deviendront des outils preneurs de décisions.

Or, ces technologies ont un coût exorbitant, les agriculteurs ne pourront pas financer ces outils par le fruit de leurs productions. Alors, M. Olivier Chaillou, président de la coopérative TERRANA, a proposé un plan d’accompagnement. Ce plan propose une prise de participation dans le capital des fermes par la coopérative. Il n’échappera à personne que les dirigeants de la coopérative préfèrent entrer au capital des exploitations, car les moyens financiers sont réels, plutôt que de mieux rémunérer ses propres adhérents.

Il faut être bien conscient que l’exploitation appartiendra, au moins pour une partie, à la coopérative. C’est le monde à l’envers ! Accepter ce genre de plan, et M. Chaillou n’est pas le seul à promouvoir cette stratégie, c’est faire un grand pas vers l’absorption des fermes par les agro-industriels (de fait par la finance). Ajoutez à cela l’utilisation des OGM et le brevetage du vivant, et là, vous n’aurez plus de paysans, ni même d’agriculteurs, vous aurez des exécutants agricoles au service des agro-industriels.

Indéniablement, un pan entier de notre vie va disparaître : la paysannerie (histoire, façon de produire notre alimentation, savoir faire, culturel, paysages, relation à la vie etc.). C’est un cataclysme unique dans l’Histoire de l’Humanité qui se profile, qui nous est dicté.

Croire que l’on va stopper l’agriculture industrielle est un mirage. Et, ce n’est pas la multiplication des projets d’installations « alternatifs » et leurs multiplicités qui arrêteront ce mouvement. Certes, beaucoup de néoruraux s’installent ou veulent s’installer en agriculture, certains avec succès, mais le défi est immense et ils sont nombreux à renoncer assez rapidement.

On ne s’improvise pas paysan ! Les paysans vont disparaître car les industriels et la finance n’en veulent plus, d’ailleurs, ils ne prononcent jamais ce mot ! »

27 novembre 2023

https://lareleveetlapeste.fr/

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27 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

hôpital lorient (fr3)

affiche-sante

Le directeur de l’hôpital dans le viseur, forte mobilisation des personnels contre la politique de restriction budgétaire de l’hôpital de Lorient

La mobilisation importante ce lundi 27 novembre pour la sauvegarde des conditions de travail et d’accueil à l’hôpital de Lorient est sans précédent selon les syndicats.

Plus de 500 personnes se sont rassemblées ce lundi après-midi devant l’hôpital du Scorff à Lorient (Morbihan) pour exprimer leur colère et leurs inquiétudes sur la gestion menée par leur tout nouveau directeur, basée sur des économies à tous les niveaux.

L’appel à la mobilisation avait été lancé une intersyndicale (CGT, CFDT, FA Fédération Autonome, Santé Sociaux G.H.B.S et Sud) à 14h devant l’hôpital du Scorff. Et l’appel a largement été entendu, puisque plus de 500 manifestants se sont rassemblés pour défendre leurs conditions de travail, conditions d’accueil des patients et les emplois.

Car depuis son arrivée en juillet dernier, Jean-Christophe Phelep, le nouveau directeur du groupe hospitalier Bretagne sud (GHBS) a réussi, selon les syndicats, un exploit : faire l’unanimité contre lui. « En deux mois, il a réussi l’exploit de réunir pour la première fois une intersyndicale à l’hôpital du Scorff » nous lâchait l’intersyndicale fin septembre dernier.

Une mobilisation historique

Selon un représentant CGT et un médecin au cours de la manifestation, une telle mobilisation, « c’est du jamais vu depuis 20 ans », « une mobilisation historique ».

Dans les rangs des manifestants composés avant tout de soignants, de personnels, de médecins, de patients, de résidents d’Ehpad et de citoyens, l’inquiétude est de mise par rapport aux conditions de travail et de soins prodigués dans l’établissement. Des slogans inscrits sur des pancartes tels : « Vous ne pensez qu’aux sous. Nous ne pensons qu’aux soins », « Non au management par la peur », « Maltraitance du directeur envers le personnel soignant », démontre bien la colère des personnels à l’égard de la nouvelle direction.

Selon les manifestants et les syndicats, la politique de restriction budgétaire engagée par le nouveau directeur se fait déjà lourdement sentir. Ainsi, l’intersyndicale dénonce « le climat délétère créé par le nouveau directeur et les nombreuses rumeurs qui se sont finalement concrétisées avec, par exemple, la fin du recours à des agents contractuels, la privatisation possible de certains services, notamment le bio nettoyage ou encore le gel des CDIsation ». 

Gérard, un résident d’Ehpad de 92 ans, n’a pas hésité à sortir pour soutenir « tous ces personnels compétents, très gentils qui vont perdre leur travail à la fin du mois ou du mois suivant ». Des personnes âgées qui n’auront pas de repas de Noël pour cause de restriction budgétaire.

