Archive | Histoire

09 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

A la Brèche, des livres pour les fêtes

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À travers tout le pays, les travailleurs étaient en grève, et ils occupaient les usines.

Ils avaient trouvé une nouvelle forme d’action directe : la grève sur le tas. Ils l’avaient choisie eux-mêmes, en dehors et contre la bureaucratie syndicale, parce qu’ils estimaient à juste titre que ce moyen de pression serait plus sensible aux capitalistes que les simples grèves d’antan « dans le calme et la dignité ».

Au lendemain du 1er mai, passant aux actes, les ouvriers de l’usine Bréguet, au Havre, avaient occupé les ateliers. Latécoère à Toulouse, Bloch à Courbevoie avaient suivi l’exemple. Le mou- vement avait pris très vite le caractère d’une vague de fond. Le pays que Blum s’apprêtait à gou- verner n’était déjà plus celui qui, quelques semaines plus tôt, avait porté le Front populaire au pouvoir.
Le rapport des forces sociales était renversé. Cette grève générale avait surgi spontanément de la conscience ouvrière et elle avait des mobiles élémentaires : la crise économique et les décrets- lois déflationnistes qui avaient durement frappé une partie des salariés. L’unité syndicale enfin scellée, l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement populaire ouvraient aux masses paupérisées la perspective d’un changement radical.
Comme pour tout grand mouvement social, comprendre les raisons de son échec alimente la mémoire des luttes afin d’en tirer les leçons. En ce sens, ce livre est un véritable classique de l’histoire sociale du XXe siècle. Auteur de Fascisme et grand capital, de Bourgeois et bras nus 1793–1795 et de Ni dieu ni maître, Daniel Guérin (1904-1988) a été de tous les combats de la gauche révolutionnaire durant un demi-siècle.

http://www.la-breche.com/catalog/product_info.php?products_id=3030&osCsid=fc2c5b9bc8cf2f8c9295f535bbec7786

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09 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Histoire: la social-démocratie sous Bismarck

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Ce livre est le récit vivant d’une époque, de 1860 à la fin du siècle, par trop méconnue en France, où, à travers le dévouement et l’engagement de milliers d’ouvriers, d’employés, de femmes et d’hommes, s’est construit le premier grand parti moderne de la classe ouvrière, un parti révolutionnaire.
Nous retenons le plus souvent de l’histoire de la social-démocratie sa faillite en 1914, et ensuite son intégration à l’ordre bourgeois. Ce livre nous fait connaître celles et ceux qui l’ont cons- truite comme instrument de leur propre émancipation, quand la bourgeoisie et l’État sous la férule de Bismarck unifiaient l’Allemagne et développaient à grande vitesse leur appareil de production.

L’Allemagne était alors le cœur du mouvement ouvrier international. Il décrit comment les associations culturelles ouvrières, mises en place dans les années 1860 par la bourgeoisie elle- même afin d’utiliser les travailleurs contre la réaction féodale et les contrôler, devinrent un lieu d’agitation et de propagande socialiste. La classe ouvrière commençait à conquérir son indépendance.
L’impulsion politique de ce tumultueux développement est donnée par des groupes militants assez restreints dont deux dirigeants seront l’âme, August Bebel et Wilhelm Liebknecht. Leurs deux voix furent les seules à s’opposer au vote des crédits de guerre au Reichstag en juillet 1870, une audace internationaliste qui arma bien des vocations et volontés militantes. Audace démultipliée par le rayonnement en 1871 de la ­Commune de Paris.
Un an après les succès électoraux de 1874 eut lieu la fusion des deux partis socialistes, alors que Bismarck engageait une large répression pour étouffer les progrès du mouvement ouvrier. En 1878, il promulgue les lois contre les socialistes maintenues jusqu’en 1890. Ironie de la lutte, c’est en cherchant à contourner les interdits que les militants socialistes enracinèrent leur parti au plus profond de la classe ouvrière et de la société, en s’investissant dans toutes sortes d’associations avec une grande inventivité avant que la routine parlementaire, le réformisme, ne paralysent une large fraction de son appareil.
Passionnante histoire que celle de l’union du mouvement ouvrier et des idées socialistes modernes de Marx et d’Engels. Sans aucun doute aussi des enseignements pour celles et ceux qui veulent œuvrer à sa renaissance…

Yvan Lemaitre

Histoire : la social-démocratie sous Bismarck
Anne Deffarges, L’Harmattan, 2013, 25 euros.

Lundi 9 décembre 2013 Publié dans : Hebdo L’Anticapitaliste – 220 (05/12/2013)

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07 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Lip, l’imagination au pouvoir (rennes infos)

lip-bb17e Un film de Christian Rouaud

Projection-débat sur l’Autogestion

Le 6 juin 1973, les ouvriers et ouvrières de l’usine de montres LIP découvraient une note indiquant : « 489 à dégager ». Dans l’heure, ils séquestraient la direction, tandis que la préfecture envoyait les CRS envahir l’usine. Mais ce jour-là, la lutte ne faisait que commencer. Pour faire front, les « LIP » remirent en marche l’usine avec un mot d’ordre « On fabrique, on vend, on se paye ! ».
Le film raconte à la fois le courage, les craintes mais aussi l’imagination de celles et ceux qui ont participé à cette bataille sociale, en même temps qu’il montre, entre images d’archives et interviews, la violence des rapports de classe et le rôle qu’y joue l’Etat.

