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11 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Journée nationale de lutte, de protestation et d’indignation (al’e)

Appel unitaire à l’initiative de l’ANEL (Assemblée Nationale des Etudiant·e·s Libres)

Nous, activistes de mouvements sociaux et de la jeunesse, issus de différentes traditions, régions du Brésil et organisations, adhérons à cette initiative du 15 mai (15M) comme moyen d’élargir les mobilisations de rue, à la veille de la Coupe du monde de football qui commencera le 12 juin.

Le Brésil se prépare à recevoir la Coupe du monde. Les dépenses exorbitantes éclairent et dénoncent la contradiction entre le Brésil de la Coupe du monde et le Brésil des Brésiliens. Une contradiction entre un Brésil qui doit obéir aux normes exigeantes et élitaires de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), pour répondre aux intérêts des banquiers et des grandes firmes de la construction, et un Brésil où règnent des conditions précaires de santé, d’éducation, de transport et d’habitation.

Nous savons que les ressources financières investies pour la Coupe pourraient être bien mieux utilisées dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Déjà 9 travailleurs sont morts étant donné les conditions désastreuses de travail dans la construction des stades qui vont servir à ces méga-événements. Le gouvernement, pour garantir la Coupe des puissants et éviter les manifestations, ne cesse de renforcer sa politique de «sécurité» qui va de la Loi antiterroriste à des collaborations avec des institutions états-uniennes comme la CIA et le FBI: ce qui est une violation de notre souveraineté. Lutter ne constitue pas un crime et qui lutte n’est pas un terroriste.

Les grèves qui surgissent du nord au sud du pays démontrent que seules les mobilisations permettent de gagner. La victoire des travailleurs des transports à Porto Alegre, des éboueurs à Rio de Janeiro et de la région ABC de São Paulo, ainsi que des travailleurs intérimaires employés dans les grandes constructions liées à la Coupe est partie prenante de ce nouveau mouvement. Le mouvement pour obtenir des logements populaires, qui s’affronte à l’autoritarisme du pouvoir public et met en question les gains des mafias engagées dans la spéculation immobilière, en est une autre expression. Il est important que ces luttes trouvent un espace unitaire pour se renforcer.

Il est nécessaire de lutter et il est possible de gagner

Dans la jeunesse, la direction majoritaire de l’UNE (Union nationale des étudiants – liée au PT) se propose de défendre à tout prix la réalisation de ce méga-événement et de contenir la crise du gouvernement de Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs). Or, une nouvelle génération de jeunes activistes est pourtant dans les manifestations de rue, et partie prenante des grèves des travailleurs, et lutte contre la bureaucratie syndicale de la CUT (Centrale Unitaire des Travailleurs) liée au gouvernement.

Il est dommageable que la réunion de secteurs du mouvement étudiant – à la tête desquels se trouvent Virginia Barros et Barbara Mello, respectivement présidentes de l’UNE et de l’UBES (Union Brésilienne des Etudiants du Secondaire) – prenne la décision de se joindre à la présidente Dilma Rousseff pour «étouffer» les manifestations. Au même titre, est honteuse, l’adhésion de l’UNE à la campagne de travail volontaire pour la FIFA.

Dans cette phase, la jeunesse au sein de multiples universités, écoles et quartiers organise des luttes victorieuses, appuie diverses grèves des enseignants et du personnel administratif de l’éducation. La victoire de ces luttes peut susciter une accentuation de la dynamique du mouvement social et renforcer la défense de ses revendications.

Après les journées de juin 2013, construire le 15M

La jeunesse – qui en juin 2013 se trouvait dans la rue et a battu en brèche la hausse des tarifs des transports publics, cette jeunesse qui déjà mettait en question les dépenses pour la Coupe du monde et établissait un lien entre celles-ci et les mobilisations sociales – lance aujourd’hui un appel à toute la jeunesse pour participer à la construction du 15M (journée du 15 mai).

Différents secteurs combatifs impulsent cette journée de mobilisation. Initialement, cette journée devait marquer le début d’une journée mondiale contre la Coupe du monde. Le mouvement du 15 mai est soutenu par diverses forces à l’échelle du Brésil: les comités populaires contre la Coupe, la rencontre syndicale de l’Unité d’action tenue sous le mot d’ordre «Durant la Coupe il va y avoir des luttes» et divers collectifs nationaux, régionaux ainsi que différents mouvements sociaux.

Ce 15 mai (15 M) est un jour afin d’unifier nos luttes avec celles des travailleurs et des mouvements sociaux, afin de lutter pour nos droits et de renvoyer la FIFA à la maison.

Construire un jour important de lutte avec des méthodes démocratiques et participatives

Un des héritages les plus importants des journées de juin 2013 fut le rejet des vieilles structures et la conception verticaliste du mouvement. Nous partageons cette conception et pensons que le 15M doit être construit dans chaque école, lieu de travail, quartier sur la base d’assemblées; chaque pas devant être discuté sous une forme démocratique et horizontale. Il est fondamental, de même, d’établir un lien entre les revendications locales et les luttes d’ensemble. Notre appel vise à la construction d’un événement national ayant une large visibilité et apte à impulser de nouvelles luttes.

Préparons-nous. C’est l’heure de la jeunesse

Nous allons décorer les rues avec notre combativité et notre audace. Nous voulons lutter pour nos droits. Dans ce but, nous défendons des mots d’ordre directs et concrets qui puissent nous unifier au-delà de notre diversité.

• Soutenez nos luttes. Appuyez les luttes étudiantes. Appuyez les luttes des travailleurs et travailleuses. Appuyez les occupations de terres agricoles et les occupations de terrains pour le logement.

• Non à la répression. Supprimons les lois anti-manifestations. Mise sur pied d’un audit portant sur les contrats passés par les entreprises à l’occasion de la Coupe et sur les dépenses pour la «sécurité» faites à cette occasion. Liquider l’accord avec les Etats-Unis et le FBI. Mettre fin aux enquêtes menées contre les militant·e·s ainsi qu’à la surveillance des mouvements sociaux par l’ABIN (Agência Brasileira de Inteligência) et les appareils de sécurité issus de la dictature militaire. Contre la militarisation des villes qui reçoivent la Coupe.

