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28 février 2023 ~ 0 Commentaire

édito (npa)

femmes-en-lutte-

8 mars

Femmes en première ligne, femmes en lutte

Le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, doit être cette année une journée de grève générale. Oui, notre lutte doit passer par la grève générale féministe !

Premières concernées par la contre-réforme des retraites

Pourquoi la grève féministe ? Cette année, la grève féministe va s’inscrire, en France, dans le continuum de la lutte contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Un appel interprofessionnel à durcir le mouvement et à mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs circule dores et dépour le mardi 7 mars. Les appels à reconduire la grève le lendemain, le mercredi 8 mars, se multiplient.

Cette année, le 8 mars doit donc être une journée de convergence, qui doit permettre de dénoncer plus que jamais linjustice sociale majeure de cette réforme des retraites pour les femmes. Ce sont elles qui seront le plus pénalisées par cette réforme : carrières hachées, temps partiels imposés, salaires minorés… Les femmes ont dédes retraites moyennes de 40 % inférieures aux retraites des hommes. Ce contexte particulier doit mettre en lumière les autres revendications féministes que nous défendons année après année.

Pourquoi faire grève ?

Pourquoi la grève féministe ? Car elle seule montre la place des femmes et des minorités de genre dans notre société. Il s’agit non seulement d’arrêter le travail « visible », salarié pour la majorité, donc de faire la grève sur les lieux de travail. Mais il s’agit aussi d’arrêter toutes les tâches accomplies, le plus souvent gratuitement : soin aux enfants et aux personnes dépendantes, organisation de la vie des familles, tâches ménagères, etc. Se mettre en grève dans les entreprises, mais aussi dans les foyers, les écolesSe mettre en grève, cest mettre en évidence limportance de notre place dans la société.

Pourquoi la grève féministe ? Cette journée est internationale. Faire grève est une façon de montrer notre solidarité envers toutes les femmes et les minorités de genre à travers le monde qui ne peuvent ni faire grève ni revendiquer leurs droits, qui n’ont que peu ou pas de droits, qui sont emprisonnéEs parce que femmes, homosexuelEs, trans. Par solidarité envers les Iraniennes, les Afghanes, les Kurdes, les Ukrainiennes, et toutes les autres.

Un monde libéré de toute violence patriarcale et capitaliste

Pourquoi la grève féministe ? La grève, c’est l’occasion de marteler nos revendications :

- Égalité salariale, égalité à l’embauche et d’évolution de carrière, pour garantir notre indépendance économique ;

- Reconnaissance, partage et valorisation du travail domestique, d’éducation et de soin. Sauvegarde et développement de services publics de qualité partout ;

- Moyens et structures nécessaires pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles ;

- Égalité d’accès aux soins et prise en compte de la santé des femmes et personnes LGBT dans la recherche.

Nous voulons un monde libéré de toute violence patriarcale et capitaliste et, par là même, libéré du sexisme, du validisme, du racisme !

Ces revendications englobent de nombreux domaines tant publics que privés. Mais cela n’est que le reflet du peu de place faite aux femmes dans notre société patriarcale et capitaliste depuis trop longtemps, depuis toujours.

Alors, femmes en première ligne, femmes en lutte, toutes en grève le 8 mars !

Mardi 28 février 2023

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26 février 2023 ~ 0 Commentaire

grève féministe (solidarités ch)

Des manifestantes de la Grève féministe
Grève féministe 2021, Genève

La grève féministe, un outil et un mouvement de fond pour tout changer

Les collectifs de la Grève féministe ont convoqué une grève générale féministe pour le 14 juin 2023. Ces mobilisations s’inscrivent dans un mouvement international durable au sein duquel la pratique de la grève devient un outil central de mobilisation mais aussi un horizon organisationnel.

Les mouvements féministes de cette dernière décennie se caractérisent, sur le plan international, par des mobilisations prenant la forme de grèves féministes. À la suite de l’appel du collectif argentin Ni Una Menos et de la grève féministe générale organisée en Pologne en 2016 contre l’interdiction de l’avortement, des milliers de femmes, des personnes queer, noirexs, indigènexs, migrantexs se mettent en lutte contre les formes d’exploitation capitalistes, (néo)coloniales et patriarcales qu’ielles subissent.

Cette déferlante, non seulement ravive les énergies militantes et brise l’isolement domestique, mais élargit la notion classique de grève ouvrière, en visiblisant le travail ménager et éducatif non payé sans lequel le travail salarié serait impensable. Arrêt de tout travail, marches, manifestations, boycotts, fermetures de magasins, occupations, pauses prolongées, bras croisés : le répertoire d’action de la grève féministe est sans limite.

L’hétérogénéité de ces mouvements, leur portée internationale et internationaliste et leur ancrage dans la durée constituent leur force. Cet élan, alliant créativité et radicalité, en fait un féminisme de masse, dont l’agenda et le langage lui sont propres.

Réinvention de la pratique de la grève par les luttes féministes

La grève, outil traditionnel du mouvement ouvrier organisé, est un acte de résistance qui a pour objectif de bloquer la continuité de la production capitaliste comprise comme un rapport social. Or, qu’advient-il de la pratique de la grève lorsqu’elle est réappropriée ou «déterritorialisée» selon les termes de la philosophe argentine Verónica Gago ? La grève féministe agit comme un outil de visibilisation et de valorisation des formes de travail précaires, informelles ou domestiques.

L’élargissement de l’outil de la grève mobilisé à la fois par les syndicats et par le mouvement féministe permet de redéfinir les frontières grises de la notion de travail et étend cette réalité au travail non-salarié. Depuis la perspective de l’insubordination, la grève fait la lumière sur les producteuricexs de valeurs, non reconnuexs et/ou non payéexs, dont le travail ne peut plus être considéré comme subsidiaire au travail salarié, car il est au cœur des nouvelles formes d’exploitation, de précarisation ainsi que de la dégradation des conditions de vie premièrement des femmes et personnes queer.

En mobilisant aussi bien les travailleureusexs historiquement reconnuexs comme une classe que cellexs dont le travail est systématiquement invisibilisé, la grève féministe redéfinit la notion de travail et transforme les victimes acculées par les violences systémiques en sujets politiques actifs.

Touxtes organiséexs en grève

Ensuite, la grève féministe constitue également un horizon organisationnel. Notre horizon politique détermine notre manière de construire notre action, nos revendications et la mobilisation. La grève ne connaît pas de temps précis ni de géographie située, elle devient une pratique au jour le jour, une nouvelle perspective politique sur le court et long terme. Elle se construit simultanément dans plusieurs espaces, dans des configurations adaptées et adaptables pour la réalité de chacunex.

Organiséexs localement avec des coordinations bien plus larges et une volonté politique qui dépasse toute frontière. À l’échelle  internationale, les mouvements féministes s’alignent sur des modes d’organisation similaires, des pratiques et des codes partagés. Une coordination transnationale spontanée, issue de notre dénonciation commune des violences et au recours à la grève comme contestation de celles-ci.

Parce qu’à côté des patron·ne·s et des horaires clairement identifiés existe aussi le travail sans patron ni horaire, la grève féministe ne se limite pas à une consigne des directions syndicales, mais devient une recherche concrète et située de modus operandi englobant une multitude de réalités. Elle bloque, sabote ou défie chaque coin et recoin de la maison à l’office, en passant par la rue. Elle déplace ainsi incontestablement la dynamique de la grève ouvrière classique, qu’elle englobe et élargit.

Marianne Ebel Clara Almeida Lozar

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26 février 2023 ~ 0 Commentaire

npa 22

npa 22 dans A gauche du PS

Communiqué. Adèle Haenel tape juste : les réactionnaires l’attaquent !

Depuis quelques jours, Adèle Haenel est la cible d’une polémique médiatique orchestrée par l’extrême droite, la droite et les médias qui les soutiennent. Ces attaques font suite à sa participation à un meeting du Pain et des roses et du collectif étudiant de Révolution permanente, le Poing levé, à l’université de Paris 8.

Pascal Praud sur Cnews est à l’origine des attaques immondes reprises par BFMTV, Valeurs actuellesLe Figaro, ainsi que des personnalités comme Éric Naulleau, Élisabeth Lévy, Bruno Attal et autres.
Eux défendent leur camp et nous défendons le nôtre. Eux attaquent Adèle Haenel et nous la félicitons. Car si elle a déclenché la colère de ces ordures, c’est qu’elle a tapé juste. Bravo à elle qui lors de ce meeting s’est positionnée pour la grève générale et le communisme, les liant aux luttes féministes et antiracistes.

De quoi scandaliser les minables réactionnaires des plateaux télé. Tout cela illustre la crainte des classes dominantes que la jeunesse s’empare des positions révolutionnaires, se lie à la mobilisation ouvrière, et permette une généralisation du mouvement en cours qui pourrait contester la réforme de retraites et bien plus encore.

Nous condamnons fermement les attaques sexistes, anti-communistes et réactionnaires dont fait l’objet Adèle Haenel, dont la bourgeoisie ne supporte pas la rupture avec l’industrie capitaliste et patriarcale du cinéma.

Le NPA apporte à Adèle et ses camarades son entière solidarité.

