Archive | Féminisme

01 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Marche Mondiale

Marche Mondiale dans Féminisme

La marche mondiale des femmes : une force féministe pour transformer le monde !

En 2023, nous avons célébré le 25ème anniversaire de la première Rencontre Internationale de la Marche mondiale des femmes, notre mouvement d’action féministe qui a vu le jour en octobre 1998 à Montréal, au Québec.

Nous sommes devenues un mouvement social international-féministe, anticapitaliste et anti-impérialiste enraciné dans les luttes et contextes locaux, lié à la lutte des classes. Nous sommes aujourd’hui organisées en coordinations nationales dans 61 pays.

Nos valeurs et actions visent un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Ces valeurs sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l’égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d’autres mouvements sociaux progressistes.

Aujourd’hui, l’avancée de nouvelles formes de colonialisme, de racisme, de misogynie, d’accumulation par dépossession et les impacts du changement climatique nous obligent à développer de nouvelles formes de résistance et à forger des alternatives en mesure de soutenir les luttes des femmes et les possibilités de solutions transformatrices.

Lors de la 13ème Rencontre Internationale en 2023, quatre domaines d’action ont émergé, inspirés par les luttes locales des femmes, autour desquels la MMF entend approfondir son analyse et renforcer son action jusqu’en 2025 :

 La défense des biens communs contre les entreprises transnationales

 L’économie féministe basée sur la viabilité de la vie et la souveraineté alimentaire

 L’autonomie au regard du corps et de la sexualité

 La paix et la démilitarisation

Nous œuvrons pour renforcer l’analyse, les pratiques et les secteurs du mouvement féministe en vue d’un changement structurel, de l’égalité et de l’autonomie réelles de toutes les femmes.

Tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes nous appelle et nous mobilise toutes, reliant nos processus d’organisation et nos luttes au niveau local à la force mondiale du féminisme en mouvement.

Les actions internationales sont des moments de construction et d’expression de notre synthèse politique, lorsque nous présentons nos dénonciations et nos propositions articulées aux niveaux local, régional et international. Notre résistance avance avec nos propositions et nos pratiques de construction de la force, d’auto-organisation des femmes, du féminisme comme axe d’alternatives systémiques.

En 2025, du 8 mars au 1 octobre, nous marcherons dans le monde entier contre les guerres et le capitalisme et pour le « buen-vivir » et la souveraineté de nos corps et de nos territoires.

La 6ème Action Internationale débutera au Sahara Occidental le 8 mars avec des marches et des actions simultanées dans le monde entier et se terminera par un rassemblement international au Népal le 17 octobre.

Nous lions notre lutte contre les sociétés transnationales à la lutte pour la justice sociale en organisant une semaine, laquelle débutera le 24 avril, lors de la journée de solidarité féministe contre les sociétés transnationales, et s’achèvera le 1er mai.

Rejoignez la Marche mondiale des femmes
Vous êtes un groupe de femmes ou un comité de femmes dans un groupe mixte et souhaitez rejoindre à la Marche mondiale des femmes ? Vous pouvez contacter le

Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes.

Kızılırmak Cad. No:13/8 Kavaklıdere 06420 – Ankara – Turquie
Tél : +90 533 138 60 73
Courriel : info@marchemondiale.org
Site Web : www.marchemondiale.org

NOUS RÉSISTONS POUR VIVRE,
NOUS MARCHONS POUR TRANSFORMER !

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tiré de Entre les lignes et les mots

https://www.pressegauche.org/

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22 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Denis Mukwege (AEL)

Denis Mukwege (AEL) dans Altermondialisme la-force-des-femmes

Un plaidoyer pour le droit des femmes

La présentation du gynécologue congolais Denis Mukwege comme « l’homme qui répare les femmes » est des plus réductrices. Denis Mukwege est d’abord et avant tout un militant féministe, une cause à laquelle il consacre sa vie.

A travers son ouvrage salutaire et émouvant on partage son cheminement, de la prise en charge médicale des femmes à la critique radicale des sociétés patriarcales, qu’elles soient africaines ou occidentales.

La force de revivre

Les débuts de sa carrière médicale sont consacrés aux soins des femmes notamment lors des accouchements difficiles, puis avec la venue des conflits armés dans le pays, l’essentiel de son travail consistera à soigner les victimes des viols et violences sexuelles.

Ce n’est pas la moindre des qualités de cet ouvrage d’expliquer simplement, en quelques phrases les raisons des conflits qui secouent la République Démocratique du Congo (RDC) depuis plus de trente ans.

Avec l’auteur, à travers des portraits attachants de femmes victimes de ces violences, on comprend que les actes de soins doivent être accompagnés aussi d’un soutien psychologique, moral mais aussi d’une aide sociale et économique permettant aux victimes de pouvoir vivre décemment.

Il relate la manière dont les victimes sont soignées, comment elles sont prises en charge par les femmes de l’équipe : les « mamans chéries (…) Elles sont à la fois des infirmières, des assistantes sociales et des psychologues » et « délivrent autant de câlins et de musique que de médicaments » qui à force d’écoute, de tendresse et d’amour permettent à ces survivantes parfois des adolescentes, de reprendre vie en se débarrassant du sentiment de honte et de culpabilité.

On apprend le rôle majeur des anciennes victimes dans la réalisation du projet d’accompa-gnement social et économique. Pour construire la « Cité de la Joie » l’entreprise de bâtiment a eu l’obligation d’embaucher des femmes, cassant ainsi la division genrée du travail.

Un lourd tabou

L’auteur considère que le viol est rendu possible par des siècles d’oppression patriarcale. En décrivant la vie quotidienne des congolaises dans les zones rurales, on prend la mesure du degré d’oppression et d’exploitation subi.

Mukwege raconte cette anecdote terrifiante. Ayant en face de lui un combattant d’une des milices qui sévit en RDC, il lui demande pourquoi ces viols sont accompagnés en plus de sévices atroces. Sa réponse, de l’aveu de l’auteur, lui glace le sang : «  Quand on tranche la gorge d’une chèvre ou d’un poulet on ne se pose pas de question. Une femme, c’est pareil. On fait ce qu’on veut avec. »

Un des mérites de ce livre est l’analyse pluridimensionnelle du viol. Dans les situations de conflit il est considéré comme une arme de guerre dont le but est d’annihiler les liens sociaux du camp ennemi ou de mener des campagnes de purification ethnique. Il permet aussi aux groupes armés comme Daech de recruter et garder leurs membres en promesse de femmes. Des témoignages de miliciens font état d’une sorte d’addiction dans ces actes de violence. En RDC les viols massifs sont aussi un moyen pour pousser des populations à partir afin de s’attribuer l’exploitation des mines.

