« On retrouve des pesticides épandus il y a plus de 20 ans ».
Forte mobilisation pour la qualité de l’eau à Redon
2 000 manifestants se sont rassemblés samedi 22 février 2025, place de Bretagne à Redon, pour réclamer une eau potable sans pesticides. •
Cela peut surprendre… Redon, ville inondée il y a quelques semaines, a rassemblé samedi 22 février plus de 2 000 personnes qui appellent à préserver les ressources en eau. Toutes demandent à limiter l’utilisation des pesticides, notamment dans le secteur agricole.
« Si aujourd’hui c’est l’eau qui nous rassemble, c’est parce que tout d’abord la ville est née dans l’eau et que polluer l’eau est un long suicide collectif ». Un discours choc pour dire la colère. Des défenseurs de l’environnement mais aussi des agriculteurs et les fédérations de pêcheurs en rivière de trois départements, tous décidés à renforcer les règles qui protègent les captages d’eau potable. Car le constat est alarmant : selon l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, moins de 8% des cours d’eau du bassin de la Vilaine sont en « bon état écologique ».
Moins de 8% des cours d’eau en « bon état écologique »
Tous espèrent renforcer leur protection face aux pollutions industrielles et agricoles. « On est ici aujourd’hui pour lutter contre les pesticides sur les zones de captage. On retrouve encore des pesticides qui sont interdits et qui ont été épandus il y a plus de 20 ans. Mais il y a des solutions à adopter rapidement », affirme une manifestante.
« Avec les inondations, tous les produits, les traitements qui ont été mis dans les champs, ils sont partis où ? », questionne un Redonnais.
« Le taux de cancers actuellement, c’est bien dû à l’environnement »
De son côté, Denis, ancien ouvrier agricole dont le cancer de la prostate a été reconnu comme maladie professionnelle, redoute un retour en arrière concernant l’utilisation des pesticides : « Tout ce qui est en train de se passer au niveau des lois d’orientation agricole, ce n’est pas bon pour la santé environnementale, ni pour la santé des citoyens. Et les taux de cancers qu’il y a actuellement, ce n’est pas dû au vieillissement de la population, c’est bien dû à l’environnement ».
Protéger la Vilaine et ses affluents, voilà l’objectif. De nouvelles règles sont actuellement débattues, en vue de les intégrer au schéma d’aménagement et de gestion de l’eau. Un document important, soumis au vote des élus locaux et des chambres d’agriculture auprès desquelles ces manifestants veulent peser.
Élevage intensif et souveraineté : les limites du produire plus
Dans le contexte géopolitique actuel, la souveraineté alimentaire s’est imposée récemment comme un objectif cardinal pour les politiques agricoles françaises.
Concernant les filières de production animale, et notamment le poulet, la solution proposée par les pouvoirs publics et les filières semble claire : produire plus et à bas coût pour réduire les importations de viande du pays. Mais l’élevage intensif dépend d’importations et mobilise une part importante de la surface cultivée. Ce paradoxe, souligné par le Réseau Action Climat dans son nouveau rapport, démontre que l’intensification de l’élevage ne permet pas de résoudre les défis de souveraineté, alors même qu’hier le parlement s’est accordé sur la loi d’orientation agricole qui va favoriser les élevages industriels.
L’élevage intensif, fortement dépendant des importations agricoles et d’engrais
La France importe de grandes quantités de matières végétales riches en protéines pour nourrir ses animaux d’élevage, dont 3 millions de tonnes de soja en 2022 pour un coût de 1,5 milliard d’euros, principalement d’Amérique latine. De plus, le recours aux acides aminés de synthèse est en croissance pour compléter l’alimentation des élevages intensifs, alors que la production est concentrée en Chine.
De même, l’élevage intensif nécessite un usage important d’engrais minéraux pour la production de l’alimentation animale. Or, 80% des engrais minéraux sont importés, principalement de Russie, Egypte, Algérie, Biélorussie, et ceux produits sur le territoire le sont à partir de gaz importé. Ces dépendances aux importations renforcent la vulnérabilité de notre secteur agricole face aux enjeux géopolitiques. De ce fait, la Commission européenne identifie d’ailleurs l’élevage comme le “talon d’achille” de la souveraineté agricole européenne dans son rapport annuel.
