Archive | Luttes écolos en Bretagne

03 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Contre-Salon ( FR3 )

paysans

Salon de l’agriculture. Dans les campagnes, des « contre-salons » pour les paysans qui ne s’y reconnaissent pas

Alors que la fin du Salon de l’agriculture se profile porte de Versailles à Paris, des agriculteurs, paysans, proposent leur propre événement, ne se reconnaissant pas dans le grand rassemblement parisien. Des « contre-salons », à l’initiative de La Confédération paysanne. Cette année, un Gaec de maraîchers installés à Romillé, au nord de Rennes, accueille les visiteurs.

« Faut-il replanter des haies, comment lutter contre les attaques d’insectes… » les questions fusent, devant les rangs de choux, de salades, de navets, d’oignons ou d’ail.

Bien loin de la Porte de Versailles à Paris et du salon de l’agriculture, porte ouverte dans une ferme maraîchère, pour une autre approche. Les visiteurs ont fait le choix de ne pas aller à Paris, ce sont des voisins, des clients de la ferme, des curieux.

« Une histoire de sens » pour les visiteurs

Luc est venu chercher des conseils. Ce restaurateur rennais rêve de produire lui-même ses légumes, « C’est plus une histoire de sens, de ressentir une exploitation et de rencontrer et de pouvoir échanger avec des gens qui se sont lancés récemment, et qui ne sont pas forcément du secteur, ça inspire », reconnaît-il.

Un couple, à côté, qui se dit assez urbain et loin de la terre, comprend que de la cultiver est assez technique, et ils apprécient « le rapport avec le local, avec ce qui se fait autour de nous, les jeunes qui s’installent, de nouvelles techniques aussi », avancent-ils, « et puis on arrive à un âge où on se pose plus de questions, on a plus le temps et plus les moyens aussi, donc on va faire plus attention (à notre façon de consommer) », précise encore la dame. 

Et pour eux, peu importe la bannière syndicale, en l’occurrence la Confédération paysanne.

« D’autres agricultures possibles »

Ce Gaec certifié en bio, installé à Romillé, près de Rennes, en Ille-et-Vilaine, fait vivre trois personnes depuis bientôt deux ans. Un retour à la terre, sur deux hectares et demi, pour des cultures de plein champ ou sous serre. L’idée pour les trois associés, c’est de respecter le vivant et le paysan. Un modèle qui, selon les gérants, est invisible au Salon de l’agriculture. « Ici, il faut venir en bottes, s’amuse Vincent Robine, l’un des trois maraîchers, ça a plus de sens et c’est l’occasion de faire venir les gens sur nos fermes, pour qu’ils comprennent ce qu’on fait et nos problématiques. »

« Le salon à Paris, poursuit-il, c’est la vitrine d’une agriculture, mais pas de l’agriculture. C’est d’ailleurs l’objet de ces ‘salons à la ferme’, c’est de montrer qu’il y a d’autres agricultures possibles, c’est celles-là qu’on a envie de promouvoir. » C’est-à-dire des fermes à taille humaine, en lien avec les habitants du territoire, pour des productions locales et des pratiques respectueuses de l’environnement. « On n’a pas la même définition de souveraineté alimentaire que certains, assure encore le jeune maraîcher, et l’idée, c’est que les citoyens et les citoyennes aient une autonomie et la décision sur le modèle agricole qui les nourrit. »

« Il faudrait revenir vers des fermes à taille humaine »

« On est représentatif d’une génération qui n’est pas issue du milieu agricole, poursuit Pierre Lebrun, son associé et on est quand même nombreux à faire le pas de revenir vers une agriculture. Il y a tout un mouvement de gens comme nous qui retrouvent du sens dans ce métier », ajoute le jeune agriculteur, en précisant

« Et il y a tout de même un souci dans l’évolution du paysage agricole, c’est que la grosse majorité des terres vont vers un agrandissement, alors qu’il faudrait revenir vers des fermes à tailles humaines. Il y a de moins en moins d’agriculteurs, parce qu’un agriculteur tient un nombre d’hectares de plus en plus important. Et le mouvement ne s’inverse toujours pas, c’est ça qui est un peu malheureux ! »

Les organisateurs le savent bien. Ceux qui poussent la porte sont acquis à leur cause, au bio et au local. Reste à sensibiliser tous les autres. Alors, ils se tiennent prêts à rouvrir leur ferme, avec ou sans salon à Paris.

(Avec Charles Lemercier)  Krystel Veillard 02/03/2025

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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26 février 2025 ~ 0 Commentaire

Pêche ( FR3)

BLOOM

  »Le problème, c’est le passage de l’œuf au juvénile ».

L’Ifremer alerte sur le renouvellement des populations de poissons

Après un net recul de la surpêche entre 2008 et 2016, l’état de santé des populations de poissons débarquées en France ne s’améliore plus depuis plusieurs années. Impactées par le réchauffement climatique et les activités humaines, les populations de poissons ciblées par les pêcheurs français peinent à se renouveler alors qu’un poisson sur cinq débarqué en France est issu de stocks surpêchés, a annoncé l’Ifremer ce 26 février 2025.

En 2023, 58% des 323.000 tonnes de poissons débarqués en France provenaient de populations non surpêchées, un chiffre en amélioration par rapport à 2022 (52% des débarquements étaient alors en surpêche), selon le bilan annuel de l’Ifremer.

En revanche, 19% des débarquements sont issus de populations de poissons surexploitées et 2% de populations effondrées, comme le merlu de Méditerranée ou la sole de Manche Est.
Le reste (21% des volumes) est issu de stocks non classifiés ou non évalués, faute de données suffisantes.

Moindre survie des larves de poissons

Après un net recul de la surpêche entre 2008 et 2016, l’état de santé des populations de poissons débarquées en France ne s’améliore plus depuis plusieurs années. Cette situation pourrait être liée à un moins bon recrutement, c’est-à-dire à une moindre survie des larves de poissons.

« Le problème majeur, c’est tout ce passage de l’œuf au juvénile. Ce sont des problèmes qui ne sont pas liés seulement à la pêche mais à la survie, à un taux de succès de la reproduction qui commence à être assez problématique », a souligné Clara Ulrich, coordinatrice des expertises halieutiques à l’Ifremer.

« On a plusieurs populations qui montrent des signaux d’alerte », a-t-elle ajouté, citant notamment la sole de Manche Est ou du Golfe de Gascogne, le hareng de mer du Nord ou le merlu de l’Atlantique.

Ainsi, près de 31% des volumes de poissons débarqués en France proviennent de populations dont le recrutement est en baisse et seulement 20% de populations dont le recrutement est en hausse. On manque de données pour les 49% restants.

Pollution, changements de courants, réchauffement de l’océan

Parmi les facteurs pouvant expliquer ce moindre renouvellement des populations de poissons, Mme Ulrich cite la pollution, la dégradation des habitats marins, le réchauffement de l’océan, le décalage des efflorescences de zooplancton avec l’éclosion des larves, les changements de courants, la destruction de zones côtières riches en nutriment, etc.