26 février 2023

Lire aussi:

Adèle Haenel appelle à la grève générale et accuse le gouvernement d’être « composé de violeurs »

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12 février 2023 ~ 0 Commentaire

féminisme (politis)

Sans titre 1

Avec la participation de : Clémentine Autain (LFI), Ana Azaria (Femmes égalité), Sophie Binet (CGT), Violaine de Filippis (OLF), Mireille Dispot (CFE-CGC), Caroline de Haas, Elsa Faucillon (PCF), Léa Filoche (Génération.s), Sigrid Gérardin (FSU), Murielle Guilbert (Solidaires), Rachel Keke (LFI), Mathilde Larrère (historienne), Anne Leclerc (CNDF), Anne-Céline Mailfert (Fondation des Femmes), Christiane Marty (ATTAC), Mathilde (artiste chansonnière), Imane Ouelhadj (UNEF), Audrey Pulvar (élue parisienne, écoféministe), Emma Rafowicz (PS), Les Rosies, Laurence Rossignol (sénatrice), Sandrine Rousseau (EELV), Pauline Salingue (NPA), Rachel Silvera (économiste), Christiane Taubira, Marine Tondelier (EELV), Youlie Yamamoto (ATTAC) et des signataires de l’appel Politis des artistes et des intellectuelles, paru dans notre numéro 1741.

Rendez-vous mercredi prochain, le 15 février 2023, à la salle Olympe-de-Gouges, rue Merlin dans le 11e arrondissement de Paris, à partir de 18 h : entrée libre et gratuite !

https://nouveaupartianticapitaliste.org

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06 février 2023 ~ 0 Commentaire

prisons (à l’encontre)

prisons (à l'encontre) dans Altermondialisme BKF5ID72WRGVZASBXVYA6KCDTE
«Nous, femmes prisonnières politiques, vivons dans une prison où l’ombre des peines de mort et les menaces de mort pèsent sur nombre de nos codétenues», écrit l’avocate Nargess Mohammadi dans sa cellule d’Evin.

Par Hasti Amiri, Noushin Jafari, Raha Asgarizadeh, Sepideh Qalyan, Nargess Mohammadi, Alieh Motlebzadeh, Bahareh Hedayat

«La peine de mort, en privant du droit à la vie, est l’une des violations les plus flagrantes des droits de l’homme. Pendant des décennies, la société iranienne a souffert de l’exécution de ses proches, et ces jours-ci, nous avons de nouveau assisté à l’exécution d’un certain nombre de jeunes manifestants, d’autres risquent toujours d’être exécutés.

Nous, femmes prisonnières politiques, vivons dans une prison où l’ombre des peines de mort et les menaces de mort pèsent sur nombre de nos codétenues. Parmi elles, Sepideh Kashani et Niloufar Bayani, deux militantes écologistes, saluées par les Iraniens pour avoir œuvré à la préservation de l’environnement et l’avenir de notre terre, en font partie. Il y a cinq ans, elles ont été arrêtées suite à une affaire montée de toutes pièces par les Gardiens de la révolution. Elles ont subi à des pressions psychologiques et physiques pendant deux ans dans des cellules d’isolement du quartier de sécurité, afin qu’elles avouent ce qu’elles n’ont pas fait et que leurs interrogateurs puissent justifier leur exécution. L’un des outils les plus écœurants utilisés par les Gardiens de la révolution pour obtenir des aveux est de mettre les détenues face à la mise en scène de leur propre exécution. Etre menacé de mort dans la solitude d’une cellule n’est pas loin d’une véritable exécution. Sepideh Kashani et Niloufar Bayani, ainsi que d’autres militantes écologistes ont été traduites en justice dans ces circonstances et ont été accusées d’espionnage sans aucune preuve légale, et ont même été accusées de «corruption sur Terre» [la charge la plus grave du Code pénal iranien qui entraîne généralement la peine capitale].

Une autre de nos codétenues, Maryam Haj Hosseini, scientifique renommée du pays, a été emprisonnée pendant 412 jours dans le quartier sécurisé du ministère de la Défense dans une région éloignée de Téhéran (une région montagneuse) et a été, chaque jour, menacée d’exécution. Elle a été accusée de «corruption sur Terre».

Mahahvash Shahriari et Fariba Kamalabadi (deux bahá’íes, une minorité religieuse persécutée en Iran) sont placées à l’isolement depuis de longs mois et soumises à d’intenses pressions mentales et physiques. Depuis leur arrestation, en raison de leurs croyances, elles ont été menacées de mort pour «corruption sur Terre» et espionnage. Lors de leur dernière arrestation, leurs interrogateurs ont évoqué clairement la volonté du ministère du Renseignement de pendre sept bahá’íes.

Zeinab Jalalian (militante Iranienne en faveur des droits des femmes kurdes) a subi des tortures mentales et physiques pour lui faire avouer une participation à une opération de lutte armée, ce qu’elle n’a jamais accepté. Shirin Alam Holi, militante kurde, a subi les mêmes méthodes et la violence du système judiciaire a conduit à son exécution.

Il est vrai que nous ne pouvons pas comprendre la profondeur de l’angoisse et la souffrance qu’elles ont subies, mais nous avons le devoir de pousser un cri contre les exécutions, et ce procédé qui consiste à menacer de mort des femmes dans la solitude de leur cellule.

Nous, prisonnières politiques du quartier des femmes de la prison d’Evin, avons décidé de déclarer notre soutien à ces militantes écologistes car cela fait cinq ans qu’elles sont en détention et de demander le soutien des institutions internationales des droits de l’homme, des combattants de la liberté et de l’opinion publique pour leur libération.

A cet égard, nous soulignons l’importance du récit afin d’enregistrer des faits historiques. Raconter les tortures est le seul moyen d’arrêter les tragédies humaines. Nous soutenons et apprécions l’acte des prisonnières telles que Sepideh Kashani et Nilofar Bayani, qui ont raconté le crime et la répression dans les chambres noires de salles d’interrogatoire et ont participé à sensibiliser l’opinion publique.

Nous déclarons notre rejet de la peine de mort, de la privation du droit à la vie et de toute forme de torture physique et psychologique, nous demandons à l’opinion publique internationale de lutter sans cesse pour arrêter la condamnation à mort des manifestants.»

5 février 2023 Alencontre

https://alencontre.org/

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16 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

iran (huff’post)

kurdes

Iran : derrière les exécutions de Téhéran, un régime à bout de souffle ?

Oscillant entre répression et gestes d’apaisement, Téhéran semble divisée sur la meilleure stratégie à adopter pour faire taire les manifestants iraniens.

Les récentes exécutions de personnes contestataires au régime de Téhéran font craindre le pire pour les milliers d’Iraniens enfermés en prison depuis septembre. Comme à Londres, où une importante manifestation de soutien au peuple iranien a eu lieu dimanche 8 janvier.

Unanimement condamnés sur la scène internationale, les nouvelles exécutions de personnes liées à la contestation en Iran amorcent-elles une nouvelle escalade macabre ? La question se pose après que la nouvelle utilisation de la peine capitale par la justice iranienne. Deux hommes ont été pendus ce samedi 7 janvier, après avoir été reconnus coupables d’avoir tué un paramilitaire lors des manifestations déclenchées par le décès de Mahsa Amini en septembre dernier.

Deux mises à mort qui ont suscité un tollé international. Les États-Unis ont dénoncé un « simulacre de procès » quand le Canada s’offusque d’« exécutions insensées » que la France « révoltantes ». Les Pays-Bas ont d’ailleurs convoqué l’ambassadeur iranien, invitant les pays membres de l’UE à faire de même.

Si les arrestations et condamnations de manifestants n’ont jamais cessé, la libération de certaines figures de la protestation montrent aussi que certains cherchent, en filigrane, à pousser pour une approche moins ferme au sein du régime. Un jeu d’équilibriste particulièrement risqué pour Téhéran, confronté à son plus grand défi politique et social depuis la révolution islamique de 1979.

Des motifs d’espoir

D’après un dernier bilan fourni fin décembre par l’ONG Iran Human Rights, au moins 476 personnes ont été tuées par les forces de sécurité depuis le 16 septembre. Environ 14 000 personnes ont été arrêtées, d’après l’ONU. À cela, s’ajoute la condamnation à la peine capitale de 14 personnes liées à la contestation. Quatre ont déjà été exécutées par la justice iranienne à ce jour, dont deux ce samedi.

Mais curieusement, le gouvernement iranien a depuis annoncé l’ouverture de nouveaux procès pour six des 14 condamnés, relançant l’espoir d’une peine éventuellement plus légère. Il s’agit là d’un « calcul politique », tranche Mehrzad Boroujerdi, spécialiste de l’Iran et auteur du livre « L’Iran post-révolution : un guide politique » interrogé par l’AFP.

« Ils savent que les exécutions massives (…) feront descendre plus de gens dans la rue », souligne-t-il. « D’autre part, ils veulent envoyer le signal qu’ils n’hésitent pas à exécuter des manifestants pour intimider les gens ». Un grand écart pour le régime de Téhéran, contraint de se montrer intraitable face aux manifestants, tout en contrôlant son propre degré de violence pour éviter une vague de manifestation toujours plus large.

Pour les analystes, la libération de Majid Tavakoli et Hossein Ronaghi, deux figures du mouvement de contestation, quelques semaines après leur arrestation, est une autre tentative de calmer la situation.

« Un os » jeté aux manifestants

Anoush Ehteshami, directeur de l’Institut d’études islamiques et moyen-orientales de l’Université de Durham en Angleterre, estime surtout que ces nouveaux procès reflètent des pressions extérieures et intérieures au régime. « Au sein même du régime, il y a des divisions sur la façon de gérer la situation », les partisans de la ligne dure d’un côté et ceux qui considèrent les exécutions comme un encouragement supplémentaire à la résistance, précise Anoush Ehteshami.

