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27 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

fret sncf ( reporterre)

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Des membres du groupe Planète Boum Boum, issu d’Alternatiba Paris, sont venus soutenir en danse et en chanson la mobilisation des cheminots. © Émilie Sfez / Reporterre

Privatisation du fret SNCF : « On fait tout pour couler le ferroviaire »

Syndicats de cheminots et associations écologistes ont manifesté en Normandie contre le démantèlement programmé de la filiale de la SNCF dédiée aux marchandises.

Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime)

Ils ont du mal à se faire entendre, alors ils redoublent d’énergie. Sous une pluie battante, balayé par un vent facétieux, un cortège d’environ 400 cheminots et leurs soutiens s’élance en rangs serrés en bordure des voies ferrées, mardi 21 novembre à Sotteville-lès-Rouen, en Normandie. L’ancienne gare de triage a été choisie comme symbole pour cette mobilisation unitaire, la 7ᵉ depuis l’annonce, le 23 mai, à la surprise générale, du plan de liquidation de Fret SNCF.

Autrefois reluisant, ce vaste complexe ferroviaire ne voit plus passer qu’une poignée de trains de marchandises chaque jour. « Nous étions 500 en 2009, à trier les wagons 7 jours sur 7, en 3×8, raconte Stéphane Lachevre, conducteur de train sur la zone et élu Sud Rail au CSE de Fret SNCF. Nous ne sommes plus qu’une cinquantaine aujourd’hui et notre avenir, on ne le connaît pas. »

Cette décrépitude, qui touche tout le réseau de fret ferroviaire national, risque de s’aggraver avec la décision du gouvernement de liquider le principal acteur du secteur, gestionnaire de la moitié du trafic de marchandises. La filiale fret de la SNCF sera en effet fondue, fin 2024, dans deux nouvelles sociétés de droit privé, en vertu du plan de « discontinuité raisonnable », selon l’euphémisme du ministre des Transports.

La douloureuse a été imaginée par la France pour anticiper d’hypothétiques sanctions de la Commission européenne, qui enquêtait sur une possible aide d’État illégale. Les déficits de Fret SNCF avaient été épongés par sa maison mère et sa dette finalement reprise par l’État (5,3 milliards d’€), ce qui contrevient à la doxa européenne sur la libre concurrence — le fret ferroviaire étant ouvert à la concurrence depuis 2006.

Avec le plan de sanction, la SNCF doit céder progressivement 30 % de ses lignes les plus prometteuses à ses concurrents, ainsi que 62 locomotives. Et la future entité aura interdiction de répondre aux appels d’offres pour le transport dit « combiné » pendant dix ans. Ces trains embarquant d’un bout à l’autre de la France et de l’Europe des conteneurs, des citernes ou des camions (les fameuses « autoroutes ferroviaires ») sont en pleine croissance.

« On fait tout pour couler le ferroviaire »

« On ne peut pas faire mieux pour couler Fret SNCF, s’époumone Jérôme Lavens, secrétaire régional de l’Unsa ferroviaire Normandie, entre les pétards, les cornes de brume et les klaxons de TGV qui saturent la manif. On nous annonce la neutralité carbone en 2050 à l’échelle européenne, mais on fait tout pour couler le ferroviaire. »

Ce plan fut « sans doute la décision la plus difficile de [s] a vie professionnelle », confessait Clément Beaune, ministre des Transports, devant la commission d’enquête parlementaire, le 13 septembre. Le ministre veut néanmoins convaincre qu’avec les milliards d’euros promis par l’État [1], l’essor du fret ferroviaire est enfin pour demain. Dans un nouveau paysage économique, plus concurrentiel.

« C’est de la flûte de pan ! » clame Fabien Villedieu, porte-parole de Sud Rail, en extirpant de sa sacoche un épais document fraîchement stabiloté. Le bilan des services du ministère de l’Environnement sur la politique des transports, paru en novembre, affirme une baisse de 9 % des subventions d’investissement de l’État entre 2021 et 2022 dans le rail [2], malgré l’alignement des promesses, constate le syndicaliste avant de ranger son pavé de papier qui risque de prendre l’eau. Le rapport souligne aussi une stagnation de la part du train dans le transport de marchandises (à 10,4 % en 2022, contre 10,7 en 2021).

« Il faut comprendre que ce plan n’est pas un drame uniquement pour Fret SNCF, explique Fabien Villedieu entre deux interventions énergiques au micro d’une voiture sono grimée en locomotive à vapeur. Les concurrents de la SNCF ne pourront pas remplacer Fret SNCF. Elle faisait des activités utiles mais non rentables, comme le wagon isolé [formule sur mesure destinée aux petites cargaisons], qui affronte la concurrence de la route, dont les coûts de production sont très faibles. Elle ne paye pas l’entretien de l’infrastructure et les conditions de travail des chauffeurs ressemblent à de l’esclavage moderne. »

Retour sur la route ?

Sous les épais nuages normands, confondus à la fumée des fumigènes, les cheminots tiennent des comptes qui renforcent leurs inquiétudes : sur les 23 lignes que Fret SNCF est contrainte de céder à ses concurrents, 9 sont déjà reprises, mais les autres ont été prolongées jusqu’en juin 2024 faute de repreneur ou sont directement menacées de fermeture. La marchandise ira sur la route.

La France est soupçonnée d’avoir utilisé l’enquête européenne pour accélérer la mutation de son ancien fleuron ferroviaire public et purger dans ses effectifs. Elle avait demandé dès 2019 au cabinet McKinsey d’imaginer un cocktail de sanctions à proposer à Bruxelles, comme l’a révélé Sylvie Charles, ancienne directrice de Fret SNCF, lors de son audition par la commission d’enquête parlementaire sur le sujet, le 28 septembre. Quitte à hypothéquer l’avenir du fret ferroviaire : le projet imaginé par le cabinet McKinsey, « ne garantissait ni la viabilité ni le report modal », souligne Sylvie Charles.

Avec la liquidation de Fret SNCF dans deux nouvelles entreprises, les cheminots perdront le bénéfice des accords d’entreprise. Et le plan prévoit 10 % de baisse d’effectif — soit 500 postes supprimés — par le jeu des transferts de salariés à la concurrence et des démissions. « À Perpignan, on sera une quinzaine de conducteurs en trop, la direction va inciter les gens à partir au TER », détaille Cyril Gourdon, conducteur à Périgny.

Sur une passerelle soufflée par le vent, en surplomb des voies partiellement gagnées par les mauvaises herbes, Fabienne Sagot replace ce plan dans le contexte d’une profonde et brutale réorganisation de la SNCF. « L’année dernière, nous avons perdu 53 postes [sur les guichets et les gares] sur l’axe nord, soit près d’un tiers des effectifs. C’est un énorme plan social déguisé, qui entraîne la fermeture des gares et des guichets, regrette l’élue CGT Cheminots. Il n’y a plus de service public, nous n’aidons plus les gens. »

La sono crache le refrain entêtant d’une chanson de rap dédié à ce combat oublié par la plupart des grands médias. C’est le rappeur RemremX, du groupe Planète boum boum, émanation d’Alternatiba Paris repérée dans les cortèges des manifestants pour les retraites.

