Archive | Luttes paysannes et alimentation

06 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

les paysans ont été invités à un marché de dupes (essf + npa)

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Décryptage du plan pour l’élevage: Trois milliards sans véritables solutions

De nouvelles mesures ont été annoncées hier par Manuel Valls, sur commande de Xavier Beulin, patron de multinationale agro-alimentaire. Les milliers de paysans venus manifester à Paris n’ont d’ailleurs pas été dupes de ce tour de passe-passe qui ne sauvera que ce système qui les broie, pas eux. Décryptage.

La «modernisation», sorte d’incantation permanente déconnectée des réalités, représente un tiers de ce plan: investir à tout prix, quels que soient les risques de surendettement et les conséquences sur l’emploi agricole et agro-alimentaire.

• On notera que cette partie du plan a été confiée à Pierre Pringuet, membre du Conseil d’administration du groupe Avril (ex-Sofiprotéol), et ancien président du comité Sully (cercle de promotion de l’industrie agro-alimentaire) dont il a transmis les manettes à Xavier Beulin en janvier.

L’appel à des «prix rémunérateurs» n’est encore qu’une accumulation de vœux pieux sans mesure concrète qui permette réellement de faire remonter les prix.

Allègements et baisses de charges ne sont que des mesures d’urgence dont il faut espérer qu’elles ne remettent pas en cause les mécanismes essentiels de solidarité sociale.

Les mesures de désendettement sont utiles pour les trésoreries mais ne résolvent rien tant que le système et les pouvoirs publics encouragent encore à l’investissement comme c’est le cas ici. Il ne s’agit que de désendetter pour réendetter !

• Sans aller jusqu’au moratoire demandé, la simplification des normes environnementales est tout de même à l’ordre du jour. Même si la règlementation n’est pas toujours bien faite, il ne faudrait tout de même pas perdre de vue que la nature est le socle de travail des paysans et doit être préservée pour les générations à venir !

Il n’y a donc rien ici pour redonner un avenir aux paysans. Pour sortir les éleveurs de la crise, la balle est désormais entre les mains des ministres de l’Agriculture de l’Union europé- enne qui se réunissent lundi. Le relèvement des prix d’intervention est indispensable et pourrait être obtenu mais il doit s’accompagner de mesures de régulation, qui n’ont pas été évoquées hier…Confédération paysanne  4 septembre 2015

La Confédération paysanne manifestera avec la Coordination européenne Via Campesina et aux côtés de l’European Milk Board devant le Conseil européen lundi à 11h. Bruxelles

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05 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

crise des agriculteurs (20 mn)

agriculture

Ce n’est pas aux contribuables de payer pour nos exploitations

Josian Palach, secrétaire national de la Confédération paysanne, revient sur les annonces de Manuel Valls…  Ils n’ont pas manifesté ce jeudi à Paris. Et pourtant, les adhérents de la Confédération paysanne sont en colère, mais surtout contre la FNSEA. 20 Minutes fait le point avec Josian Palach, secrétaire national du mouvement.

Comment réagissez-vous au nouveau plan d’aide annoncé par le Premier ministre ?

Certaines mesures répondent à l’urgence de la crise. Je pense notamment à l’année blan- che pour le remboursement des emprunts bancaires. En clair, les agriculteurs en difficulté ne payeront pas les intérêts de leurs prêts, ils seront pris en charge par l’Etat, et le rembour- sement du prêt sera décalé d’un an. Cette mesure allégera les trésoreries, mais nous ne savons pas encore à qui elle s’adressera… En revanche, les aides à l’investissement, 350 millions d’euros par an sur trois ans, sont totalement absurdes. Cette crise est liée à l’endet- tement trop élevé des paysans et le gouvernement les encourage à s’endetter encore davantage. Plus globalement, ce plan prouve que nous ne profitons pas de cette crise pour nous poser les vraies questions et changer d’orientation agricole en France et en Europe.

Dans votre communiqué de presse, vous êtes très critiques envers Xavier Beulin, le président de la FNSEA. D’après vous, il ne défend pas les intérêts des agriculteurs…

Il est à la tête d’activités agro-industrielles dont la holding s’apparente au fonctionnement d’une multinationale… Ses préoccupations n’ont pas grand-chose à voir avec celles des paysans de base. D’après ce que je sais, son discours a été mal accueilli place de la Nation. Mais pourquoi? Parce que les agriculteurs présents là-bas attendaient davantage d’aides financières de l’Etat? Mais on ne peut pas tout le temps demander aux contribuables fran- çais de prendre en charge les frais de nos exploitations. Notre système agricole perçoit déjà 10 milliards d’euros d’aides de l’Europe à travers la Politique agricole commune (PAC)!  Demander plus d’aides ne servira à rien. La seule solution est de changer de modèle.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Nous voulons une réorientation des aides de la PAC. Elles sont affectées selon la surface des exploitations, ce qui revient à favoriser les plus grosses. Nous voudrions que ces aides soient réparties en fonction de l’emploi, des actifs réellement présents dans les fermes, avec un plafonnement dans le but de ne pas inciter les agriculteurs à devenir toujours plus grands. Ensuite, il faut en finir avec cette vocation exportatrice de l’agriculture française, qui est destructrice d’emplois et de territoires. Nous devrions relocaliser la production et nous préoccuper d’alimenter correctement la population européenne. Il faut également harmoniser les règles, notamment sociales, au sein de l’UE.

Justement, qu’attendez-vous de la rencontre de lundi à Bruxelles ?

Les paysans veulent une hausse des prix, mais la seule façon de l’obtenir, c’est en relevant les seuils d’intervention, le fait que la Commission européenne achète des produits pour les stocker. Pour ne pas engorger les frigos européens, nous souhaiterions que les entreprises demandant à bénéficier de cette intervention voient leur volume de production abaissé. La régulation des volumes est le seul moyen de sortir de la crise actuelle, mais elle peut être seulement ponctuelle. A l’heure actuelle, nous sommes dans une logique de compétition entre paysans européens et à chaque nouvelle crise, des paysans disparaissent, alors que les volumes produits restent toujours les mêmes. Les responsables européens doivent bien réfléchir : s’ils laissent la situation en l’état, ils ne feront que renforcer les nationalismes. Il est temps de proposer une nouvelle vision pour l’Europe qui ne soit pas celle du marché ultra-libéral et non accompagné. Propos recueillis par Céline Boff Publié le 03.09.2015

http://www.20minutes.fr/economie-crise-agriculteurs-contribuables-payer-exploitations

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04 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

crise du porc (le monde)

retomanipulation

La FNSEA occupe le terrain, mais c’est un leurre

Pourquoi n’êtes-vous pas à Paris pour manifester jeudi ?

