Archive | Luttes paysannes et alimentation

11 mars 2023 ~ 0 Commentaire

ammoniac (fr3)

Des membres du collectif "Bretagne contre les fermes usines" brandissent les noms des 10 communes bretonnes les plus polluées à l'ammoniac
Des membres du collectif « Bretagne contre les fermes usines » brandissent les noms des 10 communes bretonnes les plus polluées à l’ammoniac

Pollution atmosphérique.

La Bretagne émet beaucoup plus d’ammoniac que tout le reste de la France, alerte le collectif Bretagne contre les fermes-usines.

Le collectif Bretagne contre les ferme usines publie un palmarès des communes bretonnes les plus touchées par les émissions d‘ammoniac. Dans son enquête il révèle aussi que la région émet autant d’ammoniac que tout le reste de la France. Les militants accusent les élevages intensifs d’être responsables de ces pollutions  » délétères pour la santé  ».

Avec 178,8 tonnes émises chaque année, la commune de Plouvorn dans le Finistère occupe la première place du classement breton des communes émettrices d’ammoniac.

Sur la deuxième marche du podium, on trouve Bignan dans le Morbihan, avec 83,9 tonnes/an, suivie de près par Plougar (29) avec 75,1 tonnes/an.

Ce palmarès, réalisé par le Collectif Bretagne contre les fermes-usines, reprend les données des déclarations obligatoires 2021 des élevages qui émettent plus de 10 tonnes d’ammoniac par an. Sur son site, le collectif met à disposition des internautes l’ensemble des données collectées et des cartes les synthétisant.

Le collectif précise, par ailleurs, que ces données (accessibles sur le site georisques) n’intègrent pas les émissions des nombreux élevages qui sont en dessous de ce seuil.

La Bretagne émet davantage d’ammoniac que le reste de la France

Les chiffres des émissions cumulées par département sont édifiants.

Le Finistère est le premier émetteur d’ammoniac en France avec 2 506 tonnes déclarées en 2021. Suivent les Côtes-d’Armor et le Morbihan. À eux trois, ces départements bretons émettent au final plus d’ammoniac que tous les départements français cumulés.

Ces informations ne sont pas nouvelles.

En 2021, les journalistes de Splann! avaient réalisé une enquête révélant les niveaux d’émissions d’ammoniac en Bretagne et leur dangerosité pour la santé.

Aussi, dès 2006, le porte-parole d’Eau et rivières de Bretagne, Jean-François Piquot, rédige un rapport sur l’ammoniac, recensant les données du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) : la Bretagne concentre 19 % des émissions nationales de ce gaz de formule NH3.

L’ammoniac à l’origine de la pollution aux particules fines

La Bretagne connaît des épisodes fréquents de pollution aux particules fines. Et l’ammoniac en est un des principaux facteurs.

 » L’ammoniac (NH3) est un composé chimique émis par les déjections des animaux et les engrais azotés utilisés pour la fertilisation des cultures. Son dépôt excessif en milieu naturel peut conduire à l’acidification et à l’eutrophisation des milieux. De plus, il peut se recombiner dans l’atmosphère avec des oxydes d’azote et de soufre pour former des particules fines (PM2,5)  » explique l’ADEME, l’agence de la transition écologique, sur son site internet.

Air Breizh, organisme chargé de mesurer la pollution atmosphérique en Bretagne, rappelle que les particules fines PM2,5 ont des effets délétères sur la santé.

 » Les effets sur la santé sont variés et dépendent de la taille et de la composition chimiques des particules. Les particules les plus grosses sont retenues par les voies aériennes supérieures. Plus elles sont fines et plus elles pénètrent profond dans l’arbre pulmonaire, elles atteignent les voies respiratoires inférieures et peuvent altérer la fonction respiratoire dans son ensemble.

Certaines de ces poussières très fines servent aussi de vecteurs à différentes substances toxiques, voire cancérigènes ou mutagènes (métaux, HAP…), qui sont alors susceptibles de pénétrer dans le sang » peut-on lire sur son site internet. 

Une requête contre l’État

Fort de ces éléments, le collectif Bretagne contre les fermes-usines va déposer une requête contre l’État devant le Tribunal Administratif. « On souhaite engager la responsabilité de l’État pour carence fautive dans le défaut d’encadrement des installations classées  » annonce Thomas Dubreuil, avocat. Il explique, « on a constaté une diminution substantielle des contrôles des inspecteurs de l’environnement et, dans le même temps, une augmentation dramatique des niveaux de créations ou d’extensions d’élevages « .

