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08 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Enseignants, syndicats et appareil d’Etat: conquérir l’autonomie

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La mobilisation contre la réforme des rythmes scolaires est une illustration des relations complexes que les enseignants entretiennent à l’appareil d’Etat.

La grève du 14 novembre a montré l’ampleur du rejet de la réforme : plus d’un enseignant sur deux était en grève alors que les deux syndicats majoritaires (SNUipp-FSU et SE-Unsa) n’avaient pas appelé à la grève sur le plan national, certaines villes rassemblaient jusqu’à 92 % de grévistes…

Mais, quelques jours plus tard, leurs organisations syndicales sont sagement allées négocier avec le ministère des modifications sur le statut des personnels… Cela pose de façon assez crue la question de qui contrôle qui.

Les organisations syndicales sont supposées tirer leur légitimité des personnels alors qu’en réalité, et en particulier lorsque la gauche est au gouvernement, elles semblent pour la plupart d’entre elles recevoir directement leurs ordres du Parti socialiste.

Dans le SNUipp-FSU, près de la moitié des sections départementales ont appelé à la grève contre l’avis de la direction nationale, la tendance d’opposition de gauche a recueilli au con- grès son meilleur score depuis la création du syndicat, mais la direction tient, refusant même de se rendre aux intersyndicales proposées par SUD et FO. Bien sûr, elle n’a pas la bêtise d’aller aussi loin que la direction de la FCPE, qui défend la réforme par n’importe quel moyen. Mais elle joue indéniablement un rôle de frein d’une rare ampleur.

Les mobilisations actuelles des enseignants, avec leurs grèves départementales, leurs tentatives de reconduction de la grève, un certain réinvestissement dans les assemblées générales, les débuts de prise de contact avec les personnels des mairies, témoignent de la nécessaire auto- nomisation des personnels de leurs directions.

Un syndicaliste, s’opposant dans une réunion à « la grève reconductible comme fin en soi »,oubliait un peu vite l’aspect décisif de la grève dans la construction de la conscience de classe : comment décider de ce que l’on veut, comment agir en subissant l’aliénation que constitue le travail ? Il ne s’agit pas de déserter les syndicats, mais de considérer qu’en temps de mobilisations, ils sont un outil d’action beaucoup plus restreint que l’auto-organisation.

La relation de dépendance des personnels vis-à-vis de leurs syndicats est à la hauteur de la pression exercée par le cadre bourgeois de l’école : il aura fallu plusieurs mois pour que nous soyons capables de considérer que nous pouvons nous battre avec les personnels des mairies contre la réforme du gouvernement et les municipalités qui l’appliquent.

Car l’école que nous voulons est à l’opposé de celle des réformes Darcos et des rythmes scolaires, qui organisent les discriminations et le décrochage des classes populaires. Notre école ne distinguerait et ne hiérarchiserait pas ce que les pédagogues libéraux appellent le « socle commun de connaissances » (la grammaire, les techniques opératoires, la connaissance des dates historiques) par rapport au jeu, à la culture, à la production libre dans tous les domaines.

Avec sa contre-réforme, le gouvernement aggrave les inégalités, avance dans la casse du cadre national de l’éducation et la mise en concurrence des différents personnels (enseignants, animateurs et spécialistes de certains domaines culturels). Pour nous, tous ces personnels devraient collaborer, avec des statuts d’enseignants, pour construire des apprentissages appuyés sur la réalité et la culture populaire. Samedi 7 décembre 2013

Publié dans : Revue L’Anticapitaliste n°49 (décembre 2013)

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08 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Fiscalité: hold-up sur la Sécu

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Au-delà d’un « coup » politique, la « remise à plat fiscale » annoncée par Ayrault est d’abord un projet libéral annoncé, dès sa campagne électorale, par Hollande.

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La principale mesure qui en émerge actuellement est la fusion de la CSG (Contribution sociale généralisée) et de l’impôt sur le revenu (IR).

Son enjeu : rien moins que la liquidation de la Sécurité sociale. La Sécurité sociale est en France une institution indépendante qui gère un budget une fois et demi supérieur à celui de l’État pour financer les soins, les retraites, les allocations familiales, les accidents de travail. Elle était à l’origine entièrement financée par des cotisations sociales (c’est-à-dire une partie du salaire) versées par les employeurs.

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Les cotisations sociales représentent aujourd’hui 45 % de la masse salariale. En 1990, le gou- vernement socialiste de Michel Rocard a remplacé une part de ces cotisations par un impôt versé à 88 % par les salariés actifs ou retraités : la CSG. C’est un impôt proportionnel qui taxe chacun uniformément, contrairement à l’impôt sur le revenu dont la proportion augmente avec le niveau de revenus.

