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09 juin 2014 ~ 0 Commentaire

Rencontres internationales de jeunes: une semaine internationaliste

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Voilà bientôt 6 ans que la crise globale du système capitaliste a des conséquences désastreuses aux quatre coins du monde…

Guerres, misère, pauvreté, chômage, précarité, drames climatiques, etc. sont le lot quotidien de millions d’êtres humains, tandis que quatre-vingt-cinq richissimes capitalistes possèdent autant de richesse que la moitié de l’humanité ! Il est temps, partout à travers le monde, d’en finir avec cette société !

Partout dans le monde, ils veulent nous faire payer la crise ! Ces catastrophes sociales et écologiques sont le fruit de la crise et des choix politiques des gouvernants. Le taux de chômage des jeunes atteint plus de 50 % dans l’État espagnol ou en Grèce pendant que le droit du travail, les services publics et la protection sociale sont remis en cause partout en Europe. Les grandes puissances, comme la France au Mali et en Centrafrique, mènent des guerres au profit de quelques firmes multinationales. Pour justifier ces appétits impérialistes et éviter toute contestation face aux régressions sociales, les gouvernements usent du racisme et de la xénophobie pour nous diviser.

Génération révolution? Face à ces politiques, des résistances émergent sur tous les continents. Des révolutions arabes aux Indignés espagnols, grecs ou américains, des mobi- lisations de la jeunesse en Turquie et au Brésil l’été dernier aux grèves de masse en Asie ces dernières semaines, c’est une nouvelle génération militante qui exprime sa rage et sa colère face à un système qui ne nous offre aucun avenir !

Nous sommes toutes et tous victimes d’un même système: le capitalisme. Il y a bien une chose qui unit gouvernements et exploiteurs : nous serrer toujours plus la ceinture au profit d’une infime minorité ! Pour cela, les capitalistes sont organisés à l’échelle internationale et coopèrent dans le cadre d’institutions comme l’UE, le FMI, la Banque mondiale, ou encore l’OMC et l’ONU.

Organisons-nous à l’échelle internationale! Face à ce système, les opprimés et les exploités doivent s’organiser à l’échelle internationale. Face aux tentations nationalistes et au poison raciste et xénophobe véhiculé par l’extrême droite, nous devons opposer la solidarité et l’internationalisme. Le week-end des 31 mai et 1er juin, les jeunes du NPA ont organisé les «3 jours pour changer le monde!». Cette initiative a été une vraie réussite et a regroupé plus d’une centaine de participantEs venus de toute la France.

La prochaine étape, ce sont les Rencontres internationales de jeunes. Il s’agit d’une semaine de débats entre jeunes de toute l’Europe et au-delà, pour discuter de comment changer le monde, renverser le capitalisme, mettre en place une société plus juste et nous offrir un avenir. Cette année, les RIJ ont lieu en France. Il y a aujourd’hui mille raisons de se révolter. Les RIJ sont une semaine pour passer de ces révoltes à la révolution !

Damien Hebdo L’Anticapitaliste – 245 (03/06/2014)
Inscription et informations : contact-jeunes@npa2009.org

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06 juin 2014 ~ 0 Commentaire

Il s’est passé quelque chose d’important la semaine dernière à barcelone (rue 89)

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La semaine dernière, le maire de Barcelone a décidé d’entamer la destruction d’un squat dans le quartier de Sants, au centre de la capitale catalane.

Ce squat, Can Vies, est implanté dans un bâtiment du XIXe siècle qui appartient aux TMB, l’entreprise de transports publics de la ville. C’est un lieu qui porte une forte histoire sociale, puisqu’il a été pendant plusieurs dizaines d’années le refuge syndical des travailleurs de la TMB. Au début des années 90, après un incendie, le bâtiment a été laissé à l’abandon.

C’est en 1997 qu’un collectif décide de s’y installer et de le réhabiliter. Dix-sept ans plus tard, le centre social Can Vies est parfaitement intégré à la vie de son quartier et n’a jamais souffert de plaintes des riverains. Il propose entre autres des ateliers de formation, de musique, de théâtre, des cours de langues, et organise des concerts et des projections de films. Lieu de débats, il héberge aussi les locaux d’associations et d’un journal indépendant.

Voilà plusieurs années que la mairie souhaitait la démolition de ce lieu pour réaménager l’espace urbain. Après des négociations avec les occupants qui n’ont pas abouties, le maire de Barcelone a décidé d’agir par la force le lundi 26 mai, en expulsant les personnes qui
vivaient et travaillaient dans le centre. La destruction du bâtiment a commencé directement après.

Gare à la matraque des Mossos Cette destruction a tout de suite provoqué la colère des occupants et des habitants du quartier. Ils sont venus soutenir le centre, rejoints par des centaines, puis des milliers d’autres habitants de Barcelone. Et, le soir venu, ont organisé des « caceroladas » (rassemblements pacifiques au cours desquels les participants cognent des casseroles pour faire du bruit) sur la Plaza de Sants. En retour, la mairie a ordonné un déploiement policier exceptionnel. Gare à celui qui n’aura pas couru assez vite pour fuir le rassemblement quand les « Mossos » (forces de l’ordre) arrivent. Une femme d’une cinquantaine d’années raconte s’être fait matraquer alors qu’elle quittait la mani- festation en marchant. Deux jeunes qui s’éloignaient aussi disent être entrés dans une cage d’immeuble, poursuivis par des Mossos qui les ont passés à tabac. Un homme d’une soixantaine d’années affirme lui s’être fait ruer de coups alors qu’il discutait tranquillement avec un ami, dans une rue calme. Résultat ? Bras et doigts cassés. Un autre jeune homme, qui traversait la rue à vélo pour aller chercher son amie à une station de métro, a été arrêté et matraqué à la tête : il a failli perdre son oreille.

La pelleteuse incendiée Et la liste de ces violences policières est encore longue, comme le dénonce l’Observatoire du système pénal et des droits de l’homme (l’Observatori del Sistema Penal i els Drets Humans). Les interventions agressives des forces de l’ordre ont déclenché la riposte de certains manifestants. Lundi soir, la pelleteuse qui avait entamé la destruction du bâtiment a été incendiée, des poubelles brûlées… Les incidents se sont multipliés pendant plusieurs jours. Les rues de Sants ont été militarisées, donnant l’impres- sion d’un climat de guerre. Des manifestations de soutient à Can Vies ont par ailleurs été organisées dans d’autres quartiers de Barcelone, et dans d’autres villes d’Espagne. Il a fallu attendre vendredi pour que cessent les incidents, probablement après la déclaration du maire de rouvrir le dialogue et de stopper la destruction du centre.

