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05 juin 2023 ~ 0 Commentaire

bretagne (fr3)

resistance en bretagne

Seconde guerre mondiale. Viols, meurtres, ségrégation, la part sombre de la Libération.

Interprète auprès de l’armée américaine à la libération, l’écrivain Louis Guillou, a été témoin de violences dramatiques longtemps restées sous silence : viols, meurtres sur des populations civiles françaises et ségrégation raciale. Son livre « Ok Joe ! » ébranle les convictions et fait l’objet d’un documentaire signé Philippe Baron.

À la sortie du roman de Louis Guillou « Ok, Joe ! » en 1976, les violences commises par les soldats de l’armée américaine sont exposées au grand jour. Il témoigne aussi de la ségrégation que la justice militaire américaine exerçait sur les soldats afro-américains.

Sous forme de rencontres joyeuses et fraternelles, la libération laisse, pour de nombreuses familles, ce goût amer de malentendus. Après 80 ans de silence et de refoulement, des descendants de familles osent aujourd’hui témoigner.

L’alcool et le sexe 

L’alcool favorisait les moments de convivialité, pour les Français libérés et pour les Américains délivreurs. La bouteille de gnôle ou de cidre que les paysans avaient camouflée, était brandie en guise de trophée  « C’est ce que les boches n’auront pas !  » disaient-ils.

S’ensuivent les violences. De multiples viols et meurtres ont lieu durant cette période de la Libération de la Bretagne et de la Normandie. Et à chaque fois, le même scénario s’opère.

C’était la nuit. Notre père est descendu et s’est interposé entre sa fille et cet homme, il a été abattu. C’est pour défendre Catherine contre un viol que papa est mort.

Témoignage de la famille Tournellec Plabennec (Finistère)

Cela se passe la nuit, dans les hameaux de campagne, non loin des camps militaires et sous l’emprise de l’alcool. Un père, un frère, un oncle, tente de s’interposer face au soldat armé pour protéger sa fille, sa mère, ou sa sœur agressée. Et c’est le drame.

L’historienne et autrice de  » Des GI’s et des femmes  » Mary-Louise Roberts, analyse cette vague de viols. Elle explique :  »Depuis 1917, l’image de la France que l’armée américaine avait choisi de véhiculer à ses soldats, est celle des jolies femmes, sexy et avenantes qui les attendaient en France. Les femmes embrassent les GI’s et ils sont aussi bienvenus au lit« .

Deux armées au sein d’une même force

Les camps des bataillons, chargés de ravitaillements, étaient formés par des jeunes soldats afro-américains, toujours commandés par des officiers blancs. Ils s’occupaient de logistique et participaient très rarement au combat. Venus des régions des États-Unis où le racisme était présent et sous la pression du lobby sudiste, l’armée américaine exerçait une ségrégation raciale au sein d’une même force militaire.

Pierrick Péroux, petit-fils d’une victime, connait en détail l’assassinat de son grand-père, perpétré par un jeune soldat afro-américain. « Ma mère avait été repérée dans la journée, et suivie. C’était la nuit. Alors que mes grands-parents empêchaient la porte de s’ouvrir sous les coups, le soldat a tiré. La balle a transpercé la porte, et s’est planté dans le crâne de mon grand-père qui s’est écroulé sous les yeux de sa femme ».

La double peine des afro-américains 

En septembre 1944, l’école des garçons de Morlaix, a été réquisitionnée par l’État-major et transformée en cour martiale.

Le meurtrier du grand-père de Pierrick Péroux y est jugé. « La plaidoirie sera brève » écrit Louis Guillou, interprète au procès. Seul noir devant une dizaine d’officiers blancs, l’accusé, soldat de deuxième classe, est alors condamné à la pendaison. « Mais pourquoi rien que des noirs ? Ce n’est pas un tribunal pour les noirs » s’interroge Louis Guillou.

D’après l’historienne Pauline Peretz, spécialiste des États-Unis, seuls étaient jugés les noirs américains, car il est fort probable que  « l’armée américaine souhaitait en faire une affaire raciale« .

Des dizaines d’accusés afro-américains seront exécutés sur le champ, par pendaison. En Bretagne et en Normandie, la diabolisation des noirs fait naître un racisme qui n’était pas nécessairement présent.