• FIFA GO HOME! Contre l’ingérence de la FIFA. Réexamen des contrats établis par les grandes entreprises comme Odebrecht et Camargo Correia. Transfert des dépenses de la Coupe en faveur de l’éducation, de la santé, des transports et du logement.

• Descendez dans la rue. Cela change le jeu.

(Traduction du brésilien par rédaction A l’Encontre, le 10 mai 2014)

http://alencontre.org/ameriques/amelat/bresil/bresil-15-mai-journee-nationale-de-lutte-de-protestation-et-dindignation.html

Lire aussi:

La Coupe du monde. L’Etat garant de l’accumulation du capital pour la FIFA et ses partenaires.

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28 avril 2014 ~ 0 Commentaire

Jeunesse: les sales coups que l’on nous prépare

Le Marginal Magnifique poème On est tous sans le même bâteau galères Ben Hur Gatsby le Magnifique sur un yatch inégalités des chances

Hollande avait fait de la jeunesse la priorité de son quinquennat. On comprend mieux aujourd’hui ce qu’il entend par là…

Au lendemain du 12 avril, première manifestation progressiste contre ce gouvernement, il fuite dans les médias que le nouveau Premier ministre envisagerait de supprimer les APL (aides personnalisées au logement) pour les étudiantEs non boursiers.

Les APL sont une aide essentielle pour les étudiantEs qui sont souvent obligés de quitter le domicile familial pour étudier. Le logement représentant la plus grosse dépense d’un étu- diantE, et avoir 100 ou 200 euros d’aides permet tout simplement à la plupart des étudiantEs de pouvoir étudier. C’est aussi la seule aide dont un étudiant peut bénéficier sur la base de sa situation propre, contrairement aux bourses qui sont calculées par rapport à la situation de ses parents. Remettre en cause les APL, ce n’est pas un coup dur pour les classes moyennes, comme l’ont beaucoup dit les médias, c’est tout simplement empêcher des centaines de milliers de jeunes d’accéder aux études supérieures et à l’autonomie !

Sentant que cela ne passerait pas, le gouvernement a fini par annoncer qu’il ne toucherait pas aux APL des étudiantEs. Il faut dire que dès « l’annonce », toutes les organisations étu-n diantes, y compris celles réputées proches du Parti socialiste, avaient déclaré que si ce type de projet voyait le jour, ils n’hésiteraient pas à manifester et à mobiliser les étudiantEs.

Ballons d’essai Il ne s’agit pas là d’un couac de communication au sein du gouvernement mais bel et bien d’une tentative de faire passer un projet que les gouvernements précédents ont aussi voulu mettre en œuvre : la suppression des APL. Depuis le discours d’investiture de Valls, plusieurs ballons d’essai ont été envoyés par le gouvernement concernant la jeunesse, comme celui du Smic jeunes.

La semaine dernière, Pierre Gattaz avait déclaré qu’il était favorable à l’idée d’un Smic jeunes. C’est également l’idée que défendent les trois économistes libéraux qui ont déjeuné avec Hollande à l’Élysée cette même semaine. Sûrement une coïncidence… Une autre idée circule aussi dans les couloirs de Matignon : augmenter les frais d’inscription à l’entrée de l’université (actuellement à 400 euros).

Comme les deux exemples précédents, il s’agit d’attaques qui reviennent régu- lièrement, quel que soit le gouvernement, pour une politique qui revient à dire que les jeunes seraient un poids pour la société. Pourtant, ces trois mesures – APL, Smic jeunes et augmen-tation des frais de scolarité – sont celles qui sont le plus rejetées par les jeunes et leurs organisations, car elles représentent l’instauration d’une inégalité profonde entre eux et le reste de la société.

Elles ont d’ailleurs souvent été le motif de grands mouvements de la jeunesse. Les derniers modèles de Smic jeunes (CIP en 1994 et CPE en 2006) ont donné lieu à de grandes grèves de la jeunesse bousculant les gouvernements qui voulaient les appliquer. Le gouver-nement Valls a pour l’instant réfuté qu’il envisageait ces mesures. Il nous teste… Alors soyons à la hauteur !

Hebdo L’Anticapitaliste – 239 (24/04/2014) Mina Deneuf

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10 avril 2014 ~ 0 Commentaire

Génocide au rwanda (acrimed)

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Propagande pour petits et grands sur France Info

La chronique commence pourtant sur une définition sans ambiguïté du terme de génocide : une destruction organisée d’une population. Mais le journaliste verse aussitôt dans une grille de lecture ethnique : le génocide serait par définition commis sur un groupe « par un autre groupe », « les Hutus » dans le cas du Rwanda, là où les définitions juridiques ne parlent nullement de « groupe » mais parfois d’« un État » et il est bien plus juste de parler d’« extré- mistes » que de simples« Hutus » pour désigner les génocidaires. Ce qui pourrait n’être que le fruit d’un effort exagéré de simplification va s’aggraver dans la suite de la chronique pour devenir une falsification.

Intox immodérée

Après une présentation plutôt juste des crimes commis depuis les années 60, le journaliste explique que la France était présente dans le pays depuis longtemps, pour participer « à une mission de maintien de la paix » (ce qui est faux, puisqu’il s’agissait d’aider en réalité l’armée rwandaise à combattre un ennemi et qu’il n’y avait aucun mandat de l’ONU), et que « le pré- sident Mitterrand connaissait bien le président rwandais qui était un Hutu modéré  ». M. Yzard, dans cette dernière phrase nie le fait qu’Habyarimana était un dictateur, que la torture se pratiquait sous son régime, que de nombreux massacres de Tutsis ont eu lieu avec la par- ticipation des autorités.