Je ne vais pas à cette manifestation, car c’est la FNSEA qui l’organise et on n’est pas sur les mêmes revendications. Ils demandent des réductions de charges, la mise en place du pacte de compétitivité présenté par le gouvernement, mais c’est du court terme, et cela ne résou- dra pas les fondamentaux de la crise. Les 3 milliards d’euros réclamés par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, ne sont rien comparé aux pertes des agriculteurs. Ce qu’il faut, ce sont des régulations pour que les paysans ne puissent pas vendre leurs produits en des- sous du prix de revient. Aujourd’hui, un éleveur perd entre 10 et 15 euros par cochon. Les paysans continuent de faire faillite et de se suicider.

La FNSEA mobilise ses troupes et occupe le terrain car les gens sont énervés dans les campagnes quand ils consultent leurs comptes. Il faut bien canaliser cette colère, cette mo- rosité, mais ce n’est qu’un leurre. Ce n’est pas en se promenant en tracteur que la FNSEA changera les choses. On va embêter sur les routes des citoyens qui n’y sont pour rien.

Selon vous, quelle est la cause de la crise de l’élevage porcin ?

La crise de l’élevage est liée à une crise de dérégulation au niveau européen. L’Europe avait des outils de financement à l’exportation et des moyens de stockage en cas de surpro-duction. Tout a été supprimé et l’excédent de production se retrouve sur le marché.

La seule solution durable serait un mécanisme d’adaptation de l’offre à la demande. Par exemple, lorsque la Russie ferme ses frontières, il faudrait réduire la production à l’échelle européenne, en mettant des truies à l’abattoir. Cela mettrait un an environ, avec un peu de stockage. Si on réduit de 10 % la production et que le prix remonte de 25 %, les éleveurs seraient gagnants. Mais il faudrait de la volonté politique. Depuis trente ans, on constate que les crises de la filière se sont toujours résorbées lorsqu’il y a eu des baisses de production dues à des problèmes sanitaires (peste porcine, maladie de l’oreille bleue).

Il faut mettre des protections aux frontières européennes pour éviter que le marché soit inondé de produits à bas prix. Regardez ce qui s’est passé avec le textile : toutes les usines d’Europe ont fermé. Le schéma peut se transcrire à l’agriculture. C’est un peu irresponsable de livrer notre alimentation à tout vent.

Pour concurrencer les autres pays européens, ne faut-il pas plutôt développer des élevages industriels, plus grand et plus rentables ?

Nous nous inscrivons en faux sur ce point. Ce sont des élevages qui ont bénéficié de beau- coup d’aides, mais ce ne sont pas toujours les plus performants. Si on leur imputait les effets néfastes sur l’environnement, comme le traitement du lisier, ils ne seraient pas com- pétitifs. Cela pose aussi des questions sanitaires et sociales. En mécanisant l’élevage, on détruit des emplois.

En France, on a peu d’élevages de plus de mille truies. Jusqu’à présent, l’élevage français est lié à des paysans propriétaires de leurs capitaux, alors qu’en Espagne ou au Royaume- Uni, il est aux mains des financiers. Mais en Grande-Bretagne, lorsqu’ils ont vu que ce n’était pas rentable, ils ont presque tout arrêté. D’ailleurs, les Allemands et les Espagnols ne sont pas payés plus cher que les Français, ils peuvent souffrir aussi. Tout le monde est dans la panade et on espère tenir le plus longtemps possible. On est dans un système suicidaire.

Quelles sont les alternatives? La vente directe ou le passage au bio sont-ils des solutions?

Quelques éleveurs font de la vente directe mais la généralisation est inenvisageable. J’en connais qui ont essayé de changer d’orientation et de passer en bio, mais ils traînent leurs dettes antérieures. Certains s’en sortent, mais aujourd’hui, avec 70 % de la production dans l’Ouest et la majorité des consommateurs en région parisienne, la vente directe ne peut pas être un phénomène de masse. Ça ne peut être que des niches.

A nos yeux, le plus compétitif, c’est l’élevage lié au sol. Dans ce système, un éleveur possè- de une truie pour un hectare de terre. Il produit des céréales qu’il donne à ses animaux, et les déjections sont épandues sur ses terres. Le paysan est autonome et le lisier, qui est un déchet à traiter pour les autres éleveurs, devient pour lui un engrais, donc une richesse. Il faut limiter la taille des élevages, et mieux les répartir sur le territoire. Si on avait développé cela, on n’aurait pas les problèmes de qualité de l’eau qu’on a aujourd’hui. La bonne taille, c’est d’avoir 200 truies par élevage, pour que les gens puissent travailler à deux ou à trois sur une exploitation, se relayer et prendre un peu de vacances.

Anne-Aël Durand Journaliste au Monde Le Monde.fr  03.09.2015

Lire aussi: Crise porcine : le coût de l’alimentation en question

Après un été marqué par la crise des producteurs laitiers, puis des éleveurs de porcs, con- frontés à une baisse des cours, les agriculteurs ont convergé jeudi 3 septembre à Paris, à l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA).En revanche, la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole en France, n’appel- le pas au rassemblement, car elle a une vision différente de la crise, comme l’explique Pierre Brosseau, éleveur en Loire-Atlantique et responsable de la commission porc à la Confédération.

http://www.lemonde.fr/economie/crise-du-porc-la-fnsea-occupe-le-terrain-mais-c-est-un-

Voir aussi:

http://www.anti-k.org/2015/09/03/lagriculture-malade-du-capitalisme/

http://www.anti-k.org/agriculteurs-la-confederation-paysanne-deplore-un-enterrement-

http://www.anti-k.org/2015/09/04/oui-au-camembert-qui-pue-non-a-lagriculture-qui-pollue

http://www.anti-k.org/2015/09/04/crise-de-lelevage-le-gouvernement-a-la-botte-de-la-fnsea/

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04 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

le plan de xavier beulin (reporterre)

porc ecolo

Qui va faire disparaitre les petits paysans

Modernisation, investissements, compétitivité, exportations, moratoire sur les normes envi- ronnementales. Voici la recette prônée par le patron de la FNSEA, Xavier Beulin, pour sortir de la crise de l’élevage. Reporterre a décrypté ce «plan de sauvetage  de l’élevage alors que ce jeudi 3 septembre, le syndicat agricole rassemble plus de mille tracteurs à Paris et que le gouvernement promet des annonces.

Depuis le début de l’été, les chiffres alarmants se succèdent. Un éleveur de porcs abandonne son activité chaque jour, alerte Xavier Beulin, président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), principal syndicat agricole français, et du groupe agro-industriel Avril-Sofiproteol. Quant au ministère de l’agriculture, il estime que 10 % des élevages (laitiers, porcins, bovins) seraient au bord du dépôt de bilan.

Face à cette crise de l’élevage, le gouvernement a mis en place un premier plan de sauve- tage, le 22 juillet dernier : 600 millions d’euros pour restructurer les dettes et alléger les charges sociales. Insuffisant, selon la FNSEA, qui lance une nouvelle charge. Le 23 août, à la veille d’une réunion avec le Président de la République et le Premier ministre, Xavier Beulin demande dans le Journal du Dimanche un grand plan de trois milliards d’euros pour «sauver l’élevage». Le lendemain, à la sortie de la réunion, il annonce la venue de mille tracteurs à Paris pour ce jeudi 3 septembre. Une façon de faire pression sur l’exécutif… et il semble que ça fonctionne, puisque que François Hollande a justement réservé l’annonce de nouvelles mesures d’aide à l’élevage pour aujourd’hui.