Réunis pour la reconstruction Samedi matin, des centaines de personnes s’y sont réunies. Objectif : reconstruire par eux-mêmes le bâtiment et reprendre tranquillement leurs activités. Bien sûr, ce n’est pas le centre social Can Vies en tant que tel qui a provoqué tant de mobilisations, mais bien plus le symbole qu’il portait :  la preuve qu’une vie alternative durable est possible.

Quelle urgence y avait-il à détruire le centre ? Aucune apparemment, si ce n’est la volonté de la mairie de Barcelone d’en finir avec les initiatives autogérées qui échappent au contrôle des institutions. Pour les Barcelonais, cette expulsion a été celle de trop, dans une ville où ils ont l’impression que tout est de plus en plus pensé pour les touristes plus que pour eux-mêmes. Cette semaine, Sants a retrouvé un peu de sérénité. Les habitants du quartier récoltent des signatures pour soutenir un manifeste [PDF] dans lequel sont dénoncées la militarisation de leur quartier et les violences policières de la semaine dernière. Les occupants du squat, aidés par les habitants, des pompiers et des architectes, travaillent quant à eux à la reconstruction du centre. Lucie, étudiante

http://rue89.nouvelobs.com/2014/06/05/sest-passe-quelque-chose-dimportant-semaine-derniere-a-barcelone-252725

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06 juin 2014 ~ 0 Commentaire

Augmentation de leurs indemnités: les stagiaires attendront (basta)

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Manuel Valls et son gouvernement devaient être récompensés pour leur action courageuse en faveur des (futurs) salariés.

Ce jeudi 5 juin, une carte d’adhérent au Mouvement des entreprises de France (Medef) leur a été solennellement remise par le collectif Génération précaire. Ce mouvement, né en 2005 autour de la revendication de nouveaux droits pour les stagiaires, proteste de manière sym- bolique contre ce qu’il qualifie de « trahison » et de « reculades du gouvernement » sur la réforme en cours des stages en entreprise.

Génération précaire dénonce des pressions exercées par l’exécutif pour revoir à la baisse le contenu de la proposition de loi, examinée en procédure accélérée (une seule lecture à l’Assemblée nationale et au Sénat). Après s’être réjoui des « avancées concrètes obtenues » lors de l’examen du texte au Sénat, le 14 mai dernier, le collectif déchante. Une commission mixte paritaire, chargée de trouver un compromis entre députés et sénateurs, s’est réunie mardi ; elle est revenue sur plusieurs amendements importants.

Les stagiaires augmentés… dans un an et demi  Exit, donc, l’indemnisation des stages d’une durée supérieure à un mois, au lieu de deux mois aujourd’hui. « Nous avons eu beau- coup de retours de formations professionnelles du type IUT et BTS qui craignaient de ne plus trouver de stages courts pour leurs étudiants », a justifié Chaynesse Khirouni, députée PS (Meurthe-et-Moselle) et rapporteuse du texte. L’augmentation des indemnités, de 436 à 523 euros, sera conservée. En revanche, elle n’entrera en vigueur que pour les conventions signées à compter du 15 septembre… 2015 ! « L’urgent pour le gouvernement, c’est de décaler l’augmentation de la gratification des stagiaires de quinze mois. Le foutage de gueule, c’est maintenant », a réagi Julien Bayou, porte parole d’EELV et co-fondateur de Génération précaire.

Une réforme « faible » de plus Plusieurs dispositions sont cependant conservées, comme la limitation du nombre de stagiaires selon la taille de l’entreprise d’accueil, qui reste à pré- ciser ultérieurement par décret. Autre avancée en demi-teinte : les horaires de travail et temps de repos des stagiaires seront alignés sur ceux des autres employés d’une même entreprise, tandis que Génération précaire et la CGT demandaient leur plafonnement à trente-cinq heures hebdomadaires. Au final, le collectif évoque une réforme « faible », et « appelle le gouvernement à, pour une fois, accepter les avancées pour les stagiaires portées par les sénateurs plutôt que de faire droit aux revendications des employeurs ». par Thomas Clerget 6 juin 2014

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29 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Brest, lycéen(ne)s contre le fn (lt + of)

Scandant la chanson des Bérurier Noir « La jeunesse emmerde le Front national », quelque 300 lycéens manifestent actuellement dans les rues de Brest. Parti du lycée de l’Iroise, place Strasbourg, vers 9 h 30, le cortège, à la tête duquel on retrouve le président de l’Unef, s’est rendu au lycée de l’Harteloire, puis à Kérichen. Il devrait arriver en fin de matinée place de la Liberté.

http://www.letelegramme.fr/finistere/brest/brest-300-lyceens-contre-le-fn-28-05-2014-10187398.php

Montée du FN. Manifestation de lycéens à Brest (of)

Entre 800 et 500 lycéens ont défilé ce matin dans les rues de Brest, en réaction à la montée du Front national.

Partis de la place de la Liberté à Brest, vers 9 h 30, des lycéens ont défilé ce mercredi matin dans les rues. Ils ont été jusqu’à 800 selon des jeunes organisateurs de la manifestation, 500 selon la police. Suite aux élections européennes, ils protestent contre la montée du vote Front national. Scandant la chanson des Bérurier Noir « La jeunesse emmerde le Front natio- nal », les lycéens ont remonté la rue Jean-Jaurès jusqu’au lycée de l’Iroise. Puis ils sont passés par la Cité Kerichen. Ils ont marché le boulevard Léon-Blum vers le boulevard Montaigne. Puis ils ont longé la cité scolaire Sainte-Anne avant de rejoindre celle de l’Harteloire. La manifestation s’est terminée place de la Liberté un peu après 11h.  Un appel « citoyen » a été lancé pour une nouvelle manifestation samedi, à 14 h, place de la Liberté. La circulation a été perturbée, y compris celle du tram. Brest – 28 Mai

http://www.ouest-france.fr/montee-du-fn-manifestation-de-lyceens-brest-2576628

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24 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Saint brieuc, les élèves du lycée rabelais en sit-in contre le racisme (of)

Entre 300 et 400 lycéens se sont assis dans la cour du lycée, ce vendredi.

Ce matin, entre 300 et 400 élèves du lycée Rabelais, à Saint-Brieuc, ont fait un sit-in dans la cour. Ils réagissent aux inscriptions racistes visant cinq lycéens.