Les nouveaux procès et la libération de dissidents sont « des mesures d’apaisement (…) pour essayer de jeter un os » aux manifestants, estime-t-il. De telles mesures peuvent sembler insignifiantes pour certains mais « un régime sécuritaire et aux abois estime qu’il agit généreusement et répond à la pression publique ».

« Les messages contradictoires que nous recevons du régime iranien suggèrent un débat interne sur la manière de gérer les protestations », décrypte également Nader Hashemi, directeur du Centre d’études du Moyen-Orient à l’Université de Denver.

« Ce régime a survécu pendant 44 ans »

Selon Nader Hashemi, cette stratégie d’arrêter et de libérer est utilisée entre autres par le régime pour « tâter le terrain, voir quelle est la réaction » de la rue. L’« indulgence » dont font parfois preuve les autorités « vise à empêcher davantage de division au sein de l’establishment sécuritaire », la répression ayant aliéné certains de ses partisans, abonde l’universitaire Afshin Shahi.

Le régime « ne semble pas avoir de stratégie claire », poursuit-il. Malgré certaines libérations, d’autres personnalités croupissent depuis des mois en prison, comme le militant Arash Sadeghi et les deux journalistes qui ont aidé à révéler l’affaire Amini.

Pour Nader Hashemi, le régime a toutefois montré par le passé sa capacité à « faire des concessions quand il le fallait ». Il finit par conclure en soulignant la longue expérience du régime religieux de Téhéran : « Les gens oublient que ce régime a survécu pendant 44 ans parce qu’il peut être très intelligent, très malin, très machiavélique ».

08/01/2023

https://www.huffingtonpost.fr/

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15 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

iran (npa)

iran (npa) dans A gauche du PS .

La révolte des femmes iraniennes

En ce début d’année 2018, la révolte de nombreuses femmes iraniennes contre le port obligatoire du voile islamique est venue ajouter spectaculairement au climat de contestation, marqué par les manifestations de masse contre la vie chère et la corruption.1

Conformément à l’article 368 du Code pénal islamique iranien, les femmes qui se montrent en public sans voile sont passibles d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à deux mois. Cette loi s’applique dès l’âge de neuf ans. En pratique, les autorités imposent le port obligatoire du voile à partir de sept ans, c’est-à-dire lorsque les filles entrent à l’école élémentaire.

La première femme à avoir osé retirer son voile dans la rue, le 27 décembre dernier, a été relâchée au bout d’un mois d’emprisonnement, après avoir été obligée de verser une caution d’un montant équivalent à cinquante fois le salaire mensuel minimum. Son exemple a néanmoins été suivi par des dizaines d’autres femmes, dont plus de trente-cinq ont été arrêtées. Le mouvement par lequel des femmes diffusent depuis 2017 leurs photos sans voile sur les réseaux sociaux s’est amplifié depuis janvier. C’est la première fois depuis les grandes manifestations de 1979-1980 que la résistance des femmes prend une forme ouvertement anticonformiste et surtout illégale.

Au même moment, de nombreuses jeunes filles et femmes participaient aux manifestations contre la cherté de la vie, le chômage et la corruption, qui ont regroupé des centaines de milliers de jeunes chômeurs/euses et de travailleurs/euses. Cette vague de mobilisation, qui a commencé le 28 décembre, a duré dix jours. Elle a touché presque cent villes iraniennes, grandes et petites, ébranlant les bases mêmes du régime des ayatollahs. La seule réponse du gouvernement a été la répression, avec la mort dans la rue de vingt-sept personnes et l’arrestation de 5 000 manifestants, dont au moins douze sont ensuite morts en prison.

L’ampleur de la mobilisation des femmes est un phénomène nouveau et marquant. Un bref retour sur l’histoire des relations entre le pouvoir islamique et les femmes iraniennes sera utile pour mieux en comprendre la portée.

Une oppression qui vient de loin

Même si la situation actuelle des femmes est le résultat direct de la défaite de la révolution de 1979, la misogynie de la société iranienne ne date pas de l’instauration du régime islamique. Le Chah Reza Pahlavi en était lui-même un exemple flagrant. Il l’avait assumé ouvertement en 1973, dans un entretien célèbre et dévastateur avec Oriana Fallaci2, où il expliquait que les femmes n’ont jamais rien accompli de grand, ne sont même pas bonnes à faire la cuisine (tous les grands chefs culinaires étant des hommes !) et « ne savent jamais se rendre utiles ».3

Un autre fait illustre la domination masculine existant à cette époque : au milieu des années 1970, la sénatrice Mehranguiz Manouchehrian avait proposé d’éliminer l’obligation pour les femmes mariées d’obtenir l’autorisation de leur mari afin de sortir du territoire. Non seulement cette demande a été violemment rejetée, mais M. Manouchehrian a été forcée de démissionner.

Malgré les apparences, la monarchie et ses lois n’ont jamais étaient véritablement « laïques ». L’ombre de la Charia était présente, et les compromis du régime du Shah avec le clergé fort nombreux !

Les femmes, premières victimes du régime religieux

Socialement et politiquement, les femmes iraniennes ont été les premières victimes de l’installation d’un régime clérical. Khomeiny, même en exil, avait exclu de déroger aux règles de la charia. Cette attitude n’est pas nouvelle : le clergé iranien a toujours joué un rôle de premier plan contre les femmes.

De la révolution constitutionnelle de 1906 à la prise du pouvoir par le clergé en 1979, ce dernier n’a jamais cessé de combattre toute avancée des droits des femmes. En ce qui concerne Khomeiny, sa protestation contre le régime du Shah au moment de la « révolution blanche » et de la réforme agraire qui entrait dans son cadre (1963) était avant tout une opposition au droit de vote et d’éligibilité alors accordé aux femmes par le régime monarchique.

Dans la vision du monde des ayatollahs chiites iraniens, les droits des femmes ne sont pas déterminés par les êtres humains et les conditions sociales d’une période déterminée, mais par leur « place naturelle et définie par Dieu ». Le rôle social de la femme est d’être avant tout une épouse soumise à l’homme qui lui garantit sa subsistance. Son devoir sacré est la reproduction. Un slogan favori des ayatollahs est « Le paradis est sous les pieds des mères ». Être femme et mère au foyer constitue le « travail divin » dévolu aux femmes, tandis que les hommes ont le pouvoir de « mettre fin au contrat » de mariage quand ils le souhaitent.

En bref, pour ces religieux l’inégalité est dans l’ordre naturel et divin des rapports entre les humains et, selon la volonté divine, les femmes sont inférieures en droit aux hommes. Ceci est codifié, entre autre, dans les lois et codes islamiques concernant le droit à l’héritage, l’accès à des responsabilités juridiques, le témoignage dans des affaires juridiques, le droit de garde des enfants, l’autorisation de voyager à l’étranger, etc.

La situation déplorable des femmes travailleuses

Les travailleuses subissent la double oppression du système capitaliste et de l’ordre patriarcal. Elles forment la majorité des démunis de la société. La plupart des emplois offerts aux travailleuses sont très mal payés et considérés comme dévalorisants. La quasi-totalité des emplois dans le tissage des tapis et les services de nettoyage privés et publics, sont occupés des femmes.

A travail égal, il existe une énorme différence entre hommes et femmes en ce qui concerne les salaires, les primes et les augmentations salariales, quand bien même c’est interdit par la loi.

On retrouve ces inégalités dans de nombreux domaines comme les critères d’embauches, la formation, les promotions, etc.

En raison de la séparation des hommes et des femmes dans les services publics, comme par exemple l’éducation ou les services de santé, le nombre de femmes fonctionnaires a certes augmenté. Mais le corollaire en a été la baisse du taux du travail féminin dans le secteur privé.

Une longue tradition de résistance

Les femmes iraniennes n’ont pas cédé face aux tentatives de mise à l’écart, aux intimidations directes et indirectes ainsi qu’à la répression féroce du régime islamique. Un de ses « records », par rapport au régime monarchique qui l’a précédé, est ainsi le nombre de femmes qu’il a emprisonnées ou mises à mort : presque 2000 femmes ont été exécutées depuis 1979, dont 79 depuis 2013.

L’islamisation de l’enseignement a poussé des familles traditionalistes à laisser leurs filles mener des études universitaires, ce qui a contribué à une plus grande féminisation du monde étudiant. Mais si de très nombreuses femmes poursuivent leurs études le plus loin possible, c’est avant tout parce que cela leur offre l’opportunité de sortir pour un temps de l’enfermement familial et ainsi de respirer.

Sur le plan politique, depuis l’avènement du discours « réformateur d’Etat », qui a culminé avec les victoires de Khatami aux élections présidentielles de 1997 et 2001, les militantes féministes se sont dans leur grande majorité limitées à soutenir les « réformateurs », en limitant leurs actions à ce cadre légal.

Juste après l’élection à la présidence de l’ultra-conservateur Ahmadinejad, elles ont organisé un grand rassemblement le 23 juin 2005, jour anniversaire de l’élection du président sortant Khatami. Elles voulaient ainsi exprimer leur volonté de défendre les droits des femmes qui semblaient être encore plus menacés avec le nouveau gouvernement formé par le clan d’Ahmadinejad et ses nombreux ministres issues des Gardiens de la révolution. Paradoxalement, la police a toléré cette manifestation. Mais un an plus tard, le 23 juin 2006, un deuxième rassemblement a été cette fois-ci brutalement dispersé. Les militantes ont été arrêtées et brutalisées.