La pêche française est loin d’atteindre l’objectif européen fixé dans le cadre de la Politique Commune de la Pêche, qui visait 100% de populations pêchées au « rendement maximum durable » (RMD) en 2020. Le RMD désigne la quantité maximum de poissons que l’on peut pêcher sans mettre en péril le renouvellement de la ressource sur le long terme.

Laurence Postic et AFP 26/02/2025

https://france3-regions.francetvinfo.fr

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12 février 2025 ~ 0 Commentaire

Biodiversité (Reporterre)

 

Destructions d'espèces protégées : l'État «<small class="fine d-inline"> </small>ouvre la porte à toutes les dérives<small class="fine d-inline"> </small>»

Destructions d’espèces protégées : l’État « ouvre la porte à toutes les dérives »

Le projet de loi d’orientation agricole discuté au Sénat prévoit que seules les atteintes jugées intentionnelles aux espèces protégées pourront être sanctionnées pénalement. Un recul très grave, selon les écologistes.

Loutre, hérisson, mésange bleue, androsace des Alpes… Ces espèces protégées n’en auront peut-être bientôt plus que le nom. Après avoir été adoptée par l’Assemblée nationale en mai 2024, la loi d’orientation agricole est en cours d’examen au Sénat.

Son article 13, introduit par amendement par le gouvernement, prévoit que seules les atteintes « intentionnelles » ou consécutives à une « négligence grave » aux espèces protégées seront passibles de poursuites pénales.

Après les attaques contre l’Agence bio et l’Office français de la biodiversité (OFB), cette mesure constitue une nouvelle offensive contre l’environnement de la part des sénateurs Les Républicains, avec l’appui du gouvernement.

Cette disposition est « un permis de détruire la biodiversité »

Que se passera-t-il si cet amendement est adopté ? En distinguant les « atteintes intentionnelles » aux espèces protégées des « actes de bonne foi », cette disposition est « un permis de détruire la biodiversité », dénonce Laure Piolle, chargée des questions agricoles à France Nature Environnement (FNE) : il faudra prouver que la destruction de la nature a été volontaire et réfléchie pour condamner le contrevenant. Or, en droit, prouver que la personne avait l’intention de tuer une espèce est très difficile.

« La plupart du temps, la destruction de l’espèce est un dommage collatéral », ajoute Laure Piolle. Quant à la négligence grave, celle-ci est très rare, « ce sont les négligences simples comme les imprudences ou les manquements à une obligation de prudence qui sont retenues ».

« L’une des pires régressions en matière de droit de l’environnement de ces dernières années »

Ainsi, « en cas d’atteinte aux espèces protégées ou à leur habitat, cet article remplace les poursuites pénales par une sanction administrative d’une amende de 450 euros maximum ou un stage de citoyenneté », résume Laure Piolle. Si un agriculteur tue une mésange bleue après avoir taillé une haie, utilisé un pesticide ou épandu du lisier, il faudrait prouver que c’était intentionnel, ce qui est quasiment impossible et il ne risquerait donc aucune poursuite.

Pire, le texte ne concerne pas uniquement les agriculteurs mais tout le monde. « Si un industriel pollue une rivière, il pourra plaider qu’il ne l’a pas fait exprès et ne sera pas condamné », dit Laure Piolle. Même chose pour un chasseur qui abattrait une espèce protégée qu’il aurait confondue avec une espèce gibier ou un particulier qui provoquerait la mort d’un hérisson après avoir répandu des produits pour éliminer les rongeurs sur son terrain.

« Cette mesure met en danger toute la biodiversité, c’est l’une des pires régressions en matière de droit de l’environnement de ces dernières années, déplore Laure Piolle. Le gouvernement envoie un message d’impunité : puisqu’il n’y a pas de sanction, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. »

Les personnes qui porteraient atteinte à des espèces protégées comme la mésange bleue seraient bien moins susceptibles de répercussions judiciaires, déjà rares aujourd’hui, si cette loi était adoptée telle quelle. © P-O. C./ Reporterre

À l’instar de FNE, 38 associations de protection de l’environnement ont publié une pétition contre cette mesure, qui a déjà recueilli plus de 40 000 signatures.

Si la réglementation actuelle punit la destruction d’une espèce protégée d’un maximum de cinq ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende, « ces condamnations sont rares, dans la grande majorité des cas, le contrevenant est seulement convoqué par l’Office français de la biodiversité (OFB) », dit Arnaud Gossement, avocat spécialiste en droit de l’environnement. Selon le débat parlementaire, en 2022, seuls 136 agriculteurs ont été impliqués dans une procédure en lien avec le droit de l’environnement.

Un article contraire au droit européen ?

Cette disposition est surtout une « fausse promesse faite aux agriculteurs car l’article 13 de la loi d’orientation agricole est contraire au droit européen », affirme Arnaud Gossement. La destruction des espèces protégée et de leur habitat est encadrée par la directive européenne du 11 avril 2024 qui précise que ce délit peut être sanctionné, même lorsqu’il n’est pas intentionnel.

Or, en vertu du principe de hiérarchie des normes, le droit européen prime sur le droit national. Ainsi, « cet article pourra être attaqué par une association environnementale devant le Conseil d’État qui n’aura d’autre choix que d’appliquer le droit européen », pressent-il.

« L’État répond de manière démagogique aux problèmes des agriculteurs »

Pour Arnaud Gossement, « avec cette mesure, l’État répond de manière démagogique aux problèmes des agriculteurs. Ce dont ils ont besoin avant tout, c’est d’être mieux accompagnés, pas de bénéficier d’une sorte d’impunité ».

Mais pour le sénateur écologiste Daniel Salmon, « en réintroduisant la notion de négligence grave pouvant conduire à une sanction pénale, les sénateurs Les Républicains ont fait en sorte que le texte soit difficilement attaquable au niveau européen ». Selon lui, « tout va dépendre de quelle version sera finalement adoptée par les sénateurs ». Le texte devrait être voté par le Sénat le 18 février, soit quatre jours avant l’ouverture du Salon de l’agriculture à Paris.

https://reporterre.net/

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05 février 2025 ~ 0 Commentaire

Zone à défendre

tarzan

ZAN à l’extension de la carrière de Coet Lorc h

Peu visible, entourée par un gros talus artificiel, la carrière de Coët Lorc’h, sur la commune d’Inzinzac(56), est pourtant une carrière à ciel ouvert de belle dimension.

L’enquête est ouverte depuis le 13 janvier jusqu’au 13 février

dossier accessible
https://www.registre-numerique.fr/carriere-inzinzac/documents

Les écologistes EELV du Pays de Lorient pointent trois lacunes qu’il nous semblerait souhaitable de combler.

En premier lieu nous regrettons l’absence de volet sur les possibilités d’éviter ou de limiter l’utilisation de ces granulats.

Notre second reproche concerne l’insuffisance du volet concernant le devenir du site, après l’exploitation. Enfin nous demandons que soit précisé le rapport entre cette extension de périmètre et la démarche de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) instaurée par la loi.

Les Écologistes du pays de Lorient réagissent au projet d’extension de la carrière de Coët Lorc’h
https://www.ouest-france.fr/

Yprema poursuit son développement dans le recyclage des matériaux de déconstruction.
https://www.letelegramme.fr/

 

 

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31 janvier 2025 ~ 0 Commentaire

Inondations

prioeres

Inondations, la faute à la météo ?