« Un fossoyeur du service public hospitalier »

Jean-Christophe Phelep aurait dressé l’état d’une situation financière calamiteuse, mettant en avant l’endettement de l’établissement hospitalier, ce qui empêcherait d’avoir suffisamment de trésorerie permettant d’investir dans de nouveaux projets.

Ludovic Bénabès, représentant du personnel CGT du GHBS, n’hésite pas à qualifier le nouveau directeur de « fossoyeur du service public hospitalier ».

Selon le syndicaliste, « il y a urgence » devant l’inquiétude grandissante qui s’empare d’une bonne partie des employés soignants et administratifs du groupe hospitalier Bretagne sud. « On a eu neuf assemblées générales en un mois et à chaque fois le personnel a répondu présent en masse comme pour cette mobilisation d’aujourd’hui, ce qui prouve bien le mécontentement de la nouvelle politique menée ».

Le syndicaliste ajoute que ce qui se déroule actuellement à Lorient est symptomatique des politiques de santé qui ont été menées ces dernières années qui ont contribué à dévaster petit à petit et plus particulièrement ces dernières années l’hôpital public ». Et de parler de double discours « entre la volonté de vouloir maintenir un service public hospitalier de qualité et les moyens mis en œuvre pour y arriver ».

 27/11/2023   Thierry Peigné

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

pontchaillou rennes (basta)

manif hopital

Heures non payées et pression : le personnel de nettoyage en lutte à l’hôpital de Rennes

Non-remplacement, heures supplémentaires non payées, plannings changeants… À l’hôpital de Rennes, le personnel de nettoyage, surtout des femmes, est épuisé par les méthodes de l’entreprise prestataire. Depuis quelques mois, elles se mobilisent.

Ses mains sont blanchies par les produits ménagers après des décennies à travailler en tant qu’agente de propreté. Joséphine* ne s’appelle pas vraiment comme ça. Elle a peur d’être identifiée, mais souhaite tout de même témoigner. Elle est indignée par ses conditions de travail actuelles à l’hôpital de Rennes.

Le nettoyage du CHU Pontchaillou de la capitale bretonne est externalisé depuis dix ans déjà. Un appel d’offres est formulé tous les trois à quatre ans. En février 2021, les tâches de nettoyage de l’hôpital ont été transférées d’une entreprise sous-traitante, Helios Entretien, à une autre, Net Plus. Depuis, Joséphine dit avoir a vu ses tâches se multiplier et la pression de la hiérarchie se renforcer.

« Avant il y avait des secteurs de nettoyage tracés et fixes avec une personne par étage. Il y avait un suivi, c’était organisé, dit l’employée. Net Plus a tout changé et a ajouté du travail. Avec eux, on nettoie certains bureaux seulement deux fois par semaine. La direction utilise cet argument pour dire qu’il y a moins de travail, mais les bureaux sont plus sales et cela prend plus de temps pour les nettoyer. »

Sous-effectif et manque de matériel

Raida, elle aussi employée au nettoyage de l’hôpital Pontchaillou de Rennes, juge aussi que l’arrivée de Net Plus a aggravé ses conditions de travail, au point qu’elle a été contrainte de poser un arrêt maladie après des douleurs chroniques et des vertiges. « Après trois départs de travailleuse dans notre bâtiment, dont un licenciement, on s’est retrouvées à deux pour faire huit étages. C’était impossible. Quand je me suis plainte, j’ai reçu plusieurs courriers d’avertissement puis une mise à pied », dit Raida. Cela fait 20 ans qu’elle exerce au sein de l’hôpital rennais. Depuis 2021, « le travail a été multiplié par trois », juge-t-elle.

Les agentes sont unanimes : elles n’ont pas le temps de finir le travail demandé par l’agence, elles ne sont pas assez. Non seulement elles se disent en sous-effectif, déplorent un manque de matériel, comme des chiffons et des aspirateurs, mais dénoncent aussi l’attitude de la hiérarchie qui leur impose une pression constante.

Les horaires ne rendent pas les choses plus faciles. La prise de poste commence à 5 h le matin alors que les transports ne sont pas encore en service à cette heure-ci à Rennes. « Parfois, on nous appelle tard le soir pour changer nos horaires au dernier moment, on doit toujours être disponibles, mais ce n’est pas le cas dans l’autre sens », explique Raida.

Les collègues soignantes constatent elles aussi les mauvaises conditions de travail des agentes de nettoyage. « Il n’y a qu’une seule personne pour faire 42 chambres, c’est catastrophique », témoigne une aide-soignante. « Elles n’ont même pas de salle de pause », déplore une autre.

16 licenciements, 21 démissions en deux ans

Aujourd’hui, Net Plus emploie sur le site de l’hôpital rennais 130 personnes en CDI et 27 en CDD. Sur les CDI, 103 sont en contrats à temps plein, plutôt rares dans le secteur du nettoyage. Et pourtant, les agentes sont unanimes : elles n’ont pas le temps de finir le travail demandé par l’agence, et elles ne sont pas assez pour le faire.

Elles dénoncent aussi une pression constante de la part de la hiérarchie. Les employées se disent également épiées, avec des signalements sur le groupe Whatsapp des chefs. Sur une autre conversation Whatsapp où chefs et employées sont inclus, les notes de propreté de chacune sont publiées.