De là est sortie l’idée d’orienter le mouvement féministe vers d’autres façons d’agir. La « campagne d’un million de signatures » contre les lois en préparation visant à réduire davantage les maigres droits des femmes a alors été lancée.4 Les féministes et leurs soutiens ont fait du porte-à-porte afin de sensibiliser les femmes au foyer. Après une effervescence initiale et un succès réel auprès des femmes ordinaires, la répression policière s’est abattue sur les militantes et la campagne s’est arrêté net.

Après cette phase particulière de lutte civique, de grandes personnalités de ce mouvement se sont mises au service presque exclusif des « réformateurs d’Etat ». Elles ont servi, avec « fierté et d’enthousiasme » selon leurs dires, les campagnes électorales de Moussavi et de Rouhani. Elles se sont de ce fait coupées du reste des mouvements sociaux, et le mouvement féministe indépendant iranien a cessé d’exister. Ses figures emblématiques, de Chirine Ebadi (prix Nobel de la paix) à l’avocate militante Nasrine Sotoudeh, sont toutes devenues des soutiens actifs des « réformateurs ». Elles ont condamné les actions se plaçant en dehors du cadre légal et se sont exprimées ouvertement contre ce qu’elles ont appelé « la subversion ». Cette orientation n’a débouché sur aucun résultat.

Une nouvelle ère pour les mouvements sociaux, dont celui des femmes

Les dix jours de manifestations contre la vie chère de ce début d’année ont été caractérisés par l’absence totale de slogans en faveur des réformateurs d’Etat, tels que Mir Hossein Moussavi ou Mehdi Karoubi, alors que ceux-ci ont été placés en résidence surveillée. On y a par contre entendu des slogans radicaux contre le régime, Guide Suprême inclus, et demandant le renversement du régime islamique dans sa totalité.

L’action publique et illégale des courageuses femmes iraniennes contre l’obligation de porter le hidjab islamique s’est également faite sans le soutien des fameux « réformateurs ». Ceux-ci n’ont même pas osé les soutenir verbalement. Le mouvement de ces femmes se caractérise par un dépassement immédiat du cadre imposé non seulement par les « conservateurs », mais aussi par les dits « réformateurs d’Etat » et leur discours stériles. Son caractère subversif, irrespectueux des cadres légaux, constitue même pour ces derniers une hantise. Les deux mouvements concomitants, contre la vie chère et la corruption et contre l’obligation de porter le voile islamique, signent une défaite pour le discours « réformateur » des vingt dernières années.

Au-delà du nombre limité de ses pionnières, le mouvement de protestation des femmes est entré dans une nouvelle ère. Raison de plus pour qu’en France et ailleurs, la solidarité du mouvement ouvrier et du mouvement des femmes soit sans faille, face aux arrestations et aux emprisonnements.

Behrooz Farahany

https://lanticapitaliste.org/

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10 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

iran ( à l’encontre)

iran

Iran-débat. «A propos de la mythologie ayant trait à la “période moderne” du shah. Sur la question de l’unité avec la droite. Et la lutte continue»

[Malgré la censure et les blocages d’Internet, des informations circulent tous les jours sur la répression exercée par les pouvoirs de la République islamique d’Iran. Le mardi 7 janvier, deux jeunes gens – Mohammad Mehdi Karami et Mohammad Hosseini – ont été pendus suite à l’accusation d’avoir tué un milicien paramilitaire en novembre 2022. Le 8 janvier, la peine de mort a été prononcée contre deux autres jeunes hommes, Mohammad Ghebadlou et Mohammad Boroughani.

Selon les médias iraniens, la Cour suprême a confirmé la peine capitale contre une quinzaine de personnes pour «atteinte à la sécurité nationale» et «attaque armée». Le pouvoir mise sur la répression, prenant appui entre autres sur les bassidjis.

Néanmoins, la mobilisation continue dans l’ensemble du pays, sous des modalités diverses. Elle suscite des tensions relatives au sein de la caste dominante, comme le relève Yassamine Mather dans l’article publié ci-dessous. L’auteure, sensible à la présence des courants royalistes dans une partie de la diaspora, démine les mythes de la période du shah à propos du «statut des femmes» et interroge, à sa manière, le thème du front unique entre droite et gauche dans le combat pour le renversement du régime de la République islamique et de la dynamique qui s’enclencherait. – Réd. A l’Encontre]

Plus de cent jours après le début des protestations de masse, les manifestations et les rassemblements mettant en question la République islamique d’Iran et le règne des ayatollahs ne semblent pas vouloir s’arrêter.

La répression, les condamnations à mort et les menaces de longs emprisonnements n’ont pas réussi jusqu’à présent à ramener «les choses à la normale». Des manifestations ont lieu dans tout le pays le 40e jour suite à la mort de chaque manifestant tué par les forces de sécurité. On constate également une nouvelle dynamique dans les revendications des travailleurs, certaines portant sur des salaires impayés, mais beaucoup sur les inégalités, la pauvreté et la haine de la corruption.

Ce ne sont plus seulement les «réformistes», mais des politiciens issus des factions les plus conservatrices qui suggèrent des changements dans le système juridique et politique de l’Iran. Bien sûr, la plupart de ces interventions sont trop faibles et trop tardives. Cependant, la liste de ces nouveaux «réformateurs» appelant à un changement profond est intéressante à suivre.

Parmi eux figurent l’ancien président du Parlement, Ali Larijani, l’actuel président du Parlement [de 2008 à 2020]; l’actuel président du Parlement Mohammad Baqer Qalibaf; le ministre du Patrimoine culturel, de l’artisanat et du tourisme, Ezzatollah Zarghami; un conseiller économique du président Ebrahim Raïssi, Mohsen Rezaee, qui a des liens étroits avec le commandement des Gardiens de la révolution (IRGC); et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale (SNSC), Ali Shamkhani [en fonction depuis 2013].

Au milieu de tout cela, l’opposition de droite en exil s’efforce de présenter les récents événements comme de simples «manifestations de femmes contre le foulard». Il ne s’agit pas de mentionner la pauvreté ou les salaires des travailleurs… après tout, comment ces questions pourraient-elles mobiliser la presse et les médias internationaux de droite s’ils doivent parler de pauvreté et de corruption.

En limitant tout à «la femme, la vie, la liberté», les courants de droite en exil ont obtenu le soutien de célébrités décérébrées, allant du roi Albert de Monaco à Meghan Markle, sans oublier des dirigeants comme Rishi Sunak et Emmanuel Macron. Pour un tel auditoire, les protestations des travailleurs du pétrole iraniens qui se plaignent de bas salaires sont trop proches des grèves et des manifestations qui se produisent dans leur propre pays.

L’opposition de droite en exil et sa presse comme ses médias veulent cacher les vidéos des manifestations universitaires où sont tout aussi importants les slogans contre l’ex-shah et l’actuel prétendant royal [Reza Pahlavi] que les slogans contre l’ayatollah Khamenei. Quiconque suit les événements en Iran sait qu’indépendamment de l’origine des protestations – la mort tragique de Mahsa (Jina) Amini en détention – le mouvement qui a suivi a parcouru un long chemin depuis plus de 100 jours.

Réduire le mouvement à la stricte opposition des femmes au hidjab forcé, par opposition à l’égalité des femmes et à leur libération du fardeau de la double exploitation, permet à ces partisans de droite de la monarchie de parler au monde du «bon vieux temps du shah», où apparemment les femmes ne subissaient aucune discrimination…

Ainsi, le jour de l’an, à minuit et demi, une demi-douzaine d’exilés iraniens de droite, pour la plupart des inconnus, ont posté le même message que le fils de l’ex-shah Reza Pahlavi: «Que 2023 soit l’année de la liberté et de la justice.» Il s’agissait apparemment de l’annonce officielle d’une alliance politique qui entend remplacer la République islamique. Il est connu que lorsque de jeunes adolescents veulent annoncer qu’ils sont amoureux mais ne veulent pas que leurs parents le sachent, ils postent le même message simultanément sur les médias sociaux. Le fait que nos dirigeants «politiques» de droite semblent avoir imité ces adolescents en dit long sur leur intelligence.

Bien sûr, nous savons tous quel genre de liberté et de justice ils ont en tête. L’époque du shah est, après tout, de l’histoire contemporaine. Il ne fait aucun doute que nous devons attribuer à la République islamique et à ses 44 années de pouvoir désastreuses le fait que ces personnes soient sorties de la poubelle de l’histoire. Si nous ne voulons pas que les analphabètes de l’histoire gagnent, dénoncer tout ce qu’ils disent et font doit être un élément à part entière de nos tâches.

Un peu d’histoire: «les visions du Shah»

Commençons par les visions de Mohammad Reza Shah sur l’islam et la religion avant de le citer sur les femmes. Les Iraniens qui ne veulent pas faire l’autruche connaissent bien le tristement célèbre entretien que Pahlavi a accordé à la journaliste italienne Oriana Fallaci en 1973. La vidéo YouTube montre sa femme, Farah Diba, assise à côté de lui alors qu’il parle d’abord à la journaliste de ses «visions religieuses»

Cependant, la partie regardée par la plupart des Iraniens et Iraniennes concerne les femmes. Au moment de l’entretien, la rumeur courait en Iran que le shah avait pris une quatrième épouse.