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Aujourd’hui, les recettes fiscales (CSG et taxes) financent 1/3 des dépenses de Sécurité sociale. Cette montée en puissance sous tous les gouvernements de droite et de gauche a permis d’exonérer les patrons d’une partie du financement de la Sécu. Elle permet ainsi la « baisse du coût du travail », et en conséquence l’augmentation de la part des profits.

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Le gouvernement veut maintenant passer à une nouvelle étape de la contre-réforme. La CSG a un avantage et un seul : c’est un impôt « dédié », obligatoirement affecté aux dépenses de Sécurité sociale. La réforme Ayrault ferait sauter définitivement ce verrou. Ce serait la fin de l’autonomie financière de la Sécu. Les prestations sociales deviendraient des variables d’ajustement des finances publiques.

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Un financement « plus juste » de la protection sociale ?
L’argument du gouvernement en faveur de la fusion serait le caractère plus juste d’un impôt progressif, reposant davantage sur les revenus les plus élevés. Il s’agit là d’une illusion : le but de celle-ci est d’exonérer à terme les patrons de la responsabilité du financement de la protection sociale, et d’en faire porter la charge sur les classes populaires. La fusion permettrait seulement de moduler l’augmentation de l’impôt entre les salariés, les retraités, les chômeurs et les « classes moyennes », pour le rendre plus acceptable.

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Mais dans cette perspective, toute amélioration de la protection sociale signifierait une aug- mentation immédiate des impôts pour tous les ménages. Elle aboutirait très vite à une pression fiscale insupportable.

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La fiscalisation de la Sécurité sociale aurait pour conséquence inévitable le retour à une couverture minimum pour les plus pauvres, payée par une fiscalité de plus en plus lourde. Pour celles et ceux qui en auraient les moyens, la Sécu serait complétée par les assurances. Les seuls et uniques gagnants de l’opération seraient les patrons.

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Il y a donc urgence à expliquer le sens de ce projet face à la passivité scandaleuse des directions des confédérations syndicales. La CFDT ou la CGC sont des VRP zélés de la contre-réforme. Les autres organisations ne vont guère au-delà d’une acceptation peu critique. Le NPA et ses militantEs doivent être porteurs d’une alternative claire : la défense d’une Sécurité sociale indépendante de l’État et des patrons, financée exclusivement par des cotisations sociales et gérée par les salariés.

Commission santé-sécu-social Vendredi 6 décembre 2013

Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 220 (05/12/2013)

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06 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Lutte contre la corruption: les efforts de la France jugés largement insuffisants (basta)

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La France est-elle à la hauteur concernant la lutte contre la corruption ?

Le financement des partis politiques et des campagnes électorales est-il suffisamment contrôlé ? Les peines encourues par les entreprises qui seraient tentées d’acheter le soutien de responsables politiques sont-elles assez dissuasives ? Pas vraiment, a répondu le Groupe d’Etats contre la corruption (Greco), une émanation du Conseil de l’Europe qui veille au respect des normes anti-corruption [1].

Le Greco a fait des recommandations à la France lors de son précédent rapport d’évaluation, sur deux thématiques : la lutte contre la corruption et le financement des partis politiques. Depuis, seules trois recommandations sur 17 ont été mises en œuvre de manière satisfaisante !

Fin 2012, la France devait de nouveau rendre compte de ses avancées. Verdict : elle peut largement mieux faire…

Le Greco a notamment recommandé d’étendre le délai de prescription pour les délits de corruption et de trafic d’influence, au-delà de trois ans, comme c’est le cas actuellement. Résultat : aucune avancée, estime l’instance européenne. Qui plus est, tout projet législatif « a manifestement été abandonné ».

Autre recommandation : la publication des noms des grands donateurs à un parti ou à un candidat, au-delà d’un certain montant. Un élément important pour la transparence du financement des partis et des campagnes électorales que la France refuse de mettre en place. « Le manque de transparence que cela génère ouvre en effet la voie à la spéculation de la part de l’opinion publique, comme l’a de nouveau montré la couverture médiatique de la dernière élection présidentielle en France », analyse le Greco, qui souligne que de nombreux États membres ont validé ce dispositif.

« Absence de tout progrès décisif » La France a progressé sur la question du financement des partis : une personne physique ne pourra désormais faire qu’un seul don de 7500 euros à un seul parti. Ce qui rend plus difficiles les stratégies de contournement, notamment par la création de micro-partis, satellites de grands partis.

