Archive | Histoire

28 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

michel warschawski

Illustration 1

L’écrivain et journaliste Michel Warschawski © Rosa Moussaoui

Michel Warschawski : « Nous avons dépassé les crimes de guerre à Gaza »

Pour l’écrivain et journaliste israélien Michel Warschawski, Israël est en train de perpétrer « un crime contre l’humanité » dans la bande de Gaza. Il dénonce aussi la médiocrité du débat politique en France.

Figure du mouvement pacifiste et de la gauche israélienne, engagée contre l’occupation et la colonisation, l’écrivain et journaliste Michel Warschawski dénonce dans un entretien à Mediapart « le crime contre l’humanité » perpétré par l’État hébreu contre les civils gazaouis.

Mediapart : En riposte aux massacres du Hamas sur son sol, Israël bombarde depuis le 7 octobre de manière indiscriminée la bande de Gaza, tuant et blessant des milliers de civils. Cette nuit de bombardements a été l’une des plus intenses dans l’enclave palestinienne, qui a été coupée du monde (Internet et télécommunications) par l’État hébreu. Comment qualifiez-vous ces violences ?  

Michel Warschawski : Nous avons dépassé les crimes de guerre, nous sommes face à un crime contre l’humanité à Gaza. La Cour pénale internationale doit s’en saisir. La population de Gaza paye une nouvelle fois le prix cher, sans pour autant que ce carnage, ces milliers de morts gazaouis ne calment l’opinion publique israélienne, qui se sent très menacée.

Je suis très inquiet devant la folie de notre gouvernement d’extrême droite sur lequel les pressions internationales et les discours pour calmer le jeu accrochent très peu. Nous sommes face à des jusqu’au-boutistes extrémistes qui sont en plus des incapables et des voyous. Nétanyahou [le premier ministre israélien – ndlr] est leur otage. Et ça fait peur.

J’ai été sonné par les massacres commis par le Hamas. Ce qui m’a aussi sonné, c’est l’absence de l’État, de Benyamin Nétanyahou et de ses alliés d’extrême droite.

La barbarie et la vengeance aveugle sont-elles de part et d’autre les nouvelles boussoles d’un conflit encalminé depuis des décennies ?

D’abord, je refuse la symétrie entre les deux parties. Il y a un occupant et un occupé. Même si l’occupé peut utiliser des méthodes intolérables qu’il faut dénoncer. N’oublions jamais : Israël est l’occupant, il a les clés de la solution. Les Palestiniens sont poussés à bout, par le désespoir, mais aussi par un sentiment de dignité : « Puisqu’on doit crever, crevons en nous battant pour notre terre. »

J’ai été assez sonné et je le suis encore aujourd’hui par les massacres commis par le Hamas. On a tous en nous une grosse lourdeur, quelque chose qui nous pèse. Ma fille et ses copines ont commencé à pleurer le 7 octobre et nous, les hommes, quelques jours après. Ce qui m’a le plus sonné, c’est bien sûr la violence, même si je peux comprendre d’où elle vient, d’une direction politique, d’une population qui vit à Gaza dans une cocotte-minute qui, à un moment, explose.

Mais ce qui m’a aussi sonné, c’est l’absence de l’État, de Benyamin Nétanyahou et de ses alliés d’extrême droite. Celle qui a pris les choses en main, c’est la société civile. Et jusqu’à aujourd’hui, par exemple, l’accueil des réfugiés des localités juives qui entourent Gaza se fait par des associations, des groupes de citoyens, pas par l’État. À tel point que Nétanyahou, pour la première fois, a dit : « Quand la guerre sera finie, il faudra faire un bilan. » L’État a été en dessous de tout.

Vous dites qu’« Israël a les clés de la solution ». Quelle est cette solution ?

Se retirer des territoires occupés. Et ne pas provoquer une nouvelle nakba [« catastrophe » en arabe, en référence à la fuite ou à l’expulsion de leurs maisons de près de 760 000 Palestiniens et Palestiniennes pendant la première guerre israélo-arabe, qui a coïncidé avec la création de l’État d’Israël – ndlr]. Un ministre du gouvernement israélien a déclaré qu’il fallait finir le boulot de 1948. Cette idée, selon laquelle, nous aurions gardé beaucoup trop de Palestiniens sur notre territoire, obsède notre gouvernement, qui entend créer l’occasion pour nettoyer Israël et en faire un État juif démographiquement, c’est-à-dire un État composé uniquement ou quasi uniquement de juifs.

C’est dans la continuité de la loi fondamentale qui a été votée il y a deux ans : Israël comme peuple-nation, comme État-nation du peuple juif. C’est totalement contraire aux engagements du jeune État d’Israël pour être accepté à l’ONU en 1949. Il s’agit non seulement de ne plus reconnaître les droits nationaux palestiniens, mais aussi de s’en débarrasser le plus vite possible. C’est terrifiant.

On ne peut pas mettre deux millions de personnes dans une cocotte-minute à Gaza et ne pas comprendre que ça va exploser tôt ou tard.

Le conflit israélo-palestinien revient sur le devant de la scène géopolitique de la plus sanglante des manières. Cette violence meurtrière sans précédent est-elle aussi la conséquence du refoulement de la question palestinienne que nombre de cercles diplomatiques, en Occident comme dans les pays arabes, souhaitaient enterrer, notamment à travers les accords d’Abraham ?  

Oui, le conflit israélo-palestinien est là, toujours bien présent. Certains ont cru, parmi ceux qui sont au pouvoir en Israël, qu’on pouvait complètement ignorer la question palestinienne et normaliser comme si de rien n’était les relations avec des pays arabes. Ils se sont gravement trompés.

