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28 août 2024 ~ 0 Commentaire

Rentrée (Basta)

Rentrée (Basta) dans Educ'action

« Rester combattifs » : à la veille d’une rentrée sans ministre, les profs inquiets mais mobilisés

  • La rentrée scolaire va se faire avec un gouvernement démissionnaire. La situation est inédite, alors que l’Éducation nationale s’est largement mobilisée l’an dernier contre la réforme du « choc des savoirs » et pour un plan d’urgence dans le 93.

L’année scolaire s’est terminée juste avant les élections législatives anticipées. Deux mois plus tard, la rentrée scolaire va se faire avec un gouvernement, et une ministre de l’Éducation Nicole Belloubet, toujours démissionnaires.

« Cette rentrée est particulière puisqu’elle se fait avec une ministre qui n’est plus ministre », pointe Tony Tremblay, enseignant en collège en Seine-Saint-Denis et co-secrétaire du syndicat Snes-FSU dans le département. En Seine-Saint-Denis, enseignantes, enseignants et parents se sont mobilisés pendant des mois au printemps dernier pour demander un plan d’urgence pour l’éducation dans ce territoire parmi les plus pauvres de France.

Pour Tony Tremblay, il s’agit d’un « mouvement historique qui a duré plus de 100 jours, avec des manifestations fournies, pour demander simplement l’égalité des moyens entre notre département, le plus jeune et le plus pauvre de France, avec les autres ». Le professeur regrette donc d’autant plus que la rentrée se fasse « avec une ministre démissionnaire qui n’a pas reçu l’intersyndicale du 93 en juin pour cause de réserve électorale mais continue d’être ministre dans les faits, elle participe par exemple à la rentrée des recteurs, alors qu’elle a été désavouée, par le vote et la rue ».

Alexandra Colladant, professeur de philosophie au lycée Rosa-Parks de Saint-Denis, membre du Snes, a fait partie des enseignantes mobilisées avant l’été pour le plan d’urgence 93 réclamé par les syndicats. « Comme Nicole Belloubet est démissionnaire, on ne sait plus trop à qui s’adresser, constate-t-elle aujourd’hui à la veille de la rentrée. Nicole Belloubet avait promis de discuter du plan d’urgence 93 car la mobilisation avait commencé à créer un rapport de force.

Mais les vacances sont arrivées et on a rien eu, comme d’habitude. Aujourd’hui, il n’y a aucun rendez-vous clair avec la ministre. » Dans ces conditions, l’enseignante se prépare à une nouvelle mobilisation : « Nous avons discuté entre collègues de la possibilité de se remettre en grève dès la rentrée pour rappeler notre existence et nos revendications, et dire que rien n’a été encore fait. »

Passage en force du « choc des savoirs »

D’autres sujets ont suscité l’opposition des professionnels et des syndicats enseignants avant l’été : la réforme du lycée professionnel, avec l’objectif de faire passer aux lycéens pro moins de temps à l’école et plus de temps en entreprise ; et celle du « choc des savoirs » voulue par Gabriel Attal quand il était lui-même ministre de l’Éducation. Celle-ci prévoit la mise place de groupes de niveau en collège.

« Le “choc des savoirs”, c’est le démantèlement du collège unique, accuse Tony Tremblay. Il y a eu un passage en force sur ces mesures. Les collègues ont résisté dans la rue, mais aussi dans les conseils d’administration de leurs établissements pour mettre en place des groupes hétérogènes en terme de niveau. Des élèves faibles ensemble, ça ne marche pas. Ce qui marche c’est l’hétérogénéité en petits groupes. »

Mais les doutes persistent sur la mise en œuvre de ces groupes dans les établissements. « Les situations sont très variées suivant les établissements, comme déjà l’année dernière, la ministre avait un peu relâché la pression sur la composition des groupes de niveaux, témoigne Olivier Moine, professeur en lycée dans l’Isère et représentant du syndicat Snes-FSU dans le département. Dans certains établissements, là où de fort collectifs se sont opposés au tri des élèves, les groupes de niveaux seront hétérogènes, mais en conservant l’exigence du texte qui implique qu’il y ait des groupes. Dans d’autres collèges, cela va dépendre de la volonté des chefs d’établissements. »

Maud Valegeas, enseignante à Saint-Denis et représentante nationale de Sud éducation, constate chez ses collègues « beaucoup d’inquiétude sur la mise en œuvre des politiques annoncées sur les groupes de niveau au collège ». Car il n’y a « plus de pilote dans le navire. Les autres rentrées, on avait au moins une personne à qui s’adresser, que ce soit Blanquer, Attal, ou Belloubet. Aujourd’hui, on a une politique éducative qui a été refusée dans la rue avec les mobilisations importantes de l’année scolaire dernière, et aussi dans les urnes, mais un pouvoir qui continue à imposer ses décisions. » Dans ces conditions, elle craint « une augmentation des démissions » alors que « l’école ne tient qu’à l’acharnement des personnes qui sont là pour la porter à bout de bras ».

Arrêter la « réformite »

Le tableau est moins noir pour Marie Tamboura, principale de collège en Seine-Saint-Denis, membre de l’exécutif du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale. Sur son établissement, elle signale « une préparation de rentrée plutôt sereine : on a une équipe stable, des effectifs d’élèves stabilisés, quasiment tous les profs qui sont nommés ».