Depuis plusieurs jours Rennes et sa région connaissent un épisode pluvieux inédit et intense entraînant des crues des cours d’eau sans précédent depuis des décennies.

Plusieurs rues proches du canal d’Ille-et-Rance ont été sérieusement touchées, et des centaines d’habitantEs ont été évacuéEs dans des centres d’hébergement de la Croix-Rouge. Guipry-Messac est également sous les eaux avec une crue record, et Redon va recevoir l’onde de crue de l’ensemble du bassin versant d’ici la fin de semaine. Le NPA Rennes exprime bien évidemment toute sa solidarité envers ces personnes sinistrées et salue l’engagement du SDIS 35 et de tous les personnels mobilisés pour répondre à cette catastrophe… « naturelle » ? Pas tout à fait.

Urbanisation galopante en zones inondables

Rennes connaît depuis quelques années maintenant une urbanisation galopante. Il ne fallait pas être grand clerc pour supposer que certains terrains seraient largement submersibles aux premières fortes pluies. Aux abords des prairies Saint-Martin, dans le quartier de Confluence… les nouveaux immeubles fleurissent et les grues sont toujours en activité.

Avec 10 000 habitantEs en plus depuis 2015, dû à une hausse du solde naturel mais surtout à une arrivée massive d’habitantEs en lien étroit avec la ligne de train à grande vitesse, la municipalité construit à tout-va. Le Plan local de l’habitat en cours prévoit de livrer 30 000 logements supplémentaires pour la période 2023-2028, dont plus de la moitié dans le cœur de la métropole. Ce sont 188 hectares qui ont été artificialisés entre 2011 et 2017.

La topographie de la ville ne laissant que peu de choix, les constructions se font donc en pleines zones inondables en proximité de la Vilaine ou des canaux. Des besoins fonciers qui font le bonheur des promoteurs immobiliers de la région (Giboire) et des entreprises du monde du béton (Lafarge).

Destruction du bocage

Une artificialisation des terres et une bétonisation qui est par ailleurs largement soutenue par la municipalité et par Rennes Métropole à travers ses projets de la Prévalaye, de Via Silva ou encore d’extension, voire de construction d’un nouveau stade de foot. Avec la destruction de ces terres arables, de ces haies, de ces petits hectares de bocage en ceinture de la métropole, c’est tout un écosystème permettant de retenir les eaux pluviales qui est détruit chaque année par l’équipe municipale et les promoteurs.

Facture payée par les plus pauvres

Des épisodes climatiques inédits de ce type se multiplieront ces prochaines années face à l’inaction politique et la fuite en avant du capitalisme et des gouvernements à son service. En 2020, l’Agence européenne pour l’environnement annonçait déjà : « Dans ce scénario le plus optimiste, sur la côte ouest en France, les risques d’inondations seront près de 200 fois plus importants qu’en 2010 ». Et à Rennes, comme partout dans le monde, la facture est payée par les populations les plus vulnérables tandis que promoteurs immobiliers, entreprises du béton et compagnies d’assurances s’enrichissent sur ces crises.

Les inondations de Rennes ne sont pas « la faute à pas de chance », elles sont le résultat de l’aménagement capitaliste des espaces. L’aménagement doit être pensé en fonction de l’environnement et non plus des profits. Pour réduire les inondations, il est aussi essentiel de limiter au maximum le réchauffement climatique par une décroissance écosocialiste de la production. Tout Rennes coule ? À nous d’inonder le système capitaliste !

NPA Rennes

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20 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Remembrement (Splann)

Un plan pour sauver les haies de leur inéluctable disparition

Le bocage est un allié précieux face au dérèglement climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Les arbres de ses haies rendent de multiples services : ils modèrent les températures, protègent les cultures du vent et de la sécheresse, préviennent les villages des inondations en retenant l’eau dans les sols… Autant de services environnementaux qui profitent à la collectivité, mais dont le coût de gestion repose presque uniquement sur les agriculteurs.

Pour aller directement à la signature Cliquez ici
Cette cyberaction a également pour objectif d’interpeller vos élus. Vous pouvez ajouter vos élus en copie du message en cliquant sur modifier des éléments après avoir rempli vos coordonnées

Elle sera envoyée à Présidente de Régions de France | à vos euro députés
En soutien à l’enquête de Splann !
Elle prendra fin le : 06 février 2025

Au printemps 2023, le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publie un rapport qui documente avec précision l’ampleur du phénomène de disparition des haies et souligne que loin d’être enrayé, le mouvement s’est accéléré ces dernières années, avec une perte annuelle moyenne de « 23.571 km/an entre 2017 et 2021″, contre « 10.400 km/an entre 2006 et 2014″, soit une perte six fois supérieure au linéaire replanté chaque année. Les haies régressent donc six fois plus vite que l’on n’arrive à les reconstituer.

En février 2024, le média d’investigation breton « Splann ! » publie une grande enquête qui documente l’érosion du bocage breton et les différentes causes qui l’alimentant. Les agricultrices et les agriculteurs, de moins en moins nombreux dans les campagnes, sont trop peu aidés pour en assurer seuls la gestion. Les haies, devenues des obstacles pour travailler la terre, sont trop souvent laissées à l’abandon ou arrachées. Réglementation trop complexe et hors-sol, agrandissement des fermes et des machines qui amène à la destruction du bocage : cette tendance va s’aggraver avec les nombreux départs en retraites et le recul de l’élevage bovin à l’herbe.

Aujourd’hui, il est possible de « déplacer une haie » via un système de compensation. C’est à dire, détruire une haie et en replanter une autre plus loin. Néanmoins, rien ne garantit que les haies « de compensation » survivent, faute de contrôles. Les sanctions pour arrachage illégal sont faibles et peu dissuasives, d’autant plus que toutes les haies ne sont pas répertoriées et protégées. D’autres destructions non déclarées et illégales se font petit à petit pour tromper les contrôles.

En réponse au mouvement des agriculteurs du début d’année, le projet de Loi d’Orientation Agricole (LOA) prévoit une forte simplification des contraintes environnementales. L’article 14 vise notamment à alléger les réglementations sur les haies, alors même que la France s’est fixée pour objectif d’augmenter leur linéaire de 50 000 km nets en 2030. « Sous couvert de simplification, le gouvernement crée une usine à gaz par laquelle il sera plus facile de détruire les haies », estime Cécile Claveirole, vice-présidente de France Nature Environnement (FNE).

Au quotidien, de nombreuses associations, collectifs et programmes existent pour promouvoir la haie et des solutions pour sa conservation. Nous, citoyens, à l’heure des élections européennes, interpellons les candidats à se saisir de la problématique et à mettre en place une réglementation contraignante pour :

Mettre en place une obligation de résultat pour les compensations et augmenter les contrôles. Comme le montre l’enquête de « Splann ! », ceux-ci sont nettement insuffisants.

Rendre ces compensations plus contraignantes en demandant la création de 3 mètres de linéaire pour chaque mètre détruit. Comme le soulignent diverses associations dans l’enquête, les services écosystémiques rendus par une ancienne haie ne sont pas comparables à ceux rendus par une haie nouvellement plantée.

