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06 mars 2025 ~ 0 Commentaire

UKRAINE (NPA)

 

UKRAINE (NPA) dans Altermondialisme

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Avec l’Ukraine, contre le militarisme

Dans cet entretien percutant, Catarina Martins, figure de proue de la gauche portugaise et députée européenne, propose une analyse lucide qui transcende les clivages simplistes sur la guerre en Ukraine. Elle démontre comment la résistance légitime du peuple ukrainien s’inscrit dans une lutte plus large contre l’exploitation néolibérale et les intérêts des multinationales qui cherchent à profiter de la reconstruction.

Martins articule une vision de gauche cohérente qui reconnaît à la fois le droit des Ukrainiens à se défendre et la nécessité d’aller au-delà d’une réponse purement militaire. Elle expose comment les créanciers internationaux et les oligarques, tant russes qu’occidentaux, instrumentalisent la crise pour leurs propres intérêts, au détriment des travailleurs ukrainiens.

À travers son expérience au Portugal, où son parti a combattu l’austérité et défendu les services publics, elle montre qu’une autre voie est possible : celle d’une solidarité internationale basée sur la justice sociale, le logement public et la défense des droits des travailleurs. Une lecture essentielle pour comprendre comment construire une paix durable fondée sur la justice sociale.

Catarina Martins était la coordinatrice nationale du Bloc de Gauche, un parti politique socialiste démocratique au Portugal, de 2012 à 2023. Elle a été élue députée européenne lors des élections européennes de 2024 et siège au sein du groupe de la Gauche au Parlement européen — GUE/NGL. Catarina a une formation en linguistique et une carrière dans le théâtre.

Le Bloc de Gauche est l’un des initiateurs de la nouvelle coalition progressiste de gauche dans l’UE, l’Alliance européenne de la Gauche pour le Peuple et la Planète. Le parti exprime sa solidarité avec le peuple ukrainien face à l’invasion russe. En novembre 2024, Catarina Martins, accompagnée de deux autres députés européens et d’autres délégués des partis de gauche européens, s’est rendue en Ukraine. Nous nous sommes entretenus avec elle pour parler de la position de la Gauche sur l’Ukraine et de l’expérience politique portugaise, ainsi que des leçons urgentes pour notre pays dans le contexte de la crise économique.

Denys : Votre visite en Ukraine a été courte, mais très intense. Vous avez rencontré de nombreux représentants de différents mouvements de diverses sphères. Qu’est-ce qui vous a frappé lors de cette visite à Kiev ?

Catarina : J’ai beaucoup lu sur la guerre et sur la situation, donc j’avais déjà certaines informations. Mais c’est très différent quand on écoute les gens qui la vivent, car nous ne sommes pas uniquement gouvernés par la raison : il y a une partie émotionnelle. Je savais qu’il y avait beaucoup de détermination, mais c’est impressionnant quand on l’entend de personnes si différentes. J’ai rencontré des ONG qui travaillent avec le gouvernement, et j’ai rencontré des gens très critiques envers le gouvernement, et ceux qui travaillent avec le gouvernement tout en étant également critiques envers lui. Toutes ces personnes très différentes étaient déterminées à repousser Poutine. Cette détermination était vraiment impressionnante. Une autre chose qui m’est apparue était à quel point Poutine avait sous-estimé l’Ukraine.

Je savais que vous étiez déterminés, je savais que l’Ukraine était, bien sûr, une nation et que le fait qu’il y ait des Ukrainiens russophones ne signifiait pas qu’ils voulaient appartenir à la Russie. Par exemple, j’ai rencontré des gens qui défendaient que le russe était leur langue et ils m’ont dit : « Je suis un Ukrainien russophone ». L’Ukraine est une société plurilingue comme tant d’autres. Ce sont des choses que je savais avant, mais c’était différent quand j’ai entendu les gens le dire.

D’un côté, bien sûr, c’est impressionnant de voir comment l’Ukraine reste organisée tout au long de la guerre. Mais quand vous parlez à ceux qui travaillent avec les personnes déplacées, dans les soins de santé, dans le soutien en première ligne, vous voyez qu’il n’y a pratiquement pas d’État là-bas. C’est un exemple lucide des dangers du néolibéralisme, c’est clair. Prenez par exemple la situation du logement : il n’y a aucune perspective d’un programme public de logement pourtant nécessaire.

Ou un autre exemple des soins de santé : nous avons visité une association qui fait des soins palliatifs. Neuf femmes faisant un travail incroyable avec l’idée que s’il n’y avait pas elles, il n’y aurait personne. Et puis quand nous avons parlé aux infirmières, il était clair que ce n’était pas une exagération de l’ONG. C’était vraiment comme ça. Ou le processus d’évacuation en première ligne — il est principalement effectué par des ONG. Bien sûr, je comprends que les ressources de l’État sont fortement consommées par la guerre. Mais il est également évident que ces problèmes existaient même avant la guerre. L’Ukraine manque d’un État avec une structure aidant les citoyens pour les choses essentielles. C’est quelque chose que j’ai appris.

Vous représentez le Bloc de Gauche au Portugal tandis que vos collègues députés européens dans la délégation, Li Andersson et Jonas Sjöstedt, sont issus des partis de gauche nordiques. Non seulement vos forces politiques ont été assez claires à gauche dans leur soutien au peuple ukrainien dans cette guerre, mais aussi en général, tant dans les pays nordiques qu’au Portugal, si je ne me trompe pas, les sondages d’opinion montrent un niveau élevé de soutien et de solidarité envers le peuple ukrainien. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui se cache derrière ?

Je pense qu’il y a diverses raisons à cela. Les pays nordiques, parce qu’ils sont près de la frontière russe, et ils ont peur de la guerre. Au Portugal, je crois que c’est parce que nous avons une importante communauté ukrainienne, donc nous nous sentons très proches. Nous avons tous des gens qui sont venus d’Ukraine dans les années 90 ou maintenant. C’est la deuxième plus grande communauté au Portugal actuellement, après les Brésiliens.

Ce qui est en fait négligé par beaucoup de ceux qui affirment leur soutien à l’Ukraine, et ce qui est mis en évidence par les gens de gauche, tant en Ukraine qu’à l’extérieur de l’Ukraine, ce sont les défis sociaux et économiques auxquels le peuple ukrainien est confronté en temps de guerre. Et je pense que nous avons aussi cette expérience commune avec le cercle vicieux de la dette et le problème de la dette extérieure. Le Portugal a connu cette histoire avec la Troïka1, avec l’étouffement par les créanciers, faisant face à la pression des institutions financières internationales. La question de la dette peut-elle aider à construire une solidarité plus large entre les pays, entre les peuples qui ont été soumis à ce fardeau de la dette et au diktat de ces institutions, que ce soit l’Ukraine, le Portugal, la Grèce ou les pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie ? Que pouvons-nous faire pour construire cette solidarité ?

Je pense que la question de la dette publique et de son annulation est celle dont nous devons discuter et autour de laquelle nous devons construire la solidarité. Pour le Portugal, ce n’est pas un énorme problème maintenant comme ça l’a été, mais cela a des coûts importants. Et pour un pays qui subit la destruction de la guerre, c’est catastrophique de supporter également le coût de la dette publique. Il y a un point concernant le néolibéralisme que les gens devraient intérioriser : les créanciers prétendent aider l’Ukraine, mais en réalité ils ne le font pas. Ils font des affaires avec le malheur de l’Ukraine. Et ces accords sont payés par les contribuables et les travailleurs ukrainiens. C’est parce qu’au lieu d’un soutien explicite, une aide prétendue est utilisée une fois puis transformée en dette que l’Ukraine sera obligée de rembourser. Nous devrions faire l’inverse : contrairement à la dette que vous êtes obligé de rembourser plus tard, un soutien à grande échelle devrait être réel. L’Ukraine doit être soutenue parce que c’est important et l’annulation d’une partie de la dette en est une composante — pas l’accumulation de dettes.

Et l’autre chose est la privatisation de secteurs énormes de la reconstruction de l’Ukraine, et les intérêts multinationaux qui y sont liés. Ce n’est pas parce qu’ils [les multinationales] sont généreux, c’est parce qu’ils veulent contrôler l’Ukraine en tant qu’État avec d’immenses possibilités économiques. Votre pays est très important en raison de sa situation géographique, c’est-à-dire de vos richesses naturelles, de votre agriculture. Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles vous êtes une très bonne affaire. L’enjeu est que vous devriez avoir un bon accord pour le peuple ukrainien, pas pour quelques entreprises multinationales. Pas pour ceux qui viennent en proclamant leurs intentions d’aider à reconstruire et qui restent ensuite pour opérer là-bas, en payant de bas salaires, en faisant ce qu’ils veulent et en drainant l’argent hors d’Ukraine.