44%* des terres cultivées le sont pour nourrir les élevages français, soit l’équivalent de 12 départements en moyenne
Une grande partie des terres cultivées en France sont utilisées pour nourrir les animaux d’élevages. Cela représente par exemple un tiers de la production de céréales. De plus, il faudrait multiplier par 8,5 la production française de soja pour couvrir les besoins en alimentation animale importés, soit une surface de l’ordre de 1,1 million d’hectares. En additionnant la part de surfaces cultivées française dédiés à nourrir les animaux d’élevages et les surfaces aujourd’hui délocalisées, la surface nécessaire aux cultures à destination des élevages français dépasserait les 50% de la surface cultivée totale de la France.
* L’estimation réalisée se base sur les données Agreste pour l’année 2022 concernant la quantité de chaque culture utilisée en alimentation animale rapportée aux rendements moyens constatés et à la superficie cultivée totale de chaque culture. Elle se concentre sur les terres cultivées et n’inclut pas les surfaces toujours en herbe et de prairies permanentes.
Augmenter l’élevage intensif au nom de la souveraineté alimentaire est donc une erreur stratégique
Face à ce constat, des leviers d’action existent. L’enjeu de la souveraineté des filières animales passe par le développement des élevages durables, plus résilients et plus autonomes pour leur production, et plus rémunérateurs pour les éleveurs. Il implique aussi d’agir sur le levier de la consommation alimentaire. Car la hausse des importations de viande ne provient pas tant d’une crise de la production, que d’une forte évolution de la consommation durant les vingt dernières années, avec une hausse spectaculaire de celle de viande de poulet et de celle de produits transformés. L’Etat doit donc mettre en place des politiques alimentaires ambitieuses, en faveur de la réduction de la consommation de viande, tout en favorisant celle de viande de qualité (viande biologique, Label rouge, etc.) et produite en France, ciblant en priorité les acteurs structurant l’offre alimentaire (grande distribution, restauration commerciale, industriels).
Retraites : Les dockers de Lorient bloquent le port et demandent à renégocier l’âge de départ
« Le port de Lorient est à l’arrêt » depuis jeudi 30 janvier selon le syndicat CGT des dockers. Aucune entrée ni sortie de navires dans le port de commerce. Les dockers demandent à renégocier leur âge de départ à la retraite.
À l’appel de la Fédération nationale des Ports et Docks CGT, les dockers et agents portuaires de Lorient ont effectué un deuxième jour de grève vendredi pour dénoncer l’attentisme du gouvernement sur leur régime de retraite. Tout comme leurs collègues des ports de Dunkerque, Marseille, Calais et Boulogne.
Dans ce « petit » port en volume de marchandises, la CGT des dockers affirme que « le port est à l’arrêt » depuis jeudi.
Les dockers peuvent valider leur départ en retraite quatre ans avant l’âge légal, soit à 60 ans, contre 58 ans avant la réforme de 2023. Ils souhaitent négocier ce relèvement de l’âge de départ et prolonger des mesures de retraite anticipée pour les salariés ayant été exposés à l’amiante au cours de leur carrière.
« Le gouvernement ne respecte pas ses engagements »
La fédération de dockers et d’ouvriers portuaires a estimé que le gouvernement ne « respectait pas ses engagements » sur la réforme des retraites, pour laquelle une concertation avec les partenaires sociaux est prévue fin février.
Un préavis de grève nationale pour le jeudi 30 et le vendredi 31 janvier avait été déposé mi-janvier par la Fédération nationale des Ports et Docks CGT, qui a également appelé à des grèves perlées jusqu’à fin février.
Les transporteurs, qui viennent chercher des conteneurs ou du vrac dans les ports, ont fait part jeudi de leur inquiétude quant aux conséquences de ces grèves.
L’Union-TLF, qui représente l’ensemble des métiers de la chaîne du transport et de la logistique, craint pour ses adhérents une perte d’un quart de leur chiffre d’affaires en février si le mouvement se durcit.
Quels impacts si la grève se durcit ?
TLF Overseas, le syndicat professionnel réunissant organisateurs de transport et représentants en douane, a appelé vendredi « à la mise en place de mesures urgentes pour limiter les impacts sur la chaîne logistique » constatant que les flux « commencent à se détourner vers les autres ports européens comme Anvers, Gênes, Rotterdam et Barcelone ».
« Nous jugeons irresponsable un durcissement des grèves, qui pourraient compromettre la pérennité des emplois liés aux activités portuaires et logistiques », a déclaré Joël Glusman, président de TLF Overseas.