Des victimes sous silence

Les victimes, elles, préfèrent taire leur souffrance pour éviter de paraître ingrates et d’être montrées du doigt. On ne pouvait pas en parler, le mal était petit par rapport au grand bien que l’armée américaine avait fait et que tout le monde célébrait. On a créé un coffre de silence, autour de nous. Un descendant de victime

04/06/2023  Michelle Ruan

Le documentaire « Ok, Joe ! » de Philippe Baron est à retrouver dès maintenant en haut de cet article et sur Francetv.fr. Il sera également diffusé jeudi 8 juin à 23 h 45 sur France 3 Bretagne.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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02 juin 2023 ~ 0 Commentaire

LCR (blast)

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14 mai 2023 ~ 0 Commentaire

mai 1968 (NPA)

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10 mai 2023 ~ 0 Commentaire

mayotte

mayotte  dans Altermondialisme hopital-mayotte-2

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Mayotte : une campagne néo-coloniale de stérilisation ciblant les Comoriennes

L’opération policière « Wuambushu » a débuté le 24 avril dernier à Mayotte (océan Indien) pour expulser les sans-papiers vivants sur l’île (principalement des Comoriens et Comoriennes) et détruire leurs habitations précaires. Aux méthodes militaires de « décasage » de bidonvilles, le gouvernement ajoute une politique de contrôle des naissances, un classique de la gestion coloniale de la « surpopulation » dans les « outre-mer ».

Héritage de l’empire colonial, Mayotte est le département français le plus pauvre : environ 80 % de la population locale vit sous le seuil de pauvreté, et les sans-papiers représentent presque la moitié de la population (48 %).

L’île connaît un taux de fécondité plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale1 alors qu’une crise de l’accès à l’eau s’amplifie, sur un territoire déjà peu doté en services publics, ce qui a inévitablement mené à davantage de tensions sociales.

Au lieu de déployer un plan permettant de développer l’accès aux soins et à la contraception, de mieux répartir les ressources et les densités de population, l’État précarise davantage les femmes étrangères, qui ne pourront bientôt plus bénéficier des services liés à la protection maternelle infantile (PMI), qui fournit pourtant un accès à la contraception et un suivi gynécologique.

D’autant plus que l’aide médicale d’État (AME), qui est habituellement dédiée à la prise en charge des soins des personnes sans-papiers, ne s’applique pas à Mayotte. Pire encore : face à une situation d’extrême tension au centre hospitalier de Mayotte2, les femmes étrangères sont « incitées » à se faire ligaturer les trompes.

Olivier Brahic, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, déclarait le 24 mars dernier : « Je n’aime pas beaucoup ce terme mais c’est cela : on va proposer aux jeunes mères une stérilisation, en clair on leur proposera de leur ligaturer les trompes. »

Les femmes étrangères sont certes celles qui font le plus d’enfants à Mayotte, mais cette politique accrédite l’idée que l’accroissement des violences et des vols serait lié à un problème purement démographique, dont la responsabilité incomberait aux sans-papiers qui feraient trop d’enfants.

Cela alors que, contrairement à ce que sous-entend l’ARS qui présente la stérilisation comme un dernier recours face à une « catégorie de population3 » qui n’y serait par essence pas réceptive, le financement des services publics de santé et de la PMI a toujours été très insuffisant sur l’île.

Bien que la situation à Mayotte ait ses particularités, cette politique s’inscrit dans une constante historique de la gestion par l’État de la reproduction biologique dans les territoires dits d’« outre-mer » : dans les années 1970, alors qu’en métropole la natalité était promue (et l’interruption volontaire de grossesse (IVG) interdite jusqu’en 1975 !), des milliers de femmes subissaient des avortements ou stérilisation forcés à la Réunion4.

Aujourd’hui, même si les politiques d’austérité ont réduit les budgets pour les services publics, la politique sociale en métropole est toujours combinée à des objectifs d’encouragement de la natalité, pour favoriser la reproduction de nouvelles générations de travailleurs et de travailleuses. Par ailleurs, peu de moyens sont déployés pour faire face à la pénurie de misoprostol permettant la réalisation des IVG médicamenteuses.

De l’autre côté, les pouvoirs publics entravent l’accès à la maternité pour les femmes dans les « outre-mer » lorsque la croissance démographique est jugée trop élevée. Au-delà du caractère sexiste de la stérilisation des femmes et non des hommes, cette constante relève d’une logique non avouée de contrôle raciste et nationaliste des équilibres démographiques : la croissance démographique est davantage perçue comme un danger quand elle concerne les colonies.

Le mouvement féministe ne doit donc pas en rester à un universalisme abstrait, qui, en se concentrant sur « les droits », demeure aveugle tant aux différences de classe qu’aux politiques racistes qui touchent les femmes immigrées.

Nous savons que ce gouvernement n’est pas du côté des femmes et qu’il défendra uniquement les mesures « féministes » qui restent compatibles avec les intérêts de la classe dominante. Nous devons combattre avec la même force l’intervention contrainte sur le corps des femmes comme leur abandon sans moyen suffisant pour assurer leur santé, arracher au gouvernement et contre lui des mesures d’urgence pour les femmes de notre classe.