S’il est vrai qu’il a signé les accords de paix, la modération n’est certainement pas ce qui le qualifiait. Le journaliste évite ainsi le sujet principal : la France a soutenu dès le début un régime infréquentable qui préparait le génocide, en pleine connaissance de cause. Dans le même ordre d’idées, M. Yzard précise que la France a formé la gendarmerie et l’armée rwan- daise et qu’elle « a ensuite été accusée d’avoir formé les milices [...] qui ont fait ce génocide », occultant donc que les forces régulières rwandaises ont été le fer de lance du génocide, que la France ne serait donc pas moins complice en s’étant limitée à leur formation.

« Tout a dérapé »

« Pourquoi les Français ont aidé les Hutus et pas les Tutsis ? ». Confus, le journaliste affirme que les Français ne les ont pas aidés, mais que « c’est un peu l’histoire qui a fait que les cho- ses se sont trouvées comme ça » (?) Il poursuit, « tout aurait pu s’arranger en 93 », parlant des accords de paix prévoyant un gouvernement de coalition « tutsi et hutu », mais il y a eu l’as- sassinat du président rwandais « et là tout a dérapé très très gravement ». Passons sur cette nouvelle réduction de la politique à l’ethnisme, Yzard nie là encore la méticuleuse préparation du génocide et affirme aux « juniors » que c’est l’attentat qui est à la base du génocide.

Le journaliste affirme ensuite que la France « est intervenue pendant le génocide pour tenter de le faire cesser » alors que l’opération Turquoise a cherché, avant tout, à stopper l’avancée du FPR (désigné comme l’ennemi par les gradés français), et a organisé la fuite des géno- cidaires vers le Zaïre. C’est nettement au FPR qu’on doit l’arrêt du génocide.

Un jeune demande alors si « c’est un peu comme si on avait aidé les nazis pendant la deu- xième guerre mondiale ». Yves Yzard est ferme : « non », « la France a été prise dans ses contradictions », « c’est vrai qu’il y a des faits qui ne sont pas très clairs, notamment dans la destruction de l’avion » (?) « en 2008, Bernard Kouchner [...] a admis une faute politique de la France, mais sans aller jusqu’à présenter des excuses », « donc il n’y a pas du tout une com- paraison… comme si on avait aidé les nazis ». L’argumentation confuse et sans logique du journaliste ne prouve rien du tout et ne consiste qu’à nier ce qu’il a pourtant partiellement reconnu auparavant (via les formations) : la France a bel et bien aidé les génocidaires.

C’est la faute à l’ONU

Yves Yzard affirme ensuite, au sujet de l’opération Turquoise, que la France « est la seule à avoir fait quelque chose », puis évoque « une démission de l’ONU » : « on a voulu envoyer des casques bleus mais ils n’étaient pas armés ». Il manque d’informations ou ment délibérément sur l’intervention de l’ONU au Rwanda : la Minuar était présente dès 1993 au Rwanda, avec des armes. Il lui a d’ailleurs été refusé de saisir des stocks d’armes avant le génocide. Il n’a donc pas été question « d’envoyer des casques bleus », mais au contraire, une résolution a retiré l’essentiel des effectifs onusiens du Rwanda. La France, membre du Conseil de sécurité, a participé à cette décision de retrait. Par ailleurs, elle a tenté de s’opposer à l’embargo sur les armes, puis, rédigeant le mandat de l’opération Turquoise, en a exclu l’arrestation des respon- sables du génocide. Affirmer que la France, qui a pleinement participé à freiner l’ONU, est « la seule à avoir fait quelque chose » est une présentation particulièrement biaisée du déroulé des faits.

Enfin, abordant la question des génocidaires présents sur le sol français, le journaliste explique l’impunité par le simple cours de la justice qui doit prendre le temps de rassembler des preuves. Il oublie opportunément de parler de l’absence de poursuites à l’initiative du Parquet, qui dépend de l’exécutif. Il oublie aussi les refus des gouvernements successifs de déclassifier certains documents et les manipulations importantes, et aujourd’hui avérées, autour du dossier monté par le juge Bruguière sur l’attentat. Il ressort de cette chronique la curieuse impression que les jeunes, censés être éclairés par le journaliste, ont bien plus à lui apprendre, par le bon sens qui transparaît de leurs questions. Mathieu Lopes, le 9 avril 2014

Nous publions, en tribune [1] et avec son autorisation, un article paru sur le site de l’asso- ciation Survie le 7 avril, jour de la commémoration des 20 ans du génocide au Rwanda [2]. (Acrimed) Après l’annonce du verdict du procès de Pascal Simbikangwa, France Info a diffusé une chronique intitulée « France Info Juniors » où le chef adjoint du service Monde de la rédaction, Yves Izard, répondait aux questions de jeunes sur le génocide des Tutsis. Ce qui aurait pu être un bon exercice pédagogique s’est révélé être en fait un morceau de propa- gande douteuse pour dédouaner la France ou, au mieux, de confusion pure.

http://www.acrimed.org/article4310.html

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03 avril 2014 ~ 0 Commentaire

Pascal lamy prône des petits boulots payés en dessous du Smic (le huff’)

motivation

Jobs payés moins que le Smic: la proposition de ce proche de Hollande

 Pressenti pour entrer au gouvernement, Pascal Lamy ne fait pas partie de l’équipe de « combat » du nouveau Premier ministre Manuel Valls. Mais cela n’empêche pas l’ancien directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de donner son avis.

Interrogé sur le remaniement mercredi 2 avril lors de « Questions d’Info » LCP/France Info/Le Monde/AFP, ce proche de François Hollande en a profité pour prôner plus de « flexibilité » sur le marché du travail. Il a notamment évoqué des « petits boulots » payés en dessous du Smic, à l’instar des « mini-jobs » en Allemagne.