Mais il existe un point commun à ces crimes, leur invisibilisation. Mukwege nous interroge sur l’appréhension de notre propre passé historique. Parle-t-on, lors des différentes commémorations de guerre, des victimes de viol ? Ne préfère-t-on pas passer sous silence les violences sexuelles des alliés lors de la seconde guerre mondiale ? Qui évoque les viols lors du génocide des juifs par les nazis ?

Mukwege note avec une grande satisfaction que les mouvements féministes comme #MeeToo ont permis de briser le silence sur ces crimes signifiant le début d’une remise en cause de l’impunité pour les agresseurs. Si les lois nationales et internationales ont évolué dans le bon sens, leur application reste dans la plupart des cas problématique et seules les mobilisations permettent l’effectivité de ces dispositions juridiques. Denis Mukwege nous invite à les renforcer en « transformant nos émotions en action ».

En poche « La force des femmes » de Denis Mukwege
Traduction Marie Chuvin et Laetitia Devaux
Edition Gallimard
Collection Folio Actuel N° 195. 400p.
Prix 9,40€

https://www.afriquesenlutte.org/

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06 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Hôpital (France Info)

hoptiam

Hôpital : 42% des directrices déclarent avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles

Près de 900 faits, déclarés par des victimes ou témoins, ont été recensés par le Centre national de gestion (CNG), qui nomme ces professionnels.
Le Centre national de gestion a mené une enquête sur les violences sexistes et sexuelles au second semestre 2023, auprès de 1 171 directeurs et adjoints d’hôpitaux et d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux publics.

Propositions déplacées, harcèlement, agressions… Quatre directrices d’hôpitaux sur dix affirment avoir subi des violences sexistes et sexuelles, selon une étude du Centre national de gestion (CNG), autorité qui nomme ces professionnels, publiée mardi 3 septembre. Le CNG a mené cette enquête au second semestre 2023, auprès de 1 171 directeurs et adjoints, soit 27% du total des directeurs d’hôpitaux et d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux publics. Près de 900 faits, déclarés par des victimes ou témoins, ont été recensés.

Plus de 300 directrices, soit 42% des femmes interrogées, ont déclaré avoir été victimes de violences sexistes et sexuelles lors des trois dernières années, contre 9% des hommes, d’après cette publication. « Parmi les situations vécues en tant que victimes, 56% concernent des remarques déplacées », est-il ajouté.

Les autres faits dénoncés sont notamment des « injures en lien avec le sexe », des « propos, attitudes ou pressions » dans le but d’obtenir un acte sexuel, des exhibitions ou « visions subies » d’images pornographiques, des « propositions d’avantage en échange de faveurs sexuelles », ou encore des « agressions », a précisé le CNG à l’AFP vendredi.

Le système de signalement interne « très peu utilisé »

Dans 58% des cas, l’auteur « appartient à un cercle professionnel proche de la victime », qu’il soit membre de la gouvernance (22%), de l’équipe de direction (18%) ou un supérieur hiérarchique (18%). Les faits ont été signalés ou dénoncés à au moins un collègue dans 57% des cas, mais beaucoup plus souvent par des témoins que par les victimes. « La certitude que rien ne se passerait est une raison souvent citée pour ne pas dénoncer les faits subis », analyse le CNG. Le dispositif de signalement interne est « très peu utilisé ».

L’auteur a été « géré par la hiérarchie » dans seulement 31,5% des cas, entre recadrages et procédures disciplinaires ou pénales. Seules 13% des victimes ayant parlé disent avoir eu connaissance de « suites » données à l’affaire.

En avril, les révélations de l’infectiologue Karine Lacombe, qui accuse de harcèlement l’urgentiste Patrick Pelloux, ont déclenché une vague de réactions et de témoignages. Beaucoup de soignantes ont dénoncé une « culture ‘carabine’ » et « patriarcale » installée à l’hôpital, et une tradition d’omerta. Frédéric Valletoux, ministre de la Santé démissionnaire, a lancé des concertations et annoncé fin mai plusieurs mesures, dont la mise en place d’une formation pour tous les personnels.

06/09/2024 

https://www.francetvinfo.fr/

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21 août 2024 ~ 0 Commentaire

Marseille (CNRS)

marseillle

Marseille libérée !

La Libération de la France ne se résume pas au « D-Day », ce fameux 6 juin 1944 qui vit près de 156 000 soldats (américains, anglais, canadiens essentiellement) prendre d’assaut cinq plages de la côte Normande pour chasser les Allemands de l’Europe de l’Ouest.

Cette période démarre en fait dès novembre 1942, avec le débarquement des Alliés en Algérie, puis la libération de la Corse en 1943, et se poursuit avec le débarquement de l’armée française (la « Première Armée »), en Provence le 15 août 1944. Il faudra ensuite presque un an de combats pour que tout le territoire français soit libéré, avant la capitulation allemande le 8 mai 1945.

Tandis que ce qui était encore « l’empire français » envoie des bataillons de milliers de soldats pour débarquer en Provence puis libérer les villes de Toulon, Marseille et Lyon, l’armée française ne fournit qu’une mince contribution au débarquement de Normandie.

Mais notre mémoire collective retient surtout l’image, il est vrai spectaculaire, du débarquement allié. « En fait, jusqu’aux guerres de décolonisation, le débarquement de Provence n’est pas complétement oublié », remarque Claire Miot, historienne au Centre méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire1 et autrice du livre La Première Armée française, de la Provence à l’Allemagne (1944-1945), paru aux éditions Perrin.

