Archive | Féminisme

06 mai 2013 ~ 0 Commentaire

Souveraineté alimentaire, une perspective féministe (Esther Vivas)

Souveraineté alimentaire, une perspective féministe (Esther Vivas) dans Féminisme autosuff

Les systèmes de production et de consommation d’aliments ont toujours été socialement organisés, mais leurs formes ont varié historiquement.

Au cours des dernières décennies, sous l’impact des politiques néolibérales, la logique capitaliste s’est imposée de plus en plus dans la manière dont sont produits et distribués les aliments (Bello 2009). Avec le présent article, nous souhaitons analyser l’impact de ces politiques agro-industrielles sur les femmes et le rôle clé joué par les femmes paysannes, tant dans les pays du Nord que du Sud, dans la production et la distribution d’aliments. Nous analyserons donc de quelle manière une proposition alternative au modèle agricole dominant doit nécessairement intégrer une perspective féministe et de quelle manière les mouvements sociaux qui travaillent dans cette direction, en faveur de la souveraineté alimentaire, tentent de l’intégrer.

Paysannes et invisibles

Dans les pays du Sud, les femmes sont les principales productrices de nourriture, les responsables du travail de la terre, de la conservation des semences, de la récolte des fruits, du ravitaillement en eau, de la surveillance du bétail… Entre 60 et 80 % de la production d’aliments dans ces pays relèvent de la responsabilité des femmes, au niveau mondial ce chiffre se monte à 50% (FAO, 1996). Les femmes sont les principales productrices des cultures essentielles comme le riz, le blé et le maïs qui nourrissent les populations les plus appauvries du Sud global. Mais malgré leur rôle clé dans l’agriculture et l’alimentation elles sont, avec les enfants, les plus affectées par la faim.

Les femmes paysannes ont été responsables, pendant des siècles, des tâches domestiques, des soins aux personnes, de l’alimentation de leurs familles, des cultures destinées à l’autoconsommation, de l’échange et de la commercialisation des quelques excédents produits par l’exploitation familiale, assumant le travail reproductif, productif et communautaire en étant confinées à la sphère privée et invisible. A l’opposé, les principales transactions économiques agricoles, ont été traditionnellement assumées par les hommes, dans les foires agricoles, avec l’achat et la vente des animaux, la commercialisation en gros des céréales… en occupant la sphère publique paysanne. Cette division des rôles assigne à la femme l’entretien de la maison, la santé et l’éducation dans la sphère familiale et octroie à l’homme la gestion de la terre et des machines, soit de la « technique ». Elle maintient intacts dans nos sociétés contemporaines les rôles assignés au féminin et au masculin durant des siècles. (Oceransky Losana, 2006).

Si nous observons les chiffres, ceux-ci parlent d’eux-mêmes. Selon les données de l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) (1996), dans de nombreux pays africains les femmes représentent 70% de la main-d’œuvre agricole ; elles s’occupent à 90% de l’approvisionnement en eau des foyers ; elles ont la responsabilité à hauteur de 60 à 80% de la production alimentaire pour la consommation familiale et la vente. Elles réalisent également 100% du conditionnement et de la préparation des aliments, 80% des activités de stockage et de transport des aliments et 90% des tâches de préparation de la terre. Ces chiffres mettent en relief le rôle crucial joué par les femmes africaines dans la production agricole à petite échelle et dans l’entretien et la subsistance familiale.

Cependant, dans de nombreuses régions du Sud global, en Amérique latine, en Afrique subsaharienne et en Asie du sud, on assiste à une notable « féminisation » du travail agricole salarié, spécialement dans les secteurs orientés vers l’exportation non traditionnelle (Fraser 2009). Entre 1994 et 2000, selon White et Leavy (2003), les femmes ont occupé 83% des nouveaux emplois dans le secteur de l’exportation agricole non traditionnelle. Ainsi, nombre d’entre elles ont accédé pour la première fois à un poste de travail rémunéré et à un revenu qui leur ont permis d’avoir plus de pouvoir dans les prises de décisions et d’être actives dans un cadre social extérieur à celui du foyer familial (Fraser, 2009).

Mais cette dynamique est accompagnée d’une division de genre marquée par la répartition des postes de travail : dans les plantations, les femmes réalisent les tâches non qualifiées comme le conditionnement et l’emballage, alors que les hommes s’occupent de la plantation et de la récolte. Cette incorporation des femmes au travail salarié implique une double charge de travail car elles continuent à être responsables des soins familiaux tout en travaillant pour obtenir un revenu et en occupant bien souvent des emplois précaires. Ces femmes bénéficient de conditions de travail pires que celles de leurs collègues masculins. Elles reçoivent un salaire inférieur pour les mêmes tâches et doivent travailler plus longtemps pour percevoir les mêmes revenus. En Inde, par exemple, le salaire moyen des femmes pour un travail occasionnel dans l’agriculture est inférieur de 30% à celui des hommes (Banque Mondiale 2007). Dans l’État espagnol, les femmes perçoivent un salaire 30 à 40% inférieur à celui des hommes (Oceransky Losana, 2006).

VIVAS Esther3 mai 2013

* http://esthervivas.com/francais/sou…

* Traduction pour SolidaritéS (Suisse).