Quarante ans plus tard, en 2013, alors que le chômage est dix fois plus important qu’en 1973, les restructurations, licenciements et fermetures de boîtes se multiplient. Cette année en Bretagne, ce sont plus de 8 000 personnes qui se retrouvent sur le carreau.

Dans un tel contexte, les LIP nous posent la question de la reprise des usines sous contrôle des travailleurs et travailleuses, de l’auto-organisation de la production et, fina- lement, de l’hypothèse de la mise en place d’un autre système économique et social. C’est de cela que nous aimerions discuter et débattre avec vous, le tout avec à boire et à manger.

Jeudi 12 décembre 2013 à 18:30 Université Rennes 2, Campus de Villejean, AmphiB6 (métro « Villejean Université »)

Co-organisé par les syndicats Solidaires Etudiant-e-s, SLB et CNT

http://www.rennes-info.org/Projection-debat-sur-l-Autogestion

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04 décembre 2013 ~ 0 Commentaire

Le général Aussaresses, défenseur de la torture en Algérie, est mort à 95 ans (lt)

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Le général Paul Aussaresses, qui avait clairement assumé son comportement de tortionnaire durant la guerre d’Algérie, est décédé à l’âge de 95 ans, a annoncé ce mercredi sur son site l’association d’anciens parachutistes « Qui Ose gagne ». L’association n’a pas précisé la date du décès mais dit que le général Aussaresses était « hospitalisé depuis quelque temps ».  Le général Aussaresses avait été condamné en 2004 pour apologie de la torture et exclu de l’ordre de la Légion d’honneur.4 décembre 2013 à 09h40

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/france-monde/france/deces-le-general-aussaresses-defenseur-de-la-torture-en-algerie-est-mort-a-95-ans-04-12-2013-2326367.php

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26 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

Brest, cinémathèque de Bretagne, toujours en grève après 21 jours (of)

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En grève depuis maintenant 21 jours à Brest, les salariés de la Cinémathèque de Bretagne déplorent « l’inertie du conseil d’administration ».

Aucun médiateur n’a encore été dépêché pour renouer le dialogue entre les salariés grévistes de la Cinémathèque de Bretagne et le conseil d’administration de cette structure associative dédiée à la conservation et la diffusion du patrimoine audiovisuel. Pourtant, la semaine dernière, les représentants des financeurs de la Cinémathèque (le Centre national du cinéma, le Conseil régional de Bretagne, le Conseil général du Finistère, la ville de Brest), ont proposé une médiation pour sortir de cette crise. En grève depuis maintenant 21 jours, les salariés demandent en effet le remplacement du directeur de la Cinémathèque.

Vendredi dernier, le conseil d’administration, après avoir demandé aux membres du bureau, tous démissionnaires, de reprendre leur fonction, avait aussi décidé de solliciter les services d’un médiateur professionnel externe.

Depuis, aucune nouvelle… Face à cette « situation grave », les salariés estiment « inappropriée la lenteur des démarches du conseil d’administration ». Ils se désolent « des conséquences qu’une grève aussi longue a et aura sur les salariés et leur structure elle-même ». Brest – 25 Novembre

http://www.ouest-france.fr/cinematheque-de-bretagne-toujours-en-greve-apres-21-jours-1739987

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25 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

Wallace, l’autre Darwin, politiquement incorrect (llb)

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 Mort il y a juste cent ans, il eut le tort d’être trop à gauche, trop anticapitaliste, fémi- niste, utopiste, et d’être aussi devenu spiritiste, l’histoire des sciences l’a boudé.
Un livre et un colloque lui rendent hommage. Wallace fut d’abord le codécouvreur de la sélection naturelle et fut un esprit extraordinaire. Libre.

Charles Darwin est si célèbre qu’il est devenu un nom commun : on parle de « darwinisme » et les intégristes religieux se battent encore contre ce concept admis pourtant depuis cent cinquante ans. Mais à l’ombre du grand Darwin, se trouve un autre géant des sciences et de la pensée, injustement oublié : Alfred Russel Wallace (1823-1913), qui codécouvrit avec Darwin, le mécanisme de la sélection naturelle, responsable de l’évolution des espèces. Mais le fait qu’il fut aussi un utopiste, féministe, de gauche, et qu’à la fin de sa vie, il crut aux esprits, explique qu’il fut longtemps rayé de l’histoire des sciences. (…)

En Amazonie « Wallace fut non seulement un grand scientifique, mais à la différence de Darwin, il fut aussi un grand témoin de son temps et écrivit sur tous les thèmes de la société dans laquelle il vivait. » Wallace, comme Darwin, n’avait pas de formation scientifique. Si Darwin eut une formation de clergyman, Wallace fut un pur autodidacte obligé de travailler à 13 ans, à Londres, dans une me- nuiserie et ensuite, comme surveillant de travaux pour les relevés topologiques liés à l’ »enclosure act », la privatisation des terres, qui créa des Landlords, mais aussi une grande misère chez les paysans chassés des terres qu’ils occupaient. Wallace en sera traumatisé toute sa vie.