« Un petit boulot, c’est mieux que pas de boulot »

« Je sais que je ne suis pas en harmonie avec une bonne partie de mes camarades socialistes mais je pense qu’il faut, à ce niveau de chômage, aller davantage vers de la flexibilité et vers des boulots qui ne sont pas forcément payés au Smic », a-t-il déclaré . « Un petit boulot, c’est mieux que pas de boulot. Je ne réponds pas ça dans l’absolu, je n’aurais pas dit ça il y a 10 ans ou il y a 20 ans, mais à ce niveau de chômage… »

Pour Pascal Lamy, « il faut accepter de temps en temps de franchir les espaces symboliques de ce type pour rentrer dans la réalité et la transformer ». Au risque que cela rappelle le « Smic jeunes » de Edouard Balladur ou le « CPE » de Dominique de Villepin, tous deux abandonnés après des semaines de contestation sociale ? « Ce n’est parce qu’une réforme n’a pas marché ou parce qu’on a reculé devant la pression de l’opinion que c’est une mauvaise idée. Si on prenait tous les réformes qu’on a essayées à un moment, qui n’ont pas marché et si on ne les avait pas reprises, on serait encore au Moyen-Age », a-t-il lâché.

Michel Sapin s’y oppose, les internautes ironisent

Des propos qu’a voulu nuancer Michel Sapin, nouveau ministre des Finances et des comptes publics et auparavant en charge du Travail et de l’Emploi. Invité de France Inter jeudi matin, il s’est dit « pas favorable » à la généralisation de « mini-jobs » en France. « C’est ce qu’il s’est passé en Allemagne, avec les réformes que l’on connaît, et qui ont permis à l’Allemagne d’avoir un taux de chômage très faible », a-t-il reconnu, tout en rappelant que l’Allemagne était en train de revenir sur ce modèle avec l’adop- tion d’un salaire minimum dans le pays. « L’objectif n’est pas de créer des petits boulots, mais qu’il y ait plus de boulot [...]. Moi, je suis pour le plein-emploi, mais je suis aussi pour le bon emploi », a-t-il ajouté.

La perspective de voir ce genre de petits boulots en France a aussi beaucoup fait réagir sur Twitter. Du syndicaliste Gérard Filoche au site parodique Le Gorafi en passant par de simples anonymes, la majorité des internautes s’y montre clairement hostile. Certains n’hésitent pas à interpeller Pascal Lamy en lui proposant de prendre lui-même un job payé sous le Smic.

Le HuffPost avec AFP  |  Par Maxime Bourdier Publication: 03/04/2014 12h20

http://www.huffingtonpost.fr/2014/04/03/pascal-lamy-petits-boulots-smic_n_5081880.html?utm_hp_ref=france

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03 avril 2014 ~ 0 Commentaire

Criminalisation des militants anti aéroport…

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Impunité pour les violences policières! Non à cette justice de classe !

Communiqué NPA 44

Le dernier acte de Valls en tant que Ministre de l’Interieur et premier en tant que chef du gouvernement sera celui de ces arrestations autour de la dernière manifestation contre l’aéroport de Notre Dame des Landes.

Des semaines après les faits supposés, le gouvernement socialiste et la justice montrent leur fermeté à l’égard des manifestants: jusqu’à un an ferme.

Et cette fermeté ne s’impose qu’aux humbles et aux révoltés, laissant en paix  les puissants qui licencient, polluent et ruinent des régions entières.

Le NPA dénonce cette justice arbitraire et cette criminalisation des opposants.

Le NPA exige que les droits des personnes arrêtées soient garantis et dénonce cette justice à deux vitesses qui absout et cautionne les violences policières et  qui vise, en réalité, par des peines  extrêmement lourdes à « casser » des jeunes militants.

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27 mars 2014 ~ 0 Commentaire

Saint-Brieuc, 300 lycéens contre le front national (of)

Des lycéens de Renan, Rabelais et Freyssinet manifestent

Depuis 11h, environ 300 lycéens de Renan, Rabelais et Fressynet sont rassemblés place des Droits de l’homme à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Ils manifestent contre la « dédiabolisation » du Front national. A Saint-Brieuc, Pierre-Yves Lopin, candidat du FN, est au second des municipales dimanche. Saint-Brieuc – 11h15

http://www.ouest-france.fr/saint-brieuc-300-lyceens-contre-le-front-national-2048408

Commentaire: Bravo!

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24 mars 2014 ~ 0 Commentaire

Le journal anglais “the independent” décide de boycotter les livres sexistes (les inrocks)

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Le journal britannique “The Independent” a décidé de ne plus traiter dans ses colonnes des livres présentant un marketing genré.

La mesure, très forte, démontre s’il en était besoin que la question des stéréotypes véhiculés par les livres pour enfants déborde largement le cadre de l’Hexagone. Dans une tribune mise en ligne le 16 mars, Katy Guest, la chef de la rubrique livres de The Independent on Sunday, l’édition dominicale du journal britannique The Independent, explique que sa rédaction ne parlera désormais plus des livres dont le marketing est genré, autrement dit des livres sexistes :

“Ce journal et ce site ne parleront plus des livres qui sont explicitement destinés aux filles ou aux garçons. La section livre de The Independent fera de même. (…) Tout livre pour filles au sujet de princesses ennuyeuses qui atterrira sur mon bureau ira directement à la poubelle à côté de tout Super grand livre de petit morveux destiné aux garçons. Si vous êtes un éditeur qui pense que votre livre s’adresse à tous les enfants, nous serons très heureux de vous rencontrer. Le prochain Harry Potter ou Katniss Everdeen [héroïne de Hunger Games - ndlr] ne sortira pas avec une couverture rose. Nous vous remercions donc de ne pas nous envoyer ce genre de livres.”

Stop aux couvertures roses  Le boycott est né en réaction à une interview donnée par Michael O’Mara, PDG des éditions Buster Books, à The Independent. Il y expliquait refuser d’adhérer à la campagne Let Books Be Books qui incitait les éditeurs à mettre un terme au marketing genré : “C’est avéré qu’un grand pourcentage de gens achètent pour leurs enfants en fonction de leur sexe. Nous savons que quand ils achètent sur Amazon, ils tapent souvent “livres pour garçons” et “livres pour filles”. Tous les garçons n’aiment pas une même chose et toutes les filles n’aiment pas une même autre chose mais le fait est que beaucoup de garçons aiment les mêmes choses et beaucoup de filles pareil“.

