Écotaxe: les bonnets rouges, de la FDSEA et Armor Lux à la droitosphère ( le Huff’)
Les agriculteurs bretons l’ont repris et popularisé pour manifester contre l’écotaxe. Ce couvre-chef est même devenu aujourd’hui devenu la représentation de la colère plus générale contre la détérioration de la situation en Bretagne. Alors que le Premier ministre a réuni les acteurs locaux ce mardi matin à Matignon, le HuffPost a tenté de retracer l’itinéraire de ces bonnets rouges.
Armor Lux a offert les bonnets à la FDSEA A l’origine, c’est le syndicat agricole FDSEA qui a voulu remettre au gout du jour une pratique héritée de la monarchie. Le bonnet rouge fait référence à la ré- volte des paysans bretons en 1675 contre les taxes créées par Louis XIV pour mener sa guerre contre la Hollande. Pour remplir les caisses de l’Etat, le souverain avait eu l’idée de taxer le papier timbré, indis- pensable pour tous les actes de vente. En avril ce cette année-là, la colère s’est emparée des campagnes bretonnes, entre châteaux brûlés et bureaux de tabac saccagés. A cette époque, les paysans étaient reconnaissables à leurs bonnets qui étaient rouges dans le Finistère, bleus dans d’autres régions. C’est en référence à ce combat que la FDSEA a choisi ce vêtement en signe de ralliement. Pour les donner à tous leurs adhérents, le syndicat s’est adressé à Armor-Lux, le même industriel qui fabrique la marinière popularisée, il y a un an, par Arnaud Montebourg. « Les Bretons, chefs d’entreprise, comme leurs sa- lariés, sont solidaires contre l’écotaxe. C’est à ce titre que les bonnets ont été offerts gracieusement à la FDSEA. Nous avons vidé nos stocks mais nous allons vite les reconstituer », explique au Télégramme Jean-Guy Le Floc’h, le PDG de la société. Elle espère, comme en 2012, surfer sur la vague. Le bonnet fait d’ailleurs la une du site de leur boutique en ligne.
Récupération politique Mais l’entreprise bretonne n’est pas la seule à tenter de récupérer ce sym- bole. Les politiques ne sont pas en reste. Dès le 27 octobre, au lendemain de la manifestation bretonne, Marine Le Pen a appelé ses partisans à changer leur photo de profil sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. La patronne du FN les a invité à la remplacer par un dessin arborant le bonnet rouge pour dire non « à l’injustice fiscale et à l’eurostérité ».
Internet est plus généralement le terrain de jeu préféré de tous ceux qui veulent s’approprier la colère. Sur Facebook, la page de soutien aux agriculteurs bretons, créée samedi 26 octobre a été « likée » par près de 18.000 personnes (compte arrêté à mardi 11h30). Contacté par le HuffPost, le créateur de cette page nous a renvoyés vers un internaute bien connu de la droitosphère: Madame L’Envie.
Ce compte est tenu, comme celui de son acolyte Madame Michu, par un militant de droite qui se présente comme « antisocialiste » et qui a « comme seul objectif de faire gagner la droite républicaine en 2017″. Ce sont eux qui gèrent la page Facebook de soutiens aux bonnets rouges via le « Michu Lab », un laboratoire qui leur permet de repérer les sujets porteurs. La question de la fiscalité en est le meilleur exemple. D’autres groupes beaucoup moins modérés se sont également saisis de la colère en Bretagne. C’est le cas du collectif autonomiste Révolte Bretonne ou de Jeune-Bretagne qui appelle sur son site à signer la pétition en faveur des bonnets rouges bretons. Comme une note des renseignements généraux relayée par le Figaro l’a mis en évidence, ce groupuscule identitaire et indépendantiste se situe à l’extrême-droite de l’échiquier.
« Toute société a besoin d’équilibre pour se maintenir dans l’histoire. Pour assurer cet équi- libre, il faut une cohésion sociale qui ne peut être réalisée que si l’on préserve une certaine homogénéité culturelle. Or, la présence massive sur notre sol d’immigrés issus d’une civilisation totalement différente de la nôtre rendent impossible leur assimilation à notre mode de vie », écrivent les responsables sur leur site internet dans un propos sans équivoque. Le HuffPost | Par Alexandre Boudet Publication: 29/10/2013 11h53 CET | Mis à jour: 29/10/2013 12h31 CET
Pour en savoir plus: http://www.contreculture.org/TB_Code_Paysan_1675.html