Le collectif demande un moratoire sur les extensions et créations d’élevages.

Il exige également qu’une planification soit mise en place pour stopper la saturation des pollutions. Il faut « tenir compte du cumul et ne pas autoriser élevage par élevage «  insiste Fanche Rubion. « Ici en Bretagne, on a une extrême concentration et ce n’est plus possible d’accueillir de nouveau élevages, pour le moment » conclut cette adhérente du collectif.

Les militants espèrent que ces données seront prises en compte dans la Loi d’Orientation agricole qui doit être proposée, en juin prochain.

11/03/2023   Maylen Villaverde Avec Murielle Le Morvan

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

Lire la suite

05 mars 2023 ~ 0 Commentaire

l’avenir (brest)

déconstruire l'agroindustrie pour batir une campagne paysanne

.

Bretagne contre les fermes-usines vous convie à un temps de partage le Samedi 18 mars à Brest !

Bretagne Contre Les Fermes Usines est un collectif luttant contre l’agro-industrie productiviste et ses méfaits comme nombre d’entre vous. Nous luttons selon la diversité des tactiques (soutien aux initiatives vertueuses, actions juridiques, lobby auprès des pouvoirs publics, enquêtes et information des citoyen.n.es, manifestations traditionnelles et actions de désobéissance civile).

Dans le cadre de ce weekend, nous souhaitons revenir avec vous sur l’action coup de poing du train de Saint Gérand d’il y a tout juste un an.

Le but de ce week-end est de présenter l’action, de faire connaitre les collectifs alliés présents, d’échanger sur les différentes pratiques propres à chaque collectif, de mettre en lumière l’importance de la pluralité des tactiques, de nouer contact avec d’autres organisations, pour ensemble gagner en efficacité.

Pour cela, nous vous convions à différentes activités : table ronde intitulée « Déconstruire l’agro-industrie pour bâtir une campagne paysanne », débats sur nos moyens de lutte, temps conviviaux, cantine militante, concert et chants.

Se rencontrer c’est également faire vivre le milieu militant et de faire la fête tous et toutes ensemble ! Faisons vivre une écologie joyeuse !

Ce week-end se déroulera à l’Avenir, un lieu autogéré Brestois le Samedi 18 à partir de 15h. N’hésitez pas à nous indiquer votre présence et vos éventuels besoins.

https://terresdeluttes.fr/

Lire la suite

04 mars 2023 ~ 0 Commentaire

pays bigouden (npa)

dessin-surpeche

Plus de 600 personnes étaient réunies ce samedi 25 février à Pont l’abbé  contre la  » décision » de casse des navires dont 25 dans le seul pays bigouden!

En cassant les navires, on ferme les yeux sur l’avenir de la pêche bretonne.

En cherchant à l’affubler de titres ronflants (PAI : plan d’accompagnement individualisé, PSF : plan de sortie de flotte…), pour le rendre plus soft, on essaye de faire oublier la triste réalité.

Il s’agit d’un énième plan de casse que subit la flotte de pêche française. 90 bateaux dont 45 bretons vont disparaître, cette fois à cause du Brexit, du coût exorbitant du gasoil, de la raréfaction de la ressource.  Et ce n’est qu’un début, puisqu’en 2026, la pêche bretonne risque à nouveau de payer cash les conséquences d’une nouvelle diminution des autorisations de pêche dans les eaux britanniques.

Ce plan de casse ne règle en rien les problèmes structurels de la pêche. Pire, en l’absence de toute anticipation, il laisse planer un avenir sombre sur les ports bretons.

Quid de la modernisation et de la décarbonation de la flotte ? Quid de la réflexion internationale nécessaire sur une pêche ou une aquaculture artisanale et responsable, alors que cette énième crise va concentrer les droits de pêche sur les unités restantes ?

Quid du champ libre laissé à d’autres flottes , parfois pilleuses d’océans, pour lesquelles la gestion de la ressource halieutique n’est absolument pas une priorité ? Quid des efforts de gestion des ressources demandés aux pêcheries françaises alors même qu’on laisse débarquer  ou vendre le butin des razzias de ces pilleurs d’océans dans les ports français ?