Ce vendredi, à l’heure de la récréation, entre 300 et 400 élèves se sont rassemblés dans la cour du lycée Rabelais, de Saint-Brieuc. Par trois fois, des injures racistes accompagnées de menaces de mort ont été inscrites par une main anonyme, à l’encontre de cinq lycéens dont les noms ont une consonance maghrébine.

Pendant dix minutes, des prises de paroles se sont succédé. Certaines victimes de ces tags racistes ont remercié les élèves présents pour leur soutien.

Camille Archambault Saint-Brieuc – 23 Mai

http://www.ouest-france.fr/lycee-rabelais-les-eleves-en-sit-contre-le-racisme-2564682

Les jeunes Américains ne comprennent pas le racisme (Slate via Inrocks)

Une étude américaine vient de montrer que les jeunes Américains nés dans les années 1990 et 2000 – les “millennials” – sont beaucoup moins touchés par le racisme que leur aînés. C’est la chaîne MTV qui a découvert ce phénomène, grâce à une étude réalisée sur des jeunes entre 14 et 24 ans, dans le cadre d’une campagne de lutte contre les discri- minations. L’étude montre une génération de “daltoniens”, qui ne “voient” pas la couleur de peau, ce qui les rend complètement hermétiques au racisme, qu’ils ne comprennent pas.

Pour 91 % des jeunes interrogés “tout le monde devrait être traité de la même façon” et 72 % pensent que leur génération croit plus en l’égalité que les générations précédentes. 68 % pensent que “se concentrer sur la race empêche la société de ne plus voir la couleur de peau” (colorblind, en anglais). 21/05/2014 | 15h52 A lire sur slate.com

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22 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Des hommes en jupe: c’est quoi le problème? (les inrocks)

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Vendredi 16 mai, 27 lycées de l’académie de Nantes accueillaient une journée de lutte contre le sexisme baptisée “Ce que soulève la jupe”.

Une initiative qui a beaucoup fait parler d’elle. Pourquoi en 2014 les hommes ne pourraient-ils pas porter de jupe ? Quelle est la portée symbolique de ce vêtement dans notre société ? Analyse.

L’un porte une jupe en cuir noir, le second une jupe à froufrous marrons, le troisième un kilt. Ils posent bras dessus bras dessous, baskets aux pieds, chaussettes montantes et sacs sur le dos. La photo, qui circule sur Twitter, a été prise le vendredi 16 mai dans le cadre de “Ce que soulève la jupe”, une journée de lutte contre le sexisme organisée par le Conseil académique de la vie lycéenne (Calv) dans 27 lycées de l’académie de Nantes.

La première édition était passée complètement inaperçue. Le 12 avril 2013, seuls une dizaine de lycées de l’académie de Nantes avaient accepté de participer à l’événement “Ce que soulève la jupe”. L’objectif était d’inviter les étudiants qui le désiraient (“garçons et fille, élèves et adultes”), à porter une jupe ou un autocollant “je lutte contre le sexisme, et vous ?” Résultat : “Ce sont surtout des filles qui [étaient] venues en jupe, parfois même, de manière symbolique, sur des pantalons, et chez les garçons, il y [avait] peut-être deux ou trois kilts”, a confié le porte-parole du rectorat de l’académie de Nantes à l’AFP.

On n’avait pas fait de communiqué de presse donc ça avait été très peu re- layé” raconte Yohan Bihan, élu à la vie lycéenne au lycée Emmanuel-Mounier à Angers, et qui fait partie des élèves à l’origine de l’initiative. Cette année, les lycéens ont sorti un com- muniqué de presse, hébergé notamment sur le site de l’académie. C’est ce qui explique, en partie, l’ampleur médiatique prise par la manifestation. Mais pas que.

La mise en lumière de cette “Journée de la jupe” est aussi, et surtout, due aux réactions épidermiques de la Manif pour tous, des Nantais pour la Famille, des Sen- tinelles et du syndicat étudiant de droite UNI (Union nationale interuniversitaire). Des asso- ciations anti-mariage pour tous qui se sont servies de cette journée comme d’un nou- veau tremplin pour dénoncer la prétendue déliquescence de la société française et de ses valeurs. Et tant qu’à faire, autant relayer de fausses informations. Ainsi, on a pu lire ici et là (et surtout dans Le Figaro) que les lycéens étaient obligés de venir en jupe et/ou que l’académie de Nantes était à l’origine de l’initiative.

Pris à partie par la députée UMP Véronique Louwagie (Orne) lors des questions au gou- vernement la semaine dernière, le ministre de l’Education nationale Benoit Hamon a assuré: “Il n’y a pas de demande faite aux élèves et aux lycéens de cette académie de venir en jupe vendredi. C’est absolument faux. (…) Ce que vous dites aujourd’hui utilise des mensonges colportés par des organisations radicales dont je regrette que sur ces bancs vous colportiez ces mensonges car une simple vérification, Mme la députée, vous aurait permis de le vérifier”.  Dès l’année prochaine, le mouvement pourrait prendre une ampleur encore plus grande. Yohann et ses comparses sont actuellement en contact avec des lycées sur le territoire national, mais aussi à Seattle et à la Haye, en vue d’exporter leur projet. “Les femmes se sont battues pour pouvoir porter le pantalon. Pourquoi les hommes ne se battraient-ils pas pour pouvoir porter la jupe?

“Les hommes en jupe se heurtent au sexisme et à l’homophobie”

Pourquoi, en 2014, la jupe cristallise-t-elle autant de tensions ? Pourquoi n’est-elle réservée qu’aux femmes alors même que les gladiateurs romains portaient des jupettes et que les Indonésiens continuent encore aujourd’hui de se vêtir de longues jupes appelées sarongs (et on ne vous parle pas des kilts des Écossais)? Professeure en histoire contemporaine à l’université d’Angers, Christine Bard a publié en 2010 une Histoire politique du pantalon et Ce que soulève la jupe (ouvrage qui a inspiré le mouvement du même nom) dressant un paral- lèle entre la difficulté qu’ont eu les femmes à faire accepter leur port du pantalon, et les obstacles auxquels sont confrontés les hommes épris de jupe :

“Les hommes en jupe se heurtent au sexisme et à l’homophobie (indépendamment de leur orientation sexuelle réelle). On va trouver que la jupe les féminise, comme on a reproché au pantalon de masculiniser les femmes, de brouiller la frontière entre les genres et donc de déstabiliser la société ! La jupe a fabriqué le genre féminin, sur le plan collectif et individuel. Ce qui est sexiste à mon avis n’est pas sa place importante dans l’imaginaire érotique, c’est que la parure, d’une manière générale, soit un privilège féminin. Joli cadeau empoisonné.”