Il était sensibilisé aux idées de gauche par la lecture de Robert Owen, un utopiste anglais comme Fourier le fut en France. Toute sa vie, il resta outré par les excès du capitalisme (qu’on retrouve un peu aujourd’hui). Les écrits anticapitalistes de Wallace expliquent en partie que sa pensée fut occultée jusqu’aux années 1970. Alors que Darwin était un grand bourgeois qui ne s’exprimait pas sur les problèmes de son temps. (…)

En Amazonie, Wallace prit tous les risques, maladies, insectes voraces. De Manaus, il remonte le Rio Negro et en dresse une carte précise qui resta longtemps la meilleure. Il est typique de constater que Wallace s’intéressait aussi aux populations locales. Il voyagea avec les Indiens dont il ne comprenait pas la langue, ce qui l’amena à constater que « quand on vit avec eux, les Indiens ne sont en rien ces sous-hommes décrits par ceux qui ne les voient qu’au bord des fleuves ».

Le bateau brûle Wallace resta quatre ans en Amazonie et rentra par un bateau qui brûla en plein océan avec les spécimens qu’il avait ramenés. Il s’en sortit par miracle; mais, dès qu’il fut à Londres, il voulut repartir, cette fois, dans une zone a priori plus calme, l’archipel malais (Java, Bornéo, etc.). Il y resta six ans et y poursuivit la même démarche de collecte d’animaux (insectes, oiseaux du paradis…), pour les étudier, mais aussi les vendre. Ce fut encore une vraie aventure avec son serviteur malais, l’attaque de pirates et la rencontre du Rajah Blanc de Sarawak qui servit de modèle au Lord Jim de Kipling. Wallace lui rendit hommage en disant qu’ »il gère bien » les indigènes,  » pas par la force, mais grâce à de bonnes relations » .

Wallace était déjà évolutionniste. Il ne croyait pas que les êtres vivants avaient été créés comme tels, par un Dieu. Comme les esprits éclairés de son temps, il avait vu que les espèces ont évolué. Partout où il voyageait, il remarquait les traces de cette évolution. A l’époque, dans l’Angleterre anglicane, c’était pourtant encore tabou d’être évolutionniste, même si le journaliste Robert Chambers avait écrit un livre à succès sur ce thème. Mais le mécanisme de l’évolution n’était pas compris. Lamarck proposait que ce soit une adaptation aux conditions du milieu. Wallace croyait tout autrement : c’est la compétition entre les espèces, le « struggle for life » qui choisit les plus aptes.

Un cas unique en histoire des sciences Il envoya un article en 1855, évoquant cette piste, à l’influent Charles Lyell, à Londres, qui s’empressa de mettre en garde Darwin. Darwin, en effet, réfléchissait à ce même mécanisme depuis 1837, mais ne voulait encore rien publier. Lyell lui dit : « Fais gaffe, tu vas te faire griller par Wallace. » Wallace qui avait beaucoup d’estime pour Darwin ne protesta jamais. Même quand il apprit que son texte envoyé de Sarawak avait été montré à Darwin. Et même quand Lyell – un cas unique dans l’histoire des sciences – décida de publier le texte de Wallace; mais, en même temps, de publier un texte semblable de Darwin, en forçant la main à ce dernier et en aménageant d’autorité ses lettres. Certes, Darwin n’a rien volé à Wallace et l’antériorité de Darwin dans la réflexion est évidente, mais sans cette intervention de Lyell, Wallace, plus impulsif que Darwin, eut été le premier à publier un texte sur le mécanisme de sélection naturelle par la com- pétition entre espèces. On peut comparer cela à la question de l’antériorité entre Higgs et Englert sur la découverte du mécanisme du boson.

Darwin et Wallace se connaissaient bien et s’écrivirent toute leur vie : « J’ai lu toutes leurs lettres, elles sont étonnantes et il y en eut jusqu’à trois par semaine » , explique Jacques Reisse. Certes le « struggle for life » comme mécanisme fut découvert par les deux. Mais il y avait des différences dans les détails et Wallace se montrait plus darwinien que Darwin ! Il refusa, à raison, le mécanisme que Darwin conservait du choix par la femelle du mâle le plus puissant (« la séduction »). Wallace n’a d’ailleurs jamais adopté le terme de « sélection naturelle » , préférant « sélection du plus apte » .