En cassant les navires, c’est l’emploi que l’on casse !,

Ce plan de casse est en premier lieu un plan de casse social, sans accompagnement, lui. 600 à 700 emplois vont disparaître, 600 à 700 emplois de marins, d’ouvrier-e-s, d’employé-e-s. Il va provoquer un séisme économique dans l’industrie, l’artisanat et le commerce local dont l’activité dépend directement ou indirectement de la pêche.

Comme d’habitude, comme dans les fermetures d’usines, selon le modèle capitaliste, ce sont toujours celles et ceux d’en bas qui trinquent, qui paient le coût de la casse sociale.

Une saignée de 600 à 700 emplois pour lesquels rien n’est prévu !

Lire la suite

03 mars 2023 ~ 0 Commentaire

pays bigouden (lutte ouvrière)

pointe raz ferrand

Marins-pêcheurs : dans la nasse de la crise

Samedi 25 février, plus de six cents personnes étaient réunies à Pont-l’Abbé, dans le Finistère, pour protester contre le plan de sortie de flotte consécutif au Brexit.

Ce dispositif conduit à envoyer à la casse 26 bateaux immatriculés au Guilvinec et à Loctudy, soit la moitié de la flotte de ces ports, à débarquer leurs équipages et à menacer les emplois des travailleurs de la filière.

Sur les 40 000 habitants de la région, le Pays Bigouden, 2 000 vivent de la pêche, directement ou indirectement. Après sa sortie de l’Union européenne, la Grande-Bretagne a restreint l’accès de ses eaux aux pêcheurs des autres pays. Cela a mis de fait des dizaines de bateaux au chômage, précisément ceux qui ont la taille, l’équipement et l’habitude de travailler dans les eaux britanniques.

Pour faire passer la pilule et parce que cela cadre avec leur politique générale de réduction du nombre d’artisans pêcheurs, les pays concernés proposent des plans de sortie de flotte financés par l’Union européenne. L’Irlande dispose ainsi de 75 millions d’euros pour désarmer 57 navires, la France de 65 millions pour 90 navires.

La prime de sortie de flotte est calculée selon la taille du navire et comprend les éventuelles indemnités de licenciement de l’équipage. Le patron du chalutier hauturier du Guilvinec An Triskell, cité par Le Télégramme, indique qu’il percevra 870 000 euros.

270 000 euros serviront à finir le payer le bateau, 200 000 à payer les fournisseurs, 300 000 aux impôts. Il restera 100 000 euros pour payer le prix d’une vie en mer. Six marins seront bons pour pointer au chômage. Et que dire des travailleurs à terre, dans les criées, les usines, la réparation et la logistique, qui perdront leur emploi sans bruit d’ici quelques semaines ?

Au-delà de ce plan conjoncturel post-Brexit, la destruction de la petite pêche et de ses équipages se poursuivra.

Tout simplement parce que la loi du profit, la concentration du capital, l’augmentation de la taille des bateaux et de leurs engins de pêche, ont vidé les eaux européennes de leurs poissons et attisé la concurrence entre les grands armements au détriment des plus petits.

Les règlements de l’UE, les gouvernements, les discours des gestionnaires du système sont bien incapables de mettre fin à cette évolution du capitalisme aussi naturelle que désastreuse.

Paul GALOIS 01 Mars 2023

Lire la suite

03 mars 2023 ~ 0 Commentaire

plélan (npa)

porcs

Fleury Michon : non à la fermeture de l’usine de Plélan-le-Grand

Avec des bénéfices nets de plus de 4 millions, Fleury Michon n’est visiblement pas une entreprise en grande difficulté, quoi qu’en disent leurs dirigeants pour se justifier. Que l’on ne s’y trompe pas, si Fleury Michon ferme l’usine de Plélan-le-Grand (35), c’est pour maintenir les profits des actionnaires de ce groupe coté en bourse.

Il est inacceptable qu’une entreprise puisse supprimer une usine au nom d’un prétendu « Plan de sauvegarde de l’emploi ». Le groupe doit assurer la continuité du salaire et du contrat de travail de ses salariéEs, le financement de cette mesure devant être garanti par le patronat de la branche concernée. Pas unE salariéE ne doit rester sur le carreau.

Ouverture des livres de comptes et contrôle des travailleurEs

Le NPA se prononce pour l’interdiction des licenciements, pour l’ouverture des livres de comptes, la mise à plat des choix budgétaires du groupe, la mise sous contrôle de l’entreprise (quitte à réquisitionner l’usine) de Plélan par les travailleurEs du site.