Les dockers et agents portuaires de Lorient avaient déjà mené une opération « port mort » le 7 juin dernier à l’appel national de la CGT pour protester contre la réforme des retraites de 2023. En vain.
Un jeudi par mois à Ercé-en-Lamée, Lalleu et La Bosse-de-Bretagne.
Un vendredi par mois à Grand-Fougeray
Solidaribus, antenne mobile du Secours populaire
Information sur les aides, connaitre vos droits selon votre situation
Inauguré en 2021, le Solidaribus a pour objectif d’aller à la rencontre des personnes en difficulté dans les communes rurales éloignées des lieux d’accueil habituels du Secours populaire pour leur proposer une solidarité de proximité :
Un point d’accueil et d’écoute
Une aide alimentaire (produits frais et secs) et en produits d’hygiène
Une aide aux démarches simples
Une aide matérielle ou vestimentaire sur demande
Une aide à l’accès aux vacances et aux loisirs
Des livres en libre-service
Les aides du Secours populaire sont accessibles à toute personne en situation de précarité ou d’isolement, avec ou sans orientation d’un travailleur social.
Où et quand ?
Les bénévoles de l’association tiennent des permanences mensuelles.
Des passages à domicile sur les communes environnantes sont également possibles, sur demande, pour les personnes isolées qui ne pourraient pas se déplacer jusqu’aux lieux d’accueil.
À Grand-Fougeray :
un vendredi par mois, de 10h à 12h
salle municipale (accès par le parking de la place de l’Europe).
Permanences 2024 : 12 avril, 10 mai, 7 juin, 5 juillet, 2 et 30 août, 27 septembre, 25 octobre, 22 novembre et 20 décembre 2024.
À Ercé-en-Lamée :
un jeudi par mois, de 10h30 à 12h
salle polyvalente (11 rue du Muguet)
Permanences 2024 : 23 mai, 20 juin, 18 juillet, (mercredi) 14 août, 12 septembre, 10 octobre, 7 novembre et 5 décembre 2024.
Présence d’une conseillère France services pour les démarches administratives et numériques du quotidien.
À Lalleu :
un jeudi par mois, de 13h30 à 15h
salle des fêtes (rue de l’Épinay)
Permanences 2024 : 23 mai, 20 juin, 18 juillet, (mercredi) 14 août, 12 septembre, 10 octobre, 7 novembre et 5 décembre 2024.
Présence d’une conseillère France services pour les démarches administratives et numériques du quotidien.
Le Secours populaire recherche également de nouveaux bénévoles pour contribuer à faire vivre la solidarité sur le secteur lors des passages mensuels du Solidaribus.
un jeudi par mois, de 15h30 à 17h
à l’arrière de la mairie (11 rue de la Mairie)
Permanences 2024 : 23 mai, 20 juin, 18 juillet, (mercredi) 14 août, 12 septembre, 10 octobre, 7 novembre et 5 décembre 2024.
Présence d’une conseillère France services pour les démarches administratives et numériques du quotidien.
Fondeurs, oui ! Chômeurs, non ! Ce slogan résume la volonté des 350 salariéEs de la Fonderie de Bretagne à Caudan (56) qui luttent depuis plusieurs années contre les effets des restructurations de l’industrie automobile et pour le maintien de leurs emplois. Mais la décision de Renault de se désengager, annoncée vendredi 20 décembre, à la veille des fêtes, pourrait signer la fin de l’usine et le chômage pour ses salariéEs.
Le désengagement de Renault, principal client, s’inscrit dans une politique globale. Les constructeurs automobiles, à la recherche du profit maximum, et dans le cadre de la crise touchant tout le secteur, ont procédé depuis plusieurs années à l’abandon ou à l’externalisation de nombreuses activités et notamment des fonderies. Ils ont souvent fait le choix de délocaliser, entrainant des milliers de licenciements dans la branche malgré des luttes importantes. Celles-ci, faute de coordination, ont été défaites boîte par boîte.