Une décision sans doute salutaire : le nombre de partis était passé, depuis le début des années 1990, de 23 à 280, selon la Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP). Liliane Bettencourt pourra toujours faire un chèque pour soutenir ses favoris, mais seulement à un parti et non à des dizaines de micro-partis à l’existence douteuse.

Concernant la transparence du financement des partis politiques, seule une recommandation sur 11 a été traitée « de manière satisfaisante », estime le Greco. Qui conclut à « l’absence de tout progrès décisif » depuis le dernier rapport. Aucun projet n’étant annoncé pour améliorer cette situation, le Greco « n’a d’autre choix que de considérer la situation comme « globalement insuffisante » », dans son nouveau rapport publié le 26 novembre [2].

La France serait-elle une si mauvaise élève ? Un rapport de l’OCDE [3] pointe du doigt le faible nombre d’enquêtes ouvertes pour corruption d’agents publics étrangers : depuis 2000, 33 pro- cédures seulement ont été engagées, et cinq condamnations ont été prononcées (dont une seule contre une entreprise), pour des faits de corruption. Les sanctions – cinq ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende – s’avèrent trop peu dissuasives, estime l’OCDE, qui se dit préoccupée « par la faible réactivité des autorités dans des affaires impliquant des entreprises françaises pour des faits avérés ou présumés de corruption à l’étranger. » L’organisme international préconise la confiscation des profits tirés de la corruption, ainsi que la mise à l’écart des marchés publics pour les entreprises condamnées pour corruption étrangère.

Le prochain cycle d’évaluation du Greco portera entre autres sur les conflits d’intérêt et sur les pratiques de pantouflage des élus au sein d’entreprises au terme de leur mandat. Pas sûr que sur ce sujet la France obtienne les félicitations du jury… par Agnès Rousseaux 6 décembre 2013

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04 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Édito: travail du dimanche

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… un trompe-l’œil qui ne trompe personne

Sous prétexte d’aller vers une « société qui s’adapte en gardant ses valeurs », le gouvernement s’appuyant sur le rapport Bailly, entérine et aggrave les possibilités d’ouverture des magasins le dimanche. Des ouvertures, aujourd’hui illégales ou dérogatoires, sont autorisées jusqu’en 2015. De plus, il propose d’autoriser tous les magasins à ouvrir douze dimanches par an, au lieu de cinq aujourd’hui.
En ce qui concerne la future législation, c’est la décentralisation des décisions sans cadre contraignant qui est à l’ordre du jour. Une version décentralisée du dialogue social dans laquelle les droits des salariéEs seront soumis aux rapports de forces locaux sans garantie sur les majorations salariales ou les horaires.
Mais, à côté de la réaffirmation de la « spécificité » du travail du dimanche, le rapport Bailly avalise toutes les justifications et facilitations de son extension. D’un côté, les « attentes nouvelles du consommateur », et « l’importance des enjeux du tourisme ».

De l’autre, l’indécence de l’évocation des « demandes de salariés qui peuvent être volontaires pour travailler le dimanche »et de la « question du travail des étudiants ».
Sous couvert d’un rapport « impartial », le gouvernement rend légal l’illégal, ouvrant la porte toujours plus grand à l’extension du travail du dimanche. Déjà, un quart des salariéEs sont contraints de renoncer au repos dominical. C’est le plus souvent pour ajouter quelques centaines d’euros à des salaires de misère, voire le seul moyen de s’assurer de maigres ressources pour vivre.
Il faut revenir aux seules obligations socialement impératives – services à la personne sociaux et sanitaires, besoins alimentaires journaliers, sécurité – et à la mise en place de ressources financières suffisantes pour toutes et tous, avec un minimum au niveau du Smic.
La hausse de la TVA c’est maintenant. La protection de la vie professionnelle et personnelle des salariéEs, ce n’est pas envisagé avant 2015… Robert Pelletier

Mercredi 4 décembre 2013 Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 220 (05/12/2013)

Commentaire: Illustration piquée à l’UDB!

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04 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Contre les politiques racistes…

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 … pour l’égalité des droits, la marche continue

Le mercredi 27 novembre au matin, la police intervenait pour évacuer un campement de Roms à Saint-Ouen, dans la banlieue nord de Paris.

