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07 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Cisjordanie (ESSF)

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En Cisjordanie, les colons et l’armée israélienne ont attaqué 2350 fois les Palestiniens au mois d’octobre

Le mois d’octobre 2025 a été le théâtre d’une augmentation conséquente des violences coloniales en Cisjordanie. Au cœur de ces violences, les attaques à répétition contre les agriculteurs en pleine saison des olives.

Parmi les 2 350 attaques contre des Palestinien-nes, 340 agressions contre les cueilleurs d’olives ont été recensées depuis l’ouverture de la récolte, au début du mois d’octobre, d’après le chef de la Commission de résistance au mur et aux colonies Mu’ayyad Shaban. Ces attaques, initiées par les colons israéliens ou même parfois directement par l’armée d’occupation, sont la raison principale de l’explosion des violences subies par les Palestinien·nes de Cisjordanie ces dernières semaines.

Attaquer les oliviers, c’est attaquer le poumon économique de ce territoire

Les préparatifs de la saison des olives ont lieu en septembre. La récolte, elle, est lancée chaque année au début du mois d’octobre, en fonction des conditions météorologiques. En Cisjordanie, on l’appelle “Mawsim Al-Zeitoun”, littéralement la saison des olives. Dans les semaines qui précèdent l’ouverture de la récolte, les agriculteurs préparent leurs outils, en attendant les premières pluies qui adoucissent les sols.

Chaque année, plus de 100 000 familles dépendent de cette culture pour vivre. La récolte se poursuit généralement jusqu’à la fin du mois de novembre. Avant le début de l’invasion à Gaza en octobre 2023, la part des terres agricoles consacrée à la culture des olives s’élevait à près de la moitié de la surface agricole totale en Palestine, avec environ 10 millions d’oliviers plantés.

Le débouché principal de la culture des olives est bien évidemment l’huile, à 90%. Le reste de la production se partage entre transformation en savon, en objets de bois grâce aux branches notamment, ou tout simplement en olives brutes, dégustées à table.

L’olive, culture millénaire sur les terres palestiniennes, désigne à la fois un enjeu économique, mais aussi culturel et de résistance à l’occupation israélienne, qui tente d’effacer le peuple palestinien et son histoire. Connaître l’importance des olives pour la société palestinienne permet d’expliquer ces attaques à répétition d’Israël contre les Palestinien·nes qui la cultivent.

1 200 oliviers détruits depuis le début de la saison

D’après Mu’ayyad Shaban, 92 cas de restrictions de la circulation et d’intimidation de cueilleurs d’olives ont été recensés au mois d’octobre, ainsi que 59 cas d’agressions contre des agriculteurs. Il affirme que cette saison est la plus difficile saison de récolte des dernières décennies, avec des attaques encouragées par le système colonial israélien qui a notamment armé des milices coloniales évoluant sur les terres palestiniennes en Cisjordanie en semant la terreur, tout cela en toute impunité.

Autre cas symptomatique de la politique coloniale israélienne en Cisjordanie : l’imposition de zones militaires sur des terres agricoles exploitées. Ces décrets arbitraires de l’armée israélienne permettent d’interdire l’accès des agriculteurs palestiniens à leurs terres pour des motifs mensongers de sécurité. Le recours à cette méthode a fortement augmenté d’après la Commission de résistance au mur et aux colonies.

Depuis le début de la saison des olives, 125 attaques contre des terres oléicoles ont été menées. 170 opérations de découpes se sont déroulées, aboutissant à la destruction de 1200 oliviers. Le nombre d’attaques pendant la récolte augmente d’année en année. En 2022, 136 avaient été recensées. Cette année, 340 le sont déjà, avant même la fin de saison.

540 Palestiniens de Cisjordanie emprisonnés en octobre

En parallèle, les raids de l’armée israélienne continuent quotidiennement. Des opérations de démolition ont eu lieu ce matin à proximité de Jérusalem-Est. D’après des sources palestiniennes citées par Al Jazeera, les forces israéliennes ont attaqué la ville d’Al-Mughayyir à l’ouest de Ramallah.

Des raids ont eu lieu à travers toute la Cisjordanie, à Sinjil, Beit Amin, Beit Rima ou encore au nord d’Hébron. Ces opérations militaires débouchent sur des arrestations, et des victimes palestiniennes. Un adolescent de 15 ans a été tué cette nuit durant un raid de l’armée sur la ville d’Al-Yamoun, à proximité de Jénine. Il s’appelait Murad Fawzi Abu Seifen et a été assassiné par un soldat qui lui a tiré dessus.

Certains se font tuer, d’autres finissent emprisonnés. Au cours du seul mois d’octobre, 540 Palestinien-nes ont été arrêtés, dont huit femmes et 39 enfants. Actuellement, d’après les groupes de défense des droits des prisonniers palestiniens, ils sont actuellement 9250 en détention. Ce chiffre n’inclut pas ceux retenus dans les camps militaires. Parmi ces 9250 prisonniers, la majorité sont emprisonnés arbitrairement, sans aucune charge. Seuls 1242 ont été condamnés, dont 49 femmes et 350 enfants.

Pendant que l’armée attaque des villes, détruit des maisons, emprisonne et tue des civils palestiniens, les colons continuent de s’emparer des terres palestiniennes. S’ils usent à l’envi de l’intimidation et des menaces, ils n’hésitent pas non plus à tout simplement installer des clôtures autour des terres qu’ils veulent s’approprier. C’était le cas encore ce matin à Khirbet Sarma, au nord de la vallée du Jourdain. Les colons se sont mis à clôturer des terrains pourtant enregistrés officiellement au nom de citoyens palestiniens. Ces terres qui servaient notamment pour nourrir le bétail couvrent une superficie de plus de 2000m2. Un procédé scandaleux et totalement illégal mais qui illustre pourtant une pratique systématique s’inscrivant dans le vol et la colonisation sans limite des terres palestiniennes.

En mars 2024 déjà, un rapport de l’ONG B’Tselem détaillait : “Depuis le 7 octobre, Israël a intensifié la pression qu’il exerce sur des dizaines de communautés pastorales palestiniennes dans le nord de la vallée du Jourdain, afin de forcer leurs habitants à quitter leurs maisons et leurs terres.”

Depuis, la même politique de colonisation sauvage se poursuit. En Cisjordanie aussi, Israël assassine régulièrement des Palestinien·nes. Les chiffres sont seulement réduits et moins médiatisés qu’à Gaza.

L’Agence Média Palestine jeudi 6 novembre 2025  Agence Média Palestine


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07 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

AFPS (Le Tél, OF)

manif

L’AFPS de Morlaix appelle à se mobiliser contre les violations du cessez-le-feu en Palestine, samedi 8 novembre

L’association France Palestine solidarité du pays de Morlaix continue de se mobiliser et invite la population un nouveau rassemblement, samedi 8 novembre, à 16 h, place des Otages. 

L’association France Palestine solidarité du pays de Morlaix continue de se mobiliser pour défendre le peuple palestinien, à Gaza comme en Cisjordanie. Les organisateurs invitent l’ensemble des partis, associations et syndicats du pays de Morlaix solidaires de la Palestine, à un nouveau rassemblement, samedi 8 novembre, à 16 h, sur la place des Otages, à Morlaix.

« Malgré le cessez-le-feu à Gaza, signé le 13 octobre, les multiples violations de cet accord par Israël, dont l’une a fait plus de 100 morts en une nuit, et le non-respect des accords pour l’acheminement de l’aide humanitaire, sont des faits particulièrement graves et inquiétants pour l’avenir (…)

La situation en Cisjordanie est aussi d’une exceptionnelle gravité. La colonisation se poursuit à un rythme galopant, privant les Palestiniens de leur terre et de leurs moyens d’existence », analyse l’AFPS. « Cette situation dramatique exige que le mouvement de solidarité reste lucide et mobilisé.

L’AFPS, rejointe par plus de 70 organisations, a lancé un appel pour une grande manifestation nationale à Paris le samedi 29 novembre 2025 : une première en France depuis deux ans », informe l’association. Qui ajoute : « La mobilisation collective s’impose plus que jamais pour exiger : l’autodétermination du peuple palestinien (…), la fin de l’occupation, de la colonisation, de l’apartheid, des sanctions contre Israël, un cessez-le-feu définitif et la fin du génocide ».

06 novembre 2025

https://www.letelegramme.fr/

 Ploërmel, une vingtaine de personnes ont manifesté pour Gaza

Le comité ploërmelais de l’Association France-Palestine solidarité a manifesté, mercredi 5 novembre 2025, en soutien à Gaza et aux Palestiniens. Une vingtaine de personnes était présente sur la place de l’Église, à Ploërmel (Morbihan).

Depuis septembre 2025, le comité local de l’Association France-Palestine solidarité (AFPS) organise un rassemblement pour soutenir Gaza et les Palestiniens.

