Archive | Luttes écolos en Bretagne

11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

la rivière (eaux et rivières)

RIVIERE-annonce

  • Le 11 décembre à 20h30 au cinéma La Belle Equipe à Callac.
  • Le 18 décembre à 20h au Studio à Brest
  • Le 11 janvier à 20h30 au cinéma les baladin à Lannion
  • Le 20 janvier à 14h au Cinéma Jeanne d’Arc à Gourin 
  • Le 23 janvier au Ciné-Breiz à Paimpol
  • Le samedi 27 janvier à 20h30 au Ciné Roch à Guéméné

https://www.eau-et-rivieres.org/

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11 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

engrais (amis de la terre)

Le business des engrais, au mépris de l’environnement et de la justice sociale

Engrais chimiques et respect de l’environnement, l’équation impossible

Les engrais azotés sont intrinsèquement liés aux énergies fossiles, et donc à l’emballement climatique et aux évènements météorologiques extrêmes. Et pour cause : encore aujourd’hui, la quasi-totalité (98%) des engrais azotés industriels sont fabriqués à partir d’énergies fossiles. Résultat : à l’échelle mondiale, 30% de la consommation énergétique est dirigée vers l’agriculture1.

À l’échelle française également, le constat est édifiant : les engrais sont responsables de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole2. Et les perspectives pour l’avenir ne sont guère enthousiasmantes. L’augmentation de la demande d’engrais de synthèse est telle que même dans le scénario le plus optimiste de l’AIE (Agence Internationale de l’Énergie), d’ici 2050, plus de la moitié du gaz fossile serait destiné à la production d’hydrogène, élément clé pour fabriquer de l’ammoniac, qui est à la base des engrais azotés3.

Par ailleurs, le engrais azotés, couplés avec l’élevage industriel, provoquent une surcharge de nitrates dans les nappes phréatiques, ce qui réduit la quantité d’oxygène présente dans les eaux des rivières. Ce phénomène a comme conséquence la prolifération des algues vertes.

Les engrais, synonymes d’injustices sociales

Le prix des engrais azotés étant fortement dépendant des aléas du marché des énergies fossiles, la guerre en Ukraine a entraîné une montée en flèche de ce prix. En 2022, le coût des engrais a ainsi atteint des pics qui n’avaient pas été tutoyés depuis 1997. Qui dit hausse du prix des engrais, dit hausse des coûts de production des produits alimentaires, et donc in fine, hausse du prix de l’alimentation pour les consommateur·ices. Ainsi, selon le Directeur du Programme Alimentaire Mondial, la guerre en Ukraine a poussé 70 millions de personnes au bord de la famine, principalement en raison de la hausse du prix des engrais4.

Et qui tire profit de phénomène ? Les grands industriels producteurs d’engrais tels que Yara, dont les bénéfices ont été multipliés par plus de six entre 2021 et 20225. Notons que pendant la crise des prix de l’énergie, les coûts grandissants des engrais ont été en partie absorbés par les États importateurs, à travers des dispositifs d’aides publiques pour venir en aide aux agriculteur·ices. En clair, c’est toute une partie de l’argent public qui est allée remplir les poches des actionnaires des puissances industrielles productrices d’engrais. Et si l’argent public était plutôt alloué à la transition et l’agro-écologie, pour une meilleure résilience et une plus juste répartition des richesses ?

Hausse des prix du gaz : notre dépendance aux engrais menace notre sécurité alimentaire.

Sarah Champagne

« Face à ce système à bout de souffle qui nous appauvrit collectivement et nous enfonce dans l’insécurité alimentaire, les multinationales tentent de verrouiller un système qui leur assure des profits mirobolants. Pour cela, elles ont forgé l’illusion des engrais décarbonés, illusion qui n’est rien de moins qu’une fausse solution. »

Sarah Champagne Chargée de campagne agriculture aux Amis de la Terre France

Le piège des engrais « décarbonés »

Alors que l’impact climatique des engrais azotés n’est plus à démontrer, les industriels redoublent de créativité pour maintenir leurs profits. C’est ainsi que le mythe des engrais « décarbonés », prétendue solution miracle pour le climat, a convaincu l’État (non sans l’intervention des lobbies). Hydrogène « bleu » (censé servir de transition vers l’hydrogène « vert »), capture et stockage de carbone (CCS, carbon capture and storage), ou encore compensation carbone… Ces technologies soi-disant « décarbonées » ne sont rien de moins qu’une illusion orchestrée de toute pièce par l’agro-industrie.

En effet, l’hydrogène « bleu » consiste simplement à ajouter un procédé de capture et stockage de carbone lors de la production d’hydrogène.

La technique de capture et stockage de carbone (CCS), qu’est-ce que c’est ?

C’est une technique qui consiste à neutraliser les émissions de CO2 via leur captation directement au niveau des postes d’émission, puis leur stockage dans des substrats géologiques, des mines, les fonds océaniques ou encore les sols. Or, ce procédé est immature, très coûteux, et constitue un argument de greenwashing massivement utilisé aujourd’hui par l’industrie fossile pour justifier le développement de nouveaux projets pétro-gaziers.

Loin de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les équipements de CCS visant à produire de l’hydrogène « bleu » réclament, au contraire, plus d’énergie, et, par extension, plus de gaz fossile6.

Mais alors, qu’en est-il de l’hydrogène « vert » ? Issu d’une production à partir d’électrolyse (technique nécessitant de l’eau et de l’électricité issue de sources renouvelables), l’hydrogène vert coûte deux à trois fois plus cher que les méthodes traditionnelles plus polluantes7 et consomme énormément d’eau, ressource qui se raréfiera dans les prochaines décennies.