Et évidemment, vous voyez dans ces forums internationaux qui sont consacrés à la reconstruction de l’Ukraine que tout tourne autour des investisseurs. Donc, qu’il s’agisse du capital oligarchique ukrainien ou des multinationales, tout tourne autour des affaires. On ne parle presque pas du travail, de ceux qui en Ukraine souffrent réellement et paient le coût de la guerre.

C’est pourquoi je pense que la gauche devrait également aider à l’idée de renforcer et de maintenir les biens publics de l’Ukraine. Une chose dont nous avons discuté est la nécessité de travailler ensemble sur un projet de financement du logement public en Ukraine. Si cela n’est pas fait, un constructeur européen ou américain viendra en Ukraine pour reconstruire des maisons et s’enrichir.

Ou un promoteur ukrainien, qui est probablement aussi un oligarque très corrompu.
En effet, les villes pourraient être propriétaires des maisons, pourquoi pas ? Vous avez cinq millions et demi de personnes déplacées internes. C’est vraiment impressionnant pour un pays de 40 millions d’habitants. Certains réfugiés sont à l’étranger maintenant, néanmoins il y en a environ 5 millions encore dans le pays. Et certains de ceux qui sont hors du pays pourraient vouloir revenir. Ce serait bon pour la reconstruction de l’Ukraine si certains d’entre eux revenaient. Ils ont besoin d’un endroit où vivre, donc l’Ukraine a besoin d’un programme de logement public. Vous n’avez pas besoin de remplir les poches d’une poignée de constructeurs.

En parlant du néolibéralisme et de toutes ces politiques d’austérité, le Portugal a payé l’un des pires prix en Europe après la crise de 2008. Mais au moins quand votre parti et les communistes surveillaient le gouvernement socialiste d’António Costa après les élections de 2015, c’était le gouvernement le moins néolibéral de l’UE à cette époque2.

C’était aussi le gouvernement le plus populaire que le Portugal ait eu en ce siècle. Nous avons construit des logements publics, augmenté les salaires et les retraites. Nous avons introduit le droit aux livres dans les écoles, car au Portugal les familles devaient payer les livres scolaires, donc après ce droit, elles ne le faisaient plus. En résumé, nous avons agi conformément à des politiques sociales universelles.

C’était important. Mais ensuite nous avons eu des élections, et en raison de la sympathie des gens pour le gouvernement, les socialistes ont reçu plus de votes. Ainsi, lorsque les socialistes sont devenus moins dépendants des autres forces de gauche — le Parti communiste portugais et le Bloc de Gauche — qu’ils ne l’avaient été auparavant, ils ont commencé à faire ce que tous les socialistes font autour du monde : ils ont introduit des politiques néolibérales. C’était un problème. Nous aurions dû faire beaucoup plus, mais je crois que ces quatre années ont prouvé que si vous faites quelque chose de différent, l’économie ira mieux. L’austérité n’est pas une réponse.

L’austérité ne fait qu’aggraver les problèmes.

Oui. Au Portugal, il y avait une discussion selon laquelle le salaire minimum ne devait pas être augmenté, car cela tuerait l’économie. Au contraire, nous avons augmenté le salaire minimum chaque année. Et, vous voyez, parce que nous avons prouvé que cette politique n’avait pas tué l’économie, depuis lors le salaire minimum a été augmenté chaque année au Portugal. Je ne dis pas que tout va bien : il est encore bas. Mais l’argument selon lequel nous ne pouvions pas augmenter le salaire minimum parce que l’économie ne pouvait pas le supporter : c’est un argument que personne ne pouvait plus utiliser. Nous l’avons changé, nous avons prouvé que l’austérité ne fonctionnait pas. Les salaires ont fonctionné pour l’économie.

Mais maintenant vous avez un gouvernement de droite au Portugal après les élections de 2024 qui ont également montré la montée en flèche du parti d’extrême droite Chega. Quels sont les principaux défis selon vous pour le Bloc de Gauche et pour la gauche en général au Portugal en ce moment ? Comment pouvons-nous combattre ces forces de droite ?

Nous avons un problème parce que nous avons soutenu le gouvernement du Parti socialiste qui à un certain moment a décidé de ne plus coopérer avec les forces à sa gauche. Et il n’y a pas eu un jour où tout le monde a reconnu que cela se produisait. Donc les gens associaient encore ce que le Parti socialiste a fait après 2019 [quand il ne dépendait plus du soutien parlementaire du Bloc de Gauche et a dilué ses politiques sociales] avec la gauche. Avec le COVID et l’inflation post-2019, le gouvernement socialiste a décidé de maintenir les taux de déficit bas comme priorité principale. Ils n’ont fait aucun investissement dans les services publics, donc ces derniers se sont beaucoup affaiblis à cause de l’inflation. Puis le COVID, et toujours pas d’investissement. C’était une décision terrible. En même temps, le travail n’était pas non plus aussi protégé par la loi qu’il aurait dû l’être. Donc, les entreprises n’ont pas augmenté les salaires comme elles auraient dû le faire face à l’inflation. Au final, les gens ont associé ce manque d’investissement dans les services publics, et la façon dont leurs salaires n’ont pas suivi l’inflation avec les politiques de gauche. Mais ce n’était pas les forces de gauche. C’était un parti socialiste faisant la même chose que ce que les partis de droite avaient fait à travers l’Europe. Par conséquent, les gens ont cessé de soutenir ce qu’ils percevaient comme des politiques de gauche et ont commencé à faire confiance à la droite, espérant qu’elle pourrait apporter des changements.

Et donc nous avons maintenant un gouvernement de droite qui gagne du terrain. Nous avons une droite montante, mais cela a probablement à voir avec ces déceptions et ces espoirs, ainsi qu’avec le moment international. Je crois que ces espoirs se révéleront malheureusement faux. Tout cela est difficile, car les forces de droite sont bien financées. De plus, il y a une communication entre elles sur la scène internationale qui va de Bolsonaro à Poutine et Trump. Et bien sûr, le Portugal a des liens solides avec le Brésil. Tout cela rend la situation difficile et compliquée. Au Portugal, comme dans d’autres pays, les partis de droite gagnent des voix en s’appuyant sur des mensonges et sur des politiques destructrices.

Je crois que la gauche doit avoir de bonnes idées solides pour la classe ouvrière. Précisément pour la classe ouvrière telle qu’elle est. Parce que la classe ouvrière n’est pas uniquement composée d’hommes blancs hétérosexuels, mais plutôt de toute la diversité. Les femmes, les travailleurs non-blancs et immigrants sont plus exploités que tous les autres. Sachant cela, la gauche doit avoir des idées mobilisatrices efficaces qui, je crois, seront centrées sur l’inflation et les salaires. Aussi le logement, parce que ce n’est pas seulement l’Ukraine qui a un problème de logement. Je ne compare pas. Bien sûr, votre situation est différente, mais la tendance pénètre l’Europe : les gens ne peuvent pas se permettre une maison avec les salaires qu’ils gagnent.

Le Portugal était l’un des rares pays d’Europe qui n’avait pas de parti d’extrême droite ouvertement présent au parlement. Il semble qu’après la Révolution des Œillets qui a renversé la dictature de droite dure, ces idées ont été complètement discréditées, même parmi ceux de droite qui ont commencé à se nommer sociaux-démocrates comme le PSD. Alors que s’est-il passé, comment ces idées sont-elles devenues plus tolérables et l’extrême droite a-t-elle gagné une telle popularité ?

C’est un mélange de deux facteurs. Bien sûr, il y a des jeunes qui sont très éloignés des débats antifascistes, et ils sont très influencés par les réseaux sociaux. Particulièrement les jeunes garçons qui subissent l’influence du contenu propageant une masculinité toxique. C’est terrible. Mais ce qui est plus important, c’est que nous avons toujours eu ces figures de droite au Portugal, elles n’avaient simplement pas de parti. Et puis, le parti est apparu, donc ce public a gagné une force politique pour laquelle voter. Ils ont toujours été là, les racistes et les misogynes, se cachant dans certains partis conservateurs et partis traditionnels de droite. Parmi eux, même ceux qui ont la nostalgie de la dictature, de l’idée de l’Empire colonial portugais. Cela a toujours existé, bien qu’il n’y ait pas eu de parti pour les représenter. Maintenant, la scène internationale a fourni les moyens pour une construction de parti.

Il y a des gens qui font des comparaisons entre le Portugal de Salazar et la Russie moderne. Vous avez donc eu un dictateur de droite vieillissant, déconnecté de la réalité, essayant de mener des guerres coloniales pour préserver l’empire. Que pensent les gens au Portugal en général de la nature du régime russe ? Parce qu’il semble qu’au moins dans ce Parti communiste portugais suranné, beaucoup de gens pensent encore que la Russie est une sorte d’héritière de l’Union soviétique et que c’est encore une force antifasciste réelle.