Hier, il avait lieu place de l’Église, à Ploërmel (Morbihan). Une vingtaine de personnes était présente. « Il y a une trêve des bombardements, mais les approvisionnements humanitaires n’arrivent qu’au compte-gouttes. À l’heure de la récolte des olives, les paysans font face aux colons israéliens qui cherchent sans cesse à gagner du terrain. On n’a pas idée de la violence qu’ils subissent au quotidien », déclare Laurent Voiturin, l’un des membres du comité. Des extraits du livre de Jean-Pierre Filiu, Un historien à Gaza, ont été lus.

De nouvelles actions ont été annoncées, notamment la projection d’un film, La Voix d’Indi, au Cinélac de Ploërmel. Mais aussi le soutien à une nouvelle flottille, intitulée La nouvelle vague, qui veut briser le blocus en 2026, avec une manifestation qui aura lieu à Guer (Morbihan), à la fin du mois

https://www.ouest-france.fr/

Blain. Mobilisés pour la Palestine

Le comité blinois de l’Association France Palestine solidarité 44 propose un ciné-débat le jeudi 6 novembre et une manifestation le samedi 8 novembre 2025.

Le comité blinois de l’Association France Palestine sSolidarité (AFPS) 44 propose deux rendez-vous : un ciné-débat le jeudi 6 novembre et une manifestation le samedi 8 novembre.

En partenariat avec le cinéma Saint-Laurent, jeudi 6 novembre, aura lieu un ciné-débat. Le film projeté sera Put your soul on your hand and walk

Ce film est le récit d’un an d’échanges à distance entre la réalisatrice Sepideh Farsi et, Fatma Hassona qui vivait à Gaza.

« Fatem Hassona m’a prêté ses yeux pour voir Gaza où elle résistait »

La réalisatrice déclare :  Ce documentaire est ma réponse, en tant que cinéaste, aux massacres en cours des Palestiniens. Un miracle a eu lieu lorsque j’ai rencontré Fatem Hassona. Elle m’a prêté ses yeux pour voir Gaza où elle résistait en documentant la guerre, et moi, je suis devenue un lien entre elle et le reste du monde, depuis saprison de Gaza comme elle le disait. L’assassinat de Fatem, le 16 avril 2025, à la suite d’une attaque israélienne sur sa maison, en change à jamais le sens .

Le comité blinois de l’AFPS 44 informe également qu’avec la Toussaint leur manifestation mensuelle est reportée au samedi 8 novembre.

 Le cessez-le-feu à Gaza est en effet très fragile. Les récents événements l’ont montré et le Plan Trump ne règle pas le problème de la Paix. C’est pourquoi rendez-vous est donné le samedi 8 novembre, à 10 h, au rond-point de la paix à Blain .

Ciné débat le jeudi 6 novembre, à 20 h 30.Samedi 8 novembre, à 10 h, au rond-point de la Paix, manifestation mensuelle.

https://www.ouest-france.fr/

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06 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Antilles (GRS)

bananes

Bris de statues : l’acharnement colonial ne réglera rien

Il faut mettre en parallèle l’impunité dont jouissent toujours les empoisonneurs au chlordécone avec la hargne contre les briseurs de statues de 2020. Le contraste est en soi une définition du système colonial.

Nous réclamons la relaxe pure et simple des onze militant·es convoqué·es ce mercredi 5 novembre devant les tribunaux.

Les statues de Desnambuc et de Joséphine, trônant au cœur de la ville capitale, étaient une provocation pour la mémoire de nos ancêtres esclavisé·es.

Celles de Schœlcher visaient à maintenir un mythe du « libérateur » paternaliste réduisant à rien l’action de générations de combattant·es régulièrement insurgé·es contre leur mise en esclavage.

Nous avons dit à l’époque que nous ne mettions pas un trait d’égalité entre Bélin Desnambuc, l’un des pionniers de la conquête coloniale, du génocide du peuple premier, du crime contre l’humanité de l’esclavage, imité en ce sens par Joséphine l’impératrice, colone et partisane de la restauration de l’esclavage en 1802 avec son Napoléon de mari, face à Victor Schœlcher, l’un des abolitionistes dont l’action, malgré toutes ses réelles et incontestables contradictions, a constitué une forte aide au combat pour la liberté de nos ancêtres. Nous n’avons pas changé d’idée.

Aujourd’hui, il s’agit de tirer des griffes du pouvoir colonial, des militant·es qui se sont dressé·e·s contre un mépris colonial aussi insupportable aujourd’hui qu’hier. Chacun peut noter que de nombreux symboles de l’oppression coloniale et esclavagiste restent enplace malgré toutes les protestations dont nous sommes partie prenante.

RELAXE DE L’ENSEMBLE DES INCULPÉ·ES !

RELANCE AU CONTRAIRE DU COMBAT pour que cesse l’agression des noms et des symboles colonialistes qui nous sont toujours impunément imposés.

Publié par Révolution Socialiste n°419 le 3 novembre 2025

4 novembre 2025  Groupe Révolution Socialiste

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05 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Venezuela (4è Internationale)

mickey choc

Déclaration du Bureau exécutif de la IVe Internationale adoptée le 27 octobre 2025.

Les chantages et les menaces économiques à l’encontre du Brésil, de la Colombie, du Mexique et de l’Argentine s’inscrivent dans une nouvelle phase de la politique étasunienne envers l’Amérique latine.

Mais le danger le plus grand pèse sur le Venezuela, dont Trump est déterminé à renverser le gouvernement. Le déploiement de 10 000 soldats, d’un arsenal gigantesque dans les Caraïbes et d’attaques qui ont déjà assassiné plus de 60 personnes en mer, menace non seulement le Venezuela mais aussi toute la région. Il est du devoir urgent des militant·es du monde entier d’élever la voix et de se mobiliser contre l’interventionnisme des États-Unis gouvernés par Trump. 

Déploiement militaire sans précédent dans les Caraïbes 

La cible principale de l’offensive américaine est sans aucun doute le Venezuela. Avec une virulence éhontée sans précédent, le leader impérialiste et ses secrétaires d’État et à la Guerre, Marco Rubio et Peter Hegseth, ont émis un décret qualifiant les cartels criminels de la drogue d’ « organisations terroristes », ont désigné Maduro comme le chef d’un cartel qui n’existe pas (le Cartel de los Soles) et ont offert une récompense de 50 millions de dollars pour toute information permettant de capturer le Vénézuélien.

Encore plus menaçant, le déploiement dans les Caraïbes d’environ 10 000 marines, avec des porte-avions (les plus grands de leur marine), des torpilleurs et des sous-marins nucléaires, des navires de guerre équipés de missiles à moyenne portée, des bombardiers B52 et une capacité technologique permettant d’effectuer des analyses de données à grande échelle, dans le cadre d’une manœuvre qualifiée par les spécialistes de « réorganisation sismique ».

Porto Rico a été remilitarisé et les accords de coopération militaire avec les pays des Caraïbes ont été utilisés pour construire une infrastructure militaire qui semble précéder une attaque à grande échelle contre le pays qui a été le théâtre de la grande révolution bolivarienne. Au cours des deux derniers mois, ces forces ont mené des attaques contre des bateaux (présumés trafiquants), faisant plus de 60 morts.

Le 15 octobre – et cela n’avait pas eu lieu même pendant la guerre froide, puisque les opérations de la CIA étaient secrètes –, Trump a annoncé qu’il avait autorisé la CIA à mener des opérations au Venezuela. Selon le Washington Post, le président aurait signé un document autorisant la CIA à mener des opérations secrètes dans des pays étrangers, allant de la collecte clandestine d’informations à la formation de forces de guérilla de l’opposition et à la réalisation d’attaques meurtrières.

Le dimanche 19 octobre, dans un nouveau pas vers l’escalade, les forces étasuniennes ont mené une attaque meurtrière dans l’océan Pacifique contre un navire supposé appartenir au groupe colombien de l’ELN (Armée de Libération nationale).

Face à la juste protestation de Gustavo Petro, Trump a insulté le président colombien en le traitant de « trafiquant de drogue » et de chef d’un « gouvernement faible et très mauvais », menaçant, comme d’habitude, d’imposer des droits de douane et de couper les financements, tout en retirant le visa américain à Petro, à sa famille et à ses conseillers. Alors que Petro rappelait l’ambassadeur colombien à Washington, Trump déclarait lors d’une conférence de presse, en réponse à un journaliste, qu’il n’avait pas besoin d’une déclaration de guerre pour mener ses opérations contre le trafic dans ce qu’il considère comme ses eaux territoriales. « Nous y allons et nous les tuons ».

Selon des spéculations publiques aux États-Unis, les principaux conseillers de Trump l’inciteraient à envahir le Venezuela pour renverser Maduro. Et l’attribution du prix Nobel de la paix à la dirigeante d’extrême droite vénézuélienne María Corina Machado – qui, si elle n’était pas sérieuse, serait l’une des blagues du plus mauvais goût de notre époque – fait partie d’un plan délibéré visant à renforcer celle qui est considérée par les faucons comme l’alternative à Maduro.

L’administration Trump semble vouloir forcer une transition vers un gouvernement d’extrême droite dirigé par Edmundo González Urrutia et María Corina Machado – qui a déjà demandé des sanctions contre le Venezuela, sans se soucier des effets de celles-ci sur la population appauvrie, et qui livre désormais le sort de la nation aux bottes des soldats yankees.