Votre majesté. S’il y a un monarque dont le nom a toujours été associé aux femmes, c’est bien vous. Et maintenant, je commence à soupçonner que les femmes n’ont pas compté dans votre vie. (…)

«Mémoires intimes»

S’il s’agissait d’une conversation polie avec une journaliste étrangère, nous disposons par ailleurs également des Mémoires d’Assadollah Alam, ministre de la Cour du shah [de 1967 à août 1977] et son plus proche confident. Ces Mémoires constituent un compte rendu quotidien de l’exploitation sexuelle de centaines, si ce n’est des milliers de femmes par le shah. Selon les Mémoires d’Assadollah Alam, et confirmés par d’innombrables témoins, au cours des deux dernières décennies du règne du shah, les hommes de la classe supérieure se gardaient toujours d’emmener une belle femme ou une belle fille à la cour, de peur que le Shah n’exige de coucher avec elles – et, dans une dictature, personne n’était en mesure de refuser.

Toujours d’après les journaux intimes d’Assadollah Alam, nous connaissons le souci du shah de procurer des prostituées aux chefs d’Etat en visite et l’ampleur de ses efforts pour attirer une célèbre dame française et ses employés à Persépolis pour les célébrations des 2500 ans de l’histoire iranienne.

Les chaînes de télévision en exil continuent de diffuser des images et des vidéos du «bon vieux temps» sous le shah, montrant des femmes travaillant dans des bureaux et ne portant pas de foulard… mais ce n’était pas du tout la vie de la majorité des femmes.

Dans les quartiers traditionnels de la plupart des villes et à la campagne, les femmes portaient effectivement un foulard – et la façon dont les femmes de la classe moyenne qualifiaient les femmes des classes inférieures de «chadori» (qui porte le tchador) était une forme d’insulte qui a sans aucun doute créé du ressentiment.

Nombre des lois misogynes actuellement en vigueur en Iran faisaient également partie du système juridique du shah; après tout, comme il l’a affirmé dans l’entretien ci-dessus, il était en contact direct avec les prophètes et n’avait pas une grande estime pour les femmes. Il s’agit notamment de la loi interdisant à une femme de voyager à l’étranger sans le consentement de son mari, même si elle est séparée de lui. Une femme non mariée ne pouvait voyager à l’étranger que si elle avait l’autorisation d’un tuteur.

L’image véhiculée alors par la télévision nationale du pays – comme alors dans la plupart des pays capitalistes du tiers-monde – est celle de la femme comme marchandise. Dans les films approuvés par la censure, les femmes étaient présentées soit comme des prostituées, soit comme des jeunes filles innocentes espérant épouser un homme riche pour changer de statut social. Les magazines féminins pro-gouvernementaux sponsorisaient une sorte de concours de beauté – dokhtar shayeste – quelque chose comme Miss gentillesse, où les jeunes filles étaient exhibées comme du bétail devant des juges.

L’organisation féminine officielle parrainée par l’Etat était dirigée par la sœur jumelle du shah, célèbre pour ses activités de jeu et de trafic de drogue. A plusieurs reprises, elle et le shah ont essayé de lui trouver un poste officiel de «commissaire aux femmes»… toujours selon Assadollah Alam, ces efforts ont échoué parce que les fonctionnaires des Nations unies étaient préoccupés par ses activités criminelles de trafic de drogue.

Voilà le genre de droits des femmes que visent les partisans de l’ancien régime et leurs dits partisans de gauche et libéraux. Pourtant, certaines fractions de la gauche ne disent rien de tout cela. Pourquoi? Parce que non seulement ils n’ont pour l’heure pas réussi à proposer une stratégie, un plan, une organisation, mais ils ont encore des illusions sur des fronts unis avec la droite afin de se débarrasser de la République islamique.

Comme je ne cesse de le répéter, cela a-t-il si bien marché lorsqu’ils ont soutenu de tels fronts avec les islamistes? Le problème est que, cette fois, la droite a de puissants alliés mondiaux aux Etats-Unis et en Europe.

Problème d’organisation

Compte tenu de la situation actuelle, dans laquelle la gauche en exil est si faible et divisée qu’elle ne peut présenter une seule proposition décente, certains osent même mettre en question notre (de la gauche) soutien au mouvement en Iran. Je dois ici insister sur deux points:

  1. Le mouvement en Iran est bien plus radical, révolutionnaire et de gauche que la diaspora en exil.
  2. La République islamique d’Iran est si corrompue, si hypocrite, si répressive qu’elle a atteint la fin de sa vie et que personne de sensé ne peut ou ne devrait soutenir sa survie.

Dans de telles circonstances, et en l’absence d’une gauche révolutionnaire organisée, ce que nous devons faire est de démasquer ceux qui se présentent comme des «alternatives» au régime actuel, tout en cherchant à construire et à unir la gauche. Il est vrai que l’échec passé de nombreux partis de la classe ouvrière (à la fois de caractère réformiste et révolutionnaire) et les échecs d’un certain nombre de projets d’«unité» ont abouti à un déni irrationnel et, à mon avis, stupide de la nécessité d’une organisation révolutionnaire.

Cependant, l’idée que les conseils (shoras), par eux-mêmes, sans aucune direction politique, puissent mener à une révolution n’est rien d’autre qu’une chimère. Si la gauche iranienne ne sort pas de ce coma et ne commence pas à prendre au sérieux le défi de l’organisation révolu-tionnaire, nous devrons faire face à d’autres décennies de répression et d’injustice… cette fois-ci sous la direction d’une bourgeoisie pro-occidentale qui poursuivra les politiques économiques de la République islamique, mais qui ne sera pas confrontée aux mêmes critiques parce qu’elle apportera une exploitation «moderne» et non «islamique».

La promesse de «démocratie» du nouvel Etat durera moins de deux semaines. Nous pouvons prédire la chronologie car c’est exactement ce qui s’est passé en Egypte après le coup d’Etat militaire de Sissi soutenu par les Etats-Unis et ses alliés régionaux. Oui, l’ingérence de l’Etat religieux dans la vie privée des Iraniens cessera, mais n’attendez pas grand-chose d’autre.

(Article publié par le Weekly Worker, le 5 janvier 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

9 janvier 2023 Yassamine Mather

https://alencontre.org/

Lire aussi:

https://lanticapitaliste.org/

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09 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

kurdes (st brieuc)

kurdes (st brieuc) dans Altermondialisme KURDE

SAINT BRIEUC SAMEDI 7 JANVIER 2023 EN SOUTIEN AU PEUPLE KURDE ET AU   ROJAVA.

Déclaration commune du CVA22

Nous sommes réunis aujourd’hui pour soutenir le peuple kurde qui a une nouvelle fois été la cible d’une attaque terroriste à l’arme automatique, tuant 3 personnes et en blessant grièvement 3 autres le 2 décembre 2022 à proximité du centre culturel Kurde de Paris: Evîn Goyi (Emîne Kara), l’artiste Mîr Perwer (Mehmet Şirîn Aydin) et Abdurrahman Kizil sont décédéEs. Sans l’intervention des témoins présents dans le salon de coiffure, le bilan aurait pu être plus meurtrier : en effet, il restait 70 munitions au tueur quand celui ci a été maîtrisé par les kurdes sur place.

Le meurtrier, William Mallet, est un homme blanc de 69 ans, ancien para,
raciste et le revendiquant ouvertement devant les services de police et
de justice. Il n’aurait jamais dû être en liberté sinon avec une étroite
surveillance des services de l’Etat et une interdiction de port et
détention d’arme.
.
En effet dès juin 2017, il a été condamné à six ans de prison avec sursis pour
« détention prohibée d’armes de catégories A, B et C » après avoir poursuivi des cambrioleurs muni d’un fusil d’assaut et révélant la détention d’une trentaine de calibres de toutes sortes.
.
En décembre 2021, il a attaqué au sabre un campement de refugiéEs, en
blessant certains. Pourtant, ce sont ses victimes qui ont été les plus
réprimées : 4 gardes à vue de 48 h, pas d’accès aux soins et 1 OQTF pour
s’être défendues avec des branches en bois !
.
Mais pour William Mallet : pas de fichage S ; une qualification des faits qui ne permet qu’une
année de préventive, alors même que des camarades ayant combattu DAESH
au côté des FDS subissent encore aujourd’hui une surveillance de la part
des services de renseignements et une oppression constante de la police.
Nous n’oublions pas Libre Flot qui est resté 1an et 1/2 en prison sans
aucun acte de violence.
.
L’état Français est responsable de la tragédie du 23 décembre 2022. Le laxisme dont a bénéficié William Mallet de la part des autorités Françaises fait écho à celui qui a permis à Loik Le
Priol, militant identitaire fiché et en attente de procès pour acte de torture, d’assassiner froidement le rugbyman Argentin Fédérico Aramburu
.
Il nous est primordial de rappeler que son attaque s’inscrit dans un
contexte de montée de l’extrême-droite en France et dans le monde.
En effet, 4 jours avant la tragédie, le 19 décembre 2022 , le secrétaire
de l’ONU, Antonio Guterres  déclarait :
.
« L’idéologie d’extrême droite est la principale source de terrorisme
dans les pays occidentaux. La plus grande menace de terrorisme
aujourd’hui provient de l’extrême droite, du néonazisme et de la
suprématie blanche ».
.
L’extrème-droite assassine partout dans le monde, visant sans
distinction militantEs associatif/ves,  militants politiques, minorités
ethniques ou religieuses…. on ne peut que le constater sur la décennie
écoulée :
.
Que ce soit contre des jeunes travaillistes en Norvège où Anders Breivik
a fusillé 77 jeunes en juillet 2011, contre des musulmans à Chrischurch
en Nouvelle Zélande en 2019 ou contre les minorités aux États-Unis lors
des nombreuses tueries de masse.
En Allemagne, la justice a annoncé récemment avoir déjoué plusieurs
projets d’attaques visant des institutions démocratiques et montés par
un groupuscule d’extrême droite et complotiste appartenant à la mouvance
des « citoyens du Reich », regroupant des militaires, artistocrates et
membres de l’AFD.
L’AFD, ce Parti d’extrême droite parlementaire qui se veut dédiabolisé comme le RN. En France, les projets d’attaques et d’attentats ne manquent pas non plus: programmation de l’assassinat de
Macron ou différents projets d’attaques contre les minorités, notamment musulmanes. Celles qui se sont réalisées, y compris par d’anciens candidats du FN, sont traitées comme s’ils s’agissaient d’actes isolés et totalement dépolitisés par les policiers, les procureurs et les journalistes. rappelons que c’est Claude Hermant, ancien membre du service d’ordre du DPS/FN qui a fourni les armes qui ont permis à Amedy Coulibaly de participer aux attentats de 2015 dans le magasin « hypercasher ».