« On célèbre la France libérée par son empire, les troupes coloniales défilent sur les Champs Élysées… Cela change avec la guerre d’Algérie, car à partir de là deux mémoires se télescopent. Il devient difficile de célébrer le général Salan, qui fut à la tête du 6e régiment de tirailleurs sénégalais lors du débarquement en Provence, et libéra notamment Toulon, mais participa ensuite au putsch des généraux à Alger (1961) et devint chef de l’Organisation armée secrète (OAS), luttant pour le maintien du statu quo de l’Algérie française ! »

De plus, seuls une minorité des soldats de la première armée sont des métropolitains. L’immense majorité vient de l’empire, notamment d’Afrique du Nord. Comment mettre à l’honneur des hommes qui ont sauvé le pays mais contre une partie desquels on vient de se battre pour conserver nos colonies ?

« Enfin, le symbole de la libération de la capitale, Paris, est plus fort que celui de la libération d’une ville de province », poursuit Claire Miot. Le film Indigènes, réalisé par Rachid Bouchareb en 2006, redonne leur juste place aux combattants coloniaux, et incite le président Jacques Chirac à accélérer le règlement de la question du niveau de leurs pensions, d’un montant nettement inférieur à celles des soldats nationaux. Mais il faudra attendre le 70e anniversaire de la Libération pour que le président François Hollande place au cœur de ses discours le débarquement de Provence et les soldats colonisés.

Dix jours de combats intenses

Hitler a ordonné à ses troupes de « se battre jusqu’à la mort » pour tenir Toulon et Marseille, ces ports essentiels par lesquels passe le ravitaillement en hommes et en matériel des alliés. Il faudra dix jours de combats très rudes pour libérer la ville. Mais Julia Pirotte ne documente que la première journée, celle du 21 août, durant laquelle seuls les résistants sont à l’œuvre, appuyés par une partie de la population civile insurgée. D’où l’absence des soldats de la première armée sur ces photos.

Car au-delà de l’enjeu militaire, la libération de Marseille représente un fort enjeu politique. Depuis la fin du mois de mai, les grèves se multiplient. La SFIO (parti socialiste) est majoritaire dans la région et les alliés, tout comme De Gaulle, se méfient d’une insurrection qui pourrait porter au pouvoir les communistes, très engagés dans la Résistance.

L’armée n’est pas encore entrée dans Marseille qu’à l’appel de la CGT, une grève générale est déclenchée le 19 août, et le 21 août 1944, les résistants prennent d’assaut la préfecture. « Le Comité départemental de libération est divisé entre les “politiques”, représentés surtout par les syndicalistes ouvriers, qui plaident pour le déclenchement immédiat de l’insurrection, et les “militaires” de l’état-major FTP (Francs-tireurs partisans) qui se montrent réticents, arguant du faible nombre d’hommes et d’armes (300 partisans et 280 mitraillettes), loin des 1 600 combattants estimés par les alliés, et en tout cas dérisoires au regard des 35 000  FFI (Forces françaises intérieures) de la région parisienne », commente Claire Miot.

Des barricades sont dressées dans toute la ville, et une grande partie de la population, notamment les femmes s’y relaient pour aider et ravitailler les combattants. Devant ces images trop évocatrices du soulèvement révolutionnaire de la Commune (1871), le général de Lattre de Tassigny, commandant de la première armée, aurait ordonné au général Monsabert, qui a débarqué en Provence à la tête de la 3e division d’infanterie algérienne (DIA), de stopper sa progression sur Marseille. Il aurait préféré attendre que les résistants, en difficulté, demandent l’aide de l’armée régulière, ce qu’ils feront effectivement dès le 22 août. Les troupes de Monsabert entrent alors dans Marseille le 23 août et combattront avec les soldats de la Résistance.

En avril 1944 est constitué, dans la continuité du corps des volontaires françaises créé par De Gaulle à Londres, le corps des AFAT, les « Auxiliaires féminins de l’armée de terre ». « Mais vous remarquerez qu’on les qualifie d’“auxiliaires” et de plus on les recrute toujours explicitement “pour libérer les hommes des fonctions non combattantes” », commente Claire Miot. Elles seront jusqu’à 10 000 dans la première armée, affectées à des emplois administratifs et logistiques : téléphonistes, ambulancières, infirmières, recrutées pour partie dans les rangs de la Résistance, au fur et à mesure de la libération du territoire.

« Les femmes dans la bataille »

Publiée dans le journal Rouge Midi, le 3 septembre 1944, sous le titre « Les femmes dans la bataille », une photo renvoie à l’image traditionnelle des femmes dans une tâche d’aide et de soin aux enfants. Mais dans l’article qu’elle illustre, Julia Pirotte rappelle, presque avec lyrisme, qu’elles ont activement participé à la Résistance, hors de la sphère domestique.

« Je les ai vues au travail, dans l’illégalité, ces centaines de femmes, dans les transports d’armes, dans les renseignements, fabriquant des pièces d’identité. Et puis je les ai vues dans la bataille insurrectionnelle dans des casernes, usines, permanences, distribuant la nourriture aux combattants sous les rafales des balles et des bombes  je les ai vues des milliers et des milliers, femmes de toutes couches et opinions politiques : ouvrières, institutrices, sœurs qui dans un effort commun organisaient hôpitaux et cliniques, lingeries et nurseries, ravitaillement pour la population affamée . »

Par ailleurs, comme le souligne Claire Miot, « il faut bien se rendre compte que durant ces journées, les femmes étaient dehors, dans les rues, sur les barricades, aux côtés des combattants, contribuant à incarner aux yeux de certains le “péril rouge” d’une population en insurrection ».

Après s’être retranchées sur la colline de Notre-Dame-de-la-Garde et dans une partie du Vieux-Port, les dernières forces ennemies présentes à Marseille ne capitulent que le 28 août 1944.

L’armée française perd 1 825 hommes dans la bataille, mais capture près de 11 000 prisonniers. Les 200 tués et 500 blessés parmi la population témoignent aussi de la violence des combats. Un immense défilé est organisé , qui célèbre l’unité de la population face à l’ennemi. Le « péril rouge » s’est éloigné. Résistants, soldats de l’armée régulière, européens, maghrébins, hommes et femmes, tous ont leur place. Ici défilent notamment les « goumiers », soldats volontaires recrutés dans des tribus marocaines considérées par le pouvoir colonial comme naturellement « guerrières ».