«Ce n’est pas un plan de sauvetage que propose Xavier Beulin. C’est un plan d’industria-lisation de l’agriculture  rétorque Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysan- ne. «Cela fait longtemps que les paysans disparaissent, rappelle-t-il. Ils ne s’en rendent compte que maintenant? On agite des chiffres pour justifier des plans d’urgence. J’ai l’im- pression qu’on est à un tournant, poursuit-il. Toutes les crises ont fait grossir les exploita- tions, et la seule solution que l’on nous propose est d’accélérer encore. On est très inquiets.»

«Relancer l’industrie agricole» A la FNSEA, on ne récuserait pas le terme d’industrialisa- tion. Premier axe du «plan de sauvetage», la modernisation des bâtiments agricoles et l’automatisation des abattoirs. «Quand on fait un grand plan de relance dans un pays, on construit des routes. Là, il faut relancer l’industrie agricole, dit à Reporterre Christiane Lam- bert, vice-présidente de la FNSEA. On doit planifier sur quinze ans, regarder de quelles productions on aura besoin, et donc de quels outils.» Pour le syndicat, la France n’est plus «compétitive» face à ses voisins européens. «On constate un retard d’investissement dans l’agriculture, affirme Christiane Lambert. En porcs et volailles, l’âge moyen des bâtiments est de vingt-cinq ans. On a chiffré que sur la seule filière porcine, 2,7 milliards d’investissement sont nécessaires pour se mettre à niveau!»

«Nous n’avons pas besoin de cela, conteste Pierre Brosseau, responsable de la com- mission porcs à la Confédération paysanne. Les éleveurs de porcs français ont des résul- tats techniques aussi bons que les Allemands ou Espagnols. Notre coût de production est même plus bas que la moyenne européenne.» Pour lui, la crise est due à une surproduction de porcs en Europe. «Vous avez beau moderniser, le prix payé aux éleveurs sera toujours en-dessous des coûts de production», déplore-t-il.

Et puis, même si le gouvernement donne les trois milliards d’euros demandés, où iront-ils? Pas aux petits producteurs, assure le paysan: «Il y a toujours des seuils d’exclu- sion. Par exemple, il y a quinze ans, sur mon département il y a eu des aides pour les éle- veurs en difficulté financière. Nous étions 250 producteurs. Les huit plus gros ont empoché 51 % de l’enveloppe d’aides. Dedans, il y avait des présidents de syndicats et de coopéra- tives. Ils s’étaient servis. Voilà leur philosophie: ils pensent que les petits producteurs n’ont pas d’avenir donc que cela ne sert à rien de les aider.»

Moins de charges, moins de normes environnementales Autre cheval de bataille de la FNSEA, les normes environnementales, dénoncées comme plus sévères en France qu’ail- leurs. Xavier Beulin a plaidé pour leur suspension pendant un an. «Sur les directives euro- péennes oiseaux, nitrates, habitat, la France fait plus que ce que demande l’Europe», déplo- re la vice-présidente de la FNSEA. La bête noire du syndicat est l’obligation d’enquête publi- que pour ouvrir un élevage de taille importante. Le gouvernement a déjà allégé la procédure pour les porcs et les volailles. «Il faut le faire pour les bovins maintenant», demande-t-elle. La FNSEA réclame aussi un assouplissement des règles pour la création de réserves d’eau et l’irrigation. Côté pesticides, elle souhaite que la France cesse de réduire la liste de ceux autorisés.

«Si un tel moratoire est mis en place, les conséquences pourraient être dramatiques, s’inquiète Laurent Pinatel à la Confédération paysanne. Si l’on suspend la directive nitrate, c’est une autorisation à polluer plus, à détruire les sols. Le jour où l’on n’aura plus qu’un sol mort pour cultiver, on ne pourra plus compter que sur les produits chimiques pour le nourrir. On sera à la merci de l’agriculture industrielle. Ce n’est pas en polluant les rivières que l’on va régler l’avenir de l’agriculture porcine», rassure le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll, interrogé par Reporterre en conférence de presse le jeudi 27 août. Il promet tout de même une «simplification des normes».

La disparition programmée des petits éleveurs Enfin, troisième axe du plan de Xavier Beulin, le «regroupement des exploitations». L’idée est que les agriculteurs puissent mettre en commun du matériel et des tâches. Mais regroupement n’est-il pas synonyme d’agrandis-sement, pour la FNSEA? «L’agrandissement est un choix personnel. Ceux qui veulent le faire doivent pouvoir le faire, répond Christiane Lambert. Mais tendanciellement, on va vers une augmentation de la taille des exploitations.» Le président de l’interprofession porcine INAPORC, Guillaume Roué, va encore plus loin. Pour lui l’agrandissement n’est pas un choix, c’est un fait. «Le nombre d’exploitations va diminuer par trois d’ici quinze ans, il n’y a plus personne pour reprendre! Et donc leur taille va être multipliée par trois.»

Au-delà, il prédit carrément une disparition des éleveurs. «L’agrandissement va s’ac- compagner d’une conversion au végétal, car c’est plus rentable et il y a moins de contrain- tes, estime-t-il. La France fera des céréales et l’élevage sera produit dans des industries comme en Allemagne, en Espagne ou en Amérique. »

Un scénario qui n’est pas loin de celui que redoute la Confédération paysanne. «Ce que dessine ce plan, c’est une agriculture sans paysans, dénonce Laurent Pinatel. On aura des fermes usines destinées à l’export, qui seront subventionnées parce que pas rentables. Même Hollande l’a admis, quand on l’a vu la semaine dernière. Et à côté de ça, on gardera une agriculture de niche qui fera joli dans le paysage et servira d’alibi au reste…Leur pari avec ce plan, c’est de calmer les gros éleveurs en attendant que les petits producteurs disparaissent », complète Pierre Brosseau.

Est-ce le choix que fera aujourd’hui le gouvernement? Selon Laurent Pinatel, «le gou- vernement a très peu de marge de manœuvre.» Le porte-parole n’est pas très optimiste : «Quand on écoute les déclarations de Manuel Valls et Emmanuel Macron qui ne cessent de répéter qu’il faut produire et être compétitifs, si on replace cela dans la perspective de l’agriculture, ça fait peur..»3 septembre 2015 / Marie Astier (Reporterre)

Lire aussi : Le maître caché de l’industrialisation de l’agriculture française

http://www.reporterre.net/Le-plan-qui-va-faire-disparaitre-les-petits-paysans

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03 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

xavier beulin, le céréale-killer de la fnsea (libération)

Souvent présenté comme le «véritable ministre de l’Agriculture», le tout puissant patron du premier syndicat agricole français mobilise ses troupes aujourd’hui à Paris. Mais l’agrobusinessman est loin des préoccupations des petits éleveurs.