Ce camp s’était agrandi suite aux expulsions de terrains qui avaient eu lieu dans tout le département du 93 l’été dernier. Près de 800 personnes, dont la moitié sont des enfants, se sont donc retrouvés à la rue, sans aucune solution de relogement, même provisoire, à l’entrée de l’hiver.
Les municipalités qui ont ordonné ces expulsions sont pour la plupart de gauche (PS ou Front de gauche ), à l’instar de la mairie de Saint-Ouen dont la maire(FdG) avait signé l’arrêté d’expulsion ordonnant aux familles de quitter les lieux…
La scène pourrait presque paraître banale, car depuis des années, les expulsions se sont multipliées. Et l’élection de Hollande, avec l’arrivée de Valls au ministère de l’Intérieur, n’y a rien changé. Il y a bien une continuité dans la désignation de boucs émissaires, le recours à des expulsions médiatisées et le discours musclé qui les accompagne.
Le lendemain, jeudi 28, le Réseau éducation sans frontière (RESF) faisait le bilan de la première année de circulaire Valls qui devait alors permettre d’apporter des réponses « humaines et fermes » censées clarifier et uniformiser les conditions de régularisation des sans-papiers, qu’il s’agisse de parents d’enfants scolarisés, de travailleurs ou de jeunes majeurs scolarisés.

La promesse de rompre avec l’arbitraire qui régnait sous le gouvernement Sarkozy a fait long feu. RESF constate : « la circulaire Valls de novembre 2012 a, dans les faits, manqué quasiment tous ses objectifs officiellement proclamés. (…) La circulaire Valls est à l’image de la politique migratoire du gouvernement, sans vision, sans rupture avec la politique précédente, souvent mesquine, inhumaine, arbitraire… ».

Après les actes, les paroles… Ironie, mercredi 27 novembre au soir, jour où était détruit le campement Rom de Saint-Ouen, le Parti socialiste organisait un « grand meeting de la gauche » afin de « défendre la République contre les extrémismes ». Pour répondre aux attaques racistes d’une incroyable violence qui se sont multipliées ces derniers mois, en particulier celles dirigées contre Christiane Taubira, le PS avait décidé de reprendre l’offensive…
Et que croyez vous que firent le Parti socialiste et ses amis ? Une remise en cause de la politique actuelle du gouvernement ? Des propositions pour une autre politique qui permettrait de redistribuer les richesses ? Pour le droit de vote des étrangers ? Contre la division, pour l’égalité des droits ? Mais non ! Ils ont convoqué à la Mutualité une série de ministres et de responsables politiques et en ont tous appelé à la République. Comme si l’appel répété en boucle, presque incantatoire, à la République pouvait être une réponse à la situation.
Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, est lui aussi monté à la tribune pour donner sa leçon pour lutter contre le racisme. Il y a défendu… la République et la laïcité. Toutes les occasions sont bonnes pour agiter le chiffon du repli communautaire ! Puis de conclure à propos de Christiane Taubira : « Au fond, ceux qui ont voulu s’en prendre à elle ont d’une certaine manière rendu un grand service. Ils ont fait la démonstration que la gauche pouvait enfin se réveiller, que la gauche était capable d’indignation. »

C’est vrai, la gauche est capable de petites indignations. Mais de quoi d’autre ?

Contre la république du mépris Il y a 30 ans, le 3 décembre 1983, la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme arrivait à Paris après plusieurs semaines à travers la France. Lancée après une série de crimes racistes, de violences policières, et faisant écho à une campagne électorale marquée par la xénophobie et l’idéologie sécuritaire, l’histoire de cette marche rejoint la situation actuelle.
Ce samedi, nous serons dans la rue, au côté d’associations, de collectifs de quartier, d’orga- nisations, vraiment de gauche. Cette fois-ci, il n’y aura pas Manuel Valls !
Cette manifestation doit être l’occasion de faire entendre d’autres voix. Celles qui refusent toute forme de racisme et de discrimination, et qui, comme l’affirme l’appel lancé par les orga- nisateurs, propose « à toute la société d’autres solutions, celles de l’égalité des droits pour en finir avec la République du mépris ». La marche continue.

Pierre Baton

Mercredi 4 décembre 2013 Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 220 (05/12/2013)

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04 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Roms: faux ennemis et vraie démagogie (essf)

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Après Sarkozy-Fillon et leurs ministres de l’Intérieur successifs, avec Valls c’est tout le gouvernement Hollande-Ayrault qui banalise et répand la xénophobie et le racisme, en s’attaquant aux bouc-émissaires et parias que sont devenues quelques milliers de personnes sur le territoire hexagonal, les Roms.