Même si la réforme du choc des savoirs pèse aussi à son niveau. Car « il faut désormais accompagner et mobiliser les équipes sur une énième réforme dont on ne sait pas si elle perdurera ». Pour elle, la priorité, ce serait donc « d’arrêter la “réformite”. Il faut se poser, faire un bilan réel de l’état de l’Éducation nationale, avant toute nouvelle réforme. C’est ce qui épuise les collègues, de passer notre temps à mettre en place des réformes sans savoir si elles seront poursuivies d’une année sur l’autre, ou si elles ont été pleinement pensées. »

Un autre principal de collège de Seine-Saint-Denis, qui souhaite rester anonyme, fait également part de ces doutes sur les groupes de niveau. « C’est une réforme contre laquelle la majorité des acteurs étaient vent debout, y compris au sein de mon établissement, témoigne-t-il. Ça a été difficile, mais c’est en place, et on essaie de trouver des marges de manœuvre pour que ça se fasse de la manière la plus favorable aux élèves possible. Mais on ne sait pas si cela leur sera profitable ou pas. Et avec un nouveau gouvernement qui va arriver, on ne sait même pas si ça va rester. Donc, même si cette nouvelle réforme porte ses fruits, on va peut être se retrouver dans une situation où dans un an, ce sera fini. »

L’homme se dit surtout inquiet des restrictions budgétaires annoncées par Gabriel Attal fin août : le Premier ministre a proposé un gel des dépenses de l’Etat en 2025, ce qui signifie une baisse compte tenu de l’inflation. Ces économies « vont forcément peser sur le budget de l’Éducation nationale », craint le principal d’un collège situé en zone d’éducation prioritaire.

« Imposer nos mots d’ordre »

Un autre point cristallise les inquiétudes : le manque d’accompagnant·es pour les élèves en situation de handicap (AESH). « Le nombre d’élèves avec ces besoins est en augmentation constante et les recrutements ne suffisent pas. Pour être honnête, on sait qu’on n’aura pas le nombre d’AESH suffisant à chaque rentrée », dit la principale de collège Marie Tamboura au sujet de son établissement. « L’école inclusive a été la vitrine de la politique ministérielle, avec l’accueil de plus en plus d’enfants en situation de handicap dans les écoles. Mais la situation est très très précaire pour les AESH, et les élèves sont très peu accompagnés, résume aussi Maud Valegeas, représentante de Sud éducation. Cela crée beaucoup de maltraitance pour les élèves et pour les collègues. »

Face à tous ces défis, qu’attendent les personnels de l’Éducation nationale d’un prochain gouvernement, d’autant plus s’il pouvait être, au moins en partie, de gauche ? « Je pense que l’important, c’est surtout de rester mobilisés sur nos établissements, de rester combattifs et d’imposer nos mots d’ordre, sans attendre quoi que ce soit d’un gouvernement qu’il soit de gauche ou qu’il soit de droite », répond la prof de philo Alexandra Colladant.

Pour Olivier Moine, prof en Isère, « on a respiré puisque l’extrême droite n’est pas au pouvoir, mais cet épouvantail écarté, on constate que depuis sept ans, c’est une école de la sélection généralisée qui a été mise en place, avec Parcoursup, la réforme du lycée, la réforme de la voie professionnelle, le choc des savoirs au collège… ».

Son syndicat, le Snes-FSU, a rencontré le Nouveau Front populaire au moment des élections pour faire part de leurs attentes. « Au niveau du second degré, ce qu’on attend, c’est l’abandon de Parcoursup, de la réforme de la voie professionnelle qui envoie des jeunes en apprentissage qui ne sont pas préparés. Et on voudrait voir moins d’élèves par classe, plus d’enseignants et de personnels d’encadrement comme les CPE et mieux payer les personnels si on veut que gens aient envie de faire ce travail. »

Tony Tremblay attend aussi de son côté « plus de postes d’enseignants, de CPE, d’AESH, d’assistants pédagogiques… La priorité c’est d’améliorer les conditions d’apprentissage des élèves, et les conditions de travail des enseignants et du personnel. » L’intersyndicale du 93 organise une première journée de mobilisation le mardi 10 septembre : « une journée de grève de rentrée pour un “choc des moyens” contre le “choc des savoirs” », signale l’enseignant.

Emma Bougerol, Rachel Knaebel 28 août 2024 28 août 2024

Photo  : À Grenoble, le 1er mai 2024, contre la reforme du collège

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23 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Front Pop (école)

ecole

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18 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Choc ( France Info )

Les personnels du collège Lou Blazer de Montbéliard, ce mardi 18 juin

Les personnels du collège Lou Blazer de Montbéliard, ce mardi 18 juin • © FO Education

« C’est un tri social des élèves » : à Montbéliard, opération collège-mort contre le « choc des savoirs » et les groupes de niveaux

Pour protester contre le déploiement du Choc des savoirs, des opérations « collège mort » sont organisées. Ce mardi 18 juin, à Montbéliard (Doubs), c’est au collège Lou Blazer que les élèves ne sont pas venus en cours.

Ce mardi 18 juin, ils ne sont qu’une petite vingtaine d’élèves, sur les 640 que compte l’établissement, à s’être rendus en cours, au collège Lou Blazer de Montbéliard. En zone prioritaire « REP + », dans le quartier de la Petite Hollande, personnels et parents d’élèves y ont organisé une opération « collège-mort », pour protester contre la mise en place de la réforme du « Choc des savoirs » qui doit débuter en septembre 2024.

« C’est une réforme qui fait l’unanimité contre elle, et elle passe en force » résume Christophe Dubujet. Ce professeur d’Histoire-géographie, délégué du personnel du collège, demande l’abrogation de la réforme portée par Gabriel Attal. « Elle est rejetée par la totalité des organisations syndicales et des fédérations de parents d’élèves ».

Les groupes de niveaux, « tri social des élèves »

C’est le point de la réforme qui suscite la plus grande levée de boucliers : la création de « groupes de niveaux » en français et en mathématiques. En 6ᵉ et en 5ᵉ dès la rentrée prochaine, puis en 4ᵉ et 3ᵉ en septembre 2025.

« Il s’agit de supprimer le groupe classe et de remplacer par des groupes de niveaux : des groupes avec des élèves les plus en difficultés, de niveau standard et en facilité » détaille Christophe Dubujet. « Pour nous, c’est un tri social de nos élèves, et on y est opposés ». Selon les syndicats enseignants, ces groupes de niveaux casseront les dynamiques de « groupe classe », ou les meilleurs participaient à porter et encourager les élèves en difficulté.