Je ne pense pas qu’ils voient la vraie image. Je suis très critique sur la façon dont le Parti communiste traite ces choses. Ce qu’ils croient, c’est le monde divisé. Vous avez l’impérialisme nord-américain qui est très fort, qui a des moyens économiques et militaires qu’aucune autre force n’a sur notre planète, et c’est vrai. Et donc ce qu’ils croient, c’est que les forces qui sont contre l’impérialisme nord-américain peuvent donner une sorte d’équilibre. Je pense que c’est faux, parce que la Russie aujourd’hui est un capitalisme agressif et néolibéral avec des objectifs impérialistes, tout comme la Chine. Au Portugal, je pense qu’il est bon de rappeler que les grands alliés de Poutine sont toujours de droite.

La droite a créé le système des visas dorés que les oligarques utilisent pour obtenir la citoyenneté dans les pays de l’UE. C’étaient les ministres de droite qui sont allés en Russie dans le but de vendre ces visas dorés à l’oligarchie. Donc n’oubliez jamais que les vrais liens avec Poutine sont maintenus par la droite et, bien sûr, l’extrême droite. Par exemple, André Ventura de l’extrême droite Chega a une grande amie Marine Le Pen qui en une seule année a reçu un prêt de 9 millions d’euros de Poutine pour faire une campagne. Ou Salvini portant un t-shirt avec le visage de Poutine. N’oublions pas qui sont leurs amis.

Mais je suppose aussi que l’histoire traumatique suivante joue son rôle : que la dictature portugaise était un membre fondateur de l’OTAN et que les États-Unis soutenaient en fait les guerres coloniales que le Portugal menait.

C’est la raison pour laquelle il est très dangereux que quelqu’un croie que l’OTAN a quelque chose à voir avec la démocratie. Ce n’est pas le cas. Par exemple, l’OTAN a des pays qui suppriment la démocratie, comme la Turquie. Ceux qui freinent l’autodétermination des peuples : pensez aux Kurdes. L’OTAN a bombardé des pays contre le droit international sans aucune justification, les États-Unis en tant que force dirigeante ont menti sur les armes de destruction massive en Irak. Oui, le Portugal était membre fondateur de l’OTAN quand nous étions sous la dictature et néanmoins nous avions des guerres coloniales. Donc ce n’est pas une question de démocratie mais d’influence nord-américaine dans le monde. Je pense que tout le monde doit comprendre que l’OTAN est votre ami tant que vos intérêts s’alignent sur ceux des États-Unis. Sinon, l’OTAN pourrait attaquer.

Je pense qu’il faut être prudent quand les gens croient que l’OTAN est une bonne force démocratique qui défend la démocratie. Même les pays qui ont la démocratie utilisent l’armée principalement pour des raisons économiques et géostratégiques. Ils ne l’utilisent pas à des fins de démocratie. Si c’était le cas, l’OTAN serait en Israël pour sauver les Palestiniens. Est-elle là-bas ?

Et je pense que l’histoire des Kurdes syriens au Rojava était très révélatrice de la façon dont les États-Unis les ont abandonnés après qu’ils ont effectivement sauvé la région de l’EI.

C’était un bon exemple parce que les Kurdes étaient alliés de l’OTAN et quand cette dernière n’avait plus besoin d’eux, ils les ont simplement laissés tomber. En effet, les Kurdes syriens sont dans une position extrêmement mauvaise actuellement, étant attaqués de tous côtés. Personne ne les défend3.

Quand nous revenons à cette situation générale, vous représentez ces courants dans la gauche internationale qui reconnaissent effectivement les dangers de chaque impérialisme. Récemment, le Bloc de Gauche a été l’un des initiateurs de la nouvelle Alliance européenne de la Gauche pour le Peuple et la Planète. Parlez-moi de cette initiative et si vous voulez étendre l’union des forces à travers l’Europe ou peut-être au-delà de l’Europe, y compris le Mouvement Social/Sotsialnyi Rukh en Ukraine. Que pensez-vous des perspectives de cette nouvelle alliance ?

Nous ne sommes qu’au début et nous devons discuter et élargir. Cela ne fait que commencer. Je vous ai dit que la gauche a besoin d’un projet pour les travailleurs dans leur diversité, et c’est aussi quelque chose que nous avons en commun dans la nouvelle alliance. Parce que nous reconnaissons que la lutte anticapitaliste et antinéolibérale est en même temps féministe et antiraciste aussi. Alors que nous n’avons pas non plus de double standard concernant l’état de droit international et les droits humains.

Tout cela est très important dans le cas des questions environnementales et climatiques. L’un des énormes problèmes pour la sécurité des populations à travers le monde est que les gens continuent à ne rien faire concernant le climat. Et actuellement au Portugal — mais aussi en Espagne — tant de gens sont morts à cause du climat.

Le processus de formation de la nouvelle union de gauche n’a pas commencé non plus à cause de l’Ukraine ou de la Palestine. Nous travaillions ensemble sur toutes ces questions avant. Mais sans doute les nouvelles escalades sont l’une des questions importantes. Pas de double standard ! Je crois que nous pouvons avoir la gauche partageant des projets communs, parce qu’aujourd’hui, chaque gouvernement et chaque pays doit faire mieux.

Notre lutte est à la fois internationale et européenne. Ainsi, nous devons articuler nos luttes et nos forces pour avoir des projets mobilisateurs qui peuvent vaincre l’extrême droite et apporter l’espoir. Parce que la démocratie est une question d’espoir, c’est l’idée que vous pouvez construire quelque chose ensemble. L’extrême droite et les néolibéraux vivent de la peur : soit vous acceptez tout, soit ça deviendra pire. Donc, nous avons besoin d’un espace pour la gauche active dans la société, ayant des projets et des campagnes communes qui apporteraient l’espoir. C’est exactement ce que nous voulons faire.

Nous avons sept membres de parti pour l’instant, et donc nous commençons avec ça. Je pense que nous devrions avoir des membres observateurs qui pourraient être extérieurs à l’Union européenne. Par observateurs, je veux dire qu’ils n’ont pas à être des partis mais peuvent être aussi des mouvements. Je crois qu’un dialogue avec la gauche en Ukraine, qui est très important, est également nécessaire. Je pense que peut-être nous pouvons commencer à travailler avec le Mouvement Social en Ukraine. Voyons comment cela se passe. Cela vient juste de commencer mais je pense que ce serait très important.

Merci beaucoup. Peut-être avez-vous quelques remarques de conclusion. Souhaitez-vous adresser quelque chose aux Ukrainiens ?

Nous n’avons pas parlé des armes. Pour moi, c’est normal de savoir que la gauche a différentes positions sur les armes. Mais je crois que tout le monde reconnaît que l’Ukraine a le droit de résister à l’agression et de se défendre.

Et c’est important. On ne peut pas résister sans armes. Je pense qu’une autre discussion est de savoir si nous nous concentrons uniquement sur les armes ou si nous utilisons aussi les moyens financiers et diplomatiques pour arrêter la guerre. Prenez par exemple le problème de la flotte fantôme qui exporte toujours du carburant. Le manque de pression financière et d’efforts diplomatiques est problématique car au final il y a des généraux qui ne parlent que d’armes pour l’Ukraine et ne parlent de rien d’autre. Pourtant ce ne sont pas eux qui meurent.

Je crois qu’il est important de soutenir l’Ukraine, mais aussi de s’opposer à l’idée qu’on ne devrait avoir aucun projet contribuant à la fin de la guerre excepté concernant les armes. Parce qu’au final l’Ukraine sera totalement détruite, et quelqu’un aura gagné beaucoup d’argent en vendant des armes. Je suis sûre qu’il est vraiment important d’arrêter la guerre et cela présuppose également des sanctions et d’autres politiques. Cela doit être.

Et finalement, c’est aussi une question de donner du pouvoir à l’Ukraine en interne. Rendre l’économie ukrainienne équitable.

Oui, bien sûr. Les Ukrainiens prennent les décisions de ce qu’ils veulent faire de leurs vies. Les Ukrainiens doivent décider ce qu’ils veulent faire. Et je crois que les Ukrainiens devraient avoir leur mot à dire sur ce qu’ils veulent pour leur avenir.

Interview par Denys Pilash, traduction Adam Novak pour ESSF.

5 mars 2025  Catarina Martins

https://inprecor.fr

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04 mars 2025 ~ 0 Commentaire

Allemagne (NPA)

 

Allemagne : Après les élections fédérales, résister au lieu de s’adapter !

