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23 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

fab (brest)

guerin

Qui sommes-nous ?

Le FAR-Brest (Front Antiraciste de Brest) est un collectif de militant-es Brestoi-ses appartenant ou pas à des organisations associatives, syndicales, politiques ayant comme objectif de faire front localement, et dans la durée, face à la montée du racisme et du fascisme.

Pourquoi ce festival ?

Face à l’exacerbation des violences racistes et fascistes nous voulons agir ensemble pour une société réellement démocratique et débarrassée de l’exploitation et de toutes les oppressions.

Habitant-es des quartiers populaires, syndicalistes, gilets jaunes, féministes, écologistes…
Malgré des histoires et des vécus très différents, nous avons des causes communes et tout intérêt à nous unir !

C’est pour cela que nous lançons cette initiative qui en appellera d’autres afin de nous rencontrer, tisser des liens, de réfléchir sur les stratégies à adopter.

Que contiendra t-il ?

Lors du festival «UNISSONS NOUS, CONTRE LE RACISME & LE FASCISME » nous proposerons des ateliers, tables rondes, débats, projection de film, repas, boxe, écriture de textes à rapper sur scène…

Les thématiques abordées seront variées : comment contrer les idées reçues sur l’immigration, dénoncer les violences policières et l’injustice, connaître les luttes syndicales existantes contre le racisme, et lutter contre le fascisme montant…

Front Antiraciste de Brest

front.antiraciste.brest@proton.me
instagram: @front.antiraciste.brest

https://openagenda.com/mon-petit-ponant/events/unissons-nous-contre-le-racisme-et-le-fascisme

Cagnotte:https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/festival-a-brest-unissons-nous-contre-le-racisme-le-fascisme

SAMEDI 30 SEPTEMBRE

10h : Accueil/Café
10h30-12h30 : Présentation d’un livre + discussions
« Clément Méric. Une vie, des luttes »
12h30-14h : Repas + plateau Radio
14h-16h :

  • Table ronde « mobilisations contre le racisme et pour l’égalité des droits » avec des militants de la marche des solidarités et des collectifs de sans papiers de Paris
  • Boxe ou Juji Tsu Brésilien

16h-18h :

  • Atelier rap
  • Boxe ou Juji Tsu Brésilien

18h-19h30 : Scène ouverte

19h30-20h30 : Repas

20h30-22h : DJ (reggae/dub – afrofunk – musique des îles)

DIMANCHE 1 OCTOBRE

10h-12h : Tournoi de foot ouvert à toutes et tous. Les équipes se feront sur place
12h : Repas
13h-15h : Projection du documentaire « Les petites mains invisibles » sur la lutte des salariés d’ONET + discussions (grande salle)
15h-16h :
• Présentation et débat sur la loi immigration/loi Darmanin
• Contes pour enfants : lecture de l’autrice d’albums jeunesse Anne Gaelle Morizur avec l’illustratrice Florence Dollé

16h-18h :
• Récit d’une lutte syndicale antiraciste avec un syndicaliste de la CGT Morlaix
• Atelier arts plastiques pour enfants

1, rue Alexandre Ribot 29200 Brest

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20 septembre 2023 ~ 0 Commentaire

brest st brieuc (côté brest)

23 sptembre

À Brest, un rassemblement contre les violences policières samedi 

Plusieurs associations et syndicats appellent à manifester samedi 23 septembre à Brest pour dénoncer « le racisme systémique, les violences policières et les injustices sociales ».

« Racisme systémique, violences policières, injustices sociales, ça suffit. » Samedi 23 septembre 2023,

un rassemblement est organisé à 15h, esplanade de la Fraternité, sur le plateau des Capucins à Brest. Le centre-ville sera difficilement accessible en raison de la foire Saint-Michel.

Plusieurs associations et syndicales sont à l’initiative de la manifestation, répondant à l’appel national de : CGT, FSU, Solidaires, Libre Pensée, Planning familial, Ensemble29, EELV, LFI, Gauche écosocialiste 29, NPA, UCL.

« Une exigence de justice »

« Le meurtre de Nahel a mis de nouveau la lumière sur ce qui doit cesser : le racisme systémique, les violences policières et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron », arguent d’une même voix les organisateurs.

« La crise démocratique, sociale, politique que nous traversons est très grave, soutiennent les militants. Nous nous mobilisons ensemble pour la convergence des justices antiraciste, sociale et écologique, féministe et pour que cessent les politiques sécuritaires et antisociales. Cette exigence de justice est essentielle pour ouvrir un horizon positif pour le pays. »

20 Sep 23

https://actu.fr/bretagne/

À voir aussi :

flic

Le Parti socialiste ne participera pas samedi à la manifestation contre les « violences policières »

Réuni en bureau national mardi, le Parti socialiste a décidé de ne pas participer à la manifestation contre les « violences policières, samedi 23 septembre 2023. Les socialistes refusent notamment de « jeter l’opprobre » sur toute une profession.

Après le Parti communiste, c’est autour du Parti socialiste d’acter son refus de participer, samedi 23 septembre 2023, à la manifestation contre les « violences policières », rapporte BFMTV , confirmation une information du Figaro.

Réunis en bureau national mardi 19 septembre, les socialistes ont motivé leur décision par leur volonté de ne pas « jeter l’opprobre sur toute une profession », selon un responsable du PS cité par Le Figaro. Et ce même si « certains posent problème », confie une élue à BFMTV.

Surtout, ils contestent l’idée sous-entendue que les « violences policières » seraient systémiques et sont mal à l’aise à l’idée de défiler dans un cortège où pourraient fuser des slogans du type « Tout le monde déteste la police » ou bien entendre dire que « Toute la police est raciste ».

Crainte de « l’instrumentalisation » de l’abaya

Enfin, le PS craint également un « mélange des genres », selon la même élue citée par BFMTV, et une « instrumentalisation de l’abaya », interdite depuis la rentrée dans l’enceinte des établissements scolaires par le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal.

Les élus socialistes reconnaissent pour autant qu’il y a une demande forte des militants de « reconnaître » un « dysfonctionnement » au sein de la police. C’est dans ce sens que le parti compte effectuer un « travail de fond » en novembre et organisera une « convention » pour réfléchir à la réforme de la police.

Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, avait annoncé le 13 septembre dernier qu’il ne participerait pas à la manifestation, expliquant qu’il ne partageait pas, lui aussi, le slogan « Tout le monde déteste la police ».

LFI, EELV, la CGT et Extinction Rebellion défileront

Cet appel à la manifestation contre les violences policières et le racisme a été lancé le 13 septembre dernier, à l’initiative de plusieurs associations, syndicats et partis politiques comme La France insoumise, EELV, Extinction Rebellion et la CGT.

Dans un communiqué commun, les organisations dénoncent « une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique ».

À Paris, la manifestation partira vers 14 h 30 de la gare du Nord et se terminera à Bastille. D’autres « marches unitaires » seront organisées le même jour dans une cinquantaine de villes en France.

Ouest-France  20/09/2023

https://www.ouest-france.fr

flic

Violences policières : une centaine d’organisations appellent à manifester samedi 23 septembre

Des manifestations contre les violences policières sont prévues dans une cinquantaine de villes en France samedi 23 septembre 2023, à l’appel d’une centaine d’organisations, après les émeutes urbaines du début de l’été.

Une centaine d’associations, de syndicats et de partis tels que La France insoumise, la CGT et Extinction Rebellion ont réitéré mercredi 13 septembre leur appel à manifester le 23 septembre contre les violences policières et le racisme, après les émeutes urbaines du début de l’été, rapporte l’AFP.

Pour une « refonte totale de la police »

« Une alliance inédite », a considéré la députée LFI Aurélie Trouvé lors d’une conférence de presse organisée à Paris. L’élue a déclaré souhaiter une « refonte totale de la police et des plans d’investissements publics ambitieux dans tous les quartiers populaires ».

Parmi les organisations soutenant la marche, des collectifs de quartiers populaires, des victimes de violences policières, des ONG comme Attac, les Amis de la Terre, des partis de gauche tels que LFI NPA et ELLV ainsi que les syndicats CGT, FSU et Solidaires.

« C’est la première date (de rassemblement) après la révolte des quartiers populaires, on a une responsabilité sans précédent », a renchéri Pauline Salingue, porte-parole du NPA, faisant référence aux émeutes consécutives à la mort de Nahel, un jeune de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier le 27 juin à Nanterre.

Des manifestations prévues dans une cinquantaine de villes

« Les violences racistes et homophobes doivent être combattues avec la plus grande fermeté », a clamé pour sa part Adel Amara, élu municipal dans le Val-de-Marne.

Dans un communiqué commun, les organisations dénoncent « une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique ».