Renault contraint de maintenir la production abandonne
Les salariéEs de la Fonderie de Bretagne ont une tradition de lutte ancienne. Avec leur syndicat CGT, ils ont réussi depuis 2009, par plusieurs grèves longues, à contraindre Renault à maintenir la production et donc l’emploi malgré une baisse des effectifs et la vente à des repreneurs — fonds d’investissement avides de profits rapides — bénéficiant de subventions publiques importantes. Engagées depuis quelques mois, les négociations avec un nouveau repreneur devaient permettre la poursuite de l’activité et sa diversification. La condition étant que Renault s’engage à fournir des volumes jusqu’en 2028 afin d’assurer la transition. Le constructeur vient donc de refuser ce geste, contraignant le repreneur à renoncer. La direction de l’usine annonce que les fonds disponibles ne permettront pas de maintenir l’activité au-delà de quelques mois, voire quelques semaines. Sous le choc, les salariéEs ont quitté l’usine et n’y reviendront qu’en début d’année. Une procédure de sauvegarde va être engagée par le tribunal de commerce.
Un État hypocrite
L’État, actionnaire de Renault à hauteur de 15 %, révèle toute son hypocrisie lorsque le ministre de l’Industrie démissionnaire déplore l’attitude du constructeur. Comme le dit justement un responsable CGT de l’usine : « C’est Renault qui a la mainmise sur l’État, on a un État faible et il s’est engagé trop tard dans le dossier »1. De fait, l’État et le gouvernement sont au service des capitalistes et laissent faire comme le montrent récemment les vagues de suppressions d’emplois notamment chez Michelin à Vannes dans le même département où 300 licenciements vont avoir lieu. Seul un rapport de forces pourra leur imposer de maintenir les emplois.
Nul doute que début janvier, les salariéEs décideront des actions à mener. Les forces syndicales et politiques du Pays de Lorient devront les soutenir unitairement. Il n’y aura pas de solution durable sans mobilisation, sans mettre en avant la nécessité d’un moratoire ou d’une interdiction des licenciements, et sans chercher à imposer la réquisition-socialisation afin de garantir l’emploi et de préparer les transformations nécessaires des productions pour lutter contre le réchauffement climatique.
À Mayotte, pourquoi le cyclone Chido a fait si mal ?
Mayotte, au lendemain du cyclone Chido, découvre l’ampleur des dévastations. Une catastrophe qui illustre la vulnérabilité des territoires les plus pauvres face aux effets du changement climatique.
Mayotte, le département français le plus pauvre, est en ruines après le passage du cyclone Chido le 14 décembre. Avec des rafales dépassant les 220 km/h — du jamais-vu depuis près d’un siècle —, l’archipel de l’océan Indien est méconnaissable. Selon le préfet François-Xavier Bieuville, « des centaines, voire des milliers de personnes » auraient péri. Le système hospitalier est « très endommagé » et les centres médicaux sont « inopérants », selon le gouvernement.
Les images en provenance du quartier de Labattoir, à Dzaoudzi, montrent des habitations éventrées, les toits arrachés, des fenêtres brisées, et des bidonvilles réduits à des amas de métal tordu et déformé. Le port est jonché de bateaux échoués, empilés les uns sur les autres. « On ne reconnaît même plus nos rues et nos quartiers », témoigne une Mahoraise dans Libération. Les arbres déracinés et les tôles envolées, décrites par La 1re, accentuent cette vision apocalyptique.
L’alerte violette a été levée pour permettre l’intervention des secours. Toutefois, la situation reste chaotique : 15 000 foyers sont sans électricité, les routes sont impraticables et les communications intermittentes rendent difficile l’évaluation précise des pertes humaines et matérielles.
Le rôle de la crise climatique
Le cyclone Chido est un phénomène naturel, mais il a potentiellement été exacerbé par le réchauffement climatique. Différentes études ont montré qu’un climat qui se réchauffe tend à rendre les cyclones plus intenses. La température élevée des eaux de surface de l’océan Indien — atteignant près de 30 °C — a pu fournir un immense réservoir d’énergie à Chido.
Les projections du Giec indiquent qu’avec 1,5 °C de réchauffement global, la proportion de cyclones tropicaux intenses pourrait augmenter de 10 %, et de 20 % si le réchauffement atteint 4 °C. Bien que le nombre total de cyclones devrait rester stable, leur intensité croissante pose un défi majeur pour les populations vulnérables.
Une vulnérabilité structurelle criante
La catastrophe de Mayotte est d’autant plus dramatique que le département souffre d’une vulnérabilité structurelle profonde. Comme le rappelle L’Humanité, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et 1 personne sur 3 réside dans une habitation précaire faite de tôle. Ces bidonvilles ont été complètement rasés par le cyclone, se transformant en un « charnier », selon la députée (Liot) Estelle Youssouffa.
