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24 août 2023 ~ 0 Commentaire

5è république (médiapart)

De Gaulle

France : La naissance de la Cinquième République, à l’ombre de la sédition

En mai 1958, des putschistes favorables à l’Algérie française donnent le coup de grâce à la Quatrième République. Si le nouveau régime gaullien se consolidera à leur insu, il leur doit en partie son avènement.

Le 4 octobre prochain, la IIIe République perdra son record de longévité. Le régime actuel, celui fondé par le général de Gaulle, fêtera ses 65 ans et deviendra le plus durable de tous ceux qui se sont succédé depuis la Révolution française.

L’argument sera certainement brandi pour vanter la stabilité institutionnelle apportée au pays par la 5e République. Il restera cependant difficile d’ignorer la crise rampante de légitimation qui la frappe de longue date, et cela d’autant plus que cette crise s’est accélérée sous le second mandat d’Emmanuel Macron, à l’occasion de la réforme des retraites passée au forceps.

Fait intéressant, cet épisode récent a donné lieu à des analyses sur le « retour du refoulé autoritaire de la Vᵉ République ». Ce qui nous rappelle que dans les célébrations à venir, ce n’est pas seulement l’état délabré de notre vie politique qui risque de passer à la trappe des discours dominants, mais aussi les origines controversées de la Constitution de 1958, née à l’ombre de la sédition, rédigée dans l’urgence par une poignée d’hommes, quand bien même elle inaugurait une bifurcation majeure dans l’histoire républicaine.

Autrement dit, nous risquons d’assister à la reproduction d’une opération engagée par les gaullistes dès que le passage à la 5e République fut acquis : « La construction du régime contre ses origines », décrite par la politiste Brigitte Gaïti dans un article de 1999, dans lequel elle souligne « les soupçons [qui entouraient alors] les nouvelles institutions ». Et pour cause…

L’avènement du régime gaullien est intrinsèquement lié au 13 mai 1958, une de ces « journées qui ont fait la France », selon l’intitulé d’une célèbre collection de Gallimard. Auteur de l’ouvrage consacré à cette date, l’historien Michel Winock parle d’un « événement politique pur [ :] c’est le conflit entre le nationalisme algérien et la puissance coloniale française qui est à l’origine d’une journée explosive, prélude à un changement de régime ».

Ce jour-là, alors qu’une vive émotion a été causée par l’exécution de trois soldats français détenus par les indépendantistes du FLN, des partisans de l’Algérie française participent à une grève générale. Ils manifestent à Alger contre « la constitution imminente d’un incontestable gouvernement d’abandon », formé par Pierre Pfimlin en remplacement de Félix Gaillard, lequel gère les affaires courantes depuis un mois que son cabinet a été renversé par l’Assemblée nationale, comme de nombreux autres avant le sien.

Dans l’après-midi, la foule déferle sur le gouvernement général, symbole de l’autorité parisienne en Algérie. Un comité de salut public à direction militaire se forme dans la soirée, qui exige du président de la République la création d’un « gouvernement de salut public, seul capable de conserver l’Algérie partie intégrante de la métropole ». Un putsch est à l’œuvre de l’autre côté de la Méditerranée, qui ne reconnaît pas l’autorité du nouveau président du Conseil – Pfimlin – investi par la représentation nationale.

Soulignant la contingence de la séquence qui s’ouvre, Brigitte Gaïti rappelle qu’avant le 13 mai, le rappel au pouvoir du général, malgré son prestige, faisait figure d’option improbable. Elle nécessitait « le ralliement d’acteurs beaucoup plus nombreux » par rapport à d’autres solutions, « et surtout pour la plupart beaucoup plus réticents soit à la personne de De Gaulle, soit au type de solution politique qu’il incarne, qu’ils soient militaires, parlementaires, ministres ou manifestants algérois ».

Un « coup de force légalisé »

Les gaullistes sont d’ailleurs pris de court par les activistes algérois. Les fidèles du général ne prennent le train en marche qu’une fois le gouvernement général occupé. L’un d’entre eux, Léon Delbecque, parvient à se faire nommer vice-président du comité de salut public et à ce que soit désormais réclamé le « recours à un arbitre national », dont l’identité se devine aisément. Le 15 mai, le général en chef de l’armée en Algérie, Raoul Salan, en appelle même explicitement à de Gaulle.

Ce dernier publie alors un communiqué, dans lequel il affirme se tenir « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Quatre jours plus tard, il donne une conférence de presse durant laquelle il se refuse à condamner les insurgés, tout en assurant qu’il ne compte pas « commencer une carrière de dictateur » à son âge avancé – sans parvenir à rassurer la gauche, dont le soutien, au moins partiel, lui est nécessaire pour être investi par la voie légale.

En ce sens, le ralliement acquis à la fin du mois du socialiste Guy Mollet, premier secrétaire de la SFIO, à l’option « de Gaulle », s’avère crucial. Car si le président du Conseil Pfimlin démissionne le 28 mai, laissant la place disponible, rien n’est encore joué. Quelques heures avant, le groupe socialiste a voté en bloc qu’il n’accepterait « en aucun cas » le retour du général.

Entre-temps, le putsch a gagné la Corse, et des militaires préparent une « opération Résurrection » qui se serait traduite par l’arrivée de milliers de parachutistes à Paris. Le 30 mai, invoquant le caractère dramatique de ces événements, Guy Mollet pèse de tout son poids pour obtenir du groupe socialiste une inflexion de sa position. Il est finalement convenu que ses membres seront déliés de toute discipline de vote, ce qui ne laisse guère de doute sur la capacité de De Gaulle à obtenir une majorité à l’Assemblée nationale.

De fait, le 1er juin, après sa lecture d’un discours dans l’hémicycle qu’il quitte aussitôt, 329 députés le soutiennent contre 224. Quarante-deux voix proviennent du groupe socialiste. Si elles avaient fait défaut, le vote aurait été plus serré et d’autres parlementaires auraient pu hésiter à leur tour. Difficilement concevable jusqu’alors, le ralliement au général s’est finalement opéré largement, faute d’autre option convaincante.



De manière structurelle, dans cette dernière phase du régime, aucune majorité n’était plus possible derrière une orientation claire, qu’il s’agisse d’une fuite en avant guerrière ou d’une négociation avec le nationalisme algérien. En réserve de la République, « la plus grande force de De Gaulle est [alors] son silence, analyse son biographe Julian Jackson. [Il] permet à chacun de l’interpréter comme il le désire. […] Il est une feuille blanche sur laquelle les Français peuvent projeter leurs espoirs et leurs aspirations, et c’est ainsi qu’il l’entend ».

De manière plus conjoncturelle, au fur et à mesure que la crise algérienne s’aiguise au cours du mois de mai 1958, l’alternative se simplifie dramatiquement pour les responsables politiques en place : soit un coup d’État militaire, soit le ralliement à de Gaulle. Mais cette configuration n’est pas tombée du ciel. Pour arriver au pouvoir « à ses propres conditions », c’est-à-dire « pour mettre fin au système – pas pour y participer », précise Julian Jackson, le général a joué avec le feu.

Rallié par raison à la démocratie, il savait que le recours à la violence armée aurait entaché son arrivée au pouvoir et rendu coûteux son exercice. Il s’arrange néanmoins pour que cette hypothèse plane jusqu’au bout. « Son souhait d’une issue légale s’accompagne d’une menace insurrectionnelle qu’il ne désavoue à aucun moment de la crise », confirme Michel Winock. « Le jeu complexe » des gaullistes, écrit de son côté Brigitte Gaïti, consiste à « entretenir et contenir la poussée militaire dont dépend la menace qu’ils construisent, et [à] rassurer les parlementaires dont dépend l’arrivée légale au pouvoir de leur chef ».