Les résultats des élections fédérales du 23 février 2025 confirment le glissement vers la droite, qui peut être stoppé dans le pays. Au Parlement, les conservateurs de la CDU/CSU, avec 208 sièges, et les fascistes de l’AfD, avec 152 sièges, ont obtenu les positions les plus fortes. Ensemble, ils représentent une large majorité des 630 députéEs.

LAfD se considère comme le véritable vainqueur, car elle a plus que doublé ses voix, passant de 10,3 % des voix à 20,8 % aujourd’hui.

Fascisme, poussée à droite et bellicisme

Poussée par l’AfD, la question de l’immigration « irrégulière » a été au centre de la campagne électorale. Le racisme inhumain propagé de manière agressive par l’AfD a conduit à un déplacement politique massif vers la droite du « centre démocratique ». En revanche, les intérêts élémentaires de la classe ouvrière n’ont joué qu’un rôle secondaire pour ces partis — si tant est qu’ils en aient joué un.

Le « changement d’époque » proclamé par le chancelier Scholz (SPD) après l’invasion russe de l’Ukraine il y a trois ans, est également susceptible de réunir une majorité en Allemagne. Le réarmement et le bellicisme sont largement acceptés sans être contredits. Seuls les votes en faveur du BSW (Alliance Sahra Wagenknecht) et de Die Linke ont pu être considérés comme un refus fondamental de la militarisation de la société.

L’effondrement du SPD

Les partis de la coalition brisée, Ampel (rouge, orange, vert comme les feux de signalisation) sont les grands perdants de ces élections. Avec 16,4 % des voix, le SPD a enregistré de loin son plus mauvais résultat depuis 1949. Le FDP (les libéraux), qui avait provoqué les élections anticipées au Bundestag, a clairement échoué à franchir la barre des 5 % et n’est plus représenté au Parlement. Les Verts ont été les moins sanctionnés. Avec 11,6 %, ils ont tout de même obtenu le deuxième meilleur résultat de leur histoire.

Le BSW, la scission de droite de Die Linke, a raté de très peu son entrée au Bundestag. En revanche, Die Linke qui, il y a encore quelques semaines, risquait également de ne pas passer la barrière des 5 %, a obtenu son troisième meilleur résultat à ce jour avec 8,8 %. C’est plus qu’une lueur d’espoir, d’autant plus qu’il a pu gagner des dizaines de milliers de nouveaux membres, jeunes pour la plupart. Ces deux phénomènes sont dus à la polarisation politique accrue par le coup de Merz au Bundestag et à l’essor consécutif des protestations antifascistes d’environ 1,5 million de personnes (voir l’Anticapitaliste n° 741 du 13 février 2025).

Mobiliser la société et vaincre le fascisme

Merz, le « candidat à la chancellerie » de la CDU/CSU, a exclu une coalition avec l’AfD le soir des élections. Son objectif officiellement annoncé est de former rapidement une coalition avec le SPD. Celui-ci joue toutefois pour l’instant la montre afin d’affaiblir les critiques au sein du parti concernant une alliance avec la droite conservatrice dirigée par Merz.

Malheureusement, les mobilisations de masse contre le fascisme qui ont eu lieu jusqu’à présent n’ont pas encore suffi à stopper le glissement vers la droite. Le slogan « Ensemble contre le fascisme » ne portera durablement que s’il est rempli d’une perspective sociale d’espoir.

Le moment est d’autant plus venu d’« annoncer la couleur », de s’engager, de participer de manière active et organisée. Transformer cet élan en un travail politique continu dans tous les domaines de la société — dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les écoles et les universités, mais aussi dans les syndicats et les autres mouvements sociaux —, tel sera le grand défi.

La résistance extraparlementaire est maintenant de mise, et non l’espoir d’un « mur de feu » ou d’un « rempart » parlementaire contre l’AfD. Ce mouvement extraparlementaire devrait s’opposer au racisme, au nationalisme, au fascisme, au bellicisme et défendre les intérêts sociaux et écologiques de la grande majorité de la population.

H. Neuhaus, J. H. Wassermann

https://lanticapitaliste.org/

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27 février 2025 ~ 0 Commentaire

PKK (El Diario)

kurdes

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 Le chef de la milice kurde du PKK en Turquie demande à ses partisans de déposer les armes
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Les combats entre la Turquie et le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’UE, ont commencé en 1984 et ont fait environ 40 000 morts.
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La Turquie, en suspens sur une éventuelle fin du conflit avec le PKK après quatre décennies de combats
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Abdullah Öcalan, leader du Parti des travailleurs du Kurdistan – déclaré organisation terroriste par l’UE, les États-Unis et la Turquie – a appelé à déposer les armes depuis la prison où il est emprisonné depuis 26 ans.
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Dans une lettre adressée au parti politique pro-kurde DEM (Parti de l’égalité et de la démocratie), Öcalan a déclaré qu’il assumait la « responsabilité historique » de cet appel et a demandé à tous les groupes de faire de même et au PKK de se dissoudre.
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 Le DEM a rendu visite au leader en prison ce jeudi et lui a ensuite transmis son message. Le parti pro-kurde a formé un groupe de contact connu sous le nom de Délégation Imrali (du nom de l’île où Öcalan est emprisonné) et a rendu visite à trois reprises au fondateur du PKK, un événement rare en 26 ans d’isolement.
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La dernière visite à Imrali remonte à presque quatre ans. Öcalan a fondé le PKK en 1978 avec une base séparatiste marxiste-léniniste et en 1984, le groupe a commencé une lutte armée contre le gouvernement turc pour créer un État kurde.
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Öcalan est en prison depuis 1999 et le conflit entre les forces de sécurité turques et le PKK a fait environ 40 000 morts en quatre décennies. Dans les années 1990, le PKK a modifié son objectif en faveur d’une plus grande autonomie du peuple kurde au sein de la Turquie et a défini son idéologie comme un « confédéralisme démocratique ».
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Les négociations entre Öcalan et la Turquie ont débuté l’année dernière et l’un des premiers signes publics a été la déclaration du leader ultranationaliste Devlet Bahceli. Le président du Parti du mouvement nationaliste (MHP), dans un virage à 180 degrés, a invité le fondateur du PKK à s’adresser au Parlement turc pour annoncer le démantèlement de l’organisation et ouvrir la possibilité de sa libération après plus de 25 ans de prison. .
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« L’appel lancé par M. Devlet Bahceli, ainsi que la volonté exprimée par le président [Recep Tayyip Erdogan] et les réponses positives d’autres partis politiques, ont créé un environnement dans lequel j’appelle à déposer les armes », a expliqué Öcalan dans sa lettre. .
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De même, il salue tous ceux qui « croient à la coexistence » et qui attendent cet appel, sur lequel des spéculations circulent depuis des semaines. «Les deux précédents dialogues d’Ankara avec le PKK (2009-2011 et 2013-2015) ont lamentablement échoué, entraînant de nouvelles violences et érodant la popularité du président. Cette fois, Erdogan s’est montré plus calculateur lorsqu’il s’agit de publier des mises à jour sur la diplomatie du PKK », a récemment noté l’analyste Soner Cagaptay, chercheur sur la Turquie au groupe de réflexion du Washington Institute et auteur de plusieurs livres sur Erdogan. .
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Öcalan n’a pas officiellement dirigé le PKK depuis des décennies, mais il est considéré comme le principal dirigeant de l’organisation et ses dirigeants ont déclaré publiquement qu’ils écouteraient les messages d’Öcalan et agiraient en conséquence. .
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La Turquie, en suspens sur une éventuelle fin du conflit avec le PKK après quatre décennies de combats Pourtant, les experts ont exprimé des doutes quant à la concrétisation de son message. «Certains anciens dirigeants soupçonnent peut-être que la Turquie ne fera pas de concessions similaires à l’assignation à résidence proposée à Öcalan. .
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En fait, certains craignent probablement d’être tués par l’Organisation nationale de renseignement turque (MIT), même si on leur promet une amnistie à court terme en exil. « Des commandants plus âgés pourraient également s’opposer à la dissolution complète ou immédiate du PKK sans atteindre aucun de leurs objectifs initiaux, un résultat qui pourrait suggérer qu’ils ont gâché leur vie en vain », affirme Cagaptay.

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 Javier Biosca Azcoiti 27 février 2025

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24 février 2025 ~ 0 Commentaire

Allemagne (Ouest France)

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 L’élection se joue à seulement 13 000 voix, la droite va gouverner avec le SPD

Le patron de la CDU Friedrich Merz va pouvoir former une coalition avec les sociaux-démocrates selon les résultats officiels annoncés lundi 24 février après les élections fédérales de la veille. Le parti de Sahra Wagenknecht (gauche radicale, BSW) n’a finalement pas franchi la barre des 5 % qui permet d’avoir des élus au Bundestag.