Les solutions ne peuvent être confiées aux mains de l’agro-industrie. Toute l’attention des pouvoirs publics doit se tourner vers les véritables solutions, qui existent et sont éprouvées.

L’agroécologie paysanne : l’urgente et nécessaire transition

Aux Amis de la Terre, nous revendiquons une réduction drastique et immédiate de la production et de l’usage des engrais azotés. Il est prouvé8 qu’il est possible de réduire drastiquement notre consommation d’engrais de synthèse, tout en assurant la sécurité alimentaire de la population mondiale. C’est pourquoi nous demandons immédiatement la mise en place des alternatives efficaces, éprouvées et respectueuses du vivant et des écosystèmes, que sont :

La sortie de l’élevage industriel et de l’agriculture intensive

L’agriculture biologique et la polyculture-élevage, moins dépendantes des engrais que l’élevage intensif et les monocultures, doivent bénéficier de davantage d’aides publiques. Par ailleurs, il est nécessaire de réduire drastiquement le nombre d’animaux d’élevage en France, surtout lorsque l’on sait que 80% des engrais servent à produire de l’alimentation pour les animaux d’élevages.

Une réforme de la Politique Agricole Commune (PAC)

Aujourd’hui, la PAC favorise l’agrandissement des exploitations et tend donc à renforcer un modèle agro-industriel délétère pour l’emploi paysan, le climat et la biodiversité. Avec le Collectif Nourrir, nous portons plusieurs propositions concrètes pour que la PAC assure un revenu décent aux agriculteur·ices et opère enfin un vrai tournant vers l’agroécologie.

Le développement des légumineuses

Contrairement aux engrais azotés, déployer les légumineuses dans les rotations de cultures assure un apport direct d’azote aux plantes, et sans dommages pour l’environnement. Ainsi, l’OCDE a calculé qu’en Finlande, une production intensive de légumineuses permettrait de réduire l’utilisation d’engrais azotés de 60%, ainsi que celle d’énergies fossiles9. En agroécologie, la culture des légumineuses permet également de piéger le carbone dans les sols. Peu gourmandes en eau, les légumineuses améliorent le rendement des cultures céréalières (de 20% en moyenne, et davantage en l’absence d’engrais azotés10) et permettent de réduire les émissions de protoxyde d’azote, par rapport aux engrais azotés.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à un enjeu vital de justice climatique et de sécurité alimentaire. Engraisser les poches des actionnaires de l’agro-industrie ou respecter les limites planétaires en défendant l’emploi paysan, il faut choisir !

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09 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

george monbiot (reporterre)

George Monbiot : «<small class="fine d-inline"> </small>Derrière chaque mouvement fasciste, il y a un milliardaire<small class="fine d-inline"> </small>»George Monbiot à Paris, en octobre 2023. Son dernier livre Nourrir le monde vient d’être traduit en français. – © Mathieu Génon / Reporterre

George Monbiot : « Derrière chaque mouvement fasciste, il y a un milliardaire »

Reporterre — Êtes-vous optimiste ?

George Monbiot — Oui. L’une des raisons pour lesquelles les gens sont pessimistes est qu’ils pensent qu’il faut convaincre tout le monde pour que le changement se produise. De nombreux exemples historiques montrent que ce n’est pas vrai. Nous disposons de données [1] qui montrent combien de personnes doivent être persuadées pour qu’un changement sociétal se produise : environ 25 % de la population.

Si vous regardez les attitudes à l’égard de l’avortement, du mariage homosexuel, de la libération de la femme, du tabagisme, de la ceinture de sécurité, il suffit d’atteindre cette proportion pour que la bascule se fasse. Une fois qu’un nombre suffisant de personnes est engagé, le reste de la population se met soudain à suivre.

Alors pourquoi tant de gens en Grande-Bretagne, en France, en Pologne, en Allemagne… sont-ils opposés au mouvement écologique et votent-ils pour des partis très conservateurs ?

Malheureusement, l’extrême droite essaie d’atteindre son propre point de bascule et partout, elle s’est montrée extrêmement efficace dans la recherche de changements systémiques.

Le problème ne vient pas seulement de l’extrême droite, mais du fait qu’il existe une alliance entre les super-riches et l’extrême droite…

C’est vrai. Derrière chaque mouvement fasciste se cache un milliardaire qui le soutient discrètement. L’extrême droite désigne des boucs émissaires parmi les minorités : la colère du public n’est pas dirigée là où elle devrait l’être, c’est-à-dire vers les très riches qui sont les personnes qui détruisent nos moyens de survie.

Dans sa dernière encyclique sur l’écologie, le pape François parle de la nécessité de changer le « mode de vie irresponsable du modèle occidental ». Pourquoi les responsables politiques n’osent-ils pas dire la même chose ?

Aucun politicien ne semble prêt à le dire en dehors des partis Verts, alors que c’est une réalité à laquelle nous devons confronter les gens. Elle est présentée comme effrayante parce que nous avons normalisé des formes extrêmes de consommation, même si nous savons qu’elles ne nous rendent pas plus heureux.

Il faut que cela change, sinon cela conduira au plus grand malheur jamais connu dans l’histoire de l’humanité. Mais c’est considéré comme impensable, non pas parce que la grande majorité de la population ne pourrait pas le penser, mais parce qu’au Royaume-Uni, la plupart de nos journaux sont détenus par des milliardaires psychopathes qui ne vivent pas en Grande-Bretagne. Pourtant, ils nous disent comment penser et comment vivre, et ils ont plus d’influence sur les partis politiques que les électeurs. Ce sont eux qui rendent impensable de dire aux gens qu’il faut consommer moins.

Comment démanteler l’alliance entre les ploutocrates [2]– comme vous les avez désignés récemment dans The Guardian – et l’extrême droite ?