« À chaque catastrophe, il convient [...] de se demander ce qui a rendu autant d’individus si fragiles », estimait en 2023 auprès de Reporterre Jean-Paul Vanderlinden, économiste environnemental. L’accès aux soins, à l’éducation et la stabilité économique conditionnent la capacité d’une société à résister et à se relever après un choc climatique ou une catastrophe naturelle, expliquait-il.
Or, l’État français, souvent accusé de négligence, est critiqué pour sa gestion de l’archipel. Le rapport de l’inspection générale de six ministères publié en 2023 dénonçait déjà « une faillite généralisée des administrations publiques » à Mayotte. Malgré les promesses d’investissements, le département reste sous-équipé en infrastructures de santé, d’éducation et d’accès à l’eau potable. 6 logements sur 10 n’ont par exemple pas de toilettes ni douche, favorisant des épidémies telles que le choléra.
Si des secours militaires sont en route et que le gouvernement affirme être « 100 % mobilisé pour les Mahorais », sans une prise de conscience réelle des facteurs de vulnérabilité, Mayotte restera une proie facile pour les catastrophes à venir. Comme le soulignait sur Reporterre l’anthropologue Sandrine Revet, il ne suffit pas de gérer l’urgence : il faut investir dans un urbanisme adapté et une réduction des inégalités pour protéger les populations les plus exposées.
Il y a 100 ans, la grève victorieuse et chantante des sardinières de Douarnenez
Le 21 novembre 1924, des ouvrières des conserveries de sardines de Douarnenez entamaient une grève pour réclamer une augmentation de salaire. Ce mouvement a par la suite pris une ampleur nationale, réunissant jusqu’à 2 000 grévistes. Au bout de six semaines de mobilisation, les « Penn Sardin » ont fini par obtenir gain de cause face à des patrons jusque-là intransigeants. Cent ans après, cette grève inédite est toujours célébrée.
« Saluez, riches heureux, ces pauvres en haillons / Saluez, ce sont eux qui gagnent vos millions ». En cette fin d’année 1924, un chant anarchiste résonne dans les rues de Douarnenez, en Bretagne. Par centaines, des ouvriers des conserveries de sardines de la ville, dont une très grande majorité de femmes, battent le pavé, sabots au pied, sur les quais, pour réclamer une meilleure rémunération. Pendant 46 jours, la cité bretonne vit au rythme de cette grève qui mobilise jusqu’à 2 000 personnes dans cette commune de 12 000 habitants.
Tout débute le 21 novembre, lorsqu’une centaine de travailleurs de l’usine métallurgique Carnaud, qui fabrique des boîtes de conserve pour les sardineries, décident de débrayer. « Une centaine d’ouvrières et une quarantaine d’ouvriers demandent une augmentation de salaire de 20 centimes », résume Fanny Bugnon, maîtresse de conférences en histoire contemporaine et études sur le genre à l’université Rennes 2. « À l’époque, ces femmes gagnent 0,80 franc de l’heure, soit le prix d’un litre de lait. C’est une somme très faible. En comparaison, à la même époque en région parisienne, le salaire d’embauche des ouvrières non qualifiées est de 1,50 franc de l’heure. »
Des conditions de travail éprouvantes
La grogne couve depuis un moment. Alors que le pays se remet à peine de quatre longues années de guerre et qu’il fait face à une forte inflation, les revendications salariales se font de plus en plus pressantes. Les conditions de travail sont aussi particulièrement éprouvantes. « C’est physique. On travaille debout, dans le froid, en manipulant de l’eau bouillante ou des ciseaux très tranchants », raconte Fanny Bugnon, qui a retracé l’histoire de ce mouvement social. Les ouvrières, surnommées les « Penn Sardin » (« têtes de sardines », en breton), sont aussi soumises à des cadences épuisantes. Elles peuvent travailler de nuit, selon l’arrivée aléatoire des bateaux et de leurs cargaisons dans le port. « Par ailleurs, le travail est en théorie possible à partir de 12 ans, mais un certain nombre de témoignages font état de l’entrée dans les conserveries d’enfants plus jeunes. Il n’y a pas non plus d’âge de retraite. On peut y travailler jusqu’à 70 ans », ajoute l’historienne.