Claire Broussi  7 mai 2023

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09 mai 2023 ~ 0 Commentaire

nakba (presse de gauche)

nakba (presse de gauche) dans A gauche du PS

Du premier congrès sioniste à la Nakba de 1948

La déclaration unilatérale d’indépendance de l’État d’Israël en mai 1948 n’est pas tombée du ciel : elle est une étape décisive dans la consécration d’un projet national/colonial qui s’est développé en Europe dans la deuxième partie du 19e siècle.

Le 1er congrès sioniste se réunit en août 1897, à Bâle. Il consacre la transformation en mouvement politique d’un courant idéologique né en Europe au cours de la seconde moitié du 19e siècle.

Face au développement d’un antisémitisme virulent et meurtrier, les sionistes, dont l’une des principales figures est Theodor Herzl, auteur de l’État des Juifs (1896), postulent l’impossibilité d’une coexistence entre Juifs et nations européennes, et préconisent en conséquence la création d’un État juif. Ce courant est très minoritaire chez les Juifs, beaucoup plus attiréEs par les organisations ouvrières, tel le parti Bund qui regroupe en Europe orientale des centaines de milliers de militantEs juifs se revendiquant du socialisme.

Les résolutions du congrès de Bâle déterminent les objectifs du mouvement sioniste. Le but est « d’assurer au peuple juif un foyer en Palestine garanti par le droit public  ». Pour y parvenir, les délégués recommandent « l’encouragement systématique à la colonisation de la Palestine  » et « des démarches […] afin d’obtenir des gouvernements le consentement nécessaire pour atteindre le but du sionisme  ».

Ces deux recommandations annoncent deux contradictions qui structureront, et structurent encore, le conflit entre Israël et le peuple palestinien. La première est la contradiction entre la volonté de créer un État juif en Palestine et la présence d’un peuple sur cette terre (il n’y a que 5 % de Juifs en Palestine en 1900). La seconde est la contradiction entre la rhétorique émancipatrice du sionisme et sa communauté d’intérêts avec les pays impérialistes.

« Avant-garde de la civilisation contre la barbarie »

Le projet sioniste est un projet colonial qui suscite la désapprobation des autochtones. Il a donc besoin de l’appui des puissances qui dominent la région, notamment de la Grande-Bretagne qui exerce un mandat sur la Palestine après la Première Guerre mondiale. Ce soutien est affirmé en novembre 1917 par le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Balfour, qui déclare que « le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif  ».

Les Britanniques ont été convaincus par les garanties données par Chaïm Weizmann, dirigeant sioniste résidant à Manchester. Il a repris l’argument de Theodor Herzl, considéré comme le père fondateur du sionisme, qui écrivait que l’État juif serait « l’avant-garde de la civilisation contre la barbarie  ». Le premier gouverneur britannique de Jérusalem déclare au début des années 1920 que l’État juif sera «  un petit Ulster juif loyaliste dans un océan d’arabisme potentiellement hostile ».

Forte de ce soutien, la colonisation s’accélère dans les années 1920 et 1930. L’allégeance sioniste aux intérêts impérialistes se concrétise en 1936 : lors du premier soulèvement des PalestinienEs contre la colonisation juive et la tutelle britannique, les milices sionistes épaulent l’armée britannique pour écraser une révolte qui menace de prendre une ­tournure régionale.

Nettoyage ethnique

La Seconde Guerre mondiale et le génocide confèrent une légitimité nouvelle au sionisme. De plus, les grandes puissances voient plutôt d’un bon œil la création d’un État allié au cœur d’une région fortement déstabilisée par le développement des mouvements anticoloniaux. En novembre 1947, l’ONU décide d’un partage de la Palestine entre un État juif (54 % du territoire) et un État arabe (46 %).

Les Juifs ne représentent alors qu’un tiers de la population. Les dirigeants sionistes vont tout mettre en œuvre pour étendre la superficie de l’État juif et pour en expulser les non-Juifs : la colonisation n’ayant pas suffi, il faut en passer par le nettoyage ethnique. Lorsqu’en mai 1948 Israël déclare son indépendance, qui déclenche la première guerre israélo-arabe, 400 000 PalestinienEs ont déjà été chassés.

Entre 1947 et 1949, environ 800 000 PalestinienEs, soit 80 % de ceux qui résidaient à l’intérieur du territoire sur lequel Israël proclame son indépendance, sont expulséEs et deviennent des réfugiéEs. Ce ne sont pas des victimes « collatérales » de la guerre de 1948, mais les victimes d’un plan d’expulsion minutieusement établi, le Plan Daleth, dont l’objectif était simple : le plus de terre et le moins d’Arabes possible sous juridiction israélienne.