Israël veut le beurre et l’argent du beurre, c’est-à-dire d’un côté normaliser, mais de l’autre ne rien changer à sa politique. J’ai vu les images à la télévision des grandes manifestations qui ont lieu dans les pays arabes comme au Maroc. Les régimes arabes sont quand même dépendants d’une certaine opinion publique qui communie clairement avec la souffrance des Palestiniens.

Ce qui s’est produit le 7 octobre est une question de nécessité. On se réunit deux fois par semaine dans un petit café avec des amis, plutôt à gauche qu’à droite, mais pas forcément à l’extrême gauche, des personnes plutôt âgées. Elles ne sont pas dans l’esprit de vengeance. Ce sont des gens de bon sens en général, mais il a fallu cette fois leur expliquer quand même à quel point cette violence était inévitable.

Pourquoi cette violence était-elle inévitable ?

Car c’est le principe de la cocotte-minute d’exploser ! On ne peut pas mettre deux millions de personnes dans une cocotte-minute à Gaza et ne pas comprendre que ça va exploser tôt ou tard. Deux millions de personnes sont enfermées dans un minuscule territoire et soumises à un blocus depuis plus d’une décennie.

Ces deux millions de personnes ont des droits, à commencer par le droit d’exister, de respirer. Israël les soumet désormais à un siège complet en représailles, leur coupe l’eau, la nourriture, les médicaments, l’électricité, Internet, les télécommunications. Sa riposte est inacceptable.

Je vois en Occident, notamment en France, des débats minables, qui ne sont pas à la hauteur de l’extrême gravité du moment. Au lieu d’utiliser tous leurs leviers pour imposer un cessez-le-feu immédiat, de nombreux dirigeants politiques préfèrent prêter allégeance à Israël. Ils sont sous les yeux du monde entier les complices d’un crime contre l’humanité.

La gauche israélienne peut-elle encore parler de la réalité palestinienne aux Israéliens après le 7 octobre ou est-elle en train de mourir ? 

Elle est mal en point depuis un moment et cela ne va pas s’arranger. Ce qui faisait la force de la gauche israélienne, c’était qu’elle était judéo-arabe. Et le fait d’être judéo-arabe lui donnait aussi une force numérique. Les juifs israéliens étaient minoritaires. Mais à partir de 2000, le front judéo-arabe a pris un sale coup, réduisant le poids numérique des manifestations antiguerre et anti-occupation. Nous le payons aujourd’hui.

Avez-vous tout de même encore un peu d’espoir ?

Mon grand-père, avec le bon sens d’un juif polonais émigré en France sans beaucoup d’éducation, nous disait : « On ne sait pas de quoi l’avenir est fait, alors autant parier sur le meilleur et pas sur le pire. » C’est mon caractère. Je sais qu’il y a des possibilités. Ce n’est qu’une question de volonté politique et de pressions internationales. Par ailleurs, il n’est pas exclu que cette séquence meurtrière précipite la chute de Nétanyahou, ce qui serait une joie personnelle, partagée par de nombreux Israéliens.

L’opinion publique israélienne est très volatile. Elle peut être hyper belliciste aujourd’hui et très rapidement sauter sur ce qui semble être une solution. Tel-Aviv est tournée entièrement vers l’Europe, vers l’Occident. Et puis, il y a le reste d’Israël. Ce sont un peu vos villes et vos banlieues. Ce sont des populations qui votent à droite en général, contrairement à Tel-Aviv, qui est beaucoup plus à gauche, au centre-gauche.

Et cette cassure, à mon avis, va s’accentuer. Ce sont deux Israël. D’ailleurs, on appelle depuis des décennies nos banlieues le « second Israël », ces villes pauvres qui se trouvent notamment à la frontière de Gaza.

Rachida El Azzouzi

28 octobre 2023 à 12h40

https://www.mediapart.fr/

Lire la suite

25 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

gilbert achcar (à l’encontre)

gilbert achcar (à l'encontre) dans A gauche du PS 587367800_socialmedia-1024x682
Manifestation pro-palestinienne à Rabat, le 15 octobre. Le gouvernement du Maroc a établi une «normalisation» avec l’Etat d’Israël.

Israël-Palestine. «Dans ce choc des barbaries, on ne peut pas être neutre»

Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Anne-Sylvie Sprenger

La riposte israélienne à l’offensive menée par le Hamas a généré le soulèvement d’une grande partie du monde musulman, de Bagdad à Téhéran en passant par les capitales européennes. Comment ne pas craindre un embrasement des relations entre Orient et Occident, alors que la solidarité des musulmans à l’endroit du peuple palestinien se fait puissamment entendre, entre manifestations de soutien pacifiques et actes de terrorisme? Eléments de réponse avec Gilbert Achcar, professeur à l’Ecole des études orientales et africaines (SOAS) de l’Université de Londres, spécialiste du monde arabe contemporain et auteur de différents ouvrages sur le sujet, dont Le choc des barbaries. Terrorismes et désordre mondial (2002).

Comment faut-il comprendre les réactions de solidarité du monde musulman après l’attaque du Hamas? 

Ces réactions mettent au jour le clivage Nord-Sud qui existe dans la perception du conflit au Proche-Orient. Certes, l’attaque menée par le Hamas a été particulièrement violente, mais on a eu les mêmes réactions par rapport au 11 septembre. Après ce choc absolument monumental, le monde occidental s’est identifié aux Etats-Unis, comme c’est aujourd’hui le cas avec Israël. Or, dans les pays du Sud mondial, beaucoup de personnes s’étaient réjouies du fait que, pour une fois, les Etats-Unis s’en étaient «pris plein la gueule».