La démocratie se joue parfois à peu de voix. Il en manque un peu plus de 13 000 au mouvement de gauche radicale pro-russe et anti-migrants de Sahra Wagenknecht (BSW) pour entrer au Bundestag selon une annonce de la commission fédérale électorale lundi 24 février 2025 à 6 h.

Le score du BSW serait donc de 4,97 % au scrutin à la proportionnelle de dimanche pour élire les députés au Parlement, soit en dessous de la barre des 5 % qui autorise à avoir des élus au Bundestag dans ce scrutin à la proportionnelle. Il manque donc 13 435 voix sur les 49 927 315 Allemands qui ont voté.

Vers une coalition CDU-SPD

Les conséquences sont énormes : la trentaine de députés qui auraient pu échoir à BSW est donc répartie aux autres partis qui ont dépassé les 5 % en fonction de leur score. Résultat : la droite (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates du SPD du chancelier sortant Olaf Scholz vont pouvoir avoir la majorité nécessaire de 316 élus. Ce qui n’était pas le cas si le BSW entrait au Bundestag.

Sur les 328 sièges, la CDU et son allié bavarois de la CSU en ont ainsi 208, tandis que le SPD en obtient 120. La veille, le chef de la droite Friedrich Merz avait appelé à la formation « rapide » d’un gouvernement, d’ici « Pâques ». La formation d’une « Groko », une Grosse Koalition, était le scénario privilégié par les politologues allemands avant l’élection.

Si le BSW avait obtenu des élus et ainsi empêcher la Groko, il aurait fallu que droite, SPD (rouge) et Verts s’associent dans ce qu’on appelle en Allemagne une « Kényane », en référence aux couleurs du drapeau de ce pays. Une éventualité que la CSU avait écartée pendant toute la campagne, traitant les écologistes de « wokes ».

Désormais, les négociations vont pouvoir commencer pour une CDU de retour aux affaires en position de force, même si elle réalise son deuxième plus mauvais score depuis la Seconde Guerre mondiale. D’autant que le SPD, qui a eu son plus mauvais score historique dimanche, doit rapidement se trouver un nouveau chef, Olaf Scholz ayant annoncé qu’il ne sera pas ministre d’un gouvernement Merz.

L’AfD en deuxième position, un choc pour l’Allemagne

Surtout, l’Allemagne se réveille groggy avec le score, lui aussi historique de l’AfD (extrême droite). Le parti mené par Alice Weidel a obtenu 20,8 % des voix et 152 sièges au Bundestag.

Une première pour un tel parti depuis l’après-guerre. Avec 34 % des voix dans son bastion de l’ex-Allemagne de l’Est, l’AfD a percé dans plusieurs bastions industriels et à la campagne.

Fabien CAZENAVE 24/02/2025

https://www.ouest-france.fr/

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23 février 2025 ~ 0 Commentaire

Allemagne (élections)

Elections allemandes : Heidi Reichinnek, sauveuse surprise du parti Die Linke

La formation ancrée à gauche progresse au Parlement, lors du scrutin du 24 février, grâce à une figure émergente qui n’hésite pas à appeler les Allemands à monter «sur les barricades» contre l’extrême droite.

Allemagne (élections) dans A gauche du PS Z6TW3WZYLJFAVGMIZSZWQAZ6FA
Heidi Reichinnek, en campagne pour les législatives du 24 février 2025. (Olaf Krostitz/ROPI-REA)

Heidi, c’est un drôle de prénom pour faire une révolution. Avec son grand tatouage de Rosa Luxemburg bien visible sur le bras gauche et l’interdiction des milliardaires comme slogan, le tableau est parfait.

«Résistez contre le fascisme dans ce pays. Aux barricades !» a-t-elle lâché à l’assemblée fédérale (Bundestag) pour dénoncer la fin du «cordon sanitaire», l’alliance symbolique il y a trois semaines pour un texte sur l’immigration entre les conservateurs de la CDU et l’extrême droite d’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui n’avait aucune chance d’être adopté.

Un parti donné pour mort début janvier

Dans une campagne marquée par des candidats pâlots et mal-aimés, la figure montante de la politique allemande a redonné de la couleur aux débats. C’est la grande surprise de ces élections anticipées, où les sondages n’ont pas bougé d’un poil pendant trois mois.

Heidi Reichinnek, 36 ans, tête de liste de la gauche de la gauche (Die Linke), a réussi l’exploit de sauver son parti qui était, encore début janvier, donné pour mort. Trois semaines avant le scrutin de dimanche, les intentions de vote ont doublé, et le parti aurait obtenu plus de 8% selon les sondages de sortie des urnes, bien au-delà de la barre fatidique des 5 % nécessaires pour entrer au Bundestag, où quatre députés…

CDU/CSU

    • 211 sièges

      Friedrich Merz
      29 %
    •  dans Antifascisme
      AfD

      142 sièges

      Alice Weidel
      19,5 %
    •  dans Antiracisme
      SPD

      116 sièges

      Olaf Scholz
      16 %
    •  dans Europe
      GRÜNE

      98 sièges

      Robert Habeck
      13,5
  • Die Linke

    62 sièges

    Heidi Reichinnek, Jan van Aken
    8,5 %
  • FDP

    0 siège

    Christian Lindner
    4,9 %
  • BSW

    0 siège

    Sahra Wagenknecht
    4,7 %
  • party_anonymous_light
    Autres

    1 siège

    3,9 %
 Christophe Bourdoiseau, correspondant à Berlin

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23 février 2025 ~ 0 Commentaire

Allemagne (Le Monde)

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Allemagne : ce qu’il faut savoir sur les élections législatives du 23 février

Dans un contexte politique tendu, marqué par des sondages de plus en plus favorables à l’extrême droite, les élections législatives anticipées vont éprouver la nouvelle logique proportionnelle entérinée en juillet 2023 outre-Rhin.

Un bulletin de vote allemand, avec les deux voix : la première (en noir) et la seconde (en bleu).

Dimanche 23 février, les Allemands sont appelés aux urnes pour élire les 630 parlementaires qui siégeront au Bundestag. Voici ce qu’il faut savoir sur ce scrutin, dont dépendra le nom du prochain chancelier.

Pourquoi des élections maintenant ?

Ces élections arrivent après des scrutins locaux peu favorables aux partis de l’ex-coalition du chancelier Olaf Scholz, qui rassemblait les sociaux-démocrates du SPD, les Verts et les libéraux du FDP.

En novembre 2024, sur fond de tensions sur le cap économique à tenir et sur la question de la dette, le chancelier social-démocrate a limogé son ministre des finances libéral, Christian Lindner. Cette décision a provoqué la rupture de la coalition qu’il dirigeait, et l’a conduit à convoquer un vote de confiance au Bundestag, qu’il a perdu le 15 janvier 2025 (par 207 voix favorables, 394 défavorables et 116 abstentions). Dans la foulée, le président Frank-Walter Steinmeier a dissous le Parlement et convoqué des élections pour le 23 février, soit six mois avant la date prévue – le 28 septembre.

Comment fonctionne l’élection ?

Le système électoral allemand est résolument proportionnel. Et la réforme du système électoral adoptée en 2023 a encore renforcé cette philosophie.

La « seconde voix » permet de choisir l’un des partis qui se présentent dans chacun des 16 Länder, en votant pour une liste par parti. Il y a 299 circonscriptions au total. La « première voix » permet de choisir l’un des candidats présents dans sa circonscr
ÉTAPE 1 Un système à « deux

630 sièges  Le parti qui n’a pas atteint la barre des 5 % ou gagné au moins trois circonscriptions : n’obtient aucun siège. C’est le score national réalisé avec les « secondes voix » qui détermine le nombre de sièges attribués à chaque parti. Toutefois, seuls les partis qui ont obtenu au moins 5 % dans tout le pays ou qui ont remporté au moins trois circonscrip- tions avec les « premières voix » participent à cette répartition proportionnelle. Les autres en sont exclus.

ÉTAPE 2 Répartition proportionnelle des sièges
PARTI  A Sièges attribués Reste à savoir comment répartir les sièges obtenus par chaque parti entre leurs candidats en circonscription et dans les listes par Land. Ce sont les candidats arrivés en tête dans leur circons- cription avec le meilleur score qui sont « prioritaires ». Ensuite, on pioche au besoin dans les noms de la liste régionale dans l’ordre, par Land. Ce faisant, il est donc possible que des candidats arrivés en tête dans leur circonscription ne soient pas élus à cause du mauvais score national de leur parti. Exemple dans un Land dans lequel le parti D n’a pas obtenu assez de « deuxièmes voix » pour participer à la répartition des sièges : il ne garde pas même ses circonscriptions.
ÉTAPE 3 Le choix des députés

Ce mode de scrutin peut paraître étrange d’un point de vue français, puisque l’élection d’un candidat ne dépend pas entièrement de son score local. « Il faut partir du principe que ce système pense d’abord parti politique, et non pas personnalité », resitue Aurore Gaillet, professeure de droit à l’université Toulouse Capitole.