Dans un tract distribué aux parents d’élèves, les personnels estiment que ces groupes entraîneront une « accentuation des inégalités et stigmatisation des élèves en difficulté », ainsi qu’une « désorganisation des emplois du temps »« À Delle près de Belfort, on leur demande de faire les groupes sans heures supplémentaires » rapporte le délégué du personnel à Lou Blazer, également secrétaire adjoint de FO Éducation dans le Doubs, « donc on va supprimer les dédoublements de classe en physique, en mathématiques, et on va piocher des heures dans d’autres dispositifs qui fonctionnent ». 

Le mouvement critique également les nouveaux programmes, très détaillés, ainsi que les nouveaux ouvrages de cours, qui suppriment selon les organisations syndicales enseignantes la liberté d’enseignement.

Portée par les parents d’élèves qui choisissent de ne pas envoyer leur enfant au collège, la mobilisation de ce mardi à Lou Blazer porte aussi contre la suppression d’une heure de technologie en 6ᵉ, d’une heure en moins pour les cours en Segpa, et de l’obligation d’avoir le brevet des collèges pour entrer en seconde, « barrière pour entrer au lycée ».

Johanna Albrecht  18/06/2024

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25 mai 2024 ~ 0 Commentaire

« Choc des savoirs » (FR3 Le Télégramme)

Plusieurs centaines de manifestants contre la réforme sur le choc des savoir à Lorient, le 25 mai 2024

Plusieurs centaines de manifestants contre la réforme sur le choc des savoir à Lorient, le 25 mai 2024 • © L Bodin Adriaco – FTV

En Bretagne, plus d’un millier de manifestants contre les groupes de niveaux au collège, ce samedi

 25 mai 2024

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, ce samedi, en Bretagne, pour s’opposer à la réforme du « choc des savoirs » qui prévoit notamment la mise en place de groupes de niveaux au collège.

Avec son « choc des savoirs », le Premier ministre, Gabriel Attal, a pour ambition de lancer « une mobilisation générale pour élever le niveau de notre École » face au constat que « le collège ne fait plus assez progresser les élèves ».

La mobilisation s’observe pour l’instant, davantage dans les rues. En réponse à l’appel à manifester contre cette réforme qui comprend, en particulier, la création de groupes de niveaux, en maths et français, à la rentrée de septembre 2024 pour les élèves de 6e et 5e, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés en Bretagne, ce samedi matin.

À l’origine de ces rassemblements : l’intersyndicale enseignante, des fédérations de parents d’élèves et des associations d’éducation populaire.

« On n’en veut pas » : des enseignants et des parents d’élèves manifestent contre la réforme dite du « choc des savoirs »

Vannes et Lorient ouvrent cette journée de mobilisation contre une réforme voulue par le gouvernement qui pourrait instaurer des groupes de niveaux dans les collèges à partir de la rentrée prochaine. Environ trois cents manifestants déambulent dans le centre de Lorient pour obtenir le retrait de cette nouvelle disposition dans l’éducation.

« Nous ne trierons pas nos élèves », « pour un choc des moyens », les pancartes du cortège affichent la détermination des enseignants à refuser d’instaurer des groupes de niveaux en mathématiques et en français pour les élèves de 6ᵉ et de 5ᵉ.

La réforme annoncée le 5 décembre 2023 par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, baptisée « choc des savoirs », assure vouloir  « élever le niveau des élèves ». Aux yeux de la présidente de la Fédération des parents d’élèves du Morbihan, cette mesure « constitue à coup sûr un tri des enfants et un éclatement de la classe dès la 6ᵉ ».

Dès 10 ans ou 11 ans, les élèves auront un tiers de leur emploi du temps en dehors de leur classe habituelle, c’est une perte de repère. Et cela risque de stigmatiser les élèves. Maud Le Roscouët  Présidente de la Fédération des parents d’élèves du Morbihan

Contre ce projet et pour réclamer des postes d’enseignants, trois journées de grèves nationales ont été organisées dans les collèges depuis janvier 2024.  Une trentaine de manifestations est annoncée en France ce samedi 25 mai 2024. Vannes et Lorient ont donné rendez-vous à 10h30, Brest, Quimper et Saint-Brieuc à 11h, tandis que Rennes prend le relais à 14h. À Paris, le cortège s’élancera à 13h depuis la place de la Sorbonne.

« Contre le choc des savoirs et pour l’école publique »

L’instauration de « groupes de niveaux », désormais remplacés par des « groupes de besoins » dans le texte de la réforme, constitue la mesure phare du plan de Gabriel Attal et représente souvent pour ses opposants la goutte d’eau qui vient faire déborder un vase déjà bien plein, entre les dotations en baisse, justifiées par les académies par la diminution du nombre d’élèves pour des raisons démographiques, et la pénurie d’enseignants, qui obère le fonctionnement quotidien des établissements, notamment en matière de remplacement.

Au moment de l’annonce de cette mesure, en décembre 2023 et prévue pour s’appliquer dès septembre prochain, Gabriel Attal avait assuré que « des créations de postes permettront de limiter le groupe des élèves les plus en difficulté à une quinzaine d’élèves ». La même organisation en groupes de niveaux est promise aux classes de 4ᵉ et de 3ᵉ à partir de la rentrée de septembre 2025.

Au ministère de l’Éducation nationale, l’entourage de Nicole Belloubet reconnaît qu’il y a encore des « incompréhensions à dissiper ». Depuis plusieurs mois, la contestation se maintient localement, en se concentrant dans certains collèges où les parents d’élèves et les enseignants sont particulièrement mobilisés.

Myriam Thiébaut  25/05/2024

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24 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Plougastel Collège (Le Télégramme)

Une centaine de parents et enfants ont montré leur désaccord face à une réforme qui va, selon eux, creuser les écarts
Une centaine de parents et enfants ont montré leur désaccord face à une réforme qui va, selon eux, creuser les écarts

À Plougastel-Daoulas, les parents d’élèves de la Fontaine-Blanche mobilisés contre la réforme du choc des savoirs

L’association des parents d’élèves du collège de la Fontaine-Blanche, à Plougastel-Daoulas, avait lancé pour ce jeudi 23 mai 2024, à 18 h 30, un appel à manifester contre la réforme du choc des savoirs et, plus particulièrement, contre la mise en place de groupes de niveau.