À Paris, la manifestation partira vers 14 h 30 de la gare du Nord et se terminera à Bastille. D’autres « marches unitaires » seront organisées le même jour dans une cinquantaine de villes en France.

13/09/2023

https://www.ouest-france.fr/

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25 août 2023 ~ 0 Commentaire

devin (mediapart)

profs

Le discours de Macron sur l’école : de plus en plus réactionnaire !

Pour servir un projet d’asservissement de l’éducation et de la formation aux nécessités ultralibérales, l’ordre est un instrument nécessaire. Désormais le discours macronien en fait injonction à l’école. Retour sur les constantes et les évolutions du discours présidentiel.

Dans l’interview qu’il vient d’accorder au Point[1], Emmanuel Macron expose une vision de l’école qui n’avait jamais été si clairement réactionnaire. Sa volonté de réunir une nouvelle majorité, pour remobiliser un « dépassement politique », fait le choix d’une vision de l’école fondée sur l’ensemble des poncifs invoqués depuis les années 1970 par la droite dure et l’extrême-droite : déclinisme, pédagogisme, perte de l’autorité, …

Les fondamentaux et la réussite scolaire de tous

Déjà la campagne présidentielle de 2017 affirmait la nécessité de renforcer l’apprentissage des fondamentaux. Rien de bien précis sauf la volonté de rassurer les visions conservatrices en reprenant la vieille antienne d’une droite toujours prête à dénoncer une école devenue incapable d’assurer les apprentissages de base. Les cinq ans de mandat ministériel de Jean-Michel Blanquer auront confirmé la tendance.

Rappelons que les évaluations internationales constatent que l’école française se situe dans la moyenne des résultats des pays de l’OCDE et que son défaut majeur n’est pas d’avoir renoncé à transmettre les savoirs fondamentaux mais d’être incapable de lutter contre les inégalités. Or les réformes de Blanquer, n’ont permis ni d’améliorer les résultats, ni de réduire les inégalités. Voilà 6 ans maintenant qu’on annonce que la politique mise en œuvre va « conjurer la fatalité » grâce au retour sur les fondamentaux… mais rien n’est venu en conséquence des profondes modifications pédagogiques engagées par Jean-Michel Blanquer qui viendrait accréditer la réalité positive de leurs effets.   

Antipédagogisme et retour de l’autorité

Dès la rentrée de 2017, Jean-Michel Blanquer affirmait sa détermination face au pédagogisme qu’il dénonçait comme responsable d’un déclin de l’école française pour imposer un retour aux méthodes de lecture fondées sur l’apprentissage syllabique. Et voilà désormais que le président lui-même enfourche cette lutte contre le pédagogisme.

Le discours anti-pédagogiste reste le marqueur d’une droite conservatrice et réactionnaire qui, sans même vouloir analyser la réalité de l’école, sans s’intéresser aux relations réelles entre pédagogies et résultats, se vautre dans la lamentation idéologique du déclin. Peu importe ce que serait ou pas ce fameux pédagogisme, peu importe la réalité ou non de ses effets, l’essentiel est de disposer d’un objet fantasmatique, d’un ennemi commun que l’on doit combattre pour « rebâtir la France », nous assure le président.

Et d’enchaîner sur le retour nécessaire de l’autorité dont Gabriel Attal avait déjà fait le cœur de sa première intervention de ministre de l’Education nationale.

Là encore, l’essentiel est de tenir un discours d’ordre face à une école qui aurait renoncé à l’autorité des maîtres et des savoirs. Peu importe la complexité d’un monde où la contestation de l’autorité des savoirs se joue essentiellement sur les réseaux sociaux et justement contre l’école.

Peu importe que les enseignants soient les premiers à être attachés à l’autorité de leur fonction puisqu’elle est la condition même de l’exercice de leur mission éducative…

Peu importe la complexité de la réalité, il suffit d’affirmer, qu’à la rentrée prochaine, l’autorité sera restaurée. La réalité des effets d’une telle annonce importe peu : l’essentiel c’est d’affirmer son attachement idéologique à l’autorité.

Ce n’est plus seulement une réaction d’après les émeutes de juin[2], c’est une idéologie qui s’installe.

Lors de la campagne de 2017, le discours macronien avait une tonalité clairement différente des propos tenus alors par Fillon, Le Pen et Dupont-Aignan. L’écart s’est réduit. La question de l’autorité n’était pas absente des discours de Marseille, notamment avec le renforcement des pouvoirs des directeurs, mais elle n’était pas centrale.

Elle est en train de le devenir dans un discours présidentiel qui donne désormais toute sa place à une stratégie de remise en ordre de l’école et affirme que « remettre de l’autorité à l’école » constitue un élément essentiel de la feuille de route de Gabriel Attal[3].

L’enseignement de l’histoire au service de la nation ?

Pour l’instant difficile de savoir ce qui sera en jeu dans une réforme des programmes d’histoire que le président annonce mais dont il ne dit rien… ou presque. Car l’annonce faite porte déjà une orientation : celle d’un enseignement qui doit redevenir chronologique. Faut-il rappeler au président que les batailles contre la vision diachronique étaient déjà en bonne partie dépassées quand il était élève de terminale et que les programmes actuels sont organisés de manière chronologique depuis plusieurs décennies ?

L’annonce d’une réforme de l’enseignement de l’histoire est faite indépendamment de sa réalité mais pour affirmer la nécessité d’une « reconstruction de la nation ». L’école démocratique fait pourtant un autre pari, celui de s’affranchir d’une instrumentalisation de l’histoire, assujettie pour servir des intentions politiques.

Que l’école ait pour mission de transmettre les valeurs de la république et de la démocratie, celles de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, ne peut aucunement se confondre avec la volonté d’instrumentaliser l’enseignement de l’histoire.

Va-t-on revenir aux tentatives de l’UMP en 2005 pour que soit inscrit dans la loi l’obligation faite aux enseignants d’enseigner le rôle positif de la colonisation[4] ?

Et que dire de la lecture hebdomadaire « d’un grand texte fondamental sur nos valeurs » dont on voit bien qu’il est proposé comme un retour à l’enseignement républicain fondé sur un modèle moral ?

Là encore l’évolution est perceptible face au Macron de 2017 qui affirmait qu’enseigner l’histoire ne se limitait pas à enseigner des dates et argumentait la construction d’une culture d’appartenance nationale face aux risques d’une identité qui voudrait « replier la France sur la haine de l’autre, sur le fantasme d’un passé qui n’a jamais été[5]».

Laïcité : les « grands républicains » et les autres…

Quant à la laïcité, que serait une école que le président prône « sans aucune forme d’accommodements » ? Une école où « nous ne laisserons rien passer ». L’éducation est un art de l’accommodement, des compromis, de la patience à défaut de quoi elle renonce à ses fondements démocratiques pour lui préférer l’endoctrinement. La difficulté est de ne jamais confondre le compromis et le renoncement. Ce n’est pas en opposant des enseignantes et des enseignants qui seraient des « grands républicains » et ceux qui « considèrent qu’il faut faire des compromis » qu’il sera possible de les former face à cette difficulté.

A la crainte des professeurs de ne pas toujours être soutenus, Emmanuel Macron répond que depuis Blanquer le « pas de vagues » est terminé ! Un peu rapide…comme l’est la catégo-risation entre les enseignants qui ne font pas assez bien leur travail qu’on doit sanctionner et ceux qui le font très bien qu’il faut encourager. Les visions réactionnaires du travail sont toujours très duelles.

 Mens sana in corpore sano

« Un jeune dissipé apprend différemment si vous lui faites faire du sport ». Alors là, on tombe carrément dans les poncifs du Café du Commerce : cette vieille croyance qui pense que l’élève est dissipé parce qu’il aurait un trop plein d’énergie qu’il n’aurait pu évacuer. Une théorie de la cocotte-minute qui vient relancer la demi-heure de sport quotidienne à l’école primaire et qui dénature l’ambition de l’éducation physique et sportive pour la limiter à une régulation comportementale.

Ce primat du comportement corporel, on le retrouve dans les gadgets de l’innovation … parce que l’école réactionnaire se pare parfois des libertés innovantes du modernisme néolibéral. Celle par exemple de l’école flexible qui permet à l’élève d’assister à la leçon debout, assis ou à genoux parce que ça crée, nous assure le président, « un autre rapport au savoir ». Fini la formation didactique qui permettait aux enseignants de penser le rapport au savoir dans l’organisation même des apprentissages. Aux oubliettes, le questionnement des rapports sociaux qui rendent difficiles aux enfants des classes populaires, l’appropriation de l’écrit et la perception des enjeux intellectuels des apprentissages scolaires…

En finir avec les hypocrisies …

C’est sans doute la partie du discours la plus corrélée aux intentions essentielles du président. On y apprend qu’il faut renoncer à deux hypocrisies essentielles de l’école française : le choix de son métier et la démocratisation de l’accès aux études supérieures.