Il tourne le clip d’un nouveau morceau manifeste, avec le soutien de l’Alliance écologique et sociale, un nouvel attelage, issu de la coalition Plus jamais ça et réunissant un panel large d’organisations (Alternatiba, Amis de la Terre, Attac, la FSU, Greenpeace, Solidaires) sur des combats emblématiques mêlant social et écologie. Le train et l’eau figurent en tête de ses priorités. « On a des alliances que j’ai très rarement vues sur un tel sujet, s’exclame Julien Troccaz, de Sud Rail. C’est le résultat de convergences nées pendant le mouvement contre la réforme des retraites. »

Dans une autre grappe de manifestants, écharpe tricolore en bandoulière, la députée insoumise du coin Alma Dufour trouve elle aussi des motifs d’optimisme. En commission des Finances, une majorité politique hétéroclite de la gauche à LR en passant par le Modem, avait été trouvée le 26 octobre pour voter une augmentation de 1,5 milliard d’euros en faveur du fret ferroviaire. « Il y a une majorité alternative sur ce sujet, souligne la députée. S’il n’y avait pas de 49.3, on pourrait augmenter l’investissement. »

Erwan Manac’h et Émilie Sfez (photographies)

https://reporterre.net/

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25 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

dieldrine (basta)

dieldrine (basta) dans Altermondialisme
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Des pesticides ultratoxiques et interdits depuis 30 ans continuent de polluer nos légumes 

Massivement utilisée avant son interdiction en 1972, totalement prohibée depuis 1992, la dieldrine demeure présente dans des sols agricoles aux quatre coins de la France. Une véritable entrave au développement de l’agriculture bio.

Quand elle a découvert la pollution de ses légumes à la dieldrine, un insecticide très toxique pour l’être humain, Delphine est tombée de sa chaise, incrédule. Maraîchère bio, elle peinait à comprendre comment cet insecticide interdit en agriculture depuis 50 ans, et qu’elle n’a jamais utilisé, pouvait se retrouver dans ses productions. Puis, elle s’est heurtée au silence des diverses institutions qu’elle a contactées. Comme si personne ne savait rien.

Le problème est pourtant connu de longue date, si l’on en croit plusieurs témoins qui nous ont contactés à la suite de la publication de l’histoire de Delphine, en avril 2023.

Le produit en cause, la dieldrine, est un insecticide de la famille des organochlorées (la même que le DDT), utilisé en arboriculture, en viticulture, en horticulture et en grandes cultures pour lutter contre des insectes et certains champignons. La dieldrine est interdite en 1972 en agriculture, et totalement prohibée depuis 1992, quels que soient les usages.

Un problème connu depuis longtemps

Prenons l’exemple de Gilles, technicien pour un groupement d’agriculteurs bio dans le sud-ouest de la France. La première fois qu’il entend parler de problèmes de résidus de dieldrine dans des légumes, c’est dans les années 1980. Les alertes n’ont jamais cessé ensuite, jusqu’à la fin de sa carrière, en 2017. « C’était toujours plus ou moins les mêmes circonstances, évoque-t-il. Des acheteurs de légumes, souvent des grossistes belges et parfois allemands faisaient des analyses des productions et trouvaient des doses de dieldrine qui dépassaient les limites maximales de résidus (LMR). On avait surtout des problèmes avec les courgettes, qui captent facilement la dieldrine. Mais cela arrivait aussi avec les concombres et, parfois, les carottes. »

« Les parcelles bio peuvent être polluées par des pesticides organochlorés (tels que la dieldrine, ndlr) puisque ces molécules perdurent dans la terre bien au-delà des deux années de la reconversion bio », avertit pour sa part l’Institut suisse de recherche sur l’agriculture biologique. Jamais utilisée en agriculture biologique, la dieldrine a été largement épandue dans les champs « conventionnels » jusqu’à il y une trentaine d’années, notamment sur les zones maraîchères, arboricoles et céréalières. « Les vieux agriculteurs disaient qu’ils en balançaient des quantités à l’époque pour assainir les sols, évoque Gilles. Résultat : il en traîne dans tous les vieux sols maraîchers. » Mais aussi dans bon nombre de légumes, apparemment.

« On retrouve d’autant plus les polluants qu’on les cherche », ironise Gilles, qui se souvient avoir croisé des labos qui avaient arrêté de chercher la dieldrine, mais aussi d’autres pesticides, parce qu’ils en retrouvaient toujours, souvent au-delà des limites autorisées. « Ces résidus sont très problématiques pour le bio, mais on doit également en retrouver dans légumes conventionnels », souligne Gilles.

Les courges bio ne sont évidemment pas les seules à pomper les polluants qui demeurent dans le sol. Mais, tenus de se conformer à un cahier des charges très précis, les agriculteurs bio et les produits qu’ils vendent sont beaucoup plus contrôlés que leurs collègues conventionnels. « Ce serait intéressant de tester des légumes non bio, et de voir ce qu’il y a dedans », avance Julien Hamon de la Confédération paysanne du Morbihan, qui a suivi le dossier de Delphine.

Une vigilance inégale

Que faire face à cette pollution ? Pour éviter les déconvenues, « il est recommandé de clarifier une fois pour toutes si la parcelle est polluée par des pesticides organochlorés, en faisant une analyse de terre avant de cultiver pour la première fois des cucurbitacées. Cela permet aux producteurs de garantir facilement des récoltes non contaminées et de se prémunir à peu de frais contre les pertes », suggère l’Institut de recherche suisse dès 2012, soit dix ans avant que Delphine ne découvre, par hasard, cette problématique… « Si une parcelle est polluée, on oublie la production de courges dessus », appuie Gilles, qui pense qu’il faudrait systématiser les analyses de sols avant que les jeunes maraîchers s’installent. La Fédération nationale des agriculteurs bio (Fnab) partage son avis. Pour le moment, rien de tel n’est prévu en France.

La vigilance est inégale sur le territoire. Dans la Sarthe, c’est l’expérience professionnelle d’un technicien maraîcher, Frédéric, qui a rendu le groupement des agriculteurs bio attentifs à cette problématique. Frédéric a en effet travaillé sur la pollution des sols au sein du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) [1]. « Lors des formations que je délivre, je conseille de faire des analyses de sol dans les parcelles où il y a eu du maraîchage, de la viticulture ou de l’arboriculture, détaille-t-il. Parce que ce sont des cultures sur lesquelles on épand beaucoup de pesticides quand on est en conventionnel. »

Au-delà d’une certaine teneur en dieldrine, il déconseille carrément l’installation, car les risques d’absorption du toxique par les légumes sont trop élevés d’après lui. « S’il s’avère lors d’un contrôle que les produits sont contaminés, les maraîchers vont devoir détruire leurs cultures et ils vont perdre leur certification bio, explique-t-il. Ils peuvent difficilement prendre ce risque. » L’histoire de Delphine, livrée à elle-même après la découverte de la contamination de ses terres et aujourd’hui sans revenu, lui donne plutôt raison.