Ils avaient appelé en renfort leurs homologues des environs dont les enfants pourront être concernés par une entrée en sixième l’an prochain. Ils étaient ainsi une petite centaine à clairement afficher « leur opposition à cette réforme, qui va à l’encontre de la démocratisation scolaire en classant des élèves par groupes de niveau en maths et en français ».

23 mai 2024

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10 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Corlay ( FR3)

Bus-bondé

« C’est d’une violence extrême ! » Les parents réagissent à la fermeture confirmée du collège de Corlay

Dans les Côtes-d’Armor, le plus petit collège du département vit ses derniers jours. Le tribunal administratif de Rennes a rejeté la requête des parents et élus qui réclamaient le maintien de l’établissement. Pour ce collectif, qui se bat depuis un an, c’est désormais la vitalité du territoire qui est menacée.

Le tribunal administratif de Rennes a rejeté la requête des parents et élus qui réclamaient le maintien du collège de Corlay dans les Côtes d’Armor. L’établissement doit fermer cet été. Pour le collectif qui se bat depuis un an, c’est désormais la vitalité du territoire qui est menacée…

« Collège menacé, territoire en danger. » Le message est affiché en grand et en couleurs sur le portail du collège Pier An Dall de Corlay. La banderole ne date pas d’hier. Cela fait des mois que parents d’élèves et habitants de cette commune d’environ 1.000 âmes se battent pour conserver leur établissement scolaire, sur la sellette depuis mai 2023.

« Les gens sont dépités », réagit agacée Chloé Foussard, une des membres actives de l’association de défense du collège de Corlay. Elle, continue de le clamer : Il faut se battre pour nos institutions ! Pour l’enseignement public… »

Un combat qui les amené depuis un an, à Saint-Brieuc, où les tracteurs ont défilé pour la défense de leur « petit collège » puis à Rennes et devant le tribunal administratif qui a fini par trancher : en ce début mai, la requête des parents et élus vient d’être rejetée. Le collège fermera ses portes à la fin de l’année scolaire.

« Les oubliés dans cette histoire, ce sont les enfants ! déplore Estelle Collin, secrétaire de l’association de défense. Il y avait peut-être que 58 collégiens, ils avaient le droit de rester dans leur collège ! »

« Nos enfants ne sont pas des chiffres »

58, c’est le nombre qui fait mal. « Insuffisant » considère à demi-mot le conseil départemental qui s’appuie surtout sur le coût de rénovation de l’établissement vieillissant pour justifier son choix de construire un neuf à quelques kilomètres de là. Des choix que ne comprend pas le maire de la commune costarmoricaine :

« Un collégien coûte ici une somme dérisoire par rapport à un collège neuf. On n’arrive pas à comprendre. Ni pour des raisons budgétaires, parce que ça ne coûtait pas cher, ni pour des raisons de ruralité… » explique Olivier Allain qui voit au contraire de plus en plus de familles s’installer en Centre Bretagne depuis les confinements.

Près du collège de Corlay, des banderoles alertent : « Les calculs ne sont pas justes ! Nos enfants ne sont pas des chiffres. » En vain.

Le département, qui a en charge la gestion des collèges, souhaite construire un nouvel établissement à 8 kilomètres de là, à Saint-Nicolas-du-Pélem, commune dans laquelle se trouve un autre collège. Le nouveau collège pourra accueillir 150-200 élèves, quand celui de Corlay en abritait 73 à la rentrée 2023, et celui de Saint-Nicolas 83.

Plutôt que de venir à pied, les collégiens auront donc un bus scolaire à prendre. Une heure de trajet avec les arrêts, « ça leur fera du bien de sortir de leur campagne » a-t-on expliqué à ceux qui doutent de l’intérêt : « On a traité nos enfants d’inadaptés parce qu’il n’y avait pas assez de mixité sociale, raconte Nathalie Houdemon de l’association de défense du collège de Corlay.

A ses côtés, une autre maman rebondit : « Si sortir de notre campagne, c’est aller à 10 kilomètres encore plus profondément dans la campagne, je ne comprends pas… Ces temps de trajets en plus, c’est leur enlever des chances alors qu’on nous dit qu’ils en ont déjà moins ! s’insurge Chloé Foussard. Cette décision, c’est d’une violence extrême. C’est à se demander s’ils veulent qu’on continue à vivre ici ou qu’on aille tous dans les grandes villes… »

• ©Séverine Breton, Philippe Queyroux et Jean-François BarréÉcrit par Valérie Chopin et Séverine Breton

Lire aussi :

Education. La fermeture du collège de Corlay provoque colère et incompréhension

« C’est un déni de démocratie ». Le collège de Corlay fermera ses portes en 2024.

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03 mai 2024 ~ 0 Commentaire

étudiant(e)s

étudiant(e)s  dans Educ'action
  • Pourquoi les mobilisations étudiantes pour la Palestine font-elles si peur ?

Aux États-Unis et dans certains pays d’Europe, les manifestations de soutien au peuple palestinien dans les universités rencontrent une répression grandissante. Il est vrai que la force de mobilisation des étudiant·es a de quoi inquiéter… ou réjoui

« Enveloppé dans un keffieh, un garçon pose ses mains sur la rambarde de la fenêtre du premier étage du siège de Sciences Po, la prestigieuse université de l’élite parisienne. Il fait partie des nombreux étudiants qui occupent depuis jeudi soir l’établissement », raconte le journal italien Il Manifesto le 27 avril. Depuis, la mobilisation a fait tâche d’huile, comme à Sciences Po Bordeaux ou à l’école de journalisme ESJ de Lille.

Les démonstrations de solidarité dans les universités états-uniennes et européenne s’inscrivent dans un contexte tendu. Il Manifesto parle, dans un autre article, d’« une restriction inquiétante des espaces de discussion, dans les médias et dans les universités ».