L’outil de travail, préservé et contrôlé par les travailleurEs, doit alors être mis au service de la reconversion vers une autre production, de qualité, tenant compte des limites de la planète. Qui d’autre que les salariéEs de l’entreprise est en mesure de dire ce que pourrait être une production correspondant aux besoins sociaux de la population, et non aux exigences du marché mondialisé ?

Cette reconversion pourrait être un pas vers une refonte de la filière agroalimentaire, rompant avec cette société qui sacrifie les humains et la nature au profit de quelques-uns, qui détruit l’emploi paysan, ravage l’environnement, mène la vie très dure aux paysanEs et aux salariéEs des usines, qui engendre l’exploitation des animaux et génère une souffrance animale de masse.

Il est temps de se mobiliser ensemble, travailleurEs industriels et de la terre, pour mettre en discussion une alternative autour de la construction de la sécurité sociale de l’alimentation.

Vendredi 3 mars 2023

https://lanticapitaliste.org/

Lire la suite

28 février 2023 ~ 0 Commentaire

sécheresse (courrier)

secheresse 2
Vu de l’étranger.

La sécheresse menace la France

Alors que l’absence de pluie et de neige bat toujours des records dans le pays, la France s’est lancée dans la recherche de solutions, en prévision d’un été particulièrement périlleux.

La France se prépare à des restrictions d’eau. Face à une sécheresse hivernale record signalée la semaine dernière – trente-deux jours sans pluie –, l’inquiétude est arrivée au sommet de l’État. Présent samedi 25 février au Salon de l’agriculture, à Paris, Emmanuel Macron a appelé à un “plan de sobriété” pour l’eau, à l’image de ce qui a été fait pour l’énergie.

Ce lundi 27 février, les préfets étaient convoqués par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, pour coordonner la lutte contre la sécheresse, rapporte Bloomberg : “Parmi les mesures envisagées, des restrictions pourraient être imposées localement par arrêté pour les particuliers et les agriculteurs, dans les régions qui le nécessitent”, écrit le média financier américain. La France tente d’anticiper et d’éviter l’urgence. “Après une grave sécheresse l’année dernière, les niveaux d’eau étaient déjà très bas, et la situation a encore été aggravée cet hiver par des précipitations inférieures aux moyennes, en particulier sur le mois de février qui devrait être le plus sec jamais enregistré depuis 1959.”

De son côté, Die Welt s’alarme de la situation dans les Alpes. En France, en Suisse, en Italie, et partiellement en Autriche, la neige fait défaut cet hiver, et la sécheresse guette, écrit le quotidien allemand. “Ce manque de pluie s’explique par la présence d’anticyclones qui agissent comme un bouclier sur l’Europe occidentale en bloquant les précipitations.” La situation n’est pas inédite, selon un météorologue interrogé par le journal : “Il y a une soixantaine d’années, on avait également connu des périodes de très faibles précipitations en raison de la distribution des températures à la surface des terres et des océans.”

Toujours outre-Rhin, lemagazine Stern s’inquiète de la situation dans le sud-ouest français. Ici, “les sols fissurés et les cours d’eau à sec témoignent du manque d’eau dramatique, conséquence du changement climatique anthropique”.

De ce fait, les Pyrénées-Orientales “s’exposent cette année à des feux de forêt particulièrement violents et précoces”, prévient le journal de Hambourg. Depuis le début de l’année, 90 hectares sont déjà partis en flammes, quatre fois plus qu’à la même période en 2022.

Courrier international

Lire la suite

28 février 2023 ~ 0 Commentaire

eau (la conf’)

eaux

https://www.confederationpaysanne.fr/

Lire la suite

09 février 2023 ~ 0 Commentaire

andré gorz (reporterre)

andregorz

André Gorz, immortel défenseur d’une « société du temps libéré »

Né le 9 février 1923, en Autriche, André Gorz, un des pionniers d’une écologie politique sociale, aurait eu 100 ans aujourd’hui. L’occasion de revenir sur ce qui l’animait et sur ce qu’il a imaginé pour sortir de notre impasse.

