Le combat contre la centrale à cycle combiné au gaz s’est déporté à plusieurs dizaines de kilomètres de Landivisiau (Finistère). En pleine campagne.
Un équipement déclaré d’utilité publique
À Plonévez-du-Faou, un jeune apiculteur s’oppose au projet de gazoduc qui alimenterait cette centrale. Matéo Millécamps organise une réunion d’information samedi 25 mai 2019 à l’intention de tous les agriculteurs concernés par le tracé. Le premier objectif est de les informer. Car beaucoup ne savent même pas de quoi il s’agit. On est loin de Landi, ici. Et l’enquête publique remonte à plusieurs années.
À l’époque, beaucoup pensaient que ce gazoduc n’aboutirait pas. Pourtant, les préfets du Finistère et du Morbihan l’avaient déclaré d’utilité publique en 2015.
Depuis le mois de janvier, tout s’est brusquement accéléré. À Landivisiau, les travaux ont débuté sur le site de la future centrale à cycle combiné au gaz naturel. D’une puissance maximale de 446 MW, cette centrale sera exploitée par la Compagnie électrique de Bretagne, fondée par Direct énergie et Siemens.
Incompréhension
Pour alimenter cette installation en gaz naturel, il est donc prévu de construire un gazoduc de 111 km entre Plumergat (Morbihan) et Pleyben, puis un second de 20 km entre Saint-Urbain et Landivisiau. Par ailleurs, une ligne à très haute tension (225 000 volts) devrait être construite entre la centrale et le poste de raccordement au réseau, à La Martyre.
Depuis des mois, le collectif Landivisiau doit dire non à la centrale manifeste. Il se mobilise aussi sur le plan judiciaire. Matéo Millécamps s’est rendu à plusieurs reprises à Landivisiau. Ses motivations sont multiples. Écologiques d’abord : À l’heure actuelle, je ne comprends pas qu’on puisse créer un tel outil fonctionnant aux énergies fossiles. Il faudrait mieux convertir la vieille centrale à charbon de Cordemais plutôt que de construire de toutes pièces une unité à Landivisiau !
L’apiculteur ne conçoit pas qu’un gazoduc puisse traverser les terres familiales, à Ligouffen. « Ça fait plus de 100 ans que ma famille exploite ces parcelles. Trois sont concernées par le tracé dont une zone humide ! »
Selon Matéo Millécamps, la conduite de 40 cm de large serait enfouie à 1 m de profondeur. « Avec ce gazoduc, il sera impossible de planter une haie. Et puis, est-ce qu’un tel conduit peut avoir un impact sur les animaux qui pâturent au-dessus ? » Les 40 ha de terres familiales devraient en effet être reprises par un berger.
Décisions de justice
« On a aucune idée du calendrier. Les travaux vont commencer dans un mois, un an, trois ans ? », interroge Matéo Millécamps. Ces dernières semaines, il s’est rendu sur 80 exploitations concernées par le tracé : à Plonévez-du-Faou, Châteauneuf, Lennon, Pleyben, Spézet… Beaucoup sont opposés mais ils ont baissé les bras. Comme la chambre d’agriculture du Finistère est favorable, ils craignent de s’y opposer. Il espère malgré tout que quelques agriculteurs participeront à la réunion du 25 mai.
Quelques membres du collectif Non à la centrale devraient être présents. Dont le président de Force 5 Jean-Yves Quéméneur. Fin avril 2019, son association a saisi le Conseil d’État concer-nant ce gazoduc. « L’objectif est de démontrer que ce gazoduc n’est pas d’utilité publique. Notre avocat va aussi faire valoir que l’étude d’impact est insuffisante. Le Conseil d’État l’avait déjà signalé. »
Dans les jours à venir, la cour administrative d’appel de Nantes devrait aussi rendre sa décision sur l’arrêté d’Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE). Une décision cruciale pour l’avenir de la centrale.
Infos pratiques. Réunion samedi 25 mai à 15 h au lieu-dit Ligouffen, à Plonévez-du-Faou.
23 Mai 19
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