Très rapidement, la contestation engagée à l’usine Carnaud fait des émules. Elle se transforme en quelques jours en grève générale à Douarnenez. Le 25 novembre, les 21 conserveries de sardines de la ville sont à l’arrêt. Les marins pêcheurs rejoignent aussi la lutte des ouvrières. Les protestataires peuvent compter sur le soutien du nouveau maire communiste, Daniel Le Flanchec, qui installe le comité de grève dans sa mairie. Comme l’explique Fanny Bugnon, ce mouvement est une tribune et un enjeu important pour un Parti communiste en plein essor : « Le Parti communiste vise à construire et à consolider ses premiers bastions et à faire en sorte que les municipalités rouges puissent être la caisse de résonnance des aspirations de la classe ouvrière. »
La Confédération générale du travail unitaire (CGTU), qui regroupe alors des militants communistes et anarchistes, envoie aussi des renforts à Douarnenez. La syndicaliste et militante féministe Lucie Colliard se joint ainsi à Charles Tillon, futur résistant et ministre communiste, alors jeune permanent régional de la CGTU, pour structurer la mobilisation.
Des briseurs de grève
Alors que les patrons se montrent intransigeants, le mouvement trouve un écho dans toute la France. « Le comité de grève et les militants communistes réussissent le tour de force de faire reconnaître nationalement la légitimité de la grève et des revendications ouvrières, y compris par des journaux particulièrement hostiles à la classe ouvrière et ses luttes. Ils portent le débat au Parlement, font pression sur les radicaux qui sont alors ministres du Travail et de l’Intérieur pour qu’ils prennent en charge des démarches de sortie de crise », souligne Théo Bernard, doctorant en histoire contemporaine et auteur d’un mémoire intitulé « La Grève des sardinières et des manœuvres des usines métallurgiques et des fabriques de conserve de Douarnenez (1924-1925) ».
Le ministre du Travail Justin Godart propose une médiation. Le 15 décembre, deux hommes et trois femmes en grève se rendent à Paris pour représenter le comité, mais les négociations échouent. La grève bascule lorsque les dirigeants du syndicat patronal décident d’embaucher des briseurs de grève à Paris. La violence s’immisce dans le conflit. Des coups de feu éclatent. « Le premier janvier 1925, dans des circonstances mal établies, ils s’en prennent à des militants dans un café de la ville. Daniel Le Flanchec ainsi que son neveu sont gravement blessés. Le maire est atteint à la gorge, ce qui limite ses capacités d’orateur pour le reste de son existence », relate Théo Bernard.
L’incident vire à l’émeute. L’indignation ouvrière est extrêmement forte. Les patrons sont discrédités et finissent par céder le 6 janvier. Les sardinières seront bien payées un franc de l’heure. « Un contrat collectif est négocié et signé. Il reconnaît des augmentations de salaire modestes mais fait entrer le droit du travail dans les usines. Les heures de nuit sont par exemples majorées », détaille l’historien. Dans les rues de Douarnenez, les grévistes laissent éclater leur joi
Une mémoire qui résonne aujourd’hui
Pendant des décennies, la grève des sardinières est présentée comme un exemple par les militants communistes. Certains y perçoivent même aujourd’hui l’un des premiers mouvements féministes. « C’est un raccourci qui est fait », insiste Fanny Bugnon. « On peut bien sûr en tant que féministe s’en inspirer et y voir un modèle de mobilisation de femmes, mais ce n’est pas une grève féministe dans le sens où il n’y avait aucune revendication d’égalité de droits. Ce n’était pas le sujet de cette grève. »
Alors que les femmes n’ont pas encore le droit de vote, ce mouvement entraînera toutefois l’entrée en mai 1925 au conseil municipal de Douarnenez de Joséphine Pencalet, une ouvrière ayant participé au mouvement, même si son élection sera invalidée quelques mois plus tard par la préfecture. « C’était un phénomène inédit à une époque où les femmes étaient dépourvues de droits politiques », souligne Fanny Bugnon, qui a consacré un ouvrage à cette pionnière, « L’Élection interdite. Itinéraire de Joséphine Pencalet, ouvrière bretonne (1886-1972)« (éd. du Seuil).