Il avait la voix légère, les idées fortes. Marxiste, André Gorz ne se rallia à l’écologie que tard, la cinquantaine venue, mais le fit avec la passion du découvreur de trésor. Il lui apporta un socle politique encore solide, et une dimension sensible, propre à l’émanciper de la technologie et des chiffres. Surtout, ce pionnier de l’écologie sociale expliqua à ses frères et sœurs humains que l’écologie, c’était eux. Un arbre qui tombe, c’est un peu d’ombre et de douceur en moins, une rivière polluée, c’est une région qui meurt à petit feu.

Pour les aider à ne pas se laisser déposséder de leurs terres, de leur ciel, de leur joie de vivre, et retrouver le temps de défendre leurs biens, cet escogriffe à l’air déplumé a imaginé une « société du temps libéré ». Un projet d’écologie sociale, anti-technocratique et autogestionnaire. Son plus gros coup, avec sa quinzaine de livres publiés, qui gardent le secret de sa fabrique. Pas mal, non, pour un autodidacte, mi-philosophe mi-journaliste ?

Une « société du temps libéré »

André Gorz n’est pas né les pieds dans la boue ni la tête dans les nuages. Il est arrivé au monde en Autriche, à Vienne, un sombre 9 février de 1923, en pleine ascension de l’extrême droite nazie. Comme le Grec Cornelius Castoriadis, autre penseur d’une écologie politique citoyenne, il a ressenti, jeune, dans sa chair, le poison du fascisme. Comme lui aussi, il va passer sa vie à façonner une pensée qui permette de tenir tête aux autoritarismes de tous bords, et de rouvrir l’horizon : ce sera l’écologie politique, en tant qu’elle s’appuie sur la recherche de l’autonomie.

Pour Gorz, cela commence par la découverte de l’existentialisme, philosophie sartrienne qui invite à se découvrir par la mise au jour de ses déterminations familiales, sociales, etc., pour mieux décider de sa vie. Il la mettra en application dans son premier livre publié, Le Traître (1958), que Sartre, devenu un ami, préfacera. Cette phénoménologie existentielle sera le socle de sa pensée politique, comprise comme un moyen de favoriser l’accomplissement des individus, et de les accompagner dans la définition de leurs fins communes. Sa « société du temps libéré » s’en souviendra : rouvrir l’avenir, c’est permettre aux individus de se dégager du travail (contraint) pour penser et construire, ensemble, le monde dans lequel ils veulent vivre.

Dès La Morale de l’histoire (1959), il peaufine une « critique de l’aliénation », pour montrer combien ce travail obligatoire prive le travailleur de son sens du jugement et de l’initiative, le réduisant à un « chômeur intérieur ». « Notre vraie “misère” est là : [devoir] gagner sa vie, c’est la perdre, en perdre le goût », écrira-t-il dans Misère du présent, richesse du possible. Il va devenir un féroce défenseur de la baisse du temps de travail.

Devenu journaliste à Paris en 1951, il multiplie les articles batailleurs, comme « L’idéologie de la bagnole », aux Temps modernes, la revue de Sartre, au Nouvel observateur, journal qu’il a cofondé en 1964 avec Jean Daniel et d’autres, et bientôt au Sauvage, journal créé en 1973 qui fera beaucoup pour faire connaître la réalité de l’énergie nucléaire.

Plutôt que de soutenir le mythe d’un prolétariat révolutionnaire qui amènerait automatiquement le renversement du capitalisme et la révolution, il instruit un dossier à charge contre le capitalisme. Il développe ainsi une critique très originale de la « culture croissanciste », montrant comment elle maintient les travailleurs sous emprise pour en faire des consommateurs addicts. Il dénonce marketing, séries, publicité, et leur « mythologie » de la rivalité et de la possession.

Mai 68, berceau de l’écologie sociale

Puis arrive Mai 68. Son effervescence contestataire et ses désirs de « changer la vie ». Il va découvrir là à quel point l’écologie est foncièrement subversive : ne montre-t-elle pas combien le capitalisme est criminel ? Non seulement il détruit les « mondes vécus » des individus, avec sa propagande et son esclavage salarial, mais aussi les milieux de vie, l’habitabilité de la Terre. Cela fonde son écologie sociale.

Avec Mai, le souci environnemental devient une question politique centrale. Pour ne citer que quelques exemples, les conflits autour du parc de la Vanoise, puis du camp du Larzac mobilisent l’opinion tout entière. Le rapport Meadows alerte les décideurs mondiaux des dangers d’une croissance illimitée. René Dumont met au cœur de la première campagne présidentielle écolo la réduction de la journée de travail à quatre heures, pour appeler à la limitation productiviste.