Faut-il parler de « coup d’État gaulliste », comme le fait sans ambages l’historien états-unien Grey Anderson, dans un ouvrage insistant sur la violence originelle de la Ve République ? « En droit, le général de Gaulle tiendra ce soir ses pouvoirs de la représentation nationale ; en fait il les détient déjà du coup de force », déclare François Mitterrand à l’Assemblée le 1er juin 1958. La « légalité [de son retour] est douteuse », admet en écho Michel Winock, qui ajoute néanmoins que celle-ci s’appuyait sur une « légitimité certaine », perceptible dans l’opinion publique et bientôt confirmée dans les urnes.

Interrogée par Mediapart, Brigitte Gaïti préfère l’expression de « coup de force légalisé ». Plutôt que de caractériser de manière unilatérale la séquence, ou d’essentialiser des protagonistes dont les stratégies et les positions fluctuent au fil de la crise, la politiste invite à considérer « le processus » qui est à l’œuvre, amorcé dans une atmosphère séditieuse pour finir dans les clous institutionnels.

Encore ne faut-il pas négliger la part de subversion formelle qui persiste, même après l’investiture du général de Gaulle. Le lendemain, le 2 juin, celui-ci se voit en effet accorder les pouvoirs spéciaux en Algérie, les pleins pouvoirs et la responsabilité de préparer une nouvelle Constitution. Or, la Constitution de la IVe République n’ouvrait la voie, pour les autorités politiques, qu’à des révisions constitutionnelles.

Non seulement la procédure de ces révisions, prévue à l’article 90, est modifiée par la loi constitutionnelle que promulgue le président René Coty le 3 juin, mais cette loi va plus loin en actant un changement de régime. Selon le professeur de droit public Alexandre Viala : « De Gaulle a glissé du pouvoir constituant dérivé (celui qui peut changer la Constitution dans des limites fixées par celle-ci) à un pouvoir constituant originaire (celui qui crée une Constitution ex nihilo). Autrement dit, il a changé de Constitution alors qu’il n’aurait dû être habilité qu’à changer la Constitution. »

Une majorité du personnel de la IVe République consent cependant bien à ce glissement, et à la forme singulière que prend l’écriture du nouveau texte constitutionnel, objet de notre prochain épisode.

Fabien Escalona lundi 14 août 2023,


• MEDIAPART. 14 août 2023 à 12h06 :
https://www.mediapart.fr/journal/france/140823/la-naissance-de-la-cinquieme-republique-l-ombre-de-la-sedition

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19 août 2023 ~ 0 Commentaire

sainte soline (attac)

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De Sainte-Soline à Paris, la bataille pour l’eau continue

Le convoi de l’eau qui s’élance depuis les Deux-Sèvres le vendredi 18 août portera haut et fort l’exigence de la défense de l’eau comme un bien commun, qui ne devrait pas être appropriable pour les intérêts d’une minorité, notamment lors de son étape à Orléans pour une manifestation devant l’agence de l’eau à Orléans le 25 août, suivie d’une manifestation à Paris le 26 août à 12h.

L’été 2023 confirme et accentue les tendances des années antérieures sur le front des dérèglements climatiques avec un mois de juillet qui bat tristement le record du mois le plus chaud enregistré sur Terre. Bien que la France n’a pas connu cette année pour l’instant de canicule aussi forte qu’en 2022, les catastrophes s’enchaînent les unes après les autres dans de très nombreux pays, entre sécheresses, méga-feux et méga-inondations.

En France, deux tiers des nappes phréatiques sont en dessous de la normale selon le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières), mais le gouvernement continue d’être dans le déni en menant une politique écocidaire ! L’urgence climatique qui nous étreint chaque jour un peu plus nécessite une massification des luttes pour le vivant.

De ce point de vue, l’été 2023 a donné lieu à plusieurs signaux positifs. Tout d’abord, l’arrêt du Conseil d’État qui suspend le décret de dissolution des Soulèvements de la Terre légitime d’autant plus les actions de désobéissance civile et de « désarmement » des infrastructures nuisibles pour l’environnement. Si le gouvernement ne souhaite pas en rester là, c’est un premier pas d’importance pour les luttes écologistes. Ensuite, le succès du rassemblement « Les Résistantes » sur le Larzac en début de mois a montré la vitalité de ces luttes, le maillage sur l’ensemble du territoire de collectifs et associations qui combattent pied à pied les projets mortifères pour notre avenir. Au cœur des préoccupations, la question de l’eau, a pris d’autant plus d’importance ces derniers mois, mais est un enjeu majeur depuis de nombreuses années et dans de nombreux pays, un enjeu majeur en particulier dans les pays du Sud, et qui a gagné en importance ces derniers mois.

Considérer l’eau comme un bien commun qui ne devrait pas être appropriable pour les intérêts d’une minorité est au cœur de la lutte contre les mégabassines. Le convoi de l’eau qui s’élance depuis les Deux-Sèvres le 18 août portera haut et fort cette exigence, notamment lors de son étape à Orléans pour une manifestation devant l’agence de l’eau à Orléans le 25 août, suivie d’une manifestation à Paris le 26 août à 12h.

Plus d’informations sur le site de Bassines non merci.

Fort·es de la victoire des Soulèvements de la Terre, notre mobilisation est essentielle pour construire un rapport de forces et porter des alternatives face à l’État condamné deux fois pour inaction climatique.

Soyons donc nombreux et nombreuses à accompagner et accueillir les cyclistes et les tracteurs du convoi lors de leurs étapes.

jeudi 17 août 2023 Attac France

https://france.attac.org/

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17 août 2023 ~ 0 Commentaire

nupes (le huff)

nupes

Nupes : Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon règlent leurs comptes en public au sujet de l’alliance à gauche

Les deux leaders de gauche se sont livrés à un étonnant échange sur X (le nouveau nom de Twitter), révélant les turpitudes de la Nupes.

À quoi reconnaît-on la gauche française ? À sa capacité à se taper dessus, même lorsqu’il s’agit de commenter des propos de Nicolas Sarkozy. Illustration ce jeudi 17 août avec cet échange public entre le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, et Jean-Luc Mélenchon, chef de file de la France insoumise.

Reprenons. Mercredi 16 août, plusieurs passages de l’ouvrage à paraître de l’ex-chef de l’État sont dévoilés dans la presse. Dans les extraits, on découvre notamment l’adoubement par Nicolas Sarkozy de Gérald Darmanin en vue de la présidentielle de 2027. Une sorte de « sarkonction » que l’on retrouve dans l’interview donnée le même jour au Figaro, et dans laquelle l’ancien locataire de l’Élysée juge que le ministre de l’Intérieur a « géré au mieux » la fronde qui s’est exprimée dans la police après les émeutes.

Ce qui a inspiré à Olivier Faure le tweet suivant : « L’interview de Sarkozy sonne la fin de Renaissance. Les hostilités à droite ne font que commencer. À la gauche et aux écologistes de ne pas tomber dans la spirale mortifère de la division. »

Un commentaire auquel n’a pas manqué de réagir Jean-Luc Mélenchon. « Incorrigible double langage ! Faire l’union en se divisant aux élections sénatoriales et européennes ? », a répondu le triple candidat à l’élection présidentielle, en référence aux remous qui agitent la Nupes au sujet de ces deux scrutins à venir. Une sorte de règlement de comptes en public que n’a pas apprécié Olivier Faure, qui s’est empressé de répondre.

« On se voit si tu veux »

« Cher Jean-Luc, j’ai toujours le même téléphone et t’ai récemment envoyé un message t’invitant à échanger. On se voit si tu veux. On peut ne pas partager les mêmes analyses sans avoir besoin de s’invectiver sur Twitter, pour le plus grand plaisir de la droite et le désespoir de la gauche », a rapidement répliqué le leader socialiste. Fin de l’histoire ? Pas vraiment.