Costume impeccable, chaussures fines, Breitling au poignet, «petit pied-à-terre» en Tunisie, Xavier Beulin a la rutilance et le train de vie d’un PDG de multinationale. Et pour cause. A 56 ans, celui qui dirige la FNSEA depuis fin 2010 et que d’aucuns qualifient de «véritable ministre de l’Agriculture» tant il obtient tout ce qu’il veut de François Hollande comme de son précédesseur, est aussi et surtout un redoutable homme d’affaires.

Coiffé de multiples casquettes, l’influent syndicaliste tire en toute discrétion les ficelles de l’agro-industrie française… celle-là même qui entraîne la disparition des agriculteurs. Contrairement à ce qu’il avait promis lors de son accession au sommet de la FNSEA, il a conservé la plupart de ses autres mandats, une bonne dizaine en tout. En plus de quantités de responsabilités dans différentes instances clés du monde agricole, en province, à Paris ou à Bruxelles, il préside toujours le port de commerce de La Rochelle, deuxième port français pour l’exportation de céréales, ou le conseil économique et social régional (CESER) du Centre. Et s’est même emparé, en sus, de celle de l’IPEMED (Institut de prospective économique du monde méditerranéen), un think tank fondé par Jean-Louis Guigou, mari de l’ex-ministre socialiste Elisabeth Guigou.

L’homme qui pesait 7 milliards Surtout, il est à la tête d’un empire agro-industriel et finan- cier aussi puissant que peu connu du grand public: le géant céréalier Sofiprotéol, récemment rebaptisé Avril pour «symboliser la force du renouveau». Ce mastodonte pèse 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, regroupe plus de 150 sociétés et se dit présent dans 22 pays, dont, ô surprise, ceux du Maghreb, l’une des terres que l’agriculture tricolore doit absolument conquérir, ne cesse de répéter Beulin. La raison d’être d’Avril-Sofiprotéol, ce «maître caché de l’agriculture française», comme titrait le site Reporterre.net en… avril ? Assurer un maxi- mum de débouchés à la filière des huiles et protéines végétales (colza, tournesol, pois…).

La holding de Beulin est partout. Dans nos assiettes, avec les huiles Lesieur et Puget ou les œufs Mâtines, marchés qu’elle domine. Dans celle des porcs, de la volaille ou du bétail, avec Glon Sanders, numéro 1 français de l’alimentation animale. Dans la «santé» et la géné- tique animale. Dans nos moteurs, avec Diester Industrie, champion européen du biodiesel (une vraie «rente de situation», dixit la Cour des comptes en 2012). Dans nos cosmétiques, peintures ou matelas en mousse polyuréthane, puisqu’ Avril est aussi leader européen de l’oléochimie. Dans le financement de l’agriculture industrielle. Dans la presse agricole. Dans l’huile de palme, dans les semences ou dans les OGM (avec Biogemma)… N’en jetez plus !

Ruralité en col blanc Compte tenu de toutes ses activités de col blanc, on a du mal à imaginer Beulin dans un champ. Quand a-t-il le temps de s’occuper de son exploitation de 500 hectares de blé, orge, colza, tournesol, maïs et pois protéagineux, cultivés avec son frère et deux cousins dans le Loiret? Interrogé par Libération en 2011, le gros céréalier, fait rarissime à la tête de la FNSEA, avait bondi : «J’y vais deux week-ends par mois. Le dernier, j’ai fait dix-sept heures de tracteur ! Et quand je vais à l’étranger, la première chose que je fais, c’est sentir la terre.» Depuis son fauteuil des beaux quartiers parisiens, l’homme au discours bien rodé multiplie les gages de ruralité.

Il ne se départit de son charisme onctueux et ne montre de signes d’agacement que lorsqu’on lui parle des dégâts environnementaux et sociaux causés par l’agriculture indus- trielle, son modèle absolu. Il est mort, le sol, il ne produit plus que sous perfusion, alarment des agronomes. Une fuite en avant, dopée à la pétrochimie, dont les agriculteurs sont les premières victimes. «Des clichés !». Bien.

Reste une question : comment peut-on prétendre défendre les éleveurs quand son propre intérêt vise à faire grandir les exploitations pour leur vendre toujours plus de tourteaux de colza ? Plus un troupeau grandit, moins il est facile de faire pâturer les vaches, plus c’est juteux pour le fournisseur Avril. L’herbe, gratuite, n’est bonne que pour les comptes des éleveurs. Vous avez dit conflits d’intérêts ? Beulin s’en moque. Plus c’est gros, plus ça passe…  Coralie SCHAUB 3 septembre 2015

http://www.liberation.fr/economie/xavier-beulin-le-cereale-killer-de-la-fnsea

 

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03 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

les 5 mensonges de la fnsea (le huff’)

meatrix

1- Les FDSEA de Bretagne défendent l’emploi. Faux, elles défendent la « productivité ».

Elles ont présenté en 2014 le « Plan Lait Bretagne 2020″, en se réjouissant de la baisse à venir du nombre d’élevages laitiers, de 13.000 à 9000 en 7 ans, et de la hausse de leur pro- ductivité. En août 2015, Xavier Beulin, avec l’assentiment des FDSEA de Bretagne, a demandé la même chose pour l’élevage en général. Pour sortir de la crise, il faut « organiser les regroupements d’exploitations afin qu’elles soient plus productives. » La Bretagne perd déjà 600 emplois par an au niveau des fermes.

Précisément, pour 1000 emplois familiaux détruits lors du regroupement d’exploitations, seulement 400 emplois de salariés sont créés. Pour la FNSEA, ce rythme de destruction d’emplois n’est pas assez rapide pour garantir la « productivité ». Faut-il revenir au rythme du début des années 2000, 1800 emplois perdus chaque année au niveau des fermes bretonnes? Ce que demande la FNSEA, c’est que le tiers des manifestants d’aujourd’hui ne soient plus éleveurs en 2020.

2- Trois milliards sont nécessaires pour sauver l’élevage. Faux, donner trois milliards d’euros à la FNSEA pour sauver l’élevage, c’est donner de la confiture à des cochons.

Il y a 10% des éleveurs au bord de la faillite, et c’est dramatique, ils pourraient cesser leur activité dans les deux ans. Et qu’est ce que veut la FNSEA? Regrouper les exploitations, pour n’en conserver que les deux tiers d’ici 2020. Eh bien, un tiers d’exploitations en moins d’ici 2020, c’est près de 5% d’élevages en moins par an, 10% en 2 ans. 3 milliards d’euros pour arriver au même résultat qu’en ne faisant rien, si ce n’est pas du gaspillage. À moins que les exploitations qui survivent ne soient pas celles que la FNSEA voudrait conserver… En effet, parmi les fermes qui sont tombées ou au bord du précipice, il y a beaucoup de gros élevages « productifs » tels que les défend la FNSEA.