C’est aujourd’hui le ressenti, dans les pays musulmans, face à Israël?

Il y a, au sein du monde musulman, un grand écart entre les gouvernements arabes qui établissent des rapports avec l’Etat d’Israël et l’opinion publique, qui prend fait et cause pour les Palestiniens. Celle-ci considère, à juste titre sur le plan historique, qu’en Palestine, les victimes ne sont pas les juifs, mais bien les Palestiniens. Dans le monde de culture européenne, on a tendance à voir les juifs comme victimes à cause de l’horreur historique incomparable qu’a été la Shoah. Et à projeter cette même grille de lecture sur les évènements en cours.

Et ce n’est pas le cas?

Les références faites aux pogroms et à l’Holocauste sont précisément inadéquates. Ce qu’a fait le Hamas est barbare. Mais ce que fait Israël en permanence en bombardant des hôpitaux, des immeubles, des concentrations civiles, c’est aussi de la barbarie. Ainsi, en dehors du monde occidental, on ne voit pas les Israéliens – je ne parle pas des juifs en général, mais bien des Israéliens – comme des victimes, mais comme des colons, protagonistes d’un colonialisme de peuplement. Il faut donc sortir un peu de cette vision occidentale et essayer de voir les choses comme les autres peuvent les voir – ces autres qui sont la majorité de la planète.

On serait donc face à un choc des visions entre le monde occidental et le Sud mondial?

Comme je l’écrivais déjà au lendemain du 11 septembre, nous vivons dans un monde où chaque civilisation produit des formes de barbaries qui lui sont propres et dépendent de ses moyens. Les Etats-Unis ont commis des barbaries sans nom au Vietnam, en Irak, etc. Et les attentats du 11 septembre ont été éminemment barbares. Mais, dans ce choc des barbaries, on ne saurait être neutre.

C’est-à-dire?

On ne saurait se draper dans une attitude morale qui renverrait tout le monde dos à dos. Cela serait inéquitable, car la responsabilité principale incombe aux plus forts, à ceux qui sont en situation d’oppresseurs. Je condamne évidemment tout acte de barbarie. Mais si on fait les comptes, au fil des ans, il y a eu beaucoup plus de victimes palestiniennes qu’israéliennes. Et c’est cela que retiennent les gens dans le monde musulman. Et c’est pour ça que, malgré l’atrocité de ce qui s’est passé, ils continuent à voir les Palestiniens comme les victimes fondamentales.

Le soutien apporté à Israël depuis cette attaque ne risque-t-il pas d’enflammer encore davantage les esprits?

Oui, bien sûr, et c’est pourquoi l’attaque du Hamas est une folie. Le 11 septembre a porté un grand coup à l’arrogance des Etats-Unis, mais cela a servi énormément l’administration de George W Bush, qui était auparavant au plus bas dans les sondages. Elle s’est retrouvée tout à coup avec 80% de popularité et s’est alors lancée dans des guerres: Afghanistan et Irak. Le projet d’occuper l’Irak, les membres de cette administration le caressaient depuis longtemps, et voilà que Ben Laden leur a offert l’occasion parfaite. On assiste à la même chose aujourd’hui: Netanyahou, qui était contre le retrait de Gaza en 2005 et qui a démissionné du Gouvernement israélien pour cette raison, va aujourd’hui diriger une nouvelle occupation de Gaza. C’est clairement son plan, mais avec cette fois-ci à la clé un déplacement massif et forcé de la population, qu’il souhaite faire passer de l’autre côté de la frontière dans le Sinaï égyptien.

Dans cet esprit de solidarité intra-musulmane, comment comprendre que les portes de l’Egypte restent closes?

Les Egyptiens comprennent très bien que les Palestiniens qui sortiront de Gaza ne seront probablement pas autorisés à y retourner. Tout le monde a en tête le schéma de ce qui s’est passé en 1948 quand les Palestiniens ont fui les combats. Ils ont abandonné leurs maisons en emportant leurs clés avec eux, car ils pensaient revenir. Or on ne les a jamais laissés retourner et c’est ainsi qu’ils sont devenus réfugiés. C’est exactement ce qui risque de se dérouler sous nos yeux.

Comment comprendre que cette solidarité s’exprime non seulement dans le monde musulman, mais également auprès des musulmans en Europe ou en Amérique?

Parce qu’ils sont issus du monde colonisé et voient, de fait, les choses d’un œil très différent. Evidemment, il ne faut pas généraliser, en parlant d’Occident, de musulmans et de juifs. Il y a, par exemple, en Europe et en Amérique, beaucoup de personnes d’ascendance juive très critiques envers l’Etat d’Israël. Ces personnes voient bien le paradoxe: cet Etat a été créé manu militari en 1948 avec l’ambition d’offrir un havre de sécurité aux Juifs. Or, y a-t-il un endroit au monde où les juifs sont moins en sécurité aujourd’hui qu’en Israël? C’est un échec historique terrible.

Comment en est-on arrivé là?

Depuis 1967, la Cisjordanie et Gaza sont en situation d’occupation. Et Israël n’arrête pas de violer le droit international et de construire des colonies en Cisjordanie. C’est une dynamique infernale. Mais qu’on ne s’y trompe pas: ce qui va se passer là va être affreux et aura des retombées sur la population israélienne elle-même, mais également sur l’Europe et sur les Etats-Unis qui seront considérés comme complices. La communauté internationale est coupable d’avoir laissé pourrir la situation, à commencer par les Etats-Unis qui ont le plus d’influence sur Israël, suivis par l’Europe.

Dès lors, faut-il s’attendre à un regain d’attaques terroristes?