Sur un homme la jupe est souvent jugée ridicule, perçue comme un déguisement. “L’impres- sion donnée est celle d’un travestissement, or si certains hommes en jupe se travestissent, la plupart portent une jupe qui ne jette pas de doute sur leur genre masculin. Dans l’un ou l’autre cas, si l’on juge cela ridicule, c’est sans doute que l’on est mal à l’aise avec la fluidité du genre et que l’on s’accroche à des signes de virilité que l’on pense éternels, universels, pour se rassurer : la pilosité par exemple. Le ‘ridicule’, c’est une sanction morale, esthétique, faite au nom de la norme“, analyse Christine Bard.

“Tout ce qui est marqué du sceau du féminin est dévalorisé”

Pour Marlène Coulomb-Gully, professeure à l’université de Toulouse et auteure de Médias : la fabrique du genre, il y a une asymétrie criante entre les vêtements que la société attribue aux femmes et ceux qu’elle attribue aux hommes : “Dans les mouvements de libération, les femmes ont toujours emprunté des codes aux hommes pour évoluer. Mais l’inverse n’est jamais vrai : car tout ce qui est marqué du sceau du féminin est dévalorisé.” Et de souligner que ce n’est pas tant le vêtement en lui-même qui pose problème mais son impact sur nos corps :

“C’est ce qui est au cœur du mouvement des lycéens : quand on est une fille et qu’on porte une jupe, on s’assied et on n’écarte pas les jambes. Alors que les hom- mes ont les jambes grandes écartées. Je serais curieuse de voir comment se tien- draient les hommes qui portent des jupes. Ce qu’il y a derrière, c’est que le corps est discipliné en fonction du genre.”

Un phénomène que tente de pointer le désormais fameux Tumblr américain “Men taking up too much space on the train”, qui compile des photos d’hommes assis dans les transports en commun, les jambes souvent très écartées au point d’empiéter sur l’espace réservé à leurs voisin(e)s. L’objectif (abondamment critiqué dans les commentaires) : montrer que cette attitude est l’apanage des hommes, et qu’aucune raison biologique ne les oblige à se tenir de la sorte, tout comme aucune raison biologique ne force les femmes à se tenir les jambes serrées. (…) 22/05/2014 | 11h24

http://www.lesinrocks.com/2014/05/22/actualite/hommes-en-jupe-cest-quoi-le-probleme-11506168/

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22 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Un camp d’été pour les jeunes anticapitalistes du monde entier

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Du 3 au 9 août en France (Auvergne) 

Participez aux 31èmes Rencontres Internationales des Jeunes !

Avec près de 500 jeunes anticapitalistes et révolutionnaires venant de toute l’Europe !

Chômage, précarité, guerre, sexisme, homophobie, racisme : Ya Basta !

Énormément de jeunes veulent se battre pour un autre monde, pour un avenir qui en vaille la peine. Beaucoup d’entre eux-elles viendront aux Rencontres internationales des Jeunes, les 31èmes du nom, en France. Ce camp est une occasion unique, à ne pas rater, pour échanger nos expériences et nos idées avec des jeunes de toute l’Europe et d’ailleurs, et pour apprendre des luttes dans le monde entier.

Qu’est ce que c’est ? Elles sont organisées par les jeunes de la Quatrième Internationale, un regroupement international d’organisations révolutionnaires, présent dans plus de 40 pays. C’est une semaine de rencontres entre jeunes militant.e.s, sympathisant.e.s et curieux.ses de toute l’Europe avec des invité.e.s d’autres continents, pour participer à des débats, des meetings, des formations et faire la fête pendant une semaine.

C’est aussi une occasion de pratiquer nos idées : lutte contre les préjugés sexistes, racistes, homophobes…, partage des richesses (une monnaie interne permet de combattre les inégalités entre pays), autogestion (ce sont tous les participants qui prennent en charge collectivement le nettoyage, la nourriture, l’organisation, le bar, les ateliers…).

Tou.te.s celles et ceux qui veulent participer à construire le monde de demain sont bienvenu.e.s ! Il y a autant de militants aguerris que de jeunes dont le camp constitue la première expérience politique.

Quel est le programme ? Au menu : luttes de la jeunesse, lutte des classes, interna-tionalisme, féminisme, luttes LGBT, et libération sexuelle, antiracisme, écosocialisme, pour finir en beauté avec la stratégie révolutionnaire !

Comment ça marche  Généralement, chaque journée est dédiée à un thème : la journée commence par une formation théorique en plénière sur le sujet du jour, puis chacun-e se rend à l’atelier qui l’intéresse le plus parmi la liste proposée ; c’est l’occasion de se con- centrer sur un aspect de la question ou sur un cas pratique. L’idéal étant que les membres d’une section nationale se répartisse les groupes pour mutualiser ensuite l’ensemble des informations recueillies dans les ateliers. Et le soir, il y a des meetings avec des invité-e-s, avant de laisser la place au bar, aux chansons et à l’amitié sans frontière ! Parallèlement au programme, il existe des espaces thématiques qui proposent leurs propres activités, et permettent ainsi d’approfondir des débats liés aux questions d’oppression, sexuelle ou de genre par exemple.

Pour ne déranger personne et pour éviter tout problème, le camp se fait toujours dans un camping à l’écart des villes, que nous occupons intégralement. L’hébergement se fait donc sous tente, mais des logements « en dur » sont prévus, pour les jeunes parents par exemple. Un-e médecin est disponible sur place en permanence. La visite d’une ville proche ou d’un site intéressant est toujours proposée aux participant-e-s.

A quoi ça sert ? Le camp de jeunes est un moment unique dans l’année :

Unique à l’échelle individuelle, car c’est l’occasion d’essayer de mettre en pratique certaines idées pour lesquelles nous luttons toute l’année. C’est aussi un moment rare où l’on casse le sentiment d’isolement, en se trouvant avec des centaines de camarades qui partagent le même combat, la même vision d’une société non pas basée sur l’exploitation, mais sur la solidarité. Et naturellement, cela sert à se former sur une multitude d’aspects pratiques et théoriques que l’on n’aborde pas nécessairement au cours de l’année, et qui pourtant sont essentiels pour décrypter la société capitaliste et ses mécanismes d’oppression, et donc pour lutter contre…

Unique à l’échelle des délégations nationales, qui peuvent ainsi réunir militant-e-s et sympathisant-e-s des différentes sections du pays, pour apprendre à se connaître, pour échanger nos expériences, et pour décider d’actions en commun.