Ses propos ont fait bondir Katy Guest (à juste titre) :N’a-t-il jamais entendu parler du best-seller de Suzanne Collins, Hunger Games, qui a pour personnage principal une femme, a une couverture dépourvu de rose et est autant aimé par les garçons que par les filles ? Pour ceux qui ne le sauraient pas, l’héroïne, Katniss Everdeen, est plutôt habile avec un arc et une flèche et ne passe pas beaucoup de temps à se préoccuper de son apparence”. Pour elle, en développant des produits genrés, les éditeurs et les entreprises de jouets pour enfants ne cherchent qu’à “pousser les parents à acheter deux fois plus“.

Elle rappelle aussi : “Il y a aussi ceux qui soutiennent que les enfants sont dirigés vers un chemin masculin ou un chemin féminin dès leur conception, et qu’aucune quantité de lecture ne pourra rien y changer. En fait, il n’y a aucune preuve que les garçons et les filles sont nés avec différents intérêts et plein de preuves qu’ils acquièrent leurs goûts en sociabilisant.”

Et de prendre pour exemple le roman Mathilda de Roal Dalh, “désormais publié avec une couverture rose“. “Un libraire a rapporté avoir vu une mère arracher un exemplaire de ce roman des mains de son garçon en lui disant ‘ça c’est pour les filles’ comme elle le reposait sur l’étagère”.  Katy Guest raconte également que la publication de livres marketés pour les garçons et de livres marketés pour les filles pousse certains éditeurs à exiger des auteurs des livres véritablement écrits en fonction du sexe auxquels ils se destinent. “En cataloguant les enfants, nous les laissons tomber. Les livres, plus que toute autre chose, devraient être destinés à tout enfant qu’ils intéresseraient”. 

De la censure ? La décision de Katy Guest n’a pas fait l’unanimité. Dans un article publié deux jours plus tard, la rédactrice répond aux critiques reçues. Elle se défend de faire dans la censure en rappelant que son métier de critique consiste justement à choisir de quels livres parler ou non. “J’ai déjà expliqué pourquoi je ne peux recommander un livre qui exclut la moitié des lecteurs dès le départ, et consacrer une critique à un livre juste pour expliquer en quoi il est mauvais me semble contre-productif. Vous ne préfériez pas savoir quels livres valent le coup ?” interroge-t-elle.

Concernant la fameuse “couverture rose” à laquelle elle s’en prend dans sa première tribune, la journaliste précise qu’elle ne mettra pas de côté tout livre comportant du rose ni tout ouvrage dont le titre serait composé du mot “princesse”. “Cependant, tout éditeur publiant un livre de cuisine rose avec des photos de filles sur la couverture, et un livre bleue sur le football avec des garçons sur la couverture, envoie inévitablement un message. Pas vraiment ‘explicite’, mais assez tout de même”. Et si les médias français suivaient l’exemple ? 20/03/2014 | 16h25

http://www.lesinrocks.com/2014/03/20/actualite/le-journal-anglais-independent-boycotte-les-livres-sexistes-11489847/

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19 mars 2014 ~ 0 Commentaire

« Pressions insensées » et « folles rumeurs » (politis)

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L’académie de Créteil annule un spectacle pour enfants .Les enfants de Bonneuil-sur-Marne ne verront pas Oh Boy !, spectacle acclamé depuis cinq ans, car son personnage principal est homosexuel.

Les réacs de la Journée de retrait des écoles (JRE) n’ont même plus besoin de froncer les sourcils pour faire monter la pression sur l’Éducation nationale. L’emballement du début d’année sur la prétendue « théorie du genre » à l’école provoque aujourd’hui une vague de censures par anticipation.

C’est une pièce pour enfants, primée d’un Molière « jeune public » en 2010, qui a fait début mars les frais de leurs campagnes, comme le rapporte ce jeudi L’Express. Le spectacle Oh Boy !, adapté d’un roman distingué par une montagne de prix littéraires, tourne depuis 2009 et remplit les salles. 600 représentations et 100 000 spectateurs sans la moindre polémique. Seul sur scène, Barthélémy parle de relations fraternelles, de suicide, de maladie, de secrets. Le sujet interdit affleure à de rares instants, sans que le texte ne s’y attarde : le jeune homme de 26 ans est homosexuel.

Craignant les pressions homophobes, c’est l’inspection académique du Val-de-Marne qui est intervenue pour annuler les représentations prévues les 3 et 4 mars pour 554 élèves de CM1/CM2 de Bonneuil-sur-Marne. Après l’inquiétude qu’auraient exprimée plusieurs enseignants – et dans un contexte virant à l’hystérie —, elle souhaitait se réserver le temps d’un travail péda- gogique pour préparer les esprits et informer les parents « de façon à ce qu’ils n’aient pas le sentiment d’être trompés ». Pour le metteur en scène, cette déprogrammation est consternante. « C’est un texte sensible et poétique qui ne parle même pas d’homosexualité, s’attriste Olivier Letellier. D’ailleurs, il ne pose aucun problème aux enfants. Ce sont les adultes que cela dérange. »

« Pressions insensées »… par anticipation L’inspection académique du Val-de-Marne ne souhaite pas s’expliquer sur cette affaire et renvoie vers le rectorat, qui ne donne pas suite à nos questions. « Il ne peut s’agir en aucune façon d’une annulation, assurait en revanche la directrice de l’académie de Créteil, Élisabeth Laporte, dans un courrier envoyé au syndicat Sud éducation. J’ai effectivement souhaité que ce spectacle soit reporté (…) pour le déconnecter du mouvement actuel de la [Journée de retrait des écoles]. (…) Pour autant, il n’est pas question de céder à des pressions insensées ».