Il faut commencer par cesser de s’inquiéter de leur poids. Si les révolutionnaires avaient pensé : « Les forces de l’oppression sont si énormes que nous ne pouvons pas envisager de les renverser », rien ne se serait jamais produit. Ce que nous savons, c’est que nous pouvons atteindre très rapidement une masse critique. Ce qui semble impossible à un moment donné devient inévitable au moment suivant. Nous devons cesser de nous inquiéter d’eux et nous concentrer sur nos tactiques et notre stratégie. Bien sûr, ce sera extrêmement difficile. Au Royaume-Uni, des lois incroyablement oppressives ont été adoptées, en vertu desquelles vous pouvez être jeté en prison pendant dix ans simplement pour avoir manifesté.

Ont-elles été appliquées contre des écologistes ?

Oui. La loi sur la police de 2022 et la loi sur l’ordre public de 2023 sont les lois les plus répressives des protestations de toutes les soi-disant démocraties. Par ailleurs, en plus des poursuites pénales, les autorités publiques et les entreprises privées obtiennent désormais des injonctions à l’encontre de toute personne qu’elles n’aiment pas et ces personnes se voient contraintes de les payer. Certains de nos militants les plus efficaces voient leur vie entière détruite [3].

Les pouvoirs nous opposent tout ce qu’ils peuvent, mais c’est un signe de leur peur. Car à mesure que la crise environnementale devient évidente, il est de moins en moins possible de le nier. Cela devient une crise existentielle pour l’industrie des combustibles fossiles, l’industrie automobile, l’industrie de la viande, l’industrie aéronautique, l’industrie minière et bien d’autres encore.

Comment faire face à une répression aussi dure ?

On a fait bien pire à nos ancêtres politiques, aux femmes qui ont essayé d’obtenir le droit de vote, aux militants des droits civiques, à ceux qui ont essayé d’obtenir l’égalité des droits, aux campagnes pour l’indépendance. Des milliers de personnes ont été tuées ou torturées. Cela se produit encore : des centaines de militants écologistes sont assassinés chaque année dans le monde. Ce que nous demandons aux gens de faire — résister à ce système monstrueux — est très difficile, mais pas aussi difficile que ce que d’autres personnes ont dû affronter dans le passé.

En fait, lorsque les gens voient que d’autres personnes paient le prix fort pour leurs actions, ils les prennent plus au sérieux. Le courage des militants me donne de l’espoir. Chaque fois que les puissances oppressives pensent nous avoir écrasés, le courage des gens revient en force.

Vous semblez apprécier la stratégie d’Extinction Rebellion (XR).

XR est très stratégique. Mais la pandémie de Covid a interrompu sa campagne très efficace. On était proche d’un point de bascule. Malheureusement, tout le monde a dû rentrer chez soi. Nous devons reconstruire à partir de cette position et c’est très difficile, notamment parce que la police et les politiciens sont plus préparés cette fois-ci et qu’ils ont introduit des lois très répressives.

Vous avez débattu avec le géographe Andreas Malm, auteur de Comment saboter un pipeline. Que pensez-vous du sabotage comme tactique de lutte ?

Avec Andreas Malm, la question porte sur la tactique. Je ne suis pas opposé à ce que des personnes sabotent des biens appartenant à des entreprises ou détruisent des infrastructures, tant que personne n’est blessé. Mon principal souci, c’est que cela expose les gens à des peines très lourdes. Les peines encourues sont si élevées que je ne peux pas encourager d’autres personnes à le faire, parce que je ne suis pas prêt à le faire moi-même.

Vous avez commencé votre chronique dans le Guardian en 1995. Qu’est-il arrivé à l’Angleterre depuis cette date ?

Une catastrophe. On avait un pays raisonnablement bien géré dans ses fonctions de base, et tout cela a été détruit. Nos rivières sont pleines de merde parce que le système d’égout ne fonctionne plus, parce que pendant des années, aucun investissement n’y a été fait, parce que les compagnies des eaux privées qui le gèrent n’ont fait qu’aspirer l’argent pour le mettre dans les poches de leurs actionnaires. Nos chemins de fer ne fonctionnent plus pour la même raison. Nos écoles s’effondrent littéralement parce que certaines ont été construites avec un béton qui ne dure que trente ans. Nos hôpitaux tombent en ruine. Le système s’effondre sous nos yeux et il n’y a pas de mystère sur la cause de ceci : l’idéologie néolibérale a transformé un système qui fonctionnait plus ou moins dans l’intérêt de la population en un système qui fonctionne dans l’intérêt des grandes sociétés.

Comment imaginez-vous le monde en 2030 ?

Quand les politiciens disent 2050, ils veulent dire jamais. 2050 est devenu un synonyme de jamais. Il vaut mieux effectivement parler de 2030. Nous pourrions d’ici là avoir franchi des points de bascule environnementaux, et être confrontés à un effondrement des systèmes terrestres. Le type de changement possible est inimaginable. Les changements politiques auxquels nous pourrions assister sont aussi inimaginables.

Une possibilité réelle est que l’extrême droite prenne le pouvoir au Royaume-Uni en 2029, sous le drapeau du parti conservateur. Mais si ces mauvaises choses sont imaginables, les bonnes choses le sont aussi : nous pourrions voir des mouvements de masse irrépressibles et dont la pression force le changement politique. Qu’elle force, par exemple, le parti travailliste à réagir et à devenir un parti qui fait ce qu’il dit.

Récemment, l’ex-président français Nicolas Sarkozy a dit que le vrai problème n’était pas le changement climatique, mais la démographie.