Je crains fort que ce soit ce qui nous attend. Le cycle de la violence au Moyen-Orient n’a pas cessé de déborder en Europe, et a même atteint les Etats-Unis de façon spectaculaire en 2001 dans ce qui reste la plus grande opération terroriste de l’histoire.

Comment éviter que ce conflit s’étende chez nous?

Je suis peut-être naïf ou idéaliste, mais je crois au droit international. Je crois que l’ONU est un acquis précieux pour l’humanité et le seul cadre qui puisse façonner un monde pacifique. Or la charte de l’ONU n’arrête pas d’être violée. Seule son application intégrale peut réaliser la raison même pour laquelle elle a été élaborée: la paix universelle.

(Entretien publié le 17 octobre 2023 sur le site Réformés.ch)

19 octobre 2023 Alencontre

https://alencontre.org/

Lire la suite

23 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

vidéo (npa)

Lire la suite

22 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

la brèche ( paris 12è)

beatrice_ores

Lire la suite

21 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

pierre stambul (ujfp)

pierre stambul (ujfp) dans A gauche du PS 587741624_socialmedia-1024x682
Khan Younès, 18 octobre.
.
.

«L’expulsion en masse de centaines de milliers de Gazaouis vers le Sinaï serait une deuxième Nakba»

Entretien avec Pierre Stambul conduit par Emilien Urbach

Porte-parole de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Stambul était en Égypte, le 7 octobre, lorsque le Hamas a lancé une attaque sanglante dans le Sud d’Israël. Il tient pour responsables de l’escalade de violence au Proche-orient la politique coloniale de l’État hébreux et l’impunité systématique que lui accordent les pays occidentaux. Pour ce fils d’un des rares survivants du groupe Manouchian, la gauche française doit durcir le ton sur la condamnation des crimes de l’État israélien contre le peuple palestinien.

Quel regard portez-vous sur la situation à Gaza?

On est dans une situation qui ressemble de plus en plus à un génocide. J’ai toujours hésité en tant que juif à utiliser ce mot. Mais c’est bien ce à quoi nous assistons. Les images qu’on reçoit depuis Gaza montrent des quartiers entiers détruits, des enfants fouillant dans les débris des souvenirs de ce qui a été leur vie. On compte des milliers de morts. À Jabaliya, tout près de la frontière nord, Israël a ordonné l’évacuation de l’hôpital qui accueille des milliers de blessés. Des centaines mourront si elle a lieu. L’expulsion en masse de centaines de milliers de Gazaouis vers le Sinaï serait une deuxième Nakba. Si rien n’est fait, on va avoir dans quelques jours des centaines de milliers de réfugiés sous les tentes comme en 1948.

Comme si l’attaque terroriste menée par le Hamas servait finalement de justification au projet de l’extrême droite israélienne…

Israël n’a jamais eu besoin de justification. À Gaza, la population vit sous blocus depuis 17 ans. Les Gazaouis ne peuvent ni importer ni exporter. Ils sont régulièrement bombardés. Il n’y a aucun avenir pour les jeunes. L’attaque du Hamas a été longuement préparée et intervient dans ce contexte d’exaspération. L’État israélien viole allègrement, depuis 56 ans, toutes les résolutions de l’ONU qui lui demandent d’arrêter sa politique coloniale en Palestine. Le programme sioniste est depuis toujours d’expulser les Palestiniens.

Suite à cette escalade de violence, quel peut être la position du camp de la paix en Israël?

Plusieurs anticolonialistes israéliens ont eu d’extraordinaires réactions après l’attaque menée par le Hamas. Tous ont des proches ou des amis qui sont morts ou disparus. Ils réagissent finalement un peu comme Nurit Peled-Elhanan [1], il y a 30 ans, lorsque sa fille a été tuée dans un attentat du Hamas, à Jérusalem. «Tu obliges nos enfants à être assassins ou assassinés», avait-elle lancé, déjà à l’époque, à l’attention de Netanyahou. Quand une société coloniale n’est pas arrêtée et qu’elle agit en toute impunité, les civils de cette société finissent par en subir les conséquences. L’attaque du Hamas est honteuse. Ce sont des crimes de guerre. Mais pourquoi croit-on l’ONG Amnesty International lorsqu’elle dit que le Hamas commet des crimes de guerre, mais pas quand elle qualifie la société israélienne de régime d’apartheid et de crimes contre l’humanité ce que l’État israélien fait subir quotidiennement aux Palestiniens?

En France, le fait que des familles françaises vivant en Israël aient été touchées a beaucoup marqué les esprits…

53 % des Français d’Israël ont voté pour Éric Zemmour au premier tour des élections présidentielles. C’est important de savoir ça. Je suis moi-même un juif français. Il y a 20 ans, les habitants de Sderot, une des villes martyres, allaient faire leurs courses à Gaza. Une pétition avait même été cosignée entre eux et les Gazaouis pour affirmer qu’ils voulaient vivre en Paix. Aujourd’hui, 80 % de ses habitants ont voté pour les suprématistes aux dernières élections israéliennes. C’est le résultat de la politique d’apartheid. À Ashkelon, autre ville martyre, ils ont construit un monticule pour pouvoir admirer la bande de Gaza quand il y a des bombardements. Ce que je veux dire, c’est que les civils d’une société coloniale prennent nécessairement parti. Dans ce contexte, les anticolonialistes israéliens sont extrêmement courageux. Ils comptent leurs morts, mais savent que la responsabilité est du côté de leurs dirigeants.

La stratégie du Hamas n’est-elle pas, elle aussi, criminelle?