Unique à l’échelle internationale, car c’est l’occasion de rencontrer des camarades d’autres pays, individuellement ou de section à section, et de mieux comprendre ce qui se passe ailleurs, d’obtenir des informations sur les luttes qui se déroulent en Europe et dans d’autres pays.

Combien ça coûte ? Le prix définitif devrait tourner autour de 300 FS  (150 euros, 250 avec les transports). Mais le principe de base, c’est que l’argent ne doit jamais être un obstacle à la venue de camarades précaires. Si tu veux venir mais que tu n’as pas la somme deman- dée, on trouvera une solution collective. Il faut seulement nous prévenir suffisamment à l’avance. Précisons que le prix de la participation varie selon les pays dans une logique de solidarité internationale qui vise à permettre aux jeunes des pays plus pauvres, en Europe et au-delà, de pouvoir participer au camp.

S’inscrire ? Si tu souhaites  venir ou en savoir plus, envoie un e-mail  avec tes coordonnées et si tu as l’intention de prendre le transport collectif ou si tu veux venir par tes propres moyens, idem en cas de questions alimentaires (végétarien, religion, allergies). Plus tôt on s’inscrit, plus l’organisation du camp, des trajets, etc. est facilitée !

http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=12048

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16 mai 2014 ~ 0 Commentaire

France-info junior: comment tromper les enfants (odn)

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Au profit de l’industrie nucléaire

Le mercredi 14 mai 2014, l’émission « France-info Junior » (*) a donné à entendre ce qui peut probablement se faire de pire en matière d’information, ou plutôt de désinformation, avec pour circonstance aggravante la manipulation de jeunes enfants. Cette émission, qui a en effet pour principe de donner la parole à des enfants sur un sujet de société, traitait ce jour-là de la question extrêmement controversée des déchets nucléaires, et plus exactement du projet de l’enfouissement des déchets les plus radioactifs, à l’étude actuellement à Bure dans la Meuse.

Première faute majeure, qui bafoue d’emblée l’éthique journalistique : avoir choisi, pour répondre aux enfants, une représentante de l’Agence nationale des déchets radioactifs (Andra), l’organisme précisément chargé de promouvoir et mettre en oeuvre l’enfouissement des déchets nucléaires ! Il n’est donc pas étonnant que, au cours de l’émission, n’ait jamais été évoqué le moindre doute concernant le fait de produire des déchets radioactifs, ni même le principe de l’enfouissement de ces déchets. Et ce alors que la controverse bat son plein de longue date sur ces questions.

C’est d’ailleurs le journaliste lui-même, Gilles Halais, qui pose d’entrée les bases de la tromperie en décrétant sans l’ombre d’un bémol : « Principal atout de Bure pour ce projet baptisé Cigéo : son sous-sol, en argile. Car l’argile, ça ne bouge pas et c’est donc la matière idéale pour y enterrer, pour plusieurs dizaines de milliers d’années, les déchets atomiques les plus dangereux« .

Voici donc balayées en 5 secondes les objections majeures avancées par de nom- breuses personnes qui suivent de près ce dossier. On peut pourtant les lire dans les « cahiers d’acteurs » mis en ligne par la Commission nationale du débat public : http://www.debatpublic-cigeo.org/informer/cahier-acteurs.html . On citera par exemple le cahier de l’ingénieur Bertrand Thuillier (cf http://bit.ly/1svZWn1 ) ou celui de l’Observatoire du nucléaire (cf http://bit.ly/1gHPzHz ).

Le seul élément de « pluralisme » accordé par le journaliste au cours de son émission réside dans cette remarque sibylline : « Ce projet unique de tombeau nucléaire n’a pas que des amis. » Mais qui conteste ? Pourquoi ? Sur la base de quelles données ? En soulevant quelles incertitudes, quels risques ? Les enfants et les auditeurs n’en sauront strictement rien.

Un véritable boulevard était donc ouvert pour Annabelle Comte, communiquante de l’Andra, grassement rémunérée pour tromper les citoyens en général et les enfants en l’occurrence. Pour elle comme pour le journaliste, les jeunes (et moins jeunes !) n’ont pas à savoir que le principe de l’enfouissement est frontalement contesté, à tel point qu’il est souvent considéré comme un véritable crime. Avec « France-info Juniors », l’enfouissement des déchets nucléaires est donc une évidence et il représente même une « solution » (alors que c’est au mieux une option, et probablement la pire de toutes). Extraits :

- « On met les déchets radioactifs dans la Terre pour qu’ils soient à l’abri et que personne ne puisse être à leur contact »

- « La Terre va nous protéger de ces déchets »,

- « La seule solution qu’on ait trouvé pour les mettre à l’abris c’est de les mettre dans la Terre »

- « Pour les plus dangereux qui vont durer très longtemps, là c’est la Terre qui prend le relais

- « C’est la Terre qui va les mettre à l’abri à la place de l’Homme »

- « Plusieurs centaines de milliers d’années, ça nous parait beaucoup pour nous, mais la Terre existe depuis 4,5 milliards d’années et donc ça représente une seconde à l’échelle de l’âge de la Terre. »

On note une stratégie de répétition si parfaitement assumée qu’elle relève incontes-tablement du bourrage de crâne. De plus, c’est carrément la Terre qui est convoquée pour « justifier » l’enfouissement : elle « va nous protéger », elle « prend le relais », elle « met les déchets à l’abri ».

C’est bien sûr mensonger – la Terre n’a jamais décidé de « prendre » les déchets nuclé- aires ! – mais aussi terriblement insidieux : les enfants ne sauraient mettre en doute la perti- nence des « actes » de notre Terre. Cerise sur le gâteau, une situation dramatique, infligée par l’industrie nucléaire aux humains pour des millions d’années, est finalement réduite d’un coup de baguette magique à « une seconde ». Qui dit mieux ?

Que l’Agence nationale des déchets radioactifs use de méthodes aussi nauséabondes, on peut presque le comprendre : elle a été créée précisément pour cela. Mais qu’un jour- naliste, qui plus est sur le service public, collabore directement à cette entreprise de tromperie, de plus en manipulant des enfants, c’est insupportable. Ce n’est assurément pas sur « France- info Junior » que l’on entendra des jeunes s’étonner par exemple que l’Observatoire du nuclé- aire soit poursuivi en justice par Areva, pour avoir dénoncé les méthodes par lesquelles la France pille littéralement l’uranium du Niger. Et ce pour alimenter les centrales nucléaires d’EDF… tout en prétendant que ces importations permettent une bien curieuse « indépendance énergétique ».