« Avant, les chefs nous aidaient, mais maintenant, ils nous surveillent et ne font plus que vérifier si nous nettoyons bien et nous dénoncent sur Whatsapp si nous ne sommes pas assez sérieuses », se désole Joséphine. « On nous demande de nettoyer un bureau en cinq minutes, mais c’est impossible », s’indigne aussi Raida, qui a déjà mis au défi un responsable de nettoyer un bureau dans ce temps imparti, ce qu’il n’a pas réussi.

Licenciement

Mila a été licenciée en mai dernier. Dans un courrier en retour à destination de la direction, elle déclare avoir annoncé son arrêt maladie causé par son dos bloqué et ne pas avoir eu d’avertissement quant à un possible licenciement.

Mila, de son côté, a été licenciée, car elle ne respectait pas les seuils de propreté selon son responsable. Pourtant, elle dit avoir fait son maximum : « Je travaillais très bien, tout le monde me le disait ». Elle affirme ne pas avoir compris la décision de la direction, et avoir été licenciée sans avertissement. « J’ai trois enfants et je ne peux pas m’arrêter de travailler », nous dit-elle aussi.

En tout, la direction de Net Plus a prononcé 16 licenciements sur son équipe de nettoyage de l’hôpital rennais depuis 2021, huit pour la seule année 2023, selon les chiffres qu’elle nous elle-même a communiqués. Les démissions se multiplient aussi. Il y en a eu 21 depuis que Net Plus a repris le contrat de nettoyage au CHU de Pontchaillou en 2021. Ces départs ne sont pas toujours remplacés. Les tâches se retrouvent donc redistribuées entre les agentes toujours en poste, leur ajoutant du travail, sans accroissement ni de leurs heures ni de leur paie.

Une association en soutien

L’an dernier, les employé·es ont commencé à communiquer entre elles et réalisé qu’elles n’étaient pas seules à ressentir une dégradation de leurs conditions de travail. Elles se sont rapprochées en janvier d’une association rennaise, nommée « Si on s’alliait », qui soutenait déjà certaines des salariées sur d’autres sujets. L’organisme propose par exemple des permanences dans les quartiers de Rennes pour accompagner les habitants qui en ont besoin dans les démarches administratives et numériques, ainsi que dans l’apprentissage du français.

Cette association a formé un collectif avec les syndicats CGT et Sud Santé pour défendre les employées du nettoyage du CHU. Ils ont lancé une pétition pour dénoncer « la situation désastreuse que ces travailleuses vivent au quotidien ». « Net Plus veut faire plus avec moins au détriment des salariées, résume Yves Morice, délégué du syndicat Sud à l’hôpital Pontchaillou.

Les agentes ont une charge croissante de travail au jour le jour et n’en voient pas la couleur financièrement. » En juin, le collectif a rencontré des responsables de Net Plus, dont le directeur e de l’agence rennaise Pierre-Yves Guichaoua. Une table ronde a également eu lieu fin août entre la direction et les syndicats pour discuter des conditions de travail.

Mais rien de satisfaisant n’est ressorti de ces rencontres pour le collectif. Le 10 octobre, les salariées de Net Plus et leurs soutiens ont investi les locaux de la direction de l’hôpital Pontchaillou, balais et seaux en main. La cinquantaine de personnes ont réclamé un rendez-vous en scandant des slogans « Net Plus, malhonnêtes plus » et « Santé au travail, on ne remercie pas l’hôpital ».

La directrice de l’hôpital Véronique Anatole Touzet n’était pas présente. Après plusieurs appels téléphoniques et l’arrivée des policiers, les manifestants ont fini par obtenir un rendez-vous avec la direction de l’hôpital. Fixé dans un premier temps au 26 octobre, il a été repoussé par la direction au 21 novembre.

Responsabilité de l’hôpital

« Il a fallu envahir la direction de l’hôpital pour obtenir un rendez-vous, se désole Yves Morice. Il dénonce l’inaction de la direction de l’hôpital. « On reproche au CHU de ne pas créer un cadre contraint à l’entreprise sous-traitante. Il faut une pression pour garantir le droit du travail et la transparence. La direction a une responsabilité sociale, c’est elle qui crée le cadre. »

La suite du mouvement dépend maintenant des réponses qu’apportera la direction lors du rendez-vous. Les syndicats demandent une rémunération des heures supplémentaires, ainsi que l’achat de matériel adéquat. Le syndicaliste de Sud exige aussi « la fin de ce management où les responsables, qui ne sont pas tout le temps sur place, viennent mettre des coups de pression. » Le syndicat réclame enfin la réinternalisation du nettoyage à Pontchaillou. « Depuis dix ans, l’externalisation a aggravé les conditions de travail », constate Yves Morice.