La guerre actuelle, n’est pas une guerre d’Israël contre le Hamas. C’est une guerre du gouvernement israélien contre le peuple palestinien tout entier. Le Hamas est arrivé au pouvoir sans majorité absolue. Beaucoup de Gazaouis lui sont opposés. Mais s’il est arrivé au pouvoir, c’est parce qu’Israël et l’occident ont d’abord porté tous leurs coups contre les laïcs, contre l’OLP. Maintenant que le Hamas est fort, ils portent leurs coups contre le Hamas. C’est l’intérêt d’Israël de ne pas avoir de partenaire pour la paix. Le Hamas a un projet politique que je condamne totalement. Mais s’ils sont arrivés là où ils en sont, c’est essentiellement à cause de l’occupant.

Et si les pays occidentaux soutiennent unanimement l’État d’Israël ce n’est pas dans une guerre contre le Hamas. Ils soutiennent aujourd’hui le projet politique d’un gouvernement fasciste et suprématiste en Israël, qui souhaite annexer la Cisjordanie et vider Gaza de sa population. C’est ça qui est à l’œuvre et c’est ce contre quoi nous devons nous élever. Il s’agit d’une guerre coloniale. Il y a un occupant et un occupé. Je constate malheureusement qu’une partie de la gauche française a opéré un recul idéologique extrêmement grave autour de cette lutte anticoloniale.

Que penser des interdictions systématiques, en France, de manifestations de soutien au peuple palestinien?

J’ai été arrêté moi-même ce lundi 16 octobre alors que j’accompagnais la militante palestinienne Mariam Abu Daqqa prendre un train pour Toulouse où elle devait donner une conférence. Elle est maintenant sous le coup d’un arrêté d’expulsion et assignée à résidence. Parmi Les 13 personnes qui ont été arrêtées la semaine dernière à Strasbourg pour manifestation interdite, on compte deux membres de la coordination nationale de l’UJFP.

Un ministre de l’Intérieur qui use de stéréotypes antisémites, dans son ouvrage sur Napoléon, fait arrêter des juifs antisionistes dans les manifs. En Allemagne, des militants de notre association sœur regroupant des Israéliens antisionistes vivant en Allemagne ont vu leurs comptes bancaires fermés, suite à une manifestation. On fait face, comme sur la question des migrations, à une criminalisation de la solidarité. Dans les deux cas, il nous faut résister à une idéologie dominante dominée maintenant par la droite et l’extrême droite raciste. Là aussi, une partie de la gauche est défaillante. (Entretien publié dans le quotidien français L’Humanité le 17 octobre 2023)

_________

[1] Nurit Peled-Elhanan (née en 1949 à Jérusalem) est une philologue et traductrice, professeur de littérature comparée à l’université hébraïque de Jérusalem, connue comme militante pacifiste en Israël. Née en 1949, c’est la fille de Matti Peled, un général de l’armée israélienne qui, après la guerre des Six Jours, s’est élevé contre la politique de colonisation.

Après avoir perdu sa fille de 14 ans dans un attentat kamikaze palestinien (et interdit aux officiels israéliens dont Benjamin Netanyahou de venir à ses obsèques), elle déclare «ne pas avoir cédé au désespoir mais prononcé un discours avec pour thème la responsabilité d’une politique myope qui refuse de reconnaître les droits de l’autre et fomente la haine et les conflits». Elle est cofondatrice de l’association israélienne et palestinienne des Familles endeuillées pour la paix.

Elle reçoit le prix Sakharov en 2001 en tant que représentante de «tous les Israéliens qui prônent une solution négociée du conflit et revendiquent clairement le droit à l’existence des deux peuples et des deux États avec des droits égaux». Izzat Ghazzawi, un professeur de littérature palestinien militant également pour la paix malgré la perte d’un fils dans le conflit le reçoit en même temps.

Elle est l’une des trois promoteurs du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009. (Source: Wikipédia)

Lire la suite

20 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

17 octobre 1961

17 octobre 1961 dans A gauche du PS 17-octobre1961

17 octobre 1961 : quand le terrorisme d’État s’abattait en France

Il y a 62 ans, la police française assassinait entre 200 et 300 Algériens à Paris, ou peut-être plus : leur nombre exact n’a jamais été ni connu, ni reconnu. La violence se déchainait contre une population à qui était reproché en bloc le terrorisme de sa principale organisation, le Front de libération nationale (FLN), qui combattait pour l’indépendance de l’Algérie.

Une violence policière légitimée pour donner des gages à l’extrême droite

En 1961, la guerre d’Algérie touchait à sa fin. Elle avait déjà causé la mort de 500 000 à un million de personnes, dont 25 000 soldats français, et l’armée française se montrait incapable de l’emporter face à la détermination du peuple algérien. Le gouvernement s’était résigné à engager des négociations avec les représentants du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et à organiser un référendum pour l’autodétermination le 8 janvier 1961.

De Gaulle, venu au pouvoir à la suite du coup d’État d’Alger du 13 mai 1958, était décidé à mettre fin à cette guerre trop coûteuse. Mais il lui fallait donner des gages à l’armée et à la police, gagnées à l’extrême droite des « ultras d’Alger ». Ces derniers représentaient les intérêts d’entreprises coloniales et certains secteurs de l’armée qui ne voulaient pas entendre parler d’indépendance et avaient formé une organisation armée fasciste, l’Organisation armée secrète (OAS), qui menait des attentats contre les Algériens et des personnalités favorables à la paix.