Les esprits « La grande différence entre Darwin et Wallace est que, s’ils furent tous deux de formidables observateurs, Darwin fut aussi un grand expérimentateur qui a vu le lien entre la sélection naturelle et la sélection opérée par les éleveurs. » Mais le clivage principal vint en 1864, quand il s’est agi d’appliquer la sélection naturelle à l’apparition de l’homme. Wallace estimait que cette loi n’expliquait pas tout l’homme et qu’à cause de l’art, la musique, la philosophie, il y aurait autre chose. Darwin vit d’emblée que Wallace partait sur un terrain dangereux. Et en 1871, Darwin répondit à Wallace dans son livre « The descent of man » où il expliqua qu’il y a certes des différences quantitatives entre l’homme et les autres espèces, mais pas de différences qualitatives. Wallace pourtant, persista dans l’idée erronée que, pour l’homme, l’évolution aurait un but, un « designer ». Darwin eut beau lui écrire : « Ne tue pas notre enfant » , Wallace continua à croire qu’il y a deux mondes : celui qu’on voit et celui des esprits. Il était déiste, mais antireligieux et non-pratiquant. Comme beaucoup à son époque, il croyait aux revenants, aux fantômes, aux maisons hantées.

Père de la biogéographie « Il est curieux, constate Jacques Reisse, que face à ces croyances, Wallace ait été si naïf. Il racontait en y croyant, une séance chez Mme Ross, aux Etats-Unis, où, disait-il, il avait vu se matérialiser des esprits. Cette dame eut beau être condamnée en Justice pour faux, Wallace persista en disant : ‘certes, il existe des menteurs, mais dans ce cas précis, je l’ai vu de mes yeux.’ Il écrit alors des livres sur ce sujet et donne des conférences à grand succès : 1 000 personnes sont venues l’écouter à Los Angeles. »

Mais revenons aux autres acquis de Wallace. « Le Monde » vient de lui consacrer deux pleines pages en insistant sur sa découverte de « la biogéographie » ou comment l’étude de la biologie et des différentes entre espèces peut nous renseigner sur l’évolution de la terre. Il pressentait déjà les conséquences qui viendront plus tard de la découverte du mouvement des plaques tectoniques. Des terres éloignées voient se développer d’autres espèces. Il se rendit, par exemple, aux îles de Bali et Lombok, toutes proches (25 km) et dont pourtant la faune est totalement différente. Elle est asiatique à Bali et australienne à Lombok. Depuis, on a déterminé « une ligne de Wallace » qui divise les continents à ce niveau. Entre Darwin et Wallace ce fut toute leur vie une admiration mutuelle, malgré leurs désaccords. C’est Wallace qui inventa le mot « darwinisme ».

Wallace fut aussi un grand féministe. Dans les années 1860, il soulignait que tous les hommes étant égaux, les femmes devaient avoir le droit de vote. Il refusait tout eugénisme et estimait que les femmes sont l’avenir de l’humanité car, disait-il, quand elles seront indépendantes économiquement, bien éduquées, elles auront ce discernement qui améliorera le futur de l’humanité. Il fut aussi antimilitariste, prônait une Inde indépendante, Malte libre, s’opposait à la guerre des Boers, s’interrogea déjà sur l’indépendance du Québec et critiquait fermement la violence du capitalisme.

C’est ce « gauchisme » et ce « spiritualisme » qui l’ont jeté dans l’oubli jusque dans les années 1970 quand on le redécouvrit en Angleterre. En France, par contre, il reste un paria. Sans doute, trop opposé au rationalisme français. Guy Duplat Publié le lundi 25 novembre 2013 à 05h38 – Mis à jour le lundi 25 novembre 2013 à 08h15

http://www.lalibre.be/culture/livres/wallace-l-autre-darwin-politiquement-incorrect-5292d43b3570386f7f342f4c

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25 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

Bro goz

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Le Gwenn ha du (drapeau breton) serait « sinistre » (selon certains « jacobins »)  et le Bro Goz alors?

Bro goz ma zadoù (Vieux pays de mes pères) est l’hymne national de la Bretagne. Il est inspiré de l’hymne national du Pays de Galles, Hen Wlad Fy Nhadau (Vieille terre de mes pères). L’hymne de Cornouailles, Bro Goth Agan Tasow l’équivalent en cornique, reprend lui aussi l’air de l’hymne gallois. Enfin, on le retrouve aussi chez le peuple Khasi dans le nord-est de l’Inde.En ce jour de lutte contre les violences faites aux femmes, ce peuple vit un « matriarcat » très favorable aux filles.

Le Bro Goz ma Zadoù fût entonné par des otages du camp de Chateaubriant.

En septembre 1939, le Docteur Jacq participa à la restructuration clandestine au Huelgoat (An Uhelgoat) du Pcf,  qui venait d’être interdit,  par le gouvernement Daladier à la suite du pacte germano-soviétique. Déchu de son mandat municipal, il se vit privé par la mairie des bons d’essence nécessaires pour exercer son métier !  Il parcourut alors à pied ou à vélo le canton pour continuer à apporter les soins à ses malades. Il fut arrêté par les gendarmes  du Huelgoat le 3 juillet 1941 puis conduit au camp d’internement de Châteaubriant.