77 % des sondés sont d’accord avec Valls lorsqu’il déclare que «  seule une minorité de Roms cherche à s’intégrer  » et que «  leur mode de vie  » serait en «  confrontation  » avec celui des fran- çais, et ce sont même 93 % qui trouvent que les Roms «  s’intègrent mal dans la société française  » [1].
Dans le camp socialiste, il est loin d’être seul à tenir de tels propos : Michel Destot, maire de Grenoble, s’accorde à dire qu’il «  a raison sur toute la ligne  » ; Francis Chouat, maire d’Evry, pense pour sa part «  qu’il faut démanteler les camps et organiser leur retour  », sans même parler de Gilles Bourdouleix, maire UDI de Cholet, pour qui «  Hitler n’en n’a peut-être pas tué assez  »… Valls de conclure  : «  les Roms ont vocation à revenir en Roumanie  ».

Il y a dix ans à peine, personne ne parlait des Roms. Ils n’occupaient pas le devant de la scène médiatique, ils ne constituaient pas «  un problème  » et seul Jean-Marie Le Pen se serait permis son «  Ils arrivent. Sie kommen  »… Depuis, la France est régulièrement interpellée pour sa violation des droits des Roms et elle est le seul Etat de l’Union européenne à ne pas avoir signé la convention- cadre pour la protection des minorités nationales.

De plus, la parole xénophobe s’est banalisée. Mais cela ne serait que nauséabond, si les fantasmes agités par tous les politiciens en mal de thème de campagne «  populaire  » à la veille des municipales et des européennes ne venaient pas trouver l’oreille et la sympathie de nombreuses personnes déboussolées par la crise et écœurées par l’alternance de la gauche et de la droite. Le degré de rejet que subissent les Roms est alarmant. Quant au calcul politicien de l’UMP et du PS, il est dérisoire. Sans même rien faire, le FN est gagnant.

Qu’importe que les Roms qui sont des populations sédentaires n’aient que peu à voir avec les gens du voyage [2], ils sont perçus comme des populations instables et cette minorité poussée à fuir son pays fait peur. Hors la loi, mafieux, sale, voleur, feignant… Le «  boulet tsigane  » a créé «  l’overdose  » [3] et génère les interrogations les plus pernicieuses  : «  sont-ils tous délinquants  ?   » [4] peut-on ainsi lire dans un journal qui se veut de gauche…

Les «  hordes  » [5] débarquent et refusent de s’intégrer Le nombre de Roms en France est resté sensiblement le même depuis vingt ans, entre 15 000 et 20 000 personnes. En d’autres termes, ce nouvel ennemi représente au plus 0,03 % de la population  ! On est loin de « l’hémorragie rom  » chère au maire socialiste de Clermont-Ferrand, à laquelle il invite à «  mettre un terme  ». Mais ils sont visibles car avec les Roms ce sont les bidonvilles qui ont refait surface. Comme le note Carine Fouteau, «   paradoxalement, en France, les démantèlements entretiennent une impression «  d’invasion  » car en « poussant », selon le terme administratif, les personnes d’un lieu à l’autre, les expulsions à répétition multiplient les points de contacts avec le voisinage. Plutôt que d’avoir quelques centaines de voisins mécontents, des milliers le sont  » [6].

De plus, la très grande majorité des communes refuse de trouver des solutions de logements pérennes et décentes pour les quelques milliers de Roms, la plupart installés depuis plus de cinq ans, et préfèrent expulser ces populations même si cela aggrave et détériore plus encore leurs conditions de vie. Le ministre de l’Intérieur a beau jeu d’évoquer leur refus de s’intégrer, quand ce sont les services de l’Etat qui les expulsent et que le campement illégal est leur seule «  solution  ». Comment par ailleurs s’intégrer, quand certaines mairies refusent de scolariser leurs enfants ?

Ces nouveaux «  bohémiens  » seraient sales. « Une présence urticante et odorante », selon Jean-Marie Le Pen, le 4 juillet à Nice. Qu’en est-il  ? Ce sont les municipalités qui leur refusent le ramassage d’ordures, et ce malgré les obligations du code général des collectivités locales. Mais les quelques rares militants de la cause Rom qui entrent dans leurs campements l’affirment  : les cabanons et autres habitats de fortune sont extrêment propres. Les femmes Roms passent un temps considérable chaque jour à nettoyer leurs lieux de vie, malgré les tracas là aussi causés par les communes qui leur refusent souvent – en dépit de la réglementation – l’accès à des points d’eau.