De leur côté, les employés de Net Plus veulent au plus vite un temps de travail approprié à la charge de nettoyage, plus de salariées et moins de chefs, le remplacement de chaque départ, un paiement des heures supplémentaires, une pointeuse de début et de fin de journée, la mise en place d’instances d’échanges entre salariées et employeurs, et la réintégration des personnes licenciées qui le souhaitent.

Contactée par mail, Net Plus nous écrit estimer « que cette mobilisation est le fruit d’une généralisation, très souvent trompeuse, où les représentants des collectifs étaient plus nombreux que nos agents ». Elle dit être ouverte « au dialogue et à l’amélioration continue ». Et accuse la CGT de vouloir avant tout réinternaliser la prestation, alors que le marché doit être reconduit en janvier.

*Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat et la sécurité de l’emploi des interrogées

20 novembre 2023 Angéline Desdevises, Lucile Trihan

https://basta.media/

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03 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

Lorient (Morbihan) reporterre

thon

Au mépris de l’écologie, le port de Lorient veut importer du poisson depuis Oman

Lorient s’associe au Sultanat d’Oman pour construire un immense port donnant sur l’océan Indien. Des poissons seront importés par avion, provoquant le rejet des pêcheurs locaux et des écolos.

« Cela paraît pathétique de se rendre jusqu’à Oman pour chercher du poisson », s’étonne Laurent Tréguier, patron du chalutier Côte d’ambre. Également président du groupement de gestion des pêcheurs-artisans de Lorient, ce pêcheur spécialisé dans la langoustine est, comme beaucoup de ses collègues, plus que circonspect sur le projet de construction d’un mégaport au Sultanat d’Oman. Soutenu par la région Bretagne et, surtout, par la communauté de communes Lorient Agglomération, un consortium franco-omanais va en 2024 poser la première pierre d’un port de pêche international à Duqm, sur la mer d’Arabie.

Le port de Lorient-Keroman (un nom prédestiné à ce partenariat, baptisé Ker’Oman), via sa société de gestion, investit lui aussi dans ce projet dantesque et exotique de 25 hectares, soit cinq fois sa taille. Une fois l’ensemble portuaire terminé, vers 2026, le mégaport ambitionne — selon Lorient Agglomération — de recevoir et de traiter près de 200 000 tonnes de produits de la mer annuellement. Ensuite, ce seront 500 000 tonnes d’ici une décennie, voire 1 million de tonnes à plus long terme.

De Lorient au Moyen-Orient

Pourtant premier port de pêche en France en valeur et second en volume, le port de Lorient-Keroman voit baisser d’année en année les quantités de produits de la mer qui y sont débarqués. Les raisons sont multiples : les zones de pêche perdues avec le Brexit, le plan de sortie de flotte ou encore l’augmentation du prix du gazole. Ainsi, environ 26 000 tonnes de produits de la mer étaient pêchées en 2013, contre environ 18 000 aujourd’hui.

« L’activité pourrait être en danger demain et le devoir des élus est de trouver des solutions pour l’avenir, explique Pascal Le Liboux, vice-président de Lorient Agglomération chargé de l’économie. Il va s’agir de compenser la baisse de ressources par d’éventuelles importations. Dans un premier temps, nous pensons exporter du savoir-faire et de la technicité à Oman, mais ce qui est remis en cause par les écologistes, et cela peut s’entendre, c’est la partie importation. »

Les poissons qui seront importés sont sensiblement les mêmes que dans les eaux européennes.

Une polémique est effectivement apparue localement à partir d’un article de Ouest-France, où l’on pouvait lire que « l’approvisionnement en produits de la mer en provenance d’Oman pourrait permettre aux acheteurs du port de Lorient d’avoir du poisson frais arrivé en avion-cargo ». Écologistes et pêcheurs locaux ont tout de suite été d’accord sur le non-sens d’un tel débarquement de marchandises. D’autant que les poissons évoqués sont sensiblement les mêmes que dans les eaux européennes, à majorité de types pélagiques, comme du thon, du maquereau et de la sardine.

« Aujourd’hui, tout le monde cherche du poisson et le marché est plus dans une logique de demande que d’offre », explique à Reporterre Maurice Benoish, qui possède lui-même 25 % de Ker’Oman et qui en est président. Dans la plaquette du projet téléchargeable sur le site de Lorient Agglomération, la communauté de communes vante le projet aux entreprises bretonnes avec notamment « un environnement économique et fiscal propice ».

Des poissons volants… par avion ?

« Évidemment que la partie importation en avion a fait réagir, mais transporter du poisson surgelé en cargo, cela fait déjà un peu moins polémique. Les modes de transport sont donc encore à définir », explique Pascal Le Liboux, de Lorient Agglomération.