Il peut sembler improbable que les États-Unis envahissent par voie terrestre les pays dont ils accusent les gouvernements de complicité avec le trafic de drogue, comme le Venezuela, la Colombie et même le Mexique. Tout d’abord parce qu’une guerre d’invasion terrestre prolongée se heurterait à une forte résistance de la part des forces armées sous le commandement de Maduro, éventuellement avec l’aide et la sympathie de la population de la région, ce qui signifierait un nouvel Irak plus proche.

S’engager dans un conflit armé de cette ampleur contredit le discours de Trump à l’intention de son public national, auquel il a promis de « mettre fin aux guerres ». Troisièmement, parce qu’il y a des signes d’opposition de la part de certains hauts responsables américains à une solution de ce type, comme semble l’indiquer la démission prématurée du chef du Commandement militaire sud, l’amiral Alvin Hosley, le 16 octobre.

Quoi qu’il en soit, la prudence conseille de ne pas écarter la possibilité d’une « folie » belliciste de la part du leader néofasciste. À tout le moins, d’après ses discours, il est possible qu’il opte pour des attaques par drones ou avions contre des cibles spécifiques au Venezuela, afin de continuer à affaiblir le gouvernement.

Un retour vers le passé

Depuis les premiers jours de son retour dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, Donald Trump, encouragé par ses faucons néofascistes, maintient le Mexique sous une forte pression tarifaire et policière-militaire (afin que le gouvernement de Claudia Sheinbaum mette fin au flux migratoire à la frontière et combatte les cartels locaux du trafic de drogue). Des drones de la CIA survolent le territoire mexicain à la prétendue recherche de laboratoires de cocaïne et d’autres drogues.

Trump s’est ingéré dans la politique intérieure du Brésil pour défendre son ami Bolsonaro, condamné pour tentative de coup d’État (en imposant des droits de douane de 50 % sur les exportations brésiliennes vers les États-Unis et en ouvrant une enquête commerciale contre les timides politiques brésiliennes visant à limiter les entreprises américaines de la big tech).

Même l’Argentine, gouvernée par son compère Javier Milei, n’échappe pas aux menaces et au chantage : à la mi-octobre, commentant un nouveau prêt de 20 milliards de dollars du FMI au pays, Trump a conditionné la poursuite de son soutien au néofasciste libertarien du Sud à une victoire du parti de Milei aux élections législatives du 26 octobre. « Si [Milei] perd, nous ne serons pas généreux avec l’Argentine », a déclaré Trump. Cet épisode témoigne d’une normalisation de la rhétorique et de la pratique d’ingérence directe du gouvernement américain dans les affaires politiques internes d’États souverains. (Et il semble bien que la décision de Trump ait été l’un des facteurs de la victoire de l’administration Milei aux élections.)

Tous ces positionnements, ces discours punitifs et cet énorme déploiement militaire constituent une attaque contre les voisins latino-américains inédite depuis l’invasion de la Grenade en 1982. Dans le cadre du changement substantiel que la Maison Blanche de Trump impose aux relations de pouvoir mondiales en vigueur depuis huit décennies, la politique américaine à l’égard de l’Amérique latine fait un retour au passé interventionniste, marqué par l’agression militaire et l’ingérence politique ouverte, qui avait déjà caractérisé les relations de la puissance impérialiste avec tout le Sud pendant la guerre froide.

Appel à la solidarité internationale anti-impérialiste

L’accusation portée contre Maduro et les hauts dirigeants du gouvernement vénézuélien d’être membres de cartels, aussi stupide soit-elle, vise à justifier la violation du principe d’autodétermination des peuples et de la souveraineté territoriale du Venezuela.

Il est temps d’appeler les forces démocratiques, anticoloniales, progressistes et révolutionnaires du monde, et de la région en particulier, à défendre l’intégrité territoriale du Venezuela, des pays des Caraïbes et de toute l’Amérique latine, face aux tentatives d’intervention militaire ou politique, c’est-à-dire aux tentatives de définir « d’en haut et de l’extérieur » (lire : dans le Bureau ovale) l’orientation politique de pays souverains. C’est au peuple vénézuélien de décider de son gouvernement, sans ingérence d’aucune sorte. Ce sont les peuples souverains d’Amérique latine et de tous les coins du globe qui doivent décider que faire de leurs tyrans, de leurs parlements et des jugements rendus par leurs systèmes judiciaires.

Nous devons exiger que les gouvernements de Lula, Petro, Boric et Sheinbaum fassent tout leur possible pour empêcher toute possibilité d’agression militaire et d’intervention politique au Venezuela. Il est positif que Lula se propose comme « médiateur », comme il l’a fait lors de sa rencontre avec Trump, mais tous ces gouvernements doivent rejeter clairement, et le répéter sans cesse, toute initiative américaine contre le Venezuela.

La solidarité de la IVe Internationale avec le Venezuela inclut l’exigence faite à Maduro de rétablir les libertés politiques pour le mouvement social, la gauche et les travailleurs et travailleuses du Venezuela. C’est la voie à suivre, parallèlement à la légitime mobilisation militaire populaire, pour construire une véritable unité nationale et régionale contre l’agression impérialiste. Seule la plus large unité d’action peut contenir, résister et vaincre l’agression en cours.

Troupes et armes yankee hors de la mer des Caraïbes !

Stop aux bombardements dans la région !

Démilitarisation immédiate de Porto Rico !

Halte aux agressions US contre le Venezuela et toute l’Amérique latine !

https://fourth.international/fr

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04 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Lafarge (L’Huma)

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« Ils ont préféré le ciment à l’humain » : tout ce qu’il faut savoir sur le procès de Lafarge pour financement du terrorisme

De 2013 à 2014, le cimentier français a versé des millions d’euros à des groupes terroristes, dont Daech, pour maintenir l’activité de son usine syrienne, dans un pays en pleine guerre civile. La multinationale et huit de ses anciens cadres répondent, à partir de ce mardi, pour six semaines, du chef d’inculpation de « financement du terrorisme » devant le tribunal correctionnel de Paris.

Une affaire de gros sous, des victimes du terrorisme considérées comme quantité négligeable, des hauts dirigeants prêts à tout pour parvenir à leurs fins…

Contrairement aux apparences, ce n’est pas le procès en appel du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 qui va s’ouvrir, mardi, dans la salle 2.01 du tribunal judiciaire de Paris, mais celui d’un autre dossier parmi les plus spectaculaires sur lesquels la justice française aura à se prononcer cette année : le géant de la construction Lafarge, six de ses anciens cadres, dont l’ex-patron Bruno Lafont, et deux intermédiaires syriens (dont l’un fait l’objet d’un mandat d’arrêt international) vont comparaître pendant six semaines, soupçonnés d’avoir payé des groupes djihadistes, comme Ahrar al-Sham, Jabhat al-Nosra ou le groupe « État islamique » (EI), entre 2013 et 2014, afin de maintenir l’activité de la cimenterie de Jalabiya, située dans le nord de la Syrie, alors même que le pays s’enfonçait dans la guerre…(Le reste est payant)

 4 novembre 2025  Alexandre Fache

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03 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Gaza (Inprecor)

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Que cache le nouveau plan israélien visant à diviser Gaza en deux ?

Alors que Trump salue la « paix », Israël met en place un nouveau régime caractérisé par des frontières fortifiées, un pouvoir par procuration et un désespoir orchestré, avec pour objectif final l’expulsion.

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, l’administration Trump salue le début d’un nouveau chapitre à Gaza. « Après tant d’années de guerre incessante et de danger sans fin, aujourd’hui, le ciel est calme, les armes sont silencieuses, les sirènes se sont tues et le soleil se lève sur une Terre Sainte enfin en paix », a déclaré le président lors de son discours à la Knesset au début du mois. Mais les faits sur le terrain révèlent une réalité bien plus sombre et mettent en lumière le nouveau plan d’Israël pour asservir définitivement l’enclave.

Avec la « ligne jaune », Israël a divisé la bande de Gaza en deux : Gaza Ouest, qui couvre 42 % de l’enclave, où le Hamas reste au pouvoir et où plus de 2 millions de personnes sont entassées ; et Gaza Est, qui couvre 58 % du territoire, qui a été entièrement dépeuplée de civils et est contrôlée par l’armée israélienne et quatre gangs mandataires.

Dans le plan Trump, cette ligne était censée être un repère temporaire, la première étape du retrait progressif d’Israël de la bande de Gaza, une force internationale de stabilisation prenant le contrôle sur le terrain. Au lieu de cela, les forces israéliennes s’installent, renforçant la division par des travaux de terrassement, des fortifications et des barrières qui suggèrent une évolution vers la permanence.

L’ouest de Gaza commence à ressembler au sud du Liban, que l’armée israélienne continue de bombarder périodiquement après avoir signé un cessez-le-feu avec le Hezbollah en novembre dernier. Depuis le début de la trêve à Gaza, les frappes aériennes, les attaques de drones et les tirs de mitrailleuses israéliens continuent de s’abattre quotidiennement sur la population, généralement sous le prétexte non fondé de « déjouer une attaque imminente », de riposter à de prétendues agressions contre des soldats israéliens ou de cibler des individus qui s’approchent de la ligne jaune. Jusqu’à présent, ces attaques ont tué plus de 200 Palestinien·nes, dont des dizaines d’enfants.