 Stéphane Lhomme Observatoire du nucléaire Jeudi 15 mai 2014

(*) A l’heure où nous publions, le reportage de France-Info Junior n’est plus en ligne. Momentanément ?

http://www.franceinfo.fr/environnement/france-info-junior/il-faudra-120-ans-pour-stocker-tous-les-dechets-radioactifs-francais-1418329-2014-05-14

http://www.observatoire-du-nucleaire.org

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13 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Avec l’éducation à la défense, la culture de guerre devient matière d’examen (rue 98)

poilus

C’est peu dire que l’intervention militaire de la France au Mali n’a guère suscité jusqu’à présent l’unanimité: un peu partout dans la communauté internationale, des voix autorisées ou des autorités officielles, de nombreux médias également, font régulièrement part de leurs plus vives réserves sur une opération décidée sans guère de précautions par un chef d’état auquel la Constitution française accorde en la matière des droits exorbitants. Une réprobation qui va de soi, dira-t-on, au seul regard de la liberté d’expression.

Existe-t-il malgré cela une seule institution, une seule collectivité où toute critique, toute réserve sur les interventions extérieures de la France et plus généralement la politique militaire se voient formellement interdites, où l’opinion du chef de l’Etat et des autorités militaires soient seule considérée comme digne de foi ?

Cette institution, effectivement, c’est l’Education nationale dont les programmes d’éducation civique distillent une morale et des vérités officielles qui s’imposent jusque dans les examens, comme c’est le cas cette année encore dans le cadre du diplôme national du brevet (DNB) [PDF] passé il y a quelques jours par les collégiens du lycée français de Pondichéry (Inde), « éduqués à la défense » comme le sont tous les collégiens français.

Discours officiel et rien d’autre Au menu de l’épreuve d’éducation civique : la guerre au Mali ou, plus précisément, l’intervention française vue par son organisateur, le président de la République, dans son allocution télévisée du 11 janvier 2013. A partir de ce seul et unique document, les candidats doivent fournir des réponses dont les éléments sont à rechercher exclusivement dans le discours officiel et nulle part ailleurs. L’épreuve est ainsi doublement verrouillée : non seulement par l’impossibilité pour les élèves d’utiliser d’autres sources d’information ou leurs réflexions personnelles mais encore par l’obligation qui leur est imposée de faire tenir leurs réponses en quelques lignes délimitées par un cadre…

Ainsi, comme réponse attendue à la question : « Citez deux raisons pour lesquelles la France a accepté d’intervenir au Mali », la nature de l’épreuve fait que le candidat n’a pas d’autres solutions que de recopier la parole présidentielle : « Pour appuyer l’armée malienne face à l’agression terroriste […] permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale […] protéger nos ressortissants. »

Etouffer toute velléité critique Curieusement, dans le cadre d’une discipline scolaire – l’éducation civique – qui prétend former les futurs citoyens et développer le sens critique, cette épreuve du DNB aboutit en réalité à toute autre chose : il s’agit au contraire, à travers le moule d’un examen par lequel doivent passer tous les élèves de 14 ans, d’étouffer toute velléité critique, toute pensée autonome, d’imposer une vérité officielle, une morale d’état.

Un procédé particulièrement efficace si l’on en juge par l’indifférence et la méconnaissance crasse manifestées par une large partie de l’opinion publique face aux interventions militaires de la France en Afrique, motivées par des considérations beaucoup moins nobles – où les enjeux économiques et les magouilles politiques tiennent une large place – que celle, affichée, de lutte des démocraties contre le terrorisme islamiste.

Si l’éducation civique – dont la légitimité est d’ailleurs douteuse – et plus généralement l’école ont effectivement un rôle à jouer dans la formation des citoyens, on ne comprend pas qu’elle néglige avec une telle désinvolture ce qui fait le fondement des sociétés démocratiques : la diversité des points de vue, la confrontation des opinions, la recherche de l’information, toutes sortes d’éléments sans lesquels cet enseignement n’est plus qu’un bourrage de crâne.

Programmes d’éducation civique sous influence Cette épreuve infligée aux candidats du DNB n’est ni une nouveauté ni une surprise. Elle s’inscrit dans le cadre d’une élucubration propre aux programmes scolaires français – on n’en connaît pas l’équivalent chez nos voisins – qui, sous la dénomination d’éducation à la défense, affiche comme objectifs, non seulement de « répondre aux besoins de recrutement de l’armée » mais aussi, d’insuffler chez les élèves, sur un grand nombre de sujets, des habitudes de pensée qui interdisent de remettre en cause le rôle de l’armée dans le passé comme aujourd’hui. Ce conditionnement s’étend à toutes les disciplines scolaires (circulaire du 13 septembre 2007) et trouve sa traduction, comme on le voit, dans les examens.

Fruit d’un partenariat éprouvé et étouffant entre les deux ministères, l’éducation à la défense s’est trouvée promue au rang de matière scolaire à part entière par l’intermédiaire d’un lobby militaro-politique qui, en toute opacité, sans aucune concertation avec les parte-naires éducatifs, a finalement réussi depuis plus de trente ans à se faire une place jusque dans les directions les plus importantes de l’Education nationale, celles qui organisent le travail quotidien des enseignants, comme la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) ou l’Inspection générale de l’éducation nationale (Igen).

Les protocoles Education – Défense (1982, 1989, 1995, 2007), relayées par des circulaires et leurs inévitables documents d’accompagnement, enserrent les enseignants dans un carcan de prescriptions impérieuses, à l’image de ces imbuvables « ressources pour le collège » [PDF] publiées dernièrement. Il faut pas moins de six pages à la Dgesco et à l’Igen pour dresser un tableau idyllique de la politique militaire de la France ramenée à quatre « fils directeurs » :

  • « Qu’est-ce que la défense nationale ? » ;
  • « Pourquoi la France, pays en paix, dispose-t-elle d’une défense ? » ;
  • « Comment se manifeste la présence de la défense nationale dans le monde ? Avec qui ? Au nom de quelles valeurs ? » ;
  • « Comment et pourquoi éduquer les jeunes à la défense ? »

Les enseignants comme les élèves n’ont pas à chercher les réponses : elles sont fournies par un argumentaire qui exclut toute discussion : « La défense française contribue à la sécurité internationale […] dans des missions humanitaires et de maintien de la paix sur des théâtres éloignés de son territoire. » Et pour faire bonne mesure, les supports d’étude sont également imposés : il s’agira exclusivement de l’opération Serval au Mali, d’une bande dessinée réalisée par le ministère de la défense sur la journée dite « de défense et de citoyenneté », d’un «rallye citoyen» dans le cadre d’ateliers et de rencontres avec les militaires et du Livre blanc 2013 sur la défense.