Dans ce camp, Le Docteur Jacq dispensa durant sa captivité des cours de breton pour les autres otages du camp et mit en place une chorale bretonne. Chorale bretonne qui entonna le Bro Goz, en même temps que La Marseillaise et L’Internationale le 22 octobre 1941 lorsque 27 internés (parmi lesquels Pierre Guéguin et Guy Môquet) furent conduits au poteau d’exécution. Le 15 décembre 1941, le Docteur Jacq, fût fusillé par les soldats nazis.

La reconnaissance tardive de la présence de militants trotskistes parmi les fusillés

Pendant longtemps, l’appartenance au courant trotskiste de Marc Bourhis fut occultée. En 1980, une polémique oppose un militant communiste, ancien interné de Châteaubriant, qui nie que Marc Bourrhis soit trotskiste, à Alain Krivine, dirigeant de la LCR. Pourtant, le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français de Maîtron et Pennetier établit clairement cette appartenance. Leurs auteurs démentirent publiquement l’ancien interné de Châteaubriant.

La polémique porte aussi sur Pierre Guéguin, présenté comme « communiste » par le PCF, mais qui avait rompu avec ce parti lors du Pacte germano-soviétique de 1939 et était devenu sympathisant trotskiste. Ce n’est qu’en 2003 que L’Humanité reconnaît les sympathies trotskistes de l’ancien maire de Concarneau.

Sources: http://an-uhelgoad.franceserv.com/6aout1944.htm  et Wikipédia

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22 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

Bonnets rouges. »Non à la manipulation de l’histoire ! » (lt+of)

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Nous avons reçu de trois historiens éminents, Alain Croix, André Lespagnol et Fanch Roudaut, cette tribune qui entend préciser la dimension sociale de la « révolte des Bonnets rouges » du XVIIe siècle qui trouve actuellement une certaine acuité.

« Depuis un mois, on assiste à une manipulation de l’histoire de la Bretagne, à un degré rarement atteint. Nous avons des choix citoyens différents mais, historiens, nous pensons qu’on ne peut pas dire et écrire n’importe quoi, et en particulier en matière d’histoire : trop d’exemples tragiques nous l’ont rappelé, dans un passé parfois très récent, y compris en Europe. Dans le cas des Bonnets rouges, cet épisode de l’histoire bretonne, déformé, est utilisé à des fins bien précises et pour le moins douteuses.

Qu’est-ce que « les Bonnets rouges » ? Nous sommes en 1675, sous le règne de Louis XIV. Dans les campagnes de Basse-Bretagne : une large part du Finistère actuel, une partie des Côtes-d’Armor et du Morbihan. À un moment où, par ailleurs, de nombreuses villes à l’est de la province, Rennes surtout, connaissent aussi une révolte dite « du Papier timbré ».

Pourquoi cette révolte des Bonnets rouges ? Alors que la Bretagne connaît, pour la première fois depuis près d’un siècle, de sérieuses difficultés économiques, les charges qui pèsent sur les paysans s’alourdissent : versements aux seigneurs surtout, taxes royales aussi, dont la multiplication donne une impression d’accablement fiscal.  Ces taxes, réelles (sur le tabac, par exemple) ou imaginaires (l’instauration de la gabelle sur le sel) sont même ce qui met le feu aux poudres.

Les révoltés s’organisent de manière assez remarquable : rédaction de « codes », ancêtres des cahiers de doléances de 1789, élection de députés défrayés et dotés d’une chemise et d’un bonnet rouge.  Le mouvement rencontre un écho européen pour plusieurs raisons : Louis XIV est de nouveau en guerre (contre la Hollande), et la mobilisation des troupes aux frontières permet à la révolte paysanne bretonne de durer quatre mois, chose inouïe dans la France du roi absolu et dans une province réputée pour sa tranquillité.

Il est facile d’établir des parallèles avec notre époque, et aussi des différences : l’essentiel n’est pas là.  La révolte, en effet, vise tous ceux qui, de près ou de loin, peuvent être perçus comme des exploiteurs : seigneurs, agents du fisc, clergé même. Les codes paysans réclament la suppression des corvées (seigneuriales surtout), la diminution des prélèvements sur les récoltes (les seigneurs encore, le clergé aussi), et un juste tarif pour divers services du quotidien : les messes et le vin, les actes devant notaire et le tabac… Ils ne s’en prennent jamais, bien au contraire, à un roi supposé ignorer les abus que connaît son royaume.

Cette révolte, qui oppose des paysans bretons à leurs exploiteurs bretons, est avant tout sociale : il est symbolique que le révolté le plus connu, Sébastien Le Balp, soit assassiné par un seigneur, le marquis de Montgaillard.

Gommer cette fondamentale dimension sociale est un travestissement de l’histoire, et débouche vers son instrumentalisation. Délibérément, certains au moins des animateurs du collectif Bonnets rouges veulent détourner la très légitime colère des victimes (agriculteurs, éleveurs en particulier, salariés d’une partie de l’industrie agro-alimentaire) contre « Paris », responsable de tous les maux.