Israël continue de restreindre l’aide à l’ouest de Gaza, avec une moyenne d’environ 95 camions entrant par jour pendant les 20 premiers jours du cessez-le-feu, bien en dessous des 600 par jour stipulés dans l’accord entre Israël et le Hamas. La plupart des habitant·es ont perdu leur maison, mais Israël empêche toujours l’entrée de tentes, de caravanes, de logements préfabriqués et d’autres produits de première nécessité, alors que l’hiver approche.

L’est de Gaza, autrefois le grenier de l’enclave, est aujourd’hui un véritable désert. Des collègues et ami·es qui vivent à proximité décrivent le bruit constant des explosions et des démolitions : les soldats israéliens et les entrepreneurs privés continuent de raser systématiquement tous les bâtiments restants, à l’exception des petits camps destinés aux gangs vivant sous la protection de l’armée israélienne et recevant en abondance des armes, de l’argent, des véhicules et d’autres produits de luxe.

Israël n’a pas l’intention de quitter l’est de Gaza de sitôt. L’armée a renforcé la ligne jaune avec des blocs de béton, engloutissant de vastes portions de l’ouest de Gaza, et le ministre de la Défense, Israel Katz, s’est ouvertement vantéd’avoir autorisé à tirer sur toute personne s’approchant de la barrière, même si ce n’est que pour tenter de rejoindre son domicile. Des rapports suggèrent également qu’Israël prévoit d’étendre la ligne jaune plus loin dans l’ouest de Gaza, mais l’administration Trump semble retarder cette initiative pour l’instant.

Et lors d’une conférence de presse la semaine dernière, l’envoyé de Trump, Jared Kushner, a annoncé que la reconstruction n’aurait lieu que dans les zones actuellement entièrement contrôlées par l’armée israélienne, tandis que le reste de Gaza restera en ruines et en cendres jusqu’à ce que le Hamas désarme complètement et mette fin à son autorité.

Ces divisions de plus en plus marquées entre l’est et l’ouest de Gaza laissent présager ce que le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a appelé « la solution à deux États… au sein même de Gaza ». Israël autoriserait une reconstruction symbolique dans les zones de Rafah contrôlées par ses milices, tandis que le reste de l’est de Gaza deviendrait probablement une zone tampon rasée et un terrain d’enfouissement pour Israël. Dans ce scénario, l’ouest de Gaza resterait dans un état perpétuel de guerre, de ruines et de privations.

Il ne s’agit pas d’une reconstruction d’après-guerre, mais plutôt d’un désespoir orchestré, imposé par des murs, la menace constante de la violence militaire et des réseaux de collaborateurs. Gaza est en train d’être refaite, non pas pour le bien de sa population, mais pour consolider le contrôle permanent d’Israël et faire avancer son objectif de longue date : chasser les Palestiniens de la bande de Gaza.

Le Hamas réaffirme son contrôle

De son côté, le Hamas tente de réaffirmer son contrôle sur l’ouest de Gaza afin de remédier à l’effondrement socialprovoqué par Israël au cours de deux années de génocide. Dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le Hamas a lancé une campagne de répression sécuritaire afin de poursuivre les criminels et de désarmer les clans et les milices soutenus par Israël.

La campagne a atteint son apogée avec l’exécution publique de huit collaborateurs présumés, ainsi que de violents affrontements avec le clan Daghmoush — une démonstration de force calculée visant à intimider les groupes rivaux. La stratégie a semblé efficace : plusieurs familles ont rapidement remis leurs armes au Hamas sans opposer de résistance.

Avec cette campagne, le Hamas vise également à faire comprendre, tant au niveau national qu’international, qu’il n’a pas été vaincu malgré ses pertes importantes pendant la guerre, et qu’il ne peut être écarté des débats sur l’avenir de Gaza. Dans le même temps, le groupe tente de rétablir un semblant d’ordre civil et de se venger des membres de gangs et des criminels qui ont profité du chaos de la guerre pour piller et s’en prendre aux civil·es. Cela s’inscrit également dans le cadre d’un effort visant à retrouver sa légitimité après avoir perdu une grande partie de son soutien populaire à la suite de la destruction massive de Gaza.

Pendant ce temps, le Premier ministre Benjamin Netanyahou s’est désespérément efforcé de persuader Trump de permettre à Israël de reprendre le génocide, en exploitant des incidents isolés à Rafah pour justifier une nouvelle action militaire. Dans un cas, deux soldats israéliens auraient été tués après avoir roulé sur des munitions non explosées ; dans un autre, des soldats ont été attaqués par ce qui semblait être une petite cellule du Hamas qui n’avait pas connaissance du cessez-le-feu ni de lien avec la chaîne de commandement du groupe.

Netanyahou a également utilisé la campagne de sécurisation menée par le Hamas comme une arme, la présentant comme une série de meurtres contre des civil·es, et a accusé le groupe de refuser de restituer les corps des otages ou de désarmer, tout cela dans le but de persuader Washington de donner son feu vert à une nouvelle offensive à Gaza sous prétexte de faire pression sur le Hamas.

Le président américain, encore euphorique après la vague inhabituelle de couverture médiatique positive autour du cessez-le-feu à Gaza, a jusqu’à présent freiné Israël, mais on ne sait pas combien de temps cela durera. Le président du Comité des chefs d’état-major est le prochain sur la liste pour surveiller Netanyahou, après les visites de Trump, du vice-président J.D. Vance et du secrétaire d’État Marco Rubio.

Pour l’instant, le président est déterminé à préserver le cessez-le-feu, même si ce n’est que de manière symbolique, afin d’éviter de donner l’impression d’avoir échoué ou d’avoir été berné par Netanyahou. Mais le Premier ministre israélien parie qu’avec le temps, Trump sera distrait par le prochain événement majeur, se désintéressera de Gaza et lui laissera à nouveau les mains libres.

« La nouvelle Rafah »

Mais s’il ne peut pas revenir à une offensive à grande échelle, le plan de secours d’Israël consiste à persuader la Maison Blanche de limiter la reconstruction à la partie est de Gaza contrôlée par Israël, en commençant par Rafah, qui se trouve commodément le long de la frontière avec l’Égypte, où plus de 150 000 Gazaoui·es ont déjà fui (la reconstruction dans le nord, dans des zones telles que Beit Lahiya, est notablement absente de ces plans). Selon les médias israéliens, la ville reconstruite — qui comprendrait des « écoles, des cliniques, des bâtiments publics et des infrastructures civiles » — serait entourée d’une vaste zone tampon, constituant en fait une « zone de mort ».

À terme, Israël pourrait autoriser, voire encourager, les Palestinien·nes à s’installer dans les zones reconstruites de Rafah, qui constitueraient une « zone de sécurité » à Gaza où les civils pourraient fuir le Hamas — une idée que les voix pro-israéliennes dans les médias américains tentent de vendre. Comme le Hamas ne peut être totalement éliminé de Gaza, comme l’a récemment admis Amit Segal, chroniqueur politique israélien et allié de Netanyahu, le seul « avenir » pour les Palestinien·nes de l’enclave se trouvera dans l’est démilitarisé sous contrôle israélien.

« Une nouvelle Rafah… ce serait la Gaza modérée », a déclaré Segal à Ezra Klein du New York Times. « Et l’autre Gaza serait ce qui se trouve dans les ruines de la ville de Gaza et les camps de réfugiés du centre de Gaza. »

Actuellement, les seuls habitant·es palestinien·nes de Rafah sont les membres de la milice de Yasser Abu Shabab, un groupe lié à Daech armé, financé et protégé par Israël. Il semble très improbable que de nombreux·ses Palestinien·nes acceptent de vivre sous le joug d’un seigneur de guerre, trafiquant de drogue condamné et collaborateur qui a systématiquement pillé les réserves alimentaires et imposé la famine à Gaza à la demande d’Israël. De plus, toute personne qui traverse la frontière vers la partie est de Gaza contrôlée par Israël risque d’être considérée comme un collaborateur, comme cela est arrivé à Moumen Al-Natour, un éminent militant anti-Hamas qui a fui la récente répression du Hamas pour se réfugier sur le territoire d’Abu Shabab et qui a ensuite été renié par sa famille.

Même si certains Gazaoui·es désespéré·es acceptent de déménager à Rafah, Israël ne les laissera pas simplement passer en masse de l’ouest à l’est de Gaza, invoquant le prétexte d’empêcher l’infiltration du Hamas parmi la foule. Le plan des « bulles de sécurité » — présenté pour la première fois par le ministre de la Défense de l’époque, Yoav Gallant, en juin 2024 — qui prévoyait la création de 24 camps fermés vers lesquels la population de Gaza serait progressivement transférée, fournit un modèle : L’armée israélienne devrait inspecter et autoriser chaque personne autorisée à passer à l’est de Gaza, ce qui entraînerait inévitablement un processus bureaucratique long et intrusif, alimenté par l’intelligence artificielle, qui rendrait les demandeurs vulnérables au chantage des agences de sécurité israéliennes, qui pourraient exiger leur collaboration en échange de leur entrée.