Que disent les sondages ?

La droite, représentée par la démocratie chrétienne (la CDU et son partenaire bavarois, la CSU), fait largement la course en tête, avec environ 30 % des intentions de vote, selon la moyenne des sondages. La formation d’extrême droite AfD a quant à elle ravi depuis l’été 2024 la deuxième place au SPD, recalé à la troisième place. Les Verts, qui ont brièvement trusté la deuxième position dans les sondages à l’été 2022, sont désormais donnés en quatrième position par les études d’opinion.


Démocrates-chrétiens (CDU/CSU)
Extrême droite (AfD)
Sociaux-démocrates (SPD)
Ecologistes (Die Grünen-Bündnis 90)
Gauche populiste (BSW)
Libéraux (FDP)
Gauche radicale (Die Linke)
Divers

Comment se forment les coalitions ?

Du fait du mode de scrutin allemand, il est extrêmement rare qu’un parti obtienne la majorité à lui tout seul. Ce n’est arrivé qu’une fois, pour les chrétiens-démocrates de la CDU/CSU, en 1957. La vie politique allemande est donc rythmée par la formation de coalitions entre partis qui se rassemblent pour gouverner après s’être affrontés dans les urnes.

Leurs programmes étant souvent difficilement compatibles, il faut parfois plusieurs mois pour établir un accord de gouvernement. Le dernier en date a été conclu en novembre 2021 entre le SPD, les Verts et le FDP autour du social-démocrate Olaf Scholz après deux mois de négociations, et faisait 177 pages. La grande coalition dirigée par Angela Merkel à partir de 2013 a nécessité deux mois de pourparlers pour négocier les 170 pages du contrat de coalition entre les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates.

En 2025, plusieurs scénarios de coalition semblent possibles au regard des sondages actuels. Isolé jusqu’à peu par un « cordon sanitaire » (qui s’est récemment délité), l’AfD semble a priori exclu d’un futur gouvernement. Au vu de leur niveau dans les sondages, les conservateurs de la CDU/CSU devraient être à la tête de la future coalition. Soit dans un attelage avec les sociaux-démocrates ou les libéraux, comme entre 2005 et 2021, soit en alliance avec les Verts et les libéraux (ce que les Allemands appellent la coalition « Jamaïque » en raison des couleurs de ces partis).

Pierre Breteau

https://www.lemonde.fr/

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22 février 2025 ~ 0 Commentaire

Ce dimanche élections en Allemagne

 

Ce dimanche élections en Allemagne dans A gauche du PS

A propos des élections du parlement allemand du 23 février. Par Rémy Victor.

I/ Quelles coalitions peuvent se former pour donner un gouvernement, et pour mener quelle politique ?

Les élections au Bundestag qui ont lieu dimanche prochain, 23 février, vont probablement permettre à ce qui serait l’équivalent en Allemagne des composantes du NFP d’obtenir une majorité relative : parti social-démocrate (SPD, 110 sièges), Verts (Grüne, 90 sièges) et La Gauche (Die Linke, 50 sièges) obtiendront sans doute ensemble de l’ordre de 250 sièges, contre environ 200 pour le parti chrétien-démocrate (CDU). Le parti d’extrême-droite qui affiche des slogans de l’époque nazi, l’AfD, gagnerait environ 140 sièges. Le parti rouge-brun de Sarah Wagenknecht (BSW), structuré façon LFI, s’il franchissait la barre des 5% nécessaires pour avoir des élus au parlement, obtiendrait autour de 40 sièges.

La démocratie allemande est néanmoins un régime parlementaire cherchant à former des coalitions à majorité la plus stable possible, et le parti social-démocrate s’inscrit depuis les débuts de la RFA dans une logique de collaboration de classe.

La SPD a en effet formé à de nombreuses reprises des coalitions avec la CDU ou avec le FDP (le parti libéral, comparable en France à l’UDI / au Modem). Tous les sondages actuels indiquent néanmoins que le FDP n’entrera cette fois-ci pas au parlement, pour la première fois de son histoire. Mais même s’il parvenait contre toute attente à dépasser les 5%, le FDP restera en tout état de cause dans l’opposition : il ne serait pas une force d’appoint suffisante pour que la CDU puisse se passer du SPD, et le SPD refusera de se réinscrire dans une coalition avec le FDP, dans la mesure où c’est ce parti qui a fait voler en éclats la coalition menée par le SPD, et que c’est cette politique du FDP qui a entraîné le vote de défiance vis-à-vis d’Olaf Scholz et la convocation de nouvelles élections. C’est d’ailleurs parce que le FDP est tenu pour responsable du chaos politique actuel en Allemagne qu’il s’est effondré dans les sondages.

Le plus probable est donc qu’au sortir des prochaines élections, une traditionnelle grande coalition soit formée (CDU-SPD), c’est d’ailleurs celle que les directions de ces partis, restées cordiales entre elles dans les débats de la campagne électorale, souhaitent explicitement.

Il n’est cependant pas sûr que la CDU et la SPD aient ensemble assez de députés pour avoir la majorité absolue : les sondages hésitent à ce niveau, la majorité serait courte. Les forces d’appoint qui entreraient en considération seraient donc : die Grünen, ou bien le BSW (Alliance Sarah Wagenknecht)*.

*A moins que la CDU cherche à former une coalition avec l’AfD, ce qui reste dans l’immédiat inenvisageable en Allemagne, et ce en dépit de la campagne extrême-droitière menée par la CDU ces dernières semaines, et malgré aussi le fait qu’une proposition de loi – visant au durcissement de la politique migratoire – portée par la CDU ait réuni une majorité de suffrages au parlement grâce aux voix de l’AfD, ce qui a été considéré en Allemagne comme un fait extrêmement grave qui a brisé un tabou, et déclenché des manifestations de protestation de plusieurs millions de personnes pendant plusieurs semaines. [note du rédacteur]

Malgré un début de campagne électorale marqué par la volonté affichée par la CSU (le petit frère bavarois de la CDU) de refuser toute coalition avec les Grünen, – la tête de turc (procès en « wokisme ») à la fois de la droite, de l’extrême-droite allemande et du parti rouge-brun de Wagenknecht -, la CDU/CSU affiche dans son programme l’objectif de décarbonation de l’Allemagne à l’horizon 2045, objectif partagé avec les Grünen. (Seule Die Linke se montre plus ambitieuse, en promettant une politique permettant de l’atteindre dès 2040).

Ces dernières années, les positions de la CDU, de la FDP et des Grünen étaient largement convergentes en ce qui concerne la livraison d’armes à l’Ukraine, notamment dans le débat sur la livraison des Taurus (l’équivalent des Scalps ou des Storm shadows, les Taurus allemands ayant néanmoins une portée deux fois plus grande que leurs homologues français et britanniques), la CDU, la FDP et les Grünen ayant vigoureusement prôné la livraison des Taurus, là où le chancelier Olaf Scholz et une majorité au sein du SPD s’y opposaient.

Même si les élections régionales en Thuringe (ex-RDA) ont vu la formation d’une coalition CDU-SPD-BSW, cette configuration inédite semble moins probable au niveau fédéral. Les Grünen ont en effet une plus longue expérience de coalition avec la CDU, comme par exemple en Bade-Wurtemberg. Au niveau fédéral, il a souvent été question dans la presse de l’éventualité (vue d’un bon œil par les directions des Grünen et de la CDU) de la formation d’une coalition CDU-Grünen en guise d’ersatz de l’attelage traditionnel CDU-SPD.

Néanmoins, la pression du contexte international pourrait, si la bourgeoisie allemande se montrait prête à accepter une logique de vassalisation vis-à-vis de Trump et de Poutine pour préserver au moins mal ses intérêts, donner lieu à la formation d’une coalition CDU-SPD-BSW au niveau fédéral (le BSW étant pro-poutinien).

II/ Die Linke, le Phénix renaît de ses cendre : bâton merdeux ou arme dont peut se saisir la classe ouvrière allemande ?

Un autre fait marquant de cette campagne électorale, mais qui concerne cette fois-ci la composition et la nature de l’opposition parlementaire, est la remontada du parti Die Linke. Rappelons brièvement que ce parti est issu de la fusion entre l’aile gauche du SPD opposée aux réformes néolibérales de Schröder (le WASG, dirigé par Oskar Lafontaine) et les restes du parti « d’union » socialiste est-allemand, l’ancien parti stalinien de RDA qui s’est renommé PDS (Partei des Demokratischen Sozialismus ) après la chute du Mur. Il s’est donné une fondation baptisée au nom de Rosa Luxemburg pour afficher sa prise de distance vis-à-vis du stalinisme et assurer son rayonnement international. Die Linke a été confrontée à une crise majeure avant les dernières élections européennes, lors desquelles le parti a implosé, la moitié de ses députés au Bundestag ayant rejoint le BSW, sous l’égide de Sarah Wagenknecht, épouse d’Oskar Lafontaine. Le BSW a drainé l’essentiel de l’arrière-garde stalinienne restée au chaud dans Die Linke après la réunification.