Que faire quand les terres sont contaminées ?

Cécile a également découvert que le coin où elle produit des plantes ornementales, dans la Sarthe, est largement contaminé à la dieldrine, quand des analyses ont été réalisées sur des terres voisines. « Une parcelle s’est libérée juste à côté de la mienne et des maraîchers voulaient s’y installer. Je me réjouissais d’avoir des collègues si proches. Mais la présence de dieldrine sur les terres qu’ils convoitaient a rendu leur installation impossible, regrette-t-elle. Aujourd’hui, ils continuent à chercher des terres. »

La productrice a découvert que ses propres parcelles contenaient de la dieldrine, et notamment celle qu’elle prévoyait de prêter à sa sœur pour faire pousser… des courges ! « Elle fait du maraîchage et manquait de terres, cette parcelle ne me servait pas, je pouvais la mettre à sa disposition. Mais quand on a vu à quel point les courges peuvent pomper de la dieldrine, on a décidé de renoncer à cette parcelle pour cette culture. »

D’où vient donc la dieldrine présente dans les terres de Cécile ? Impossible à dire précisément. « Mes terres sont une ancienne zone maraîchère, créée à la fin des années 1970. Mais la dieldrine a été interdite en 1972. Les épandages datent sans doute d’avant, de grandes cultures comme le maïs par exemple, évoque Cécile. Mais on ne sait pas trop. » Pour elle, qui produit des plantes ornementales, l’impact est limité. « Je me sers de terreau, et suis donc hors-sol », dit-elle.

Mais elle se pose tout de même de nombreuses questions concernant les risques pour la santé et les possibilités de dépollution. « Je serai intéressée d’avoir une cartographie précise, pour identifier les endroits où je peux cultiver. Via une IEM par exemple. » IEM signifie « interprétation de l’état des milieux ». C’est une analyse poussée des sols, de l’air et des végétaux. Problème : cela coûte environ 10 000 euros.

Les nombreuses questions qu’impose la découverte d’une contamination à la dieldrine et l’absence totale de soutien technique, administratif et financier font que beaucoup de gens – agriculteurs, pouvoirs publics, laboratoires d’analyses, etc. – jouent la stratégie de l’autruche. « Il m’est arrivé de conseiller à de jeunes porteurs de projets de faire des analyses de leurs terres, évoque Gilles. Mais ils m’ont dit non, ils n’avaient pas le temps de s’intéresser à ça. »

Plus inquiétant, le technicien se souvient d’une conversation avec le responsable des pesticides au ministère de l’Agriculture, à propos des résidus de dieldrine. « Le gars me dit “ah non je n’en ai jamais entendu parler”. Je pense qu’il se moquait de moi. Dans toutes les anciennes zones maraîchères, on en trouve, c’est obligé. Ça a été mis sous le tapis. »

« En même temps, si on systématise ces tests, on risque de se retrouver avec beaucoup de parcelles sur lesquelles on ne pourrait pas faire pousser de courgettes », concède Gilles. « Imaginons une ferme de dix hectares où il y aurait de la dieldrine partout… Il faudrait que le maraîcher achète d’autres terres ailleurs. Mais où ? Et à qui ? Ça peut vite devenir très compliqué. »

Nolwenn Weiler 23 novembre 2023

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25 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

fnsea (leterrien)

fnsea (leterrien) dans Altermondialisme FNSEA

La FNSEA convoque le ban et l’arrière-ban de ses adhérents pour une mobilisation aux arguments foutraques

Depuis quelques semaines, ça remue dans les campagnes, panneaux communaux mis à l’envers, manifestations, cortèges de tracteurs et blocages. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) sort du bois, s’appuyant sur des revendications nombreuses et variées pour faire graduellement monter la pression.

Comme à son habitude, ce syndicat corporatiste, qui n’est pas réputé pour être très progressiste, entend mobiliser le plus grand nombre pour exiger du gouvernement le déblocage d’aides substantielles pour la profession.

Pour cela, il met en avant ses récriminations, composant ainsi un inventaire à la Prévert, contre les normes environnementales, contre la baisse du prix de la viande bovine, contre la hausse des taxes, contre l’accord de libre échange européen avec la Nouvelle-Zélande, contre la baisse des aides à la bio, contre la faiblesse des réponses de la justice face aux vols de carburant et de matériel dans les fermes, contre les importations ne respectant pas nos normes, problèmes d’eau (bassines, irrigation…), contre la pression des grandes surfaces qui entraînent les prix de production à la baisse, contre l’agribashing, contre l’ours et le loup, contre les difficultés rencontrées dans les filières laitières, ovine, viticole…, pour une meilleure prise en compte de la sécheresse ou des inondations.

Si après une telle énumération, non exhaustive, chacun n’y trouve pas une justification à sortir de sa ferme…

C’est bien dans l’esprit et la pratique de la FNSEA de faire manifester ensemble les céréaliers qui se sont gavés ces dernières années tant les cours des céréales étaient soutenus, avec des franges importantes de paysans, souvent éleveurs, sous-smicards, voire à revenu négatif… C’est l’essence même du corporatisme de faire croire à des intérêts communs. Ce n’est pas demain la veille qu’on défendra la lutte de classe à la FNSEA.

Cette mobilisation qui essaie de faire croire à un rapport de force réel avec le gouvernement, n’est qu’une farce, même si à l’occasion leurs relations peuvent s’avérer rugueuses ! Cela fait bien longtemps que FNSEA et CNJA (Centre national des jeunes agriculteurs, appendice de la FNSEA) cogèrent la politique agricole avec l’État, au point que dans les années 1980, le leader de la FNSEA est devenu ministre de l’Agriculture !

Ce même État qui entend augmenter les subventions publiques à ce syndicat, déjà bien riche par ailleurs, et diminuer d’un quart celles de la Confédération paysanne (- 500 000 euros), tout comme pour les autres syndicats minoritaires, Coordination rurale et Modef.

Ces derniers jours, la FNSEA qui se prétend toujours tellement attachée à une agriculture familiale à capitaux familiaux, n’a pas moufté quand une des plus grosses coopératives française, la Cooperl, a pris le contrôle de sept fermes bovines et porcines.

Dans cette crise agricole, la seule issue est de soutenir les plus petits paysans, qui sont les plus nombreux, d’encourager l’installation massive de jeunes et de consolider ceux déjà installés. Pour garantir la sécurité alimentaire, sortir du chaos climatique et faire vivre correctement les paysans, il faudra planifier l’agriculture et donc ne pas la laisser aux mains des exploitations industrielles et des firmes capitalistes !