Enfin plus exactement qu’il faut que les jeunes des classes populaires y renoncent pour accepter « une offre de formation en fonction des besoins en emploi dont la nation a besoin ». Au passage, le président n’hésite pas à considérer que les besoins des entreprises se confondent avec les besoins de la nation !

Et pour servir un tel projet d’asservissement de l’éducation et de la formation aux nécessités ultralibérales, l’ordre est un instrument nécessaire. Désormais le discours macronien en fait injonction à l’école.

Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l’Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l’Institut de Recherches de la FSU

 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

24 août 2023

https://blogs.mediapart.fr/

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14 août 2023 ~ 0 Commentaire

étudiant(e)s (france info)

jeunes

Le coût de la vie étudiante augmente de 6,47% pour la rentrée 2023 par rapport à l’an dernier, selon l’Unef

D’après une enquête de l’Unef, le coût de la vie étudiante a augmenté par rapport à l’année dernière de 6,47%, une première depuis 19 ans, d’après le syndicat étudiant. Une hausse du coût de la vie due, selon l’Unef, à l’inflation et à la hausse du coût de l’énergie et du transport.

Le coût de la vie étudiante augmente de 6,47% pour cette rentrée 2023 par rapport à l’an dernier, indique l’Union nationale des étudiants de France (Unef) dans son enquête annuelle publiée ce lundi 14 août. Cela représente une « augmentation du reste à charge annuel de 594,76 euros, soit 49,56 euros par mois ».

« Jamais en 19 ans d’enquête de l’Unef, l’évolution du coût de la vie étudiante avait atteint de tels sommets », se désole le syndicat étudiant. Il évoque « un stade de précarité étudiante majeure qui s’installe dans le temps ». L’Unef craint par ailleurs que cette « augmentation impacte fortement les conditions de vie des étudiants qui vont devoir faire des choix entre des dépenses essentielles et se restreindre sur tout un tas de besoins primaires ».

Selon l’Unef, le loyer représente toujours le premier poste de dépense des étudiants, « avec une part représentant 60,58% du budget mensuel moyen ». En 2023, le loyer étudiant moyen s’élève à 570,60 euros. Le syndicat soutient que si « la partie loyer » des résidences Crous « est gelée », reste que « la partie charge a augmenté de 3 à 4% dans de nombreux Crous, faisant passer le loyer moyen de 381,48 euros à 394,83 euros ». Dans le parc privé, le loyer national moyen représente 570,69 euros en 2023, alors qu’il était de 561,07 euros l’an dernier, ce qui représente une hausse de 1,72%.

L’Unef réclame un encadrement des loyers dans les villes universitaires

Le syndicat met également en avant les disparités régionales, avec un loyer de 820,04 euros en région parisienne (+2,01% en un an) contre 490,97 euros hors région parisienne (+1,56% par rapport à 2022). Pour lutter contre cette hausse des loyers, l’Unef réclame « la mise en place de l’encadrement des loyers dans l’ensemble des villes universitaires » et une « meilleure critérisation des APL [aide personnalisée au logement] pour prendre en compte les différences importantes des montants des loyers ».

Pour le syndicat, il faut aussi « construire massivement des logements gérés par le Crous ». Le trésorier de l’Unef, Adrien Liénard, accuse le chef de l’État de ne pas avoir tenu ses promesses : « En 2017, Emmanuel Macron avait promis 60 000 logements supplémentaires avant la fin de l’année 2022 et aujourd’hui seulement 3 000 logements Crous ont été créés« , explique-t-il sur franceinfo.

Pour l’Unef, cette explosion du coût de la vie étudiante est notamment liée à l’inflation alimentaire et à la hausse des coûts énergétiques. Le syndicat estime que le poste de dépense lié à l’alimentation « a augmenté de 14,3% » sur un an et celui de l’électricité de 10,1%. Par ailleurs, le coût des transports pour les non-boursiers a augmenté de 5,91% entre 2022 et 2023. En moyenne, l’abonnement annuel est de 268,91 euros pour les non-boursiers.

L’Unef évoque également une hausse des dépenses de santé des étudiants, citant « les chiffres de [son] partenaire la LMDE » : « En un an, les dépenses liées à des consultations ont augmenté de 18%, les dépenses pharmaceutiques de 17%, les dépenses d’optique de 10%, les dépenses liées à la prévention santé augmentent également de 15% qui s’ajoute à une précédente augmentation de 38% l’année passée », assure le syndicat étudiant.

Une réforme des bourses insuffissante

Le syndicat étudiant reconnaît que « la réforme des bourses a vu le budget des aides sociales à destination des étudiants augmenter de 500 millions d’euros ». Mais son montant ne permet pas de compenser l’explosion de la précarité étudiante qui a « augmenté de 25,51% depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017″, selon l’Unef qui rappelle que cette réforme survient après « des années de baisse des aides » et du nombre de boursiers. « Le gouvernement se contente de mettre des pansements sur une plaie ouverte », critique l’Unef. Le syndicat accuse l’exécutif d’avoir « aggravé la situation en enchaînant des mesures inefficaces liées à un discours méprisant et infantilisant ». Son trésorier Adrien Liénard dénonce un « manque de volonté politique » de la part de l’exécutif.

On a un gouvernement qui fait beaucoup de communication autour de la lutte contre la précarité étudiante, mais dans les faits on a très peu de suivi et de politiques pour lutter contre cette précarité de plus en plus structurelle Adrien Liénard à france info

Face à ce constat, l’Unef plaide donc pour une refonte « du système d’aides sociales ». « On revendique une allocation d’autonomie à hauteur du seuil de pauvreté », assure sur franceinfo Adrien Liénard. Le trésorier de l’Unef explique que cette allocation peut être mise en place « en créant une sixième branche de la Sécurité sociale pour financer via le système de répartition une allocation pour l’ensemble des étudiants pour que personne ne soit obligé d’arrêter ses études, vivre dans la précarité ou devoir se salarier plusieurs heures par semaine pour subvenir à ses besoins ».

« La projection du coût de la vie étudiante est réalisée par l’Unef à partir d’un échantillon représentatif qui permet de prendre en compte le plus de situations possibles, en se basant sur quatre profils ». L’Unef précise que « cet échantillon est ensuite pondéré avec le nombre d’étudiants que représentent chaque profil ».

14/08/2023

https://www.francetvinfo.fr/

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09 août 2023 ~ 0 Commentaire

uk climat (lrlap)

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Péril climatique : le Royaume-Uni approuve des centaines de nouvelles exploitations gazières et pétrolières

« chaque nouvelle licence pétrolière ou gazière rend l’objectif de zéro émission nette plus difficile à atteindre et le réchauffement global plus difficile à arrêter »

En déplacement dans l’Aberdeenshire lundi, Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, a indiqué valider des centaines de uvelles licences d’exploitatons gazières et pétrolières en mer du Nord. Un plan qu’il qualifie de « meilleur pour le climat »

« Aucun danger n’est plus imminent que d’étendre l’utilisation des combustibles fossiles » déclarait Antonio Gutteres, secrétaire général de l’ONU, au dernier sommet des grandes économies mondiales sur l’énergie et le climat.

Selon le Giec, nous avons jusqu’à 2025 pour plafonner nos émissions de CO2 puis entamer une décarbonation de nos modes de vie et de production.

Pourtant les nouvelles exploitations d’énergies fossiles pullulent à travers le monde, boostées par une augmentation des prix qui en font des poules aux œufs d’or pour les multinationales. Le Royaume-Uni ne fait pas défaut à cette règle.

Rushi Sunak, le premier ministre conservateur britannique, a annoncé lundi 31 juillet, la validation de « centaines de nouvelles licences d’exploitation gazières et pétrolières » en mer du Nord à partir de l’automne prochain.

Présentées comme « meilleures pour le climat », elles permettront d’améliorer la « sécurité énergétique du pays », qui ne « dépendra plus de dictateurs étrangers » selon les mots du chef du gouvernement. Les nouvelles ressources domestiques nécessiteront « deux, trois, quatre fois » moins d’émissions de CO2 que si elles étaient acheminées depuis l’autre côté de la planète a-t-il expliqué.

Un plan qui, à l’instar de la loi industrie verte d’Emmanuel Macron, revêt l’apparence du « greenwashing », selon Greenpeace, pour rapatrier les capacités de production d’énergie au Royaume-Uni sous couvert d’une planification écologique.

« Protéger les britanniques » de l’inflation

Rishi Sunak l’assume, il veut « stimuler les emplois et la croissance », « protéger les britanniques » et « faire baisser le prix de l’énergie ». Son secrétaire d’état à la Sécurité et à la Neutralité carbone, Grant Shapps, a osé pousser la caricature encore plus loin, expliquant que « le choix est simple : croissance ou chômage de masse ». 