Menacée de ne plus avoir de représentant au Bundestag, Die Linke a mené une campagne réaxée sur le social (les militants trotskistes proches de l’ex-SU, organisés en son sein – et influents – multipliant les papiers appelant à adopter une orientation « lutte des classes »). Elle est apparue comme le principal rempart contre la dérive extrême-droitière dans le contexte de la course à l’échalote à qui affichera la politique migratoire la plus répressive, qui a vu la SPD se vanter d’avoir adopté et appliqué des lois et politiques plus restrictives que la CDU alors qu’elle était au gouvernement.

Le parti Die Linke a enregistré en l’espace de quelques semaines plus de 10 000 adhésions, majoritairement des trentenaires qui sont immédiatement entrés en campagne en participant aux porte-à-porte déployés à grande échelle par le parti. Die Linke est ainsi créditée de 7 à 8% des voix dans les derniers sondages. Auprès des classes moyennes, le parti apparaît également, du point de vue de l’ambition écologique, plus crédible que des Grünen qui n’ont fait qu’avaler des couleuvres et errer de compromission en compromission dans leur gouvernement de coalition avec le SPD et les libéraux du FDP, qui a toujours cherché à freiner leurs ardeurs, le chancelier Olaf Scholz ayant souvent arbitré en faveur du FDP, partenaire à qui il fallait donner plus de gages pour que la coalition n’éclate pas. Les renonciations et les reniements n’auront cependant pas suffi. Et le FDP est sommé par Scholz de quitter la coalition sur fond de blocage sur l’adoption du budget par le FDP. Celui-ci avait prévu de rompre de manière imminente selon son propre timing mais a été surpris de se faire évincer par un chancelier qui avait senti le coup venir et pris les devants en fin politicien.

Malgré le départ en masse des staliniens pour rejoindre les horizons qu’ils croyaient plus porteurs du BSW (cependant certains bureaucrates ayant senti le vent tourner font désormais le trajet en sens inverse), les positions de Die Linke en matière de politique internationale demeurent vacillantes, dans un numéro d’équilibrisme entre la tradition pacifiste allemande qui se fait l’allié objectif (l’idiot utile) du campisme pro-Poutine, et la conscience dans certaines fractions de Die Linke ( dont une partie, mais une partie seulement, des représentants de la branche allemande de l’ex-SU, elle-même traversée par cette contradiction) de l’enjeu démocratique majeur que représente le soutien à la résistance ukrainienne.

21/02/2025.

https://aplutsoc.org/Allemagne

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21 février 2025 ~ 0 Commentaire

Verts (Allemagne)

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Élections en Allemagne : où sont passés les Verts ?

En Allemagne, les Verts réussissent à mobiliser leur base pour les législatives anticipées mais peinent à convaincre au-delà. Le ministre-candidat Robert Habeck aurait-il dû davantage parler d’écologie lors de sa campagne ?

Berlin (Allemagne), correspondance

C’est à la grande salle des fêtes de Berlin-Kreuzberg que les Verts allemands célébreront la fin de leur campagne électorale et la soirée des résultats pour les législatives anticipées dimanche 23 février. En novembre dernier, la coalition menée par le chancelier Olaf Scholz (SPD, Parti social-démocrate d’Allemagne) qui unissait le SPD aux Verts et aux libéraux du FDP, est en effet tombée.

Désormais initiée au porte-à-porte et à la distribution matinale de tracts, Irène Göckeritz, entrée chez les Verts (Grünen) au mois de décembre, a toujours voté pour les écologistes, « mais sans jamais m’engager. Cependant, vu la situation actuelle en Allemagne et dans le monde, j’ai estimé que je ne pouvais plus rester les bras croisés face à la montée de l’extrême droite et à l’urgence climatique », explique-t-elle.

Les sondages placent le groupe CDU/CSU (droite démocrate chrétienne) en tête devant le parti d’extrême droite AfD. Les Verts, eux, stagnent à 14 % des intentions de vote. Soit presque exactement les 14,9 % atteints aux législatives de 2021, à l’époque leur meilleur score historique pour cette élection. Le parti réussit bien à mobiliser leur base électorale, mais sans être capables de convaincre au-delà.

Des Verts attaqués de toutes parts

Ils peuvent tout de même se réjouir : l’adhésion d’Irène n’est qu’une adhésion parmi les 42 000 nouvelles entrées enregistrées depuis le 6 novembre dernier, jour où la coalition gouvernementale tripartite a éclaté. En période électorale, le phénomène est connu. Mais les chiffres des écologistes, de même que ceux du parti de gauche Die Linke (30 000 nouvelles adhésions), sont sans précédent. Les effectifs du parti sont passés de 126 000 à 168 000 membres en quelques mois seulement.

La somme record de 12 millions d’euros de dons est aussi venue alléger un budget de campagne fixé à 19 millions d’euros, le plus élevé de l’histoire des Grünen. On ajoutera, comme point fort, l’entrée rapide en campagne du très médiatique Robert Habeck, ministre de l’Économie et de la Transition énergétique, et « candidat à la chancellerie ».

Pourquoi les sondages ne reflètent pas cet enthousiasme ? L’une des raisons se trouve dans le « greenbashing » dont les Verts sont l’objet depuis des mois de la part de paysans, des conservateurs, des libéraux, de l’AfD… Selon eux, les ministres Verts, Robert Habeck en tête, sont à peu près responsables de tout, de la crise économique en passant par l’explosion des prix de l’énergie et la vague migratoire. Le ministre-président conservateur de Bavière, Markus Söder, ne cesse de le répéter. « Je considère que les Verts sont incompétents », résume-t-il. Avec lui, il n’y aura jamais d’alliance !

L’écologie peu abordée… même par les Verts

Au fil des semaines, le vent a pourtant tourné. Parce que l’extrême droite a orienté ses attaques vers les conservateurs et leur électorat. Et parce que les conservateurs ont dû adoucir leur ton vis-à-vis des Verts jusqu’à ne pas exclure de gouverner avec eux. C’est ce qu’a admis cette semaine la tête de liste des conservateurs Friedrich Merz, bien parti pour être le futur chancelier. Il dispose d’options limitées pour construire une coalition sans l’extrême droite. Le plus probable est une alliance avec les sociaux-démocrates et/ou les Grünen.

Au-delà, les raisons du « surplace » vert ont sans doute à voir avec le contenu de la campagne du candidat-ministre. Robert Habeck a expliqué qu’il souhaitait « combler le vide laissé par Merkel au centre » et convaincre les électeurs pour qui la lutte contre le réchauffement climatique reste un thème prioritaire, quel que soit leur horizon politique, de voter pour lui.

Las, il a finalement assez peu parlé de transition écologique, écrasé entre les deux sujets phares, la politique migratoire et la crise économique. Ce n’est qu’en fin de campagne électorale qu’il a présenté un peu tardivement un « agenda pour l’avenir » centré sur la protection du climat.

Lire aussi:

En Allemagne, des élections dominées par l’extrême droite, le climat à la trappe

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19 février 2025 ~ 0 Commentaire

Allemagne

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En Allemagne, des élections dominées par l’extrême droite, le climat à la trappe

Le parti d’extrême droite AfD est crédité de 20 % des voix pour les élections législatives allemandes du 23 février. Les débats tournent autour de l’immigration, la question climatique a presque disparu. Sauf chez les Verts, qui se maintiennent.

« Confiance », « Ensemble ». Les mots s’inscrivent en majuscules sur les affiches de campagne des Verts allemands, sous les visages de leurs ministres stars, Robert Habeck, en charge de l’Économie depuis 2021, et Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères.

Les Allemandes et Allemands sont appelé·es aux urnes le 23 février pour des élections législatives anticipées. Celles-ci devaient normalement avoir lieu à l’automne. Elles ont été organisées sept mois plus tôt, après l’éclatement de la coalition au pouvoir qui réunissait dans un même gouvernement, sociaux-démocrates, Verts et libéraux. Les relations des deux premiers avec le parti libéral ont été mauvaises dès le début. L’alliance a fini par craquer.