Marty Leterrien  25 novembre 2023

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22 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

seux sèvres (yonne l’autre)

Manifestation pour l'ecole laique a Vincennes le 19 Juin 1960.©Delius/Leemage

Deux-Sèvres : Rassemblement de soutien aux 9 camarades inculpés

Suite du méga-procès des méga-bassines et de la liberté de manifester  28 novembre à partir de 8H devant le tribunal de Niort

Pour la démocratie, les droits, la justice sociale

 Rassemblement de soutien aux 9 camarades inculpés – Suite du méga-procès des méga-bassines et de la liberté de manifester – 28 novembre à partir de 8H devant le tribunal de Niort

Déroulé de la journée :
8h – 10h : rassemblement devant le tribunal de Niort
10h – 10h30 : déambulation jusqu’au Patronage Laïque
13h : méga-bassine tour
10h30 – 18h : débats, théâtre et projection de film au Patronage Laïque
18h : retour devant le tribunal si les accusés ne sont pas sortis.

Programme au Patronage Laïque :
- 4 représentations théâtrales,
- Le matin un débat contre les répressions militantes avec les membres des bureaux nationaux de nos organisations
- L’après midi un débat sur l’eau avec chercheurs et représentants syndicaux et d’associations, puis projection du film « Apocalypse Eau »

Appel pour le rassemblement de soutien aux 9 camarades inculpés

Le mardi 28 novembre prochain, aura lieu la suite du procès (du 8 septembre) des 9 personnes jugées pour des manifestations menées contre les projets de méga-bassines et l’accaparement de l’eau.

Une poignée d’individus est ciblée par la justice alors que ce sont bien + de 200 organisations, collectifs, syndicats, associations, partis… et des dizaines de milliers de personnes qui ont pris part aux manifestations et aux actions de désobéissance contre les méga-bassines.

Pour rappel, la majorité des prévenus est accusée d’avoir organisée une manifestation interdite. Or, depuis ces deux dernières années, toutes les manifestations d’ampleur contre les méga-bassines se sont vues être systématiquement interdites par arrêtés préfectoraux. Ces mesures scandaleuses visent à nous priver de nos libertés fondamentales en touchant à nos droits de manifester, de s’exprimer, de désobéir…

Par tous les moyens, le pouvoir en place tente de museler toute forme d’opposition et de contestation de ses politiques mortifères. En vain. Ses tentatives de dissolution des Soulèvements de la terre ont échoué et sa volonté d’anéantir le mouvement n’a fait que le renforcer et l’étendre davantage !

Plus personne n’ignore les graves problèmes que cause l’agro-industrie et qu’il y a urgence à agir. Les preuves ne sont plus à apporter. C’est pourquoi, il est grand temps que les décideurs politiques revoient entièrement la manière dont sont effectuées la gestion de l’eau et l’agriculture. Ils doivent mettre en place des politiques qui soient plus pérennes et qui tiennent compte des besoins de tous les usagers de l’eau, humains et non humains.

Une sortie vers le haut est possible, à travers notamment la proposition d’un moratoire sur les projets de méga-bassines. Elle fera d’ailleurs très prochainement l’objet d’une proposition de loi devant l’Assemblée nationale. Qu’ils/elles s’en saisissent !

Quoi qu’il en soit, nous poursuivrons la lutte jusqu’à l’abandon définitif des projets de méga-bassines. Bassines Non Merci, les Soulèvements de la terre appellent d’ores et déjà à une prochaine grande mobilisation internationale qui aura lieu dans le Poitou à l’été 2024, un appel que nous préciserons lors des conférences de presse du 28 novembre et des communiqués à venir.

En attendant, soyons nombreux.ses le 28 novembre pour exprimer notre solidarité avec les personnes et organisations mises en cause et pour continuer de défendre l’eau comme commun.

Rendez-vous à partir de 8H près du tribunal de Niort pour des prises de paroles et accompagner les prévenus (rue du palais) jusqu’à 10h. Puis, nous poursuivrons la journée au patronage laïque jusqu’à 18h. Enfin retour devant le tribunal si les accusés ne sont pas sortis

No Bassaran !

La CGT, Solidaires, la FSU, La Confédération paysanne, Les Soulèvements de la Terre et Bassines Non Merci

https://yonnelautre.fr/

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20 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

fermes usines ( fr3 )

 

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Contre les « fermes-usines », Greenpeace déverse du lisier devant le ministère de l’Agriculture

Faux poulets de batterie, vraies algues vertes et purin: des militants de l’ONG environnementale Greenpeace ont répandu lundi des milliers de litres de lisier devant le ministère de l’Agriculture. Ils réclament « un moratoire sur les fermes-usines » au nom du bien-être animal et de la protection de la planète.

Arrivés vers 09H00 devant le ministère, une bétaillère contenant un cochon géant gonflable et un camion grillagé transportant des militants déguisés en poulets ont bloqué la rue de Varenne.

Rapidement, des activistes vêtus de combinaisons blanches et d’un T-shirt floqué du slogan « Stop fermes usines », ont commencé à déverser du lisier, un mélange liquide d’excréments animaux servant d’engrais, sur une bande-son de vrais cris de porcs.

Pour la transition écologique et le bien-être animal, Greenpeace demande un moratoire

« Nous avons déversé deux tonnes de lisier pour dénoncer le modèle d’élevage industriel qui, face à la crise environnementale et climatique, doit faire l’objet d’une profonde transformation », a expliqué Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France.

L’opération a pris fin vers 11H00, « onze activistes » ayant été interpellés selon l’ONG.

« Nous demandons un moratoire sur tous les nouveaux projets de construction ou d’extension de fermes-usines en France. Dans le cadre de la transition écologique et pour le bien-être animal, il est nécessaire de déployer d’autres modèles d’élevage », a ajouté Sandy Olivar Calvo.

3000 fermes usines en France, les 2/3 dans l’Ouest

L’ONG place sous l’appellation « ferme-usine » les exploitations devant faire l’objet d’une autorisation des services de l’État en raison de leur impact potentiel: ces fermes peuvent accueillir jusqu’à 750 truies ou plus de 40.000 volailles.

Sur la base de données du ministère de la Transition écologique, Greenpeace recense quelque 3.000 « fermes-usines » en France (sur 145.000 exploitations spécialisées dans l’élevage), principalement de volailles et de porcs. Les deux tiers se concentrent dans l’ouest du pays.

« Ces fermes-usines, c’est 3% de l’élevage qui concentre 60% du cheptel. En Bretagne, cette concentration contribue à polluer les nappes phréatiques et à la prolifération des algues vertes », a affirmé une militante, en désignant des fûts d’algues vertes marqués d’une tête de mort au pied du camion.

L’ONG s’inquiète de la future loi d’orientation agricole, plusieurs fois reportée et désormais annoncée pour début 2024. « Ce texte, qui sera l’unique loi agricole du quinquennat, doit être l’occasion de repenser l’élevage en France », a plaidé Sandy Olivar Calvo, déplorant « un cruel manque d’ambition du gouvernement ».