Avec Mai 68, le souci environnemental devient une question politique centrale. 

Comme journaliste, Gorz va poser le cadre d’une écologie politique conséquente, pour réellement protéger l’environnement et les êtres qui y vivent. Dans un article fondateur, « Leur écologie et la nôtre » (1974), qui précède deux livres aux titres éloquents, Écologie et Politique (1975) et Écologie et Liberté (1977), ce révolté combatif démontre que le capitalisme est incapable de devenir « écologique ». Pourquoi ? Parce que ce n’est pas dans sa logique d’accroissement des profits. Qu’on pense au développement de l’économie numérique et de la voiture électrique, et l’image est plus nette.

En définitive, conclut-il, le capitalisme poursuivra la prédation sans limites des ressources et la destruction des milieux de vie. Soucieux de maintenir leurs marges, les patrons devront bientôt faire payer les coûts de la dépollution au consommateur final, en augmentant le prix des produits. Ce qui ne saurait manquer d’aggraver les conflits sociaux, et risque d’entraîner une évolution écofasciste des États s’ils se posent en soutien de la domination capitaliste.

Marx et l’écologie, pour le meilleur

Pour déjouer cette farce tragique, écrit-il, un seul moyen, « arracher [au capital] la maîtrise des opérations, et lui opposer un tout autre projet de société et de civilisation ». Après la publication d’Adieux au prolétariat (1981), Gorz propose un projet d’écologie sociale orienté vers la « décroissance choisie » et la « vie bonne » : la « société du temps libéré » [1].

Ce projet propose de rompre la dépendance de chacun au travail (contraint) par une redistribution des richesses, avec l’octroi d’un revenu universel garanti à vie — suffisant pour éviter le recours au « travail indigne », sans encourager l’inactivité. Fini, la « religion du travail » imposée par le Capital, de droite comme de gauche.

Le but est de dégager du temps pour permettre aux citoyens de restaurer leur environnement et de reconquérir leur pouvoir d’agir et de décider, notamment des choix de production dans le cadre d’une planification. En gros, le communisme libertaire de Marx, sans la toute-puissance de l’État et dans le respect des besoins de l’individu.

Comment faire ? Dans les années 1980, Gorz a vu le travail salarié à temps plein s’effilocher, et la précarité s’aggraver. « Il pensait, témoigne Willy Gianinazzi, son biographe, que les transformations viendraient des personnes précaires, et s’est donc rapproché des mouvements de chômeurs. » L’important était aussi à ses yeux de faire évoluer les luttes syndicales, vers la prise en compte des questions écologiques et sociales, et d’entraîner le mouvement écologique à asseoir sa « base de classe », en faisant siens les combats des classes populaires.

Une démocratie sociale et écologique ne saurait, selon Gorz, s’édifier sur la fascination des « technologies verrou », celles qui, comme le nucléaire, asservissent parce qu’elles dominent. Dès les années 1960, il développe une réflexion très intéressante sur le technicisme (ou technologie à outrance), en démontrant son lien avec la personnalité autoritaire et son besoin de réassurance existentielle. En lui préférant les technologies low-tech, il cherche à revaloriser l’autonomie des individus et leur expérience sensible du monde.

Emporté par le désir de « forcer la technique à accoucher d’une utopie », il s’égarera un peu, au début des années 2000, en imaginant que les technologies de l’information naissantes pourraient diffuser une culture conviviale « à l’échelle du globe, pour mettre en commun inventions, idées, découvertes ». C’était au début de l’essor d’internet, et il vivait déjà retiré à Vosnon, dans l’Aube.

Écologie, amour et féminisme

Gorz a en effet pris une retraite à 60 ans, pour prendre soin de Doreen, son épouse depuis 1950, malade. Une vingtaine d’années plus tard, ses souffrances augmentant, il écrira Lettre à D, où il annonce à mi-mots leur suicide commun, pour ne pas « avoir à survivre à la mort de l’autre ».

Doreen étant atteinte d’une maladie dégénérative, André Gorz annonce, dans « Lettre à D », leur suicide commun pour ne pas « avoir à survivre à la mort de l’autre ». 