Outre son activité de pêche, le port de Lorient voit transiter près de 80 000 tonnes de produits de la mer par an à travers ses mareyeurs et ses transformateurs, qui ne verraient pas d’un mauvais œil de nouvelles importations. Maurice Benoish, le directeur de Ker’Oman, pousse plus loin le raisonnement : « Le transport par avion de poissons par Paris existe et il en arrive tous les jours de Dakar, de Mauritanie… On peut avoir un avis sur le bilan carbone de ces poissons, mais, quand on envoie un charter de touristes à l’étranger, c’est pire. Là, au moins, on nourrit les gens. »

Pour l’instant, le poisson provenant d’Oman n’est pas vendu sur les étals des poissonniers français, mais si les pêcheurs de Lorient s’en inquiètent, les élus écologistes du Morbihan aussi. « Selon nos calculs, le bilan carbone de ces marchandises serait dix fois supérieur à celui d’un poisson classique », affirme Damien Girard, qui est notamment élu Les Écologistes (anciennement Europe Écologie-Les Verts) de Lorient et de Lorient Agglomération. Vent debout contre le projet, il réclame avec son équipe le désengagement de Lorient Agglomération et du port de Lorient du projet.

Au-delà de la question du transport de marchandises, la structure portuaire envisagée à Oman est tellement hors norme que les conséquences de son activité sur la vie sous-marine dans les eaux omanaises se posent également. « J’ai demandé les études sur le fait que la ressource doit être soutenable, confirme Damien Girard. Comme seule réponse, on m’a dit qu’elle s’avérait quasi inépuisable et que les Omanais étaient hypersensibles sur ce point. Très bien, mais où sont les études ? »

Interrogé quant aux garanties de la bonne gestion de la biomasse sous-marine au large d’Oman, Pascal Le Liboux tient à rassurer : « Nous avons des engagements de la part d’Oman sur les techniques de pêche. Ils ont compris que pour capitaliser sur cet énorme investissement, ils se doivent de préserver la ressource. »

Conditions sur le chantier

L’énorme chantier de Ker’Oman devrait démarrer en novembre et avec lui le travail d’ouvriers, originaires pour une partie d’entre eux d’Inde ou du Bangladesh, selon Maurice Benoish. « Nous avons vérifié que les conditions sociales y étaient bonnes, c’était un des points importants lors de l’attribution des aides publiques », assure le directeur de Ker’Oman.

Rappelons tout de même que le Sultanat d’Oman est pointé du doigt pour les conditions de travail d’une partie de sa population, étrangère principalement, notamment par Amnesty International dans un rapport accablant de 2022. « Pour les ouvriers du port, des algecos ont été installés, car il fait très chaud. Ils sont climatisés, avec des toilettes, une salle de repos, etc. », ajoute Maurice Benoish.

Face aux précautions affichées, les pêcheurs de Lorient se sentent les grands oubliés du projet Ker’Oman. La pilule ne passe pas au sein d’une profession déjà en crise, car la société de gestion du Port de Lorient investisseuse à Oman est dirigée par Olivier Le Nezet. Ce dernier est aussi président du Comité national des pêches maritimes, président du Comité régional des pêches de Bretagne ou encore président du Comité départemental des pêches maritimes du Morbihan… En clair, c’est le patron des pêcheurs en France.

« Il tient un double discours, car il se bat avec nous, les pêcheurs, contre le poisson d’importation et, en même temps, il va favoriser avec ce projet le poisson d’importation, dénonçait David Le Quintrec, patron du navire Izel Vor II, à quai fin octobre. Que ce soit certains armateurs et bon nombre de pêcheurs en Bretagne, cela nous révolte. »

Un mégaport et des sociétés privées

À la suite d’un appel d’offres lancé en 2020 par le Sultanat d’Oman, Marsa Al Duqm Investments va construire et gérer pendant vingt-huit ans le mégaport de Duqm. Ce consortium est détenu à 70 % par des sociétés du sultanat et 30 % par la SAS Ker’Oman… elle-même composée de trois associés privés (dont Maurice Benoish) à parts égales (25 %), plus la société d’économie mixte Lorient-Keroman, entreprise gestionnaire du port de pêche de Lorient. Le projet a reçu des aides de la région Bretagne et, surtout, de la communauté de communes Lorient Agglomération, avec respectivement 250 000 euros et 475 000 euros versés sous forme d’avances remboursables.

Avec ce port, la ville de Duqm compte se développer en exploitant les eaux poissonneuses de l’océan Indien et participer à la diversification économique du sultanat, qui cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Près de 200 millions d’euros vont permettre de construire les infrastructures ; environ 70 à 80 millions d’euros serviront aux « superstructures » (de type halle à marée, dock flottant, terminal frigorifique, etc.).

Guy Pichard le 23 novembre 2023

https://reporterre.net/

Note:

Keroman vient du breton et du gallois « ker » : forteresse (Cardiff) et du latin « romain ». Les garnisons romaines étaient formées en Bretagne de citoyens « maures » …

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02 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

lure (basta)

lure (basta) dans Altermondialisme

Raser des forêts pour planter des panneaux solaires : un paradoxe qui gagne la France

Dans le Sud de la France, la montagne de Lure est devenue une cible privilégiée des industriels à la recherche d’espaces naturels pour développer de grandes installations photovoltaïques au sol. Des femmes sont en première ligne de la résistance.