Aujourd’hui, après trois ans de guerre en Ukraine, plus de quinze mois de guerre à Gaza, un second mandat de Donald Trump qui bouleverse le monde entier, les nouvelles élections se jouent dans une tout autre ambiance qu’il y a quatre ans. En 2021, la question écologique était au cœur de la campagne. Elle n’est maintenant presque plus abordée dans les débats et a même quasiment disparu des affiches des Verts.

« On a l’impression que cette campagne a lieu sur une autre planète, regrette Pit Terjung, porte-parole du mouvement de jeunes pour le climat Fridays for Future. Pourtant, la crise climatique s’est renforcée ces dernières années. On sort de l’année la plus chaude depuis qu’on mesure la température. En janvier, des feux ont ravagé Los Angeles. Au regard de cette escalade, c’est complètement malhonnête et irréaliste de négliger la crise climatique comme le font les partis dans cette campagne », accuse le jeune homme de 19 ans qui vote pour la première fois cette année.

L’immigration au centre des débats

À la place du climat, les partis parlent surtout d’immigration, alors que trois attaques meurtrières ont frappé le pays ces derniers mois. En décembre, un homme saoudien de 50 ans vivant en Allemagne depuis 2006 a foncé dans un marché de Noël, tuant six personnes. L’homme, médecin, était connu pour ses opinions radicalement hostiles à l’islam et pour être favorable aux discours d’extrême droite.

En janvier, un demandeur d’asile afghan de 28 ans souffrant de troubles psychiatriques s’en est pris à un groupe d’enfants dans un jardin public dans le sud du pays, tuant au couteau un garçon et un adulte. Le 13 février, un homme afghan de 24 ans a percuté avec une voiture une manifestation syndicale à Munich. Deux personnes sont mortes. Ces drames, c’est l’AfD, le parti d’extrême droite, qui semble en profiter. Après avoir obtenu 10,3 % des voix en 2021, il est aujourd’hui crédité de 20 à 21 % dans les sondages, à la deuxième place derrière le parti conservateur, la CDU, crédité de 29 à 32 %.

Le parti social-démocrate, dont est issu l’actuel chancelier Olaf Scholz, ne rassemble de son côté que 15-16 % des intentions de vote selon les derniers sondages. C’est dix points de moins que ses scores d’il y a quatre ans. Le parti de gauche Die Linke remonte à 6-7 % ; le nouveau parti créé autour d’une ancienne figure de la gauche Sahra Wagenknecht, sur des positons sociales, mais hostiles à l’immigration et très indulgentes envers Vladimir Poutine, tourne autour des 4-5 %. Le parti libéral plafonne autour de 4 %. Les Verts, eux, se maintiennent à 13-14 %, un petit peu moins que leur score de 2021 (14,8 %).

Un danger minimisé

« Avec les élections anticipées, tout ce qui est planifié normalement en un an, on doit le faire en deux, trois mois seulement. C’est un peu chaotique », confie Luca Salis, jeune candidat vert de 23 ans pour la ville de Halle, dans l’Est du pays. Son manager de campagne, campé sur son portable dans leur bureau partagé avec les élus écologistes locaux et européens de la région, ne semble pas plus âgé. Luca Salis est étudiant en droit, originaire de Hambourg, une grande ville de l’Ouest. Il a peu de chances d’être élu au Parlement cette fois-ci. Mais il bat la campagne malgré tout dans une zone où l’AfD avait déjà enregistré un score de 20 % en 2021.

« Le danger que représente l’AfD, nous, les Verts et la gauche implantés ici, à l’Est, on l’a vu il y a déjà plusieurs années déjà, souligne l’écologiste engagé chez les Verts depuis 2022, après avoir été actif à Fridays for Future.

Mais à l’Ouest, les gens ne percevaient pas la menace. Quand j’ai voulu organiser des manifestations contre le congrès de l’AfD à Magdebourg en 2023, le potentiel de mobilisation était très faible. » Il a fallu les révélations du média d’investigation Correctiv, en janvier 2024, sur les réunions secrètes et les projets de l’AfD, discutés avec des néonazis, d’expulser des millions de personnes, dont des Allemands nés à l’étranger, pour que des manifestations contre l’extrême droite s’organisent partout dans le pays. « Il y a eu une sorte de prise de conscience collective à ce moment-là, mais je trouve que le mouvement s’est rapidement affaibli », ajoute le candidat.

Puis, à l’automne dernier, l’AfD a enregistré des scores historiques lors d’élections régionales dans l’Est, dépassant les 30 % dans une région. « À l’Ouest aussi, l’AfD se normalise », souligne également Luca Salis. Le jeune vert déplore lui aussi que la question climatique soit complètement oubliée par la plupart des partis, sauf le sien.

« Pour nous, le climat est important à tous les niveaux, pour la paix, la sécurité, la justice sociale, on pense toujours le climat avec ces questions, défend-il. Mais beaucoup de gens qui ont des bas revenus bas ou des revenus moyens ont plus de difficultés aujourd’hui qu’il y a quatre ans. Et ceux pour qui ça va voient que d’autres ne s’en sortent pas et ont peur de la dégringolade sociale. Il y a une grande peur et insécurité dans la société qui fait que les gens cherchent des réponses faciles et immédiates. L’AfD dit que les personnes immigrées sont coupables de tout, et c’est une réponse simple. » Alors que parler de climat, c’est envisager des réponses de long terme.

Les Verts trop timides

« Pour les jeunes comme moi qui votent pour la première fois cette année, la situation est précaire. Aucun parti ne répond vraiment à la situation climatique, critique de son côté Pit Terjung. Mais on peut tout de même constater que les Verts restent le parti avec le programme le plus ambitieux du point de vue climatique. Ce n’est pas assez, mais en comparaison avec par exemple la CDU, les Verts sont dans la bonne direction. Par exemple, à Fridays for Future, nous demandons une sortie du gaz d’ici à 2035. Là-dessus, nos protestations ont eu de l’effet. Les Verts ont inscrit dans leur programme qu’il faut une sortie du gaz, mais sans inscrire de date. »

L’activiste juge toutefois les Verts trop timides face à une AfD qui affirme vouloir arracher toutes les éoliennes, et à un parti conservateur qui « promet aux électeurs de tenir les objectifs climatiques de l’Allemagne, mais sans dire comment, comme si cela se faisait par magie », accuse Pit Terjung. « Je ne suis pas de ce bord politique, mais je pense qu’on a besoin d’une offre de politique climatique honnête et sérieuse aussi du côté des partis conservateurs », ajoute le militant.

Une coalition avec qui ?

En l’état, il est plus que probable que le prochain chancelier soit le candidat conservateur Friedrich Merz. Mais il ne pourra a priori pas gouverner seul. Il lui faudra une coalition. Avec qui ? Le parti de l’ancienne chancelière Angela Merkel exclut, pour l’instant, toute alliance avec l’extrême droite. Mais fin janvier, le chef de la CDU a fait sauter le cordon sanitaire allemand en faisant adopter grâce aux voix de l’AfD une motion, non contraignante, pour durcir les lois sur l’immigration. D’un autre côté, une figure de la droite conservatrice bavaroise a exclu toute coalition avec les Verts, alors qu’une telle alliance a déjà eu lieu au niveau de certains Länder.

Quand on demande à Luca Salis ce qu’il penserait d’une coalition entre conservateurs et Verts à l’issue des élections du 23 février, il répond d’abord par un silence. « Je ne suis pas du tout fan de cette perspective. Je trouve la CDU terrible sur le plan de la politique sociale, de la politique économique, de la politique financière et climatique et évidemment surtout du point de vue de la politique migratoire. Il y a très peu de dénominateurs communs entre moi et la CDU, le seul serait peut-être le soutien à l’Ukraine. Mais je suis de l’aile gauche des Verts. Il y a des gens chez nous qui souhaitent une coalition avec la CDU, du moins le souhaitaient avant que Friedrich Merz n’accepte le soutien de l’AfD fin janvier. »

Malgré tout, le candidat ne veut pas exclure l’option. « Je pense qu’un gouvernement avec les Verts, c’est toujours mieux qu’un gouvernement sans les Verts dedans, car sinon le climat ne joue plus aucun rôle. On peut objecter que si on entre dans un gouvernement avec la CDU aujourd’hui, on devra faire tellement de compromis que dans quatre ans, plus personne ne nous prendra au sérieux et ne votera pour nous. Mais je suis de l’avis qu’on fait de la politique pour obtenir maintenant le meilleur résultat pour les gens, pas pour avoir un meilleur score dans quatre ans. Donc, pas à n’importe quelles conditions, mais je pense qu’une coalition avec la CDU serait une possibilité. » Car, ajoute, Luca Salis, « toutes les autres alternatives sont pires ». Surtout celle qui prétend servir l’Allemagne avec un programme xénophobe

19 février 2025  Rachel Knaebel

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13 février 2025 ~ 0 Commentaire

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