Le modèle qu’elle défend ne serait-il qu’un dogme appliqué partout indépendamment de la géographie? Les fermes « productives » coûtent singulièrement cher en argent public. En fait, ce que demande la FNSEA, c’est 3 milliards d’euros pour modifier les règles du jeu et tuer des exploitations qui survivraient sans cela et mettraient en péril le modèle qu’elle défend.

3- Les FDSEA de Bretagne défendent la qualité à la française pour nourrir les Français. Faux, elles veulent une diminution des normes pour développer leur « vocation exportatrice ».

Pour ce qui est de la qualité des produits, les FDSEA de Bretagne ne perdent pas une occasion de ressortir leur leitmotiv: « moins de normes », pas de « diarrhée réglementaire », « et que l’on ne nous parle pas de diversification! Et que l’État arrête de parler de changement ». En d’autres mots, les FDSEA de Bretagne veulent que les produits d’élevage de demain soient moins exigeants à produire que ceux d’aujourd’hui.

« Achetez français pour nous sauver! », qu’ils nous exhortent. Comment faire? Un exemple: la demande nationale croissante en porc de qualité, une production plus rémunératrice, n’est même pas satisfaite! Le silence des FDSEA de Bretagne sur le sujet est assourdissant. Au lieu de s’inquiéter de l’autosuffisance dans les produits que veulent acheter les Français, elles disent: « Achetez ce que nous produisons, même si c’est du minerai et si cela ne correspond pas à vos attentes. Point barre. » En traduisant: « Payez plus cher pour que nous puissions produire plus et vendre le reste moins cher sur le marché mondial ». Attention, ne prenons pas nos clients les plus naturels et les plus solvables pour des pigeons.

4- Les FDSEA de Bretagne basent leurs demandes sur une analyse de marché. Faux, elles répètent les même demandes depuis les années 1970, comme si le monde n’avait pas changé depuis.

Les FDSEA de Bretagne se voient « à la tête du monde ». Leur analyse économique: la demande mondiale est en hausse, nous allons produire plus pour la satisfaire. C’est de l’économie du 19e siècle. La demande mondiale en porc et en lait est effectivement en hausse. Mais quel prix ces nouveaux consommateurs sont-ils prêts à payer et qui sont nos concurrents pour les satisfaire? Ces questions, pourtant parmi les premières de tout busi- ness plan, ne sont pas posées. En lait comme en porc, il y a des concurrents sur le marché mondial capables de produire 10% moins cher que nous sur la durée, et pas seulement à cause des « normes » et des « charges », mais aussi et surtout parce que leur géographie est plus favorable que la nôtre.

Si les FDSEA de Bretagne l’ignorent, ce sont des bisounours de la libéralisation. Si elles le savent et le cachent aux éleveurs, alors elles sont manipulatrices. Si c’est les deux, alors ce sont des bisounours manipulateurs. En ce moment, la FNSEA fait miroiter aux éleveurs son pouvoir sur le marché alors qu’elle disait encore en 2014: « Ne perdons jamais de vue que les prix sont le résultat des marchés. Les décideurs des prix mondiaux n’existent pas. » Tant que personne ne conteste, la FNSEA soutient l’ouverture des marchés. Quand les agriculteurs se rebiffent, elle leur ment le temps que les choses se calment…

5- Il n’y a pas d’alternative. Faux, donner la priorité à l’emploi agricole et à l’auto- suffisance alimentaire permettrait de ne pas retomber dans la crise dans quelques années.

Peu le savent mais sans la Confédération paysanne (Conf’), beaucoup des éleveurs qui manifestent aujourd’hui n’existeraient déjà plus. En effet, l’échec de la libéralisation de l’agri- culture mondiale, qui nous aurait mis en concurrence avec tous les pays à bas coûts, est le fait de Via Campesina. Ce regroupement mondial de syndicats agricoles, auquel appartient la Conf’, est de loin le plus grand mouvement international de la société civile. En tant que tel, il a du pouvoir. Plus que d’autres… La Confédération paysanne n’est pas contre l’élevage standard et ses membres savent défendre les éleveurs contre certaines dérives écologistes. Les jeunes de la Conf’ du Finistère ont, par exemple, agi sur les réseaux sociaux lorsqu’un élevage breton de lapins a été attaqué avec des méthodes lamentables par l’association vegan L214, en 2014. Quand la Conf’ dit qu’elle défend 95% des agriculteurs, ce n’est pas un vain mot.

Et notre position est basée sur une vraie analyse de marché. La solution pour sauver les éleveurs, c’est la défense avant tout de la souveraineté alimentaire. Le marché européen suffit à rémunérer tous les éleveurs de 2015, inutile de dépenser 3 milliards pour le plan social le plus cher de l’histoire de France! S’il y a 3 milliards à dépenser pour l’élevage en France, que ces sommes soient dirigées avant tout vers les premiers litres et les premiers animaux produits par actif. La priorité absolue doit être l’emploi. L’export hors Union Europé- enne peut évidemment exister mais il ne doit pas devenir indispensable pour des produits sur lequel il existe des concurrents plus forts que nous. Sinon, c’est le drame au moindre accroc, comme aujourd’hui. C’est avant tout en écoutant et en analysant la demande que l’on gagne des clients prêts à nous payer nos produits à un niveau qui couvre nos prix de revient. L’économie du 21e siècle, c’est cela.

Asseyons-nous sur le désespoir et retrouvons l’espoir, l’avenir peut être radieux pour l’élevage

La FNSEA et les FDSEA de Bretagne sont le syndicat du désespoir. Elles sont responsables de la situation actuelle. C’est pour cela qu’aucune solution de long terme n’est proposée, un pompier pyromane ne peut pas jouer ce rôle. Le futur? Il y aura encore des crises si elles sont suivies, car ce qu’elles défendent, c’est la disparition du tiers des éleveurs d’ici 2020, sans doute de la moitié d’entre eux d’ici 2025. Comme les éleveurs ne se laisseront pas faire, il y aura encore des manifestations, avec ce que cela coûte d’argent public pour éteindre le feu. C’est dommage car il y a des solutions de long terme et l’avenir pourrait être radieux pour tous les éleveurs. Pour remédier à la crise, il est temps d’écouter ceux qui travaillent pour 95% des éleveurs, pas seulement pour la moitié d’entre eux. Le syndicat de l’espoir et de la qualité à la française pour nourrir les Français, c’est la Confédération paysanne.

Point subsidiaire – La FNSEA représente les éleveurs. Cela se discute.

La Confédération paysanne du Finistère a demandé en 2015 à avoir une page d’expression dans le magazine de la Chambre d’agriculture, magazine financé par la chambre, donc par et pour tous les agriculteurs. Réponse: pas question. Ce n’est que le dernier exemple en date parmi beaucoup d’autres: la FNSEA noyaute toutes les institutions et tous les finan-cements agricoles. Cela s’apparente au fonctionnement d’une dictature. Dans une dictature, le dirigeant obtient entre 80 et 99% des voix. La FNSEA atteint péniblement 50%. La Coordination rurale est dans la même situation que la Confédération paysanne.