C’est ce que la droite dit toujours. C’est une façon de rejeter la responsabilité des consommateurs du monde riche sur les personnes les plus pauvres de la planète. En fait, nous nous dirigeons vers un plateau démographique au milieu du siècle, puis la population est susceptible de diminuer à partir de 2070 environ, et ensuite de façon très marquée. C’est le seul indicateur environnemental qui ne soit pas en train de crever le plafond à l’heure actuelle. Cependant, il y a une véritable crise démographique, c’est celle du cheptel, qui augmente de 2,4 % par an.

Quelles sont les conséquences de cette explosion de bétail ?

D’ici 2050, si les tendances actuelles se poursuivent, nous aurons 100 millions de tonnes d’êtres humains sur terre et 400 millions de tonnes de bétail supplémentaires. Il s’agit d’une catastrophe absolue, car pour subvenir aux besoins de ce bétail, il faut faire l’une des deux choses suivantes, toutes deux dévastatrices : la première est de les entasser dans d’immenses usines et à cultiver de la nourriture ailleurs, puis à déverser cette nourriture dans ces usines, qui produisent alors d’énormes émissions de nutriments, ce qui tue n’importe quelle rivière. L’alternative de l’élevage extensif nécessite de vastes étendues de terre. Aucune zone terrestre ne peut survivre à un élevage extensif massif, et vous avez donc le choix entre supprimer les rivières ou supprimer les terres. La seule option est d’arrêter de manger des produits d’origine animale.

george monbiot (reporterre) dans Altermondialisme monbiot
« Le courage des militants écologistes me donne de l’espoir », dit George Monbiot, célèbre éditorialiste du quotidien The Guardian. Il évoque la « crise existentielle » que vivent les industries polluantes.

George Monbiot est le chroniqueur écologiste le plus en vue dans le monde anglo-saxon. Sa colonne régulière dans The Guardian pourfend les destructeurs de la planète. De passage à Paris pour présenter la traduction de son dernier livre Nourrir le monde (Les liens qui libèrent), il a répondu à Reporterre sans mâcher ses mots.

https://reporterre.net/

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09 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

corrosion ( sdn)

nuk

Corrosion sous contrainte et fatigue thermique : Quand les certitudes d’EDF se fissurent

L’hiver dernier, le phénomène de corrosion sous contrainte a stoppé simultanément et longtemps plusieurs réacteurs nucléaires. Outre la menace induite sur l’approvisionnement en électricité, ce phénomène qu’EDF jugeait impossible a plongé l’exploitant dans l’urgence et le désarroi. Et a mis en lumière les limites de ses études et de ses contrôles. Un problème de vérifications et d’anticipation loin d’être réglé et bien plus profond que de la corrosion.

En 2021, à Civaux (Nouvelle-Aquitaine) une fissure est découverte sur un circuit de refroidissement [1] au cœur d’un des réacteurs les plus récents. Profonde de plusieurs millimètres, elle fait toute la circonférence du tuyau. Et elle se situe sur un tronçon qui ne peut pas être isolé ; s’il rompt, c’est la fuite assurée.

Une fois le tuyau découpé et analysé en laboratoire, le diagnostic tombe : le métal inoxydable a été rongé par une corrosion particulière, dite sous contrainte [2] (CSC). Un phénomène pourtant impossible d’après les choix de conception, de matériaux et de fabrication d’EDF.

Le problème est grave et l’incompréhension totale. Puisque l’impossible est survenu au cœur de Civaux, il peut être partout. Cette crainte est vite confirmée lorsqu’une nouvelle fissure de CSC est repérée au cœur d’un autre modèle de réacteur, à Penly (Normandie). Le bon sens voudrait alors qu’EDF s’assure de l’état de l’ensemble de ses réacteurs.

Quand les vérifications posent problème

Mais vérifier le cœur des 56 réacteurs nucléaires français ne se fait pas comme ça. Il faut non seulement les arrêter, mais aussi contrôler des dizaines de mètres de tuyaux dans des zones radioactives et difficiles d’accès. Hic supplémentaire, puisque la CSC ne pouvait pas arriver, EDF n’a pas conçu de technique pour la détecter. Il existe bien les contrôles par ultrasons, utilisés pour déceler d’autres altérations, mais la méthode est inadaptée à la CSC. Elle n’est pas fiable sur le métal inoxydable et n’indique pas la profondeur des fissures, paramètre crucial pour déterminer si la rupture est possible.

Alors vite, EDF développe une technique pour détecter et caractériser les fissures de CSC. Et vite, EDF étudie ce phénomène qu’il n’avait pas anticipé. L’industriel réduit rapidement le périmètre de ses vérifications : seuls certains circuits de certains réacteurs seraient « sensibles » à cette corrosion [3]. Fort de ses nouvelles certitudes, il choisit alors de découper ces tuyaux et de les remplacer intégralement, à l’identique [4].

Pourquoi tout remplacer au lieu de réparer les parties fissurées ? Parce que la méthode de contrôle qu’EDF a développée n’est pas très fiable, elle donne de faux positifs. En plus, elle n’est pas réalisable partout : dans certaines zones l’analyse des résultats est difficile, voire impossible. Elle doit être complétée par d’autres types d’examens car elle ne donne d’informations ni sur la longueur des fissures ni sur leur évolution [5].

Et elle coûte cher en temps, en argent et en dose de rayonnement. Il faut quatre contrôleurs spécifiquement formés et toute une semaine pour examiner deux soudures. D’ailleurs, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) le dit : il ne sera pas possible de vérifier toutes les tuyauteries susceptibles d’être concernées par la CSC [6].

Quand les problèmes questionnent les vérifications

Et puis début 2023, une fissure de CSC très profonde (23 mm sur 27 mm d’épaisseur) est découverte à Penly, sur une portion de circuit qu’EDF avait classée « non sensible » [7]. Comme quoi, les études et les nouvelles certitudes d’EDF sont à revoir. Le périmètre des vérifications aussi.