Adepte des tweets jetant du sel sur les plaies de la gauche, Jean-Luc Mélenchon en a remis une couche sur le même réseau social, désormais appelé X. « Olivier Faure, je ne t’invective pas, au contraire de tes amis qui nous ont expulsés des listes aux sénatoriales et se préparent à en faire autant aux européennes et aux municipales. Si tu veux revenir sur ces choix sectaires adresse toi aux responsables de la FI : Bompard, Panot, Aubry. Moi, je donne mon avis. C’est tout », a-t-il répondu

Et de glisser un petit tacle à son ancien camarade du PS. « Si tu veux me rencontrer, viens à la manif du 23 septembre contre les violences policières et la loi ’permis de tuer’ que vous n’avez toujours pas reniée », a-t-il ajouté en référence à la loi dite « Cazeneuve » de 2017 qui régit l’usage des armes à feu par les policiers et gendarmes, notamment dans les cas de refus d’obtempérer. Une façon d’attribuer indirectement au PS une part de responsabilité dans la mort du jeune Nahel à la fin du mois de juin. Pour ceux qui, à gauche, espéraient une rentrée apaisée, ça semble être raté.

Romain Herreros

Nupes : nouvelle passe d’armes entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon à propos des prochaines échéances électorales

Le calme n’aura duré que quelques semaines : les frictions reprennent au sein de la Nupes, notamment entre le patron du Parti socialiste Olivier Faure et le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure et le leader historique de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon se sont écharpés sur Twitter, jeudi 17 août. Le sujet est toujours le même : l’absence d’alliance aux prochaines élections. Les relations se sont tendues entre les deux hommes ces derniers mois, qui n’échangent plus que par médias ou tweets interposés. Des tensions exacerbées par des désaccords autour des prochains scrutins : aux sénatoriales, le PS, le PCF et les écologistes ont conclu un accord sans inclure LFI qui voit s’éloigner la possibilité de faire entrer au Sénat un insoumis. Aux européennes, EELV s’oppose au projet de liste commune Nupes et a déjà désigné sa tête de liste, Marie Toussaint.

Sans le vouloir peut-être, Olivier Faure met une pièce dans la machine en tweetant « Les hostilités à droite ne font que commencer », en réaction au soutien de Nicolas Sarkozy à Gérald Darmanin. Mais il ajoute : « À la gauche de ne pas tomber dans la spirale mortifère de la division ».

Il n’en faut pas plus à Jean-Luc Mélenchon pour réagir : « Incorrigible double langage !, répond-il sur le réseau social, faire l’union en se divisant aux élections sénatoriales et européennes ??? » Dans la foulée, Olivier Faure rappelle qu’il n’a pas changé de numéro de téléphone, et qu’ils feraient mieux de se voir au lieu de s’invectiver sur Twitter. Réponse de l’insoumis : « Si tu veux revenir sur ces choix sectaires, adresse-toi aux responsables de LFI. »

Comme pour siffler la fin de la récré, apparition du secrétaire général du Parti Communiste Fabien Roussel, avec un tweet saluant la victoire des socialistes qui obtiennent la présidence du parlement espagnol : « Quand la gauche se rassemble (…) elle gagne, mais il souligne : dans le respect de sa diversité ».

 Victoria Koussa Radio France 17/08/2023

« Il y a besoin de gauche » : à un an des élections européennes, le Parti socialiste engrange de nouveaux et jeunes adhérents

Le Parti socialiste séduit à nouveau : depuis son entrée dans la Nupes, il a gagné quelque 3 000 adhérents dont la moitié a moins de 30 ans.

Sébastien a 20 ans, il est étudiant en sciences politiques et il a adhéré au Parti socialiste il y a quelques mois. « Avant d’adhérer au PS, je n’avais aucun engagement, ni associatif, ni politique. C’est mon premier engagement », explique-t-il. Il fait partie des plus de 3 000 nouveaux adhérents qui ont rejoint les rangs du PS depuis son entrée dans la Nupes, l’alliance des gauches. Cette vague d’inscriptions accélère une tendance pré-existante : le parti regagne des membres depuis 2019 après une véritable hémorragie pendant le quinquennat de François Hollande (entre 2012 et 2019, 74 000 départs ont été enregistrés). Fin juillet 2023, le PS revendique 45 000 adhérents.

Plus de la moitié de ces 3 000 nouveaux arrivants sont des jeunes de moins de 30 ans. « Je pense qu’il y a besoin de gauche, poursuit Sébastien. Ce qui m’a convaincu de rejoindre le Parti socialiste, c’est que le PS est un parti qui, au cours des dernières années, a toujours promu l’union de la gauche. Il ne l’a pas fait que par opportunité. Je pense que cette union de la gauche, c’est le préalable pour demain, arriver au pouvoir et vraiment agir sur le défi du siècle qu’est le changement climatique ».

Pour ce jeune homme, comme pour Nolwenn, âgée de 20 ans, le parti a retrouvé sa boussole sous l’impulsion d’Olivier Faure. « J’avais peur de voir un parti plutôt modéré, un peu dans l’héritage du mandat de François Hollande. Mais en fait, j’ai découvert un parti beaucoup plus à gauche que mes a priori voulaient bien me faire croire », estime-t-elle.

Une hausse d’adhérents au moment des législatives 2022

Le PS est divisé sur la question de l’alliance des gauches mais c’est justement ce clivage qui a décidé Nolwenn à prendre sa carte en janvier dernier : « j’ai vu qu’avec le Congrès, en prenant ma carte, je pouvais avoir un poids sur la tendance que le parti allait prendre et sur les décisions qui pouvaient être prises. Si je voulais que le parti reste dans l’accord de la Nupes, pour moi, il fallait que je prenne ma carte ».

Nolwenn militait déjà auprès des Jeunes socialistes pendant la campagne présidentielle mais la plupart des nouveaux adhérents sont arrivés après. « Pendant la campagne présidentielle, qui est normalement un moment dynamique, on n’avait pas réellement eu de dynamique d’adhésion. En revanche, avec les législatives qui ont suivi, a commencé une dynamique qui n’a pas tari depuis », analyse la présidente des Jeunes socialistes, Emma Rafowicz.

Les Jeunes socialistes se disent favorables à une liste Nupes aux élections européennes en 2024. Toutefois, cette éventualité est peu probable puisque les Verts et les communistes sont déterminés à faire cavalier seul. « Je ne pense pas que ça va couper court à la dynamique du Parti socialiste, assure-t-elle. Malgré tout, j’ai peur en effet que pour beaucoup de jeunes, ce soit un moment peut-être de déception vis-à-vis de la gauche tout entière et donc, à ce moment-là, le défi pour nous sera d’autant plus grand ». Les socialistes sont d’accord sur un point : pour que la dynamique perdure après les européennes, il faudra faire un bon score, quelle que soit la stratégie adoptée.

Pierre-François Plessis 29/07/2023

https://www.huffingtonpost.fr/

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27 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

elections (madrid)

Resultats

Sumar

L’archéologie de la naissance de ce qui est devenu Sumar, une coalition électorale de plus de 15 organisations régionales à la gauche du PSOE, en partie issue de la crise de Podemos, remonte à la désignation par Pablo Iglesias de Yolanda Díaz [ministre du Travail] comme candidate de Unidas Podemos lorsqu’il a quitté le gouvernement en mars 2021 [2].

La transformation d’une coalition en une autre [ici Sumar] a été déterminée par le bilan de leur conduite au sein du gouvernement de coalition progressiste des différentes composantes de Unidas Podemos, à commencer par celle du vice-président Pablo Iglesias lui-même et celle de Yolanda Díaz au ministère du Travail. Mais les controverses générées par des mesures comme le revenu minimum d’existence et surtout celle de la «ley del solo si es si» (loi «oui c’est oui») [présentée par Irene Montero et dont la malfaçon technique apparut vite], ainsi que l’absence de consensus sur le modèle de coalition qui devait remplacer Unidas Podemos, ont retardé la mise en œuvre du dispositif de coalition [l’affirmation publique de Sumar comme participant aux élections ne se fera qu’en avril 2023].