Stéphane Brélivet: Éleveur de porcs en Bretagne, membre du syndicat d’agriculteurs Confédération paysanne 02/09/2015

La crise de l’élevage donne lieu depuis plusieurs mois à des manifestations. Le syndicat du désespoir, la FNSEA, demande 3 milliards d’euros pour sortir de la crise et sauver l’élevage. Elle vous ment. Elle prend les éleveurs pour des ânes et les consommateurs pour des pigeons. Voici pourquoi en cinq points, à partir de l’exemple breton.

http://www.huffingtonpost.fr/stephane-brelivet-les-5-mensonges-de-la-fnsea

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03 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

laurent pinatel: « en france, on mange de la viande qu’on ne produit pas » (europe 1)

Agriculture: pourquoi tous les paysans bretons n’iront pas à Paris

Les drapeaux bretons devraient être nombreux jeudi dans les rues de la capitale pour le grand rassemblement à l’appel de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agri- coles (FNSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA). Certains paysans de la région manqueront toutefois à l’appel, notamment ceux de la Confédération Paysanne, une organisation classée à gauche qui a été reçue la semaine dernière à l’Elysée. «En désaccord tant sur le fond que sur la forme» avec la FNSEA et les JA, le syndicat veut toutefois faire entendre sa voix en menant des actions dans une vingtaine de départements.

Ce mardi midi, une vingtaine d’agriculteurs était ainsi rassemblée sur la place de l’Hô- tel de ville à Rennes pour une distribution de lait. «Nous n’irons pas à Paris car nous dénon- çons le modèle agricole prôné par la FNSEA. Ce système est à bout de souffle et cela de- puis près de trente ans. Il ne fait que créer du chômage et de la précarité dans le monde paysan», assure Jean-Sébastien Piel, membre de la Confédération Paysanne en Ille-et-Vilaine.

«On va droit dans le mur avec cette industrialisation de l’agriculture» Producteur de porcs à Saint-Pern en Ille-et-Vilaine, il entend défendre un autre modèle agricole, «plus rai- sonné, plus autonome et plus économe». «Je me bats pour redonner du sens à ce pourquoi on est paysans », assure le producteur, qui vend sa viande porcine à la ferme et dans les circuits de restauration collective entre 9 et 10 euros le kilo. Un prix bien supérieur à celui de 1,40 euro fixé au marché du porc breton à Plérin. «De toute façon, il y a déjà une surproduc- tion de porcs en Bretagne et on demande aux éleveurs de produire encore plus. C’est un système industriel qui ne survit que grâce aux subventions, il faut vraiment en finir avec ça », dénonce-t-il.

«Trois petites fermes valent mieux qu’une grande», poursuit Jean-Sébastien Piel, en référen- ce à la ferme des 1.000 vaches qui fonctionne depuis le mois d’octobre en Picardie. «Il faut que les pouvoirs publics soutiennent notre agriculture familiale qui est capable de nourrir la planète. Sinon, on dira droit dans le mur avec cette industrialisation de l’agriculture et la crise actuelle en est la parfaite illustration», conclut-il. Jérôme Gicquel  le 01.09.2015

http://www.20minutes.fr/rennes/agriculture-pourquoi-tous-paysans-bretons-iront-paris

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03 septembre 2015 ~ 0 Commentaire

il n’y a pas de place sur le marché mondial (médiapart)

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Pour les cochons industriels bretons

Par José Bové – Député européen, François Dufour – Vice-Président de la région Normandie et René Louail – Elu écologiste au Conseil régional de Bretagne.

La nouvelle Politique Agricole Commune, entrée en vigueur au début de l’année, était sensée régler tous les problèmes. A partir de 2003, ce n’est plus la ferme France, mais la ferme Europe qui partait à l’assaut des marchés mondiaux. Les producteurs de porcs bretons se relevaient les manches et se frottaient les mains.

Le 10 juin 2014, Paul Auffrey le Président de la fédération porcine de la FNSEA galva-nisait ses troupes: «Nous avons tous les ingré- dients pour réussir et redevenir les premiers de la classe, nous avons les éleveurs compé-tents, un environnement industriel favorable, des techniques et de la génétique de pointe». Il pouvait en effet être content, le ministre de l’Agriculture Stephane Le Foll venait de signer un chèque de 200 millions d’euros pour relancer l’industrialisation de la production de viande en Bretagne, Des élevages plus gros, plus grands, plus polluants, et surtout plus subventionnés alors que le lisier continue à abimer les plages du littoral breton.

Mais où sont les marchés mondiaux à conquérir ? En Russie? Au Brésil? en Chine? Cette question n’a visiblement jamais été étudiée avec sérieux. En effet, en 2012, le plus gros producteur de porcs américain Smithfield (100 millions de truies dans réparties des porcheries du monde entier) était racheté par le groupe chinois Shuanghui International Holdings et se rebaptisait WH Group pour être plus présentable sur la scène international.

Aujourd’hui la Chine est le premier producteur de viande de porc de la planète et a dou- blé sa production en 20 ans. 750 millions de porcs sortent des usines à viande qui poussent comme des champignons sur la côte pacifique. Elle produit deux fois plus de cochon que l’Union européenne. La Chine est également devenu le premier importateur de soja ce qui fait grimper les cours, et ce qui crédibilise un peu plus le plan européen de relance de pro- duction de protéines que nous demandons, en vain depuis des années pour assurer nos approvisionnements.

Les responsables syndicaux bretons veulent-ils réellement nous faire croire qu’ils vont partir à la conquête du marché chinois et qu’ils arriveront sans problème à leur vendre des côtelettes et du lard Made in Bretagne, s’ils obtiennent en contrepartie des baisses de char- ges, moins de contraintes environnementales, des baisses des salaires des ouvriers, un allongement du temps de travail et pourquoi pas également une réduction des congés.

Le Président de la FNSEA, Xavier Beulin, businessman avisé lorsqu’il s’agit de ses propres affaires, demande, non, plutôt exige, que le Président de la République débloque la somme pharaonique de 3 milliards d’euros pour relancer la compétitivité de gens qui, il y a un an à peine, se frappaient sur la poitrine en déclarant qu’ils allaient « redevenir les premiers de la classe ».

Les producteurs étaient charmés par les sirènes de la FNSEA. Ils ont cru au mirage du marché mondial. Ils ont été dupés, trompés, abusés. Ils sont à bout et c’est compréhensible parce qu’ils ont le dos au mur et que dans ces conditions là, réfléchir devient difficile. Mais leur colère devrait se diriger vers les dirigeants de leur propre syndicat qui les manipule depuis des années et vers des hommes politiques qui fuient leur responsabilités et plient devant cette mafia de l’agro-industrie.