Le Royaume-Uni traverse une crise inflationnaire extrême. Depuis l’été dernier, le coût de la vie a augmenté de 8,7%. Plus grave encore, les prix alimentaires avaient atteint 18,4% de croissance en mai par rapport au printemps 2022.

Idem pour les prix de l’énergie, fortement impactés par la guerre en Ukraine et les sanctions économiques sur la Russie. Selon les statistiques du ministère de l’Energie, 13,4% des ménages britanniques, soit 3,26 millions, étaient en situation de précarité énergétique en 2022.

Rishi Sunak s’était alors lancé, au début de son mandat, dans une opération déflation, promettant de réduire l’augmentation des prix à 5% d’ici la fin de l’année 2023.

L’annonce des nouvelles exploitations a été très critiquée par l’opposition et les militants écologistes qui y voient « bien plus un jeu politique qu’une question de sécurité énergétique » a réagi Doug Parr, expert scientifique en chef de Greenpeace UK.

Devant les caméras des télés britanniques, Rishi Sunak a commencé son argumentation en critiquant la politique énergétique du parti travailliste qu’il a accusé de « protéger les emplois russes », pays depuis lequel est importé une grande partie du gaz utilisé par le Royaume-Uni.

Grant Shapps n’y est pas non plus allé de main morte en expliquant dire « non à Just Stop Oil, et à leur aile politique le parti travailliste […] Ils donneraient à Poutine le pouvoir de faire chanter le Royaume-Uni, de mettre 213 000 personnes au chômage ». 

Just Stop Oil est un mouvement militant lancé en février 2022 engagé contre les nouvelles licences et la production d’énergies fossiles au Royaume-Uni. Les activistes ont utilisé la désobéissance civile à de nombreuses reprises ces derniers mois.

La répression du mouvement est importante, plus de 2 000 militants ont déjà été arrêtés et plus d’une centaine a été condamnée à des peines de prison. En janvier, le gouvernement a voté en faveur d’un amendement permettant l’arrestation préventive de militants prévoyant de participer à un blocage.

Les mouvements militants ne sont pas les seuls à critiquer la politique du gouvernement. Plus de 600 scientifiques ont écrit à Rishi Sunak, et ce pour la deuxième fois après avoir été ignorés par le Premier ministre en mars, pour l’inciter à bloquer les nouvelles approbations de nouveaux champs pétroliers et gaziers.

« Soutenir la capture carbone » 

En déplacement lundi dans l’Aberdeenshire, dans le nord-est de l’Ecosse, pour soutenir la création d’une usine de captation de carbone, le Premier ministre britannique a envoyé un message clair : le décarbonation de l’économie du pays passera non pas par la réduction des émissions carbone mais par leur captation.

L’usine d’Aberdeenshire pourra, quand elle sera achevée, capturer un million de tonnes de dioxyde de carbone par an et le stocker dans des puits de pétrole épuisés sous la mer du Nord. Cela équivaut à la captation de CO2 d’environ 40 millions d’arbres.

Le Giec estime la capture carbone comme une voie indispensable pour atteindre la neutralité carbone en 2050, notamment pour réduire l’impact des industries aux émissions incompressibles comme l’aviation.

Dans sa feuille de route pour atteindre l’objectif « Net zero by 2050 », l’Agence internationale de l’énergie indique que l’humanité devra capter 7,6 milliards de tonnes de CO2, soit 20% des émissions actuelles, pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Pourtant, comme le déplore Just Stop Oil : « chaque nouvelle licence pétrolière ou gazière rend l’objectif de zéro émission nette plus difficile à atteindre et le réchauffement global plus difficile à arrêter ».

Certains experts du Giec mettent en garde contre la mal-adaptation que peut générer ce type de technologie. La capture carbone favorise les entreprises pollueuses qui peuvent générer des crédits carbone ce qui leur permet de compenser leurs émissions.

« Cette technologie non éprouvée est un fantasme d’entreprise qui, selon les gros pollueurs, signifie qu’ils n’ont pas à apporter de changements aux activités qui détruisent le climat comme d’habitude » a déclaré Alex Lee, militant pour le climat des Amis de la Terre en Ecosse.

Selon Doug Parr, « aucune quantité de captage et de stockage du carbone, dont le Premier ministre s’enthousiasme aujourd’hui, ne rendra cela acceptable » a-t-il expliqué sur Twitter.

Le mois de juillet est le mois le plus chaud jamais enregistré. Les nouvelles exploitations d’énergies fossiles sont chacune des nouvelles « bombes climatiques ». Pourtant aucun gouvernement ne semble vouloir envisager des changements systémiques. La perspective d’une croissance économique faible terrorise bien plus que le réchauffement climatique.

Selon Just Stop Oil, ces nouvelles licences constituent « 100 nouveaux crimes contre l’humanité ». 

Florian Grenon  7 août 2023

https://lareleveetlapeste.fr/

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07 août 2023 ~ 0 Commentaire

alam (afps)

alam (afps) dans Altermondialisme

Sortie en salle du film Alam / le drapeau le 30 août 2023

C’est avec enthousiasme que l’AFPS a accepté d’être partenaire de la promotion du film de Firas Khoury « Alam ». On y retrouve une approche très intéressante de l’identité palestinienne chez les Palestiniens de 48 et particulièrement dans la jeunesse, en lien avec l’histoire de la Nakba. Le film de Firas Khoury pose une série de questions sur la place de ces jeunes dans la société israélienne et sur les tentatives de celle-ci pour leur faire perdre leur identité palestinienne.

Programmé par le prestigieux festival international du film de Toronto (TIFF) en 2022, Alam, qui signifie drapeau en français, poursuit sa reconnaissance à l’international et en France où il a remporté le Grand Prix du long métrage de fiction au Festival international du film d’éducation.

De symboles, il en est question tout au long du film puisque Tamer, Maysaa et leurs trois autres camarades décident de remplacer, le jour de la création de l’État d’Israël, le drapeau israélien hissé au-dessus de leur école par le drapeau palestinien.

Il sera à l’affiche des salles françaises à partir du 30 août 2023 grâce au distributeur de films indépendants JHR films.

Pays de production : France, Palestine, Qatar, Arabie Saoudite, Tunisie | Fiction de 109’ | VOSTFR



Synopsis : Tamer est Palestinien et vit en Israël. Il mène avec ses amis la vie d’un lycéen insouciant jusqu’à l’arrivée de la belle Maysaa. Pour lui plaire Tamer accepte de prendre part à une mystérieuse opération drapeau à la veille de la fête d’Indépendance israélienne, jour de deuil pour les Palestiniens.

Note d’intention du réalisateur : Dans ce film, je souhaite mettre en avant la jeunesse palestinienne, qui a choisi volontairement et malgré tout de faire de sa lutte pacifique contre l’injustice sa vocation première. Les lycéens à l’âme courageuse sont devenus une grande source d’inspiration pour moi, depuis que j’ai commencé à les suivre et à les observer ces dernières années. Ce qui distingue, à mon avis, les jeunes Palestiniens des autres adolescents dans leur quête typique d’autodéfinition, c’est leur souhait persistant de mettre fin à l’occupation, considérant cette question comme le principal facteur de conflit de leur identité. Les adolescents palestiniens d’aujourd’hui, la troisième génération de la « Nakba » (la catastrophe palestinienne), se sont révélés plus cohérents que leurs propres parents dans leur lutte contre l’establishment qui viole leurs droits.

Firas Khoury : Scénariste et réalisateur palestinien de 39 ans, diplômé de l’Université de Tel-Aviv en master cinéma, Firas Khoury a déjà plusieurs courts métrages à son actif. Parmi ceux-ci : Seven Days in Deir Bulus (documentaire 42’) et Suffir (Yellow Mums) (fiction, 32’). Son dernier court métrage, Maradona’s legs, a été projeté en première mondiale au Festival International de Palm Springs. Parallèlement à son activité de réalisateur, Firas Khoury s’engage sur la diffusion des films palestiniens et sur la formation des jeunes. C’est ainsi qu’il est l’un des membres fondateurs du « Groupe Falastinema » qui développe des ateliers de cinéma et des projections dans toute la Palestine. Il a aussi enseigné l’expression cinématographique à l’École de cinéma du Théâtre de la Liberté dans le camp de réfugiés de Jénine, à l’Université de Nazareth et à l’Aimashgal de Haïfa, mais également à Tunis.

https://www.france-palestine.org/

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02 août 2023 ~ 0 Commentaire

agrivoltaisme (silence)

melenchon marque jaune

L’agrivoltaïsme, entre pression financière et conflits d’intérêts

Depuis quelques années, les industriels de l’électricité se ruent vers les terres agricoles pour installer des panneaux solaires. Quels sont les acteurs impliqués et quels conflits d’intérêts se jouent à travers les différentes étapes du projet ? Décryptage.