C’est la « Nakba », durant laquelle 10 000 PalestinienEs seront tués, dont certainEs au cours de véritables massacres, comme à Deir Yassine (avril 1948, plus de 100 morts) ou Kfar Etzion (mai 1948, plus de 100 morts).

Les forces armées sionistes prennent le contrôle de 774 villes et villages et en détruisent 531. L’État juif est né du nettoyage ethnique des PalestinienEs, au terme duquel, à l’armistice signé en février 1949, moins d’un tiers de la population s’est attribué 78 % de la superficie de la Palestine du Mandat.

mardi 9 mai 2023 Julien Salingue

https://www.pressegauche.org/

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08 mai 2023 ~ 0 Commentaire

triliou (en breton)-tricolore (jdd)

tricolore

D’où vient le drapeau français ?

Les députés examineront mardi une proposition de loi du groupe Renaissance visant à rendre obligatoire le pavoisement des drapeaux français et européen sur la façade des mairies. Mais d’où vient le drapeau tricolore ?

Ses origines sont encore floues. Sous l’Ancien Régime, il n’existait pas de drapeau représentant la nation française. Le bleu, le blanc et le rouge étaient associés à l’autorité de l’État. Elles étaient d’ailleurs les couleurs du roi, celles qu’arboraient ses domestiques et ses régiments par exemple.

Cette association tricolore va prendre un autre sens sous la Révolution.

En signe de ralliement, les combattants de la Garde nationale parisienne portent une cocarde bleu et rouge, couleurs de la capitale. Le 17 juillet 1789, peu après la prise de la Bastille, La Fayette, commandant de la Garde nationale, remet à Louis 16 une cocarde où le blanc s’est intercalé entre le bleu et le rouge.

Plusieurs interprétations sont possibles. Cette combinaison pourrait symboliser la reconnaissance de la Garde par le souverain, et donc l’alliance entre le roi et le peuple, mais aussi entre les militaires et les citoyens. Une autre interprétation rappelle qu’à l’époque, peu après l’indépendance des États-Unis, le bleu-blanc-rouge était populaire auprès des sympathisants de la cause des libertés publiques.

Peu à peu, l’imagerie tricolore passe d’insigne militaire à symbole patriotique. Elle est ainsi présente sous toutes ses formes lors de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, en bandes verticales mais aussi horizontales ou même en losanges et en carrés.

Le drapeau prend sa forme définitive le 15 février 1794. Ses trois bandes verticales et l’ordre de ses couleurs auraient été dessinées par le peintre Jacques-Louis David, à la demande de la Convention nationale. À ce stade, il ne s’agit que du pavillon arboré par les vaisseaux français. Les armées terrestres, elles, continuent d’utiliser des étendards tricolores très variés, qui seront uniformisés sous l’Empire.

Avec le retour de la monarchie, les Bourbons reviennent à l’étendard blanc. Le drapeau tricolore est proscrit. Il est brandi par les révolutionnaires lors des Trois Glorieuses et réhabilité par le roi Louis-Philippe, en 1830. Lors de la révolution de 1848, il est question de passer au drapeau rouge, mais l’emblème tricolore est finalement maintenu, notamment grâce à une harangue du poète Lamartine, qui rappelle que « le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie ».

Depuis, il a toujours été conservé. L’article 2 de notre Constitution en fait le seul emblème national. Une dernière anecdote : en 1974, Valéry Giscard-d’Estaing décide d’éclaircir le rouge et surtout le bleu, pour le coordonner avec celui du drapeau européen, par souci esthétique. Emmanuel Macron est depuis revenu aux couleurs classiques.

Aude Le Gentil 08/05/2023

https://www.lejdd.fr/

Remarque:

C’est donc de la faute de Lamartine si le drapeau n’est pas tout rouge. En fait la révolution de 1848 fut une grande défaite du petit peuple face à la bourgeoisie et par la suite le mouvement ouvrier ne reconnaissait que le drapeau rouge « rouge du sang de l’ouvrier ». (La Commune) C’est le PCF qui a rompu ce consensus lors de son ralliement nationaliste à la bourgeoisie dans les années 1930. La FI de Mélenchon perpétue ce culte du tricolore.

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08 mai 2023 ~ 0 Commentaire

Ukraine (france inter)

resistance en bretagne

Pourquoi l’Ukraine va désormais célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai (et non le 9 mai)

Entre la Russie et l’Ukraine la guerre ne se déroule pas seulement sur le terrain militaire, mais aussi sur le plan mémoriel. L’objectif du président ukrainien Zelensky est d’inscrire clairement son pays dans ce qu’il appelle de lui-même le « monde libre ».