Israël a clairement indiqué que toute personne qui franchirait cette « zone stérile » à Rafah ne serait pas autorisée à retourner de l’autre côté de Gaza, transformant ainsi Rafah en un « camp de concentration », comme l’a déclaré l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert. De nombreux·ses Palestinien·nes éviteraient donc d’entrer dans l’est de Gaza, craignant que si Israël reprend le génocide avec la même intensité, ils pourraient être poussés vers l’Égypte. En effet, alors même qu’elle élabore des plans pour permettre la reconstruction à Rafah, l’armée israélienne continue de démolir et de faire sauter les maisons et les bâtiments qui restent dans cette zone.

En fin de compte, la « nouvelle Rafah » d’Israël servirait de village Potemkine, une façade extérieure destinée à faire croire au monde que la situation est meilleure qu’elle ne l’est en réalité, n’offrant qu’un abri de base et une sécurité légèrement supérieure aux Palestinien·nes qui y fuient. Et sans reconstruction complète ni horizon politique, ce plan semble ressembler à ce que le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a promis en mai : « Les citoyen·nes de Gaza seront concentrés dans le sud. Ils seront totalement désespéré·es, comprenant qu’il n’y a aucun espoir et rien à attendre à Gaza, et chercheront à se réinstaller pour commencer une nouvelle vie ailleurs. »

Le désarmement comme piège

Que la reconstruction se poursuive ou non dans l’est de Gaza, Israël la présentera de plus en plus comme une zone « sans terrorisme » et « déradicalisée » et continuera à bombarder l’autre côté sous prétexte de désarmer et de destituer le Hamas.

Le groupe islamiste a déjà accepté de remettre Gaza à un comité technocratique administratif et d’autoriser le déploiement dans l’enclave d’une nouvelle force de sécurité palestinienne formée par l’Égypte et la Jordanie, ainsi que d’une mission de protection internationale. Netanyahou, cependant, a catégoriquement rejeté l’entrée de 5 500 policiers palestinien·nes à Gaza, refusé d’autoriser les forces de stabilisation turques ou qataries à entrer dans la bande de Gaza et fait obstruction à la création du comité administratif.

De même, le désarmement est un domaine ambigu qui donne à Israël un prétexte quasi illimité pour empêcher la reconstruction dans l’ouest de Gaza et maintenir son contrôle militaire. Le Hamas a indiqué qu’il accepterait de démanteler ses armes offensives (telles que les roquettes) et a déjà accepté de renoncer au reste de son armement défensif léger (y compris les armes à feu et les missiles antichars) dans le cadre d’un accord de paix, plutôt que comme condition préalable.

Le Hamas est également ouvert à un processus similaire à celui de l’Irlande du Nord, dans le cadre duquel il enfermerait ses armes défensives dans des entrepôts et s’engagerait à cesser complètement les hostilités pendant une ou deux décennies, ou jusqu’à la fin de l’occupation illégale israélienne. Dans ce cas, les armes légères restantes serviraient de garantie qu’Israël ne reniera pas ses promesses de se retirer de Gaza et de mettre fin au génocide.

Les gouvernements britannique et égyptien, ainsi que l’Arabie saoudite et d’autres puissances régionales, font actuellement pression pour que soit adopté le modèle de désarmement de l’Irlande du Nord, signe qu’ils reconnaissent le caractère sensible et complexe de la question du désarmement.

L’insistance d’Israël sur un désarmement complet et immédiat est un piège délibérément irréalisable qui exige la capitulation totale des Palestinien·nes. Même si les dirigeants du Hamas à Doha étaient contraints d’accepter cette capitulation, bon nombre de leurs propres membres et d’autres groupes militants à Gaza ne manqueraient pas de désobéir. Cela ressemblerait à l’accord de désarmement colombien, où de nombreux militants des FARC ont fait défection et créé de nouvelles milices ou rejoint des gangs.

Et tant que l’armée israélienne restera à Gaza, sans perspective réelle de mettre fin au siège et au régime d’apartheid imposés par Israël, certains acteurs seront toujours incités à prendre les armes. Israël pourra alors invoquer ces groupes dissidents ou ces militants individuels pour justifier la poursuite des bombardements et de l’occupation de Gaza.

Israël a passé plus de 740 jours, dépensé près de 100 milliards de dollars et perdu environ 470 soldats pour réduire Gaza en poussière. Comme Netanyahou s’en est vanté en mai, Israël a « détruit de plus en plus de maisons [à Gaza, et les Palestiniens] n’ont nulle part où retourner », ajoutant que « le seul résultat évident sera que les Gazaouis choisiront d’émigrer hors de la bande de Gaza ».

Même après avoir échoué à réaliser une expulsion massive par une attaque militaire directe, les dirigeants israéliens poursuivent désormais le même objectif par l’épuisement et le désespoir orchestré, utilisant les décombres, le siège et les bombardements périodiques comme instruments de redessinage démographique. La perspective d’un nettoyage ethnique n’a pas disparu avec le cessez-le-feu ; elle s’est simplement transformée en une nouvelle politique, déguisée et normalisée par une planification bureaucratique.

Publié par +972 mag le 31 octobre 2025

3 novembre 2025 par Muhammad Shehada

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03 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Maroc (ESSF)

soudan

Le mouvement de la jeunesse marocaine n’est que la manifestation la plus récente de la crise régionale révélée par le « printemps arabe » de 2011

Toutes les quelques années des événements réaffirment la thèse selon laquelle ce qui a commencé en Tunisie le 17 décembre 2010 et a culminé l’année suivante dans une vague massive de soulèvements populaires qui s’est étendue à six pays de la région et a inclus diverses formes de mobilisation de masse dans d’autres pays – vague connue sous le nom de « printemps arabe » – n’était pas un événement isolé ou accidentel.

Au contraire, ce fut le début de ce que j’ai décrit comme un « processus révolutionnaire à long terme » (dans Le Peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, 2013).

Ce diagnostic se fondait sur une analyse selon laquelle l’explosion sociopolitique dans l’espace arabophone était la manifestation d’une crise structurelle profondément enracinée. Cette crise a résulté du démantèlement des politiques économiques développementales et leur remplacement par des politiques néolibérales au cours du dernier quart du siècle dernier dans le contexte d’un système d’États régionaux qui étaient fondamentalement en contradiction avec les exigences de l’idéal du capitalisme de marché sur lequel se fonde le dogme néolibéral.

En conséquence, la région a souffert d’une croissance économique particulièrement faible par rapport à d’autres parties du Sud mondial, faiblesse marquée par un taux de chômage élevé, en particulier chez les jeunes. Les taux de chômage des jeunes ont, en effet, atteint dans la région des niveaux records, en particulier chez les diplômés universitaires. Ces réalités sociales ont alimenté les révoltes régionales, qui, bien que variées dans leurs causes politiques locales, partageaient un fondement socioéconomique commun. L’implication de cette analyse était claire : tant que la crise structurelle ne serait pas résolue, les troubles sociopolitiques se poursuivraient, et d’autres soulèvements et mouvements populaires s’ensuivraient inévitablement.

Effectivement, malgré la défaite de l’onde de choc révolutionnaire de 2011 – en raison de la répression menée par les monarchies du Golfe à Bahreïn, du coup d’État militaire en Égypte et de la descente de la Syrie, de la Libye et du Yémen dans la guerre civile – une deuxième vague de soulèvements commença le 19 décembre 2018 au Soudan, s’étendant à l’Algérie, à l’Irak et au Liban l’année suivante. Cette deuxième vague a finalement été étouffée par une combinaison de répression et de pandémie de COVID-19. Cependant, elle a persisté au Soudan même après le coup d’État militaire du 25 octobre 2021, jusqu’à ce que le pays sombre à son tour dans la guerre civile le 15 avril 2023, à la suite d’un conflit entre deux factions des forces armées.

Entre-temps, le système démocratique tunisien, dernier acquis des soulèvements de 2011, a été démantelé par un coup d’État mené par le président Kaïs Saïed, qui, avec le soutien des services de sécurité, a suspendu la constitution le 25 juillet 2021. Avec l’éclatement de la guerre entre les factions militaires au Soudan, ainsi que, six mois plus tard, la guerre sioniste génocidaire à Gaza qui a refroidi davantage les espoirs régionaux, il semblait que l’éruption sociale des soulèvements arabes s’était éteinte.

Cependant, de telles impressions ne sont pas fiables lorsqu’il s’agit d’évaluer l’état réel des tensions sociales dans une région. Pour cela, il faut s’appuyer sur des données sociales et économiques concrètes, notamment le chômage des jeunes, un indicateur clé. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont toujours le taux de chômage des jeunes le plus élevé au monde, avec près d’un quart de la population jeune (âgée de 15 à 24 ans) sans emploi.