Valoriser économiquement le bocage, soit directement dans des filières apportant des garanties sur leur gestion durable (bois-énergie avec Label Haie et Plan de gestion durable des haies « PGDH »), soit indirectement par la PAC (« Bonus Haie » de l’écorégime) et les Paiements pour services environnementaux (« PSE »), de maintenir les aides à la reconstitution des linéaires, et de former des conseillers et techniciens agroforestiers.

La mise en place d’une structure pour assurer les calculs de Surfaces d’Intérêt Ecologique pour les agriculteurs afin de faciliter le quotidien des agriculteurs. Beaucoup ont témoigné de leur détresse, comme Serge, paysan installé en polyculture-élevage : « Les arbres isolés, ça fait tant de m² de SIE. Comment vous voulez qu’on compte ça ? Les m² de SIE, pour des arbres ? Moi j’en ai plein des arbres, partout. Et des haies partout. Je ne sais pas comment on va faire. »
Pour aller plus loin :

L’enquête de Splann ! à lire en intégralité : https://splann.org/enquete/bocage/
L’enquête en bref (vidéo) : https://www.youtube.com/watch?v=UKn9SzCMbPU&pp=ygUGc3BsYW5u
Appel de la haie lancé par l’Afac-Agroforesterie et Eau et rivières de Bretagne : https://www.eau-et-rivieres.org/appel-de-la-haie
Des témoignages vidéo très concrets de filières de valorisation des haies recueillis par l’Afac-Agroforesterie : https://www.youtube.com/playlist?list=PLWD7_Ki1jzMQBWicb1YWp3e3UdwCeObPY

RÉFÉRENTIEL NATIONAL – TYPOLOGIE DES HAIES
https://afac-agroforesteries.fr/typologie-nationale-des-haies/

La cyberaction vise Carole Delga présidente de Régions de France. Nous vous proposons d’envoyer le même message à partir de votre propre messagerie à votre Conseil Régional qui a la compétence agriculture (dans le développement économique) sur son territoire.

Dans l’encadré « signez » cochez la case « je souhaite recevoir une copie de ce message » que vous pourrez renvoyer à la présidence de votre conseil régional ci-dessous

Bretagne : presidence@bretagne.bzh.

https://www.cyberacteurs.org/

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17 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Normes (Basta)

Normes (Basta) dans A gauche du PS

« Les normes environnementales ne sont pas la cause du malaise agricole »

Les mobilisations des agriculteurs sont légion cette année sans que de véritables réponses au malaise agricole soient apportées. Les mesures gouvernementales ne s’attaquent pas au principal problème, pourtant facile à identifier pour qui écoute le monde paysan, si hétérogène : le revenu. Faire en sorte que les agriculteurs et agricultrices vivent décemment de leur métier suppose des réformes et des changements structurels, pour le moment non abordés.

 dans Crise
Dorian Guinard
Maître de conférences en droit public à l’Université Grenoble-Alpes.

En lieu et place, les derniers gouvernements ont systématiquement proposé de détricoter le droit de l’environnement, accusé par le poids de ses normes de contraindre les agriculteurs dans l’exercice de leurs métiers. Cette accusation contre les normes environnementales, spécialement celles relatives aux pesticides, doit être nuancée – au minimum – pour plusieurs raisons.

En premier lieu, la santé des écosystèmes, des oiseaux des champs aux insectes, est plus que fragile : alléger les normes ne ferait qu’aggraver les facteurs de pression sur la biodiversité, qui subit déjà le changement d’affectation des terres, le réchauffement climatique et les pollutions chimiques.

En second lieu, les normes protègent aussi la santé humaine, en particulier celle des agriculteurs. Les interdictions et les limites à la commercialisation de produits risqués ou dangereux, n’ont pas été le fait de parlementaires ou de gouvernements « s’étant fait plaisir » pour reprendre les mots de la ministre démissionnaire de l’Agriculture Annie Genevard. Elles sont bien issues de réflexions fondées scientifiquement.

Offensives législatives

Les offensives législatives contre les normes environnementales sont néanmoins importantes ces derniers mois. Parmi celles-ci, une récente proposition de loi dite Duplomb – du nom du sénateur qui l’a déposée – discutée à partir du 17 décembre prochain, retient particulièrement l’attention. Elle vise à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » en mettant notamment fin aux « surtranspositions et aux sur-réglementations en matière de produits phytosanitaires ».

Passons rapidement sur le fait que les surtranspositions n’existent pas en matière de pesticides (lire cette tribune précédemment publiée sur Basta!). Cette proposition de loi introduirait quelques changements importants dans notre droit. Le premier modifierait le code de la santé publique en instaurant la possibilité pour le directeur général de l’ANSES (Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), concernant les autorisations et les retraits des produits phytopharmaceutiques, de « s’en remettre à la décision du ministre chargé de l’Agriculture ».

La version initiale, corrigée par la Commission des affaires économiques du Sénat en raison de très gros risques de violation du droit européen, permettait au Ministre de s’opposer à un retrait après « une mise en balance entre les risques sanitaires et environnementaux et les risques de distorsion de concurrence avec un autre État membre de l’Union européenne ». Cet élément économique – placé sur le même plan que les impératifs de protection des santés humaine et environnementale – est donc officiellement supprimé. Mais il signe une volonté politique de ne pas s’en remettre uniquement à la science pour autoriser ou pour retirer un produit du marché.

Réautorisation de néonicotinoïdes

La proposition de loi Duplomb entend aussi revenir sur l’interdiction législative de deux substances actives : le néonicotinoïde Acétamipride et un autre insecticide au mode d’action identique, la Flupyradifurone. Comment ? Par la suppression d’un article du code rural et de la pêche maritime qui interdit l’utilisation de ces deux substances, autorisées dans l’Union européenne, jusqu’en 2033 pour la première et jusqu’à fin 2025 pour la seconde.

Demandée principalement par les filières noisette et betterave, cette réintroduction du dernier néonicotinoïde autorisé en Europe serait une catastrophe environnementale tant les effets de l’acétamipride sur les faunes, notamment les pollinisateurs, et les vers de terre, sont documentés.

Sans même parler des effets cocktails des ces molécules dont les impacts sont documentés depuis 20 ans. L’utilisation de l’insecticide Flupyradifurone peut également constituer une menace majeure pour les insectes.

Pulvérisation de pesticides par drones

Cette proposition de loi en prolonge une autre, dite Fugit, du nom du député qui l’a déposée en octobre 2024 à l’Assemblée. Elle entend aussi revenir sur l’interdiction de pulvérisation par voie aérienne des produits phytopharmaceutiques, en autorisant celles par drones. Si cette interdiction souffre parfois de quelques dérogations, comme pour la bouillie bordelaise, ces deux propositions de loi souhaitent généraliser la pratique au nom de la protection de l’environnement !

Or, le rapport de l’ANSES publié en juillet 2022 conclut que « l’analyse des données ne permet pas, à ce stade, de dégager des conclusions générales robustes compte tenu des incertitudes observées ». Il conclut que « les performances des drones de pulvérisation apparaissent inférieures à celles de pulvérisateurs terrestres classiques ».