Déjà l’année dernière, Volodymyr Zelensky avait choisi le 8-Mai pour diffuser un vibrant discours en vidéo où il faisait des parallèles entre l’agression russe contre son pays, et celle que l’Allemagne nazie avait fait subir à l’Europe dès 1939.

Cette année il va plus loin pour se démarquer des Russes et de leurs commémorations du 9 mai. « Aujourd’hui je dépose devant le parlement ukrainien un projet de loi qui propose de faire du 8 mai le jour du souvenir de notre victoire sur le nazisme pendant la seconde guerre mondiale, de 1939 à 1945″, a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur le réseau Telegram. De fait, les Russes célèbrent le jour de la Victoire le 9 mai, jour où Staline signa la reddition allemande à Berlin en 1945, alors que tous les autres belligérants l’avaient fait à Reims le 8 mai.

Dans sa vidéo, Volodymyr Zelensky insiste par ailleurs sur le fait que la guerre a bien commencé en 1939, alors que les Russes, dans la tradition mémorielle soviétique, n’y incluent pas la période de la guerre qui court jusqu’à 1941, durant laquelle l’URSS avait signé avec Hitler l’embarrassant pacte germano-soviétique.

Deux mémoires

Il y a donc là deux mémoires qui s’opposent frontalement. En ne s’alignant plus sur le calendrier de Moscou, le président ukrainien inscrit clairement son pays dans le « monde libre », celui qui a combattu le mal nazi et l’a vaincu le 8 mai 1945. Un mal, dit aussi Volodymyr Zelensky, qui est aujourd’hui revenu, sous la forme de l’invasion russe de l’Ukraine, avec les mêmes logiques, de haine, de destructions et d’asservissement. « Tous ces vieux démons que la Russie actuelle a réveillés seront vaincus, tout comme nous avons vaincu le nazisme« , a-t-il lancé.

Quant à la journée du 9 mai, pour bien enfoncer le clou, le président ukrainien annonce qu’il en fait, par décrêt, le jour de l’Europe à travers toute l’Ukraine, pour célébrer son arrimage à l’Union européenne, ce « monde libre » qui, dit-il s’est construit sur la victoire de 1945… et sortira renforcée de l’autre victoire, celle qu’il promet à l’Ukraine et à ses alliés.

Camille Magnard lundi 8 mai 2023
 
https://www.radiofrance.fr/
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Commentaire:
 
Tous les « staliniens » n’ont pas attendu 1941 pour commencer la Résistance. Ainsi Guingouin « préfet du Maquis » du Limousin et Charles Tillon.
 
Georges Guingouin
 
Charles Tillon

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02 mai 2023 ~ 0 Commentaire

guerre froide (gilbert ashcar)

guerre froide

Sur la nouvelle guerre froide

Entretien avec Gilbert Achcar conduit par C.J. Polychroniou

Le risque d’une nouvelle guerre froide s’est considérablement accru ces derniers temps, non seulement en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais aussi parce que les Etats-Unis ont considéré que la Chine était une superpuissance rivale qu’il fallait endiguer. Telle est la vision des relations internationales actuelles que l’on rencontre chez les analystes traditionnels. Cependant, l’universitaire socialiste libanais Gilbert Achcar affirme que cette interprétation des relations interétatiques dans le monde d’aujourd’hui est une conception erronée de l’évolution de la politique mondiale depuis la fin officielle de la période connue sous le nom de guerre froide, qui a duré de 1947 à 1991. Elle repose sur une notion confuse ayant trait au thème d’une «nouvelle guerre froide». En effet, dans l’entretien qui suit, Gilbert Achcar affirme qu’une nouvelle guerre froide est en cours depuis la fin des années 1990 et que nous sommes maintenant à un stade où elle pourrait s’intensifier. (C.J.P.)

C.J.P.: Cette nouvelle guerre froide pourrait-elle devenir brûlante?

G.A.: Malheureusement oui. Et cela est en rapport avec une autre différence entre la nouvelle guerre froide et l’ancienne. Il y avait un certain degré de prévisibilité en ce qui concerne l’URSS pendant la guerre froide.

Les bureaucraties sont conservatrices par nature, et la bureaucratie soviétique ne faisait pas exception. Elle était sur la défensive la plupart du temps, y compris lorsqu’elle s’est aventurée pour la première fois hors de sa zone d’après 1945 en envahissant l’Afghanistan à la fin de l’année 1979. Elle était alors terrifiée par la perspective d’une propagation du fondamentalisme islamique aux républiques soviétiques d’Asie centrale dans le sillage de la «révolution islamique» iranienne.