« Il y a une course à l’agrandissement et au gigantisme », constate Valentine Grunwald, prospectrice de terrains pour des projets photovoltaïques au sol jusqu’en 2022 dans une société de production d’électricité renouvelable. En moins de 2 ans, elle a vu la surface minimale recherchée par projet dans cette entreprise être multipliée par cinq. Une grande partie des projets font des dizaines d’hectares de panneaux, et certains dépassent même les 150 ha. (1)

Alors qu’à l’origine, les projets portaient principalement sur des « terres dégradées », des anciennes carrières ou friches industrielles par exemple, la plupart des projets concernent désormais des terres agricoles. Pourtant, d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il y aurait encore assez de toits et de zones artificialisées pour atteindre les objectifs de production d’électricité renouvelable (2). Alors pourquoi menacer des terres nourricières ?

« Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de terrains dégradés disponibles, mais parce les développeurs ont de nouveaux critères (de taille, de puissance, de rentabilité) qui ne sont plus satisfaits, explique Valentine Grunwald. Les projets sur terrains dégradés sont plus petits et plus contraignants. Ils demandent autant de travail que les grand sites agricoles, pour un gain d’argent beaucoup moins important. Le solaire sur terre agricole est bien plus avantageux. »

Une manne financière pour de grands propriétaires

Si les industriels présentent la production d’électricité solaire comme une aide pour les agricultrices, qui leur assurerait un complément de revenu, cette manne financière bénéficie principalement aux plus grands propriétaires fonciers. « Cette industrie photovoltaïque vise des personnes qui ont l’appât du gain, ainsi que les agriculteurs endettés dans des grandes fermes conventionnelles, qui voient là une solution à leurs problèmes financiers, constate Valentine Grunwald. En ne visant que les grosses exploitations, cette industrie encourage un modèle d’agriculture peu vertueux. »

« Plusieurs fois en rendez-vous sur les terrains, j’arrivais devant un homme d’affaire en costar-cravate ou un comte arborant une montre Maserati, se souvient l’ex-prospectrice. Dans beaucoup de cas, ceux qui récupèrent de l’argent, c’est ceux qui en ont déjà. Ce qui me peinait, c’était quand des petits agriculteurs nous appelaient pour nous dire : ‘J’ai 3 000 m2 de toitures, j’ai vraiment besoin d’aide financièrement !’, et que l’on refusait d’installer des panneaux chez eux car ce n’était pas assez rentable. »

Des recherches financées par des industriels

Les industriels de l’électricité promettent également de nombreux bénéfices agronomiques pour la pousse de l’herbe, la protection contre les aléas climatiques ou encore le bien-être animal. « On adore se vanter des études que l’on fait, mais on les a lancées très récemment. En pratique, on n’a pas beaucoup de résultats, précise Valentine Grunwald.

Les études que l’on utilisait comme arguments d’autorité face aux agriculteurs et aux élus ont des conflits d’intérêts et ne sont pas vérifiées par la communauté scientifique. On les présentait comme des études irréfutables alors qu’elles étaient souvent bancales, partielles ou inachevées. »

Qu’en est-il de la recherche académique ?

Les recherches menées à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) se font en partenariat avec des groupes privés, tels que Sun’R, PhotoSol ou encore Engie Green, par exemple (3). L’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) participe également à un programme de recherche en partenariat avec… TotalEnergies renouvelables ! « Non seulement on peut questionner leurs résultats, mais en plus, on sélectionnait ce qui nous convenait pour aller dans le sens de notre discours », témoigne la jeune ingénieure.

Les panneaux solaires dans les champs soumettent l’agricultrice à de nombreuses contraintes et entraînent un risque qu’il ou elle diminue, voire arrête son activité, la production d’électricité lui procurant des revenus suffisants. Ainsi, il est particulièrement difficile de concilier les panneaux et des cultures, car ils gênent le passage des machines. « Dès qu’il fallait faire des efforts pour que le projet soit plus adapté à l’agriculture, on laissait tomber, estime Valentine Grunwald. On disait aux agriculteurs d’aller faucher ailleurs ou d’acheter du foin avec l’argent du photovoltaïque pour simplifier le projet. C’est de l’agriculture caution. Notre seule considération est économique. Il n’y en a aucune pour les agriculteurs derrière, dont l’outil de travail est spolié. »

« On est amené à faire des compromis à plein d’étapes »

« Les développeurs ont le rapport de force économique en leur faveur », constate Guillaume Schmitt, consultant pendant deux ans dans un bureau d’étude sur des projets photovoltaïque. Nuancé, l’ingénieur agronome a pu voir certains projets qu’il juge assez cohérents d’un point de vue agricole, fondés sur un dialogue avec un·e agriculrice, même si d’autres projets n’en tiennent absolument pas compte.

Ainsi, le projet de la société Cryo à Champvert dans la Nièvre prévoit d’installer 189 hectares de panneaux sur 4 potentielles exploitations, alors qu’aucune agricultrice ne participe au projet ! Avec la caution de la chambre d’agriculture, la préfecture a délivré un permis de construire, sans garantie que des agricultrices s’installent réellement un jour sur ces terres qui seront recouvertes de panneaux.

Les bureaux d’étude ont pour mission de mesurer l’impact des projets sur l’environnement ou sur l’économie agricole, puis de proposer des mesures pour éviter, réduire et compenser les effets négatifs des panneaux solaires sur le milieu de vie ou la production agricole. Si les bureaux d’études se revendiquent généralement « totalement neutres et indépendantes » parce qu’ils ont plusieurs clients, ils restent rémunérés par les industriels. « Dans une réunion, il est difficile de démonter le projet devant notre client, porteur de ce même projet », témoigne Guillaume Schmitt.

« Lorsque l’on réalise l’étude, on est amené à faire des compromis à plein d’étapes ». Par exemple, les consultant·es peuvent gonfler ou amoindrir les rendements en blé pour modifier le montant de la compensation agricole, selon les pressions du porteur de projet ou de la chambre d’agriculture. « Le but des bureaux d’étude, c’est que le projet reçoive un avis positif en commission. On est félicité quand c’est le cas. »

Une fois les études réalisées, la CDPENAF rend un avis sur le projet, généralement suivi par la préfecture chargée d’instruire les permis de construire. Les chambres d’agriculture, qui orientent globalement l’avis de la commission, sont également soumises à des conflits d’intérêts. Elles bénéficient souvent, directement ou indirectement, de financements lors de la mise en place de projets photovoltaïques. Pour compenser les dommages des panneaux solaires sur l’agriculture, les industriels de l’énergie doivent notamment réaliser une « compensation collective agricole », c’est-à-dire verser une certaine somme dans un fonds, qui géré la plupart du temps par la chambre d’agriculture locale pour financer des projets agricoles sur son territoire, tels que des projets d’irrigation par exemple. « Des chambres d’agriculture voient dans ces installations solaires des retombées économiques qui leur permettent de financer d’autres projets », explique Guillaume Schmitt.

Des chambres d’agriculture soumises à des conflits d’intérêts

Le consultant a pu être témoin de ces conflits d’intérêts, lorsqu’il travaillait sur la compensation d’un projet porté par Engiegreen de centrale au sol sur 20 hectares à Volgelsheim, dans le Haut-Rhin, en 2020. Juste avant la commission chargée de donner un avis sur le projet, Guillaume Schmitt apprend que les accords convenus sur la compensation agricole ont été modifiés à la dernière minute. La condition de suivre l’effet des panneaux sur l’élevage a été supprimée et son montant a été augmenté au maximum, soit 117 000 euros. La raison ? Une semaine plus tôt, un élu de la chambre et un haut responsable d’EngieGreen ont mangé ensemble. « On m’a expliqué qu’ils se sont arrangés entre eux », se souvient l’ingénieur agronome. « Lors de commission, tout le monde parlait de ce dîner comme si de rien n’était. C’est de la corruption ! ». La commission, dans laquelle siège la chambre d’agriculture, a rendu un avis positif sur le projet.

Le cas de la chambre d’agriculture de la Nièvre est particulièrement emblématique. À chaque projet, elle demande à la société photovoltaïque une rémunération pour réaliser un audit et assurer le suivi du projet lorsqu’il est lancé (4). Et ça ne s’arrête pas là. Elle a négocié en plus pour que la « compensation agricole » abonde un fonds appelé Gufa, avec lequel elle finance directement ses projets agricoles. Avec de tels intérêts financiers, la chambre d’agriculture de la Nièvre a voté en février 2021 en faveur de l’installation de panneaux solaires sur pas moins de… 2 000 ha de terres agricoles !