Les médias eux-mêmes ont aussi une part de responsabilité dans la montée
de la haine de l’étranger et servent de marche-pied pour les idées
nauséabondes de l’extrême droite. Ils ont permis l’arrivée de 89 députés
RN, la responsabilité est partagée avec le président qui a refusé le
barrage républicain et avait déjà nommé comme ministre de l’intérieur
Gérald Darmanin. Ce dernier, qui a fait ses premiers pas en politique
dans un parti raciste, a participé à la dédiabolisation de Marine Lepen.

Dans ce contexte de montée du fascisme, la Bretagne n’est plus à l’abri,
que ce soit l’extrème-droite française menaçant de mort des éluEs comme
à Callac, ou que soit les loups gris, bras armé du MHP allié d’Erdogan,
qui ont un camp d’entraînement à Redon et sont présents à Brest où ils
ont attaqué le 13 février 2018 des militants de différentes
organisations démocratiques brestoises et kurdes rassemblés
pacifiquement.
Ces tabassages s’étaient déroulés à l’époque dans le contexte de
l’attaque de la ville d’Afrin par l’armée d’Erdogan. Aujourd’hui,
l’attaque du centre culturel Kurde à Paris prend place aussi dans un
cadre géopolitique plus large.
En effet, Erdogan est en guerre contre le PKK et plus généralement
contre les Kurdes. Depuis le 19 novembre 2022, l’autocrate turc Erdogan
a lancé une attaque sur l’ensemble du Kurdistan à coups de bombardements
menés par des avions de chasse et des drones dans les contrées kurdes de
Turquie, du Rojava (Syrie) et d’Irak.
Ceux-ci sont dirigés contre une multitude de villes, ils visent et frappent autant les infrastructures
des FDS (forces démocratiques syriennes) et YPG/YPJ, que des infrastructures civiles (hôpitaux, écoles, centrales électriques, stations services…) et des habitations. Et rappelons qu’au Kurdistan
iranien, le régime en place mène actuellement  une répression féroce et meurtrière contre la population Kurde en particulier et toute opposition politique!

Erdogan prétend ainsi répliquer à l’attentat qui a touché Istanbul le 13
novembre et qu’il a immédiatement imputé de façon fallacieuse au PKK.
Or, l’auteure suspectée de cet attentat, Ahlam Albashir, n’a non
seulement aucun lien avec le mouvement kurde, mais il se trouve surtout
qu’elle a été mariée 3 fois à des combattants de Daesh et que 3 de ses
frères sont morts en combattant dans ces mêmes rangs.
Mais la vérité dérange, c’est pourquoi l’AKP d’Erdogan et son parti allié MHP ont
rejeté le 25 novembre une motion d’enquête visant à faire toute la
lumière sur cet attentat.
Autre conséquence, les bombardements turques sur le Rojava ont permis à
de nombreu-x-ses combattantEs de daesh, détenuEs par les forces kurdes
de s’évader. Nous devons le rappeler les FDS ont permis de battre DAESH
en Syrie malgré les différents manipulations comme lors de la bataille
de Kobane en 2014 où l’Etat turque bloquaient les combattantEs Kurdes
mais permettait aux différents combattants islamistes de rejoindre
daesh.
La guerre que mène Erdogan qui se rêve en prince ottoman ou en nouvel
Atatürk, ne peut cacher un bilan catastrophique : muselage de la presse,
oppression de sa population, crise économique.

Ceci est à mettre en parallèle de la révolution du Kurdistan, promue par
Occalan: une révolution sociale, féministe et écologiste, respecteuse de
la  diversité des peuples et des religions. Celle-ci met notamment en
avant les femmes et féministes kurdes qui en janvier 2013 ont été la
cible de la Turquie en France.
Les services secrets turcs avaient organisé le triple assassinat des militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. A l’époque le gouvernement Français avait décidé de stopper son enquête sans mettre en cause la responsabilité des dirigeants turques.
Ainsi, la proximité du 10ème anniversaire de cet attentat et les zones d’ombre autour de l’attaque du 23 décembre peuvent nous interroger sur l’implication de la Turquie : Pourquoi  une combattante des FDS qui a été blessée en combattant daesh à Raqua a été ciblée ? Que faisait la voiture avec un IMSI Catcher près du Centre Démocratique Kurde de Paris le vendredi 23 décembre 2022 ?

Nous exigeons :
    La levée du secret défense sur les attentats du 9 janvier 2013 à
Paris         
    La levée des zones d’ombre dans les attaques du 23 décembre 2022  
    L’arrêt immédiat des bombardements contre le Rojava Démocratique et
la population Kurde ;
    L’arrêt de la répression contre les femmes et les Kurdes par le
régime iranien ;   
    Le retrait du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) de la liste
des organisations  terroristes de l’Union Européenne ;   
    La libération de Abdullah Ocalàn, président fondateur du PKK et des
milliers de prisonniers politiques Kurdes, du HDP et de leurs
défenseurs.         
    Le jugement d’Erdogan par un tribunal international pour génocide
contre le peuple kurde         
    Le retrait des armées étrangères du Rojava pour permettre  le retour
des populations

BIJI ROJAVA BIJI OCCALAN
Jin, Jiyan, Azadî,

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04 janvier 2023 ~ 0 Commentaire

kurdes (contretemps)

La carte et le territoire : le moment kurde - BOUGER LES LIGNES - C.  Galactéros

Qui a peur des Kurdes ?

Un nouveau massacre de personnes kurdes a été commis en plein Paris il y a quelques jours. Comme il y a exactement dix ans, trois kurdes ont été tués par un individu armé, dont une responsable de mouvement des femmes kurdes.

On sait que l’individu en question avait déjà attaqué un camp d’exilé·es mais on ne connaît pour l’instant pas grand-chose des conditions dans lesquelles il en est venu à cibler le Conseil démocratique kurde de France, précisément à l’heure où devait se tenir une réunion importante du mouvement des femmes kurdes.

Cette nouvelle attaque terroriste visant la minorité kurde doit nous amener à redoubler notre solidarité avec leur combat mais aussi à examiner le projet politique qui est porté par les organisations kurdes qui sont ciblées sans cesse par le régime d’Erdoğan, l’extrême droite turque et des courants intégristes armés présents notamment en Syrie, ainsi que la tentative de mise en oeuvre de ce projet au Rojava.

L’assassin raciste qui a tué trois Kurdes à Paris le 23 décembre 2022 a précisé qu’il leur en voulait d’avoir « constitué des prisonniers lors de leur combat contre Daesh au lieu de les tuer« . Quelques semaines auparavant, le 13 novembre, un attentat à Istanbul avait fait 6 morts et 81 blessés. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a immédiatement accusé le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de défense du peuple (YPG), d’avoir ordonné l’attentat « à partir de Kobane« . Un prétexte idéal pour lancer une nouvelle opération militaire dans le nord de la Syrie. La suite est connue : des bombardements intensifs sur le Rojava et la menace d’une opération terrestre. Erdoğan est prêt à tout pour se faire réélire au printemps prochain.

Le PKK, les YPG et les Forces Démocratiques Syriennes(FDS) nient toute implication dans cet attentat et révèlent que la personne arrêtée est une Syrienne arabe mariée trois fois avec des membres de Daesh et dont le frère est commandant de l’Armée syrienne libre (ASL), opérant à Afrin, main dans la main avec l’armée turque.

De plus, son portable comportait le numéro de téléphone du responsable fasciste du parti d’action nationaliste (MHP) de Sirnak en Turquie. Tout cela ressemble à une mise en scène. Comme lors de l’assassinat de nos trois camarades kurdes, en plein Paris en janvier 2013, attribué « à une dissidence du PKK« . Victimes les Kurdes ? Certes. Mais n’est-ce pas parce qu’ils proposent un projet politique très novateur qu’ils se font attaquer par les nationalistes turcs, arabes et autres ?