Protégeons nos poules, nos enfants et nos allocs Mais le pire évidemment c’est qu’il faut, à l’approche d’un Rom, serrer bien fort son sac à main. Rachida Dati l’affirme  : ils « viennent arracher les sacs des enfants à la sortie des classes »   ! Diantre, au « voleur de poule » s’est substitué le perfide assaillant de nos chérubins… La France a créé les conditions pour faire en sorte que les Roms ne trouvent pas de travail. En effet, en tant que citoyens européens, ils bénéficient de la libre circulation mais depuis 2007, l’Europe a restreint le nombre de métiers autorisés aux ressortissants roumains et hongrois. Moralité  : ils survivent le plus souvent grâce au travail au noir ou à la débrouille et à la mendicité, comme y pousse l’extrême pauvreté.

C’est donc sans surprise que de nombreux Roms sont ferrailleurs ou chiffonniers, et de l’économie de la pauvreté découle aussi le vol  : vols de métaux dans les décharges et les voies ferrées, encombrants récupérés, containers d’habits convoités. A la guerre comme à la guerre, les Roms cherchent à survivre alors que leur accès à l’emploi est très fortement limité. Mais à gauche comme à droite, de plus en plus nombreux sont les hommes politiques à s’alerter du fait que le 31 décembre 2013, ces mesures restrictives sur l’emploi devraient prendre fin. Enfin pour travailler, il faut un permis de séjour, et trois mois c’est à peine suffisant pour l’obtenir. Au mieux, le temps d’obtenir les bons papiers, le boulot disparaît… De plus, contrairement aux préjugés ambiants, comme les Roms ont rarement des revenus suffisants pour pouvoir rester en France, ils sont expulsables au bout de trois mois et par conséquent ne peuvent percevoir aucune aide sociale.

Si l’insatisfaction et l’amertume contre le gouvernement sont palpables, les diversions   politiciennes que Valls et d’autres nous jettent en pâture fonctionnent désespérément bien. En temps de crise, les recettes nauséabondes du passé sont ressorties sans ambages  : diviser pour mieux régner, désigner des boucs émissaires. Pourtant les Roms ne sont en rien responsables de l’aggravation et de la dégradation bien réelle des conditions de vie de la grande majorité.

Et pendant que Valls fanfaronne et monte dans les sondages, fort de sa popularité gagnée par la démagogie la plus crasse, c’est autant d’énergie que notre camp social ne consacre pas à s’en prendre aux vrais responsables de la crise, des gouvernants et des patrons, bien «  comme il faut  », bien «  intégrés  » et qui s’ils ne volent pas de poules nous dérobent, à mesure que s’égrènent les mesures d’austérité, la possibilité de vivre décemment. Jihane Halsanbe 1er novembre 2013

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article30508

 

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04 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Nantes, l’ex-suppléant d’Ayrault mis en cause par le canard enchaîné (of)

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L’hebdomadaire fait le lien entre des invitations acceptées par Jean-Pierre Fougerat et des marchés attribués par Nantes métropole au groupe Spie

Le député socialiste de Loire-Atlantique, Jean-Pierre Fougerat, s’est laissé inviter pour suivre des matches de l’équipe de France de rugby par le groupe Spie, qui passe des marchés avec l’agglo- mération nantaise, selon Le Canard enchaîné. L’hebdomadaire affirme que le groupe d’équipements électriques et climatiques, qui a remporté 33 appels d’offres depuis 2007 avec Nantes métropole, pour un montant de plus de 15 millions d’euros, a emmené Jean-Pierre Fougerat en Irlande, au Pays de Galles, en Italie et en Écosse, de 2007 à 2010.

« Ce n’est pas dans ma nature » Le maire de Couëron, vice-président de Nantes Métropole et député de Loire-Atlantique depuis la nomination en 2012 à Matignon de Jean-Marc Ayrault (dont il était le suppléant) « reconnaît avoir accepté deux invitations à Cardiff et Dublin » mais juge « bles- santes«  les allégations du Canard. Il insiste sur le fait qu’il ne siège pas à la commission d’appel d’offres de Nantes Métropole. « Je vois bien ce que l’on tente de me reprocher, mais ce n’est pas dans ma nature. » Nantes – 27 Novembre

http://www.ouest-france.fr/nantes-lex-suppleant-dayrault-mis-en-cause-par-le-canard-enchaine-1743856

Commentaire: Nous n’en parlerions pas si le Canard n’était pas si fiable, en général, (et le Canard cite un autre membre du PS cette semaine!) et s’il n’y avait pas NDDL, étonnant non?

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01 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Accord transatlantique: les multinationales au-dessus des lois

Accord transatlantique: les multinationales au-dessus des lois dans International giphy

La crise économique actuelle ne voit pas un retour du protectionnisme entre les puissances économiques.