Le mouvement massif des jeunes qui a commencé au Maroc le 27 septembre, et qui n’est pas encore terminé malgré une pause récente, confirme que le volcan social régional reste actif. Compte tenu des chiffres alarmants du chômage dans le pays, il n’est pas surprenant que la jeunesse marocaine soit descendue dans la rue. Selon le Haut-Commissariat marocain au Plan, le taux de chômage des 15-24 ans (groupe auquel appartient la majorité de la génération Z) a atteint près de 36 % cette année, avec près de la moitié de cette tranche d’âge (47 %) au chômage dans les zones urbaines. Chez les 25-34 ans, le taux s’élève à 22 %, et à 27,5 % en milieu urbain. Ce sont des taux très élevés, qui se combinent avec le chômage des diplômés, affectant près de 20 % de tous les diplômés. En outre, près d’un cinquième des femmes actives sont au chômage. Ces chiffres expliquent en partie la forte participation des étudiantes et des jeunes femmes au mouvement GenZ au Maroc.

Cette nouvelle génération d’activistes inaugure également de nouvelles formes d’organisation, notamment grâce à l’évolution de la technologie des médias sociaux. Les jeunes éduqués, habiles à naviguer sur les plateformes numériques, sont devenus essentiels à ces mouvements. Alors que les deux premières vagues de soulèvements régionaux reposaient fortement sur Facebook, le mouvement GenZ marocain a adopté Discord, une plate-forme qui permet une prise de décision démocratique plus rapide et plus décentralisée.

Plus de 200 000 utilisateurs de Discord ont voté pour décider s’il fallait poursuivre les manifestations, ce qui reflète un niveau plus avancé d’organisation populaire, même par rapport aux « Comités de résistance » soudanais qui représentaient un pas en avant significatif dans l’auto-organisation démocratique du mouvement révolutionnaire de la jeunesse.

Cependant, ce qui manque à toutes ces expériences, c’est un mouvement politique radical, à l’échelle du pays, capable d’unir ses forces avec le mouvement démocratique de la jeunesse populaire pour offrir une alternative crédible au statu quo.

Ce mouvement devrait incarner les aspirations à la liberté, à la démocratie et à la justice sociale, et posséder la capacité politique de remplacer les régimes existants. Sans l’émergence d’une telle alternative, le succès de tout soulèvement futur dans la région restera incertain. Alors que le processus révolutionnaire régional est appelé à se poursuivre, l’absence d’une alternative viable pourrait conduire à de nouvelles impasses dangereuses – où les régimes existants s’accrochent au pouvoir par la force brute, tandis que d’autres s’effondrent dans le chaos de la guerre civile.

Traduit de ma chronique hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres.

2 novembre 2025     Gilbert Achcar

https://www.afriquesenlutte.org/

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03 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

GAZA (NPA)

gaza

« Poursuivre nos mobilisations afin d’isoler Israël et faire basculer le rapport de force en faveur des PalestinienNEs »

Entretien avec TSEDEK !, collectif juif décolonial.

Deux ans après le 7 octobre, deux ans de génocide. Qu’en dire, en quelques mots ?

À l’encontre d’une lecture qui prétend faire du génocide à Gaza une rupture, une vengeance menée par un gouvernement d’extrême droite suite au traumatisme du 7 octobre, il faut au contraire souligner qu’il s’inscrit dans la continuité des politiques israéliennes menées depuis 1948, tant par des gouvernements de gauche que de droite. De ce point de vue, le génocide à Gaza n’est pas la trahison d’un projet sioniste originellement positif et émancipateur, mais sa conséquence logique. L’existence d’une population autochtone constitue en effet un problème pour le sionisme dès ses débuts, dans la mesure où il vise à établir sur le territoire de la Palestine une colonie de peuplement à suprématie juive. Le nettoyage ethnique de 1948, la Nakba, la mise en place d’un système d’apartheid vis-à-vis des « Arabes israélienNEs », et finalement le génocide sont diverses solutions mises en œuvre par le régime sioniste pour résoudre ce problème.

Le génocide à Gaza n’est pas la trahison d’un projet sioniste originellement positif et émancipateur, mais sa conséquence logique

Depuis le 7 octobre, la mise en lumière des crimes israéliens a permis une prise de conscience du caractère intrinsèquement criminel et raciste du sionisme, et donc un développement sans précédent de l’antisionisme à travers le monde, y compris chez les principaux soutiens d’Israël, au premier rang desquels les États-Unis et la France. Parallèlement, au prix de souffrances immenses, la résistance palestinienne est parvenue à mettre en échec l’armée israélienne, l’empêchant de s’assurer un contrôle complet du territoire et d’expulser définitivement les GazaouiEs. Pour autant, le soutien inconditionnel apporté à Israël par les puissances impérialistes, en particulier les États occidentaux, n’a pas permis à ce jour d’instaurer un rapport de forces suffisant pour imposer une sortie bénéfique. À cet égard, le plan Trump, pour peu qu’il soit réellement mis en œuvre et ne soit pas rapidement violé par Israël comme l’ont été jusqu’à présent chacun des accords de cessez-le-feu, ne constitue certainement pas une issue désirable du point de vue de l’autodétermination des PalestinienNEs.

Comment voyez-vous la situation des Juifs et Juives de la diaspora dans le contexte actuel ?

Nous ne disposons malheureusement pas à ce jour de suffisamment d’études sociologiques pour répondre avec précision à cette question. Pour autant, il est certain que les Juif·ves à travers le monde adhèrent aujourd’hui massivement au sionisme, avec néanmoins des différences selon les pays. Aux États-Unis, il existe un nombre significatif de Juif·ves antisionistes, alors que leur nombre reste vraisemblablement très faible en France.

Cette adhésion est un phénomène relativement récent : rappelons que le sionisme, avant la Seconde Guerre mondiale, était extrêmement minoritaire au sein du monde juif. En tant qu’elle est une production historique, cette situation est susceptible d’évoluer, mais sous-estimer l’ampleur de cette adhésion serait nous condamner à l’impuissance de ce point de vue.

L’adhésion massive des Juif·ves au sionisme et à ses crimes soulève plusieurs problèmes. Le premier tient évidemment au fait que cette adhésion renforce le régime israélien, et donc l’oppression des PalestinienNEs. En plus d’une contribution directe (par exemple, le fait pour des volontaires de la diaspora d’intégrer l’armée israélienne), ce soutien permet également de légitimer celui des États impérialistes occidentaux, en lui apportant une forme de caution morale. La défense ­d’­Israël est ainsi présentée comme une défense des Juif·ves, discours d’autant plus efficace qu’une part considérable des Juif·ves en est convaincue.

De la même manière, la lutte contre l’antisémitisme est instrumentalisée par ces États et par les extrêmes droites à travers le monde pour mettre en œuvre un agenda raciste et autoritaire, en s’appuyant notamment sur la théorie du « nouvel antisémitisme », qui prétend faire des minorités issues de l’immigration postcoloniale et de la gauche la principale menace pesant aujourd’hui sur les Juif·ves — opération qui permet d’un même mouvement aux forces qui avaient été historiquement les principales productrices de l’antisémitisme de se racheter une vertu.

La lutte contre l’antisémitisme est instrumentalisée pour mettre en œuvre un agenda raciste et autoritaire

Enfin, l’adhésion massive des Juif·ves au sionisme contribue réellement au développement de l’antisémitisme à l’international. L’assimilation des Juif·ves à Israël (discours promu par l’État israélien, les États occidentaux, les institutions juives, mais aussi par l’écrasante majorité des Juif·ves elleux-mêmes) — et donc l’assimilation des Juif·ves aux crimes du sionisme — les expose en effet au ressentiment de celles et ceux que ces crimes indignent ­légitimement.

Du côté de TSEDEK !, où en êtes-vous dans votre développement, votre organisation, vos activités, vos projets ?

En raison du génocide à Gaza, nous nous sommes retrouvéEs au cœur des enjeux politiques de la période, la question palestinienne et la question de l’antisémitisme ayant constitué des points centraux du débat politique français depuis deux ans. Dans ce cadre, nous avons connu une croissance rapide et commençons aujourd’hui à nous structurer dans toute la France. Comme indiqué précédemment, nous considérons que l’adhésion massive des Juif·ves au sionisme constitue un problème politique essentiel de la période. De ce point de vue, il est à nos yeux essentiel de travailler à défaire cette adhésion, et donc à faire croître le nombre de Juif·ves antisionistes.

Depuis deux ans, nous sommes également parvenu·es à populariser nos catégories et nos analyses — que nous partageons en réalité très largement avec le reste du mouvement de soutien à la Palestine et avec le courant de l’antiracisme politique dans lequel nous nous inscrivons — au sein de la gauche plus institutionnelle. Malgré des progrès évidents, tant du point de vue de l’antiracisme que de l’antisionisme, il reste encore à notre camp un long chemin à parcourir en la matière.

Quelles doivent être les priorités pour la lutte antiraciste et pour le mouvement de solidarité avec la Palestine dans les semaines qui viennent ?