EDF comprend alors que les réparations effectuées provoquent des contraintes qui favorisent la corrosion. L’industriel épluche ses dossiers : au moins 320 soudures sont à vérifier. Les contrôles prendront des années. Les capacités matérielles et humaines d’EDF et les contraintes de production (temps et durée des arrêts) dictent le calendrier.

Au même moment, les contrôles réalisés avec la technique « améliorée » révèlent des fissures d’un autre genre sur deux réacteurs : les chocs de température fatiguent le métal qui, à force de dilatation et de contraction, finit par se fissurer. Cette fatigue thermique est bien connue mais est apparue… dans des zones où elle n’était pas censée arriver. Les études de conception d’EDF n’avaient pas prévu la sollicitation répétée de ces tuyauteries. La découverte remet en question le périmètre des contrôles de surveillance de la fatigue thermique dans tous les réacteurs d’EDF. Mais pas seulement.

Mise bout à bout avec la CSC, la fatigue thermique soulève plus largement la question des vérifications et pointe le véritable problème : l’arrogance d’EDF, qui trop confiant, ne remet en question ses calculs et ses études que lorsqu’il est déjà trop tard.

On le voit bien, EDF ne maîtrise pas tout ce qui est à l’œuvre dans ses réacteurs. Or, ses vérifications sont conditionnées à ses connaissances. Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), l’industriel doit encore mener un volume d’études colossal pour déterminer les causes profondes de la CSC [8]. Et doit réviser toute la stratégie de contrôle de son parc nucléaire [9].

Remplacer à l’identique sans avoir compris ce qui fissure les tuyauteries, limiter les contrôles, utiliser une méthode bancale et coûteuse, laisser en l’état des zones possiblement endommagées, tout ça par manque de moyens, de compétences et d’humilité…

Non, l’approvisionnement en électricité en France n’est pas si bien sécurisé. Oui, il peut y avoir encore de longs arrêts de réacteurs, pour corrosion, fatigue thermique ou autre phénomène soit-disant impossible. C’est le prix à payer quand un État décide de tout miser sur une technologie pas si bien maîtrisée.

Laure Barthélemy

https://www.sortirdunucleaire.org/

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07 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

bretagne (reporterre)

Pesticides : le combat des familles d'agriculteurs souffrant de tumeurs

Un collectif breton réclame la reconnaissance des tumeurs cérébrales comme maladie professionnelle liée à l’exposition aux pesticides.

Pesticides : le combat des familles d’agriculteurs souffrant de tumeurs

« C’était une battante, raconte son compagnon Jean-Louis. Elle avait des paralysies dans les mains, les jambes mais elle gardait toute sa conscience. » Elle est morte en 2020 à 67 ans — neuf mois ont séparé l’apparition des premiers symptômes de son décès. Comme Odette Gruau, bien d’autres agriculteurs sont touchés par des tumeurs cérébrales.

En Bretagne, le collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, qui a adressé lundi 4 décembre un courrier à la Première ministre Élisabeth Borne, réclame que ces pathologies soient inscrites dans le tableau des maladies professionnelles agricoles. Cela permettrait aux agriculteurs d’être automatiquement reconnus comme souffrant d’une maladie professionnelle s’ils ont utilisé tel ou tel pesticide en lien avec leur pathologie.

Depuis 2020, cinq agriculteurs et une agricultrice du Grand Ouest, du Morbihan au Maine-et-Loire, ont bien obtenu, après leur décès, le classement de leur tumeur comme maladie professionnelle. Mais cela reste exceptionnel. Quatre autres dossiers sont en cours d’instruction.

« À la fin, il ne pouvait plus parler »

Clément Sauvaget est mort à 69 ans d’une tumeur nommée oligodendrogliome. La reconnaissance en maladie professionnelle est arrivée en 2020, onze après son décès. Pour son épouse Michèle, c’est « la reconnaissance de son combat ». Éleveur laitier en Vendée, tout a commencé par des malaises. « Il était persuadé que c’était à cause des produits. Il en manipulait depuis ses 13-14 ans. Il est né en 1940, une époque où les paysans ont voulu moins travailler grâce à la modernisation et sortir d’une vie difficile. » Un an a séparé les premiers malaises et le décès de l’éleveur. « À la fin, il ne pouvait plus parler. Il comprenait ce qu’on lui disait mais il ne pouvait plus s’exprimer, c’était très difficile. »

Les tumeurs cérébrales, comme l’oligodendrogliome de Clément Sauvaget ou le glioblastome de Gérard Leroux, touchent de nombreuses fonctions comme l’équilibre, la capacité à écrire ou à s’exprimer. « Un matin, Gérard m’a dit qu’il n’arrivait plus à écrire, j’ai pensé à un AVC », raconte son épouse Jasmine. Le diagnostic est tombé quelques jours plus tard. Il a rapidement perdu certaines facultés, s’embrouillait dans les chiffres, n’arrivait plus à parler. D’abord éleveur de vaches laitières, il s’était tourné par la suite vers un poulailler industriel de dinde puis la culture de céréales. Gérard est mort fin 2019 à 62 ans, et la reconnaissance en maladie professionnelle a été actée en septembre dernier.

Accompagnement des familles

Christophe Olivier, lui, est décédé à 44 ans. « Quand il traitait, surtout le colza, il avait des vertiges, envie de vomir et de dormir », raconte sa compagne Karine. Il s’agissait des premiers symptômes. Dix-huit mois plus tard, il mourait.