« La démocratie s’apprend à l’école et à l’université »

Le périodique italien complète d’une longue liste de « pressions qui limitent de plus en plus la liberté académique » en Italie et cite les mots de la secrétaire générale de la Fédération nationale de la presse italienne, Alessandra Costante : « La démocratie s’apprend à l’école et à l’université. Ne pas laisser quelqu’un s’exprimer sur des positions différentes des siennes est une attitude fasciste. »

Aux États-Unis, la répression des mobilisations sur les campus fait la une des médias internationaux. Le site israélo-palestinien +972 s’intéresse au traitement des étudiant·es en lutte dans les universités américaines qui « ont suspendu des groupes d’étudiants, limité le discours académique et appelé la police contre des manifestants pacifiques sur les campus d’un bout à l’autre du pays ». Le média dresse la liste des universités mobilisées, de celle de Columbia (New-York), depuis le 17 avril, à Berkeley (San Francisco) en passant par Yale (New Heaven), sous le titre « Les manifestations sur les campus en faveur de Gaza grandissent, la répression aussi ».

Les interventions des forces de l’ordre ont marqué par leur violence. À Atlanta par exemple, les manifestants de l’Université Emory ont été violemment délogés seulement quelques heures après s’être installés. « La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des pistolets paralysants pour disperser le campement, tout en plaquant les gens au sol, et elle est accusée d’avoir utilisé des balles en caoutchouc », rapporte le média états-unien Truthout en accompagnement d’une vidéo des affrontements.

Les mobilisations prennent dans les universités européennes

« Ni la répression policière, ni les centaines d’arrestations et de harcèlements de ces dernières semaines n’ont pu arrêter le mouvement. Au contraire, il grossit chaque jour comme une boule de neige, recueillant le soutien de professeurs, d’employés d’université, de dirigeants politiques et de personnalités du monde de la culture en solidarité avec le peuple palestinien », affirme le média espagnol El Salto. La répression n’a fait que renforcer la détermination des étudiant·es, appuie le journal en ligne : « La lutte du peuple palestinien est interconnectée avec le reste des luttes des peuples et groupes opprimés du monde. »

En Espagne, un premier campement d’étudiant·es en soutien à la Palestine s’est installé à l’Université de Valence le 29 avril. « Il est difficile de regarder ces événements sans se souvenir d’autres moments historiques marqués par le mouvement étudiant, comme Mai 68 ou les manifestations contre la guerre du Vietnam qui ont eu lieu dans les années 1960 et 1970 aux États-Unis », renchérit El Salto.

Les étudiant·es font peur, oui, mais pour les bonnes raisons : c’est leur capacité à se mobiliser, à incarner leurs luttes, à les prendre à cœur, c’est l’intensité de la jeunesse, qui inquiète ou impressionne. Certains discréditent les étudiant·es en pointant du doigt leur radicalité ou leur jeune âge.

On devrait plutôt admirer la capacité de mobilisation des universités, ces lieux de réflexion et de production du savoir critique, où l’on donne le temps à la pensée politique de se développer. La force des jeunes en leur sein n’est pas à sous-estimer. Mieux vaut s’en inspirer.

Emma Bougerol 3 mai 2024

Photo : Campement et manifestation pour Gaza et la Palestine à l’Université George Washington le 26 avril 2024/CC BY-NC 2.0 Deed teachingforchange via Flickr

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22 avril 2024 ~ 0 Commentaire

Olivier Cuzon (FR3)

Olivier Cuzon visé par une plainte déposée par le ministre de l'Intérieur pour un article dans le journal Sud éducation 29.
Olivier Cuzon visé par une plainte déposée par le ministre de l’Intérieur pour un article dans le journal Sud éducation 29. • © F. Malésieux /FTV

Un syndicaliste brestois visé par une plainte du ministre de l’Intérieur : « on cherche à nous faire taire »

Ce 19 avril 2024, Olivier Cuzon était convoqué pour une audition au commissariat de Police de Brest. Le syndicaliste brestois y a appris qu’une plainte avait été déposée contre lui pour diffamation et injure publique envers la Police et la Gendarmerie et que cette plainte émanait du ministre de l’Intérieur en personne, Gérald Darmanin. En cause, un article dans le journal de Sud éducation du Finistère.

« Le journal de Sud éducation Finistère, c’est un tout petit journal qui est envoyé dans les salles des professeurs des écoles, collèges, lycées du département, ironise Olivier Cuzon. C’est une feuille de chou sans prétention. C’est quand même très étonnant qu’un ministre de l’Intérieur prenne la peine de déposer une plainte contre le directeur de rédaction que je suis pour un journal qui a une audience très modeste et limitée, c’est beaucoup d’honneurs qu’il nous fait. »

Des classes défense qui interrogent l’enseignant

Dans cette « feuille de chou », en octobre 2023, l’enseignant brestois s’étonnait de l’apparition des Classes défense sécurité globale. « Après les attentats de 2015, explique l’article, un protocole a été signé entre le Ministère de l’Education nationale et celui de la défense ». Des militaires sont donc appelés à venir dans les salles de classe pour enseigner aux élèves les principes et valeurs de la République.

L'article de Sud Education 29 du mois d'octobre 2023 qui a conduit Olivier Cuzon au Commissariat de Police.
L’article de Sud Education 29 du mois d’octobre 2023 qui a conduit Olivier Cuzon au Commissariat de Police. • © Sud éducation 29

Le professeur persiste et signe : « C’est un article qui questionne la légitimité des policiers et des gendarmes à intervenir devant nos élèves. Je considère qu’en tant qu’enseignant cela fait partie de nos missions ».Lire : « Liberté, égalité, laïcité », quand l’école redonne du sens aux valeurs de la République et à la laïcité

Et il s’étonne, « l’éducation civique, ce n’est pas forcément à des gens en uniforme de s’en occuper et de faire quelque chose qui pourrait être assimilé à une forme d’endoctrinement ou de militarisation. C’est avant tout aux enseignants de travailler avec les élèves sur ces questions qui sont importantes. »

Une forme de militarisation de la jeunesse ?