Des services de l’État face au flou de la réglementation

« C’est assez dur de se positionner sur des projets sans définition précise de l’agrivoltaïsme », constate Jules Rouhaut*, fonctionnaire dans une Direction départementale des territoires (DDT), chargé d’étudier les projets « agrivoltaïques » pour que la préfecture puisse décider d’instruire ou non un permis de construire. Jusqu’à présent, la réglementation autorisait les projets photovoltaïques sur des terres agricoles, à condition qu’ils « maintiennent une activité agricole significative ». Mais que veut dire « significative » ? À chacun·e son interprétation ! « On a reçu beaucoup de projets pas sérieux, avec des ‘pseudo-exploitants’, absolument pas formés à l’agriculture », témoigne Jules Rouhaut.

Non seulement on fait flamber les prix du des terres agricoles, mais les montants des loyers versés par les industriels de l’électricité peuvent eux aussi dissuader les propriétaires de louer ou vendre leurs terres à des agricult·rices. Jules Rouhaut a pu observer cette situation dans l’un des projets reçus : « On suppose que le propriétaire attendait que la zone devienne urbanisée ou qu’il y ait un projet de photovoltaïque. Il refusait de faire un bail rural à un agriculteur car ce contrat est très protecteur. On a émis un avis négatif car le contraire aurait envoyé aux autres propriétaires un signal favorable à la rétention foncière. »

Vers une accélération de électricité solaire sur terres agricoles

Cette réglementation floue a laissé une grande place à l’interprétation entre les départements, souvent influencée par la position de la chambre d’agriculture locale. Initialement réticente à ce genre de projets, la DDT où travaille Jules Rouhaut a de plus en plus de mal à résister à ce phénomène, sous l’effet des pressions des développeurs, qui déposent de plus en plus de projets sur des terres agricoles, et du national, qui cherche à atteindre ses objectifs de production d’énergies renouvelables.

Adoptée en mars 2023, la loi d’accélération de production d’énergie renouvelable vient de donner un feu vert pour renforcer le photovoltaïque sur terres agricoles. (5) En plus de légitimer le terme « agrivoltaïsme », la loi autorise également des projets photovoltaïques sur des terres dites « incultes ». La Confédération paysanne Val de Loire dénonce ce concept utilisé par les industriels, car elle considère que l’élevage s’est développé en grande partie sur des terres pauvres. « Dans certains territoires, autoriser le photovoltaïque dans ces conditions revient à condamner une agriculture qui lutte pour perdurer, y compris une agriculture vertueuse comme la polyculture-élevage », alerte le syndicat.

Par ailleurs, les tarifs de rachat de l’électricité solaire ont évolué. Jusqu’à présent, l’État rachetait l’électricité produite sur les toitures ou les terrains dits « dégradés » à des tarifs garantis sur 30 ans mais ne rachetait pas l’électricité solaire produite sur des terres agricoles ou forestières (6). À partir du mois d’octobre 2023, l’électricité produite sur des terres agricoles pourra bénéficier du même tarif de rachat que celle produite sur des toits, garanti sur 30 ans, ce qui représente une sécurité extrêmement incitative pour les industriels !

Avec des perspectives politiques et économiques si réjouissantes, de plus en plus de grands groupes, même s’ils sont très éloignés du domaine de la production d’électricité, lancent des projets photovoltaïques sur des terres agricoles, qu’ils possèdent ou qu’ils achètent. C’est le cas du groupe Casino, avec sa filiale Greenyellow, ou encore du groupe de transport Malherbe, avec sa filiale Samsolar. Face à un tel essor des panneaux solaires sur des terres nourricières, des collectifs et organisations de paysan·nes, d’habitant·es et d’écologistes se mobilisent localement partout en France.

* Le prénom et le nom ont été modifiés pour des soucis de confidentialité, cette personne risquant des préjudices dans son travail au sein des services de l’État.

  •   juillet 2023 Lola Keraron

https://www.revuesilence.net/

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21 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

microplastiques (reporterre)

Nos corps sont contaminés par des microplastiques dangereux

Nos corps sont contaminés par des microplastiques dangereux

Les microplastiques sont partout : dans notre environnement, notre eau, nos aliments et même notre organisme. Et les preuves scientifiques s’accumulent quant à leur nocivité pour notre santé.

Vous lisez l’enquête « Le plastique tout-puissant ».

On en mange, on en boit, on en inspire et on s’en badigeonne… La question n’est donc plus de savoir si nous absorbons des microplastiques, mais plutôt lesquels et en quelles quantités. « Les microplastiques sont préoccupants pour la santé humaine à cause des substances problématiques qu’ils contiennent, mais aussi à cause d’effets mécaniques, sachant que les plus petits peuvent se retrouver dans l’organisme. Des premières études chez l’Homme ont montré leur présence dans les poumons, le sang, le placenta », explique Guillaume Duflos, de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Pour tenter de quantifier notre part en plastique, les scientifiques regardent combien on en ingère. En 2019, une campagne du WWF affichait l’équivalent d’une carte de crédit (5 grammes) par semaine, une quantité aujourd’hui plutôt revue à la baisse. L’équipe scientifique à la source de ce chiffre propose une fourchette allant de 0,1 à 5 grammes, selon son étude publiée en février 2021.

Des variations sur les quantités d’ingestion sont aussi observées selon les régions du monde, le régime alimentaire et même l’âge. Les jeunes enfants ingèreraient plus de microplastiques que les adultes, selon une étude menée dans l’État de New York en 2021 : en un an, plus d’un million de particules de microplastiques ont été retrouvées dans les fèces de bébés, deux fois plus que pour les adultes.

Un effet sur les micro-organismes des intestins

D’une taille de 1 micromètre à 5 millimètres — en comparaison, le diamètre d’un cheveu mesure 5 micromètres —, les microplastiques sont soit ajoutés intentionnellement dans les produits, soit plus généralement des fragments de matières plastiques qui se dégradent. Ils sont alors susceptibles de contenir les mêmes substances toxiques, en particulier les nombreux additifs ajoutés pour conférer aux plastiques des propriétés spécifiques — les rendre plus souples ou plus rigides par exemple. Parmi les plus dangereux, on retrouve les phtalates, bisphénols, perfluorés, etc.

Ces substances qui agissent pour certaines à faibles doses préoccupent les toxicologues. « L’Anses développe des méthodes pour quantifier ces additifs dans les microplastiques, mais il y en a des milliers. Leur identification est d’autant plus difficile que les fabricants ne donnent pas d’information sur les substances qu’ils utilisent », précise Guillaume Duflos. La Commission européenne est en train de légiférer pour interdire les microplastiques intentionnellement ajoutés dans les produits par les fabricants.

« Les microplastiques ont aussi une action mécanique. Chez la souris, on sait en particulier que l’ingestion du plastique provoque une inflammation du système digestif », poursuit l’expert. Un effet sur le microbiote intestinal humain vient aussi d’être montré par deux équipes françaises, dans une étude publiée début 2023 : après quinze jours d’exposition quotidienne au polyéthylène, la matière plastique la plus commune, la composition et l’activité du microbiote changent.

« Nos résultats montrent le développement de certaines bactéries potentiellement pathogènes. On a également observé une modification de l’activité du microbiote, avec des variations liées à l’âge. En particulier, une diminution de la production de butyrate, un acide gras à chaîne courte [bon pour la santé] chez l’enfant », complète la première autrice de l’étude, Elora Fournier, de l’équipe Medis de l’université de Clermont Auvergne. Qui précise : « Pour observer les effets chez l’humain, on a reproduit dans un modèle in vitro les conditions physico-chimique et microbiennes d’un côlon humain avec le microbiote de donneurs adultes ou enfants. »

Des nanoplastiques dans les cellules

Cette recherche vient confirmer celles faites sur les animaux, où « des déséquilibres de la flore intestinale sous l’effet d’ingestion de microplastiques ont été observés », précise Muriel Mercier-Bonin, directrice de recherche à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) , qui souligne que « les études animales montrent que les microplastiques peuvent se retrouver dans différents organes ». Chez la souris, ils passeraient même la barrière hématoencéphalique du cerveau — une barrière qui isole le cerveau du reste de l’organisme —, selon une étude publiée en avril dernier.

Autre préoccupation sanitaire, l’effet des plastiques à l’échelle encore inférieure, celles des nanoplastiques. « Les nanoplastiques peuvent entrer au niveau cellulaire. Une première étude montre des risques de génotoxicité [c’est-à-dire la faculté d’une substance à endommager l’ADN]. Mais ces premiers résultats restent à confirmer », dit Guillaume Duflos, qui pointe la difficulté de déceler ces éléments dans l’organisme. Le chercheur rappelle aussi le défi d’étudier sans biais les effets du plastique « dans un monde de plastique. Cela demande aux scientifiques de revoir leur méthode de travail pour éviter la contamination de leurs échantillons avec tout le plastique présent dans leurs laboratoires. Il faut changer les équipements, revêtir des combinaisons de travail en coton ».