Le grand silence des profs Pour préparer les élèves à comprendre les enjeux du monde contemporain, l’école a donc fait le choix de l’endoctrinement, un choix qui remonte à plus de trente ans en arrière (1982) et qui, non seulement n’a jamais été remis en cause par les alter- nances politiques mais dont on peut s’attendre à ce qu’il soit conforté par le présent gouver-nement dans la ligne d’un inquiétant discours prononcé le 11 mars 2012 par le candidat Hollande dans le cadre de la campagne présidentielle :

« Le développement de l’esprit de défense passe aussi par l’école, l’école de la République. Toutes les actions qui découlaient des protocoles Défense-Education nationale qui avaient été mis en place au début des années 80 par la gauche seront revivifiées dans un nouveau protocole orienté vers la diffusion de l’esprit de défense auprès des jeunes et auprès des enseignants. »

Reste que pour en arriver aussi loin dans la confusion des genres, le mélange des rôles, le brouillage des consciences, les autorités qui ont mis en œuvre l’éducation à la défense ont pu compter jusque là sur le silence, qui vaut compromission, de l’immense majorité des ensei- gnants et de leurs organisations représentatives qui n’ont jamais rien trouvé à redire, ou pas grand-chose, à cette brutale intrusion de l’armée dans un domaine qui n’est pas le sien.

 

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13 mai 2014 ~ 0 Commentaire

Le Smic est mauvais pour l’emploi (regards)

22 euros

L’attaque contre le Smic menée « à gauche » par Pascal Lamy ou par les économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette et élie Cohen, reprise en fanfare par Pierre Gattaz, n’est pas un leurre, mais bien une offensive au long cours qui mérite qu’on la combatte vigoureusement.

Un vrai feu d’artifice: quatre livres de personnalités ou d’économistes socialistes ont pré- cédé, ou accompagné, la constitution du gouvernement de Manuel Valls et la présentation de sa politique visant à aller plus loin, plus vite et plus fort sur le chemin du « pacte de respon- sabilité ». La France au défi d’Hubert Védrine est paru fin février (Fayard). Éloge de l’anormalité de Matthieu Pigasse (Fayard), Quand la France s’éveillera de Pascal Lamy (Odile Jacob) en mars, et Changer de modèle des économistes Philippe Aghion, Gilbert Cette et Elie Cohen en avril (Odile Jacob). Chacun veut faire entendre sa petite musique personnelle, mais les différences comptent peu. Les uns et les autres participent de la même promotion du « social libéralisme » qui sous-tend la politique du gouvernement Hollande-Valls. Et ils s’appuient sur des idées reçues bien dans l’air du temps.

Offensive coordonnée En principe, qui se dit de gauche n’est pas contre le Smic. Pascal Lamy est même «partisan de l’instauration d’un salaire minimum dans chacun des pays euro- péens» (Quand la France s’éveillera, page 89). Et le trio Philipe Aghion, Gilbert Cette, Elie Co- hen pense que «l’existence d’un Smic est indispensable pour définir une norme et pour com- penser le faible pouvoir de négociation de nombreux salariés» (page 179). Mais, ils sont comme les soi-disant adversaires résolus de la peine de mort… «sauf pour les crimes d’enfants» ou «sauf pour les crimes en série» ou «sauf pour les crimes terroristes».

Début avril, dans le service après-vente de son livre P. Lamy s’est dit « favorable à des boulots pas forcément payés au Smic ». Il a récidivé début mai : « Avec 25% de chômage des jeunes, il n’y a plus de tabou ». Pour leur part, Aghion, Cette et Cohen, se prononcent, dans leur livre, pour un gel au moins partiel du Smic et pour une réforme « ambitieuse » de celui-ci qui « ne doit exclure a priori aucun aspect: révision de fond de la règle de revalorisation automatique, régionalisation, différenciation selon l’âge… ». (page 180).

Évidemment, une telle aubaine ne pouvait laisser indifférent le président du Medef. Pierre Gattaz s’est immédiatement engouffré dans une si belle brèche, réclamant un salaire « transitoire » inférieur au Smic pour « faciliter l’entrée des jeunes dans le marché du travail ». Au passage, celui qui a augmenté en 2013 sa rémunération de patron de Radiall (hors dividendes d’actionnaire principal) de 29% pour la porter à 420.000 euros, livre cette colossale tartuferie : « Il y a une exigence d’exemplarité. On ne peut pas demander des efforts aux salariés et ne pas se l’appliquer soi-même ».

La proposition a été repoussée par Manuel Valls d’une ferme main gauche, cependant que la droite décidait fermement de poursuivre le gel des salaire des fonctionnaires, des pensionnés, des bénéficiaires de prestations sociales et d’amplifier la baisse des charges et des impôts des entreprises. Le débat sur le Smic ne serait donc là que pour mieux faire accepter les autres attaques sociales, commente Daniel Schneidermann. C’est aller trop vite en besogne. Même si elle ne se traduit pas en actes immédiats, il faut prendre cette attaque contre le Smic au sérieux. C’est en tout cas ce que fait la CGT qui parle d’offensive coor- donnée. Il y a un mois déjà, souligne-t-elle, la Commission européenne avait ouvert le feu dans son Bilan approfondi sur la France 2014. Elle consacrait cinq pages de son rapport au Smic et incitait le gouvernement français à s’attaquer à celui-ci, au niveau général des salaires, ainsi qu’à leur système de négociation. (…)

Le Smic pénalise-t-il la compétitivité ? Non, répondent Pierre Concialdi et Michel Husson économistes à l’IRES qui passent en revue les « arguments » contre le Smic dans un document de travail publié en 2013. La proportion de salariés payés au Smic travaillant dans les secteurs exportateurs est faible: en 2011, cinq salariés payés au Smic sur six travaillent pour le marché intérieur. « Ce constat, ajoutent-ils, permet de rappeler que toutes les mesures visant à accroître la compétitivité par baisse du « coût du travail » ne peuvent être ciblées sur le secteur exposé à la concurrence internationale (notamment en raison des règles européennes) et constituent donc une forme de subvention aux entreprises du secteur abrité, qui ne peut être justifiée par l’argument de compétitivité ».