Le 9 décembre 2022, dans Orient 21, Jean Michel Morel précise :

« S’il veut être reconduit à la magistrature suprême, Erdoğan doit donc convaincre au-delà de son camp et s’assurer plus que les voix de ses supporters du Parti de la justice et du développement (AKP) ainsi que celles de son allié le Parti d’action nationaliste (MHP) et les affidés de sa branche paramilitaire, les Loups gris fascisants. Pour ce faire, le levier du nationalisme et du racisme antikurde a de nouveau été actionné. Dans ce contexte, la bombe de la rue Istiklal à Istanbul (si elle n’a pas été déposée par les services secrets turcs) fut une heureuse surprise » (…)

« Maintenant, pour le président, la priorité est de rassembler « autour du drapeau » ceux qui se souviennent avec effroi de la prolifération d’attentats survenus entre 2015 et 2017. Il s’agit aussi de désigner à la vindicte populaire les ennemis qui lui résistent : le PKK dans les monts Qandil au nord de l’Irak, et le PYD dans le Rojava syrien. Des ennemis contre lesquels il a multiplié les opérations militaires, utilisant les drones Bayraktar TB2 pour commettre des assassinats ciblés de responsables du PKK et du PYD et envahissant par trois fois le nord de la Syrie. »

Un projet politique qui dérange 

Depuis 10 ans maintenant, les Kurdes syriens, avec leurs partenaires arabes, syriaques et ceux des autres peuples qui vivent en Syrie, essaient de mettre en place un système politique multi-communautaire et multi-confessionnel. Ce n’est pas simple dans un monde à proie à une inquiétante montée des nationalismes d’extrême droite. Faire le choix d’une Syrie fédérale, décentralisée, dotée d’une large autonomie au lieu d’un petit Kurdistan syrien indépendant (le Rojava a la superficie de la Belgique) n’était pas évident.

En 2011, au départ de la révolution syrienne, les Kurdes syriens – qui en majorité soutenaient la politique du clan conservateur du PDK de Barzani en Irak – étaient mis sous pression pour adhérer à l’opposition syrienne basée à Istanbul et rassemblée dans le « Conseil national syrien ». Mais avant de s’engager, les Kurdes ont voulu avoir des assurances : s’ils l’emportaient contre le régime syrien auraient-ils droit à une autonomie, au respect de leur identité ? Bassam Ishak, chrétien syriaque, ancien directeur d’une organisation des droits de l’Homme à Hassaké, avait d’abord rallié le Conseil national syrien (CNS) avant de rejoindre les forces politiques au Rojava:

« Quand la révolution est passée de manifestations pacifiques à une insurrection armée, le CNS a changé d’objectif. L’opposition syrienne que le CNS dit représenter veut chasser Bachar al-Assad sans attribuer la moindre forme d’autonomie ou reconnaissance des Kurdes en Syrie. J’avais donc le choix entre le projet d’État religieux du Conseil national syrien, ou bien celui d’une Syrie arabe nationaliste comme c’était avant, ou bien celui d’un État pluraliste. La meilleure façon d’éviter que nous ayons de nouveau un dictateur à Damas, c’est de répartir le pouvoir entre les régions. Donc j’ai rejoint l’option d’une solution fédérale et démocratique proposée par les Kurdes »[1]

La déroute de l’Armée syrienne libre (ASL) 

Même son de cloche chez Hikmet Habib, Arabe de Qamishli et co-président du Conseil démocratique syrien, la branche politique des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), une alliance kurdo-arabo-syriaque qui gère le nord et l’est de la Syrie. Hikmet Habib a perdu plusieurs membres de sa famille dans la lutte contre Daesh. Il avait rejoint l’Armée syrienne libre au début de la révolution syrienne :

« Je faisais partie de l’Armée syrienne libre ASL, mais je les ai quittée quand je me suis rendu compte qu’ils se comportaient très mal vis-à-vis la population civile. Enlèvement, extorsion, vol et viol. J’ai rejoint les Forces Démocratiques Syriennes et leur Conseil démocratique syrien, puisque je veux me battre pour une Syrie décentralisée. » (2)

Ce qui se passe dans la province d’Afrin après son invasion par la Turquie, symbolise le projet politique qu’Erdoğan entend appliquer dans l’ensemble du Rojava. Dans le canton d’Afrin des changements démographiques sont en cours.

La ville était à 95% une ville peuplée de Kurdes, ils ne sont plus que 15%. C’est le résultat du nettoyage ethnique auquel se sont livrés les autorités turques et leurs mercenaires syriens. Les Kurdes ont été remplacés par des Syriens venant d’Idleb ou de la Ghouta, souvent des familles de djihadistes qui ont combattu avec l’État islamique ou avec Al Nosra. Pillages, vols viols, enlèvements contre rançon, c’est ce qui attend tout le nord de la Syrie si jamais Erdoğan installe une « bande de sécurité » de 30 kilomètres tout le long de la frontière turco-syrienne.

L’Armée syrienne libre, ou ce qu’il en reste aujourd’hui, a définitivement perdu toute crédibilité dès lors que ses miliciens ont accompagné les chars turcs venus massacrer les Kurdes à Afrin en 2018 ou encore à Tal Abyad et Serekeniye en octobre 2019. Aujourd’hui, supplétifs de l’ar-mée turque, ce sont ces mêmes miliciens qui contrôlent la province d’Afrin et la zone comprise entre Tal Abyad et Serekeniye. Ilham Ahmed, co-présidente du Conseil démocratique syrien, justifie aussi l’impossibilité pour les Kurdes syriens de rejoindre l’opposition syrienne établie à Istanbul :

«La plupart des groupes armés sur le terrain sont des extrémistes et ils ont le soutien de la Turquie. Essayer de trouver un accord avec ces groupes radicaux et djihadistes équivaudrait pour nous à un suicide »[2].

 

Kobane : le tournant 

Au début de la guerre en Syrie, le régime d’Assad a retiré une grande partie de ses troupes des régions kurdes pour les utiliser ailleurs. Le Parti de l’union démocratique (PYD), devenu le plus important parti des régions kurdes de Syrie, a profité du vide institutionnel pour mettre en place son modèle de société au Rojava, choisissant la stratégie de la « troisième voie ». Le PYD, tout en s’opposant au régime d’Assad – qui opprimait les Kurdes depuis des décennies – n’était pas en faveur d’un soulèvement armé. Et encore moins quand la direction politico-militaire de cette opposition armée s’est trouvée entre les mains de groupes djihadistes.

Après la reconquête de Kobane, en 2015, par les Unités de protection du peuple (YPG) et les Unités de protection de la femme (YPJ), aidées par le PKK, les Kurdes ont poursuivi leur avancée. La population kurde en Syrie n’a pas tardé à soutenir les YPG et à adhérer au projet du PYD. Les uns et les autres assurant la sécurité et commençant à mettre en place des structures démocratiques, inspirées par le communalisme de Murray Bookchin et d’Abdullah Öcalan[3]. Le dirigeant kurde irakien Barzani, par contre, depuis longtemps cajolé par les États-Unis, Israël – donc aussi par Bernard-Henri Levy et autres Caroline Fourest – entretient de bonnes relations avec la Turquie et prône un petit Kurdistan indépendant en Syrie.

« Vivre ensemble » ou nationalisme rétrograde ?

Adopté en 2014, le texte fondamental, le Contrat social de la Fédération démocratique du Nord et de l’Est de la Syrie, rejette le nationalisme et prône une société égalitaire, paritaire, respectueuse des droits des minorités. Le gouvernement autonome a établi un nouveau système éducatif. L’une de ses priorités a été la mise en place d’un programme scolaire en trois langues, arabe, kurde et syriaque, avec de nouveaux contenus pédagogiques pour les matières non scientifiques.

La mise en place d’un système fédéral décentralisé va à l’encontre du nationalisme arabe, turc, iranien et même kurde. Les communautés non-kurdes en Syrie n’allaient pas s’engager avec les Kurdes syriens pour un Kurdistan indépendant dans lequel ils seraient à leur tour une minorité dépendante de la bonne volonté de « nouveaux maîtres ».

Là où les FDS et le Conseil démocratique syrien (CDS) ont le pouvoir, ils ont mis en place des communes, des conseils municipaux, régionaux et provinciaux où les Syriaques, les Arméniens, les Turkmènes, les Kurdes et les Arabes bénéficient d’une représentation proportionnelle et le respect de tous leurs droits. C’est la raison pour laquelle Raqqa a pu être libérée  par des forces composées majoritairement d’Arabes. Et c’est pour cela aussi que l’invasion de la Turquie à Tal Abyad et Serekeniye n’a pas conduit à un soulèvement des tribus arabes contre les Kurdes.

Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS a connu les prisons du  régime d’al-Assad et sa tête est mise à prix par Erdoğan. Selon lui, « un des buts de lattaque militaire turque en octobre 2019 était de briser lunité existante des habitants de la région entre les Kurdes, les Arabes et les Syriaques chrétiens. Mais cest le contraire qui sest produit. Pas mal de gens espéraient que notre travail, mené ici depuis huit ans, soit anéanti et que les FDS disparaissent, mais les liens entre les communautés sont plus forts que jamais. Les populations ne veulent pas de la Turquie, ni dun retour du régime »[4].