Elles ont respectivement 72 ans et 60 ans, viennent de passer 28 heures de garde à vue et ont été mises en examen. Placées sous contrôle judiciaire jusqu’à l’audience fixée le 14 novembre prochain, ces deux militantes écologistes s’opposent, avec le collectif Elzéard Lure en résistance [1], aux entreprises qui préparent l’installation d’un parc photovoltaïque de 17 hectares sur la commune de Cruis (Provence-Alpes-Côte d’Azur) au profit de la multinationale canadienne Boralex.

Leur délit : s’être allongées devant les machines, enchaînées les unes aux autres, en dépit de la présence de vigiles et des gendarmes locaux, pour bloquer l’avancée des travaux. Des femmes en majorité, âgées souvent de plus de 60 ans, se sont installées jusque dans les essieux des engins, faisant de leur propre corps le symbole de la défense du vivant.

Après 29 jours de résistance quotidienne, le 13 septembre dernier, Boralex a décidé d’arrêter les travaux afin de répondre à la plainte déposée contre la multinationale par un collectif d’associations, dont le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) et l’Association nationale de la biodiversité (ANB), pour avoir détruit des habitats d’espèces protégées.

Côté administratif, la préfecture et la DREAL qui a ouvert une consultation publique doivent désormais se prononcer sur la validité du permis accordé à Boralex portant sur l’implantation de 20 000 panneaux solaires. Mais sur le plan judiciaire, l’affaire est loin d’être terminée.

Un terrain de conquête des industriels de l’énergie solaire

La petite commune de Cruis (627 habitants) est située au piémont de la montagne de Lure culminant à 1825 mètres, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. Lure est un massif d’une grande beauté couvert à 70 % de forêts naturelles ou plantées, dont 89 % sur des terres communales ou du domaine de l’État. Richesse de la flore et de la faune, ciel d’une limpidité reconnue, ensoleillement exceptionnel et faible densité de population (14,1 habitants au km2) font de Lure tout à la fois un espace sauvage, une réserve naturelle et un site traditionnellement fréquenté par les Provençaux.

Ses 26 communes situées pour la plupart au piémont de la montagne exercent un pouvoir d’attraction qui se traduit par un nouvel apport de population, essentiellement des citadins à la recherche d’une qualité de vie meilleure. « Protéger cette montagne, c’est à une échelle modeste notre contribution pour sauver la beauté du monde », affirme Richard Collin, président de l’association Amilure qui a intenté un recours au tribunal administratif contre plusieurs projets photovoltaïques sur Lure, dont celui de Cruis.

Car cette montagne à la forte identité culturelle qui a fécondé la vie et l’œuvre de Jean Giono, et fut l’ultime refuge des Montagnards des Basses-Alpes contre le coup d’État de 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte, est devenue un terrain de conquête des industriels de l’énergie solaire.

Cible privilégiée des opérateurs du photovoltaïque

Dévoilé dans ses grandes lignes le 18 septembre, le plan du gouvernement concernant la planification écologique prévoit de faire baisser les émissions de gaz à effet de serre en France de 403,8 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2022 à 270 millions en 2030. À cette échéance, la part totale des énergies renouvelables dans l’ensemble de la production électrique devra passer de 26 % à 34 %, et la production d’énergie solaire devra être multipliée par trois.

Dans la répartition régionale du potentiel de développement des projets photovoltaïques, sans surprise le département rural des Alpes-de-Haute-Provence tient la corde : 74 000 MegaWatt-crête (MWc) de puissance à produire, dont 90 % sur des zones à « enjeux forts » (zones agricoles et forestières), sur les 230 000 MWc attendus pour l’ensemble de la région Paca [2]. Autrement dit, en matière de production d’électricité on attend de la ruralité qu’elle vienne au secours des villes et des industries !

Dans ce contexte, la montagne de Lure est devenue une cible privilégiée des industriels à la recherche d’espaces naturels pour développer de grandes installations au sol. À terme, c’est le mitage généralisé de ce territoire forestier avec une trentaine de parcs déjà réalisés ou projetés, pour une surface totale de plus de 1000 hectares.

Remplacer des forêts par des panneaux solaires ?

Raser des forêts qui sont des puits de carbone pour planter des panneaux solaires au nom de la décarbonation nécessaire du bilan énergétique est parfaitement absurde. C’est pourtant ce qui est en train de se produire un peu partout dans les zones rurales, en dépit des recommandations des directions départementales des territoires (DDT) sur la protection des espaces boisés.

Quant aux garde-fous permettant de résister à ce développement mortifère, ils se réduisent comme peau de chagrin, surtout depuis la loi sur l’accélération de la production des énergies renouvelables (AER) de mars 2023. En son article 19, elle ouvre encore un peu plus la brèche des dérogations possibles en permettant à un projet d’énergie renouvelable d’être « réputé répondre à une raison impérative d’Intérêt Public Majeur » [3].

« Un tas de méthodes permettant de contourner les règles »

À sa manière, Valentine Grunewald est une lanceuse d’alerte. Aux rencontres des Résistantes du Larzac début août, elle a raconté comment, issue d’une école d’ingénieurs en génie énergétique, elle a effectué son stage de fin d’études puis été embauchée dans une grande entreprise d’énergie solaire.