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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19 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

aluminium (fr3)

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De l’eau potable contaminée par une pollution à l’aluminium après des coupes rases sur le plateau de Millevaches

L’exploitation forestière intensive, et les coupes rases, sont à l’origine de la pollution à l’aluminium de plusieurs captages d’eau potable sur le plateau de Millevaches, selon une étude de l’Université de Limoges. Une consommation excessive d’aluminium pourrait entraîner des maladies neurodégénératives.

L’exploitation forestière intensive, et les coupes rases, sont à l’origine de la pollution à l’aluminium de plusieurs captages d’eau potable sur le plateau de Millevaches, selon une étude de l’Université de Limoges. Une consommation excessive d’aluminium pourrait entraîner des maladies neurodégénératives.

Drouillat est un petit hameau situé à 900 mètres d’altitude sur la commune de Peyrelevade (Corrèze). Depuis deux ans, la quinzaine d’habitants est approvisionnée en eau potable par la mairie, ne pouvant plus boire l’eau du robinet. Les habitants stockent les packs d’eau minérale dans une grange des environs.

En cause, une pollution à l’aluminium de l’eau du captage, située quelques kilomètres plus haut. Plus d’une dizaine de sources seraient dans le même cas sur le plateau de Millevaches. Nous n’avons pas pu obtenir une liste exhaustive.

Exploitation forestière intensive

Il y a sept ans, le terrain, qui se situe au-dessus du captage d’eau de Drouillat, a fait l’objet d’une coupe rase. D’après Gilles Guibaut, chimiste et directeur du laboratoire E2LIM à l’université de Limoges, « Il y a naturellement plusieurs pourcents d’aluminium en masse dans le sol de la région. Il est peu mobile. Par contre, des conditions externes peuvent le libérer et l’amener vers l’eau. »

L’exploitation forestière intensive implique une forte densité d’arbres qui génère beaucoup de matière organique. C’est en se décomposant que cette matière organique créée de l’acidité qui rend l’aluminium mobile.

À travers son étude, l’Université de Limoges a démontré que les coupes rases sont un facteur aggravant. En effet, le terrain est alors littéralement labouré par les machines, et l’aluminium est d’autant plus facilement libéré.

Nous recommandons de ne plus travailler le sol post exploitation forestière, et de ne plus effectuer de coupes rases. Il faut plutôt faire de la coupe sélective pour conserver une qualité de sol qui ne relargue pas d’aluminium.Gilles Guibaut, directeur du laboratoire E2LIM – Université de Limoges

Le budget de la commune de Peyrelevade

L’autorité qui a effectué des analyses et interdit la consommation de l’eau potable de Drouillat n’est autre que l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine.

Elle préconise au maire de Peyrelevade de raccorder Drouillat à une autre source. Malheureusement, le hameau se situe à trois kilomètres du reste du réseau. La petite commune de 830 habitants devrait payer 175 000 euros pour raccorder seulement une quinzaine d’habitants. Autant dire que c’est impossible et que la situation est bloquée.

Alors le maire espère secrètement que le taux d’aluminium finira par redescendre naturellement. Sept ans après la coupe rase, il est encore très élevé.

Problématique inconnue des propriétaires forestiers ? 

La fédération des syndicats de propriétaires forestiers (Fransylva), dont certains adhérents exploitent la forêt limousine, affirme ne pas connaître la problématique de pollution à l’aluminium. Pourtant, cet aluminium entrave le bon développement des jeunes arbres replantés, selon les mêmes chercheurs :

L’aluminium est toxique pour les nouveaux plants et empêche leur croissance. Gilles Guibaut, directeur du laboratoire E2LIM – Université de Limoges France 3 Limousin

Autant dire que les exploitants forestiers auraient tout intérêt à tenir compte des recommandations de l’Université de Limoges.  L’aluminium, consommé à trop forte dose par l’être humain, pourrait provoquer des maladies neurodégénératives, comme Alzheimer.

Le lien entre l’aluminium et Alzheimer fait cependant l’objet d’une controverse scientifique.

16/11/2023 Franck Petit

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18 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

couple bio (basta)

«<small class="fine d-inline"> </small>Elle ne s'intéressait pas à la ferme<small class="fine d-inline"> </small>» : chez les néopaysans, le couple à l'épreuve

« Elle ne s’intéressait pas à la ferme » : chez les néopaysans, le couple à l’épreuve

Quand de nouveaux paysans s’installent, la dimension intime passe souvent au second plan. Et si le couple peut être à l’origine du changement de vie, voire en devenir le ciment, il souffre aussi face aux réalités du quotidien.

Il ne fait pas encore jour quand Yseult enfourche son vélo dans les rues vides de Paris, direction la gare de l’Est. Chaque jour, elle y prend le Transilien vers le lieu de sa deuxième vie : la ferme Saint-Augustin, en Seine-et-Marne, où elle est devenue maraîchère bio. Le paysage urbain plongé dans l’obscurité défile sous ses yeux, jusqu’à laisser place aux premiers champs couverts par la rosée du matin. Ce soir, après avoir aéré les serres et récolté les rutabagas, elle fera le chemin en sens inverse pour retrouver Maria, sa compagne, infirmière en soins palliatifs à l’hôpital, où elle-même a officié pendant treize ans comme sage-femme.

Les débuts de sa reconversion, il y a huit ans, ont mis à l’épreuve son couple, entre rythme effréné et doutes sur la viabilité du projet. « Les allers-retours entre Paris et la ferme étaient difficiles à gérer, se rappelle Yseult. J’avais peur d’échouer dans ma reconversion, tous nos échanges tournaient autour de la ferme. Sans compter que Maria nous aidait tous les dimanches. On partageait peu de choses en dehors de l’installation. » Avec le recul, se lancer seule dans l’aventure du maraîchage a aussi présenté quelques avantages, comme le maintien d’un salaire fixe dans le couple, « une béquille le temps de pouvoir me verser un salaire correct à la ferme », soutient-elle.

Tous les couples ne résistent pas aussi bien à l’épreuve de l’installation. Pour les paysans non issus du monde agricole, qui représentaient en 2017 62,4 % des nouveaux agriculteurs selon une étude du ministère de l’Agriculture, il arrive souvent que le couple périclite peu après le changement de vie, les réalités du quotidien agricole venant noircir la feuille de route et ses idéaux. Pénibilité, interminable attente de la pluie, précarité financière, lourdeurs adminis-tratives… « D’abord, le conjoint va accepter ce changement radical de vie, s’y complaire, même, jusqu’à ce qu’il réalise que tout cela demande trop de sacrifices » explique Jade Jourdan, chargée de mission pour l’association d’aide à l’installation Abiosol, témoin de beaucoup de séparations.