Polat Can, commandant des YPG, était responsable des opérations qui ont conduit à la libération de Deir Ez-zor. En 2020, il témoignait de cette évolution des relations entre populations kurdes et arabes :

« Quand j’étais responsable de la libération de la région Deir Ez Zor, j’avais 13 000 soldats sous mes ordres. Seulement 100 parmi eux étaient Kurdes. Les autres étaient des Arabes. La grande majorité des 1 000 martyrs sont arabes. Nous vivons ensemble, nous travaillons ensemble, nous sommes obligés de nous respecter mutuellement. C’est dur, mais nous sommes en train de changer les mentalités. Dans le nord et l’est de la Syrie, Arabes et Kurdes vivent actuellement ensemble, et ça se passe de mieux en mieux. Il faut savoir que la plupart des Arabes ne veulent pas d’un retour du régime, ici »[5]

Le projet politique d’une fédération démocratique interpelle le régime de Damas. Pour qu’il soit viable, tôt ou tard, al-Assad et/ou ses protecteurs russes ou iraniens devront lui accorder une forme d’autonomie.

Aujourd’hui, il n’y a aucune déclaration, aucun pas concret ni de Damas, ni de Moscou et encore moins de Téhéran vers une reconnaissance de l’autonomie kurde au sein d’une Syrie décentralisée. Le refus de Damas à trouver un compromis sur la question de l’autonomie ou de la décentralisation empêche tout accord politique avec les Kurdes. Sans le soutien de l’Iran et de la Russie, le régime est incapable de se maintenir. Les quelques soldats déployés dans le nord-est constituent une force trop faible en comparaison aux FDS et ne signifient en aucun cas un « retour du régime » dans le nord et l’est de la Syrie.

Pas d’entente avec Damas

« La méfiance au sein des communautés arabes, turkmènes et autres vis-à-vis des Kurdes était grande. Elles craignaient que ceux qui ont vaincu lOrganisation de l’État islamique (OEI) ne se vengent sur elles des mauvais traitements des autorités syriennes à l’égard des Kurdes. Les Kurdes ont beaucoup souffert de la politique dassimilation menée par le régime baasiste, » rappelle Hikmet Habib.

« Dès que les FDS ont libéré des zones tenues par lOEI, nous avons fait de grands efforts pour rétablir la confiance en créant des comités de réconciliation et des conseils représentant tout le monde. Aujourdhui, on peut dire que 60 % des membres des FDS proviennent de tribus arabes ». 

Les Kurdes de Syrie se défendent de toute « collaboration » avec le régime. Ils parlent plutôt d’une cohabitation. Avant 2010, Damas désignait des gouverneurs dans les provinces qui a leur tour désignaient leurs subordonnés.

Depuis que la Fédération existe, l’administration dans le nord et l’est de la Syrie est décentra-lisée avec des représentant(e)s de toutes les communautés et il n’y a plus de religion d’État. Ilham Ahmed, co-président du Conseil démocratique syrien, qui, en juillet 2018, a conduit une délégation du CDS à Damas pour les premiers pourparlers avec le régime de Bachar al-Assad : «Nous exigeons que la Syrie de demain comprenne des zones autonomes. Nous voulons une nouvelle Constitution dans laquelle la décentralisation sera inscrite », nous explique celle qui, en juillet 2018, a conduit une délégation du CDS à Damas pour les premiers pourparlers avec le régime de M. Bachar al-Assad.

En octobre 2019, dans la revue en ligne Orient 21, le journaliste Fehim Tastekin explique :

« La position de Damas en direction des Kurdes a été formulé ainsi : ‘Débarrassez-vous d’abord des troupes nord-américaines et après on verra. Mais les Kurdes n’ayant aucune garantie que Damas, Moscou ou Téhéran leur accordent l’autonomie qu’ils revendiquent, comment auraient-ils pu demander aux États-Unis de se retirer ? De plus, les FDS exigent une autonomie militaire, ce que l’armée syrienne officielle n’est pas prête à leur accorder. »

En 2019, après la énième invasion turque dans le nord de la Syrie, et suite à un accord avec la Russie, l’armée régulière s’est déployée sur la frontière turque, installant de succincts postes frontaliers. C’est moins une une présence militaire qu’une présence politique symbolique afin d’empêcher que la Turquie aille au-delà de la zone entre Tall Abyad et Serê Kaniyê. Mais, Damas aimerait en profiter pour reprendre le contrôle de tout son territoire. Les FDS refusent et posent leurs conditions.

Pour Polat Can, « le Rojava ne peut pas revenir à la situation d’avant 2010. Cela n’arrivera jamais. Nous ne laisserons pas les Kurdes privés de leurs droits et nous ne détruirons pas la relation entre les Kurdes, les Arabes et les chrétiens. À part cela, nous pouvons négocier tout ce qu’ils veulent — le nom de la région, le drapeau, la frontière, tout. Il y a un accord militaire avec le régime syrien pour sécuriser la frontière mais, ailleurs, ce sont les FDS qui contrôlent toujours la région du Nord et de l’Est de la Syrie — à Manbij, à Kobane, à Raqqa, à Tabqa, à Qamishli, à Hassaké, à Derik… et c’est notre police, les Asayish, qui contrôlent les check-points. » 

Mazloum Abdi précise : « Nous demandons deux choses essentielles au régime syrien pour obtenir une solution à long terme en Syrie. Un : que l’autonomie fasse partie de la constitution syrienne. Deux : que les FDS fassent constitutionnellement partie de la défense de toute la Syrie. Tant que ces demandes ne sont pas réalisées, il n’y aura aucun accord car ce sont nos lignes rouges. Les combattant(e)s des FDS devront faire leur service militaire ici, dans cette région. »

Les rapports avec les États-Unis et la Russie 

Selon Polat Can, « le fait que ces puissances naient pas installé une zone dexclusion aérienne, une « no-fly zone », nous a fait beaucoup de mal. Je peux vous le dire : si nous obtenons maintenant une zone dexclusion aérienne, nous pouvons récupérer en une semaine Tall Abyad et Serê Kaniyê. Nous connaissons bien tous ces mercenaires. Ce sont des ex-al Nosra, des ex-combattants de l’État islamique. Nous les avons combattus et vaincus dans le passé.

La Turquie, donc lOTAN, les aide et les remet en selle. La Russie veut reprendre le contrôle de toute la Syrie, et elle est vraiment très fâchée de la relation que nous, les FDS, entretenons avec la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Les Russes veulent travailler avec nous et trouver une solution avec Damas, mais au vu de leurs relations avec la Turquie, nous navons pas confiance en eux ». 

En 2018 à Qandil, une chaîne de montagnes qui abrite les troupes du PKK, nous avons rencontré Riza Altun, un haut responsable du PKK. Les circonstances étaient particulières : nous avions dû changer plusieurs fois de voiture et laisser nos téléphones portables loin derrière. Dans les airs, un drone turc nous survolait. Riza Altun nous avait alors déclaré :

« Aujourd’hui, il y a des contradictions partout. À l’origine, les Américains n’avaient pas l’intention stratégique de soutenir les FDS. Les Kurdes savent très bien que les États-Unis sont un État impérialiste, mais nous sommes obligés de maintenir cette relation paradoxale, car notre survie est en jeu ».

Le Rojava sous la menace d’une nouvelle invasion terrestre 

Depuis plusieurs mois Erdoğan menace d’une invasion terrestre le Rojava et au-delà pour compléter sa zone de « sécurité » d’Afrin jusqu’à Qandil. Les Russes ont utilisé ces menaces pour amener les FDS à céder le nord et l’est de la Syrie à Damas. Les FDS ont refusé. Quant aux Russes ils savent qu’ils jouent à un jeu risqué avec la Turquie, qui, une fois qu’elle a occupé un territoire ne s’en retire pas. L’exemple du nord du Chypre est là pour le prouver.

De leur côté, les États-Unis, bien qu’ils autorisent Ankara à bombarder le Rojava et à utiliser des drones tueurs, ont explicitement demandé à la Turquie de ne pas s’engager dans une invasion terrestre. Et ce, pour deux raisons : les territoires syriens occupés par la Turquie sont des sanctuaires pour toute la galaxie de djihadistes d’Al Qaida, de l’OEI, de Hayat Tarhir al-Sham, de l’Armée Nationale Syrienne, formée de mercenaires syriens au service de la Turquie, les reliquats de l’ASL, etc. Dans ce contexte, les FDS restent leurs alliés les plus efficaces. La lutte contre l’OEI est loin d’être terminée. L’organisation vient d’attaquer la prison et la municipalité de Raqqa. Les FDS sont menacées de tous côtés.

En Syrie, le projet démocratique des Forces démocratiques syriennes menace le nationalisme arabe du régime d’al-Assad. En Turquie, ce même projet démocratique pourrait, lors des élections l’année prochaine, mettre en déroute la politique de négation du peuple kurde d’Erdoğan qui gouverne avec les fascistes du MHP.

En Irak la coalition kurde KDP-UPK fait l’objet en permanence de la colère du peuple qui accepte de moins en moins la corruption et la mauvaise gestion du pays. Et en Iran, le slogan, Jin, Jiyan, Azadi (Femme, Vie, Liberté) lancé il y a des années par la branche féministe du PKK est devenu le principal slogan qui secoue le régime des mollahs.

La plus grande menace qui pèse sur l’aventure révolutionnaire du Rojava est son isolement et l’usure. Nous savons maintenant que le socialisme dans un seul pays n’est pas viable. Les Kurdes eux-mêmes font tout pour étendre cette expérience révolutionnaire vers d’autres pays. Ne pourrait-on pas les soutenir et les aider à ce qu’ils réussissent ? Leur succès sera le nôtre. Leur échec aussi.

Chris Den Hond 29 décembre 2022

https://www.contretemps.eu/

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