En l’occurrence, une directive européenne, supérieure à la loi française, dispose qu’il « convient d’interdire d’une manière générale la pulvérisation aérienne, avec possibilité de dérogation seulement lorsque cette méthode présente des avantages manifestes, du point de vue de son incidence limitée sur la santé et sur l’environnement par rapport à l’application terrestre des pesticides ou lorsqu’il n’existe pas d’autre solution viable, pourvu qu’il soit fait usage de la meilleure technologie disponible pour limiter la dérive ». Au-delà de la possible violation du droit européen ici, la protection de l’environnement n’est donc pas garantie.

Les normes environnementales, garantie de revenus

Ces reculs concernant le droit des pesticides n’amélioreront pas le revenu du monde paysan mais uniquement de certains agriculteurs, à court terme et au prix de la santé déjà fragilisée des écosystèmes. Le monde agricole, dont les externalités – notamment environnementales – nous concerne tous, ne pourra s’engager pleinement dans des transitions écologiques que si les revenus sont garantis, en rémunérant les services écosystémiques rendus par exemple. Et non en actant des reculs normatifs qui obèrent la capacité de la biodiversité à rendre lesdits services.

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13 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Luttes paysannes (Reporterre)

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«  Our Daily Bread  », d’Anders Zorn (1886), musée national de Stockholm

Depuis plus de mille ans, les paysans ont toujours été à l’avant-garde des luttes

Dans « Le Temps des paysans », l’essayiste Stan Neumann raconte 1 500 ans de condition paysanne en Europe, battant en brèche des préjugés. Il montre des paysans libres au Moyen Âge et longtemps à l’avant-garde des luttes.

Depuis quelques semaines, un nouveau mouvement d’agriculteurs proteste contre l’accord de libre-échange avec le Mercosur, moins d’un an après le moment émeutier de début 2024. Bien que les méthodes aient changé — les tracteurs ont depuis cinquante ans remplacé les faux et les chariots —, ces mobilisations s’inscrivent dans la longue lignée des révoltes paysannes qui, régulièrement, secouèrent l’Europe.

Cette histoire, ou plutôt ces histoires, l’essayiste et documentariste français Stan Neumann les conte dans son ouvrage Le Temps des paysans (Le Seuil, octobre 2024), pendant littéraire de la série télévisée du même nom diffusée au début de l’année sur Arte. À travers une succession d’interviews d’historiennes et d’historiens européens, l’auteur brosse le récit de 1 500 ans de condition paysanne, de la fin de l’Empire romain à nos jours.

« Âge d’or de la paysannerie européenne »

Pourquoi commencer cette histoire à la fin du Ve siècle, au moment de la dislocation de Rome ? L’effondrement de cette antique civilisation urbaine marqua le retour aux champs d’une grande partie de sa population, ainsi que l’implantation des migrants germaniques. Si les contemporains déplorèrent l’abandon des villes, le retour des forêts et la dispersion de l’habitat rural, Stan Neumann, lui, juge autrement cette période mal connue qu’on appelle le haut Moyen Âge (du Ve au Xe siècle) et voit en elle ce qui s’apparente le plus à « l’âge d’or de la paysannerie européenne ».

Bien sûr, il ne concernait pas toute la population, encore divisée entre libres et non-libres, et les périodes de disette et famine existaient encore. Il n’empêche. Quand on lit entre les lignes des sources ecclésiastiques, qu’on mobilise les découvertes archéologiques et qu’on met de côté ses représentations modernes de l’agriculture, on constate que les paysans libres vivaient dans une grande autonomie, à l’écart des propriétaires terriens, laïcs ou religieux, trop faibles pour les assujettir, et qu’ils avaient largement voix au chapitre dans les assemblées politiques et cours de justice locales.

Tandis que les auteurs romains redoutaient la terrible forêt, les paysans du haut Moyen Âge voyaient en elle une prolongation des champs, un complément alimentaire et un espace de liberté : « La réalité du haut Moyen Âge, c’est la forêt utile, une économie paysanne de l’espace sauvage où l’on trouve le bois, le gibier, et où on élève des porcs en semi-liberté. »

« Terrorisme châtelain »

Cet âge d’or relatif dura entre les VIe et IXe siècles. Au moment où l’Empire carolingien se fragmentait, châtelains et ecclésiastiques se replièrent sur de plus petits territoires sur lesquels ils exercèrent un pouvoir restrictif. C’est « l’encagement » de la paysannerie européenne, qui passa aussi bien par la christianisation des mœurs que par ce que l’auteur appelle le « terrorisme châtelain ». Au XIe siècle, en Catalogne, terre en marge de l’Europe chrétienne, les potentats locaux imposèrent par la force leur ordre féodal, fait de corvées, d’impôts et de servage, mettant à bas, en moins d’une génération, des siècles de coutumes favorables à l’autonomie paysanne.

Autre moyen de brider l’indépendance paysanne : monopoliser les moyens de production. Si l’on admire aujourd’hui les fours et moulins médiévaux, on oublie que ces coûteuses infrastructures relevaient de la « banalité », c’est-à-dire du pouvoir de commandement d’un seigneur sur son fief. Un seigneur pouvait obliger ses paysans à employer son four ou son moulin au détriment de leurs propres équipements et réclamer en retour une partie de la production agricole. Autrement dit, ces technologies représentaient d’abord, pour les paysans médiévaux, « un nouveau moyen d’extorsion des dominants ».

Pour assujettir la masse paysanne, les dominants n’ont eu de cesse de réduire les alternatives alimentaires au travail des champs. Au Moyen Âge central (du Xe au XIVe siècle), les grands défrichements de forêts ou les polders le long de la mer du Nord n’eurent pas pour seul but d’accroître la superficie des terres arables afin de soutenir la croissance démographique : « Ils contraignirent les paysans, privés des ressources de l’inculte, à devenir de plus en plus dépendants de la seule terre, à n’être plus que des cultivateurs ». Et, par conséquent, à mieux les contrôler en les fixant sur un bout de terrain.

Agriculture « scientifique » contre paysannerie « ignare »

Bien que l’auteur n’emploie pas ce terme, on saisit que ce qui se joue à l’époque est la progressive perte de contrôle des communautés villageoises sur leur économie de subsistance. À partir du XVIe siècle, la révolution agricole anglaise, par la suite imitée dans presque toute l’Europe, et le mouvement des enclosures, plutôt que d’étendre le nombre de terres cultivées, s’attaquèrent directement aux terrains communaux — bois, étangs, landes — restés à la main des communautés villageoises. Les grands gagnants furent la noblesse et la bourgeoisie urbaine, qui s’approprièrent autant de surface pour la chasse et le pâturage intensif, tandis que les paysans prolétarisés s’en allaient rejoindre les villes.

La Renaissance vit également arriver les défenseurs de l’agriculture « scientifique » contre la paysannerie « ignare ». Les premiers agronomes, comme Olivier de Serres (1539-1619) en France, se prétendirent détenteurs d’un savoir nettement supérieur aux séculaires traditions paysannes. On en vit les effets dès le XVIe siècle. En Flandre, l’assèchement et la mise en culture du littoral, que les paysans réservaient jusqu’alors aux marées, eut pour conséquence l’augmentation des catastrophes naturelles, chaque inondation causant dorénavant des milliers de morts parmi les populations les plus pauvres.