« Il est temps de faciliter la vie des familles » explique l’avocate du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, Hermine Baron. Aujourd’hui, ce sont aux proches de démontrer l’exposition aux pesticides, souligne-t-elle. Trois maladies sont reconnues comme liées aux pesticides : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et ceux du sang. « La littérature scientifique démontre un lien de causalité entre ces tumeurs et l’exposition aux pesticides », souligne Hermine Baron. Une étude de l’Inserm, publiée en 2021, explique que « les personnes ayant travaillé dans au moins une culture ou un élevage présentaient une élévation du risque de tumeur. Les risques étaient plus élevés pour certaines cultures : pois fourrager, betteraves, pommes de terre. »

Dans sa thèse en santé publique soutenue en 2018, Clément Piel souligne par ailleurs la dangerosité des pesticides issus de la famille des carbamates dans le développement de ces tumeurs.

L’inscription des tumeurs cérébrales aux tableaux des maladies professionnelles offrirait une « protection renforcée des travailleurs, assurant un accès plus rapide aux indemnisations et aux soins nécessaires » souligne le courrier adressé à la Première ministre. Car les tumeurs vont vite. Hermine Baron résume : « Nous avons très peu de temps pour connaître les personnes malades, elles partent trop vite à cause de la rapide progression de la maladie. »

Julie Lallouët-Geffroy 7 décembre 2023

https://reporterre.net/

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07 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

macron cop28 (reporterre)

COP28 : la France obsédée par le nucléaire plutôt que par le climat
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COP28 : la France obsédée par le nucléaire plutôt que par le climat

Alors que la France promeut l’atome à la COP28 de Dubaï, la Commission européenne préfère parier sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

À la COP28 se livre une bataille sans pitié entre sources d’énergies décarbonées. Dans la synthèse de son sixième rapport d’évaluation, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) rappelle que si nous voulons avoir de bonnes chances de stabiliser le réchauffement à +1,5 °C, nous devons diminuer de 43 % nos émissions de à gaz à effet de serre entre 2019 et 2030. L’un des principaux leviers de cette décarbonation sera le remplacement du pétrole, du charbon et du gaz [1] par des sources d’énergie « décarbonées » : renouvelables mais aussi nucléaire.

Dans le centre des expositions de Dubaï, les lobbyistes des deux camps font feu de tout bois. Le premier round s’est produit le 2 décembre. À l’initiative de la France était organisé un happening, on ne peut plus officiel, consacré à l’atome. Les pontes tricolores de l’énergie avaient fait le déplacement. Luc Rémont, patron d’EDF, et Jean-Pierre Clamadieu, boss d’Engie, étaient au premier rang.

Tripler le parc nucléaire mondial

Sur scène, Emmanuel Macron, président de la République, a fixé son ambition : tripler la capacité de production mondiale d’énergie nucléaire entre 2020 et 2050. Ce qui porterait à environ 1 200 GW la puissance totale du parc au mitan du siècle. Le tout a été décliné dans une déclaration dont la forme singe une décision de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Pratiquement au même moment, la présidente de la Commission européenne participait, elle aussi, à un événement parallèle. Cette fois, il n’était pas question d’énergie nucléaire. Ursula von der Leyen a proposé que le monde triple la capacité de production d’électricité d’origine renouvelable d’ici à 2030, éolien et solaire en tête. Avec pour objectif de porter ladite capacité installée à 11 000 GW.

L’ancienne ministre de la Défense de l’Allemagne a aussi proposé de doubler le rythme mondial de l’amélioration de l’efficacité énergétique, lequel passerait de 2 à 4 % par an. Cette déclaration a reçu le soutien de 118 gouvernements.

Programme illusoire

La démarche française interroge. La déclaration affirme s’appuyer sur l’analyse du Giec pour fixer sa trajectoire. L’argument est biaisé. Son rapport sur la stabilisation du réchauffement à 1,5 °C mentionne de nombreux scénarios énergétiques possibles, dont un seul table sur un triplement de la capacité nucléaire d’ici à 2050. Comme à leur habitude, les auteurs du réseau mondial de scientifiques ne font aucune proposition ni recommandation.

Autre remarque : tripler la capacité de production nucléaire en vingt-six ans semble totalement illusoire. Actuellement, seuls deux pays construisent en (petite) série des réacteurs : la Russie et la Chine. Ces deux pays ont la main-d’œuvre, le savoir-faire et, surtout, une abondance illimitée de capitaux. Ce n’est pas le cas de la France.

Chapeautant l’industrie nationale nucléaire, EDF est lourdement endettée (à hauteur de 64,5 milliards d’euros, à comparer aux 46 milliards d’euros de capitaux propres) et son parc de réacteurs tournera au ralenti pendant longtemps. Ces deux facteurs limitent très fortement son accès au marché des capitaux (banques, fonds d’investissement). Il n’est pas non plus certain que la Commission européenne autorise l’État à financer une partie du futur programme nucléaire français — encore moins à l’export — en raison des règles encadrant les aides d’État. Bruxelles et Paris s’opposent aussi depuis plus d’une décennie sur l’organisation de l’hydroélectricité dans l’Hexagone. EDF n’est pas en odeur de sainteté au sein de l’exécutif communautaire.

La France, comme bien d’autres pays, souffre d’un manque criant de professionnels : ingénieurs nucléaires, techniciens et ouvriers spécialisés. Ce qui explique, en partie, l’accident industriel de la construction de l’EPR de Flamanville. Reconstituer ces compétences prendra, encore une fois, du temps.

Pas étonnant, dans ces conditions, que la déclaration française n’ait été signée que par vingt-deux pays [2], dont aucun n’est capable d’engager un programme nucléaire d’ampleur, ni chez lui, ni à l’étranger.