Toute latitude était donc offerte à la police pour semer la terreur parmi ceux que l’on appelait les « musulmans d’Algérie ». La police se livrait régulièrement à des descentes dans les cafés et hôtels fréquentés par des Algériens qu’elle traitait avec la plus grande brutalité. Les ratonnades, brimades, rafles étaient quotidiennes. La torture sévissait dans les commissariats.
Le FLN répliquait alors par des attaques contre des commissariats, des harkis jouant les supplétifs de la police et des policiers identifiés comme tortionnaires. Pour éviter ces représailles, la préfecture avait d’ailleurs autorisé les policiers à ne plus porter leur matricule sur leur uniforme.

Lorsqu’un couvre-feu est instauré, « conseillant » aux Algériens de ne pas sortir entre 20 heures 30 et 5 heures 30, le FLN décide d’organiser une grande manifestation de protestation le 17 octobre. La manifestation doit défiler pacifiquement sur les grands boulevards entre 18 et 20 heures. Le FLN interdit strictement d’y apporter des armes. Cela n’empêchera pas la police de lâcher toute sa haine raciste. Fusillades, matraques, coups, torture s’abattent sur les manifestants, qui sont arrêtés et entassés au palais des sports de Paris place de la Porte-de-Versailles, au stade Pierre-de-Coubertin et dans d’autres lieux où les tabassages se poursuivent sur plusieurs jours. Le nombre officiel d’arrestations atteindra 11 500 sur 30 000 à 40 000 manifestants. Les morts et des blessés sont jetés à la Seine.

Des décennies de déni

Le nombre de morts n’a jamais été établi de manière incontestable. Une chape de plomb tombe sur les événements et le massacre. Le gouvernement, de Gaulle le premier, couvre les agissements de la police. La presse dénonce « de violentes manifestations nord-africaines emmenées par des tueurs » qui auraient tiré sur les forces de police. Pour le journal Le Monde : « C’est le terrorisme musulman qui porte la responsabilité de ces drames. » La presse de gauche, L’Humanité et Libération, dénoncent timidement la violence policière mais sans en mesurer l’ampleur et s’excuse de n’en dire plus en raison de la censure.

Les syndicats policiers montent immédiatement au créneau pour réclamer l’impunité policière. Aucun policier ne sera effectivement inquiété.

Il faudra près de vingt ans pour que les événements sortent de l’ombre, grâce notamment aux recherches de Jean-Luc Einaudi, éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse et militant maoïste, ou encore le roman de Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire.

L’État français n’a jamais reconnu l’ampleur de ce massacre et a immédiatement verrouillé l’accès aux archives de la police qui auraient permis de dévoiler le crime d’État. C’est pour cette reconnaissance, l’accès aux archives et l’enseignement des crimes coloniaux à l’école que de nombreuses associations, syndicats et partis appellent à un rassemblement chaque 17 octobre.

Maurice Spirz

Lire la suite

14 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

stasbourg octobre 1961

stras

Lire la suite

13 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

gaza villepin (le figaro)

villepin

«Prison à ciel ouvert» : Dominique de Villepin salué par les Insoumis à propos de la bande de Gaza

Plusieurs responsables de LFI se sont félicités des déclarations de l’ancien chef de la diplomatie de Jacques Chirac, qui n’hésite pourtant pas à critiquer le Hamas et dénonce des «crimes contre l’humanité» commis samedi dernier en Israël.

Au micro de France Inter ce jeudi, Dominique de Villepin a reconnu «avec une peine infinie» qu’il n’avait pas été surpris par la «haine» qui a déferlé samedi 7 octobre en Israël, où plus de 1200 civils et militaires ont été assassinés et une centaine pris en otage par des combattants islamistes du Hamas.

Et l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac de rappeler «ce que nous avons tous dit de cette prison à ciel ouvert» qu’est la bande Gaza : «On se dit que quelque chose a été raté, par nous tous, par l’ensemble de la communauté internationale, avec l’amnésie qui a été la nôtre, l’oubli qui a considéré à imaginer que cette question palestinienne allait pouvoir s’effacer devant un accord économique, stratégique et diplomatique, comme substitut à cette tragédie»

«Grille d’analyse gaulliste»

Cette déclaration de Dominique de Villepin, premier ministre de 2005 à 2007, a été saluée ce jeudi par plusieurs ténors de la France insoumise. «Il est toujours utile dans ces moments d’écouter Dominique de Villepin», a écrit sur X (anciennement Twitter) le député Manuel Bompard, coordinateur des Insoumis. «Comme souvent, Dominique de Villepin a les mots justes. Et comme il ne s’appelle pas Jean-Luc Mélenchon, personne ne viendra lui dire à lui que ses mots sont ’ambigus’, qu’il ’justifie le terrorisme’, qu’il est ’complice du Hamas’, qu’il crée un climat propice à ’l’antisémitisme’ !», a poursuivi un autre député insoumis, Adriens Quatennens. Même tonalité du côté du président LFI de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel : «Je craignais que toute la droite républicaine avait oublié sa grille d’analyse gaulliste sur ce conflit. Après Hubert Védrine, la parole de Dominique de Villepin est précieuse et surtout utile».

La formule de «prison à ciel ouvert» pour qualifier l’enclave palestinienne a certainement plu aux Insoumis, qui se refusent obstinément à qualifier le Hamas d’organisation terroriste, de même que la mise en garde de Dominique de Villepin qui a déclaré qu’«il fallait éviter que la riposte indiscriminée ne conduise à enflammer un peu plus la région, mais aussi le monde».

Au-delà, pourtant, l’ancien diplomate français était loin de reprendre en chœur le discours ambigu de la France insoumis. «L’ampleur, l’horreur et la barbarie qui se sont exprimées nous appellent tous à un devoir d’humanité et de solidarité vis-à-vis d’Israël et du peuple israélien», a expliqué le gaulliste revendiqué, qui a dénoncé «les terroristes du Hamas» et la commission, «manifestement», de «crimes contre l’Humanité, dès lors qu’a été ciblée de façon systématique et générale une catégorie de population». L’ancien locataire du quai d’Orsay fait ici référence aux critères juridiques du Statut de Rome de 1998, qui a créé la Cour pénale internationale.