Olivier Cuzon fait le lien avec le Service national universel que le ministère souhaite étendre à l’ensemble d’une classe d’âge. Il y voit une volonté d’une forme de militarisation de la jeunesse. « Ces 15 jours où les élèves font le lever du drapeau, apprennent à tirer, pourraient être pris sur du temps scolaire. Nous, on pense que ces 15 jours à l’école sont au moins aussi importants que 15 jours pour aller faire un petit service militaire dans les casernes. »

Il rappelle que dans tous les cours, les enseignants abordent les notions d’instruction civique, d’éducation à la citoyenneté, de valeurs de la République. « On n’a pas besoin de policiers ou de militaires dans les écoles pour ça. On remet en cause leur légitimité, ils ne sont pas formés pour cela. Ils sont formés pour d’autres missions, qui sont toutes aussi importantes, mais pas pour des missions d’éducation auprès des élèves. »

Entendu pendant une heure par les policiers

Une remise en cause qui n’aurait donc pas été du tout au goût du ministre de l’Intérieur, mais c’est surtout le paragraphe sur des dérives des membres des forces de l’ordre qui l’aurait fait sortir de ses gonds. Il y est écrit : «  Ce questionnement est important quand on connaît la culture droitière, misogyne et homophobe sous de trop nombreux képis. Les enquêtes de Médiapart révélant l’existence de groupuscules nazis dans certaines casernes, les groupes de discussions racistes des policiers et gendarmes, ou la participation récente de militaires en civil à la répression des dernières émeutes de banlieues ne plaident pas en faveur du républicanisme des militaires. »

Sollicité, le cabinet du ministre explique que « l’ auteur de cet article accuse des militaires de la gendarmerie nationale d’appartenir à des « groupuscules nazis », de participer, ainsi que des policiers, à des « groupes de discussions racistes  » et leur attribue une culture »misogyne » et « homophobe ». De telles allégations ou imputations sont de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération de l’ensemble des militaires de la gendarmerie nationale et des fonctionnaires de la police nationale« , et justifie la plainte, « ces propos rendus publics caractérisent le délit de diffamation publique à l’encontre des administrations publiques de la gendarmerie nationale et de la police nationale, délit prévu et réprimé par le premier alinéa de l’article 29 et l’article 30 de la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse. »

Olivier Cuzon a été entendu pendant plus d’une heure par les policiers. « La plainte voudrait laisser penser qu’on s’attaque à l’institution, s’agace-t-il. Ce n’est pas le cas de l’article qui cible un certain nombre de dérives individuelles, racistes, sexistes ou homophobes. C’est un travail qui a été documenté par des journalistes, des sociologues et on ne fait que rapporter quelque chose qui existe. »

« Je trouve particulièrement dommage que le ministre, au lieu d’essayer de faire le ménage et de faire la chasse à ces groupuscules qui entachent l’image de la Police, s’attaque à des syndicalistes qui dénoncent des faits qui sont avérés et connus. »

Atteinte à la liberté syndicale

Le procureur de la République de Brest devra décider de poursuivre l’enseignant ou de classer la plainte du ministre de l’Intérieur. Mais quoi qu’il arrive, pour Olivier Cuzon, le mal est fait. Il parle d’atteinte à la liberté syndicale et de pressions.

« On a tendance à penser que le ministre de l’Intérieur a d’autres chats à fouetter. C’est déstabilisant de se voir infliger une plainte par le ministre de l’Intérieur, on se demande ce qu’on a fait de vraiment très mal pour subir cela. »

« On cherche à faire taire une liberté de parole syndicale alors que c’est un pilier de notre démocratie. On voudrait nous empêcher de parler de choses qui fâchent. Et au-delà de cette atteinte aux libertés fondamentales, c’est un petit coup de pression. On utilise la diffamation comme une arme pour faire taire des syndicalistes, parce que c’est vrai que la prochaine fois qu’on rédigera un article, on aura forcément ça en tête, comme une épée de Damoclès, en se disant, mais attention, là, est ce que je ne vais pas être attaqué ».

« On a l’impression qu’il y a une police politique qui cherche à museler un peu une presse libre. C’est une presse d’opinion la presse syndicale, mais on ne s’en cache pas, elle a le mérite d’exister et ça fait partie des grandes libertés constitutionnelles. »

« On ne se laissera pas intimider, on ne va pas se laisser faire, on va se bagarrer parce qu’on tient à ces libertés et ce n’est pas un ministre qui fait la loi en France, j’ai toute confiance dans la justice de mon pays et à l’Etat de droit pour que les faits soient rétablis et que justice soit faite. »

De nombreux soutiens

Le syndicaliste a reçu de nombreux soutiens, politiques, associatifs. La Ligue des Droits de l’homme de Brest Métropole évoque une atteinte à la liberté de la presse. Pierre Bodenez son président n’hésite pas lui aussi à parler de « coup de pression » et de « risque d’autocensure. »

Un contexte liberticide

Olivier Cuzon ne cache pas une certaine inquiétude. « Il y a une dérive liberticide dans ce pays, déclare-t-il. Dans la semaine, un syndicaliste de la CGT du nord de la France a été condamné pour un tract sur la Palestine, des meetings sont interdits, des libertés associatives sont remises en cause par des subventions qui sont supprimées du jour au lendemain parce que le discours de telle ou telle association ne plaît pas, regrette-t-il. On sent un Etat qui veut s’immiscer de plus en plus dans la vie associative, dans la vie syndicale et qui aimerait bien que les associations soient plus le doigt sur la couture du pantalon. »

Mais il l’affirme, cela ne sera pas le cas. « On garde notre liberté, ça fait partie des libertés fondamentales et on se bagarrera pour les faire vivre.  »

(avec Florence Malésieux) Séverine Breton  21/04/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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15 mars 2024 ~ 0 Commentaire

services publics (basta)

 

services publics (basta) dans Altermondialisme

10 milliards d’euros en moins, ce sont des écoles fermées, des logements pas rénovés, des aides réduites

Le collectif Nos services publics, qui regroupe des fonctionnaires engagés, a épluché le décret sur les 10 milliards de réduction de dépenses publiques annoncés par le gouvernement, pour estimer ce que représentent ces coupes au quotidien.