« Ma compagne m’a quittée au moment où je changeais de région pour poursuivre mon projet de reconversion agricole », raconte Marie, 32 ans, qui a laissé derrière elle le milieu de l’édition à Paris pour devenir maraîchère. Au moment de son déménagement pour occuper un poste d’ouvrière agricole en Seine-et-Marne, son couple, déjà fragilisé, a définitivement éclaté. « En plus de la distance, elle ne s’intéressait pas à la ferme, quand moi, je m’y projetais avec elle. Quand on travaille dans le monde agricole, on est un peu l’indélogeable. C’est à l’autre de faire les concessions », reconnaît Marie.

Dissocier le couple de l’équipe

Quand l’installation est un projet commun, les précautions sont nombreuses pour préserver le couple. Dans leur ferme, située à Pussay (Essonne), Florent et Sylvie, couple de maraîchers et parents de deux filles, démarrent leurs journées sur la même lignée de betteraves. Chaque jour, ils plongent leurs mains dans la même terre et reposent leurs corps sur le même canapé, et ce depuis plus de dix ans. La recette de leur longévité : s’imposer du temps en dehors de la ferme, qui ne doit pas virer à l’obsession. « Si on ne dissocie pas le couple de l’équipe, ça peut coincer rapidement, sur tous les plans », affirme Sylvie en remplissant activement les cagettes de légumes.

Le travail paysan, qui ancre le couple dans un territoire pour plusieurs années et dont la charge de travail fluctue au fil des saisons, nécessite une cloison claire. « Beaucoup d’agriculteurs souffrent d’une grosse confusion identitaire entre la sphère personnelle et la sphère professionnelle car, le plus souvent, la maison est située sur l’exploitation. À table, avec sa conjointe et ses enfants, on ne parle que de la ferme », relate François-Régis Lenoir, agriculteur et docteur en psychologie, spécialiste des risques psychosociaux dans le monde paysan.

« Plusieurs fois, j’ai voulu tout quitter »

Trente ans après les turbulences de l’installation, Cristiana et Emmanuel, gérants d’une ferme céréalière et d’un fournil, témoignent de l’ampleur du défi à relever. Après un coup de foudre mutuel aux Philippines en 1993, Cristiana, 20 ans à peine, quitte son Italie natale pour rejoindre Emmanuel à Villiers-le-Bâcle (Essonne), lieu de la ferme familiale depuis 1920. « Bien sûr, j’ai essayé de le faire venir dans mon monde. Mais j’ai échoué, car la terre, on ne la bouge pas », sourit-elle. Quand elle débarque dans son quotidien, étrangère à la pénibilité du travail agricole et aux « machines compliquées », la solitude l’envahit rapidement.

« Je vivais à Rome, j’étais habituée à l’euphorie, et j’ai débarqué dans un milieu agricole traditionnel de droite plutôt rude », se souvient-elle sans nostalgie. Exprimant le besoin de bâtir un projet commun, ils reprennent alors la ferme familiale, qu’ils passent peu à peu au bio, poussés par la volonté de Cristiana, déjà végétalienne et sensible à la pollution des sols. Son plus gros motif d’épuisement à l’époque : la difficile reconnaissance à gagner au milieu des agriculteurs conventionnels, majoritairement des hommes. « Plusieurs fois, j’ai voulu tout quitter, repartir en Italie. Mais l’amour nous a toujours réunis », assure Cristiana.

Se réapproprier le modèle familial agricole

Qu’ils se lancent dans l’aventure ensemble ou séparément, la plupart des nouveaux paysans, qui privilégient une pratique raisonnée de l’agriculture et accordent plus de temps à leur vie privée, se réapproprient dans le même temps le modèle familial traditionnel. « Dans le monde rural, ça reste le modèle à l’ancienne de l’agriculteur et la femme de l’agriculteur, qui n’a pas de statut propre, qui suit le projet de son mari. Je ne m’y retrouvais pas », déplore Yseult.

« Si le nombre de divorces dans l’agriculture a toujours été sensiblement inférieur au reste de la société, c’est parce qu’il laisse sans emploi et sans logement celui des deux partenaires qui n’est pas propriétaire de l’exploitation, le plus souvent la femme », affirme Sandra Contzen, sociologue spécialiste des inégalités dans le monde agricole. Faire famille autrement était l’une des priorités de Florent et Sylvie quand l’idée de leur reconversion s’est concrétisée. « On a divisé l’exploitation en deux parts égales et on travaille sous le même statut », précisent-ils.

Malgré des compromis personnels, les couples de paysans peuvent subir des décisions qui les dépassent. Menacés par la construction de la ligne du métro du Grand Paris Express qui va bétonner leurs champs, Cristiana et Emmanuel évoquent une charge mentale supplémentaire, qui a poussé Cristiana à créer Zaclay, la zone à défendre (zad) du plateau de Saclay, finalement démantelée en juin après plus d’un an de lutte. Leur agenda occupé par le militantisme, le travail agricole et administratif laisse peu de place à leur couple. « On arrive à un âge où on devrait passer plus de temps ensemble et flâner, comme un couple à la retraite, mais c’est impossible. En tout cas pour le moment », tempère Emmanuel.

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17 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

glyphosate ( ecologistas)

glyphosate ( ecologistas) dans Altermondialisme 10-anos-mas-de-glifosato

Glyphosate

Les États membres de l’UE réunis au sein de la commission de recours, ne sont pas parvenus à atteindre la majorité nécessaire pour maintenir l’autorisation d’utilisation du glyphosate.

En l’absence d’accord, la Commission renouvellera l’approbation du glyphosate pour une période de 10 ans, sous réserve de certaines nouvelles conditions et restrictions, notamment l’interdiction de son utilisation comme dessicant avant récolte et la nécessité de certaines mesures pour protéger les non-produits. -organismes cibles.

En prolongeant le permis pour le glyphosate, la Commission évite les plaintes qu’elle pourrait recevoir de la part d’entreprises produisant des herbicides, qui seront illégaux au 15 décembre 2023.

Ecologistas en Acción estime que l’extension du glyphosate menace la biodiversité et la santé des personnes, comme l’indiquent de nombreuses études scientifiques.

La plus récente, celle de l’Institut Ramazzini, établit la relation entre l’utilisation de faibles doses d’herbicides à base de glyphosate et l’apparition précoce de leucémies.

Par ailleurs, il existe des alternatives à l’utilisation du glyphosate, comme le montrent les nombreuses exploitations agricoles qui ont volontairement abandonné son utilisation.

Continuer à autoriser sa vente permettra à l’Espagne de continuer à « nager dans le glyphosate » – avec plus de 34 % de ses points de prélèvement contaminés par le toxique – et s’opposera à ce que souhaitent 62 % des habitants de l’UE, favorables à son interdiction.

Kistiñe García, porte-parole d’Ecologistas en Acción, a déclaré : « Avant, la Commission montrait au moins son inconfort lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions totalitaires comme celle-ci, mais depuis la guerre en Ukraine, elle a ouvertement pris parti en faveur de l’industrie chimique sans rougir. » .