Rédigés par l’Agence internationale de l’énergie, soutenus par la présidence émiratie de la COP28, les objectifs portés par la Commission européenne figureront à coup sûr dans la déclaration finale. Ce qui n’est pas du tout certain pour le programme français. Le 2 décembre, au cours d’une conférence de presse, Emmanuel Macron a souhaité qu’il soit « annexé » au futur accord de Dubaï. L’ambition faiblit déjà.

Dubaï (Émirats arabes unis), envoyé spécial Valéry Laramée de Tannenberg

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03 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

scientifiques (reporterre)

COP26

« Dubaï est une farce » : les Scientifiques en rébellion organisent une alter COP à Bordeaux

Le collectif Scientifiques en rébellion organise une COP alternative à Bordeaux afin de dénoncer l’échec de la gouvernance climatique mondiale et d’inventer de nouveaux imaginaires.

« Le message est terrible. La COP28 est témoin d’une faillite : celle de la gouvernance climatique internationale. » Un micro à la main, le biochimiste Jérôme Santolini s’adresse à l’assemblée avec la pédagogie du professeur et la fièvre de l’activiste. Dans ce hall austère de la Base sous-marine de Bordeaux, tout de béton vêtue, la température est un brin plus fraîche qu’à Dubaï. Bienvenue à l’alter-COP des Scientifiques en rébellion. Ces femmes et ces hommes en blouse blanche ont quitté leur laboratoire pour investir ce bâtiment du 30 novembre au 3 décembre, et dénoncer « la farce qui se joue sous nos yeux ».

« La COP28 n’est pas une solution, elle est le problème, assure Jérôme Santolini. Elle sature l’espace politique et empêche l’émergence d’alternatives. »

Pour lui, les institutions restent enfermées dans un modèle datant des Trente glorieuses et sont incapables de s’adapter à l’ère de l’anthropocène. Preuve à l’appui, le procès survenu le 30 novembre à Paris : huit scientifiques et militants comparaissaient pour avoir occupé le Muséum national d’histoire naturelle en 2022. « Et pendant ce temps, les vrais criminels climatiques, connus depuis belle lurette, se promènent dans les couloirs d’une COP aux mains plongées dans le pétrole », s’insurge le chercheur.

« Les COP sont des machines à fabriquer une fiction collective »

Historienne des politiques du changement climatique, Amy Dahan tient à rassurer son auditoire : elle non plus ne croit pas en ces COP. « Néanmoins, ce cadre multilatéral a accompagné une certaine prise de conscience de l’urgence. » Avec une vingtaine de participations à son compteur, elle atteste qu’avant le début des années 2000, aucun officiel ou presque ne croyait au changement climatique : « Il y avait un fort climatoscepticisme et, sur ce point précis, ça a évolué. »

Si tout n’est pas à jeter, le constat reste noir à l’heure du vingt-huitième rendez-vous pour le climat : « Il y a eu le protocole de Kyoto, l’accord de Copenhague, celui de Paris… Et qu’en reste-t-il ? » s’interroge Romain Grard, du collectif Scientifiques en rébellion.

La Convention-cadre sur les changements climatiques, signée en 1992 à New York, témoignait du désir des parties prenantes de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau viable. Trente-et-un plus tard, elles ont grimpé de 60 % : « Les COP sont des machines à fabriquer une fiction collective, dit la collapsologue Agnès Sinaï. Des milliers d’officiels construisent une rhétorique insaisissable pour le commun des mortels et tout cela ne sert qu’à occulter le tabou des énergies fossiles. »

« Aujourd’hui, on n’a plus le luxe d’être simplement contre, estime Romain Grard. On ne peut rester les bras croisés, alors il faut inventer autre chose. » Des alternatives, Agnès Sinaï en a plusieurs à suggérer. À commencer par la création d’une Cour internationale de justice climatique, sur le modèle de la Cour pénale internationale de La Haye : « L’accord de Paris est un traité politique totalement dénué de sanctions. Les États sont à la fois juges et parties, ça n’a aucun sens. » Elle propose en outre d’initier une Convention citoyenne internationale pour le climat, ou encore une COP de la décroissance. Aussi utopistes soient-elles, ces pistes ont le mérite d’inventer de nouveaux imaginaires.

Là est aussi le pari de cette alter-COP : s’approprier le narratif trop longtemps accaparé par les puissants. « On a toujours attendu des scientifiques qu’ils pondent de grands rapports à déposer sur le bureau de tel ou tel ministre », constate Stéphanie Mariette, généticienne des populations. Seulement, à quoi bon si c’est pour les entendre parler de croissance verte ensuite ? « Aujourd’hui, ce cadre institutionnel, créé par l’État, ne suffit plus. On doit s’en libérer et aller directement au contact des citoyens, au plus près des luttes locales. »

Un fossé entre le grand public et les scientifiques

Géographe et contributeur du Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), Wolfgang Cramer partage cette observation : « Je suis fasciné par la figure que l’on a construite du scientifique volontairement naïf. On se contentait de constater. On observait monter et descendre ces courbes, pour les décrire ensuite dans un langage froid et neutre. » Il met au défi quiconque de trouver un seul point d’exclamation dans les travaux du Giec. « Et de retour à la maison, on passait à autre chose, déplore-t-il. On considérait que plus nous étions désengagés, plus nous étions crédibles. C’était un contrat imaginaire avec la société. »

Cette posture a creusé un fossé entre le grand public et les scientifiques. « J’ai le sentiment que nous restons souvent entre nous, confirme l’océanographe François Sarano. Et cet entre-soi confortable rebute les citoyens que l’on devrait convaincre. Nous faisons peur, nos discours effraient. Pourtant, il faut séduire. » Comment ? En cherchant d’autres interlocuteurs que ceux des revues spécialisées où sont publiés les travaux et ceux des colloques internationaux où les chercheurs ne rencontrent que leurs pairs. « Il devient crucial de construire des ponts avec le grand public », abonde Julian Carrey, enseignant physicien à la blouse blanche et aux cheveux ébouriffés.