« Nous ferons 10 milliards d’économies sur l’État, pas sur les Français », a déclaré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire il y a trois semaines. Nous avons épluché le décret d’annulation des dépenses pour estimer ce que représenteraient, au quotidien, ces 10 milliards d’euros. Le résultat pique les yeux.

La conséquence du recours au décret pour annuler dix milliards, c’est que tout cela reste incroyablement abstrait. Comment les économies seront-elles faites ? Sur qui cela pèsera ? En l’absence d’informations et de contrôle parlementaire, il est impossible de le savoir précisément.Pour autant, cela nous a semblé nécessaire d’illustrer l’impact de ces dix milliards d’annulations. Alors, nous avons décortiqué le décret ligne à ligne pour représenter, en ordre de grandeurs, les conséquences de la suppression de 900 millions ici ou 300 millions là.

Moins de logements rénovés

Première source d’économies : le gouvernement fait le choix de retirer 2,2 milliards d’euros à l’écologie, dont un milliard en moins sur la rénovation thermique des logements (Ma prime renov). C’est l’équivalent de 100 000 à 150 000 logements non rénovés, soit du nombre de logements d’une ville comme Rennes ou Lille.

Toujours sur l’écologie : la suppression de 500 millions d’euros sur le fonds vert ? C’est l’équivalent de 48 collèges non rénovés. Suppression de 340 millions sur les transports ? L’équivalent d’un an de travaux en plus sur le prolongement de la ligne 14 du métro parisien.

Écoles et collèges supprimés

690 millions d’euros, essentiellement de masse salariale, ont disparu des budgets dédiés à l’éducation. L’équivalent de la suppression de 436 écoles primaires et 54 collèges et l’absence d’accompagnement pour 14 000 élèves en situation de handicap.

Toujours sur l’éducation : moins 900 millions dans la recherche et l’enseignement supérieur. C’est comme si l’on supprimait un cours sur trois pour chaque étudiant en licence. Ou que l’on définancait 1500 projets de recherche, soit le budget annuel de l’Agence nationale de la recherche.

Autre objectif du gouvernement : plus d’un milliard d’euros d’économies réalisées sur le travail et l’emploi (on rappelle que le « plein emploi » est affiché comme priorité du gouvernement). C’est l’équivalent de 130 000 aides à l’embauche d’apprentis. Soit un poste d’apprenti sur trois supprimé dans l’enseignement secondaire.

160 euros en moins pour chaque allocataire de l’AAH

Quatrième grand poste d’économies : l’aide publique au développement avec une suppression de 742 millions d’euros. L’équivalent de 18 hôpitaux régionaux de 250 lits en Palestine, Haïti, Côte d’Ivoire, Tunisie ou Turquie.

Cinquième poste d’économies : la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances avec une baisse de 310 millions d’euros. L’équivalent d’une baisse de 160 euros par an pour chaque bénéficiaire de l’allocation adulte handicapé (AAH). Toujours sur les solidarités : diminution du budget de l’aide à l’accès au logement avec 300 millions d’euros annulés. L’équivalent d’une baisse des APL de 3,5 euros par mois pour chaque personne qui y a droit.

20 milliards d’économies en plus en 2025

Et on pourrait continuer : moins 300 millions d’euros sur la justice, moins 230 millions d’euros sur la sécurité, moins 200 millions d’euros sur la culture, moins 180 millions d’euros sur la jeunesse, le sport et la vie associative, moins 75 millions sur l’outre-mer, etc. La liste est longue, et à ce stade encore sans détails sur ces suppressions.

20 milliards d’économies ont de nouveau été annoncés pour 2025. Nous les étudierons de près, en espérant que cette fois nous puissions disposer de données précises sur la composition de ces coupes dans les services publics.

Collectif Nos services publics

> Le site du Collectif Nos services publics

Photo de une : Une manifestation d’enseignants et enseignantes et de parents contre le manque de profs dans des collèges de Seine-Saint-Denis en 2021/©Emma Bougerol.

P.-S.

Cette analyse a été publiée sous forme the thread sur X le 7 mars. Sur le blog du collectif Nos services publics, hébergé par Mediapart, médecins, météorologues, enseignants ou agents du ministère de l’Écologie racontent de l’intérieur ce qu’ils ont vécu et s’apprêtent à vivre avec ces nouvelles couples budgétaires : la lassitude, les injonctions contradictoires, les conséquences.

https://basta.media/

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04 mars 2024 ~ 0 Commentaire

malbouffe (reporterre)

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« 90 % des goûters d’enfants sont de la malbouffe ultra-transformée »

Une récente étude démontre un lien entre les aliments ultra-transformés et un risque plus élevé, entre autres, de maladies cardiaques et de cancers. Le Dr Anthony Fardet appelle les pouvoirs publics à s’emparer de ce fléau.

Près de 10 millions d’individus suivis. Jamais une étude si vaste n’avait été menée sur le sujet. Le 28 février, dans le British Medical Journal, quinze chercheurs ont démontré le lien entre les aliments ultra-transformés et trente-deux effets nocifs sur la santé. Notamment, un risque plus élevé de maladies cardiaques, de cancers, de diabète de type 2, d’anxiété, de troubles mentaux, voire de décès prématurés.

Face à ce fléau grandissant, le Dr Anthony Fardet, chercheur en alimentation préventive et durable à l’Inrae [1] de Clermont-Ferrand et auteur de Bien manger est si simple — Pourquoi tout compliquer ? (éd. Thierry Souccar, 2021), appelle les pouvoirs publics à s’en emparer sans tarder.

Reporterre — Paquets de céréales, barres protéinées, boissons gazeuses, plats préparés… Tous ces produits ont un point commun : ce sont des aliments ultratransformés. Qu’est-ce qui, dans leur fabrication, se révèle dangereux pour notre santé ?