Si les négociations commerciales multilatérales dans le cadre de l’OMC n’avancent guère, les négociations commerciales bilatérales se multiplient. Le projet d’Accord transatlantique entre les États-Unis et l’Union européenne (UE) serait le traité commercial le plus important jamais conclu.
Les deux protagonistes représentent la moitié du PIB mondial et le tiers des échanges commerciaux. Gouvernements et entreprises négocient en ce moment cet accord pour se débarrasser de lois et règlements aux dépens des acquis sociaux et de l’environnement.

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Des enjeux considérables Ils concernent d’abord l’agriculture : les droits de douane moyens sont de 7 % côté États-Unis et de 13 % côté UE. Face à l’arrivée massive de nouveaux produits agricoles américains, l’agriculture européenne s’orienterait encore plus vers le modèle agro-exportateur. De plus, des normes (pesticides, OGM, bœuf aux hormones, poulet au chlore…) pourraient être condamnées comme « barrières commerciales illégales ». Par exemple, les lobbies agro-industriels font pression pour que la liste des 52 variétés d’OGM déjà autorisées soit élargie.

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Quant aux services financiers, avec leur libéralisation complète, il serait impossible de renforcer le contrôle des banques, de taxer les transactions financières, de mettre au pas les paradis fiscaux ou les fonds spéculatifs. En matière de technologies de l’information et de la communication : les droits de propriété intellectuelle (protection des brevets) seront renforcés et les données personnelles risquent de faire encore plus l’objet d’un espionnage légal et lucratif. Pour les services publics, l’Accord réduirait les principes d’accès universel et large au bénéfice d’une privatisation générale. Distribution d’eau et d’électricité, éducation, santé, recherche, transports, aide aux personnes pourraient ainsi être ouverts à la concurrence.

Contre cette arme atomique, mobilisation ! Pour imposer ses règles, l’Accord transatlantique prévoit, comme d’autres accords déjà imposés par les États-Unis, et même l’accord UE-Canada pas encore ratifié, un tribunal dit « de règlement des différends » entre acteurs économiques privés et gouvernements.

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Des entreprises pourraient ainsi porter plainte auprès de ce tribunal contre un État qui aurait fait évoluer sa législation, réduisant certains avantages concédés aux investisseurs. Exemple théorique : un géant de l’énergie pourrait contester un moratoire sur l’extraction de gaz de schiste. Certains eurodéputés avaient déposé en mai un amendement proposant de « ne pas prévoir de mécanisme de règlement des litiges entre État et investisseur ». Il a été rejeté !

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Cette arme atomique figurait déjà dans le projet d’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) négocié secrètement entre 1995 et 1997 par les États membres de l’OCDE, projet qui avait capoté face aux mobilisations. Comme précédemment, pour l’Accord multilatéral pour l’investissement (AMI), puis l’Accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), seule la mobilisation pourra faire capoter ce projet.

J.R.
Pour aller plus loin, un guide d’ATTAC : http ://www.france.attac.org/articles/guide-de-navigation-pour-affronter-le-grand-marche-transatlantique

Dimanche 1 décembre 2013 Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 219 (28/11/2013)

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01 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Et la gauche découvrit le racisme…(regards)

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Depuis quelques semaines, la France entière est saisie d’une immense stupeur : elle découvre avec effroi l’horrible visage du racisme.

Les injures racistes visant la Garde des Sceaux Christiane Taubira, la Une du journal Minute jouant des clichés racistes la comparant à un singe où l’invitant à manger des bananes exposent au grand jour des préjugés dont beaucoup semblaient croire qu’ils avaient été éradiqués de notre société.

Alors que certains déplorent le « retour » d’une France raciste, c’est un immense élan « républicain » qui meut la sphère politique. C’est ainsi que le Parti Socialiste a convoqué un grand meeting pour « défendre la République contre les extrémismes » talonné par les associations antiracistes historiques qui s’empressent de marcher contre le racisme alors que les plus jeunes générations encartées mobilisent une « marche des Républicains ». A les entendre, un racisme nouveau aurait ressurgi d’on ne sait où, après des années de silence.

Pourtant, si certains sembler penser que le racisme avait déserté la France, la plupart des personnes qui y sont quotidiennement exposées, n’avaient jamais remarqué son départ.

Plusieurs faits divers couverts par la presse sans susciter l’indignation générale illustrent la cruelle banalité d’un racisme jamais disparu mettant à jour l’indifférence dans laquelle il s’exprimait jusqu’alors. En octobre dernier, une famille d’origine africaine de Garges-les-Gonesse a dénoncé une descente policière au cours de laquelle un des représentants des forces de l’ordre a qualifié un enfant de 5 ans de « sale macaque » avant de le bousculer. Quelques jours plutôt, un chef de chantier était condamné pour avoir violenté et humilié un ouvrier noir qu’il qualifiait régulièrement de « singe » et de « macaque ».