Cela a commencé avec le «processus d’écoute» [initié en été 2022] et les commissions de rédaction programmatique au début de 2023, ne permettant pas de présenter des candidatures unitaires aux élections municipales et régionales du 28 mai. Sumar continue donc d’être une coalition confédérale, avec une petite organisation «de coordination» du même nom, qui doit exercer des tâches de direction politique depuis le groupe parlementaire, tout en développant de nouvelles structures démocratiques et en coordonnant celles qui existent déjà au niveau régional, en donnant une cohérence à l’ensemble de l’espace politique à la gauche du PSOE.

Les résultats des élections ont permis – malgré la pression du vote utile pour le PSOE et le manque de temps pour mobiliser un très large éventail de sensibilités – de constituer Sumar comme un partenaire de coalition progressiste incontournable et un relais possible entre le PSOE et la gauche souverainiste basque, catalane et galicienne. Bien qu’ayant un soutien de syndicats tels que les Commissions ouvrières (CCOO) et l’UGT, le reflux des mobilisations sociales s’exprime encore par une baisse du nombre de voix (680 000) et de sièges (7) par rapport à ceux obtenus par le même espace politique (Unidas Podemos) en 2019.

Sumar est donc un projet complètement ouvert à partir de l’héritage reçu. Il devra faire un bilan commun, éviter les tendances centrifuges et développer son programme, conçu comme un programme de réformes et de gouvernance pour la défense des intérêts immédiats des classes populaires et des minorités. Dépasser cet «économicisme» initial et lui donner un contenu politique démocratique qui réponde aux problèmes structurels du régime de 1978 – en contrecarrant sur la gauche les pressions que le PSOE reçoit de la droite – est peut-être l’un des défis les plus importants de ce qui se veut un «nouveau travaillisme» («laborismo»),une social-démocratie radicale dans une période non-révolutionnaire.

Sa capacité à offrir un espace unitaire pluriel à tous les courants de la gauche sera aussi importante que sa capacité à établir des relations avec les mouvements sociaux, en respectant leur autonomie mais en défendant et en projetant leurs luttes dans l’arène parlementaire. Dans ce processus de construction, il a l’exemple du Bloco de Esquerda portugais ou du PSOL brésilien, mais avec les difficultés inhérentes à un Etat plurinational dont l’articulation démocratique est encore en suspens.

Indépendants et souverainistes

Toute analyse des résultats est incomplète si l’on ne tient pas compte des résultats en Galice, en Euskadi et en Catalogne. Pour la raison évidente, comme nous l’avons souligné au début, que la non-répétition des élections [avant fin 2023] dépend de l’abstention de Junts et de la formation d’un nouveau gouvernement PSOE-Sumar.

En Galice, le renforcement du PP avec trois sièges supplémentaires s’accompagne de la même chute du PSG (Parti socialiste galicien). Mais Sumar et BNG (Bloc nationaliste galicien) maintiennent leurs résultats de 2019, avec le transfert de 1% des voix du premier vers le second.

Au Pays basque, le PSE (Parti socialiste du Pays basque) obtient 14 000 voix de plus que le PNV, qui perd un siège, et EH-Bildu, en pratique dans une égalité tripartite. Sumar ne conserve qu’un des trois sièges de Unidas Podemos et le PP gagne un autre siège. En Navarre, EH-Bildu conserve le siège qu’il avait, mais le vainqueur est une fois de plus le PSN (Parti socialiste de Navarre), bien qu’il soit mis en minorité par les partis de droite divisés du PP, de l’UPN (Unión del Pueblo Navarro) et de Vox, bien que seuls les deux premiers gagnent des sièges.

En Catalogne, les rapports de forces ont connu un changement majeur, le PSC remportant sept élus. Sumar-Comuns s’est maintenu [par rapport à 2019]. Avec le PSC, ils totalisent 48,52% des voix. Après la controverse sur le droit de décider et le rôle de la table de dialogue avec une éventuelle consultation ultérieure sur l’accord conclu, la différence avec la somme des résultats des trois forces indépendantistes (26,60%) est très significative.

L’ERC perd 7 élus et Junts 1, tandis que la CUP (Candidatura d’Unitat Popular)perd sa représentation par un petit pourcentage. Le PP passe de 4 élus à 6, et avec les 2 sièges détenus par Vox, ils totalisent 21,10%.

La capacité de négociation de Junts (sur la question gouvernementale) est davantage le résultat de l’instabilité du résultat électoral global, de la polarisation sociale gauches-droites dans tout le royaume d’Espagne, que le résultat de sa propre force ou le reflet d’un processus de souveraineté populaire qui est clairement en déclin et dont l’alternative politique au cours de la dernière période a été l’ERC.

Le blocage de Carles Puigdemont (Junts) a pour objectif prioritaire de récupérer l’hégémonie que lui a subtilisée ERC, en rentabilisant le reflux des «procés» indépendantistes, et seulement en second lieu d’améliorer le rapport de forces avec le gouvernement central progressiste, parce que ce dernier ne dispose pas d’un rapport de forces favorable face à la droite ni pour engager une réforme constitutionnelle, ni pour empêcher l’action autonome d’un Tribunal suprême aux mains de la droite contre les exilés [Puigdemont est en exil en Belgique].

Etant donné que la campagne de la droite extrême contre le «Sanchismo» s’est structurée précisément sur cette question, en s’appuyant sur le nationalisme espagnol, dès lors la marge de manœuvre du PSOE et de Junts, pour des raisons qui leur sont propres, est si étroite qu’il est difficile d’envisager un accord qui n’aboutirait pas à de nouvelles élections. D’autant plus que les dernières actions du juge Llarena de la Cour suprême sont récentes [le Tribunal suprême a dicté ce 24 juillet un ordre de recherche et d’arrestation, avec une dimension européenne, contre Carles Puigdemont et contre ex-conseiller Toni Comín].

Frankenstein contre Nosferatu: la fin du bipartisme dynastique

Les élections du 23 juillet ont exprimé une polarisation de classe sans précédent depuis la Seconde République, même si les éléments de classe ne s’expriment pas toujours consciemment ou clairement. Les appels à soutenir la liste la plus votée de Feijóo, laissant la majorité des électeurs et électrices des autres options politiques sans représentation, peuvent représenter un appel mélancolique et inutile à reconstruire le bipartisme dynastique – entre le PP et le PSOE – qui a alterné au gouvernement, avec le soutien extérieur de CiU (Ciudadanos) et même du PNV, lorsque cela était nécessaire. Le centre-droit a remplacé le centre-gauche, avec le soutien externe occasionnel du centre-droit catalan et basque.

Comme nous l’avons déjà souligné, ce bipartisme est mort, expression de la crise politique du régime de 1978. La polarisation des classes est ce qui alimente actuellement le vote utile autour de deux partis – un bloc de droite, un bloc de gauche –, reflétant précisément le contraire d’un système bipartite, système qui a tenté de construire un «consensus étatique» autour de la Constitution de 1978 et de sa monarchie afin d’éviter une telle configuration de polarisation.

Cette différence entre bipartisme et polarisation [avec les deux blocs], bien qu’elle ait eu et ait encore comme principaux protagonistes le PP et le PSOE, est le reflet politique des transformations sociales et économiques qui ont miné la petite bourgeoisie traditionnelle suite à la modernisation et la prolétarisation du secteur des services, qui est dominant dans notre économie. En conséquence, le centre politique s’est rétréci et lorsqu’il a été artificiellement reconstruit, comme dans le cas de Ciudadanos, il s’est appuyé sur la radicalisation du nationalisme espagnol, dont le principal bénéficiaire a été Vox.