Les choses ont changé avec Poutine. Un régime nationaliste, politiquement autocratique et économiquement oligarchique, est beaucoup plus enclin aux aventures militaires qu’un régime bureaucratique. Le résultat est que Poutine a déjà lancé plus de guerres que l’URSS n’en a eu après 1945 jusqu’à sa disparition: Tchétchénie, Géorgie, Ukraine, Syrie, auxquelles il faut ajouter l’intervention du groupe paramilitaire Wagner en Libye, au Soudan, au Mali et en République centrafricaine. L’existence même du groupe Wagner est très révélatrice de la nature du régime russe, où les délémitations entre intérêts publics et privés sont très poreuses.

La Chine, quant à elle, agit toujours selon la logique conservatrice de sa bureaucratie dirigeante. Elle n’a pas encore lancé de guerre à partir de son territoire. Elle considère ses actions à l’égard de Taïwan ainsi que ses manœuvres navales dans les mers entourant son territoire comme défensives face à l’encerclement militaire de la Chine par les Etats-Unis et aux provocations constantes de ces derniers.

Quant aux Etats-Unis, ils ont lancé des expéditions militaires impériales dans le monde entier après 1945, y compris deux guerres majeures en Corée et au Vietnam et plusieurs interventions de moindre importance. Ils ont ensuite inauguré la fin de la guerre froide par une attaque massive contre l’Irak en 1991, suivie de guerres dans les Balkans et en Afghanistan, et de l’occupation de l’Irak de 2003 à 2011.

Ils recourent de manière intensive et illégale à la «guerre à distance», principalement à l’aide de drones. Ils sont de plus en plus provocateurs à l’égard de la Chine: après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ils ont accentué leur trajectoire de heurts avec Pékin au lieu d’essayer de le détacher de Moscou.

Ajoutez à cela que Poutine a menacé d’utiliser des armes nucléaires et vous comprendrez à quel point est devenue dangereuse la situation mondiale actuelle.

La course mondiale aux armements a atteint de nouveaux sommets. L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) a récemment constaté que les dépenses militaires mondiales ont augmenté en 2022 pour atteindre le chiffre record de 2240 milliards de dollars.

Il a ajouté: «Les dépenses militaires des Etats d’Europe centrale et occidentale ont totalisé 345 milliards de dollars en 2022. En termes réels, les dépenses de ces Etats ont dépassé pour la première fois celles de 1989, alors que la guerre froide touchait à sa fin.»

Le SIPRI relève également que «les dépenses militaires des Etats-Unis ont atteint 877 milliards de dollars en 2022, soit 39% du total des dépenses militaires mondiales et trois fois plus que le montant dépensé par la Chine».

Imaginez ce qui pourrait être fait dans la lutte contre le changement climatique, les pandémies et la faim avec une fraction de ces sommes énormes.(Extrait)

(Entretien publié sur le site Znetwork, le 29 avril 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

Gilbert Achcar est professeur d’études sur le développement et de relations internationales à la SOAS (School of Oriental and African Studies) de l’Université de Londres.

https://alencontre.org/

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02 mai 2023 ~ 0 Commentaire

1er mai (reporterre)

brest

« Le 1er Mai est le rêve d’une autre humanité »

Reporterre — L’intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Solidaires, etc.) a appelé à faire du 1er Mai 2023 une « journée de mobilisation massive, unitaire et populaire contre la réforme des retraites partout sur le territoire ». Cet appel est-il, selon vous, dans l’esprit du 1er Mai originel ?

Danielle Tartakowsky — Il est tout à fait dans l’esprit du 1er Mai originel, dans la mesure où ce 1er Mai, enfin la décision de faire de cette date une journée de lutte internationale, a été la première occasion de s’adresser à l’ensemble du monde ouvrier, par-delà les frontières, sur une question globalisante : la réduction de la journée de travail — de 10, voire 12 heures ou plus — à 8 heures.

Au-delà de cet acquis concret, il faut souligner tout ce qu’a pu représenter cette mobilisation. Car 8 heures, cela signifiait aussi 8 heures de travail, 8 heures de sommeil et 8 heures de loisirs, c’est-à-dire, comme le suggère l’historienne Michelle Perrot, « la vision d’une société toute d’équilibre où la nécessité du labeur se trouve réconciliée avec l’aspiration au bonheur individuel et général ». Un autre monde devenait possible… dont les opposants à la réforme des retraites se réclament aujourd’hui.

Peut-on dire que le 1er Mai est la première des grandes manifestations anti-productivistes ?