Alors qu’une part essentielle de responsabilité incombe à certains chefs d’entreprise et à certains syndicalistes agricoles qui n’ont pas voulu voir venir l’effondrement d’un modèle éco- nomique devenu dépendant de subventions européennes, ou qui l’ont très bien vu venir sans réagir, sans chercher à faire évoluer manières de produire et types de production. Selon une recette hélas tant de fois éprouvée, ils tentent de détourner une profonde et légitime colère sociale vers « les autres », tous les autres mais pas eux. Avec la connivence de quelques élus.

Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer cette escroquerie intellectuelle : syndicats de salariés, désormais unanimes, un syndicat agricole comme la Confédération paysanne, certains partis politiques, certains journalistes, certaines personnalités. Nous voulons leur apporter notre soutien. Manipuler l’histoire, tomber dans le populisme, n’a jamais aidé à résoudre de vrais problèmes. La preuve en est dans les efforts de récupération du mouvement par l’extrême droite, ce qui devrait faire réfléchir.

Oui, il y a de quoi « Lakaat e voned ruz », « mettre son bonnet rouge », c’est-à-dire piquer une colère noire, selon l’expression imagée du breton. Encore faut-il tourner sa colère vers les vrais responsables. » 22 novembre 2013 à 06h30

Alain Croix (Nantes), André Lespagnol (Rennes), Fañch Roudaut (Brest)

http://www.letelegramme.fr/ig/generales/regions/bretagne/bonnets-rouges-non-a-la-manipulation-de-l-histoire-22-11-2013-2311167.php

http://www.ouest-france.fr/bonnets-rouges-non-la-manipulation-de-lhistoire-1731887

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20 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

« Rien que notre dû ! », le combat des vignerons au pays du muscadet 1891-1914 (cht)

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Paradoxe : c’est dans un pays rural, au cœur du vignoble nantais que s’est développée la première expérience significative de syndicats paysans de tendance socialiste à la fin du XIXe siècle.

Qui sont ces paysans ? Des vignerons titulaires d’un bail à complant (une forme ancienne de contrat, transmissible de génération en génération), qui cultivent la vigne et partagent la récolte avec leurs propriétaires… Du point de vue juridique, cette terre n’est pas la leur, mais ils ne peuvent en être chassés que pour une raison : leur négligence au travail. Que peut-il donc se passer si d’aventure la vigne elle-même venait à disparaître, victime du phylloxéra ?

Pour certains propriétaires, la catastrophe est une aubaine car elle rend caduc les baux à complant. Ils peuvent donc récupérer leurs terres et en chasser leurs occupants, parfois présents depuis des générations. Les complanteurs ne l’entendent pas de cette oreille. C’est pourquoi ils constituent, au cours des années 1891-1914, des syndicats de défense efficaces, pour conserver leurs droits et combattre les prétentions de certains propriétaires fonciers soutenus par un système juridique qui leur était entièrement favorable. Mais pour continuer à produire du vin, il leur faut parallèlement se battre pied à pied contre le phylloxéra, cette gangrène qui s’est abattue sur tous les vignobles de l’Hexagone.

C’est cette histoire aussi passionnante que méconnue, politique et sociale autant que technique et culturelle, que René Bourrigaud raconte ici, avec le souci permanent de s’adresser à un large public.

Ingénieur en agriculture de formation (ESA Angers), devenu docteur en histoire du droit, René Bourrigaud, aujourd’hui retraité, fut maître de conférences en histoire du droit à l’Université de Nantes. Outre sa thèse sur « Le développement agricole au XIXe siècle en Loire-Atlantique. Essai sur l’histoire des techniques et des institutions » (1993), il a écrit, entre autres, Paysans de Loire-Atlantique, 15 itinéraires à travers le siècle (2001). Il est également l’un des animateurs du Centre international de culture paysanne et rurale (CICPR) et secrétaire de la Fédération des musées d’agriculture et du patrimoine rural de Loire-Atlantique (FDMA 44).

Editions du Centre d’histoire du Travail – Nantes Publié le 20 novembre 2013 par Centre d’Histoire du Travail (CHT)

Le site du CHT : http://cht-nantes.org

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17 novembre 2013 ~ 0 Commentaire

La théorie du fascisme chez Trotsky (ernest mandel)

La théorie du fascisme chez Trotsky (ernest mandel) dans Antifascisme manifestation-anti-fascisme-a-londres-en-1934

La théorie du fascisme de Trotsky se présente comme un tout à six éléments; chaque élément est pourvu d’une certaine autonomie et connaît une évolution déterminée sur la base de ses contradictions internes ; mais ils ne peuvent être compris qu’en tant que totalité close et dynamique, et seule leur interdépendance peut expliquer la montée, la victoire et le déclin de la dictature fasciste.