Livre d’hommage à la femme aimée d’une rare tendresse, et récit autobiographique, Lettre à D est aussi une critique très subtile de l’ambivalence masculine envers l’amour et l’attachement, sur un tempo écologique. Pourquoi, se demande Gorz, ai-je tant négligé l’importance pour moi de notre relation dans Le Traître, alors qu’elle m’a permis de me réconcilier avec la vie ? Parce que, répond-il, j’étais moi aussi porteur de cette déconsidération du sensible, de la nature, des valeurs dites « féminines », au profit exclusif de la rationalité promue par la modernité européenne. Une manière sensible de rappeler, dans ce dernier livre paru de son vivant, que l’écologie politique est aussi un combat culturel.

André Gorz semble désormais parler depuis un temps révolu. En même temps, à considérer la vitalité des mouvements sociaux et le foisonnement des initiatives citoyennes, on se demande parfois si son écologie sociale n’aurait pas plutôt pris de l’avance.

Catherine Marin 9 février 2023

https://reporterre.net/

Lire la suite

05 février 2023 ~ 0 Commentaire

bassines (libération)

bassines
Partage de l’eau

Charente-Maritime : le Conseil d’Etat confirme l’interdiction de remplir les bassines

Le Conseil d’Etat rejette ce vendredi le pourvoi des irrigants concernant le remplissage de cinq bassines controversées de Charente-Maritime.

Les agriculteurs pataugent avec leurs bassines. Le Conseil d’Etat a confirmé vendredi l’interdiction de remplir les cinq «bassines» controversées à usage agricole, qui font l’objet de nombreuses manifestations en Charente-Maritime. Dans un avis dont l’AFP a obtenu une copie, le Conseil d’Etat rejette ainsi le pourvoi de l’association syndicale des Roches, représentant les irrigants qui souhaitent prélever le bassin de la rivière Le Mignon, sur les communes de La Laigne, Cramchaban et la Grève-sur-le-Mignon (Charente-Maritime).

Depuis leur création en 2010, ces retenues autorisées par arrêtés préfectoraux ont donné lieu à nombre de recours de Nature Environnement 17 qui s’oppose à leur usage, comme pour celles toutes proches des Deux-Sèvres. Dans son jugement du 17 mai, la cour administrative d’appel de Bordeaux avait interdit de les remplir, notant «l’insuffisance» ou «l’absence de données» de certains aspects des études d’impact avancées par les irrigants, notamment sur les effets des prélèvements, l’absence de sources de certains chiffres avancés ou des mesures ne permettant pas un «ajustement pertinent» du remplissage des réserves.

Pour demander l’annulation de l’arrêt de la cour administrative d’appel de Bordeaux, l’association syndicale des Roches soutenait que ce dernier était entaché «d’une insuffisance de motivation en ce qu’il se fonde sur des motifs hypothétiques» et plusieurs «dénaturations des pièces du dossier». Mais pour le Conseil d’Etat, «aucun de ces moyens n’est de nature à permettre l’admission du pourvoi».

5,5 millions d’euros «perdus»

Les projets de création de ces retenues d’eau controversées – des bassins à ciel ouvert, recouverts d’une immense bâche en plastique -, donnent lieu depuis des années à des manifestations, quelquefois avec heurts, organisées par des opposants qui dénoncent un «accaparement de l’eau» au profit de l’«agro-industrie».

«On s’y attendait. On va refaire une demande d’autorisation encore une fois avec une nouvelle étude d’impact mais cela prend du temps», a réagi à l’AFP Thierry Boucard, qui préside l’association. Laquelle «n’a aucune obligation à reboucher les réserves» car «légales». «Si on abandonne, c’est 5,5 millions d’euros perdus, dont 67 % d’argent public», déplore-t-il. Avec cette décision, «on donne un permis de les dégrader».

Deux militants anti-bassines étaient jugés début janvier devant le tribunal de la Rochelle pour avoir cisaillé et découpé à coups de cutters et de ciseaux une bâche de la retenue de Cramchaban en novembre 2021. Cinq mois de prison avec sursis ont été requis à leur encontre, la décision a été mise en délibéré au 2 mars.

4 février 2023

https://www.liberation.fr/

Lire la suite

03 février 2023 ~ 0 Commentaire

plouisy (fr3)

gazole10

Usine à saumons à Plouisy. Le NON des élus de Guingamp-Paimpol Agglomération

A 64 %, les élus de la communauté de communes de Guingamp-Paimpol ont refusé de donner mandat au président pour qu’il émette un avis dans le cadre de l’enquête publique sur le projet d’usine à saumons à Plouisy. Un vote à bulletin secret qui, implicitement, signifie une opposition à la création du site norvégien en Bretagne.