Marseille (CNRS) dans A gauche du PS

Les femmes qui défilent ici, le 29 août 1944, viennent d’obtenir le droit de vote, le 21 avril 1944. Julia Pirotte, « collection La contemporaine » © droits réservés ( En réalité jeunesses communistes mixtes)

Julia Pirotte braque encore une fois son objectif sur les femmes, en tête du défilé du 29 août 1944, brandissant des slogans liés à l’actualité et à la politique : « À mort Pétain », « Vive l’école de la liberté ». Peut-être parce que les femmes françaises (de Métropole seulement ) viennent d’obtenir le droit de vote, par une ordonnance du 21 avril 1944 ?

Comme le souligne l’historien Fabrice Virgili, « on a présenté le droit de vote des femmes comme une “récompense” de leur action pendant la guerre, façon de ne pas reconnaître le long combat qu’elles ont mené pour obtenir ce droit élémentaire à la citoyenneté », notamment via le mouvement suffragiste, dont le premier groupe en France fut fondé en… 1876 ! ♦
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Julia Pirotte, photographe et résistante

« Les plus grands jours de ma vie furent l’insurrection de Marseille, écrit-elle en septembre 1944. Comme tant d’autres, j’avais des comptes à régler avec les nazis ; mes parents et toute ma famille étaient morts dans les camps en Pologne et dans les ghettos. J’étais sans nouvelles de ma sœur, prisonnière politique, je ne savais pas encore qu’elle était morte guillotinée. » Dans le regard qu’elle porte sur les combats pour libérer la ville, les femmes et les résistants se trouvent délibérément placés au premier plan. Elle poursuivra après la guerre son travail de photo-reporter engagée, notamment en Pologne, où elle documente le pogrom de Kielce, massacre de survivants de l’Holocauste en juillet 1946. ♦

21.08.2024
Marina Julienne

https://lejournal.cnrs.fr/articles/marseille-liberee

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22 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Meta, Tik Tok (Amnesty)

feminisme

Meta et TikTok, cessez de supprimer les informations sur l’avortement

Aujourd’hui, non seulement l’accès à l’avortement est restreint ou attaqué dans le monde entier, mais en plus, des entreprises de réseaux sociaux comme Meta et TikTok suppriment des informations sur l’avortement. Et lorsque ces entreprises suppriment des contenus publiés par des organisations de défense des droits reproductifs, elles n’offrent que peu de transparence, voire pas du tout, quant aux motivations de leur décision. Cela empêche des personnes d’obtenir des informations vitales et de prendre des décisions éclairées concernant leur corps. Signez la pétition maintenant et demandez-leur de cesser de supprimer les informations sur l’avortement.

Quel est le problème ?

Les entreprises de réseaux sociaux jouent un rôle essentiel dans l’accès au droit à la santé dans le monde, particulièrement lorsque l’accès aux informations et aux services est restreint.

Toutes les entreprises, y compris Meta et TikTok, ont la responsabilité de respecter les droits humains, notamment le droit à la santé et d’autres droits connexes, comme le droit à l’information. Ces sociétés comptent parmi les plus importantes et les plus influentes entreprises de réseaux sociaux au monde, et leurs actions ont donc des conséquences à l’échelle mondiale.

Internet est un élément au cœur de la vie moderne et est l’un des principaux moyens d’accéder à l’information. Ces entreprises technologiques privées contrôlent ce qui est accessible… et ce qui est supprimé.

Nous devons faire savoir à ces géants du numérique que nous les surveillons et que nous ne les laisserons pas faire.

Appelez Mark Zuckerberg, PDG de Meta, et Shou Zi Chew, PDG de TikTok, à cesser de supprimer les informations sur l’avortement et à s’engager publiquement à veiller à ce que les informations sur l’avortement sur leurs plateformes restent accessibles.

Ce que vous pouvez faire

Signez la pétition et exigez que Meta et TikTok cessent de supprimer les informations sur l’avortement.

https://www.amnesty.org/fr/

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22 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Féminisme (Les Glorieuses)

feministe

Pourquoi les programmes de prévention des violences sexuelles ne marchent pas

Les taux de violences sexuelles sur les campus universitaires américains n’ont pas bougé entre 1985 et 2015. Ils auraient même augmenté depuis 2015. Et ce, malgré des millions de dollars dépensés par le gouvernement américain et les universités dans des programmes de recherche et de prévention des violences sexuelles. Depuis des années, ces chiffres laissent les élu·es et les scientifiques perplexes. Comment expliquer cela ?

Aujourd’hui, une nouvelle méta-analyse (une étude qui combine et analyse les résultats de nombreuses études précédentes sur un sujet), qui rassemble toutes les études publiées jusqu’alors partout dans le monde, a révélé la réponse. Il semblerait que la théorie de longue date derrière ces programmes soit fondamentalement erronée.

Pendant des décennies, les expert·es en sciences sociales sont parti·es d’un principe simple : si l’on change les attitudes ou les idées des gens sur les violences sexuelles, cela entraînera un changement de comportements, et donc une diminution de la violence.

Ainsi, la grande majorité des programmes de prévention des violences sexuelles dans le monde ont ciblé l’esprit : ce que les gens pensent et croient au sujet des violences sexuelles, de pourquoi elles se produisent, du type de personne qui les perpétue et qui en sont victimes. Une cible centrale de ces programmes sont les “mythes sur le viol”, comme l’idée que “certaines femmes méritent d’être violées” ou que “quand les femmes disent non, en fait elles veulent dire oui”.

Un grand nombre d’interventions analysées dans cette étude a réussi à contrer ces mythes sur le viol. Mais la diminution de la violence qui aurait dû suivre n’a pas été observée. Quand les équipes de recherche ont observé une réduction de la violence, elle était minime par rapport au degré de changement des manières de penser des gens. L’hypothèse selon laquelle nos pensées sont la cause principale de notre comportement a guidé les efforts de réduction des violences sexuelles depuis le début. Mais d’après cette nouvelle étude, cette hypothèse serait faussée.

D’après l’OMS, environ 1 femme sur 3 dans le monde a subi des violences sexuelles physiques. Et des chiffres de 2017 ont révélé que plus de 50 % des femmes et presque un homme sur trois sont touché·es aux États-Unis. Dans ce contexte, cette étude fait office de “signal d’alarme accablant pour le domaine de la prévention des violences sexuelles”, comme l’a observé une experte en réponse à cet article.

