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En Bretagne, les cercles celtiques traditionnellement bienveillants avec les homosexuels
En Bretagne, les cercles celtiques sont des espaces de solidarité et de soutien pour les homosexuels depuis des décennies, révèle le documentaire « Et en plus, ils dansent » qui sort le 8 avril 2023. Quatre hommes, dont le brodeur Pascal Jaouen, témoignent.
» Le cercle celtique m’a donné de la force. » Ce sont les premiers mots de Gildas Sergent dans le documentaire « Et en plus, ils dansent » de Kénan An Habask et Thierry Salvert qui sort en avant-première ce samedi 8 avril 2023. Ce film de 52 minutes donne la parole à quatre hommes qui osent parler, parfois pour la première fois, avec tact, de leur homosexualité et qui racontent comment, dans un monde parfois hostile, ils ont trouvé un droit à l’indifférence dans les cercles celtiques.
Les cercles celtiques, loin de leur image conservatrice et genrée
Ce film est une idée de Gildas Sergent, 58 ans, chorégraphe au cercle celtique de Douarnenez, entré dans la danse dans les années 80. Trois autres personnalités de la culture bretonne témoignent : Pascal Jaouen, brodeur et styliste renommé, Jonathan Le Guennec, metteur en scène au cercle celtique de Pontivy, et Tristan Gloaguen, codirecteur de la puissante Confédération Kenleur, qui compte plus de 20 000 danseurs.
À travers des témoignages émouvants, ils racontent l’importance qu’a eu la danse bretonne dans leur vie pour s’assumer en tant qu’homosexuels. « Nos recherches, et leurs témoignages, montrent que le cercle celtique était un endroit possible pour les jeunes hommes esseulés par leur différence, plus facile que dans les clubs de foot et les bagadoùs, surtout en milieu rural. Un espace où ils étaient les bienvenus, et où ils pouvaient même devenir moteur de l’activité du cercle », constatent les réalisateurs, Kénan An Habask et Thierry Salvert.
« Un pourcentage un peu plus élevé d’homosexuels »
« Un jour, j’ai pris conscience qu’il y avait un pourcentage un peu plus élevé d’homosexuels dans les cercles celtiques qu’ailleurs, alors que c’est un milieu traditionnel extrêmement genré. On n’a pas de pourcentage. Mais si on pense qu’il y a 10 à 12% d’homosexuels dans la société française, il y en a sans doute un peu plus dans les cercles celtiques.
Et surtout, ils ont pu prendre des responsabilités. On a cherché à remonter avant les années 80, mais les personnes encore en vie à qui on a pensé, ne souhaitaient pas forcément s’exprimer. Donc, on est parti de notre propre expérience« , constate Gildas. Kénan An Habask approuve : « Il y avait déjà des cas dans les années 1950-1960, mais effectivement, les témoignages dans le film commencent dans les années 80. »
« J’ai couché avec des curés et je ne supporte plus le mensonge »
À travers le témoignage de ces quatre hommes, on comprend comment des homosexuels ont trouvé naturellement leur place dans les cercles celtiques, où leurs disponibilités, leur temps libre était apprécié. Mais dans le film, ils racontent aussi les difficultés.
Tristan Gloaguen revient sur l’histoire « de deux garçons emprisonnés en raison de leur homosexualité en 1955″, alors qu’ils étaient des piliers du cercle celtique de Pont-l’Abbé. « Le cercle s’est mis en sommeil et il a fallu attendre 1962 pour qu’il renaisse. » Le brodeur Pascal Jaouen estime que les religions et notamment l’Église catholique ont « fait beaucoup de tort aux homosexuels. Avec beaucoup d’hypocrisie, car il y avait beaucoup d’homosexuels dans l’église. Je le sais puisque j’ai couché avec des curés. Je ne supporte plus le mensonge. »
Et l’équipe du film de rappeler que le sentiment de rejet de l’homosexualité pousse encore trop de personnes au suicide. « C’est même la deuxième cause de mortalité chez les jeunes hommes entre 16 et 25 ans« , rappelle Tita B Production.
Projections en avant-premières en présence de l’équipe du film :
- samedi 8 avril à 17h au cinéma Le Club, Douarnenez
- dimanche 9 avril à 18h au cinéma Le Katorza, Quimper
- lundi 10 avril à 17H au cinéma Le Rex, Pontivy
- jeudi 13 avril à 19h à la salle Ar Sterenn, Châteauneuf-du-Faou
Diffusions TV Jeudi 18 mai à 22h50 sur France 3 Bretagne, de ce film produit par Tita B Productions
Valérie Le Nigen Mercredi 5 avril 2023
Commentaire:
Le Mouvement breton d’après guerre, malgré son « virilisme » n’était pas exempt de « LGBT », surtout à droite. A gauche on parlait « d’invertis ». Le plus grand des écrivains bretons de l’école nationaliste, vivait avec son compagnon à Dublin… au grand dam des catholiques qui dirigeaient le mouvement.