À ce jour, les trois représentations scolaires n’ont pas été reprogrammées. Seule une représentation tous publics a été programmée par la mairie de Bonneuil, vendredi 2 mai. Dans cette affaire, qui a mis plusieurs jours à remonter aux oreilles de la section locale de Sud éducation, il n’y a aucune trace d’une quelconque pression des parents de la « Journée de retrait des écoles ». Les deux journées d’absentéisme ont d’ailleurs été très diversement observées dans les écoles du dépar- tement. « C’est un mouvement très hétérogène. Quelques écoles ont été touchées, mais dans la majorité des écoles, le mouvement a été faible voire très faible. Toujours est-il que c’est la première fois qu’on est confronté à de telles inquiétudes », raconte Philippe Barre, responsable de Sud éducation 94, joint vendredi par téléphone. Le 16 janvier, deux représentations de Oh Boy ! avaient déjà été annulées dans la commune de Saint-Maur-des-Fossés, en raison, officiellement, d’une trop faible affluence. Un motif qu’Olivier Letellier jugeait déjà « très étrange ».

La princesse qui « n’entre pas dans le contenu pédagogique » Le Val-de-Marne vient de connaître un précédent à cet inquiétant épisode. Le 5 mars, 50 enfants d’un centre de loisirs du Perreux devaient se rendre à une représentation du spectacle La princesse qui n’aimait pas les princes, campant une princesse qui repousse un par un les princes charmants avant de tomber amoureuse d’une fée. Un atelier de sensibilisation était prévu à l’issue du spectacle. « La personne en charge du projet avait tout prévu, mais au dernier moment le devis a été retoqué en raison de la thématique de notre spectacle », raconte Amandine Trizac-Lejemble, de la compagnie La Môme perchée.

Le maire UMP du Perreux, Gilles Carrez, est opposé au mariage pour tous. Son directeur général des services réfute toute intervention de nature politique : « C’est principalement une question d’agenda. Nous n’avions rien commandé, donc nous n’avons rien annulé », nous indique Éric Chevrier. « Certaines thématiques n’entrent pas dans notre contenu pédagogique », lâchait toutefois Philippe Butet, responsable des services scolaires, interrogé le 1er mars par le Parisien. Pour la compagnie de La Môme perchée, les raisons de l’annulation ne font aucun doute (lire son communiqué).

Le tableau de chasse des héritiers de la Manif pour tous est déjà bien rempli. Après s’en être pris au programme pédagogique de lutte contre les stéréotypes sexués « ABDC de l’édu- cation », expérimenté depuis janvier dans 600 classes, ils ont attaqué les conférences sur l’égalité filles-garçon, le film Tomboy ou encore le livre Tous à poil ! par l’intermédiaire de Jean-François Copé.  À Tours début février, le principal d’un collège a « reporté » la sortie d’un groupe d’élèves à la représentation de Quand même !, un spectacle sur le sexisme et la condition féminine, pour « rassurer les familles ». C’est l’affiche du spectacle, une adaptation de l’Origine du monde, de Gustave Courbet, qui a effrayé le principal « dans le climat de folles rumeurs concernant l’école ».

«  Il n’était pas question que des projets menés dans mon établissement puissent être récupérés », indiquait Laurent Thieux au Monde, le 15 février. Là encore, pas une plainte des réseaux puritains. C’est « seul » que le responsable a pris cette décision, craignant par dessus tout d’être éclaboussé par une « folle rumeur ».

http://www.politis.fr/Pressions-insensees-et-folles,26142.html

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16 mars 2014 ~ 0 Commentaire

Daniel bensaïd et le 22 mars (jcr)

Daniel bensaïd et le 22 mars (jcr) dans Histoire mai68+cropped-mai68-etudiants-ouvriers

Retour sur la radicalisation de 1968

JCR-Red  : On compare les mouvements actuels à Mai 68. Peux-tu approfondir cette comparaison ?

Daniel Bensaïd : Il existe évidemment de fortes ressemblances et similitudes. Une mobilisation massive de la jeunesse, plus qu’en Mai 68 d’ailleurs, avec un dynamisme, une inventivité, un humour même qui existaient déjà à l’époque. La volonté de contrôler les objectifs du mouvement, la démocratie sont des soucis très présents, là encore plus qu’en 1968. Cela étant, il y a aussi une différence de contexte.

Mai 68, c’est l’aboutissement de 25 ans de croissance économique, de conquêtes de droits sociaux, de réformes politiques notamment universitaires, mais sur fond de plein-emploi.

Le mouvement de 68 est la jonction de deux dynamiques : contestation culturelle et justice sociale. Mais ces deux logiques ont été séparées à la fin des années soixante-dix. On différencie désormais réformes sociales (droit du travail, protection sociale, etc.) et « sociétales » (questions de « mœurs », droits des femmes, des homosexuel(le)s…). Les mouvements actuels apparaîssent donc après 20 ans de reculs, de défaites accumulés, de libéralisme, de destruction méthodique du code du travail, de la protection sociale, de multiplication des contrats précaires, sans garanties, dont le CNE et le CPE.

Nous avons donc à faire à une situation nouvelle dont les racines sociales sont directement liées avec le monde salarié. Il n’y a pas un soutien extérieur d’un secteur à l’autre, mais bien une cause commune dans un contexte où il est difficile de gagner. Si nous gagnons aujourd’hui, ce sera un premier coup d’arrêt et cela ouvrira la possibilité d’une crise politique contre le gouvernement.

JCR-Red  : Qu’était exactement le mouvement du 22 mars auquel tu as participé et qui est le début de Mai 68 ?

D.B. : Ce mouvement est né d’une accumulation d’expériences tout au long de l’année 1967-1968 : grève étudiante en 1967, lutte pour la mixité des dortoirs, mobilisations sur le campus de Nanterre, fort soutien aux grèves ouvrières dans les usines nouvelles en province, guerre du Vietnam, fort esprit anticolonialiste dans l’après-guerre d’Algérie, solidarité avec les luttes anti-bureaucratiques notamment en Pologne…

Le mouvement du 22 mars est un peu la synthèse de toutes ces petites expériences militantes, lors de l’arrestation d’un étudiant de Nanterre dans une manif contre la guerre du Vietnam. Il ne s’agissait pas d’un mouvement corporatiste étudiant, mais d’un mouvement social et politique. Cette expérience fut brève, car quelques semaines plus tard commençait Mai 68.