Bien qu’il soit resté en retrait pendant la campagne, l’ancien secrétaire d’Etat à la culture du PP, José María Lassalle, a le mieux illustré cette polarisation dans une image de la culture populaire. Contre le gouvernement progressiste de Frankenstein, l’alternative d’un gouvernement réactionnaire de Nosferatu.

Dans la tradition romanesque qui a façonné les deux personnages, Frankenstein est un monstre reconstruit à partir de morceaux de cadavres de prolétaires, ramené à la vie par un scientifique fou mais bien intentionné grâce à l’électricité concentrée d’un éclair. Frankenstein se réveille pour émerger à la lumière du jour et contribuer à la construction d’un monde nouveau. Il est le «nouveau Prométhée» qui se heurte au rejet et à l’incompréhension de ceux qui s’accrochent au mal existant, incapables, comme Frankenstein, de se défaire de leurs chaînes.

Dans la même tradition, Nosferatu est un seigneur de la nuit qui fuit la lumière du jour, incapable de la supporter, qui vit de ses privilèges féodaux en suçant le sang de ses malheureux serviteurs, aussi bien au sens figuré, par l’extraction de leurs rentes de la terre, qu’au sens propre. C’est l’exemple de ce que les révoltes et les révolutions depuis le XVIIe siècle ont voulu laisser derrière elles et contre lequel la révolution de 1848, à laquelle Marx et Engels ont participé, s’est ouvertement opposée.

Nosferatu a été vaincu au dernier moment dans ces élections du 23 juillet. Mais il n’est pas mort, car pour cela il faut lui enfoncer un pieu dans le cœur. Il sera peut-être bon de s’en souvenir dans les mois à venir.

(Article publié sur le site Sin Permiso, le 25 juillet 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

_________

[1] Ramon Tamames, économiste, est un ancien membre du PC de 1956 à 1981, qui adhéra par la suite à la Fédération progressiste, puis à Izquierda Unida qu’il quitte en 1989; sa trajectoire évoluera de plus en plus à droite. En février 2023, il déclare être prêt à déposer une motion de censure contre Sanchez sur demande de Vox. Le tout aboutit à un échec retentissant bien que fortement télévisé. (Réd. A l’Encontre)

[2] Pablo Iglesias quitte le gouvernement pour se présenter comme candidat lors des élections de mai 2021 dans la région de Madrid. A cette occasion, il déclare: «Les membres de Podemos, d’Izquierda Unida, d’En Comú Podem, les personnes de gauche de ce pays, tous nous devons soutenir Yolanda [Diaz] pour que, si elle le décide, et si la base militante de nos organisations le souhaite, elle soit la candidate d’Unidas Podemos aux prochaines élections générales et la première femme à être présidente du gouvernement espagnol.» – El Pais, 15 mars 2021 (Réd. A l’Encontre)

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27 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

sanchez (lutte ouvrière)

sanchez

Espagne : Sanchez, faux rempart contre l’extrême droite

En Espagne, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez avait convoqué des législatives anticipées juste après la débâcle de son parti aux élections locales, fin mai, pour freiner la « remontada » de la droite.

Avec plus de 8 millions de voix et 136 députés (47 de plus qu’aux dernières élections législatives), le Parti populaire (PP), de droite, est sorti vainqueur des urnes le 23 juillet.

En face, le Parti socialiste (PSOE), actuellement au gouvernement, obtient 7,8 millions de voix et 122 députés (+2). La droite reprend ainsi une bonne partie du terrain perdu en 2019, lorsqu’une motion de censure, en plein scandale de corruption, l’avait éjectée du pouvoir. Le PP reste cependant loin de la majorité nécessaire pour gouverner, même en y ajoutant les 33 sièges du parti d’extrême droite Vox, son allié.

Vox, parti nostalgique du franquisme, issu d’une scission du PP, reste troisième mais perd 19 députés, tandis que le regroupement Sumar, qui intègre Podemos, le PC et quelques autres partis de la « gauche de la gauche », perd 700 000 voix. Dans cette situation, sans majorité claire, la coalition actuelle autour du PSOE et de Sumar tente de se maintenir au pouvoir.

Le principal atout de Sanchez est sa capacité à obtenir pour l’investiture le soutien des partis nationalistes basques et catalans. Bien qu’ils ne se situent pas tous à gauche, les régionalistes, comme le Parti nationaliste basque ou Junts en Catalogne, sont en conflit avec le PP sur leurs prérogatives locales.

Le découpage électoral donne un bonus à ces partis locaux qui peuvent, avec trois ou quatre cent mille voix, faire et défaire des majorités appuyées sur plusieurs millions d’électeurs, en imposant leurs conditions politiques. La droite ne se prive d’ailleurs pas, depuis quatre ans, d’accuser Sanchez d’être l’otage d’indépendantistes voulant détruire l’unité de l’Espagne. Il est également possible que les négociations avortent et qu’un blocage prolongé aboutisse à de nouvelles élections, comme en 2015 et en 2019.

Bien des travailleurs ont sans doute poussé un soupir de soulagement à l’annonce des résultats, en voyant qu’ils échappaient à une majorité absolue de la droite et de l’extrême droite.

La forte mobilisation électorale, avec une participation en hausse, à plus de 70 % même en période de vacances, traduit cette inquiétude d’électeurs de gauche déçus, qui s’étaient abstenus aux élections précédentes, et qui ont craint de voir Abascal, le leader de Vox, devenir vice-président du gouvernement. Ce sentiment est d’autant plus compréhensible que, dans les villes et les régions où Vox est arrivé aux responsabilités aux côtés du PP, leurs élus ont multiplié les déclarations réactionnaires et les mesures symboliques sexistes et homophobes.

Penser que les électeurs auraient ainsi « arrêté le fascisme » ou freiné l’extrême droite est cependant une illusion dangereuse, entretenue par Sanchez et ses alliés de gauche.

Ils ont instrumentalisé le danger pour mobiliser leurs électeurs et ont aujourd’hui l’indécence de crier victoire. En effet toute leur politique au service des classes possédantes ne peut qu’entraîner l’écœurement des classes populaires et contribuer à faire monter l’extrême droite.

Cette coalition de gauche n’a pas hésité non plus à flatter les préjugés réactionnaires. Sanchez a assumé – et ses alliés de Podemos et du PC avec lui, qui gesticulent mais sont restés au gouvernement – le massacre de dizaines de migrants à Melilla en juin 2022. Il est ensuite allé afficher son accord avec Meloni, la Première ministre italienne d’extrême droite sur la question de l’immigration.

Loin de protéger les classes populaires de l’extrême droite, la gauche de gouvernement aggrave le danger en démobilisant les travailleurs. Le programme du prochain gouvernement, quelle que soit sa couleur, est déjà clair : il présentera aux classes populaires la facture de l’augmentation du budget militaire et du « quoi qu’il en coûte » à l’espagnole, qui a, comme ailleurs, surtout profité aux grandes entreprises, tout en différant ses conséquences sociales.

Il continuera et aggravera la chasse aux migrants. Il maintiendra une politique étrangère atlantiste et impérialiste, soutenant la guerre de l’OTAN en Ukraine et participant au réarmement général.

Laura Samos 26 Juillet 2023

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22 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

espagne (libération)

planete
Interview

Canicule et agriculture : «L’Espagne ne pourra plus être le verger de l’Europe»

Les températures caniculaires dans le sud du Vieux Continent font craindre des pertes de rendements agricoles. Au-delà de 43°C, les cultures méditerranéennes subissent un stress thermique et peuvent perdre leurs fleurs, feuilles et fruits, prévient l’agroclimatologue Serge Zaka.
La fournaise a planté ses griffes dans le sud de l’Europe. Depuis début juillet, les records de températures tombent les uns après les autres : 46°C en Sardaigne, 45,3°C en Catalogne, 40°C en Corse… De quoi craindre des pertes de rendements agricoles en cascade. Les plantes méditerranéennes, plutôt résistantes, ont tout de même des limites physiologiques au-delà desquelles elles subissent un stress thermique.