Quand bien même les mots ont changé, le discours est resté le même depuis la Renaissance jusqu’aux technocrates qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, s’attelèrent à liquider « l’archaïque » paysannerie européenne au nom de la modernité, menant aujourd’hui à son assujettissement complet à l’agrobusiness et à sa quasi-extinction sur le Vieux Continent.

À l’avant-garde des révolutions

Sous cette forme, l’histoire laisse croire à une destruction linéaire de l’antique paysannerie européenne. Pourtant, les communautés villageoises n’ont cessé de résister, d’une manière ou d’une autre, à l’emprise des puissants. L’absence de sources et le monopole de l’élite sur l’écrit n’aident pas à mesurer leur combativité, mais on peut s’en faire une idée au nombre de révoltes qui secouèrent l’Europe à partir du XIVe siècle, en témoigne la Grande Jacquerie française (1358) en pleine guerre de Cent Ans et quelques années après la peste noire.

L’une de ces révoltes les plus fameuses, la guerre des Paysans, dans l’Allemagne du XVIe siècle, innova en détournant à son profit l’imprimerie, inventée quelques décennies plus tôt, et en distribuant quantité de tracts diffusant ses thèses millénaristes, prônant l’égalité radicale et la propriété collective des terres.

De fait, bien avant que n’émerge le mouvement ouvrier, la paysannerie se situait à l’avant-garde des révolutions. L’historiographie dominante minore leur rôle, et pourtant, les campagnes jouèrent un rôle majeur dans la Révolution française, de la Grande Peur de 1789, qui conduisit à l’abolition des privilèges féodaux, à la chouannerie vendéenne, pour partie dressée contre les spéculateurs urbains qui accaparaient les terres après ladite abolition.

Considérer les paysanneries dans leur diversité

C’est tout le problème des communautés paysannes. Faute d’écrire leur propre histoire, on l’écrit à leur place et on leur assigne à leur corps défendant des rôles et des valeurs. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, alors que l’Europe est marquée par l’exode rural et les grèves paysannes, menées aussi bien par les braccianti italiens, les vignerons languedociens que les militants anarchistes andalous, les élites conservatrices « érigèrent le paysan imaginaire en antimodèle de tout ce qui menaçait leur domination », au premier chef le mouvement ouvrier, les revendications nationalistes et les migrations de masse.

Dans les années 1930, le fascisme et le nazisme, pourtant nés dans les villes, capitalisèrent sur cette image de la paysannerie garante de la souche nationale. Les nazis, avec à leur tête le « Führer des paysans allemands », Richard Walther Darré, allèrent le plus loin et utilisèrent un folklore germanique kitsch à souhait pour « figer le temps »… et les communautés paysannes, désormais interdites de vendre leurs terres, de souscrire un crédit ou de moderniser leurs équipements au nom de ce folklore.

Les révoltes paysannes de ces dernières années prouvent que même au bord de l’extinction, la population paysanne européenne demeure un intense foyer de luttes. Plutôt que la figer dans une quelconque image, de gauche ou de droite, Le Temps des paysans invite à considérer les paysanneries dans toute leur diversité et, avant toute politique à leur égard, à repartir de leur point de vue et de leurs besoins.

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Le Temps des paysans. Histoires de la paysannerie européenne de la fin de l’Empire romain à nos jours, de Stan Neumann, aux éditions du Seuil, collection Sciences humaines, octobre 2024, 352 p., 25 euros.

 

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07 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Esmeralda (Reporterre)

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Notre-Dame : « Remettre du plomb dans la toiture, c’est sciemment continuer à polluer »

Alors que la cathédrale Notre-Dame de Paris doit rouvrir le 7 décembre, les alertes sur la contamination au plomb continuent. Avoir refait le toit et la flèche dans ce matériau est préoccupant, dénoncent des associations.

Après plus de cinq ans de travaux de reconstruction, à la suite de l’incendie du 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris doit rouvrir ses portes le samedi 7 décembre. Les polémiques autour de sa reconstruction ne s’arrêtent pas. Notamment celle de la contamination des alentours par le plomb utilisé pour recouvrir le toit et la flèche de la cathédrale.

L’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), la CGT Paris et l’association Henri Pézerat continuent de dénoncer de « graves conséquences sanitaires ». « Le plomb est neurotoxique, cancérogène et néfaste pour la reproduction », explique Annie Thébaud-Mony, présidente de cette dernière association:

Reporterre — Vous estimez que la réouverture de Notre-Dame est « une fuite en avant délibérée d’une contamination continue au plomb ». En quoi la cathédrale pollue même après l’incendie ?

Annie Thébaud-Mony — D’une part, la pollution issue de l’incendie n’a absolument pas disparu. Il y a eu une décontamination de l’intérieur de la cathédrale, tardive, mais il est quasiment impossible de tout enlever. Les abords de Notre-Dame, eux, sont encore pollués. Il y a eu un peu de décontamination sur le parvis, mais, là aussi, ils n’ont pas réussi à tout enlever. Et dans les abords qui n’ont pas été décontaminés, la poussière de plomb s’envole en permanence : c’est une source de contamination non négligeable qui va se poursuivre. D’autre part, la toiture et la flèche ont été rénovées avec du plomb.

En quoi est-ce problématique ?

Il s’agit de feuilles de plomb posées les unes sur les autres, du plomb laminé. Cela relargue régulièrement des poussières. Le Haut Conseil de la santé publique a évalué que 21 kilos de plomb par an seront relargués dans les eaux de ruissellement à partir de la toiture et la flèche de Notre-Dame. Avoir remis du plomb sur la toiture et la flèche, c’est sciemment continuer à polluer.

« Le plomb est neurotoxique, cancérogène et néfaste pour la reproduction »

Le plus préoccupant est que cela banalise le recours au plomb comme matériau de couverture dans les monuments historiques, alors que l’on sait que c’est une source de contamination, et qu’il n’y a pas de seuil de toxicité. Nous avons le sentiment de n’avoir été écoutés sur rien par les autorités. On demandait un confinement du chantier, pour éviter que les poussières se répandent. Cela demandait certainement un gros délai par rapport au planning fixé ; Emmanuel Macron avait dit qu’il fallait reconstruire en cinq ans.

Jusqu’où va cette contamination autour de la cathédrale ?

Le plomb s’est répandu avec le nuage de fumée au gré des vents. Les autorités n’ont pas du tout cherché à cartographier précisément la présence du plomb aux alentours.

Ce que l’on sait, c’est que la station Saint-Michel a été plusieurs fois nettoyée et fermée juste après l’incendie. Après, ils ont arrêté de mesurer. On ne sait donc pas exactement quelle est la situation aujourd’hui. On sait aussi que les abords immédiats, la rue du Cloître-Notre-Dame et probablement une grande partie de l’île de la Cité, surtout côté ouest, ont été impactés. Mais cette pollution ne s’arrête pas aux abords immédiats de Notre-Dame.

Quels sont les risques pour les touristes, les personnes qui travaillent et vivent autour de la cathédrale ?