JCR-Red  : Le mouvement étudiant posait la question du monde du travail. Mais comment la jonction avec les travailleurs s’est-elle faite ?

D.B. : La jonction a été beaucoup plus difficile qu’aujourd’hui. Nous avions une vision très héroïque, lyrique du monde ouvrier. Nous étions entrés en politique derrière les images de 1936, de la Résistance, etc. Nous étions aussi conscients du fait qu’un mouvement étudiant ne ferait que peu de chose sans liens avec les ouvriers.

Quand la Sorbonne a fermé, le 3 mai, il y avait des discussions sur le fait de continuer ou non la grève, notamment à cause des examens qui approchaient. Mais lorsque la grève a éclaté au chantier naval de Nantes, nous sommes partis en cortège de la Sorbonne vers l’usine Renault de Boulogne-Billancourt. C’était l’emblème du monde ouvrier, avec 30 000 travailleurs. Mais nous n’avons pas été accueillis à bras ouverts. La CGT veillait à éviter les contacts directs entre ouvriers et étudiants. La méfiance était entretenue par les directions syndicales. La jonction n’a pu se faire que petit à petit.

JCR-Red  : On parle beaucoup de l’esprit de 68, qui aurait libéré les mœurs. Pour toi, quelles sont les conquêtes de Mai 68 ?

D.B. : Les conquêtes à proprement parler sont très modestes par rapport à la force du mouvement. La grève de 1936 a permis d’obtenir les congés payés, à la Libération est née la Sécurité sociale. La grève de 1968 s’est conclue par un relèvement des salaires et plus de garanties pour les délégués syndicaux (reconnaissance, sécurité). Cela n’est pas négligeable, mais c’est en deçà de ce qu’on pouvait attendre.

Fin mai, la question du pouvoir se posait. Mais le Parti socialiste et le PCF freinaient. Lorsque Séguy (secrétaire général de la CGT à l’époque, NDLR) a exposé les résultats des négociations, elles ont été rejetées par les ouvriers, mais le compromis a fini par être accepté. On met alors sur le compte de Mai 68 beaucoup de réformes « sociétales », comme les acquis du mouvement féministe. En fait, ce sont plutôt des conséquences de l’onde de choc de 1968. La série de modernisations a quelque chose à voir, mais elle a aussi existé dans d’autres pays européens. Mai 68 n’a été qu’un accélérateur.

JCR-Red  : On parle de ta génération comme de celle qui a été la plus militante. Aujourd’hui, on constate l’essor d’une nouvelle génération militante. Sont-elles comparables ?

D.B. : Il y a une illusion rétrospective à propos de notre génération qui aurait été très politisée. Il s’agissait d’une minorité active. L’UEC (Union des étudiants communistes, NDLR) n’a jamais dépassé les 3 000 adhérents. Lorsque les barricades se sont formées à la Sorbonne, il y avait  8 000 à 10 000 personnes au maximum.

La comparaison avec la génération actuelle est difficile. À chaque mouvement de jeunesse, on croit qu’une nouvelle génération politique naît. Le mouvement actuel part d’un sujet précis mais avec une critique plus globale, antilibérale, issue de l’altermondialisme. Il faut ajouter un état de guerre permanent depuis le 11-Septembre.

L’une des différences se pose sur la question du rapport à la violence. Celle-ci n’était pas problématique en 1968. On avait alors l’image de Che Guevara, des guérillas, des luttes de l’Algérie ou du Vietnam, d’une violence directement libératrice. Il n’y a pas de réponse doctrinaire à cette question. Mais nous sommes dans un monde de plus en plus violent. On ne peut pas avoir de discussion sur la violence en soi, sans la mettre en relation avec un objectif précis, dans un contexte précis. Mais le risque de voir émerger une violence autodestructrice dans le mouvement fait que le débat mérite d’être posé.

JCR-Red, 29 mars 2006, propos recueillis par J.B., Nanterre.

http://danielbensaid.org/Retour-sur-la-radicalisation-de-1968

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16 mars 2014 ~ 0 Commentaire

22 mars 1968 (rouge)

22 mars

Prélude du mouvement étudiant de Mai 

Le 22 mars 1968, 150 étudiants occupent, jusque tard dans la nuit, le bâtiment administratif de Nanterre. Le Mouvement du 22 Mars est né.

Pour faire face à l’augmentation des effectifs étudiants – qui passent de 215 000 en 1960-1961 à 500 000 en mai 1968, soit une croissance annuelle de 40 000 étudiants –, la cons- truction d’annexes des facultés parisiennes est décidée. Afin de désengorger la Sorbonne, Nanterre est choisie, l’armée ayant cédé 35 hectares de terrain à l’Éducation nationale, à côté du bidonville. En 1964, les premiers bâtiments sont ouverts aux étudiants. Ils sont 1 200 en septembre, 2000 en fin d’année universitaire. À la rentrée 1967-1968, on compte 10 000 étudiants.

Cette faculté est représentative des contradictions des universités : problèmes matériels – locaux trop exigus pour des étudiants plus nombreux –, déséquilibres sociaux – le nombre d’enfants d’ouvriers à l’université, bien qu’augmentant, reste faible (10 %) –, inquiétude sur l’avenir – on commence à reparler du chômage, et notamment du chômage des jeunes. La réforme Fouchet, du nom du ministre qui l’élabore et qui passe de l’Éducation à l’Intérieur, devant entrer en vigueur à la rentrée 1968, le désordre et l’incertitude règnent quant à la transition entre ancien et nouveau système (problème des « équivalences »). Et l’on sait qu’au Conseil des ministres, avec l’appui du général-président De Gaulle, la sélection à l’entrée des universités est mise à l’ordre du jour.

Ce terreau fertile nourrit une remontée générale des luttes étudiantes, tranchant avec une certaine apathie. Le 6 novembre 1967, jour de la « rentrée solennelle » de l’université à la Sorbonne, un imposant défilé étudiant s’organise boulevard Saint-Michel et s’affronte – déjà – aux policiers. À Caen, en janvier 1968, de nombreux étudiants participent avec les ouvriers – notamment les jeunes – de la Saviem aux manifestations et aux affrontements avec les CRS et les gardes mobiles.