Résultat, la floraison des cultures maraîchères et les vignes risquent d’être fortement perturbées, avec des fleurs et des feuilles brûlées et des fruits desséchés. Pour l’agroclimatologue Serge Zaka, il est urgent de revoir la répartition des cultures en Europe, pour minimiser les chutes de rendements inexorables au réchauffement climatique.

Quels sont les impacts de l’augmentation des températures sur les cultures ?

D’abord, l’augmentation générale des températures tout au long de l’année, liée au réchauffement climatique, bouleverse les stades de développement des végétaux. Par exemple, la floraison des arbres fruitiers a deux semaines d’avance par rapport à ce que l’on observait il y a 50 ans. Les moments de sensibilité de la plante se superposent à des périodes à risques climatiques. Le gel en avril, alors que certaines plantes sont en fleurs, en est un parfait exemple.

Ensuite, il y a un effet ponctuel violent lors d’événements records de températures, comme ce que traverse le sud de l’Europe cette semaine. Ces événements extrêmes provoquent des dégâts sur les végétaux et induisent des pertes de rendements. Là, l’impact dépend du stade du végétal. Par exemple en Andalousie, les oliviers ont subi des températures autour de 38°C pendant leur floraison. Or, c’est un moment où l’arbre est plus sensible.

Comment se matérialisent les dégâts ?

Les dégâts peuvent être de différents types, comme la perte de fleurs ou de feuilles, qui peuvent brûler. Les fleurs de tomate et de courgette, par exemple, sont vulnérables à partir de 35°C. Or en Italie et en Espagne, on est largement au-dessus, puisqu’on y mesure des 45-46°C. Les dégâts sur les fleurs sont irréversibles, elles ne repoussent pas avant l’année suivante. Et à chaque fleur perdue, on perd un fruit ou un légume. De même, à ces températures, les olives se dessèchent et tombent de l’arbre. Les pertes dépendront de la durée et de l’intensité de la canicule.

Concernant la vigne, c’est surtout le goût des grains de raisins qui est altéré par ces températures. La moindre disponibilité en eau permet au sucre de se concentrer dans les grappes et d’augmenter le taux d’alcool. En quarante ans, on a gagné 2 degrés d’alcool dans toutes les régions de France.

Vous expliquez que les limites physiologiques des espèces ont été atteintes. C’est-à-dire ?

Prenons l’exemple du maïs. Plus il fait chaud, plus il pousse vite – jusqu’à une certaine limite. Sa température optimale est à 30°C. Entre 30 et 40°C, les processus biologiques sont dégradés à l’intérieur des feuilles et la croissance ralentit.

Au-dessus de 40°C, la température maximale de croissance du maïs, les plants ne poussent plus. Cette limite-là dépend de chaque espèce. Pour la betterave, dans le nord de la France, c’est plutôt 35°C. Une fois la température maximale dépassée, les plantes ont encore quelques degrés de tolérance. Mais à plus de 43°C en Méditerranée, les plantes subissent inévitablement un stress thermique. Les cellules meurent, les feuilles et les fruits brûlent et on observe des pertes de rendements.

Existe-t-il des solutions ?

Malheureusement, il y a très peu de solutions face à un stress thermique. Contrairement à un stress hydrique où l’on peut compenser le manque d’eau en arrosant – s’il n’y a pas d’arrêté sécheresse. A 46°C, comme en Sardaigne cet été, on ne peut rien faire pour les feuilles, les fleurs et les fruits car il est techniquement compliqué de couvrir les cultures.

Pour définir un stress thermique, on mesure l’intensité, la durée, et le couplage avec d’autres stress comme la sécheresse et le vent. Dans l’Hérault en juin 2019, des pans entiers de vigne ont brûlé en quelques heures, à cause des 46°C et des 40 km/h de vent enregistrés.

L’Espagne représente 50% de la production mondiale d’olive, mais le pays est en proie à des chaleurs accablantes. Va-t-on vers une pénurie d’huile d’olive ?

En effet, à cause des chaleurs du mois d’avril et de la sécheresse, il y a des pertes qui atteignent 80 % sur certaines oliveraies d’Andalousie. Mais d’autres régions espagnoles ont pu pallier les manques et nous n’avons pas encore de visibilité sur une éventuelle pénurie. Par contre, nous ne sommes pas sur une année de production optimale, et cela va se ressentir sur les prix.

Le problème, c’est que l’on a spécialisé chaque partie du monde dans une production, et c’est cela qui augmente les risques de pénuries en cas d’aléas climatiques. C’est ce qu’il s’est passé en 2021 avec la moutarde, produite en majorité au Canada. Cette année-là, il a fait 49°C et les cultures ont été ravagées. Résultat, il y a eu une pénurie mondiale. Ne vaudrait-il pas mieux produire un peu de tout, partout ?

D’autant plus que l’aire de répartition des espèces change avec le réchauffement climatique…

Tout à fait. C’est ce qu’on appelle l’évolution des biogéographies, qui sont essentiellement déterminées par les températures, et dans une moindre mesure par les précipitations. Aucun végétal ne pousse au hasard, ils ont tous des zones thermiques optimales.

Avec le changement climatique, les aires de répartition remontent vers le nord. Ainsi, les régions du monde les plus septentrionales vont découvrir de nouvelles cultures, voire des hausses de rendements. A l’inverse, au sud, certaines cultures vont perdre en potentiel, comme le maïs ou l’oignon. Il faut se poser la question : qui va prendre la relève ? L’Espagne ne pourra plus être le verger de l’Europe, tel qu’il est actuellement. Il faut redispatcher ses productions maraîchères plus au nord.

Les rendements de blé, au contraire, sont en hausse de 5% en France par rapport à la moyenne des dix dernières années. Comment l’expliquer ?

Le changement climatique, ce n’est pas seulement des pertes de rendements. En Europe, le blé d’hiver est planté en automne. Cela veut dire qu’à l’arrivée des sécheresses au printemps, les racines du blé sont profondes et peuvent aller chercher de l’eau plus loin dans le sol. De plus, on récolte le blé autour du mois de juillet, donc il échappe aux canicules estivales. Aussi, le CO2 [en augmentation dans l’atmosphère à cause des activités humaines, ndlr] favorise la photosynthèse et la croissance des plantes – tant qu’il y a de l’eau.

C’est pour ça que les travaux du Giec concluent à une hausse des rendements de blé dans le nord de l’Europe et à une diminution dans le sud, à cause des sécheresses. Finalement, les rendements de blé se stabilisent depuis les années 2000 alors qu’ils étaient en hausse depuis les années 1945.

A l’inverse, on plante le maïs au printemps et lorsque les sécheresses arrivent, les racines sont encore peu profondes. Les rendements sont en drastique baisse car la plante ne répond pas aux concentrations de CO2 et avec les arrêtés sécheresse, on ne peut plus irriguer les cultures. En 2022, on a eu la plus mauvaise récolte de maïs depuis 1990, avec une perte de 54% de la production dans le sud-ouest de la France.

Les prix des fruits et légumes sont donc voués à augmenter ?

Tout dépend de l’anticipation. Aujourd’hui, on anticipe mal les effets du changement climatique. A chaque phénomène climatique extrême, les rendements baissent et les prix augmentent. On pourrait amortir les variations de prix en créant de nouvelles filières. Pour l’olive par exemple, il faut permettre aux producteurs de s’installer plus au nord, dans la haute vallée du Rhône et vers Toulouse par exemple.

Est-ce à l’Etat d’anticiper ces changements ?

Absolument. Aujourd’hui, le gouvernement est sur une stratégie du pansement. On cultive les mêmes choses aux mêmes endroits, alors que les espèces sortent progressivement de leurs zones de prédilection.