Ça n’a pas été exprimé sous ces termes-là parce que, comme on le sait, les organisations ouvrières ont été productivistes. Mais le 1er Mai est né dans une France encore rurale, avant la restructuration des organisations ouvrières, écrasées par la Commune de Paris. Ce n’est donc pas choquant de dire qu’il est une manifestation anti-productiviste si on n’attribue pas cette affirmation aux acteurs. D’autant qu’il n’a cessé d’être remobilisé à travers des thèmes nouveaux : le pacifisme dès le début du 20è siècle, la reconnaissance des discriminations sexuelles au travail, des luttes écologistes et paysannes dans les années 1970, avec l’arrivée des associations dans les cortèges.

Vous le montrez dans « La Part du rêve », le 1er Mai, né à l’ombre des riches expositions universelles, vitrines d’un capitalisme en expansion, a vite acquis une dimension mystique. Pourquoi ?

D’une façon générale, les expositions universelles étaient l’occasion de rassemblements internationaux de toute nature. Et donc, en 1889, un congrès ouvrier a réuni à Paris les délégués de vingt-deux pays pour parler des mutations industrielles en cours et de leurs conséquences sur le travail, avec la nécessité d’en limiter la durée. La proposition est venue des Français, des guesdistes, d’organiser quelque chose l’année suivante qui serait simultané pour les ouvriers « des deux mondes », Europe et États-Unis — il faudrait rajouter l’Australie, qui constitue un troisième ensemble et qui a aussi participé au premier 1er Mai. L’idée, c’était de faire ensemble…

Paul Lafargue, le gendre de Marx, a écrit que c’est cet internationalisme qui a donné au 1er Mai « un caractère presque mystique. […] Tout ouvrier qui manifeste ce jour-là […] même s’il est isolé dans son milieu ou qu’il est perdu dans la plus petite commune est convaincu intimement qu’il manifeste avec les ouvriers du monde entier ». Et il faut bien se rendre compte que faire quelque chose ensemble dans le monde de 1889, c’était prodigieux. En termes de communication et d’organisation, parce que l’on savait très bien que les ouvriers de la Russie tsariste ne disposaient pas des mêmes libertés que les ouvriers britanniques…

Finalement, l’idée lancée par Marx en 1848 a pris corps : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous. »

C’est le rêve d’une autre société qui s’incarne, et en résonance avec les cycles de la nature : pourquoi ce jour fut-il choisi au printemps, un 1er mai ?

Oui, c’est certainement ce qui a contribué à ce que le 1er Mai se reproduise d’année en année, avec sa dimension festive (ses petits bals, etc.), alors que ce n’était pas prévu par le congrès de Paris en 1889. Une quinzaine de pays y ont participé la première fois, mais leur nombre s’est très vite étendu. Cela aboutit, en 1919, à une limitation de la journée de travail à 8 heures, sur les préconisations du Bureau international du travail. Et aujourd’hui, je crois qu’il y a plus de cent pays pour lesquels le 1er Mai est devenu une fête chômée et fériée.

Il y a eu tout un débat en 1889 pour savoir quel jour serait choisi pour cette mobilisation en faveur de la journée de 8 heures : l’anniversaire de la Commune, celui du 14 Juillet, d’aura internationale ? C’était quand même très français, alors qu’on voulait absolument faire ensemble… Finalement, c’est le 1er mai qui a été retenu parce que les ouvriers américains avaient déjà coutume depuis quelques années de se mobiliser à cette date pour la journée de 8 heures — c’est d’ailleurs l’origine du massacre de Haymarket, en 1886, où des anarchistes avaient été indûment condamnés et pendus — et c’était aussi, aux États-Unis, le jour du renouvellement des baux et contrats, aligné sur le calendrier d’un monde encore rural.

« Le 1er Mai, c’est l’humanité à laquelle on rêve de parvenir »

La conjonction en termes d’images et de représentations s’est faite immédiatement. Dans les différents pays, cette fête à soi, qu’on crée « de son plein droit », comme le dit l’historien Éric Hobsbawm, a été comparée aux grandes fêtes identitaires nationales : en Italie, par exemple, on a parlé de la « Pâques des travailleurs » — c’est superbe dans ce que ça dit sur la religiosité, d’une certaine manière, qui était investie dans cette mobilisation. C’était la volonté de créer ses rites, avec la profondeur que peut avoir un rite… On n’était pas dans la communication !

C’est dire que ce jour a rencontré une forte aspiration populaire, bientôt traduite
dans la chanson, le dessin de presse, la poésie. Pour exemples, l’usine y devenait la Bastille des temps nouveaux, protégée par le Capital et l’État ; le réveil du prolétariat y était assimilé au travail de l’abeille ou à la montée de la sève printanière…

En France, le régime du maréchal Pétain a fait du 1er mai un jour férié. Pourquoi ?