Le Smic est-il un frein à l’emploi des travailleurs non qualifiés et notamment des jeunes? Le taux de chômage est beaucoup plus élevé chez les jeunes de 15 à 25 ans que chez les plus de 30-35 ans (plus de 20%, contre 8%), chez les non diplômés que chez les diplômés (16% contre 6% à partir de bac +2) et singulièrement pour les jeunes, où le taux de chômage atteint 46% pour les non diplômés ou titulaires seulement d’un brevet ou d’un BEP. .

Faut-il incriminer le niveau « excessif » du Smic ? À partir de 1993 une politique d’exonérations de cotisations sociales employeurs est supposée diminuer le « coût relatif du travail » pour les bas salaires. Jusqu’en 2000, la part de l’emploi non qualifié augmente. Mais depuis, elle recule à nouveau, constatent Pierre Concialdi et Michel Husson. Le problème, selon eux, serait bien davantage lié au recul de la production manufacturière en France qu’au coût relatif du Smic.

Alors qu’il existe déjà plus d’un million d’emplois aidés, c’est-à-dire « en dessous du Smic » pour les salariés les plus « éloignés » de l’emploi, sans compter l’apprentissage et les stages, une baisse du Smic pour les jeunes ou pour les chômeurs non qualifiés ne permettrait pas de créer de l’emploi pour les moins formés et les moins diplômés. Comme l’explique l’éco- nomiste André Gauron qui tient un blog sur le site d’Alternatives Economiques, « le “plein em- ploi” des diplômés se réalise par un accès aux emplois qualifiés mais aussi pour une part aux emplois peu ou non qualifiés dont les peu ou non diplômés se trouvent de ce fait évincés. Les travaux de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur les contrats aidés et sur les contrats de professionnalisation confirment que même lorsque les contrats sont ciblés “jeunes peu ou pas diplômés”, les employeurs tendent plutôt à recruter des jeunes diplômés ». Ce n’est donc pas en ajoutant un nouveau salaire minimum que l’on changera le comportement des entreprises en matière de gestion de la main-d’œuvre. Penser notamment que les travailleurs non qualifiés acquis à bas prix se verraient accorder par leur employeur de coûteuses formations pour augmenter leurs compétences leurs productivité et leurs salaires une fois dans l’entreprise, relève au mieux d’une vue de l’esprit. De plus, explique encore André Gauron, il faut se méfier beaucoup des raisonnements qui prétendent pouvoir mesurer le salaire « légitime » des personnes non qualifiées à l’aune de la « faible productivité » de leur emploi. (…)

Le Smic est-il un mauvais moyen de lutter contre la pauvreté? Certes, le Smic étant un minimum horaire, il ne protège pas contre les situations de précarité sociale liées à des durées d’emploi courtes et/ou irrégulières, rappellent Pierre Concialdi et Michel Husson. Or à peine la moitié des salariés rémunérés au salaire minimum travaillent à plein temps. Prétendre que la baisse du Smic permettra de traiter ce problème relève de l’escroquerie intellectuelle. Il est par contre « difficile de soutenir qu’un salaire minimum élevé ne réduit pas la pauvreté », comme le montre par exemple une comparaison entre la situation française et la situation allemande où l’absence de Smic et la multiplication des minijobs (plus de 7 millions dont 5,5 millions de mini- jobers exclusifs) conduisent à un taux de pauvreté en forte croissance malgré le plus faible chômage, alors qu’il reste inférieur à la moyenne européenne en France.

Pour compenser la baisse du Smic, Aghion, Cette et Cohen préconisent de privilégier le RSA comme moyen de lutte contre la pauvreté. Mais comme ils ne veulent ni le déficit ni la hausse des impôts, la cohérence les conduit à préconiser une concentration de la protection sociale sur les plus bas revenus. « Autrement dit, note André Gauron, pour sortir de la crise, il faudrait créer plus de pauvreté et de précarité en même temps que pénaliser les classes moyennes en les privant de certaines prestations pour voler au secours de ceux qu’on a préalablement réduit à l’état de salarié-assisté ».

Le Smic français n’est-il pas trop élevé par rapport aux autres pays européens? Le Smic en France est effectivement l’un des plus élevés d’Europe en valeur nominale (9,53 euros brut par heure), en standard de pouvoir d’achat et en proportion du salaire médian (60%). Ces chiffres doivent cependant être relativisés. Parmi les pays qui ont un salaire minimum, la France fait en réalité partie d’un groupe de pays où celui-ci est à un niveau assez comparable, groupe qui comprend le Luxembourg, l’Irlande, les pays du Benelux et le Royaume-Uni.

Ensuite, parmi les pays qui n’ont pas de salaire minimum légal, tous ne sont pas dans la situation de l’Allemagne et de ses millions de minijobers. Les pays scandinaves (Suède, Dane- mark) n’ont pas de Smic. Mais tous les salariés, sauf les migrants, sont couverts par des conventions collectives de branche au-dessus de 70% du salaire médian supérieurs, c’est-à-dire au-dessus du Smic français. Un haut niveau du salaire minimum effectif est en fait une caractéristique du modèle suédois vanté ici par ces mêmes économistes qui trouvent le Smic trop élevé en France.

Surtout, l’offensive contre le niveau du salaire minimum n’est pas une spécificité française. Elle est menée y compris dans les pays où le Smic est plus bas en valeur et en proportion du salaire médian. En février 2012, le gouvernement grec a pris la décision dras- tique de réduire le salaire minimum national de 22%. Il a baissé en Irlande, il est gelé au Portugal et en Espagne. En réalité, l’attaque contre le Smic est une pièce importante des politiques « de dévaluation interne » visant à la baisse généralisée des coûts salariaux au nom du redressement de la compétitivité. La baisse du salaire minimum permet d’exercer une pression à la baisse sur toute la pyramide de salaires mis à part ceux du très haut de l’échelle.

Une politique européenne de salaire minimum Au lieu de vouloir faire participer la France à cette course sans fond et sans espoir, l’alternative consiste à rechercher la mise en place d’une politique européenne de salaire minimum. Ce n’est pas chose facile, y compris parce que les salariés des pays nordiques craignent que cela les pénalisent. Il ne s’agirait pas d’établir un salaire minimum unique. Mais, comme le préconise la Confédération européenne des syndi- cats, que dans tous les pays européens où il existe des salaires minima, le niveau de ceux-ci soit d’au moins 50% du salaire moyen national et de 60% du salaire médian national. Pour de nombreux pays européens, la mise en œuvre de cet objectif européen impliquerait des relè- vements substantiels de leurs salaires minima nationaux. Pour la France cela permettrait une utile consolidation. (…)

Par Bernard Marx| 12 mai 2014

http://www.regards.fr/web/idee-recue-numero-3-le-smic-est,7722

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