Les agriculteurs tentent de s’adapter en changeant de variété, en modifiant le cycle cultural ou la date des semis. Mais ces stratégies ne suffisent pas, il faut changer de culture et créer des filières.

Car si on veut faire de l’olive ou de la pistache dans le sud de la France, on a besoin de gens pour récolter, transporter, transformer et acheter. Il faut créer un tissu économique local, national voire international, et tout ça prend du temps, entre quinze et trente ans. On est déjà très en retard. Il est urgent d’investir massivement vers des cultures résistantes au climat de 2040-2050.

Eléonore Disdero  21 juillet 2023

https://www.liberation.fr

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21 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

nahel m (à l’encontre)

nahel m (à l'encontre) dans Altermondialisme 424490452_highres
Commémoration du 17 octobre 1961 à Paris.(KEYSTONE/Agence VU/Samuel Bollendorff / Agence VU)

«La mort de Nahel M. s’inscrit dans la continuité historique des crimes racistes commis à l’encontre des Noirs et des Arabes de ce pays»

Un fait devient social et historique, nous enseigne Emile Durkheim, lorsqu’il est régulier, objectif, général. C’est d’ailleurs à ce titre que le sociologue s’est intéressé au crime en tant qu’objet qui répond aux critères d’un phénomène social. Indépendamment de la volonté des uns et des autres, un fait social s’impose à nous de l’extérieur, à tel point que nous pouvons en donner des prévisions.

La sociologue Rachida Brahim a fourni un travail de recherche précieux qui a consisté à recenser le nombre de crimes racistes commis entre 1970 et 1997. Elle a listé, au total, 731 actes, soit une moyenne de 27 cas par an. Dans le cadre d’un débat critique et universitaire, on peut, si on le souhaite, débattre des chiffres et des concepts, mais il sera difficile de contester la constance et la régularité de ce phénomène. Et, au-delà de la statistique froide, il faut rappeler à la conscience publique la nature précise de quelques événements marquants.

Il y a plus de soixante ans, le 17 octobre 1961, la police réprime dans le sang une manifes-tation d’Algériens à Paris. Des dizaines de morts par balle. Certains sont jetés dans la Seine, meurent noyés. Ils sont des centaines à être blessés, mis en détention, frappés à coups de crosse. En 1973, le racisme s’exprime dans sa banalité la plus extrême. Dans la nuit du 28 au 29 août, près de la cité de La Calade, à Marseille, Ladj Lounes, 16 ans, est abattu de plusieurs balles dans le corps par le brigadier Canto. La ville, cet été-là, est l’épicentre d’un terrorisme raciste aveugle: 17 Algériens y meurent dans une quasi-indifférence de la police et de la justice. On estime à un peu plus de cinquante les crimes à caractère raciste visant les Maghrébins dans toute la France.

Mépris de race

Dans la nuit du 19 au 20 juin 1983, au milieu du quartier des Minguettes, à Vénissieux (Rhône), un policier tire une balle de 357 Magnum dans l’abdomen de Toumi Djaidja. Il est grièvement blessé mais s’en sort.

Sur son lit d’hôpital, il a l’idée d’une marche qui irait de Marseille à Paris. Objectifs: dénoncer les crimes racistes dont sont l’objet les immigrés et leurs enfants, et exiger qu’on les traite avec égalité. Sur leur trajet, les marcheurs apprennent la mort de Habib Grimzi, défenestré du train Bordeaux-Vintimille par trois candidats à la Légion étrangère.

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, des étudiants manifestent contre le projet de réforme universitaire Devaquet. Malik Oussekine sort d’un club de jazz où il avait ses habitudes, dans le 6e arrondissement de Paris. Il est alors pris en chasse par des policiers «voltigeurs» et meurt dans un hall d’immeuble, au 20, rue Monsieur-le-Prince, sous une pluie battante de coups de pied et de matraque de trois CRS. Plus récemment encore : Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, en octobre 2005, Adama Traoré en juillet 2016, et Nahel M. en juin. Pourquoi ce dernier est-il mort? Parce que c’était prévisible. Il avait plus de risque d’être abattu par un policier qu’un autre jeune homme de son âge issu de milieu et d’origine différents.

En réalité, Nahel M. n’avait pas son âge. Il était vieux du monde qu’il portait dans sa chair, ce monde dans lequel les corps sont hiérarchisés, plus ou moins exposés à l’injure, à la violence physique, à la mort. Ils ne sont pas que biologiques, mais aussi sociaux et symboliques, ce par quoi passent nos jugements, nos désirs, nos dégoûts, structurés par l’histoire d’un monde qui les précède. L’histoire de la mort de Nahel M., c’est l’histoire d’un corps frappé, dès son plus jeune âge, du sceau du mépris de classe et de race.

Sa mort n’est pas un accident, ni un fait divers perdu dans le flux chaotique du présent. Elle s’inscrit dans la continuité historique des crimes racistes perpétrés à l’endroit des Noirs et des Arabes de ce pays. Depuis une date inconnue, la société française entretient avec le corps de Nahel M., et de tous les autres, une relation raciale, seule explication valable permettant de justifier, des dizaines d’années après, leur agglomération continue dans les mêmes lieux délabrés et méprisés, à la périphérie des grandes villes.

Jeunesse abandonnée

Parce que si le racisme trouve sa forme la plus violente dans le crime, il est avant toute chose un rapport banalisé à la société entière. Il vient se loger jusque dans l’intimité, dans le rapport à soi, puis dans le rapport aux autres, aux institutions, à l’école, au logement, au travail, à la justice. En 2020, le Défenseur des droits écrit, dans la synthèse d’un rapport intitulé «Discriminations et origines: l’urgence d’agir»: «Il ressort de toutes les études et données à la disposition du Défenseur des droits que les discriminations fondées sur l’origine restent massives en France et affectent la vie quotidienne et les parcours de millions d’individus, mettant en cause leurs trajectoires de vie et leurs droits les plus fondamentaux.» Contre les tentatives de déresponsabilisation de l’Etat, il faut répondre. C’était là, sous vos yeux.

Si on reprend le fil historique des révoltes contre les crimes racistes, on remarquera qu’elles sont plus amples, plus violentes, plus spontanées. La dynamique est au nombre. Mais elles sont aussi plus désorganisées car davantage portées par des individus d’une extrême jeunesse qui se révoltent sans grande orientation intellectuelle.

Cette même orientation qui pourrait leur donner les outils pour comprendre, et donc maîtriser, les raisons de leur colère en les formulant au travers d’objectifs politiques clairs. Une jeunesse en grande partie abandonnée à l’idéologie d’un capitalisme sauvage et sans horizon, à qui on fait miroiter avoir et paraître, succès et fortune, auxquels, sur le plan statistique, ils ont peu de chance d’avoir accès.

Mais on se trompe dangereusement si l’on croit que le feu est éteint et qu’on peut tranquillement retourner à nos affaires. Cela reviendra, parce qu’il y a ici la nature d’un fait social régulier, objectif et général. Avec une particularité supplémentaire: le conflit ne se situe plus uniquement sur le terrain du social mais aussi sur le plan des idées. L’explication traditionnelle de ces révoltes est aujourd’hui concurrencée par des théories et des argumentaires d’une classe moyenne supérieure culturelle et économique partageant avec cette jeunesse une histoire commune.

Cette lutte sociale et intellectuelle nous conduira inévitablement (mais à quel prix?) vers un travail collectif de redéfinition des principes de la nation française, à partir de la diversité de ses composantes. Comme souvent dans l’histoire de France, cela passera sans doute par une réorganisation institutionnelle de son régime. La Ve République s’est ouverte en pensant tourner définitivement la page avec son passé colonial. La VIe devra le regarder en face.