Dit comme ça, c’est un raccourci, dans la mesure où le projet du 1er mai jour chômé a été porté dès 1936, sous le Front populaire. En 1937, comme le jour tombait un samedi, la question ne s’est pas posée avec urgence et, en 1938, on avait déjà d’autres chats à fouetter… Mais c’est une décision qui s’inscrivait dans un processus.

Le régime de Vichy a fait du 1er Mai une fête légale pour s’inventer des traditions, à l’instar de l’Allemagne nazie et de l’Espagne franquiste. Le 1er Mai devient jour chômé, mais non payé — c’est en 1947, à la Libération, qu’il est devenu chômé et payé.

À l’occasion, le peuple était incité à renoncer à « l’idéologie malsaine de la lutte des classes », pour « fonder un ordre nouveau où le travail sera magnifié » (Doriot). On était loin du 1er Mai originel…

Ah, oui, c’était délibéré ! Il y avait la volonté d’un total renversement. D’abord pour occuper le terrain et empêcher le courant clandestin (le mouvement syndical, mais aussi le général de Gaulle, qui l’érigaient pareillement en « fête patriotique », comme le 14 Juillet) de se servir de cette date symbolique. Ensuite pour, à la faveur de ce renversement, mettre en avant les valeurs du régime de Vichy : « Travail, Famille, Patrie »

« Le 1er Mai porte en lui l’aspiration à l’émancipation de chacune et chacun »

Le gouvernement de M. Macron s’apprête à faire de Pôle Emploi, l’agence nationale pour l’emploi, l’agence France Travail. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Ce gouvernement a une très grande capacité à picorer tout-terrain en matière de références. Le président Macron a pu à la fois mettre en place un Conseil national de la refondation, en osant emprunter le sigle du Conseil national de la résistance (CNR), qui a eu bien d’autres usages en d’autres temps et pour lesquels des gens ont perdu la vie. Et maintenant France Travail, qui fait malencontreusement écho à « Travail, Famille, Patrie »

Je crois que du point de vue des questions qui nous intéressent aujourd’hui, il faut se souvenir d’une chose : dans la longue histoire du mouvement ouvrier, il y a eu la volonté d’articuler les revendications relatives au travail avec l’épanouissement de soi, ce qu’on appelle l’émancipation. L’objectif initial concret du 1er Mai, la journée de travail de 8 heures, était l’image de l’humanité à laquelle on rêvait de parvenir, ensemble…

Ensuite, les congés payés, en 1936. Les photos prises alors par les jeunes photographes qui formeront l’agence Magnum respirent le bonheur, d’individus ou de groupes. Ce sont des images qui ne sauraient en aucune manière illustrer ce qu’on qualifiera ultérieurement d’« individua-lisme ». C’est le bonheur obtenu grâce à l’action avec les autres, c’est l’individualité réalisée sans individualisme. Et c’est la première fois dans son histoire que le monde du travail ressentait dans sa globalité, existentiellement, la mutation opérée par sa lutte collective. Ils n’ont pas tous vu la mer en 1937, mais quelque chose s’est passé dans le rapport de l’individu au monde, et donc au travail.

Aujourd’hui la question du temps, et de son usage, se pose à nouveau avec la question des retraites, mais l’issue n’est pas celle de 1936… Évidemment, car cette question de l’émancipation, pour soi et avec les autres, ne participe pas des multiples motivations, éventuellement contradictoires, mises en avant par le président Macron. Mais le 1er Mai n’a pas dit son dernier mot : face à l’individualisme libéral, il porte en lui l’aspiration à l’émancipation de chacune et chacun par des combats communs.

Le 1er Mai est un rêve d’émancipation qui résonne avec l’actuel mouvement contre la réforme des retraites, souligne l’historienne Danielle Tartakowsky.

Danielle Tartakowsky est historienne, spécialiste des mouvements sociaux et de la rue. Elle a notamment écrit Le pouvoir est dans la rue — Crises politiques et manifestations en France (1998) et codirigé Histoire des mouvements sociaux en France, de 1814 à nos jours (La Découverte, 2012), ainsi qu’Histoire de la rue, de l’Antiquité à nos jours (2022). La Part du rêve — Histoire du 1er mai en France est parue en 2005, chez Hachette littérature.

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La Part du rêve — Histoire du 1er mai en France, de Danielle Tartakowsky, aux éditions Hachette littérature, 2005, 29,20 euros.

2 mai 2023

https://reporterre.net/

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23 avril 2023 ~ 0 Commentaire

grève générale (npa)

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