Chercheuse au sein du laboratoire Toxalim, Muriel Mercier-Bonin rappelle que l’alimentation est une des premières sources de notre exposition aux microplastiques, alors que des analyses en retrouvent dans la viande, dans les produits laitiers, dans les fruits et légumes, dans l’eau du robinet et dans l’eau en bouteille, dans la bière et le miel… Sources auxquelles s’ajoutent les cosmétiques et les substances inhalées. Respirer peut même représenter la première source d’exposition, selon une étude canadienne de 2019. « On sait aujourd’hui que les microplastiques se retrouvent dans tous les compartiments de l’environnement », insiste Guillaume Duflos.

Tristement, le taux de plastique au mètre carré retrouvé dans l’air des Pyrénées ariégeoises est équivalent à celui de l’air parisien, selon une autre étude du CNRS de 2019. Et plus on cherche, plus on trouve : « D’ici la fin de l’année, l’Ademe [Agence de la transition écologique] aura des données sur la contamination des sols agricoles et des déchets organiques agricoles, d’élevages, des composts… », annonce Isabelle Deportes, ingénieure à l’Ademe.

Malgré tous ces signaux au rouge, les chercheurs restent prudents sur l’extrapolation des effets observés en laboratoire à la population. La multiplication des publications scientifiques sur le sujet devrait progressivement combler ce manque. Mais une certitude s’impose déjà, il faut sortir de toute urgence de l’ère du plastique.

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19 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

activistes (basta!)

ecolo

Quand les activistes écologistes font face à « un droit pénal d’exception »

Après la dissolution des Soulèvements de la Terre le 21 juin, une trentaine d’activistes écologistes proches du mouvement font maintenant face à des procédures judiciaires. Un photojournaliste qui couvrait une action a aussi été mis en examen.

L’offensive contre les activistes proches des Soulèvements de la Terre ne s’est pas arrêtée à la dissolution du mouvement par le gouvernement le 21 juin (ils vont la contester devant le Conseil d’État). Une trentaine de personnes avaient été interpellées et placées en garde à vue début juin et durant la semaine du 20 juin dans l’enquête sur l’action contre la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air fin 2022 et dans celles sur des rassemblements contre les mégabassines de fin 2022 et de Sainte-Soline en mars 2023.

Les motifs d’interpellation vont d’« organisation de manifestation illégale » pour les cortèges contre les mégabassines à Sainte-Soline en octobre 2022 et mars 2023 à « dégradations en bande organisée » et « association de malfaiteurs » pour l’action à l’usine du cimentier Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) en décembre 2022.

Deux personnes ont été déférées en comparution immédiate. L’une a été condamnée à dix mois de prison ferme. L’autre, Loïc Schneider, est en détention préventive d’ici à son procès, le 27 juillet. Il risque sept ans de prison. Les autres personnes interpellées à ce moment-là sont ressorties libres de toute poursuite après des gardes à vue qui ont pu durer jusqu’à 96 heures.

Toutefois, deux personnes ont par la suite été convoquées par le juge d’instruction à Aix-en-Provence le 11 juillet, au sujet de l’action dans la cimenterie Lafarge. Elles ont été mises en examen pour « dégradations en bande organisée » et « association de malfaiteurs ». L’une d’entre elles, Yoan Jäger-Stuhl, est photojournaliste et couvrait l’action contre l’usine Lafarge. Il avait en amont de sa mise en examen subi une garde à vue de 55 heures .

Le Syndicat national des journalistes a dénoncé cette mise en examen. « Dans les faits, ce reporter photographe a suivi les militants pour un travail journalistique diffusé ensuite dans plusieurs médias dont Libération, souligne le SNJ dans un communiqué. Le SNJ rappelle qu’un journaliste ne doit pas être assimilé à un militant alors qu’il est présent dans le but de rendre compte. »

Plusieurs convocations à se présenter en gendarmerie ont aussi été adressées à huit personnes – représentants syndicaux et associatifs mais aussi militants des Soulèvements de la Terre – le 28 juin. Sept d’entre elles seront jugées devant le tribunal correctionnel de Niort le 8 septembre prochain pour l’organisation des manifestations du 29 octobre 2022 et du 25 mars 2023 à Sainte-Soline.

« Qualification fourre-tout de “bande organisée” »

Dans l’ensemble de ces affaires, Claire Dujardin, avocate au barreau de Toulouse et présidente du Syndicat des avocats de France, voit un recours à un « droit pénal d’exception ». « La qualification fourre-tout de “bande organisée” permet d’avoir recours à une garde à vue de 96 heures parce qu’elle fait rentrer la procédure dans le droit pénal d’exception, détaille l’avocate. C’est une dérive. Les enquêteurs savent très bien que cette circonstance ne tiendra pas en fin de procédure. Leur véritable objectif est d’avoir accès aux moyens du renseignement pour l’enquête. »

« Il existe une volonté ferme de criminalisation du mouvement social, affirme aussi Julie Gonidec, avocate au barreau de Marseille et membre du Collectif action judiciaire, un groupe d’avocat·es militant·es. Gérald Darmanin [ministre de l’Intérieur] n’a eu de cesse d’employer des termes comme “terrorisme intellectuel d’extrême gauche” ou “écoterrorisme”. Ça contribue à un climat général de répression. »

Avec l’extension des critères de dissolution d’associations ou groupements de fait, « c’est la superposition de divers dispositifs, comme la loi “Séparatisme” par exemple, qui amène à une offensive contre les militants et d’importants secteurs de la population, à commencer par les quartiers populaires », s’inquiète en écho Julie Gonidec.

Dans le Code pénal actuel, la définition des actes de terrorisme intègre notamment les « destructions, dégradations et détériorations » sans plus de précisions sur leur nature, si ce n’est qu’elles doivent être « en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ». La qualification de terrorisme avait été utilisée contre les activistes en cause dans l’affaire de Tarnac, avant que tous les prévenus ne soient relaxés à l’issue du procès.

« Une volonté d’affichage politique »

« Il n’y a même plus besoin de recourir à cette qualification du terrorisme, comme dans l’affaire de Tarnac », explique Claire Dujardin. « Le recours à la notion de “bande organisée”, un terme très large, focalisé sur la dangerosité et les actions de préparation en vue d’une action, suffit aujourd’hui pour dérouler des moyens de surveillance et de répression. »

D’autres procès de militants sont à venir. Le 27 juillet, trois personnes dont le maraîcher actuellement en détention préventive Loïc Schneider seront jugées devant le tribunal correctionnel de Niort au sujet du rassemblement de Sainte-Soline le 25 mars 2023. Trois autres personnes seront ensuite jugées le 21 septembre, toujours à Niort et toujours en lien avec Sainte-Soline.

Pour Julie Gonidec, ces procès révèlent surtout « une volonté d’affichage politique ». L’avocate toulousaine Claire Dujardin rappelle aussi l’impact humain des procédures : « Cette judiciarisation par défaut est dramatique et extrêmement grave. Cela a des conséquences concrètes sur la vie de personnes qui se retrouvent privées de liberté, en détention ou sous contrôle judiciaire, alors que le dossier est le plus souvent vide ».

Nils Hollenstein 19 juillet 2023

https://basta.media/

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09 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

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Aux États-Unis, de moins en moins de restrictions au travail des mineurs

Un mouvement visant à affaiblir les protections en matière de travail des mineurs émerge depuis l’an passé aux États-Unis à l’échelle des États. En juin 2023, l’Arkansas, l’Iowa, le New Jersey et le New Hampshire ont déjà légiféré en ce sens. Au moins huit autres États avaient introduit des mesures similaires. Ces lois permettent généralement aux jeunes de 14 à 17 ans de travailler plus longtemps et plus tard, et dans des professions qui étaient auparavant interdites aux mineurs.

Lorsque Kim Reynolds, gouverneure de l’Iowa, a signé la nouvelle loi de son État sur le travail des enfants, plus permissive, le 26 mai 2023, la dirigeante, membre du Parti républicain a déclaré que la mesure « permettrait aux jeunes adultes de développer leurs compétences sur le marché du travail ».

Spécialistes du travail des enfants, nous remarquons que les arguments utilisés par M. Reynolds et d’autres leaders politiques pour justifier la suppression des protections du travail des enfants renvoient à des justifications plus anciennes, datant de plusieurs dizaines d’années.

Au cours de l’histoire, de nombreux chefs d’entreprise ont longtemps soutenu, sur la base d’une combinaison de motifs idéologiques et économiques, que les règles fédérales en matière de travail des enfants n’étaient pas nécessaires. Certains s’opposent même à ce que le gouvernement détermine qui ne peut pas travailler.