Voici la preuve

La méta-analyse a couvert 295 études menées dans 13 pays entre 1985 et 2018. La plupart (89 %) ont été menées aux États-Unis, et la majorité de celles-ci se sont concentrées sur les campus universitaires – où la majorité de la recherche sur la prévention des violences sexuelles a été effectuée dans le monde.

L’équipe de recherche a identifié trois périodes distinctes dans les programmes de prévention des violences sexuelles : une période initiale où les programmes se concentraient sur l’éducation des adolescent·es sur les violences dans les relations amoureuses ; une deuxième qui ciblait l’empathie des hommes envers les victimes de violences sexuelles par le biais de programmes éducatifs ; et une troisième phase (encore dominante aujourd’hui) qui, au lieu de cibler les victimes ou les coupables potentiels, vise à encourager l’action des témoins et de la communauté grâce à des programmes éducatifs qui encouragent les gens à aider les personnes en danger et à dénoncer les idées sexistes.

Bien que ces trois périodes adoptent des approches assez différentes, les chercheuses ont constaté que la théorie sous-jacente restait la même : l’hypothèse que pour changer le comportement, il faut changer les idées des gens. Elles ont découvert qu’aucune de ces approches n’avait d’effet sur les taux d’agression. Changer ce que les gens pensent des violences sexuelles ne semble tout simplement pas changer leur comportement.

J’ai parlé à deux expertes sur le sujet : Ana Gantman, professeure de psychologie au Brooklyn College (CUNY), qui a cosigné l’étude, ainsi qu’une des auteures d’un commentaire accompagnant l’article : Elise Lopez, directrice adjointe du programme de violences relationnelles à l’Université de l’Arizona. J’ai été surprise de constater que, plutôt que d’être découragé·es, les deux chercheuses étaient assez optimistes quant aux résultats.

Elise Lopez a expliqué : “Je n’ai pas été surprise par ces résultats, j’étais plus enthousiaste qu’autre chose. Ils montrent le combat que moi, et d’autres chercheuses et chercheurs, avons mené pendant des années. Si nous dépensons des millions de dollars dans la recherche et les programmes de prévention, pourquoi les chiffres n’ont-ils pas changé depuis plus de 30 ans ? Maintenant, nous avons des pistes concrètes sur le pourquoi. Quand vous identifiez un défaut fondamental, vous pouvez arrêter de tourner en rond et saisir l’opportunité de créer quelque chose de nouveau.

Un changement radical

L’article m’en a rappelé un autre dans un domaine très différent : la crise climatique. Il y a trois ans, le neuroscientifique Kris de Meyer et ses collègues ont avancé que les personnes qui travaillent sur le climat devraient arrêter d’essayer de persuader les gens que le changement climatique est un problème, et raconter plutôt des histoires d’action. “Les croyances populaires”, ils écrivent, racontent que l’augmentation de la compréhension des gens sur le changement climatique serait un “préalable nécessaire” à l’action et au changement de comportement. Mais “dans la vraie vie, les relations entre croyances et comportement vont souvent dans la direction opposée : nos actions changent nos croyances.”

La réalisation similaire dans le domaine de la prévention des violences sexuelles fait-elle partie d’une réévaluation plus générale de l’idée que changer les attitudes des gens peut changer leur comportement ?

“Absolument”, affirme Ana Gantman. “Les psychologues savent qu’il y a un fossé entre ce que nous pensons, ce que nous voulons, ce que nous croyons et ce que nous faisons réellement.”

Cela s’explique peut-être par le fait que la relation entre les deux est purement “probabiliste”. Des obstacles nous empêchent d’agir comme nous aimerions agir dans un monde idéal. Elle me donne un exemple : une personne pourrait vouloir réagir si elle entend quelqu’un faire une blague sexiste, mais sur le moment, un autre désir, celui de maintenir la cohésion sociale, pourrait l’emporter, ou elle pourrait tout simplement ne pas savoir quoi dire.

Et, si la relation entre nos idées et nos actions peut parfois être corrélée, cela ne signifie pas nécessairement que les unes ont causé les autres. Supposons que la personne qui croit en l’importance d’intervenir lorsqu’elle entend des blagues sexistes le fasse réellement. La raison pour laquelle elle l’a fait, à ce moment-là, pourrait être n’importe quoi : peut-être qu’elle avait récemment vu quelqu’un d’autre intervenir avec succès dans une émission de télé, et qu’elle avait donc une phrase toute prête en tête. Ou peut-être qu’elle se trouvait dans un groupe où elle se sentait à l’aise et respectée, et donc elle a pris la parole parce qu’elle savait que ce serait bien accueilli. “Nous pouvons agir de manière cohérente avec nos désirs, mais cela ne signifie pas nécessairement que nos désirs en sont le mécanisme causal”, explique Ana Gantman.

Elise Lopez souligne que nous savons déjà tout cela dans le domaine de la santé. Nous savons qu’il est possible d’éduquer les gens sur l’importance de manger sain, de faire du sport ou de dormir assez, mais sans nécessairement changer leur comportement. “Cela va vraiment au-delà de changer les idées et les attitudes, bien que cela puisse être une première étape utile”, dit-elle. “Vous devez également changer la confiance en eux des gens sur leur capacité à avoir des comportements sains, leur fournir le soutien social pour le faire et penser à l’environnement dans lequel ils vivent.”

Une nouvelle approche

Alors, quels types d’interventions pourraient vraiment marcher et prévenir les violences sexuelles ? La conception de l’espace physique est un thème central.

Ana Gantman me raconte : “Les étudiant·es nous disent que souvent, les seuls espaces dans lesquels iels peuvent interagir quand les fêtes sont terminées sont leurs chambres, et que ces portes se ferment automatiquement pour des raisons de sécurité incendie – ce qui donne l’impression que personne d’autre n’est là.” Elle suggère donc que fournir plus d’espaces communs neutres pourrait permettre d’autres comportements – que si un lit n’est pas là, les gens sont moins susceptibles de penser à la possibilité de rapports sexuels.