Même des coopératives comme la Cooperl étranglent ses propres adhérents. C’est dire à quel point les coups bas viennent parfois de son propre camp. M. Beulin transforme les éleveurs de Bretagne et des autres régions en producteurs de minerai. Ils les livrent pieds et point liés aux industriels. M. Beulin avait promis aux éleveurs la mise en place d’un fonds de solidarité abondé par les bénéfices des céréaliers. Cette promesse n’a pas été tenue non plus.

La nouvelle PAC, contre laquelle nous nous sommes battus, a supprimé tous les outils de régulations. Les Organisations Communes de Marchés ont été démantelées, les quotas laitiers sont passés à la trappe. Ce ne sont pas uniquement les éleveurs de cochons qui sont dans la misère mais tous les éleveurs. La FNSEA a une stratégie: activer les stockages privés qui deviendront, n’en doutons pas, des stockages publics. Et nous revoilà dans la même situation qu’à la fin des années 1970 avec des montagnes de lait en poudre, de beur- re et de viande de porcs qui n’attendent qu’une chose: être retirées des marchés, donc rachetés par les contribuables, avant d’être brader à vil prix sur les marchés mondiaux car la FNSEA réclame la relance des subventions aux exportations. Les conséquences sont con- nues: destruction des paysanneries en particulier en Afrique et accélération de l’exode rural, puis de l’émigration.

Il est temps de dire non au lobby du cochon et aux libéraux de tous poils qui font les fiers sur les marchés mondiaux seulement s’ils sont dopés aux subventions publiques. Assez c’est assez. Les portes du marché mondial ne leur seront jamais ouvertes. Pour eux, il n’y a qu’une opportunité c’est le marché breton, français voire européen, et qu’une seule option : miser sur la qualité plutôt que sur la quantité.

Elus dans les régions et à l’Europe, nous savons qu’il y a un avenir pour l’agriculture familiale et que plus de plus-value et de richesses peuvent être générées dans nos compagnes. Pour cela, il faut avoir le courage de dire que le système globalisé de l’agriculture est une aber- ration, que l’Organisation Mondiale du Commerce sans régulation nous a mené dans le gouffre et que la souveraineté alimentaire doit être notre priorité. 02 septembre 2015

http://blogs.mediapart.fr/blog/jose-bove/020915/il-n-y-pas-de-place-sur-le-marche-mondial-pour-les-cochons-industriels-bretons

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29 août 2015 ~ 0 Commentaire

la contractualisation, une solution pour l’élevage? (fr3)

Pour résoudre la crise porcine, il est beaucoup question ces derniers jours de con- tractualiser les relations entre industriels et éleveurs. Ce type de contrats existe depuis deux ans déjà pour la filière laitière, et s’il fixe des volumes, il n’offrent aucune garantie sur les prix.

Christophe Berthier, producteur de lait à Chatillon-en-Vendelais en Ille-et-Vilaine a signé son contrat avec Lactalis en 2009, en pleine crise du lait. Il travaillait depuis longtemps avec le numéro 1 mondial des produits laitiers, et s’est donc engagé les yeux fermés dans la contractualisation.

Ces contrats ne garantissent pas de marge pour les producteurs Il faut dire qu’à l’épo- que les pouvoirs publics se sont faits très rassurants, présentant les contrats comme un remède miracle, qui garantirait les prix et les volumes. Or deux ans après force est de cons- tater que ces contrats ne fixent pas un prix du lait. Ils ne garantissent pas de marge pour le producteur.  Par exemple en juillet 2014, cet agriculteur vendait son lait, 37 centimes d’euros le litre, contre 32 centimes cette année, soit une perte de 2 500 euros sur un mois. Le contrat signé avec Lactalis précise simplement le volume de lait acheté.

Des contrats dénoncés en Normandie Cette contractualisation individuelle n’a donc pas amélioré le quotidien des producteurs de lait. En Normandie, certains ont même dénoncé les contrats signés avec Lactalis, auprès des tribunaux, regrettant l’opacité des prix. Difficile de dire, si une contractualisation, nouvelle formule, collective cette fois pour l’ensemble de la filière comme l’a proposée le ministre de l’agriculture ce jeudi, pourrait sauver la filière porcine. Par Krystell Veillard Publié le 28/08/2015

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25 août 2015 ~ 0 Commentaire

crise agricole (libération)

agriculture

On peut s’en sortir sans concentrer la production dans quelques mains

Pour que l’agriculture «retrouve la compétitivité perdue», Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, propose une autre voie que celle de la FNSEA, premier syndicat agricole.

Que pensez-vous des solutions préconisées par Xavier Beulin ?

Elles n’ont rien de surprenant. Pour lui, les fermes ne sont pas assez grosses, pas assez modernes… C’est un discours du passé, exactement le même que celui qu’on entend depuis les années 1950. A l’époque, il était justifié, il fallait effectivement moderniser l’agricul- ture. Mais aujourd’hui, le contexte a changé.

Ce que propose le président de la FNSEA, c’est un plan de licenciements, une prime à la sortie des paysans. C’est une doctrine libérale classique: chaque crise élimine les plus faibles, sauf que le libéralisme ne s’accommode d’habitude pas de l’argent public. La pre- mière économie d’échelle des fermes-usines et de l’agriculture intensive, c’est la disparition de l’emploi paysan. Et même de l’aval de la filière: le nombre d’emplois baisse aussi dans l’agroalimentaire, tout est ultramécanisé. La finalité n’est pas l’emploi, c’est juste de la finan- ciarisation. Cela mène de facto vers un modèle où il y a moins de paysans, pour que ceux qui restent se partagent le gâteau.

Xavier Beulin a intérêt à ce que ce modèle se développe, puisque son groupe Avril-Sofiprotéol en profite, notamment via sa filiale Glon Sanders, leader de la nutrition animale. Mais ce schéma ne marche pas: le nombre de paysans ne cesse de baisser, la qualité des produits se dégrade, les maladies liées à la pollution de l’environnement explosent et les paysages sont détruits.

Il faut pourtant être compétitif…

La notion de compétitivité a été dévoyée. Certains se sont arrogé ce mot. Il faut lui redonner du sens. Qu’est-ce qu’être compétitif? Faire de la valeur ajoutée localement ou du chiffre d’affaires à l’export? Le gouvernement actuel est dans la même logique que les dirigeants de la FNSEA et ne jure que par les exportations en s’alignant sur la concurrence mondiale, quel qu’en soit le prix. Jusqu’ici, l’image des exportations françaises de produits agricoles était plutôt celle de produits de qualité. On se sert de cette image, qu’on détruit, pour accélérer un modèle qui détruit les agriculteurs. C’est du court-termisme absolu.

On parle beaucoup de la compétitivité de la filière porc par rapport à l’Allemagne. Mais l’enjeu n’est pas d’aller faire la guerre aux Allemands en réclamant des prix toujours plus bas au détriment de la qualité. C’est une fuite en avant. D’autant que nous sommes dans le même espace commun, il faudrait plutôt trouver le moyen de mieux répartir les productions. Et pen- dant ce temps, on ne voit pas qu’on est en train de se faire manger le créneau du haut de gamme par les salaisonneries italiennes et espagnoles.