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Les plus conservateurs affirment que le travail a une valeur morale pour les jeunes et que c’est aux parents de prendre des décisions pour leurs enfants. De nombreux conservateurs affirment également que les adolescents, moins nombreux sur le marché du travail aujourd’hui qu’au cours des dernières décennies, pourraient aider à pourvoir les emplois vacants dans des secteurs en tension.

Un combat de longue haleine

Les protections du travail des enfants, telles que l’interdiction de nombreux types d’emploi pour les enfants de moins de 14 ans et la limitation du nombre d’heures de travail pour les adolescents de moins de 18 ans, sont garanties par la loi de 1938 sur les normes de travail équitables, le Fair Labor Standards Act.

Jusqu’alors, l’absence de lois entravait les progrès réalisés dans les États pour maintenir les enfants à l’école et les éloigner des mines, des usines et d’autres lieux de travail parfois dangereux. Trois ans après que le président Franklin D. Roosevelt a promulgué le texte, la Cour suprême l’a confirmé à l’unanimité dans l’arrêt U.S. v Darby Lumber, qui a marqué un renversement de jurisprudence.

Pendant les quatre décennies qui ont suivi, aucune contestation notable ne s’est fait entendre. C’est en 1982 que le président Ronald Reagan a commencé à chercher à assouplir les protections fédérales pour permettre aux jeunes de 14 et 15 ans de travailler plus longtemps dans les établissements de restauration rapide et de vente au détail, le tout rémunéré moins que le salaire minimum. Une coalition de démocrates, de syndicats, d’enseignants, de parents et de groupes de développement de l’enfant a bloqué les changements proposés.

À la fin des années 1980, les violations de la loi se sont malgré tout multipliées. Certains groupes industriels ont tenté d’assouplir les restrictions dans les années 1990, mais les changements juridiques ont été minimes. Au début des années 2000, une tentative plus ambitieuse de faire reculer les lois sur le travail des enfants, menée par un groupe militant pour la scolarisation à domicile, a finalement échoué, mais les conservateurs ont continué à réclamer des changements en la matière.

En 2012, Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, alors en lice pour devenir candidat républicain à la présidence, a fait la une des journaux en qualifiant les lois sur le travail des enfants de « vraiment stupides ». Il a par exemple suggéré que les enfants puissent travailler comme concierges dans les écoles.

Aujourd’hui, le Washington Post rapporte que la Foundation for Government Accountability, un groupe de réflexion basé en Floride, est en train de rédiger une législation d’État visant à supprimer les protections relatives au travail des enfants. Son organe de lobbying, l’Opportunity Solutions Project, a contribué à faire passer ces projets de loi dans les assemblées législatives des États, notamment dans l’Arkansas et le Missouri.

Machine arrière dans l’Iowa et l’Arkansas

À nos yeux, c’est l’Iowa qui a mis en place la loi la plus radicale pour faire reculer les protections du travail des enfants. Elle permet à des enfants de 14 ans de travailler dans des refroidisseurs de viande et des blanchisseries industrielles, et à des adolescents de 15 ans de travailler sur des chaînes de montage à proximité de machines dangereuses. Des adolescents de 16 ans peuvent désormais servir de l’alcool dans les restaurants de l’État, à condition que deux adultes soient présents.

Certes, les fonctionnaires du ministère américain du Travail affirment que plusieurs dispositions de ce nouveau texte sont contraires aux normes nationales. L’administration centrale n’a toutefois pas dévoilé de stratégie claire pour lutter contre ces violations.

Dans l’Arkansas, les permis de travail pour les jeunes de 14 et 15 ans ont été supprimés avec la signature au mois de mars par la gouverneure Sarah Huckabee Sanders du Youth Hiring Act. Auparavant, les employeurs devaient conserver dans leurs dossiers un certificat de travail exigeant une preuve de l’âge, une description du travail et des horaires, ainsi que le consentement écrit d’un parent ou d’un tuteur. Il peut ici sembler curieux que les partisans du projet de loi le présentent comme un renforcement des droits parentaux dans la mesure où la loi supprime tout rôle formel des parents dans l’équilibre entre l’éducation et l’emploi de leurs enfants.

Pourquoi dans ces cas la loi fédérale ne l’emporte-t-elle pas sur les lois des États ? Les lois fédérales fixent un plancher de réglementation en matière d’emploi des jeunes, qui couvre les heures maximales, l’âge minimum, les salaires et la protection contre les emplois dangereux. Si les États adoptent des lois plus strictes, comme beaucoup l’ont fait, les normes les plus strictes régissent les pratiques sur le lieu de travail. La loi fédérale, par exemple, n’exige pas que les mineurs obtiennent des permis de travail ou des certificats d’emploi, mais la plupart des États rendent ces documents obligatoires.

Faire fi des normes fédérales ?

Cela n’empêche pas certains États de vouloir adopter des lois qui entrent directement en conflit avec les normes fédérales. Les législateurs de l’Ohio veulent permettre aux jeunes de 14 et 15 ans de travailler jusqu’à 21 heures pendant l’année scolaire avec l’autorisation de leurs parents, alors que la réglementation fédérale interdit aux adolescents de cet âge de travailler au-delà de 19 heures. Un projet de loi présenté par le sénateur républicain de l’État du Minnesota, Rich Draheim, autoriserait les jeunes de 16 et 17 ans à travailler sur des chantiers de construction ou à proximité.

La forte opposition des politiciens, des groupes de défense des enfants, des associations éducatives, des syndicats et du public a fait échouer certains de ces projets. Les opposants soulignent que lorsque des enfants de moins de 18 ans travaillent de longues heures ou effectuent des tâches pénibles, cela peut perturber leur développement, mettre leur santé en péril, interférer avec leur scolarité et les priver du sommeil dont ils ont besoin.

Les républicains de Géorgie ont présenté un projet de loi qui aurait supprimé les permis de travail pour les mineurs, mais ils l’ont retiré sans vote. Les législateurs républicains du Dakota du Sud ont parrainé un projet de loi visant à étendre les heures de travail des enfants de 14 ans et moins de 19 heures à 21 heures. Ce projet a également été retiré.

Dans le Wisconsin, le gouverneur Tony Evers a opposé son veto en 2022 à un projet de loi qui aurait permis aux adolescents de travailler plus longtemps et plus tard. En 2023, certains législateurs du Wisconsin tentent à nouveau leur chance pour autoriser les jeunes de 14 ans à servir de l’alcool.

Des initiatives protectrices au Congrès

À l’exception du New Jersey, ces efforts visant à affaiblir les lois sur le travail des enfants sont menés par les républicains. Des gouverneurs démocrates tentent, eux, en parallèle, de renforcer les protections contre le travail des enfants. Dans le Colorado, Jared Polis a introduit une loi qui permettrait aux enfants blessés de poursuivre les employeurs pour violation de la législation sur le travail des enfants le 7 juin 2023.

Il existe également des initiatives nationales visant à affaiblir – ou à renforcer – les règles relatives au travail des enfants. Le représentant Dusty Johnson, un républicain du Dakota du Sud, pousse ainsi pour permettre aux jeunes de 14 et 15 ans de travailler jusqu’à 21 heures les soirs d’école et jusqu’à 24 heures par semaine pendant l’année scolaire. Il semble peu probable que son projet de loi soit adopté par un Congrès, aujourd’hui divisé.

À la Chambre des représentants et au Sénat, on retrouve également des pressions pour que les jeunes de 16 et 17 ans puissent travailler dans les exploitations forestières sous la surveillance de leurs parents.

Le Congrès semble néanmoins également favorable à l’augmentation des sanctions en cas de violation du droit du travail des enfants. L’adoption de lois sur le travail des enfants ne représente, en effet, qu’une moitié de la bataille. L’application de ces textes est une autre affaire.

Ces dernières années, de nombreuses infractions ont été commises, mettant en jeu des enfants qui ont immigré aux États-Unis sans leurs parents et qui se sont retrouvés à travailler de longues heures, parfois dans des emplois dangereux, alors qu’ils étaient encore très jeunes. Actuellement, l’amende maximale est de 15 138 dollars par enfant. Les projets de loi en cours de discussion porteraient la sanction à près de dix fois ce montant s’ils étaient adoptés.

Par ailleurs, plusieurs démocrates ont introduit des mesures visant à renforcer les restrictions fédérales en matière de travail des enfants, en particulier dans l’agriculture.

Une épreuve de force entre l’État fédéral et les États fédéraux légiférant en sens inverse sur la question de savoir si les jeunes Américains ont leur place sur le marché du travail paraît ainsi inévitable.

9 juillet 2023,
Betsy Wood Assistant Professor of American History, Bard College
John A. Fliter Associate Professor of Political Science, Kansas State University

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