1) La montée du fascisme est l’expression de la grave crise sociale du capitalisme de l’âge mûr, d’une crise structurelle, qui, comme dans les années 1929-1933, peut coïncider avec une crise économique classique de surproduction, mais qui dépasse largement une telle oscillation de la conjonc- ture. Il s’agit fondamentalement d’une crise de reproduction du capital, c’est-à-dire de l’impossibilité de poursuivre une accumulation « naturelle » du capital, étant donnée la concurrence au niveau du mar- ché mondial (niveau existant des salaires réels et de la productivité du travail, accès aux matières premières et aux débouchés). La fonction historique de la prise du pouvoir par les fascistes consiste à modifier par la force et la violence les conditions de reproduction du capital en faveur des groupes décisifs du capitalisme monopoliste.

2) Dans les conditions de l’impérialisme et du mouvement ouvrier contemporain, histo- riquement développé, la domination politique de la bourgeoisie s’exerce le plus avantageusement, c’est-à-dire avec les coûts les plus réduits, au moyen de la démocratie parlementaire bourgeoise qui offre, entre autres, le double avantage de désamorcer périodiquement les contradictions explosives de la société par certaines réformes sociales, et de faire participer, directement ou indirectement, à l’exercice du pouvoir politique, un secteur important de la classe bourgeoise (au travers des partis bourgeois, des journaux, des universités, des organisations patronales, des administrations commu- nales et régionales, des sommets de l’appareil d’État, du système de la Banque centrale). Cette forme de la domination de la grande bourgeoisie – en aucun cas la seule, du point de vue historique [1] – est toutefois déterminée par un équilibre très instable des rapports de forces économiques et sociaux. Que cet équilibre vienne à être détruit par le développement objectif, et il ne reste plus alors à la grande bourgeoisie qu’une seule issue : essayer, au prix du renoncement à l’exercice direct du pouvoir politi- que, de mettre en place une forme supérieure de centralisation du pouvoir exécutif pour la réalisation de ses intérêts historiques. (…)

3) Dans les conditions du capitalisme industriel monopoliste contemporain, une aussi forte centralisation du pouvoir d’État, qui implique de plus la destruction de la plus grande partie des con- quêtes du mouvement ouvrier contemporain (en particulier, de tous les « germes de démocratie pro- létarienne dans le cadre de la démocratie bourgeoise », comme Trotsky désigne à juste titre les orga- nisations du mouvement ouvrier) est pratiquement irréalisable par des moyens purement techniques, étant donné l’énorme disproportion numérique entre les salariés et les détenteurs du grand capital. Une dictature militaire ou un État purement policier – ne dispose pas de moyens suffisants pour atomiser, décourager et démoraliser, durant une longue période, une classe sociale consciente, riche de plusieurs millions d’individus, et pour prévenir ainsi toute poussée de la lutte des classes la plus élémentaire, poussée que le seul jeu des lois du marché déclenche pério-diquement.

Pour cela, il faut un mouvement de masse qui mobilise un grand nombre d’individus. Seul un tel mouvement peut décimer et démoraliser la frange la plus consciente du prolétariat par une ter- reur de masse systématique, par une guerre de harcèlement et des combats de rue, et, après la prise du pouvoir, laisser le prolétariat non seulement atomisé à la suite de la destruction totale de ses orga- nisations de masse, mais aussi découragé et résigné. Ce mouvement de masse peut, par ses propres méthodes adaptées aux exigences de la psychologie des masses, arriver non seulement à ce qu’un appareil gigantesque de gardiens d’immeubles, de policiers, de cellules du parti dans les entreprises  et de simples mouchards, soumette les salariés conscients politiquement à une surveillance permanente, mais aussi à ce que la partie la moins consciente des ouvriers et, surtout, des employés soit influencée idéologiquement et partiellement réintégrée dans une collaboration de classes effective.

4) Un tel mouvement de masse ne peut surgir qu’au sein de la troisième classe de la so- ciété, la petite bourgeoisie, qui, dans la société capitaliste, existe à côté du prolétariat et de la bour- geoisie. Quand la petite bourgeoisie est touchée si durement par la crise structurelle du capitalisme, qu’elle sombre dans le désespoir (inflation, faillite des petits entrepreneurs, chômage massif des di- plômés, des techniciens et des employés supérieurs, etc.), c’est alors qu’au moins dans une partie de cette classe, surgit un mouvement typiquement petit bourgeois, mélange de réminiscences idéolo- giques et de ressentiment psychologique, qui allie à un nationalisme extrême et à une démagogie anticapitaliste [4], violente en paroles du moins, une profonde hostilité à l’égard du mouvement ouvrier organisé. Dès que ce mouvement, qui se recrute essentiellement parmi les éléments déclassés de la petite bourgeoisie, a recours à des violences physiques ouvertes contre les salariés, leurs actions et leurs organisations, un mouvement fasciste est né. Après une phase de développement indépendant, lui permettant de devenir un mouvement de masse et d’engager des actions de masse, il a besoin du soutien financier et politique de fractions importantes du capital monopoliste, pour se hisser au pouvoir.