Son rôle ? Prospecter et cartographier des terres agricoles pour y installer du photovoltaïque : « Je devais presser les gens, ne pas leur laisser trop le temps de réfléchir, le but c’était qu’ils signent le plus vite possible. Avec des procédés souvent fallacieux, voire des menaces à peine dissimulées pour les forcer à renoncer à leur bail rural (…) Violent aussi pour l’environnement avec un tas de méthodes permettant de contourner les règles, par exemple en encourageant les agriculteurs à passer rapidement leur terrain au bulldozer avant que les bureaux d’études puissent déceler des impacts sur la biodiversité ».

Inutile de dire que Valentine a démissionné. Elle a entrepris depuis une reconversion avec un BEP en agriculture paysanne.

Les alternatives proposées par les élu·es

La loi AER prescrit aux communes d’organiser une consultation des habitants et d’identifier rapidement les zones susceptibles d’accueillir des projets d’énergie solaire. Accélération oblige. « Je doute que beaucoup de communes aient eu le temps avant le 22 septembre d’organiser une réunion, le délai est beaucoup trop court. Nous devons être à peu près les seuls à l’avoir fait », déplore Camille Feller, maire du village de Montlaux. Pour elle, l’affaire est entendue, c’est non aux projets photovoltaïques « qui appauvrissent nos communes dont les principales richesses sont la biodiversité et les paysages ».

Toutefois, elle estime que cette nouvelle obligation de concertation va dans le bon sens. Pour éviter les effets d’aubaine et la concurrence entre villages, l’association Amilure propose de créer un système de péréquation des revenus des locations de terres dédiées au solaire, entre toutes les communes d’un même territoire. Que les maires cherchent à abonder leur budget municipal à cause de la disparition de la taxe d’habitation et de la baisse de la dotation générale de fonctionnement peut se justifier.

Mais pas à n’importe quel prix, renchérit Léo Walter, député La France Insoumise des Alpes-de-Haute-Provence. Alors, un service public de l’énergie ? « On ne peut pas se contenter d’une situation totalement dérégulée. Il faut une véritable planification écologique nationale à partir des besoins, déclinée ensuite au plan local. Toute mise en place d’une production d’énergie renouvelable doit se faire en parallèle avec la diminution d’énergie conventionnelle ou nucléaire ». Dans un monde idéal, on pourrait peut-être parvenir ainsi à maîtriser la consommation d’énergie. En attendant, des militantes continueront à se coucher devant des machines, à Cruis ou ailleurs.

Isabelle Bourboulon

https://basta.media/

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21 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

safer (fr3)

les paysans dans la lutte des classes

Combat pour des terres : le champ de bataille des agriculteurs bretons

Une guerre pour les terres agricoles a lieu en Bretagne. Entre peur, intimidation et contournement des réglementations les agriculteurs se battent pour permettre à des jeunes de s’installer et à l’agriculture biologique de se développer.

Six hectares de bonnes terres quelque part dans les Côtes-d’Armor. Depuis deux ans, Pierre et sa compagne ont obtenu de la part de la préfecture l’autorisation d’exploiter un champ. Problème, impossible pour eux d’accéder à la parcelle. Du colza a été semé il y a peu sur cette terre agricole mais pas par eux. Un voisin s’est approprié leur champ.

Une occupation illégale contre laquelle ce couple de paysans se bat avec leur avocat pour faire reconnaître leurs droits. L’histoire avec leurs voisins récalcitrants avait pourtant bien commencé. Au départ un échange de terre était prévu entre les deux fermes pour faciliter le travail de chaque exploitation. Cet échange n’aura jamais eu lieu. Leur voisin agriculteur, déjà propriétaire de plus de 200 hectares de terre, cultive pour l’instant sur les parcelles en toute impunité.

Sa compagne est abattue par cette situation. “C’est toujours ceux qui ont plus de terre qui arrivent à s’approprier encore plus de terre, illégalement” souffle l’agricultrice. “C’est jamais des petites fermes familiales qui sont dans des schémas comme ça”.

Peur et intimidation

Pour ces éleveurs le temps est compté. Si d’ici 2024 ils ne peuvent prouver qu’ils ont cultivé leur champ, la loi prévoit que leur autorisation d’exploiter tombera. Un cas d’accaparement illégal des terres qui est loin d’être unique en Bretagne.

“Il y a des gens qui ont intérêt à ce que personne ne parle pour ne pas faire de remue-ménage dans les campagnes” commente Pierre. “Si les plus petits ou les plus fragiles s’écrasent… Ça se passe ainsi.”

Pour mettre de l’ordre et de la régulation dans les campagnes, une autorité a pourtant été mise en place depuis les années 60, les Safer, les sociétés d’aménagement fonciers et d’établissement rural. Cet organisme sous tutelle de l’État gère une partie des ventes de fonciers agricoles.