Dominique de Villepin a aussi explicitement critiqué le discours plein d’ambiguïté des Insoumis dans le sillage de l’attaque du Hamas contre Israël : «Tout ce qui, dans la politique politicienne, peut conduire à essayer de tirer profit politiquement de cette situation me dégoûte. On ne peut pas jouer avec tout, sur ces sujets, nous ne sommes pas là pour tirer avantage de telle ou telle communauté». Des mots que n’ont pas dû retenir Manuel Bompard, Adriens Quatennens ou Éric Coquerel… mais le chiraquien n’a pas été tendre non plus pour son ancienne famille politique puisqu’il a critiqué dans les mêmes termes l’appel du président LR, Éric Ciotti, en faveur d’une suspension des aides aux territoires palestiniens, accusées d’enrichir les terroristes du Hamas.

Sur le fond de l’affaire, la position défendue par Dominique de Villepin n’aura étonné personne. L’ancien ministre des Affaires étrangères s’est inquiété du hiatus grandissant entre le discours diplomatique des puissances occidentales et celui des pays dits du Sud global. «La ligne de fracture du monde, aujourd’hui, recoupe celle de l’Ukraine. La voix de l’Europe, la voix de l’Occident n’est pas majoritaire. Tout ce qui va se passer, va l’être sous l’œil et le regard du monde qui ne voit pas les choses comme nous», a-t-il déclaré au micro de France Inter.

«La solution à deux États, plus que jamais la seule»

Dominique de Villepin a plaidé en faveur d’«une solution à deux États», soit la reconnaissance mutuelle de l’existence d’un État palestinien à côté de l’État hébreu. Elle est «plus que jamais, la seule», a-t-il affirmé, en expliquant que cette solution «est la meilleure garantie de sécurité que pourrait avoir Israël : avoir un État constitué à côté de soi, ça vaut mieux qu’un pullulement d’organisations terroristes, un chaudron mortifère».

L’ancien premier ministre n’y voit pas un projet «iréniste» mais un gage d’«efficacité» rendu possible car le Hamas «n’est pas le peuple palestinien». Mais, «combattre le Hamas n’est pas enfermer deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza sans pouvoir sortir», a-t-il poursuivi en estimant que «le droit à la légitime défense n’est pas un droit à une vengeance indiscriminée, qu’il n’y a pas de responsabilité collective pour un peuple pour les crimes commis par quelques-uns».

Dans la même veine, le chef de la diplomatie de Jacques Chirac, célèbre pour son discours de 2003 devant le conseil de sécurité de l’ONU contre l’invasion américaine de l’Irak, a estimé qu’après les attentats du World Trade Center, «les Américains avaient cédé à une volonté de vengeance, s’étaient lancés seuls dans une volonté de punir, ont été entraînés dans une logique de force et ont cru qu’ils pourraient fabriquer un nouveau Moyen-Orient, apporter la démocratie par la violence et la force, résultat, ils ont enflammé». «Ne recommençons pas les mêmes erreurs», a-t-il mis en garde en considérant que les Israéliens vivaient leur propre 11-Septembre étant donné «l’immensité du drame et du choc».

Alexis Feertchak

https://www.lefigaro.fr/

Lire la suite

10 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

glasgow

glasgow

Un nouveau travail sur la lutte commune en Irlande et en Écosse

Dans son nouveau travail, Dave Sherry examine les liens et la solidarité que partageaient les travailleurs situés à des distances les unes des autres et soutient que cette histoire devrait être célébrée.

Irlande Ecosse socialiste

Les liens entre l’Irlande et la résistance écossaise sont révélés dans un nouveau livre The Irish Revolution and Red Clydeside

Red Clydeside a marqué un niveau élevé de résistance de la classe ouvrière à Glasgow entre 1910 et 1923. Cela a coïncidé avec la révolte capitale en Irlande contre la domination impériale britannique qui a culminé avec sa guerre d’indépendance.

Des liens étaient déjà établis et une solidarité s’était forgée entre ceux qui vivaient des deux côtés de la mer d’Irlande. Cela n’était pas surprenant étant donné l’interaction entre les habitants de ce qui est devenu l’Irlande et l’Écosse.

Au début du 17è siècle, la classe dirigeante écossaise fut la première à coloniser l’Ulster. Cela signifiait que depuis les années 1840, une partie importante de la population irlandaise était obligée soit de migrer vers Clydeside, soit de faire des allers-retours en tant que main-d’œuvre itinérante et saisonnière.

On m’a demandé d’écrire sur ce sujet et d’en parler dans le cadre du Festival international de Govanhill cet été. Cet événement célèbre la diversité de la communauté locale et sa riche histoire ouvrière. L’histoire du Southside de Glasgow – notamment Govanhill et les Gorbals – est celle de mouvements successifs de population en provenance de différentes parties du monde, dont l’Irlande.

Mon travail couvre des événements tels que le lock-out de Dublin, qui a suscité une immense solidarité de la part des habitants de Clydeside. Il se penche sur les suffragettes, la crise du Home Rule irlandais et le soulèvement de 1916.

Il présente John Maclean et le mouvement anti-guerre, les frappes sur les munitions de Clyde et la grève réussie des loyers à Glasgow. De tels événements majeurs faisaient partie d’une lutte internationale qui a inspiré la révolution dans toute l’Europe et la rébellion dans les colonies des puissances impériales.