Il y a de bonnes raisons de penser que l’accord de cessez-le-feu qui constitue la première étape du plan Trump est particulièrement fragile. L’armée israélienne a continué à tuer après son entrée en vigueur, et l’aide humanitaire qu’elle laisse entrer dans Gaza reste très en deçà des besoins de la population, à un volume largement inférieur à celui fixé par l’accord. En outre, cet accord entérine le renoncement à la ­colonisation complète de la bande de Gaza, ce qui va à l’encontre des aspirations des plus radicaux des membres de la coalition soutenant Netanyahou. À cet égard, il est à craindre que l’acceptation du plan Trump n’ait été conditionnée à un certain nombre de garanties du président étatsunien concernant la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, où des Palestinien·nes sont assassiné·es presque quotidiennement par les colons israélien·nes ou par l’armée qui les protège. Dans cette perspective, il est indispensable de poursuivre et d’intensifier nos mobilisations par tous les moyens possibles (soutien à BDS, manifestations, blocages, etc.), afin d’isoler toujours davantage Israël et de faire basculer le rapport de forces en faveur des Palestinien·nes.

Les principaux fronts de la lutte antiraciste sont la lutte en faveur des exilé·es, contre les violences policières, contre la colonisation française et contre l’islamophobie

Du point de vue de la lutte antiraciste, nous sommes convaincu·es que seule une gauche qui assume clairement la rupture avec l’ordre des choses est susceptible d’empêcher la bascule du pays dans le fascisme, alors même qu’il est de plus en plus évident que, confrontée à la perspective de la fin de son hégémonie, c’est cette porte de sortie qui est désormais ouvertement assumée par la bourgeoisie au pouvoir. Dans cette perspective, les principaux fronts de la lutte antiraciste nous semblent être la lutte en faveur des exilé·es que produisent les guerres et le pillage impérialiste du monde, la lutte contre les violences policières, la lutte contre la colonisation française en Outre-mer (rappelons, par exemple, que le nouveau gouvernement a fait part de son intention d’inscrire dans la Constitution l’accord de Bougival, ce qui constituerait un recul considérable dans la perspective de l’autodétermination du peuple kanak), et la lutte contre l’islamophobie, thème qui aura sans doute été, au cours des dernières décennies, le principal lieu de radicalisation raciste de la société et du champ politique français.

Propos recueillis par la rédaction

https://lanticapitaliste.org/

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02 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Indonésie (AL /UCL)

 

Indonésie (AL /UCL) dans A gauche du PS

1965 : Le génocide oublié des communistes

C’est un événement majeur de l’histoire moderne, et pourtant, la mémoire mondiale l’a pratiquement effacé, et ce, jusque dans son propre pays. Il y a soixante ans commençait en Indonésie le massacre des communistes du Parti communiste indonésien (PKI), faisant des centaines de milliers de mortes et morts. Des crimes dont les auteurs ne seront jamais punis et vivent encore aujourd’hui paisiblement au sein de la société indonésienne.

Commençons par planter le décor : l’Indonésie est un État péninsulaire constitué de 17 000 îles, dont 922 habitées. Quatrième pays le plus peuplé du monde, il compte aujourd’hui 285 millions d’habitants et habitantes et en comptait déjà 93 millions lors des évènements abordés dans cet article. Plus de la moitié de sa population est regroupée à Java, la plus grande île de l’archipel. Comptant 87 % de musulmans et musulmanes, c’est le plus grand pays musulman au monde. Sa position, à la jonction de l’océan Indien et de l’océan Pacifique et entre l’Asie et l’Océanie, lui confère une grande importance géopolitique. Elle attise les convoitises à l’époque des invasions coloniales, d’autant que le pays est un grand producteur d’épices.

Les Portugais s’y établissent au début du XVIe siècle, puis sont chassés en 1605 par les Néerlandais, qui vont petit à petit en faire l’une de leurs principales colonies – une histoire coloniale encore largement visible aux Pays-Bas comme en Indonésie.

Si le XIXe siècle se passe sous cette domination coloniale, un mouvement national naît au XXe siècle et mènera à l’indépendance du pays et à la proclamation de la République d’Indonésie en 1945. Le pays est extrêmement divers culturellement : plus de 600 groupes ethniques et 700 langues régionales, cinq religions reconnues par l’État… Cela va participer à l’émergence de nombreux mouvements séparatistes dans les 20 ans qui suivent la décolonisation, menant à une forte instabilité politique.

Nationalisme, religion et communisme

Les premières élections parlementaires se tiennent en 1955, mais l’Assemblée issue des élections est dissoute en 1957 par le président Soekarno, élu lors de l’indépendance de 1945. Au nom de la stabilité politique, il met en place la « démocratie guidée », un euphémisme pour une gestion autoritaire et centralisée de l’État : les membres de l’Assemblée sont directement désignés par le « Président à vie ». Pour chercher à pacifier le pays, il propose comme doctrine d’État le concept de Nasakom, pour « Nasionalisme, Agama, Komunisme » : nationalisme, religion, communisme. Il veut tenter d’unifier les trois forces politiques principales du pays : les forces militaires et les partis nationalistes – notamment le Partai Nasional Indonesia (PNI) –, les organisations musulmanes conservatrices – principalement représentées par la Nahdlatul Ulama (NU) – et le Parti communiste indonésien (en indonésien : Partai Komunis Indonesia).

Fondé en 1914, d’abord sous le nom d’ISDV, alors que l’Indonésie est encore sous occupation néerlandaise, le PKI sera à l’origine de plusieurs mouvements insurrectionnels face au pouvoir colonial. Après de violentes tensions avec les conservateurs à la suite de la décolonisation, le parti grandit de façon spectaculaire dans les années 1950, avec le soutien de la Chine de Mao Zedong. Comptant 7 000 membres en 1952, il passe à 150 000 adhérentes et adhérents en 1954, et contrôle le plus important syndicat du pays, le SOBSI. Lors des élections de 1955, il obtient 16,4 % des voix, ce qui en fait la 4e force politique du pays. Sa croissance ne s’arrête pas : le parti compte 1,5 millions de membres en 1958, un chiffre qui atteindra 3,5 millions en 1965, en faisant alors le troisième plus grand parti communiste au ­monde, après ceux de la Chine et de l’Union soviétique. Il inclut une organisation de femmes, le ­Gerwani [1], qui compte plus de 650 000 adhérentes en 1957.

Cette croissance vient avec un activisme de plus en plus fort. Par sa branche paysanne, le BTI, ils occupent des terres agricoles possédées par de riches propriétaires terriens, pour la plupart électeurs ou militants du PNI ou de la NU. Ces deux forces commencent à nourrir un anticommunisme de plus en plus fort, et à s’allier pour lutter contre les actions du PKI. Ces derniers bénéficient de la protection du Président Soekarno, qui y voit une force d’opposition qui peut maintenir un équilibre face à la puissante armée indonésienne et à l’immense influence religieuse de la NU.

Le PKI avait pleinement accepté le nouveau régime de « démocratie dirigée », et avait adopté en 1959 une politique de « front national uni » faisant passer les intérêts nationaux devant les intérêts de classe. À partir de 1963, le rapprochement entre le Président et le PKI s’intensifie, faisant monter en tension les oppositions, et attirant l’œil inquiet des États-Unis. En pleine guerre froide, ils y voient un grand danger de basculement d’un pays asiatique majeur dans le communisme, qui pourrait entraîner un basculement de ­toute l’Asie du Sud-Est selon la « théorie des dominos » [2]. C’est dans ce contexte que va s’opérer une bascule dramatique.

Un coup d’État comme prétexte

Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 1965, des officiers de la garde présidentielle s’emparent de plusieurs points clés de la capitale Jakarta. Six généraux du haut état-major de l’armée de terre indonésienne sont enlevés par les soldats, emmenés à la base aérienne de Halim et abattus. Le matin du 1er octobre, le groupe qui se présente comme des « officiers progressistes » annoncent la formation d’un « Conseil de la Révolution » et annonce avoir agit en prévention d’un potentiel coup d’État conservateur. Mais contrairement à ce qu’il espérait, il ne reçoit pas le soutien du Président Soekarno.

Le rôle précis du PKI dans cette tentative de coup d’État n’est pas clair : si quelques-uns de ses dirigeants sont impliqués, l’initiative ne semble pas venir du parti dans son ensemble, qui va tenir une position ambiguë sur les évènements, s’en tenant essentiellement à un soutien au président. Aujourd’hui, tout porte à croire qu’il s’agissait d’une action d’une minorité de militaires proches des idées du PKI, qui lui ont demandé son soutien après coup.

Dans les heures qui suivent le coup d’État, le général Soeharto prend le contrôle de l’armée et lance une offensive qui reprend le contrôle de la capitale et de la base aérienne de Halim en 24 heures. Il se positionne immédiatement comme une figure publique et conteste l’autorité du président, à qui il reproche son inaction contre le PKI, jugé responsable du putsch. Qu’elle émane directement ou non du PKI, la tentative de coup d’État va servir de prétexte à la purge sanglante des communistes.

La droite s’empare des évènements et déclenche une violente propagande anticommuniste. Jakarta est couverte d’affiches appelant à « écraser les traîtres du PKI » et les « putes de la Gerwani ». Accusé·es d’être des « traîtres à la patrie » par les nationalistes, des « sans-Dieu » et des criminels par les conservateurs religieux, un mot d’ordre circule rapidement : « Sikat ! », « Éliminez-les  ! ».