Xavier Beulin réclame un moratoire sur les normes environnementales. Celles-ci vous étranglent-elles ?

Non. Le métier de paysan est de travailler avec la nature. Le jour où elle sera morte, on ne pourra plus exercer notre métier. Imaginer que les sols puissent être réduits à de simples supports physiques ne fonctionnant qu’en étant arrosés d’engrais et de pesticides revient à donner les clés du camion à cette industrie. Mais surtout c’est illusoire, cela ne marchera pas. On voit déjà les dégâts que cette agriculture intensive fait sur l’environnement et sur notre santé. Et ce n’est pas ce que les gens veulent. Ils veulent de la qualité.

Oui, mais la qualité coûte cher…

Il y a une frange de la population qui n’a plus les moyens de s’alimenter correctement. La première politique que nous devrions avoir en Europe, c’est celle de l’alimentation. Est-ce qu’on ne pourrait pas mettre cela en débat? Remettons de l’argent dans le système, pour- quoi pas. Mais pas pour accélérer, pour en sortir! L’enjeu est là. Surtout, il faut réorienter les aides. Pourquoi pas choisir d’aider plutôt les petites et moyennes fermes? Aujourd’hui, elles sont moins subventionnées, alors qu’elles créent plus d’emplois. Et on sait que plus les fermes sont grosses, moins leur production est de qualité.

Est-il normal que les aides aillent principalement à l’agriculture industrielle, à la quantité au détriment de la qualité? Si on redistribuait les dix milliards d’euros de subventions annuelles de la Politique agricole commune (PAC) vers ceux qui produisent de la qualité et du bio, ce qui implique pour eux des coûts de production supplémentaires, ces derniers pourraient proposer leurs produits au même prix que ceux qui font de l’agriculture industrielle. D’autant que la dépollution des eaux chargées en pesticides et en nitrates coûte des fortunes à l’Etat, ce qui représente des coûts cachés pour les contribuables. L’agriculture industrielle est en fait «sur-subventionnée».

Pour que les paysans et les consommateurs s’en sortent, puissent produire et consommer de la qualité sans se ruiner, il faut relocaliser les productions et les adapter à ce que nous consommons. On entend la FNSEA nous répéter: «mangez ce que nous produisons». Il faudrait plutôt produire ce que les gens ont envie de consommer. Par exemple, nous ne produisons pas assez de légumes en France. Nous sommes obligés d’en importer. C’est absurde. Pourquoi pas développer le maraîchage? Alors bien sûr, cela nourrit moins l’agro- business, surtout le bio qui se passe d’engrais et de pesticides chimiques. Il y a beaucoup de filières locales qui ne demandent qu’à se développer. Si on déconcentrait la production porcine, qui a été massée dans l’Ouest avec les dégâts que l’on connaît, cela réduirait la pression sur l’environnement et ferait vivre plus de producteurs sur l’ensemble du territoire national.

La crise de l’élevage a fait la «une» des médias ces dernières semaines. Le plan d’urgence de 600 millions d’euros annoncé par Stéphane Le Foll le 22 juillet suffira- t-il à la résoudre ?

Non. On remet 600 millions au pot sans se poser les questions de fond. Un récent rapport de la Cour des comptes pointait le fait que ce type de plan de crise se faisait toujours à fonds perdu, car on ne remet pas en cause le système. Ce plan présente comme une solution des choses qui ont prouvé leur inefficacité par le passé.

Xavier Beulin réclame notamment des allègements de charges…

C’est fou! A la Confédération paysanne, nous préférons parler de cotisations sociales. Si les agriculteurs cotisent moins, ils auront encore moins de retraite, déjà très maigre dans le secteur. Cela signifie aussi moins de couverture sociale pour les accidents et les maladies. Plutôt que cette logique du plus fort, il faut redistribuer et réadapter le système, vers une agriculture de qualité.

Qu’attendez-vous du conseil européen extraordinaire des ministres de l’Agriculture, qui aura lieu le 7 septembre à l’initiative de Stéphane Le Foll ?

Principalement, deux choses. A court terme, si on veut que les cours remontent, notamment celui du lait, il faut que l’Europe en stocke, ce en quoi nous rejoignons ce que réclame la FNSEA. En revanche, nous demandons qu’on développe en contrepartie un plan d’adap-tation au marché. Celui-ci souffre d’une crise de surproduction, du lait ou du porc. Il faudrait, par exemple, un plan de baisse de la production des porcheries, en commençant par les plus gros élevages. A plus long terme, dans le cadre de la réforme de la PAC qui aura lieu en 2020, il faut réfléchir à la façon de redistribuer les aides pour inciter les agriculteurs à vivre sur des volumes de production plus modestes mais de qualité. De plus en plus de paysans suivent cette voie, et s’en sortent bien.

Nous lançons à partir du 1er septembre des actions pédagogiques, en Vendée et Pays de la Loire puis en Rhône-Alpes. Nous allons distribuer du lait, expliquer ce qu’est la crise, com- ment on peut s’en sortir sans concentrer la production dans quelques mains… Et nous finirons par une grande marche avec nos partenaires européens le 6 septembre en Belgique, pour arriver le 7 à Bruxelles.

L’agriculture souffre d’une image déplorable. Cela me rend malade de voir le fumier déversé devant les grandes surfaces. Ne serait-ce que parce que le fumier, c’est un engrais ! On peut comprendre le désespoir de ceux qui sont coincés, endettés. Je comprends les actions de blocage. Mais après, le fumier, les dégâts, cela va un peu trop loin. Il faut que les gens prennent un peu de recul, de la hauteur, pour trouver des solutions. Les grandes surfaces ne sont pas la cause de tous nos maux: ce sont surtout les politiques, qui sont très soumis aux lobbies agro-industriels. Le système de subventions marche très bien. Il faut juste subventionner une autre agriculture. Coralie SCHAUB 24 août 2015

http://www.liberation.fr/economie/2015/08/24/crise-agricole-on-peut-s-en-sortir-

Pour résoudre la crise du secteur, Beulin, qui préside aussi, entre autres, Avril-Sofipro- téol, une holding regroupant plus de 150 sociétés et pesant sept milliards d’euros de chiffre d’affaires, estime qu’il faut «engager un vaste plan pour moderniser les bâtiments, automa- tiser les abattoirs, organiser les regroupements d’exploitations afin qu’elles soient plus pro- ductives». Il propose aussi «un moratoire d’un an sur les normes environnementales» et «une adaptation des règles fiscales aux aléas de l’agriculture». Réaction de Laurent Pinatel, porte-parole national de la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole.

Lire aussi:

http://www.globalmagazine.info/meli-melo/2015/08/21/itw-rene-louail-1440185021

http://www.lutte-ouvriere-agriculteurs sous-la-menace-des-industriels-et-de-la-fnsea

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