Figure clé du soulèvement de Pâques en Irlande en 1916, James Connolly est né dans le bidonville de Cowgate à Édimbourg, alors connu sous le nom de Little Ireland. Écosse Il a vécu  jusqu’à l’âge de 28 ans et a joué un rôle important dans le mouvement ouvrier écossais avant de déménager à Dublin.

En 1896, il accepta une offre d’y devenir organisateur socialiste et, à son arrivée, forma le Parti Républicain Socialiste irlandais. Il entretient des liens étroits avec ses nombreux contacts à Clydeside lors de son activité en Irlande et aux États-Unis. Il le fit jusqu’à son exécution par un peloton d’exécution en 1916. En 1915, les autorités interdirent son journal irlandais.

Il fut imprimé illégalement par le Parti travailliste socialiste à Glasgow et lui était apporté clandestinement à Dublin par Arthur MacManus, un délégué syndical de l’atelier de munitions. Margaret Skinnider était une enseignante née à Coatbridge de parents irlandais.

Elle a rejoint le mouvement des femmes fondé pour soutenir l’indépendance irlandaise et a été l’une des 100 femmes qui ont combattu à Dublin à Pâques 1916. Féministe, suffragette, socialiste républicaine, syndicaliste et estafette, elle était la meilleure « snipper » de la Citizen Army de Connolly.

En 1919, il y avait 35 branches du Sinn Fein en Écosse et le nombre de ses membres s’élevait à 30 000. Peu de temps après que la grève de 40 heures ait paralysé Belfast et déclenché la bataille de George Square, Glasgow a organisé sa plus grande marche du 1er mai jamais vue.

Les rapports font état de « 150 000 marcheurs, de grèves généralisées et de nombreux enfants retirés de l’école pour y participer ». Un groupe de cornemuses du Sinn Fein a mené la marche avec des drapeaux tricolores irlandais et des banderoles syndicales et en chantant The Soldier’s Song et The Red Flag.

Ce soir-là, John Maclean a partagé un meeting avec le chef de l’ILP, John Wheatley, et la socialiste républicaine irlandaise Constance Markievicz, la première femme élue à Westminster.

Les liens entre le Red Clyde et les événements en Irlande constituent une partie importante de notre histoire. Le message destiné aux travailleurs d’aujourd’hui – luttant dans une nouvelle ère de barbarie et de catastrophes – est mieux résumé dans la phrase rendue célèbre par James Connolly : « Les grands ne paraissent grands que parce que nous sommes à genoux – levons-nous ! »

https://socialistworker.co.uk/

Lire la suite

07 octobre 2023 ~ 0 Commentaire

hamas (npa)

Pins-Palestine-Bretagne

Offensive de Gaza : nous sommes tous et toutes palestinienNEs !

Depuis ce matin, une vaste offensive a été lancée depuis Gaza par le Hamas en territoire “israélien”. Il s’agit d’une offensive sans précédent qui a pris de court la direction militaire israélienne. En plus des roquettes tirées sur plusieurs postes militaires, certaines colonies autour de Gaza ont été acquises aux résistantEs.

Gaza est sous blocus depuis 15 ans et connaît depuis une situation humanitaire dramatique, cela sans compter les humiliations, les mortEs et les bombardements. Longtemps cantonnéEs aux actualités autour du cycle provocations – roquettes – bombardements et appels à la “désescalade” des “deux côtés”, les PalestinienNEs étaient dépeintEs comme passives et passifs, toujours dans la survie. La stratégie israélienne, appelée la “tondeuse à gazon”, consiste en réalité à éliminer physiquement et régulièrement des nouvelles générations de militantEs et d’opposantEs à l’occupation, dans un cycle de répétition interminable.

Cette fois-ci, l’offensive est du côté de la résistance. En effet, avec un gouvernement israélien ouvertement d’extrême droite prêt à toutes les annexions et crimes de guerre, les dernières provocations sur l’esplanade des mosquées, ça ne peut plus durer ! Le Hamas appelle les palestienNes à se soulever dans tous les territoires et à lutter contre l’occupation. Les manifestations pour la démocratie en Israël (qui devaient avoir lieu ce samedi) ont été annulées par leur organisateurs pour soutenir l’armée d’occupation. Il est trop tôt pour connaître l’issue de cette offensive. A cette heure, il est évidemment à craindre que l’armée israélienne se permette les pires exactions et représailles, cela avec la bénédiction de la communauté internationale occidentale.

Le NPA ne se joint pas à la litanie des appels à la prétendue “désescalade”. En effet, la guerre contre les PalestinienNEs dure depuis 75 ans, et la gauche devrait se rappeler de la nécessaire solidarité avec les luttes de résistances contre l’oppression et l’occupation. Le NPA rappelle son soutien aux PalestinienNEs et aux moyens de luttes qu’ils et elles ont choisi pour résister. Nous lançons un appel à l’organisation rapide de mobilisations de soutien au peuple palestien. Nous soutenons l’exigence de sanctions internationales contre les crimes de guerre et d’apartheid d’Israël, celles-ci étant encore plus nécessaires aujourd’hui face à la violence et la haine de la classe dirigeante actuelle en Israël. Enfin nous rappelons que c’est bien l’absence de sanctions et plus généralement l’occupation, l’extension de la colonisation et l’apartheid, qui sont responsables de cette situation.

Aujourd’hui comme hier, nous sommes toutes et tous palestienNEs. Intifada !

Montreuil, le samedi 7 octobre 2023

Lire la suite

Rocutozig |
Tysniq |
Connorwyatt120 |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Rafredipen
| Agirensemblespourpierrevert
| Buradownchin