Le vote à bulletins secrets s’est déroulé jusque tard la nuit dernière après plusieurs heures d’échanges et de débats entre les 88 membres du conseil communautaire de Guingamp-Paimpol Agglomération.

A l’issue du dépouillement, le couperet est tombé. Les deux tiers des élus ont refusé de donner mandat à leur président et à son bureau pour émettre un avis dans le cadre de l’enquête publique. En clair, c’est un NON des élus de l’agglomération concernant l’usine à saumons norvégienne sur leur territoire.

Le président de l’agglomération, Vincent Le Meaux, que nous avons joint ce 3 février, ne mâche pas ses mots. « Désormais, je suis un président qui ferme sa gueule comme le demandent les élus. Je vais rester fidèle à ce mandat » lâche-t-il. Je suis content et soulagé de passer à autre chose. Il y a eu trop de pressions médiatiques, citoyennes, politiques » ajoute-t-il.

Parmi les grands gagnants de la soirée, le maire de la commune de Plouisy où les Norvégiens de Smart Salmon souhaitent implanter leur usine à saumons. Laquelle prévoit de produire 8.000 tonnes de saumons par an. « Le sens de ce vote et de ce qui s’est dit hier, c’est que l’agglomération est contre ce projet. Il est conforme à ce que souhaite aussi ma commune » indique  Rémy Guillou.

A côté des quelques abstentions, une vingtaine d’élus avait fait le choix inverse. C’est le cas de Philippe Le Goff, maire de Guingamp et vice-président de l’agglomération en charge des grands projets. Il prend acte de la décision et ne souhaite pas faire de commentaires. Il pointe néanmoins « le dilemme posé dans ce dossier avec la suspicion d’avoir des effets négatifs qui prend le pas sur le positif de cette installation ».

Un vote qui n’empêche pas l’enquête publique de continuer

Ce projet d’usine à saumons suscite, depuis juin 2021, un grand nombre de réserves voire même une opposition ferme. De la part notamment d’associations écologistes inquiètes pour la ressource en eau douce ou encore des pêcheurs et des ostréiculteurs refusant de voir l’eau polluée par des rejets d’hormones données aux jeunes saumons.

Une opposition qui avait été à l’origine d’une manifestation le 12 décembre 2022. Le 18 janvier dernier, c’était au tour du conseil municipal de Plouisy de voter contre le projet.

Mais le vote d’hier aura-t-il des conséquences sur les suites du dossier instruit par les industriels norvégiens auprès de l’Etat ?

Car quoi qu’il arrive, le dossier « ICPE » pour obtenir l’autorisation environnementale de la part de l’Etat continue son chemin. Normalement, le protocole d’enquête publique devrait être déclenché à la fin du premier semestre 2023.

Selon le maire de Guingamp, « à ce moment-là, c’est la démocratie du Droit et de la procédure qui devra parler ».

Un avis que ne partage pas du tout le maire de Plouisy. Pour lui « ce serait quand même difficile de voir cela se faire, alors que la volonté de la commune de Plouisy et de l’agglo est que le projet n’aboutisse pas ».

Le maire de Plouisy, lors des débats d’hier, a demandé à ce que « les Norvégiens renoncent à leur projet. La solution la plus sage serait cela. La balle est dans leur camp. »

De son côté, le président de Guingamp-Paimpol Agglomération exécutera toutes les demandes qui seront faites dans le cadre de l’enquête publique comme le prévoit la loi. Pour lui, « c’est désormais entre les mains des responsables de ce dossier comme le préfet, la commission locale de l’eau la commune de Plouisy et les industriels norvégiens. L’agglomération sera mise à contribution comme support technique par exemple pour des questions d’urbanisme ou de ressources en eau » précise Vincent Le Meaux.

Avec l’enquête publique à venir, le projet d’usine à saumons venu de Norvège devrait encore troubler un peu plus les eaux tumultueuses du Trieux.

03/02/2023 Romuald Bonnant .

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

Lire la suite

Rocutozig |
Tysniq |
Connorwyatt120 |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Rafredipen
| Agirensemblespourpierrevert
| Buradownchin