Koldo Hernández, également porte-parole de l’organisation, a ajouté : « À cela s’ajoute le soutien inconditionnel du MAPA, qui exprime ouvertement que sa responsabilité prioritaire est le secteur qui utilise cet herbicide, au lieu de garantir un haut niveau de protection de la santé humaine. l’environnement, comme le prévoit expressément le règlement européen.

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13 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

voitures électriques ( reporterre )

Les voitures électriques assoiffent les pays du Sud
.Bou Azzer (Maroc)
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Les voitures électriques assoiffent les pays du Sud

Pour extraire des métaux destinés aux voitures électriques des pays les plus riches, il faut de l’eau. Au Maroc, au Chili, en Argentine… les mines engloutissent la ressource de pays souffrant déjà de la sécheresse.

Batteries, moteurs… Les voitures électriques nécessitent des quantités de métaux considérables. Si rien n’est fait pour limiter leur nombre et leur poids, on estime qu’elles pourraient engloutir plusieurs dizaines de fois les quantités de cobalt, de lithium ou de graphite que l’on extrait aujourd’hui.

Démultiplier la production minière dans des proportions aussi vertigineuses a une conséquence directe : elle pompe des ressources en eau de plus en plus rares. Car produire des métaux exige beaucoup d’eau. Il en faut pour concentrer le métal, pour alimenter les usines d’hydrométallurgie, pour les procédés ultérieurs d’affinage ; il en faut aussi pour obtenir les solvants et les acides utilisés à chacun de ces stades, et encore pour simplement limiter l’envol de poussières dans les mines. Produire 1 kilogramme de cuivre peut nécessiter 130 à 270 litres d’eau, 1 kg de nickel 100 à 1 700 l, et 1 kg de lithium 2 000 l [1].

Selon une enquête de l’agence de notation étatsunienne Fitch Ratings, les investisseurs considèrent désormais les pénuries d’eau comme la principale menace pesant sur le secteur des mines et de la métallurgie. Elle estime que « les pressions sur la ressource, comme les pénuries d’eau localisées et les conflits d’usage, vont probablement augmenter dans les décennies à venir, mettant de plus en plus en difficulté la production de batteries et de technologies bas carbone ». Et pour cause : les deux tiers des mines industrielles sont aujourd’hui situées dans des régions menacées de sécheresse [2].

L’entreprise anglaise Anglo American, cinquième groupe minier au monde, admet que « 75 % de ses mines sont situées dans des zones à haut risque » du point de vue de la disponibilité en eau. La voiture électrique devait servir à lutter contre le réchauffement climatique. Le paradoxe est qu’elle nécessite de telles quantités de métaux que, dans bien des régions du monde, elle en aggrave les effets : la sécheresse et la pénurie d’eau.

Au Maroc, la mine de cobalt de Bou Azzer exploitée par la Managem, qui alimente la production de batteries de BMW et qui doit fournir Renault à partir de 2025, prélèverait chaque année l’équivalent de la consommation d’eau de 50 000 habitants. À quelques kilomètres du site se trouvent la mine de manganèse d’Imini et la mine de cuivre de Bleida, tout aussi voraces en eau, qui pourraient bientôt alimenter les batteries de Renault. Le groupe a en effet annoncé vouloir élargir son partenariat avec Managem « à l’approvisionnement de sulfate de manganèse et de cuivre ».

Importer de l’eau depuis le désert

Importer du cobalt, du cuivre ou du manganèse depuis la région de Bou Azzer, cela revient en quelque sorte à importer de l’eau depuis le désert. Les prélèvements de ces mines s’ajoutent à ceux de l’agriculture industrielle d’exportation. À Agadez et dans les localités voisines, les robinets et les fontaines sont à sec plusieurs heures par jour en été, alors que la température peut approcher les 45 °C. « Bientôt, il n’y aura plus d’eau, s’insurgeait Mustafa, responsable des réseaux d’eau potable du village de Tasla, lors de notre reportage à Bou Azzer. Ici, on se sent comme des morts-vivants. »

Un des conflits socio-environnementaux les plus graves qu’ait connus le Maroc ces dernières années s’est produit à 150 kilomètres de là, et il porte lui aussi sur l’eau et la mine. Dans la région du Draâ-Tafilalet, dans la commune d’Imider, la Managem exploite une mine d’argent, un métal aujourd’hui principalement utilisé pour l’électricité et l’électronique, en particulier automobile.

D’ailleurs, selon le Silver Institute, « les politiques nationales de plus en plus favorables aux véhicules électriques auront un impact positif net sur la demande en argent métal  ». À Imider, les prélèvements d’eau croissants de la mine d’argent ont poussé les habitants à la révolte. À partir de 2011, incapables d’irriguer leurs cultures, des habitants ont occupé le nouveau réservoir de la mine, allant jusqu’à construire un hameau de part et d’autre des conduites installées par la Managem. En 2019, les amendes et les peines d’emprisonnement ont obligé la communauté d’Imider à évacuer cette zad du désert, mais les causes profondes du conflit perdurent.

Autre exemple : au Chili, le groupe Anglo American exploite la mine de cuivre d’El Soldado, dans la région de Valparaiso. Les sécheresses récurrentes conjuguées à l’activité minière entraînent des coupures d’eau de plus en plus fréquentes. Pour le traitement du minerai, Anglo American est autorisé à prélever 453 litres par seconde, indique Greenpeace, tandis que les 11 000 habitants de la ville voisine d’El Melón n’ont parfois plus d’eau au robinet. En 2020, cette pénurie a conduit une partie de la population à occuper l’un des forages de la mine, comme au Maroc.

Désalinisation d’eau de mer

L’année suivante, les associations d’habitants ont déposé une plainte à la Cour suprême du Chili pour exiger la protection de leur droit constitutionnel à la vie, menacé par la consommation d’eau de l’entreprise minière. Face au mouvement de contestation national No más Anglo (On ne veut plus d’Anglo), le groupe a dû investir dans une usine de désalinisation de l’eau pour alimenter une autre de ses mégamines de cuivre au Chili. Distante de 200 kilomètres, l’usine fournira 500 litres par seconde à la mine de Los Bronces, soit la moitié de ses besoins en eau.

Les entreprises minières mettent souvent en avant des innovations technologiques permettant d’économiser l’eau sur des sites. Dans les faits, les prélèvements en eau de cette industrie ont augmenté de façon spectaculaire ces dernières années : l’Agence internationale de l’énergie note qu’ils ont doublé entre 2018 et 2021.

Cette augmentation s’explique par la ruée sur les métaux critiques, notamment pour les batteries, ainsi que par le fait que les gisements exploités sont de plus en plus pauvres. Comme l’explique l’association SystExt, composée de géologues et d’ingénieurs miniers, « la diminution des teneurs et la complexification des minerais exploités et traités conduisent à une augmentation exponentielle des quantités d’énergie et d’eau utilisées pour produire la même quantité de métal ».