Les chercheuses ont également insisté sur l’intégration de l’éducation à la prévention des violences sexuelles dans l’éducation générale à la santé sexuelle. “Je pense que si nous apprenions aux gens comment avoir des rapports sexuels heureux, sains, consensuels et idéalement mutuellement orgasmiques, alors peut-être que nous verrions moins de situations où les gens se trouvent dans des situations comme la consommation excessive d’alcool qui rendent le sexe plus risqué”, ajoute Elise Lopez.

Il existe également quelques indications que les cours d’autodéfense peuvent réduire les taux d’agression – même si c’est une piste controversée, car certain·es pensent que cela déplace la responsabilité des agressions sexuelles sur les victimes. Au Kenya, des transferts d’argent inconditionnels ont permis de réduire les violences sexuelles lorsqu’ils étaient donnés aux femmes. Et dans l’État de Rhode Island, les infractions déclarées de viol ont chuté de 30 % quand le travail du sexe en intérieur a été décriminalisé. Tous ces éléments montrent la multitude d’approches différentes qui pourraient être adoptées, si les attitudes et les normes de financement le permettent.

Il est important de noter que les résultats de cette étude ne signifient pas que les décennies de travail sur la prévention des violences sexuelles ont été vaines. Changer les manières de penser est toujours précieux.

“J’ai été énormément impressionnée par certaines des interventions que nous avons examinées”, dit Ana Gantman. “Changer les idées des gens sur les violences sexuelles est important ! Mais ce n’est tout simplement pas le bon levier à actionner pour réduire les taux de violences sexuelles.”

Josephine Lethbridge

https://lesglorieuses.fr/violences-sexuelles/

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15 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Tampons (Reporterre)

Plomb, arsenic... 16 métaux lourds détectés dans des tampons

Plomb, arsenic… 16 métaux lourds détectés dans des tampons

C’est un objet du quotidien pour des millions de femmes à travers le monde. Une étude de l’université de Californie à Berkeley publiée début juillet dans la revue Environment International révèle la présence de plus de seize métaux dans les tampons : de l’arsenic, du cadmium, du chrome, du zinc ou encore du plomb. Les scientifiques ont analysé quatorze marques commercialisées aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Grèce.

Le plomb est l’élément qui inquiète le plus les auteurs de l’étude, tant les quantités mesurées (120 nanogrammes par gramme) sont « alarmantes », explique Jenni A. Shearston au journal Le Monde. « Nous ne savons pas encore si le plomb peut s’échapper du tampon, ni s’il peut être absorbé par le corps, ni en quelle quantité. » En cas de présence dans l’organisme, le plomb attaque le système neurologique et peut provoquer ou aggraver des maladies psychiques.

Les produits élaborés à partir de coton bio ne font pas exception, les concentrations d’arsenic sont même plus élevées que dans leurs équivalents conventionnels.

Glyphosate, dioxines, phtalates… Déjà l’an dernier, 60 Millions de consommateurs avait révélé la présence de 9 contaminants soupçonnés d’être cancérigènes, toxiques pour la reproduction ou perturbateurs endocriniens dans 24 modèles de tampons, serviettes et protège-slips jetables testés par le journal.

https://reporterre.net/

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15 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Gambie (MGF)

A anti Female Genital Mutilation protester holds a placard outside the National Assembly in Banjul on march 18, 2024, during the debate between lawmakers on a highly controversial bill seeking to lift the ban on FGM.

© MUHAMADOU BITTAYE/AFP via Getty Images

 Le maintien de l’interdiction des MGF est une bonne nouvelle, mais les autorités doivent s’attaquer en urgence à ses causes profondes

En réaction au rejet par le Parlement gambien, le 15 juillet, d’un projet de loi visant à abroger la loi de 2015 sur les femmes (amendement) interdisant les mutilations génitales féminines (MGF), Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a déclaré :

« C’est avec un grand soulagement que nous accueillons le rejet du projet de loi visant à abroger l’interdiction des mutilations génitales féminines en Gambie. En 2015, l’adoption de la loi sur les femmes (amendement), qui érige en infraction pénale les mutilations génitales féminines et prévoit des sanctions pour l’exécution, le soutien et l’encouragement de cette pratique, a représenté une étape importante dans les efforts déployés par le pays pour garantir les droits des filles et des femmes. Il est essentiel que ces progrès soient protégés.

Cette tentative d’abrogation de la loi est un signal d’alarme. Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale

« Cependant, depuis l’interdiction de cette pratique en 2015, seuls deux cas ont fait l’objet de poursuites et la première condamnation pour avoir pratiqué des MGF n’a été prononcée qu’en août 2023. De plus, cette tentative d’abrogation de la loi est un signal d’alarme démontrant que des mesures doivent être prises pour sensibiliser la population aux droits des filles et femmes et à la nécessité d’éradiquer ces pratiques néfastes. Le devoir de diligence exige une prévention, une protection et une réparation efficaces, et pas seulement la criminalisation.

« Outre l’interdiction des mutilations génitales féminines, les autorités gambiennes doivent faire davantage pour faire appliquer la loi. Nous appelons également à l’adoption d’une approche holistique qui s’attaque aux causes profondes de ce problème pour changer les attitudes et les normes afin d’autonomiser les filles et les femmes. »

Contexte

Environ 76 % des filles et des femmes de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines en Gambie d’après l’UNICEF et 3 filles sur 4 en ont fait l’expérience avant l’âge de 6 ans.

La Gambie est signataire de conventions internationales qui défendent et protègent les droits des filles et des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Convention relative aux droits de l’enfant.

La Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant stipule spécifiquement que les gouvernements doivent prendre toutes les mesures appropriées pour éliminer les pratiques sociales et culturelles néfastes, y compris les mutilations génitales féminines.

Juillet 15, 2024

https://www.amnesty.org/fr/

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09 juillet 2024 ~ 0 Commentaire

Les Glorieuses

femmes

Après la défaite de l’extrême droite en France, nous avons plus que jamais besoin du féminisme

Pour une fois, je me permets de commencer cette newsletter sur une note personnelle. Je tiens à remercier toutes les personnes en France qui ont voté contre l’extrême droite et son programme de haine, de peur et de division ce dimanche.