Cent ans plus tard, la mémoire des « Penn Sardin » résonne toujours dans les rues de Douarnenez. La ville est mobilisée pour célébrer ce centenaire. La mairie n’est plus communiste depuis 1995, mais la municipalité de centre-droit a apporté son soutien à un collectif militant nommé « Pemp real a vo! » (« 25 sous, nous aurons ! ») en référence aux revendications des sardinières. Celui-ci organise toute une série d’événements jusqu’à début janvier. « On ne trouve pas beaucoup d’équivalents en France. Il y a eu des grèves un peu partout dans l’entre-deux-guerres, mais quelles villes les célèbrent aujourd’hui ? », constate Théo Bernard.
Dans ce programme, une large place est consacrée à la culture et notamment au chant des sardinières. La grève de 1924 avait en effet été rythmée par des morceaux révolutionnaires. Un siècle plus tard, ces slogans sont toujours d’actualité, note Fanny Bugnon : « C’est une histoire qui continue à parler et qui résonne avec une condition ouvrière qui est en souffrance et en difficulté. Il y a toujours des conserveries, mais de moins en moins parce qu’on pêche le poisson ailleurs et qu’il y a des délocalisations. »
En 2004, la parolière engagée Claude Michel avait rendu hommage aux sardinières dans sa chanson « Penn Sardin ». En dix couplets, elle y raconte le combat des ouvrières. Un hymne qui prolonge leur mémoire et qui est aujourd’hui régulièrement repris dans les manifestations bretonnes : « À Douarnenez et depuis ce temps / Rien ne sera plus jamais comme avant / Écoutez l’bruit d’leurs sabots / Ç’en est fini de leur colère / Écoutez l’bruit d’leurs sabots / C’est la victoire des sardinières ».
Agir contre l’Épuisement des ressources & les Ravages de l’extractivisme.
Le 23 novembre, tassons le sol contre la mine de Glomel et son monde dans le Kreiz Breizh !
Une quatrième fosse risque d’être ouverte par la multinationale française Imerys dans sa mine à ciel ouverte située à Glomel (centre-ouest Bretagne). Ouverte depuis 1970 cette carrière d’andalousite est situé en tête de deux bassins versants : du Blavet, qui va jusqu’à Lorient et de l’Ellé, qui va jusqu’à Quimperlé.
L’andalousite est un minerai refractaire qui résiste à très hautes températures, utilisé dans l’industrie lourde, de la fonderie à l’armement.
Pour la première fois depuis l’existence de cette carrière, des associations, collectifs et riverain-es, aux niveaux local, régional, national mais aussi international s’organisent depuis deux ans contre la main-mise de cette multinationale sur ce territoire.
Crédit Photo NPA L’Anticapitaliste Isère. Philippe Poutou en soutien aux salariéEs de GE/Alstom à Grenoble en 2017
Soutien de Philippe Poutou aux salariéEs de Vencorex en grève à Pont-de-Claix (38)
Communiqué de Presse
Depuis plusieurs semaines les annonces de plans de licenciements se succèdent en France. Derrière les situations de Michelin, Auchan, Airbus ou Vencorex, c’est toujours la volonté du patronat et des actionnaires de faire plus de fric sur le dos des travailleurs et travailleuses. Et ceci après avoir touché au passage des aides publiques par milliards, accordées par les différents gouvernements.
Mais les mobilisations se construisent et se coordonnent. En Isère, les salarié·es de Vencorex se sont lancé·es dans une grève exemplaire depuis maintenant plus de trois semaines pour sauver leurs emplois et les milliers d’emplois induits aujourd’hui menacés (près de 5000 !) Iels montrent la voie, nous leur devons un soutien sans faille. C’estpourquoi Philippe Poutou, porte-parole du NPA-l’Anticapitaliste, sera à Pont-de-Claix lundi 18 novembre pour y rencontrer les salarié·es.
Il fera une allocution vers 16H45 et tiendra une conférence de presse sur place à 17h.
Nous espérons vous y retrouver nombreux et nombreuses.
Le NPA-l’Anticapitaliste Isère.
Conférence de presse à 17h sur le site à l’entrée principale de la plateforme chimique de Pont-de-Claix.
OBSERVATOIRE DU NUCLEAIRE
Conférence de Stéphane Lhomme
Samedi 15 mars à 19 h à Belle-Île-en-Mer
salle A
(près de l’Hôtel de Ville, le Palais)
"Nucléaire, renouvelables,
économies d'énergie :
qui sauvera le climat ?"