Les terres agricoles : l’or vert de la Bretagne

Lors de notre reportage, une réunion va devoir départager des candidats pour l’achat de terre dans quatre départements bretons. Le chef d’orchestre de l’opération, c’est Thierry Couteller le directeur de la Safer Bretagne.

Dans son bureau, tous les actes notariés signés depuis le début de l’année par la Safer Bretagne sont classés, organisés. “La Safer Bretagne, c’est 1 000 actes notariés par an” assure le patron des lieux.

Dans ses locaux, 4 000 des 20 000 hectares qui changent demain chaque année en Bretagne sont passés au crible. Les terres sont devenues un véritable or vert dans la région.

“Le foncier agricole diminue du fait de l’artificialisation des sols. Donc voilà, c’est une denrée rare qui ne se renouvelle pas” souligne Thierry Couteller. Exceptionnellement, nous avons pu assister à cette séance qui se tient toujours à huis clos, dont le but est de choisir les futurs propriétaires des terres.   Réunis dans la même pièce, les syndicats agricoles mais aussi les Chambres d’agriculture, les banques et une commissaire du Gouvernement. Tous vont se focaliser sur ces plans où chaque tâche de couleur correspond à un candidat à l’achat.

Les Safer peuvent désormais, grâce à une loi, scruter dans des transactions jusque-là opaques : celle des parts sociales. Des sortes d’actions qui transforment les exploitations en véritables sociétés financières. Une pratique qui peut aboutir à la naissance de ferme géante de plusieurs centaines d’hectares.

Un marché foncier “siphonné” par des parts sociales

“On se rendait compte qu’on travaillait sur un marché qui était un marché de fonciers agricole qui a été siphonné par l’intermédiaire des parts sociales”. Selon le directeur de la Safer Bretagne, “beaucoup de mutations de fonciers se faisaient sous forme de parts sociales qui échappaient à toute forme de régulation”.

La Safer veille aussi aux grains quant à la stabilité du prix à l’hectare, 5 000 euros en moyenne en Bretagne contre 70 000 euros aux Pays-Bas.

Mais encore faut-il pouvoir louer ou acheter des terres. Depuis 2020, une éleveuse qui préfère garder l’anonymat veut monter sa ferme de lait bio. Là encore, malgré son autorisation d’exploiter, elle ne peut mener son projet à terme.

L’agriculteur avec lequel elle avait trouvé un accord a finalement préféré une exploitation conventionnelle à la recherche de surface pour l’épandage de lisier. Une situation en contradiction avec les priorités de l’État et de la région.

L’éleveuse bio reproche à la Région de tenir un double discours.  “La région se complaît de quelques projets en agriculture biologique. Mais derrière il y a des laissés-pour-compte. Il y a plein d’autres projets tout aussi vertueux, tout aussi viable économiquement qui sont abandonnés”. Elle est désabusée. “Moi, je suis complètement dans le cadre et pourtant ils n’ont pas su me permettre de m’installer avec un projet viable”.

Une guerre pour les terres est en cours

Une guerre pour les terres agricoles qui s’intensifie et se complexifie. “Lorsqu’un propriétaire veut vendre une terre, il s’expose effectivement aux droits de préemption de la SAFER” glisse un agriculteur syndicaliste à la Confédération paysanne. Pour lui et d’autres agriculteurs syndiqués, les textes qui régissent le foncier agricole doivent encore se durcir.

Eux pointent du doigt les contournements de la Safer. Une des solutions mise en place par ceux qui veulent échapper à la Safer est le bail rural : il permet à un agriculteur qui va partir à la retraite de louer ses terres pendant trois ans. Le locataire sera ensuite prioritaire pour l’achat.

Autre parade, le démembrement de propriété. Dans ce cas, le propriétaire d’une parcelle vend les terres, ce que l’on appelle la nue-propriété, mais conserve l’usufruit, c’est-à-dire l’utilisation. Trois ans plus tard, il peut céder cet usufruit à l’acquéreur de ces terres et la Safer n’a pas son mot à dire.

Contre cela, les membres de la Confédération paysannes ont mis en place un système de veille et de vigilance. Grâce aux informations disponibles sur Internet, ils chassent les cessions de parts sociales, les agrandissements excessifs ou les manœuvres de contournement.

“Le mouvement actuel de l’industrialisation de l’agriculture contribue d’une part avoir des exploitations de plus en plus grandes et d’avoir de moins en moins d’agriculteurs sur le terrain” fait valoir un membre de la Confédération paysanne. “Nous, c’est justement ce qu’on ne veut pas. C’est pour cela qu’on met tous ces outils de régulation du foncier en place, pour résister”.

Une guerre du foncier agricole est en cours pour permettre à des jeunes de s’installer et à l’agriculture biologique de se développer. Une bataille qui se déroule au moment où des milliers d’hectares vont se libérer suite au départ en retraite de toute une génération d’agriculteurs bretons.

 21/10/2023

Écrit par Benoit Thibaut et Romuald Bonnant

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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04 août 2023 ~ 0 Commentaire

bretagne

La grande histoire de la Bretagne (avec notre camarade Renard)

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