Comme beaucoup d’immigrant·es dans ce pays sans droit de vote, j’ai suivi ces dernières semaines de campagne en France avec un sentiment de terreur croissante : de la défaite de Macron aux élections européennes, à son pari risqué d’amener des élections législatives anticipées, au résultat dévastateur du premier tour où le Rassemblement National d’extrême droite a terminé en tête. J’ai fait ce que je pouvais : j’ai écrit, j’ai lu, j’ai manifesté,

j’ai tenté de tirer la sonnette d’alarme sur les risques d’un gouvernement d’extrême droite. Et hier soir, quand les premiers sondages ont été publiés à 20h et ont montré une victoire du Nouveau Front Populaire, j’ai ressenti de l’espoir pour la première fois. De l’espoir, du soulagement et de la gratitude envers mes voisin·es, mes ami·es, les personnes qui ne sont pas d’accord avec moi et celles qui le sont – envers toutes les personnes qui se sont mobilisées dans des proportions sans précédent pour dire non au racisme, à la xénophobie, à l’islamophobie, à l’antisémitisme, à l’homophobie, à la transphobie et à la misogynie du Rassemblement National.

Le combat est loin d’être terminé. Le Rassemblement National a fini troisième, mais il a gagné plus de 50 sièges de plus au parlement et recueilli les voix de plus de 8 millions de personnes. Le parti restera une force majeure en Europe, où il a de nombreux alliés d’extrême droite à travers le continent – des allié·es qui souhaitent interdire l’avortement et les transitions de genre, des allié·es qui ciblent les familles queer. Le racisme et la xénophobie décomplexés qui ont été déchaînés pendant cette campagne violente ici en France ne seront pas facilement oubliés.

Le front républicain français a une fois de plus triomphé, et j’en suis éternellement reconnaissante. Mais il reste encore du travail. L’extrême droite ne disparaîtra pas d’elle-même : la cheffe du Rassemblement National, Marine Le Pen, a déclaré que la victoire de son parti n’était “que différée”. Pour éviter une catastrophe à l’avenir, la France devra continuer à contrer l’extrême droite partout où elle se trouve. La lutte n’est pas encore terminée, et avec plus de femmes que jamais qui votent pour l’extrême droite, nous aurons besoin de réponses féministes dans les années à venir.

Heureusement, il y a des féministes partout dans le monde qui ont l’expérience de résister aux forces de l’extrémisme, et elles ont beaucoup à nous apprendre, où que nous soyons, et que nous puissions voter ou non. La semaine dernière, j’ai écrit à certain·es de ces activistes pour leur demander des conseils sur la manière de continuer à affronter l’extrême droite en France.

Debora Diniz connaît trop bien les dangers des forces d’extrême droite. Elle a reçu des menaces de mort pour avoir témoigné devant la Cour suprême du Brésil lors d’une audience sur la décriminalisation de l’avortement, et a été placée sous protection policière et finalement exilée à cause de son travail. Elle est considérée comme la première personne contrainte à l’exil sous le gouvernement de droite dure du Brésil, dirigé par Jair Bolsonaro, un politicien souvent comparé à Donald Trump.

“Il y a deux leçons principales que je tire des moments difficiles de Jair Bolsonaro au pouvoir au Brésil. La première est la manière dont l’extrême droite fonctionne en répandant la peur, et comment cela peut paralyser le courage et la créativité féministes”, a-t-elle expliqué. Mais “nous ne pouvons pas changer des normes injustes par la peur.”

“La deuxième leçon est qu’il faut ignorer la fausse prophétie du retour de bâton contre les idées féministes”, a-t-elle ajouté. Les manifestations de masse au Brésil à la veille des élections sous le mot d’ordre ”Pas lui” rappellent la mobilisation féministe que nous avons vue dans les rues de France avant le premier tour des élections le mois dernier. “Le récit du retour de bâton est un récit qui tente de contrôler notre élan de mobilisation et de participation politique”, analyse la militante. Bolsonaro a perdu le pouvoir en 2022 face au candidat de gauche Lula da Silva.

La philosophe Marcia Tiburi a également quitté le Brésil en raison des menaces de mort de l’extrême droite, et a vécu en exil à Paris pendant les années Bolsonaro. “J’ai passé quatre ans en France à souffrir de la situation au Brésil et maintenant je suis au Brésil à souffrir de la situation en France,” déclare-t-elle. “Bolsonaro a laissé en héritage des horreurs et des personnages tout comme lui au sein du congrès national… Que la France ait réussi à stopper l’avancée de l’horreur hier est une chose à célébrer, mais nous devons rester vigilants.“

Nous aurons également besoin de construire des réseaux à travers l’Europe, d’après Zsofi Borsi, la cofondatrice de Lazy Women, un collectif né en Hongrie avec pour mission d’apporter des perspectives autres que celles d’Europe occidentale au discours féministe dominant. Dans son pays natal, le président d’extrême droite Viktor Orbán a fait passer des lois anti-LGBT et des restrictions sur les soins liés à l’avortement, tout en diabolisant les migrant·es. Son parti a rejoint un bloc d’extrême droite avec le Rassemblement National au parlement européen.

“Que ce soit une ‘guerre’ contre les immigré·es, George Soros, l’UE ou le genre, en Hongrie, la machine de propagande d’Orbán abreuve la population de différents ennemis, et détruit systématiquement la tolérance du public pour la diversité, et la société civile dans son ensemble”, raconte Zsofi Borsi. Avec les forces d’extrême droite s’unissant à travers l’Europe, elle dit que les féministes devront faire de même. “Construire des réseaux de solidarité entre les petites organisations féministes pour élever les voix des un·es et des autres localement et dans la région – où de nombreux pays voisins font face à des défis similaires – joue un rôle crucial.”

Depuis presque dix ans, les féministes d’Argentine sont des leaders mondiales qui ont réussi à transformer leur société pour le mieux. L’activiste Verónica Gago a été l’une des voix majeures du mouvement #NiUnaMenos qui a protesté contre les violences de genre à partir de 2015, et donné naissance à une nouvelle vague de discours féministes dans le monde, y inclus la “vague verte” qui a permis à de nombreux pays d’Amérique latine d’obtenir le droit à l’avortement. Mais l’élection récente en Argentine prouve que les victoires féministes ne peuvent jamais être prises pour acquises : en l’espace de quelques mois seulement, le président ultraconservateur Javier Milei a décimé nombre de ces droits durement acquis.