Plus facile à dire qu’à faire : une petite centaine de personnes à peine, scientifiques et journalistes compris, ont participé aux débats. Et au moins autant de chaises vides. Alors, à la tombée de la nuit, flottait dans l’air le sentiment amer d’un rendez-vous manqué.

Emmanuel Clévenot 2 décembre 2023

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02 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

nucléaire (greepeace)

nukleaire

COP28 : l’action climatique freinée par des annonces sur le nucléaire

Nucléaire

À la COP28, une vingtaine de pays dont la France viennent de signer une déclaration commune pour tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020. Greenpeace France dénonce une manœuvre de diversion climatique.

“Le constat scientifique est clair : si l’on souhaite conserver une chance d’une trajectoire de 1.5°C, il faut massivement baisser les émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années. Beaucoup trop lent à déployer, le nucléaire est totalement hors délai face à l’urgence climatique.

L’annonce d’un triplement des capacités est déconnectée de la réalité*. Entre retards, surcoûts et dépendance à la Russie, l’industrie nucléaire perd chaque jour du terrain dans le mix énergétique mondial et se marginalise un peu plus au profit des énergies renouvelables.

Bien moins chères, rapides à déployer et accessibles aux pays en développement, ces énergies font quant à elles consensus sur la scène internationale. À l’image de la scène nationale sur laquelle la France brille par sa médiocrité en termes de développement des énergies renouvelables, l’obsession pronucléaire d’Emmanuel Macron masque en réalité son manque de sérieux dans l’action climatique.”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France.

*Pour tripler les capacités nucléaires mondiales, il faudrait mettre en service plus de 70 grands réacteurs par an, année après année, entre 2040 et 2050.

Or ces dernières années, ce sont 5 nouveaux réacteurs en 2020, 6 réacteurs en 2021, 6 réacteurs en 2022 et 4 réacteurs en 2023 (soit un total de 21 nouveaux réacteurs) qui ont été ajoutés au réseau.

Lors des deux dernières décennies il y a davantage de réacteurs qui ont été fermés que mis en service dans le monde.

2 décembre 2023

https://www.greenpeace.fr/

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30 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

crêpes wahou ( L214)

vaches

Pour la fabrication de ses crêpes, la marque Whaou! utilise entre autres du lait et du beurre. Elle travaille historiquement avec cet élevage intensif situé à Plouzévédé dans le Finistère à quelques kilomètres de la commune de Plouédern où sont fabriquées les crêpes. Ces vaches produisent plus d’1 000 000 litres de lait par an pour la marque Whaou!.

Ces images très récentes de l’élevage historique fournissant la marque de crêpes industrielles Whaou! montrent des animaux détenus dans des conditions déplorables.

Les vaches pataugent dans leurs excréments, certaines sont blessées : une vache présente une corne fracturée entraînant un saignement abondant au niveau de la tête, d’autres ont les sabots si longs qu’elles ne peuvent pas se déplacer normalement.

Des veaux sont séparés de leur mère et sont enfermés dans de minuscules enclos aux barreaux métalliques. Les animaux n’ont jamais accès à l’extérieur, ils vivent dans un environnement insalubre, en plein courant d’air, et dans des bâtiments détériorés. Les génisses affamées, futures vaches laitières de l’élevage, sont nourries avec de la paille jetée à même lisier qui leur fait office de litière.

L’insalubrité de l’élevage a déjà été reconnue par la préfecture : une mise en demeure par arrêté préfectoral a été publiée en mai 2022. 18 mois plus tard, l’établissement n’est toujours pas mis aux normes. L214 porte plainte pour sévices graves et mauvais traitements.

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29 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

petits réacteurs (reporterre)

voiture-oui-oui

L’État débloque 100 millions d’euros pour les petits réacteurs nucléaires

Le gouvernement a mis près de 100 millions d’euros sur la table pour le développement de petits réacteurs nucléaires innovants, a-t-il annoncé lundi 27 novembre.

77,2 millions d’euros ont été accordés à six projets de réacteurs SMR (small modular reactors, petits réacteurs modulaires) et AMR (advanced modular reactors, réacteurs modulaires avancés), aux technologies et aux niveaux de maturité variés : réacteur de fission au sodium, à haute température ou réacteur à fusion, visant à produire de l’électricité, de la chaleur ou à recycler les combustibles usés. 18,9 millions d’euros ont été accordés au Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour accompagner ces projets.

Seuls deux SMR sont en service

Cette enveloppe s’inscrit dans le programme d’investissements France 2030, qui a déjà doté trois projets SMR/AMR début 2023 : Naarea et Newcleo (25 millions d’euros à eux deux) et Nuward (filiale d’EDF créée début 2023). Elle a été dévoilée la veille de l’ouverture du salon mondial du nucléaire civil (WNE), qui se tient du 28 au 30 novembre à Paris et qui fera la part belle à ce type de projets.

Plus de 80 projets de SMR et d’AMR sont actuellement en développement dans 18 pays, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique. Pour autant, leur faisabilité n’est pas acquise.

À ce jour, les seuls SMR en service – deux petits réacteurs de 35 mégawatts chacun installés sur une barge – se trouvent en Russie. Aux États-Unis, l’entreprise NuScale a annoncé la semaine dernière la suspension de la commercialisation du premier SMR américain, faute de clients, refroidis par l’annonce récente d’une hausse des coûts.

En France, le coulage du premier béton du projet Nuward d’EDF n’est pas attendu avant 2030.

https://reporterre.net/

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