Un génocide politique

Dès le 8 octobre, le quartier général du PKI à Jakarta est pris d’assaut par des militants. Les massacres commencent. Un peu partout, le mode opératoire est similaire : des milices civiles se constituent, constituées suivant les régions de militants conservateurs, d’intégristes religieux musulmans, catholiques ou hindous, mais aussi parfois de criminels recrutés pour l’occasion, ou aussi souvent de groupes d’étudiants. Si l’armée participe ponctuellement aux violences, pour l’essentiel elle se contente de protéger les milices qui se charge des massacres. Partout, les militants et militantes communistes sont traqué·es, souvent abattu·es ou lynché·es immédiatement, parfois après une arrestation. Certaines et certains sont condamné·es à mort. La pratique de la torture est fréquente en détention. Le viol est aussi régulièrement employé contre les femmes. Dans certaines régions, des corps sont exposés dans les rues pour participer au climat de terreur. Les maisons des victimes et de leurs familles sont confisquées, parfois brûlées.

On sait aujourd’hui que si les États-Unis n’ont pas activement participé aux massacres, ils ont soufflé sur les braises, en diffusant notamment des campagnes de désinformation visant à pousser à des affrontements entre l’armée et le PKI. Alors en pleine accélération de la guerre au ­Vietnam, le gouvernement américain était trop heureux de voir le « problème indonésien » se « résoudre » sans intervention d’armée extérieure, en ayant qu’à « laisser faire ».

Les massacres durent presque deux ans, jusqu’à l’automne 1967. Le bilan est encore aujourd’hui très difficile à déterminer, mais on considère qu’il est d’au moins 500 000 morts et mortes, certaines estimations allant jusqu’à 3 millions. On retient généralement le chiffre d’un million de décès. Il faut y ajouter près de 700 000 prisonnières et prisonniers, incarcéré·es pour des durées pouvant atteindre 30 ans, dans des conditions dans lesquelles les violences continuent de s’exercer, l’anticommunisme restant radicalement ancré dans la société indonésienne.

« Ordre nouveau »

Principal dirigeant de ces massacres, le général Soeharto va en profiter pour prendre le pouvoir. Le président Soekarno est de plus en plus contesté, accusé notamment de complaisance avec le PKI. Au printemps 1966, il signe des documents donnant les pleins pouvoirs à Soeharto avec pour mission de « rétablir ­l’ordre ». Le PKI est officiellement interdit et Soeharto succède officiellement à Soekarno en mars 1967. Il met rapidement en place un nouveau système politique encore plus autoritaire sous le nom d’« Ordre nouveau ». Il restera au pouvoir jusqu’en 1998.

Pendant ces 30 années de règne suivant le génocide, seule la version officielle du régime sera diffusée, avec un bilan largement minoré : le récit de « la trahison du mouvement du 30 septembre et du PKI », raconté dans un film de propagande du même nom sorti en 1984 et diffusé chaque année le 30 septembre jusqu’en 1998. Même après la chute de Soeharto, le sujet reste tabou et toutes les initiatives de mémoire ou de réparation échouent. En 2016, le ministre indonésien de la Défense déclare que les victimes « méritaient de mourir ».

The Act of Killing, réalisé en 2012 par Joshua Oppenheimer
Le film retrace de manière crue et brutale comment les bourreaux des massacres de 1965 continuent de vivre paisiblement leurs vies, entre négation et glorification de leurs actes.

Cette réalité brutale d’une société qui s’est construite sur la justification et la minorisation d’un génocide est notamment racontée dans le film The Act of Killing de Joshua Oppenheimer, qui filme en 2012 des génocidaires racontant fièrement leurs ­crimes, vivant en liberté et en ­toute impunité dans la même société que les familles de leurs victimes. Il serait trop naïf de penser que la vérité et la justice triomphe toujours  : même après de tels crimes, leur reconnaissance et leur souvenir reste un combat.

N. Bartosek (UCL Alsace) 28 octobre 2025 

https://unioncommunistelibertaire.org/

Lire aussi:

Le Parti communiste indonésien : l’extermination oubliée. Entretien avec John Roosa

1965-1966 : Soutenu par Washington, le Massacre de la gauche indonésienne au nom de l’anticommunisme

 

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02 novembre 2025 ~ 0 Commentaire

Marwan Barghouti (CADTM)

Marwan Barghouti (CADTM) dans AltermondialismePhoto : A photograph of Marwan Barghouti with two of his sons

Appel aux élus : « Libérez Marwan Barghouti, le Nelson Mandela palestinien »

Nous relayons ci-dessous l’appel d’une septantaine de personnalités belges aux élus et élues belges pour qu’ils et elles agissent pour obtenir la libération de Marwan Barghouti, figure du mouvement national palestinien injustement détenu par Israël depuis 23 ans.

Alors que le cessez-le-feu vient d’être signé entre le Hamas et Israël et alors que les otages israéliens et une partie des prisonniers/otages palestiniens ont retrouvé la liberté, l’heure est venue de mener une campagne d’envergure pour la libération de Marwan Barghouti, figure emblématique de la cause palestinienne, souvent comparé à Nelson Mandela, qui incarne à la fois la résistance, le dialogue, la dignité et l’unité du peuple palestinien.

Incarcéré depuis plus de vingt ans, Barghouti demeure une référence morale et politique pour l’ensemble des Palestiniens de toutes tendances. Il symbolise la continuité de la lutte contre l’occupation, la réconciliation entre factions, et la légitimité démocratique d’un futur État. Tant pour sa capacité à dialoguer que pour sa fermeté à incarner, les aspirations à la liberté, à la dignité et à l’unité nationale en font le leader incontournable.

Cette libération est un impératif politique et symbolique pour l’avenir du Proche-Orient, un acte de justice et un signal fort en faveur d’un projet national palestinien rassemblé. Sa voix respectée, enracinée dans la société et ouverte au dialogue, peut aujourd’hui unir Gaza et la Cisjordanie autour d’un gouvernement provisoire crédible, prélude à des élections libres.

L’urgence se fait d’autant plus sentir que Marwan Barghouti a récemment été battu par des gardiens de prison israéliens et souffrirait de fractures aux côtes (selon le Bureau des médias des prisonniers palestiniens). L’agression a eu lieu lors de son transfert de la prison de Ramon, dans le sud d’Israël, à la prison de Megiddo, dans le nord, à la mi-septembre à la suite de la visite humiliante et filmée de Ben Gvir. Le dirigeant emprisonné a perdu connaissance et a subi quatre fractures des côtes. La famille de Marwan Barghouti n’a plus de nouvelles de lui depuis. Elle demande donc que nous amplifiions la campagne internationale.

Tout au long de la procédure, le dirigeant palestinien a connu de nombreux traitements inhumains et dégradants. En effet, l’Union interparlementaire — qui représente plus de 181 parlements nationaux — a constaté de nombreuses violations du droit international dans son cas, concluant qu’il était impossible d’affirmer que M. Barghouti avait bénéficié d’un procès équitable.

Soutenir la libération de Marwan Barghouti, c’est donc défendre la reconstruction politique et démocratique de la Palestine. C’est affirmer qu’aucune paix durable ne peut naître de la division, de l’humiliation et de l’exclusion.

Marwan Barghouti incarne :

  • La continuité de la lutte contre l’occupation, sans compromission sur les droits fondamentaux.
  • L’exigence de réconciliation entre les différentes factions politiques, notamment entre le Fatah et le Hamas, car il est respecté au-delà des clivages internes.
  • La crédibilité démocratique, puisqu’il a obtenu un score significatif lors des précédentes élections et jouit d’une légitimité populaire entretenue par sa résistance depuis la prison.

Sa conduite dans la lutte symbolise le refus de normaliser l’occupation et d’accepter une paix au rabais. Sa reconnaissance constituerait surtout une réponse stratégique à la fragmentation et à la marginalisation du projet national palestinien.

Nous demandons donc aux autorités belges et européennes d’œuvrer à sa libération dans le cadre de la mise en place d’une autorité palestinienne apte à gérer les défis actuels que ni le Hamas, ni la présidence de l’autorité palestinienne ne peuvent, seuls et divisés, résoudre.

Sa reconnaissance comme leader évident constituerait surtout une réponse stratégique à la fragmentation et au danger de marginalisation du projet national palestinien et offrirait une chance réelle de restauration démocratique et d’espoir collectif pour l’autodétermination palestinienne.

Cette libération permettra d’ouvrir la voie à une transition politique légitime, capable de rendre au peuple palestinien sa voix, sa dignité et son espoir.

Nous vous demandons donc, en tant que parlementaires belges et/ou européens, de prendre une position publique en faveur de sa libération immédiate ainsi que de faire voter dans les différents conseils et parlements, du niveau communal au niveau européen, ainsi qu’à l’Union Interparlementaires de Genève, des motions qui peuvent rassembler largement en faveur de cette libération.

31 octobre par Collectif

https://www.cadtm.org/

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