5) La décimation et l’écrasement préalables du mouvement ouvrier, qui, lorsque la dictature fasciste veut remplir son rôle historique, sont indispensables, ne sont toutefois possibles que si, dans la période précédant la prise du pouvoir, le plateau de la balance penche de façon décisive en faveur des bandes fascistes et en défaveur des ouvriers [5].
La montée d’un mouvement fasciste de masse est en quelque sorte une institutionnali- sation de la guerre civile, où, toutefois, les deux parties ont objectivement une chance de l’emporter (c’est la raison pour laquelle la grande bourgeoisie ne soutient et ne finance de telles expériences que dans des conditions tout à fait particulières, « anormales », car cette politique de quitte ou double présente indéniablement un risque au départ). Si les fascistes réussissent à balayer l’ennemi, c’est-à-dire la classe ouvrière organisée, à le paralyser, à le décourager et à le démoraliser, la victoire leur est assu- rée. Si, par contre, le mouvement ouvrier réussit à repousser l’assaut et à prendre lui-même l’initiative, il infligera une défaite décisive non seulement au fascisme mais aussi au capitalisme qui l’a engendré. Au départ, les bandes fascistes n’organisent que la fraction la plus décidée et la plus désespérée de la petite bourgeoisie (sa fraction « enragée »).
La masse des petits bourgeois ainsi que la partie peu consciente et inorganisée des sala- riés, et surtout des jeunes ouvriers et employés, oscillera normalement entre les deux camps. Ils au- ront tendance à se ranger du côté de celui qui manifestera le plus d’audace et d’esprit d’initiative ; ils misent le plus volontiers sur le cheval gagnant. C’est ce qui permet de dire que victoire du fascisme traduit l’incapacité du mouvement ouvrier à résoudre la crise du capitalisme de la maturité confor-mément à ses propres intérêts et objectifs. En fait, une telle crise ne fait, en général, que donner au mouvement ouvrier une chance de s’imposer. Ce n’est que lorsqu’il a laissé échapper cette chance et que la classe est séduite, divisée et démoralisée, que le conflit peut conduire au triomphe du fascisme.

6) Si le fascisme n’a pas réussi à « écraser le mouvement ouvrier », il a rempli sa mission aux yeux des représentants du capitalisme monopoliste. Son mouvement de masse se bureaucratise et se fond dans l’appareil d’État bourgeois, ce qui ne peut se produire qu’à partir du moment où les formes les plus extrêmes de la démagogie plébéienne petite bourgeoise, qui faisaient partie des « objectifs du mouvement », ont disparu de la surface et de l’idéologie officielle. Ce qui n’est nullement en contra- diction avec la perpétuation d’un appareil d’État hautement centralisé. Si le mouvement ouvrier est vaincu et si les conditions de reproduction du capital à l’intérieur du pays se sont modifiées dans un sens qui est fondamentalement favorable à la grande bourgeoisie, son intérêt politique se confond avec la nécessité d’un changement identique au niveau du marché mondial. La banqueroute menaçante de l’État y pousse également. La politique de quitte ou double du fascisme est reportée au niveau de la sphère financière, attise une inflation permanente, et, finalement, ne laisse pas d’autre issue que l’aventure militaire à l’extérieur. Une telle évolution ne favorise nullement un renforcement du rôle de la petite bourgeoisie dans l’économie et la politique intérieure ; mais au contraire, elle provoque une détérioration de ses positions (à l’exception de la frange qui peut être nourrie avec les prébendes de l’appareil d’État autonomisé). Ce n’est pas la fin de l’ « asservissement aux prêteurs », mais au contraire l’accélération de la concentration du capital.
C’est ici que se révèle le caractère de classe de la dictature fasciste, qui ne correspond pas au mouvement fasciste de masse. Elle défend non pas les intérêts historiques de la petite bour- geoisie, mais ceux du capital monopoliste. Une fois cette tendance réalisée, la base de masse active et consciente du fascisme se rétrécit nécessairement. La dictature fasciste tend elle-même à détruire et à réduire sa base de masse. Les bandes fascistes deviennent des appendices de la police. Dans sa phase de déclin, le fascisme se transforme à nouveau en une forme particulière de bonapartisme.
Tels sont les éléments constitutifs de la théorie du fascisme de Trotsky. Elle s’appuie sur une analyse des conditions particulières dans lesquelles la lutte des classes, dans les pays hautement indus- trialisés, se développe lors de la crise structurelle du capitalisme de l’âge mûr (Trotsky parle de l’ « épo- que de déclin du capitalisme ») et sur une combinaison particulière – caractéristique du marxisme de Trotsky – des facteurs objectifs et subjectifs dans la théorie de la lutte des classes ainsi que dans la tentative d’influer pratiquement sur elle.  Par MANDEL Ernest

Ernest Mandel  30 janvier 1969  (in Du Fascisme, Ed. François Maspero, 1974) précédemment publié en préface au livre de Trotsky Comment Vaincre le Fascisme aux éditions Buchet-Chastel.

http://www.preavis.org/breche-numerique/article187.html#nh1

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