Lors de son meeting le Parti Socialiste a choisi s’en prendre à l’« offensive réactionnaire et antirépublicaine de la part d’un bloc droitier » selon les termes de son premier secrétaire Harlem Désir sans jamais questionner ses propres pratiques.

L’ancien président de SOS Racisme a-t-il déjà oublié les propos de Manuel Valls déplorant le manque de « Blancs, de White, de Blancos » nuisant à « l’image » de la ville d’Evry dont il était le maire ? N’est-ce pas lui qui il y a quelques semaines déclarait que les Roms n’avaient pas vocation à rester en France ? C’est pourtant le même qui aujourd’hui tel un pompier pyromane condamne fermement toute expression du racisme.

A l’issue de l’événement, Harlem Désir affirme « Nous avons vu et entendu trop de choses inacceptables ces dernières semaines ! Je n’ai pas connu un tel déferlement de la parole haineuse et raciste depuis trente ans ». Mais où se trouvait-t-il lorsqu’en septembre 2012 des habitants des quartiers nord ont détruit et brûlé un campement de Roms avec la bénédiction de l’élue socialiste Samia Ghali qui affirmait les « comprendre » ? Personne dans les rangs de son parti n’a alors cru bon de marcher pour protester contre ces intolérables violences racistes.

« Cet islam sans gêne », « Le spectre islamiste », « La peur de l’islam », « Islam : ces vérités qui dérangent », « L’Occident face à l’islam », « Les islamistes et nous », « Pourquoi l’islam fait peur » « Les nouvelles tribus du crime » etc. depuis bien des années, les préjugés racistes s’étalent allègrement en une des magazines mainstream. Dans un paysage médiatique normalisant la parole offensive contre les minorités, pouvait-on attendre d’un journal d’extrême droite comme Minute autre chose qu’une surenchère ?

En réalité ce n’est pas le racisme qui avait disparu mais la vigilance des acteurs politiques et médiatiques. Au plus fort de la polémique relative au racisme visant Christiane Taubira, la journaliste Caroline Fourest se fendait d’une tribune dans laquelle, elle annonçait « nous sommes réveillés ».

Tandis que la gauche dormait ce sont des millions des Français anonymes qui les yeux bien ouverts ont subi un racisme quotidien alimenté par les unes anxiogènes des hebdomadaires d’information, les déclarations virulentes des politiques ou la violence des institutions républicaines.

L’habileté du racisme c’est d’avoir su se déguiser en se faisant rebaptiser « dérapage » justifiant ainsi l’inaction politique. Un pays qui accepte sans sourciller que ses citoyens noirs et d’origine maghrébine soient six à huit fois plus souvent exposés aux contrôles policiers que leurs concitoyens blancs ne peut raisonnablement croire que la question du racisme a été correctement traitée.

C’est parce que la République ferme les yeux sur les expressions les plus courantes du racisme, parce que le gouvernement n’a toujours pas conçu de plan national pour lutter concrètement contre le racisme, que celui ci s’affirme aujourd’hui de manière aussi choquante. Par Rokhaya Diallo| 30 novembre 2013

http://www.regards.fr/web/Et-la-gauche-decouvrit-le-racisme,7260

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01 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Eure-et-Loir, Chartres, face-à-face entre lycéens et policiers et des interpellations à Jehan-de-Beauce (l’er)

Une manifestation spontanée des lycéens de Jehan-de-Beauce, à Chartres, a mal tournée, ce matin.

Les élèves du Lycée Jehan-de-Beauce manifestent contre le projet de fermeture de la formation du baccalauréat professionnel Fonderie, prévu pour la rentrée de septembre 2014. Le face-à-face entre lycéens et policiers a fait l’objet de jets de pierres et d’usage de gaz lacrymogène. Six jeunes ont été interpellés. Le calme est revenu en début d’après-midi, devant l’établissement.  Un appel pour un nouveau blocus, ce vendredi 29 novembre, à 8 heures, circule sur les réseaux sociaux. Le projet est proposé conjointement par le Conseil régional du Centre et le Recto rat d’Orléans-Tours. 28/11/13 – 12h03

http://www.lechorepublicain.fr/eure-et-loir/actualite/2013/11/28/accrochage-entre-lyceens-et-policiers-au-lycee-jehan-de-beauce_1781743.html

 

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