“L’extrême droite au gouvernement, cela veut dire un recul absolu des conditions qui rendent possibles nos luttes”, a déclaré l’activiste et autrice argentine. “En tant que féministes, notre engagement est de lutter contre le fascisme de toute notre force. C’est ce que nous faisons ici. Il est aussi essentiel de renforcer les luttes transféministes. Nous devons continuer à nous organiser et, surtout, à construire et élargir nos alliances.”

Ces dernières années, l’Inde a été témoin de la montée du nationalisme hindou et des idéologies d’extrême droite. Mais les dernières élections ont vu le parti nationaliste Bharatiya Janata du Premier ministre Narendra Modi perdre sa majorité parlementaire pour la première fois depuis 2014. Teesta Setalvad est une militante féministe, journaliste et fondatrice de Sabrang Trust et Citizens for Justice and Peace. Elle a longtemps milité pour les victimes des émeutes du Gujarat en 2002 et a été détenue pour son activisme par le gouvernement. “L’extrême droite dans différents pays, contextes et cultures présente une similarité étrange, voire effrayante”, a-t-elle remarqué. “Il est plus que temps de forger des alliances internationales.”

“L’Inde a vécu cela, l’a vu et en sort lentement (espérons-le), bien que marquée et blessée… Nous souhaitons bonne chance à nos sœurs en France alors que nous-mêmes luttons pour respirer un peu plus facilement tout en étant encore menacé·es par des nuages noirs en Inde.”

Des millions de personnes en France, et celles qui nous regardent partout dans le monde, respirent un peu plus facilement aujourd’hui. Une fois de plus, l’extrême droite était aux portes du pouvoir. Une fois de plus, elle a été repoussée par une population qui a choisi l’espoir plutôt que la haine. Une fois de plus, les féministes ont montré la voie.

Dès aujourd’hui, la lutte continue, mais rappelons-nous : nous sommes plus nombreuses et nombreux qu’eux.

Megan Clement

https://lesglorieuses.fr/

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23 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Femmes (FR3)

Des centaines de femmes ont manifesté ce 23 juin dans toute la Bretagne
 © Thierry Bouilly / France Télévisions

« Le Rassemblement national veut nous remettre à la cuisine » : en Bretagne, les femmes dans la rue contre l’extrême droite

À une semaine du premier tour des élections législatives, les organisations féministes appelaient à descendre dans la rue contre le Rassemblement national. À Carhaix, Douarnenez, Lannion, Rennes, Lorient, Vannes ou Saint-Brieuc, des centaines de femmes ont battu le pavé pour défendre leurs droits qu’elles disent menacés par l’extrême-droite.

« Les femmes ont des pouvoirs, et notamment celui de voter « , commence malicieusement mais fermement Corinne Troël. Toute de violet vêtue, couleur symbole des luttes féministes, elle est descendue dans la rue à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).

« On sait que quand les partis d’extrême droite prennent le pouvoir, ils ne le rendent pas, estime la militante. « On va essayer », ça ne suffit pas : on a déjà essayé. Et ce n’est pas possible ! »

Les femmes ont du pouvoir et de la mémoire

Ce dimanche 23 juin, elles sont un peu plus de 500 dans les rues de Saint-Brieuc. « On sait que si le Rassemblement national l’emporte, tous les droits des femmes seront mis à mal, y compris le droit à l’avortement, s’inquiète Alexandra Jeammet, co-présidente de la Maison des femmes des Côtes-d’Armor. Même si ce droit est aujourd’hui inscrit dans la Constitution, il peut être annihilé, ne serait-ce qu’en enlevant les moyens. »

Régis défile avec sa fille Zia. »Toutes les lois pour les droits des femmes ont été refusées par le RN » s’indigne-t-il. Je n’ai pas envie qu’elle vive dans une société dirigée par ces gens-là. »

« Les femmes ont le pouvoir de voter… et de la mémoire« , ironisent les manifestantes. Et de rappeler que lors du vote pour l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, onze députés du Rassemblement national ont voté contre et 20 se sont abstenus. En 2018, cinq des six députés RN s’étaient déjà abstenus lors du vote de la loi contre des violences sexuelles et sexistes proposé par Marlène Schiappa, soulignent-elles.

« Quand on regarde ce que le RN a voté ou n’a pas voté, on comprend vite que leurs discours ne sont que des mensonges » s’agace Alexandra Jeammet. Ou alors, c’est qu’on n’a pas du tout les mêmes conceptions du droit des femmes ! »

« De l’amour, pas du R-haiNe !« 

Dans le cortège, une jeune femme brandit une pancarte : « De l’amour, pas du R-Haine ». À côté d’elle, Moira et ses copines avancent d’un pas décidé. « Nous on a 16 ans, et donc pas encore le droit de voter. Alors il fallait qu’on trouve les moyens de dire nos craintes, considère-t-elle. Nos mères, nos grands-mères se sont battues pour avoir des droits, pour qu’on puisse exister. On a peur d’un retour en arrière. »

« L’idée du RN, c’est de remettre les femmes à la cuisine affirme Corinne Troël. Ils pensent que leur place elle est là et que ce serait bien qu’elles se taisent aussi ! »

Mais se taire ne fait pas du tout partie des projets du jour des manifestantes. Tour à tour, une fanfare ou les accords de Bérurier noir, « La Jeunesse emmerde le Front national », rythment leurs pas.

« Le RN prend des sujets pour cliver et faire peur, s’indigne encore Corinne Troël. Ils nous parlent des personnes trans. Qu’est-ce que ça peut leur faire, en fait ? (…) Nos corps, nos choix ! » tempête-t-elle, reprenant le slogan du planning familial.

Ils se servent de cette question comme de celle de l’immigration. Ils agitent le spectre du grand-remplacement par les personnes trans. Il faut rester réaliste. En France, il y a six millions de jeunes de moins de 26 ans. Combien il y a de personnes qui sont concernées par la trans identité ? Même pas 1%.

Corinne Troëlmilitante féministe

Alors elle insiste : « Il faut que les gens qui hésitent à aller voter sachent que derrière il y a des vies qui seront impactées ! »

(avec Lara Dolan) Séverine Breton  23/06/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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