* Esther Vivas @esthervivas | facebook.com/esthervivas | www.esthervivas.com

* Ici vous pouvez télécharger le text complet [16 pages] : http://www.solidarites.ch/geneve/im…

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22 avril 2013 ~ 0 Commentaire

Filles garçons : rapport en tous genres

Filles garçons : rapport en tous genres dans Féminisme petite-fille-garcon-manque-10407901vymyj-297x300

Les stéréotypes de genre débutent dès la crèche. Tel est le constat révélé par le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), remis récemment à Najat Vallaud-Belkacem.


Il révèle en effet que l’éducation est sexuée dés la petite enfance, et rappelle que les professionnels de la petite enfance (0-3 ans) sont quasi exclusivement des femmes, donnant déjà une influence à l’apprentissage. Le rapport énumère aussi les différences observées au niveau des sports, des jouets, des habits ou des livres :
–  Les jouets de garçons sont plus nombreux et diversifiés. Associés à l’extérieur, ils favorisent l’exploration et sont une occasion de développer des compétences spatiales, mathématiques et analytiques, alors que les filles restent à l’intérieur avec des jouets domestiques ou maternels.
– Les vêtements et les activités des filles sont cantonnés à la destination d’être jolie et plaire, tandis que les garçons ont des vêtements confortables et pratiques et sont orientés vers le sport de compétition et d’équipe.

– On habitue plus les filles à parler de leurs émotions, alors que les garçons ont plus d’interactions verbales et sont moins interrompus.
–  78 % des couvertures de livres pour enfants présentent un personnage masculin et les hommes sont plus souvent le héros de l’histoire. Les familles sont mixtes (maman et papa). Les mamans le sont à plein temps et ne travaillent pas à côté. Les papas arrivent, eux, à concilier vie de père et travail (trop forts !). Les garçons sont décrits par leurs qualités intellectuelles, les filles par leur physique et émotions (jolies et câlines !).
Ce n’est pas un problème individuel
Ce rapport est déjà un bon point car il met en valeur l’éducation sexuée des enfants, cependant il dispose de nombreuses limites, notamment en terme d’analyse de fond et de solutions proposées.
Pourquoi les enfants de 0 à 3 ans ? Parce que selon le rapport, c’est dès la naissance et à la crèche exclusivement que ces apprentissages se font. Comme si le conditionnement sociétal auquel les enfants font face par la suite n’a aucune influence. La solution pour déconstruire serait donc de « bien » éduquer les enfants dès la crèche et hop, le sexisme disparaîtrait ? Pour cela, il suffirait donc de sensibiliser les professionnels de la petite enfance afin d’accueillir les enfants de manière neutre… Et les parents ­aussi sembleraient soumis à cette formation. Tout serait donc la faute de ces travailleurs qui reproduisent malgré eux, sans y prêter attention, ces différences. Le rapport, évoquant aussi un peu le rôle de la publicité, ne propose pourtant aucune solution concernant ce média social de masse. Serait-il trop sacré pour notre société de surconsommation ?
Il serait illusoire de croire que c’est aux personnes de s’émanciper elles-mêmes. Le sexisme existe car c’est un des fondements du patriarcat rattaché au capitalisme actuel, qui prône ces différences afin d’assurer une reproduction hétérosexuelle éternelle. Ce n’est qu’en sortant du système que l’on pourra s’émanciper. En attendant, c’est à chacunE d’éduquer ses enfants ou ceux des autres, de manière antisexiste.


Pauline Jité et Anastasia Damamme

Dimanche 21 avril 2013Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 191 (18/04/13)

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22 avril 2013 ~ 0 Commentaire

IVG et contraception : poudre aux yeux

IVG et contraception : poudre aux yeux dans Féminisme arton170

Fin mars paraissait le décret répondant aux promesses du candidat Hollande :

gratuité de la contraception pour les mineurs et remboursement à 100 % de l’avortement. Seulement, une fois au pouvoir, ce qui est mis en place répond assez mal aux besoins. Ce décret ne résout en effet que très partiellement les problèmes auxquels les femmes sont confrontées.

Rembourser l’avortement, c’est bien… Mais ce que nous exigeons, c’est la gratuité, sinon le problème reste entier : l’avance des frais ! De plus, le nouveau décret ne prévoit pas le remboursement de l’échographie de datation ainsi que tous les actes médicaux liés à l’IVG. La situation actuelle rend toujours moins réel le droit des femmes à disposer de leur corps. L’information, l’accès à la contraception sont faibles. Le nombre de gynécologues baisse, les délais pour avorter restent trop courts, les centres d’IVG ferment… La clause de conscience permettant aux médecins de ne pas pratiquer l’avortement est maintenu, et la formation du personnel médical sur ces sujets reste minimale quand elle n’est pas tout simplement inexistante…
Rien de nouveau sous le soleil…
La contraception des mineures est gratuite et anonyme dans les Plannings familiaux depuis 1974. Hélas, il en reste peu.  Dans les autres lieux, la gratuité sauce Hollande s’applique seulement aux filles, de 15 à 18 ans, et uniquement pour les pilules de 1re et 2e génération, le stérilet et l’implant, alors qu’ils sont peu prescrits aux mineures. Le décret exclut le préservatif, pourtant contraceptif le plus usité car protégeant des infections sexuellement transmissibles et du VIH.  Le décret introduit la notion d’âge « plancher » à 15 ans qui sème la confusion avec celle de majorité sexuelle, qui a été abolie. Et il impose de présenter la carte Vitale des parents en pharmacie… Vous avez dit anonymat ?
La lutte pour la gratuité et le libre accès à la contraception et à l’avortement doit donc plus que jamais continuer.
Naouel Peel

Dimanche 21 avril 2013 Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 191 (18/04/13)

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