(Tribune, reproduite avec l’autorisation de l’auteur, publiée initialement dans Le Monde des 16 et 17 juillet 2023, p. 27)

Hicham Benaissa est docteur en sociologie, rattaché au laboratoire du Groupe sociétés, religions, laïcités de l’Ecole pratique des hautes études et du CNRS. Il est notamment l’auteur du livre Le Travail et l’Islam. Généalogie(s) d’une problématique (Editions du Croquant, 2020).

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21 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

le bon poing (npa)

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20 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

marche des tirailleurs (npa)

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19 juillet 2023 ~ 0 Commentaire

nupes (le huff’)

barrages

Pendant que la NUPES se déchire, leurs jeunes veulent « montrer l’exemple »

Symbole de l’union en juin 2022, la NUPES est aujourd’hui plus souvent évoquée pour ses désunions. Dans les branches jeunesse, on refuse de baisser les bras. Quitte à donner des leçons aux générations au-dessus.

Face à la presse, politiquement correct oblige, ils les appellent les « aînés ». Par opposition, eux sont les jeunes de la NUPES, moyenne d’âge autour de la vingtaine. Un an après la naissance de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale, l’ambiance est bonne entre les jeunes Socialistes, Insoumis, Écologistes et Communistes. À des années-lumière de leurs aînés, jamais aussi proches du divorce.

Encore ce samedi 15 juillet, sur son blog, Jean-Luc Mélenchon ne donnait pas cher de la coalition de gauche : « Le PCF a déjà déclaré morte la NUPES. Les Verts, même avec la tête de liste commune, veulent plusieurs listes “pour avoir plus d’élus”, le PS annonce une liste de “tous les socialistes”. Ils savent exactement ce qu’ils font et ils ne peuvent pas dire qu’ils ne comprennent pas ce qui résulterait de cela », fustige durement celui qui, pourtant, était l’artisan de l’union treize mois auparavant.

En face, les jeunes observent avec qui de l’agacement, qui une pointe de désespoir et, globalement, une « insatisfaction » commune, ces dissensions internes. Car de leur côté, l’ambiance est à la franche « camaraderie » avec de « très bonnes » relations pour les plus enthousiastes, « cordiales » disent les moins dithyrambiques.

« On ne fait pas de débats sur la police tue ou le racisme systémique »

La rencontre des branches jeunesses de la NUPES a véritablement eu lieu au moment des législatives de juin 2022. « Avant, forcément, on se croisait dans le cadre de tables rondes, on s’invitait mutuellement dans nos évènements nationaux. Mais depuis l’accord de la NUPES, on porte des projets ensemble », raconte Camille Hachez, cosecrétaire nationale des Jeunes Écologistes.

La meilleure illustration de ce travail collectif demeure à ce jour les élections européennes. Alors que la secrétaire nationale des Verts Marine Tondelier qualifie de « forceurs » les insoumis qui insistent, les Jeunes Écolos soufflent à leurs confrères l’idée d’une tribune transpartisane pour faire l’union au Parlement européen. Tout le monde suit, à l’exception du Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF). « Nous avons fait le choix de ne pas y participer. Nous, aller parler aux jeunes avec juste une alliance électorale, ça ne nous intéresse pas trop », assume leur secrétaire général Assan Lakehoul.

Le jeune communiste a refusé dès le début le cadre de la « Jeune NUPES », à qui il reproche de ne parler « qu’à la jeunesse politisée des centres-villes » quand lui revendique de travailler davantage sur le terrain, « dans un cadre plus large que la NUPES », avec les syndicats étudiants et organisations de jeunesses.

Des divergences existent donc, mais elles n’empêchent pas le travail en commun. « Quand Emma Rafowicz (PS), Emma Fourreau (LFI) ou Aurélien Le Coq (LFI) m’appellent, il n’y a aucun problème, on s’entend même plutôt bien personnellement. On travaille ensemble quand c’est nécessaire », assure Assan Lakehoul.

« Ce n’est jamais simple de faire une alliance inédite mais il y avait quelque chose qui nous paraissait naturel » – Emma Rafowicz, présidente des Jeunes Socialistes

De même, là où dans la cour des grands, ce sont parfois deux visions qui s’affrontent – exemple sur « le racisme systémique » dans la police, terme employé par les Insoumis et Marine Tondelier mais rejeté par Fabien Roussel – les jeunes évoquent eux des discussions « plus consensuelles », selon Aurélien Le Coq, co-animateur des Jeunes Insoumis-es. « On n’a pas de débats sur le fait que la police tue ou qu’il y a un racisme systémique, parce qu’on est assez d’accord sur le fond des sujets. Par contre, on a eu un débat sur la manière dont on devait en parler dans l’espace public, avec une différence d’approche et de méthode », abonde Camille Hachez, des Jeunes Écologistes.

Une question de génération, d’urgence et d’envie partagée

De là à dire que les jeunes sont plus soudés que leurs aînés ? Si certains préfèrent esquiver en évoquant plutôt « les convergences », la présidente des Jeunes socialistes Emma Rafowicz répond un « oui » franc. Et n’allez pas croire que c’est parce qu’ils sont « jeunes, donc des Bisounours ».

« Nous sommes plus soudés parce que nous sommes sans doute les plus conscients des crises climatiques, démocratiques, sociales et des risques de voir l’extrême droite gagner en 2027 » , juge-t-elle. Julien Layan, co-coordinateur national des Jeunes Génération.s, résume : « Nous avons une forme de responsabilité vis-à-vis de notre génération. »

Lutte contre l’extrême droite, crises diverses… En juin 2022 c’est pourtant sur un discours similaire que s’est construite l’union. Pourquoi alors un an plus tard, ce qui roule chez les uns coince chez les autres ?

En partie parce que, dans les branches jeunesse, il n’existe pas (encore) de ces rancunes politiques tenaces, capables de tuer dans l’œuf les alliances. En période électorale, les cadres de la jeune NUPES n’ont pas non plus à batailler entre eux pour savoir qui occupera telle ou telle place éligible sur une liste, sujet plus que propice à faire naître des inimitiés.

Mais le principal moteur est une aspiration commune, celle « d’une génération qui a vraiment envie de travailler ensemble ». « Pour nous, l’union, c’était facile. Ce n’est jamais simple de faire une alliance inédite mais il y avait quelque chose qui nous paraissait naturel », raconte Emma Rafowicz. Autour d’elle, ses pairs sont prêts à beaucoup pour ne pas briser l’élan, y compris parfois aller contre la ligne du parti et être reçus « un peu froidement » ensuite par la direction.

« Ce qui manque aujourd’hui aux cadres des partis de la NUPES, c’est peut-être ça : d’avoir vraiment, sincèrement, le même objectif de victoire de la gauche commune. Et de comprendre que cet objectif de long terme nécessite parfois des compromis à court terme », avance la numéro 1 des Jeunes écologistes.

« Montrer l’exemple pour que nos aînés fassent le travail »

C’est à se demander si vieillir rend vraiment plus sage… Unanimement, les jeunes cadres déplorent les querelles publiques et parfois violentes qui « abîment l’image » de l’alliance. « Il ne me viendrait pas à l’idée d’insulter les insoumis, les écologistes, Générations ou les communistes sur Twitter, et je pense que c’est pareil pour mes homologues », cingle Emma Rafowizc. « On se dit qu’on a besoin de montrer l’exemple pour que nos aînés fassent le travail. À la fois sur le besoin de rester unitaire mais aussi le respect des partenaires », ajoute-t-elle.

Le contraste avec les passes d’armes régulières des têtes d’affiche sur la Nupes est flagrant. Pas plus tard que le 4 juillet, le responsable de LFI Manuel Bompard mettait sur le même plan Vladimir Poutine, Xi Jinping… et Fabien Roussel.

19/07/2023 Jade Toussay

https://www.huffingtonpost.fr/

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