Si vous passez une heure devant Notre-Dame, vous allez peut-être en respirer un peu et être au contact. Mais c’est surtout préoccupant pour toutes les personnes qui résident ou travaillent là, les restaurants, les cafés, magasins, bouquinistes, nettoyeurs, exposés toute la journée. Avec la CGT, on a tenté de les informer ; personne ne leur avait donné les moyens de se protéger.

Il y a aussi les écoles. Une enquête de Mediapart a montré la défaillance du suivi des enfants [chez l’enfant, l’intoxication au plomb, dite saturnisme, peut avoir des effets neurologiques et mener à des retards de développement].

Il n’y a pas de seuil en dessous duquel le plomb n’est pas toxique pour les reins et le système cardiovasculaire. Il est neurotoxique, cancérogène et néfaste pour la reproduction. Chez une femme enceinte contaminée, le plomb peut passer dans le sang et atteindre l’enfant à naître.

Philippe Jost, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris, déclarait au Figaro il y a un an qu’ils « innover[aient] en installant un système de recueil et de filtration des eaux de pluie qui [ruisselleraient] sur la toiture de la cathédrale ». Qu’en pensez-vous ?

Toutes les poussières de plomb n’iront pas dans les gouttières. Un coup de vent, et ça redescend sur le trottoir. Cette toiture est énorme, il est impossible d’éviter tout envol de poussière.

Malgré les alertes sur le plomb, pourquoi la toiture a-t-elle quand même était refaite dans ce matériau ?

C’est une mauvaise interprétation de la charte de Venise sur la reconstruction des monuments historiques. Il n’y est pas du tout écrit qu’il faut faire une reconstruction « à l’identique », comme a insisté Emmanuel Macron. Son article 10 dit même que s’il y a des matériaux inadéquats, il est possible d’utiliser d’autres techniques. Sans compter que la flèche et l’utilisation du plomb datent du XIXe siècle et de la restauration de la cathédrale par Viollet-le-Duc. À Chartres, Nantes, Reims, des rénovations ont été faites dans le respect de l’esthétique, avec des matériaux moins dangereux.

Marie Astier 7 décembre 2024

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06 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

SDHI (Basta)

SDHI (Basta) dans Altermondialisme

Les pesticides SDHI, dont l’utilisation augmente, ont de graves effets sur la santé

Un réseau de scientifiques confirme les effets sanitaires des pesticides SDHI, moins connus que le glyphosate, et s’inquiète de leur utilisation croissante. Rencontre avec la chercheuse Laurence Huc, coordinatrice de l’initiative.

Basta!  : Vous venez de boucler un cycle d’études de quatre ans, avec une soixantaine d’autres chercheurs et chercheuses, sur les pesticides SDHI. Pouvez-vous nous dire ce que sont ces pesticides ?

Laurence Huc : Les SDHI sont des fongicides, c’est-à-dire des pesticides qui s’attaquent aux champignons et moisissures. Leur principe est assez simple : ils bloquent la respiration cellulaire des champignons (la fameuse « SDH », ou succinate déshydrogénase). En bloquant cette respiration, les SDHI tuent les champignons. Les tout premiers sont sortis dans les années 1970, mais ils étaient utilisés sur un nombre réduit de cultures.

Ils sont réapparus au début des années 2000, avec des applications beaucoup plus larges, en réponse à un nouveau besoin, car les champignons ont peu à peu développé des résistances aux anciennes molécules. Il existe 23 substances actives SDHI au niveau mondial, dont onze autorisées en Europe et en France. Leur usage, comme celui des autres pesticides, ne cesse de s’accroître. Ils sont épandus sur la plupart des surfaces de blé et de vignes, mais on en trouve également dans des cultures aussi variées que les salades, poireaux, choux, pommes de terre et carottes…

Par ailleurs, certains SDHI ont des autorisations de mise sur le marché (AMM) pour des fonctions acaricides (pour tuer les acariens dont certains attaquent les cultures) et nématicides (pour tuer les petits vers). C’est pour cette fonction nématicide qu’ils sont utilisés sur les terrains de foot notamment. Le fait qu’une même molécule puisse servir à ces multiples usages montre bien que les SDHI ne s’attaquent pas qu’aux champignons, mais à divers organismes vivants. D’où notre inquiétude.

Cette inquiétude liée aux SDHI n’est pas nouvelle, loin de là. Vous faites partie des scientifiques qui ont lancé une alerte en juin 2018 via une tribune dans le quotidien Libération. Mais cette mobilisation n’a pas eu les effets attendus. Pourquoi ?

Trois jours après notre alerte de juin 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dit qu’elle se saisit de la question des SDHI, alors que cela fait six mois qu’on lui en parle sans que rien ne se passe. Elle diligente un « groupe d’expertise collective d’urgence », qui n’inclut aucun, aucune des scientifiques ayant lancé l’alerte, ni aucun spécialiste de la respiration cellulaire ou du cancer. En janvier 2019, ce groupe rend ses conclusions et nous dit qu’il n’y a pas de quoi se préoccuper et que les procédures d’autorisation ont été faites correctement. Nous sommes abasourdis.

Vous soulignez que les dangers liés aux SDHI sont largement documentés, et depuis très longtemps. Le sont-ils davantage que pour les autres pesticides ?

Les limites que nous dénonçons dans l’évaluation des effets des SDHI se vérifient pour tous les autres pesticides : ni les effets cocktails, ni les effets chroniques, ni les effets transgénérationnels ne sont jamais testés. Mais ce qu’il y a de particulier du côté des SDHI, et qui mériterait donc l’application immédiate du principe de précaution, c’est que les effets de l’inhibition de la succinate déshydrogénase (précisément le mode d’action des SDHI) sont très bien documentés, et ce depuis le début des années 1990.

On sait que cela peut conduire à des pathologies humaines graves telles que des neuropathies ou des encéphalomyopathies chez les enfants, mais aussi certains types de cancer neuroendocriniens et diverses autres tumeurs cancéreuses. Dans notre groupe de lanceurs d’alerte, nous avons continué de travailler et montrer que les SDHI ont des effets sur les cellules humaines autant que sur celles des rongeurs. Notre groupe comprenait les meilleurs spécialistes de la respiration cellulaire, qui étaient réellement très inquiets. À ce moment-là, avec quelques collègues, on s’est dit que ce n’était pas possible de mettre de côté une littérature scientifique aussi solide.

Vous décidez alors de créer Holimitox, un réseau pluridisciplinaire, dont les financements sont entièrement publics, qui réunit seize laboratoires et une soixantaine de personnes et qui travaille selon une approche intégrative « une seule santé ». Qu’est-ce que cela signifie ?

L’idée, c’est de considérer la santé planétaire dans sa globalité : les preuves obtenues chez certaines espèces identifiées – les rongeurs ou les abeilles par exemple – doivent être regardées comme une preuve en soit de la dangerosité d’un produit.

La santé humaine est interconnectée avec le vivant et tout ce qui déséquilibre l’une des entités de ce vivant va avoir des impacts sur les autres entités. Quand on regarde les connaissances que l’on a sur les SDHI, on voit qu’il y a de nombreuses publications sur les effets sur les abeilles, les poissons, les rongeurs ou les vers de terre. Et il n’y aurait aucun effet sur les êtres humains. Pourquoi serait-on indemnes, surtout à long terme ?