Si l’Union nationale des étudiants de France (Unef) conserve un rôle fédérateur, elle est considérablement affaiblie : réunissant un étudiant sur deux au plus fort de la guerre d’Algérie, elle n’en rassemble plus, au mieux, qu’un sur dix en cette année 1968. Elle n’est plus le porte-parole officiel unique du monde étudiant, depuis que le gouvernement a favorisé, à sa droite, la scission de la Fédération nationale des étudiants de France (Fnef), en 1961, et qu’elle est elle-même divisée, voire parfois paralysée en interne. Les groupes politiques, qu’ils soient issus de la crise de l’Union des étudiants communistes (UEC) – Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR, ancêtre de la LCR), Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJCML, maoïste) – ou non – Étudiants socialistes unifiés (ESU), libertaires, Fédération des étudiants révolutionnaires (FER) – se développent, et ils attirent autant, sinon plus, que le syndicat étudiant, même si leurs militants en sont membres.

Occupations Néanmoins, Nanterre offre des spécificités qui préfigurent un autre visage du mou- vement étudiant. Véritable ghetto, coincé entre bidonville, terrain vague, chantiers et ligne de chemin de fer, la faculté n’est pas (comme à la Sorbonne ou au Panthéon) dans la ville. Ni cafés, ni cinémas aux alentours. Les seuls lieux de sociabilité, de regroupement, de résistance (voire de survie) sont la cafétéria et le local de l’Unef. Alors qu’ailleurs, l’Unef est en crise, à Nanterre, il y a 600 adhérents sur 2 000 étudiants en 1965, 1 200 adhérents à la rentrée 1966… mais plus que 600 sur 10 000 en 1968.

Nanterre est une fac jeune… Jeunes enseignants, assistants, exclus (comme les étudiants) des assemblées de faculté où ne siègent que les professeurs et les mandarins… Militants éloignés des débats parisiens, ils tissent – malgré les désaccords et les concurrences – les mailles d’un véritable « esprit nanterrois ». Au printemps 1968, environ 250 à 300 militants actifs – membres ou non de l’Unef ou des groupes politiques – se retrouvent dans les actions.

Si l’UEC, Voix ouvrière (VO, ancêtre de Lutte ouvrière), les ESU, le Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF, maoïste) et les « pro-situs » (du courant dit « situationniste ») comptent chacun quelques militants, l’UJCML, le Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (Cler, trotskyste, courant Lambert), la JCR, qui « tient » la présidence de l’Association générale des étudiants de Nanterre-Unef (Agen-Unef) et l’Association des résidents de la cité universitaire de Nanterre (Arcun), et les libertaires de la Liaison des étudiants anarchistes (LEA) peuvent respec- tivement compter sur 30 à 40 personnes.

JCR et étudiants anarchistes se trouvent engagés, ensemble, dans l’inédit Mouvement du 22 Mars. Nanterre est également une faculté sans doute plus populaire, bien que située dans l’Ouest parisien. La cité universitaire, au cœur du campus, compte 1 500 locataires, étudiants provinciaux, étrangers, plus pauvres, boursiers souvent, qui ne peuvent se loger à Paris. L’Arcun a 800 adhérents.

C’est là qu’en mars 1967, et de nouveau en février 1968, des mouvements vont bien au-delà de la dimension strictement matérielle, puisque les règlements intérieurs – qui interdisent que les garçons se rendent dans les bâtiments des filles – sont contestés : ce seront des occupations des bâtiments des étudiantes. La sexualité : voilà un thème que les militants n’abordaient pas, ou alors uniquement en privé, contrairement aux nouvelles générations.

De la fac à la rue En novembre 1967, contre le plan Fouchet et, plus concrètement, pour des équivalences entre l’ancienne et la nouvelle licence, contre la réduction du nombre de travaux pratiques, pour la représentation étudiante au sein des assemblées de faculté, une semaine de grève extrêmement massive – 20 % d’étudiants en cours et une assemblée générale de 2 500 personnes – apparaît comme le prélude à des formes d’organisation et de démocratie directe tranchant avec les pratiques antérieures traditionnelles (les étudiants font grève, le syndicat décide). Ainsi, sont élus des délégués d’amphis, de travaux dirigés et le comité de grève rassemble pour moitié des syndiqués, pour moitié des non-syndiqués.

Xavier Langlade, militant JCR de Nanterre, est arrêté après une action du Comité Viêtnam national (CVN) contre une agence American Express place de l’Opéra. L’occupation du 22 mars fait suite à la protestation contre cette arrestation. L’administration répond par la fermeture de la faculté, ce qui n’empêche pas la tenue d’une « journée pelouses », le 29 mars, avec des « com- missions » qui se tiennent à l’extérieur des bâtiments. À la réouverture de la faculté, la tenue d’une grande assemblée générale prouve que les militants ne sont pas une « minorité » isolée. À Toulouse – dont l’étudiant nanterrois Daniel Bensaïd est originaire –, s’est créé le Mouvement du 25 avril et, à la Sorbonne, le Mouvement d’action universitaire, structures hybrides, à l’image du 22 Mars.

Les vacances de Pâques ne calment pas « l’agitation », ce qui provoque de nouveau la fermeture de Nanterre, fin avril, et le meeting de protestation du 3 mai 1968 à la Sorbonne, investie par les CRS qui y arrêtent les étudiants présents. Ce qui amène la riposte dans la rue… Mais, là, nous entrons dans le joli mois de mai.

Notes:

• À lire : Jean-Philippe Legois, « Les années 1968, du passé faisons table rase ? », in Legois, Morder, Monchablon (coord), Cent ans de mouvements étudiants, Syllepse, 2007, 29 euros). À consulter : www.germe.info. MORDER Robi

* Paru dans Rouge n° 2244 du 20/03/2008. (par Robi MORDER)

http://orta.dynalias.org/archivesrouge/article-rouge?id=7725

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