Réduire d’urgence la taille des véhicules

En bref, il y de plus en plus de mines, des mines de plus en plus voraces en eau, et de moins en moins d’eau. Les métaux nécessaires aux batteries jouent un rôle important dans ces conflits, qu’ils aient lieu au Maroc, au Chili ou sur les plateaux andins d’Argentine ou de Bolivie où l’extraction du lithium est âprement contestée par les peuples autochtones. Comme l’écrit la politologue chilienne Bárbara Jerez, l’électromobilité est inséparable de son « ombre coloniale » : la perpétuation de l’échange écologique inégal sur lequel est fondé le capitalisme. Avec les véhicules électriques, les pays riches continuent d’accaparer les ressources des zones les plus pauvres. Surtout, au lieu de s’acquitter de leur dette écologique en réparant les torts que cause le réchauffement climatique au reste du monde, ils ne font qu’accroître cette dette.

Entre une petite voiture de 970 kg comme la Dacia Spring et une BMW de plus de 2 tonnes, la quantité de métaux varie du simple au triple. Pour éviter, de toute urgence, que les mines ne mettent à sec des régions entières, la première chose à faire serait de diminuer la demande en métaux en réduisant la taille des véhicules. C’est ce que préconise l’ingénieur Philippe Bihouix, spécialiste des matières premières et coauteur de La ville stationnaire — Comment mettre fin à l’étalement urbain (Actes Sud, 2022) : « C’est un gâchis effroyable de devoir mobiliser l’énergie et les matériaux nécessaires à la construction et au déplacement de 1,5 ou 2 tonnes, pour in fine ne transporter la plupart du temps qu’une centaine de kilogrammes de passagers et de bagages », dit-il à Reporterre.

« C’est à la puissance publique de siffler la fin de partie et de revoir les règles, estime l’ingénieur. Il faudrait interdire les véhicules électriques personnels au-delà d’un certain poids, comme les SUV. Fixer une limite, ou un malus progressif qui devient vite très prohibitif, serait un bon signal à envoyer dès maintenant. Puis, cette limite pourrait être abaissée régulièrement, au rythme de sortie des nouveaux modèles. »

C’est loin, très loin d’être la stratégie adoptée par le gouvernement. À partir de 2024, les acheteurs de véhicules de plus de 1,6 tonne devront payer un malus écologique au poids. Les véhicules électriques, eux, ne sont pas concernés par la mesure.

LES BESOINS EN MÉTAUX EN CHIFFRES

En 2018, l’Académie des sciences constatait que le programme de véhicules électriques français repose sur « des quantités de lithium et de cobalt très élevées, qui excèdent, en fait et à technologie inchangée, les productions mondiales d’aujourd’hui, et ce pour satisfaire le seul besoin français ! » En clair : si on ne renonce pas à la voiture personnelle, il faudra, pour disposer d’une flotte tout électrique rien qu’en France, plus de cobalt et de lithium que l’on en produit actuellement dans le monde en une année.

L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande de lithium pour les véhicules électriques pourrait être multipliée par 14 en 25 ans, celle de cuivre par 10 et celle de cobalt par 3,5. Simon Michaux, ingénieur minier et professeur à l’Institut géologique de Finlande, a calculé récemment que si l’on devait électrifier les 1,4 milliard de voitures en circulation sur la planète, il faudrait disposer de l’équivalent de 156 fois la production mondiale actuelle de lithium, 51 fois la production de cobalt, 119 fois la production de graphite et plus de deux fois et demie la production actuelle de cuivre [3].

Quelles que soient les estimations retenues, ces volumes de métaux ne pourraient provenir du recyclage, puisqu’ils seraient nécessaires pour construire la première génération de véhicules électriques.

Celia Izoard 13 novembre 2023

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10 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

ong (sherpa)

Déforestation au Brésil : quatre banques françaises visées par une plainte pour blanchiment

BNP Paribas, Crédit Agricole, le groupe BPCE et Axa sont accusés d’avoir tiré profit de la déforestation illégale en Amazonie, en finançant l’industrie brésilienne du bœuf. L’ONG Sherpa, qui s’appuie notamment sur les révélations de Disclose, vient de déposer plainte au Parquet national financier pour blanchiment et recel de délits environnementaux.

En investissant dans les principales entreprises de viande bovine au Brésil, quatre banques françaises se seraient rendues coupables de blanchiment et recel de délits environnementaux. C’est l’objet de la plainte déposée ce mercredi 8 novembre au Parquet national financier (PNF) par l’association Sherpa, en partenariat avec Transparency International, Harvest, le Center for Climate Crime Analysis et Repórter Brasil.

Les ONG reprochent à BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE et Axa d’avoir investi plus de 70 millions de dollars (65 millions d’euros) dans deux géants brésiliens de l’agroalimentaire, JBS et Marfrig.

Ces fonds, apportés sous la forme d’obligations entre 2013 et 2021, auraient directement conduit à des opérations de déforestation illégale en Amazonie. Une fois remboursé aux établissements bancaires français, avec des intérêts, cet argent est retourné dans le circuit monétaire légal.

Ce qui pourrait constituer, selon Sherpa, une opération de blanchiment. Avec cette plainte, l’ONG souhaite que ces établissements puissent être tenus pénalement responsables du financement de la déforestation. Une première en France.

2 000 pages d’enquêtes

À l’appui de sa plainte, l’association cite les nombreuses révélations publiées ces dernières années sur les conséquences de l’élevage intensif au Brésil. « Plus de 2 000 pages d’études scientifiques, de rapports d’ONG et d’enquêtes journalistiques », détaille Jean-Philippe Foegle, chargé de plaidoyer et de contentieux à Sherpa.

Parmi elles, le rapport publié par Disclose en novembre 2022, en partenariat avec plusieurs ONG dont Sherpa, sur le rôle des banques françaises dans la déforestation de l’Amazonie. À l’époque, nous révélions notamment que BNP Paribas avait financé les principales multinationales brésiliennes du bœuf et du soja, qui grignotent des pans entiers de forêts millénaires pour installer illégalement des exploitations.

« Les banques ne pouvaient ignorer ces infractions répétées »

Les méthodes de ces géants de l’agroalimentaire pour cacher l’origine du bœuf sont désormais bien documentées. En juillet 2020, Disclose avait par exemple révélé que le premier producteur mondial de viande bovine, JBS, déplaçait des animaux élevés dans des exploitations illégales vers des fermes autorisées par l’État brésilien, juste avant leur abattage. La viande ainsi « maquillée » était ensuite vendue aux supermarchés européens. Quelques jours après nos révélations, le fonds d’investissement Nord Asset Management s’était décidé à sortir du capital de JBS.

« Les quatre banques que nous attaquons aujourd’hui en justice ne pouvaient ignorer ces infractions répétées », avance Jean-Philippe Foegle, de Sherpa. Il revient désormais au Parquet national financier de décider s’il ouvre une enquête préliminaire sur le fondement de la plainte déposée ce mercredi. Et de confronter directement BNP Paribas, Crédit Agricole, BPCE et Axa à leurs engagements en matière d’’urgence climatique et de préservation de la biodiversité.

https://disclose.ngo/

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