Cette approche n’est pas nouvelle : c’est la démarche qu’avait adoptée la biologiste américaine Rachel Carson quand elle a alerté sur les dangers du DDT [un pesticide, ndlr] dans son ouvrage Printemps silencieux publié en 1962. Theo Colborn, zoologiste et épidémiologiste américaine qui a révélé les dangers des perturbateurs endocriniens a également eu cette même approche. Elles démontrent que les effets se voient d’abord sur les insectes, animaux et autres êtres vivants parce que leur cycle de reproduction est plus rapide que celui des humains. Mais les mêmes causes produisent les mêmes effets. Simplement, ceux-ci sont différés.

Pour mettre en évidence cette unité du vivant, et ne pas avoir à compter les cancers dans 15 ans, nous avons décidé d’unir nos compétences en croisant des disciplines très diverses. Une soixantaine de collègues ont répondu présent. La nécessité a été aussi de trouver des scientifiques qui n’aient pas de conflit d’intérêts avec les firmes.

Vos recherches révèlent que la SDH – c’est-à-dire la fonction respiratoire des cellules – n’est pas la seule cible des pesticides SDHI. D’autres composants cruciaux des organismes vivants sont également atteints. Lesquels ?

Nous avons effectivement été très surpris de découvrir que ce que l’on appelle les « transporteurs » étaient touchés par les SDHI. Pour comprendre ce que sont les « transporteurs », il faut imaginer une cellule comme une petite maison avec des portes et des fenêtres intelligentes qui font entrer et sortir tel ou tel éléments pour que tout fonctionne au mieux.

Les « transporteurs », ce sont les portes et les fenêtres. Or, ce que l’on a observé, c’est que les SDHI non seulement savent ouvrir les portes et les fenêtres, mais qu’ils peuvent aussi les abîmer et perturber ainsi les entrées et les sorties d’hormones ou de médicaments par exemple. Les conséquences peuvent être catastrophiques : la maladie de Parkinson, par exemple, est directement liée aux défauts de fonctionnement d’une hormone, la dopamine. 90 % des quinze SDHI que nous avons testés perturbent les activités des transporteurs. Mais cela n’est pas du tout pris en considération dans les processus réglementaires d’autorisation des pesticides alors que ça l’est pour celles de médicaments.

Nous avons aussi observé que les SDHI entraînent une perte d’efficacité de certains traitements médicaux, comme la radiothérapie ou la chimiothérapie, qui permettent de soigner les cancers. Et qu’ils affaiblissent le système immunitaire. En bloquant la respiration cellulaire, les SDHI rendent les organismes plus vulnérables, et moins aptes à résister aux divers stress qui se multiplient avec le changement climatique.

On peut, pour illustrer, citer cette étude en cours sur des poissons qui doivent affronter une exposition aux SDHI et le réchauffement des températures de leurs cours d’eau. Leur capacité à résister au stress environnemental est altérée par un état métabolique dégradé, à cause de leur exposition aux SDHI.

Vous avez observé que, sur les abeilles, les effets des SDHI se voient surtout à partir de 21 jours d’exposition. Or, pour obtenir des autorisations de mise sur le marché de leurs produits, les vendeurs de SDHI arrêtent leurs études à 10 jours….

Tout à fait. Mais nous ne sommes pas les premiers à le noter. En 2017, Noa Simón Delso [écotoxicologiste, ndlr] avait observé que la toxicité du boscalide (un SDHI) se voyait bien à dix-huit jours, mais qu’à dix jours, la mortalité était quasi nulle. Nous avons pu observer de nouveau cela. En 2018, un travail mené par les industriels eux-mêmes avait mis en évidence que si les tests des effets chroniques des pesticides sur les abeilles étaient faits au-delà des dix jours comme l’avait préconisé l’EFSA [l’Autorité européenne de sécurité des aliments, ndlr] en 2013, cela retirerait 82 % des pesticides du marché. Nos recherches ont également confirmé qu’il existe des effets qui surviennent à faible dose et qu’on ne voit pas à forte dose.

Cette toxicité chronique, qui rend le produit de plus en plus dangereux au fil des jours, se vérifie-t-elle aussi chez les humains ?

Oui. Certaines cellules humaines parviennent à survivre sans SDH, mais au bout de quelques semaines, on a des transformations qui vont s’opérer, et notamment des phénomènes de cancérisation. Ces conclusions sont logiques, au regard de ce que l’on sait déjà, et qui est compilé dans la littérature scientifique : on sait que les patients dont la fonction SDH ne fonctionne plus mettent plusieurs années avant de développer un cancer.

Au cours de vos recherches, vous avez aussi fait de l’archéologie réglementaire, c’est-à-dire une plongée dans les études réalisées par les industriels pour obtenir l’autorisation de mise sur marché de leurs produits SDHI. Et à votre grand étonnement, ces études mentionnent des dangers importants pour la santé…

Tout à fait. J’étais persuadée que, comme ces produits étaient autorisés, les industriels avaient dû fournir des données affirmant qu’ils étaient sans danger. Or, ces données mentionnent des effets cancérigènes, mais aussi neurotoxiques, reprotoxiques ou de perturbation endocrinienne. Ce qui est surprenant, c’est la façon dont ces données sont interprétées pour qu’on aboutisse, au final à une autorisation des produits par les autorités sanitaires.

Par exemple, quand un effet délétère ou toxique est observé chez les rongeurs, comme une tumeur, les industriels écrivent très souvent que cela n’a aucune pertinence chez les humains. Ils construisent tout leur argumentaire là-dessus. Ensuite, les États reprennent cet argumentaire et autorisent les produits. Ce que nous avons documenté au sein de Holimitox c’est que, contrairement à ce que disent les industriels, les effets des SDHI sur les non-humains sont bien prédictifs des effets sur les humains.

Nolwenn Weiler

Photo de une : À Plomeur, dans le Finistère, le 24 mars 2024, des militants écologistes dénoncent l’utilisation intensive de pesticides et l’accaparement de l’eau par la société Kaandorp. Kaandorp est une société de production de bulbes et de fleurs implantée depuis 1980 sur la commune de Plomeur, dans le pays Bigouden. La manifestation a eu lieu pendant la fête des fleurs, un événement qui attire chaque année au début du printemps des milliers de visiteurs. Les gérants de la société Kaandorp s’en sont pris violemment aux manifestants, provoquant plusieurs bagarres au milieu des visiteurs.

Laurence Huc est toxicologue, directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) et coordinatrice du réseau Holimitox, qui regroupe une soixantaine de chercheurs travaillant sur les impacts des pesticides SDHI sur l’environnement, la biodiversité et la santé humaine. Les domaines représentés au sein de ce réseau sont très divers : on compte des économistes, agronomes, toxicologues, oncologues, écotoxicologues, épidémiologistes, spécialistes des maladies rénales, spécialistes des maladies du foie, spécialistes des maladies neurodégénératives, intestinales, ou encore des sociologues des sciences.

5 décembre 2024  Nolwenn Weiler

https://basta.media/

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