Anthony Fardet — Tous ont été artificialisés par l’ajout d’au moins un des quatre marqueurs d’ultra-transformation. À savoir : des arômes ; des additifs cosmétiques, comme les colorants ou les modificateurs de goût ; des techniques industrielles de transformation, comme le soufflage ou la cuisson-extrusion ; et enfin des lipides, des glucides, des protéines ou des fibres ultra-transformés, par exemple des isolats de gluten.

Les aliments ultratransformés, bien souvent, demandent moins de mastication et réduisent donc la satiété, puis l’acte alimentaire. Le consommateur mange alors en excès, notamment du sel, du sucre et du gras ajoutés.

Sans parler des xénobiotiques ingérés, c’est-à-dire des composés étrangers au corps humain que nos organismes ne rencontraient jamais auparavant. Ce peut être des résidus de pesticides, des additifs de synthèse, voire, d’après l’hypothèse d’autres chercheurs, des résidus migrant des emballages plastiques.

Ils contiennent des xénobiotiques, c’est-à-dire des composés étrangers au corps humain que nos organismes ne rencontraient jamais auparavant. CC0/ Pxhere

Et puis, autre point central, une grande majorité de ces aliments contiennent moins de composés protecteurs, tels que les minéraux, les fibres, les vitamines, et les oligoéléments.

En revanche, on ne peut pas blâmer un composé en particulier : des milliers et des milliers de combinaisons existent entre tous les marqueurs d’ultra-transformation. Pour protéger notre santé, il faut réduire la proportion de l’ensemble de ces aliments dans nos régimes, et non se contenter de cibler isolément tel ou tel produit. C’est vraiment la proportion d’aliments ultratransformés dans le régime qui compte.

D’après l’étude, au Royaume-Uni et aux États-Unis, plus de la moitié des produits consommés sont des aliments ultratransformés. Ce chiffre grimpe jusqu’à 80 % pour les jeunes et les personnes les plus démunies. Pourquoi eux ?

Il y a, chez les jeunes, davantage d’ignorance sur ces questions. Le manque d’éducation nutritionnelle est flagrant. D’autant qu’en face, les géants de l’agro-industrie exercent un marketing très élaboré, visant à présenter ces produits comme bons pour la santé. Et je ne parle pas seulement de la malbouffe, mais aussi des aliments véganes, végétariens, allégés, enrichis, sans gluten ou bio.

Parmi les aliments ultratransformés, il y a certes la malbouffe, mais aussi certains aliments véganes, végétariens, sans gluten ou bio. CC0/ Open food facts

Par ailleurs, l’ultratransformé est souvent synonyme de calories et de bon marché. Or, quand on n’a pas beaucoup d’argent, la première préoccupation est de se remplir le ventre sans dépenser trop d’argent. Les ménages les plus modestes s’orientent donc vers ces aliments, comme un grand nombre d’étudiants en voie de paupérisation.

Si la nocivité de ces aliments est prouvée, pourquoi continuer à en produire ?

Les ultratransformés sont ultrarentables. Tout d’abord, parce que les marqueurs d’ultra-transformation coûtent peu d’argent. Mais ce n’est pas tout ! En exacerbant les goûts, les textures et les couleurs, les industriels signent une triple rentabilité.

Premièrement, en poussant le consommateur à en manger plus que de raison. Qui n’a jamais terminé un paquet de chips industrielles, avec plaisir, mais sans avoir réellement faim ? Deuxièmement, en poussant le consommateur à en racheter une seconde fois. Double rentabilité. Et enfin troisièmement, en ciblant les enfants dès leur plus jeune âge, on s’assure une clientèle à vie. Triple rentabilité.

Il y a quelques années, l’industrie du tabac incitait les jeunes à fumer tôt. Une fois ceux-là addicts, cela pouvait en faire des clients à vie.

La logique est la même ici : je travaille en ce moment sur les goûters des petits, et plus de 90 % d’entre eux sont composés de malbouffe ultra-transformée. Le mieux pour leur santé serait une poignée de noix ou d’amandes. Mais comment voulez-vous rivaliser avec des Kinder Pingui ?

Plusieurs universitaires brésiliens ont d’ailleurs appelé les Nations unies et les États membres à élaborer et mettre en œuvre une convention-cadre sur ces aliments, analogue à celle sur le tabac. Les politiques ont-ils un rôle à jouer dans cette bataille ?

Bien sûr. Il faut agir à deux niveaux. Déjà, du côté des scientifiques, en sensibilisant la population. Via les médias, en écrivant des livres, des articles de vulgarisation, en menant des conférences et en allant dans les écoles.

L’éducation alimentaire est la voie royale à long terme. En luttant contre l’ignorance, les consommateurs deviendront les véritables acteurs de leur alimentation et pourront faire des choix avisés.

« J’ai défendu l’idée d’une taxe sur l’ultratransformation. Plus le nombre de marqueurs est élevé, plus la taxe grimpe »

Seulement, le tabac l’a démontré, prévenir des risques de cancer ne fonctionne pas toujours. Il faut taper dans le porte-monnaie, faire grimper le prix du paquet à 15 euros. Sur ce point, les politiques doivent agir.

Il y a quelque temps, j’ai défendu l’idée d’une taxe sur l’ultra-transformation. Plus le nombre de marqueurs est élevé, plus la taxe grimpe. Il est urgent que les gouvernants se saisissent du dossier : l’enjeu est crucial non seulement pour la santé humaine, mais aussi pour la santé de notre planète, pour le bien-être animal, les inégalités socio-économiques, etc. Et ça passera par rendre les ultra-transformés plus chers que les vrais aliments.

Avez-vous des conseils pour mieux identifier ces aliments sur les étals des supermarchés ?

L’objectif est de repérer les marqueurs d’ultra-transformation. Il existe deux repères simples : premièrement, au-delà de cinq ingrédients sur la liste, il y a 8 chances sur 10 que l’aliment soit ultra-transformé.

Deuxièmement, si vous voyez des noms que vous n’utilisez pas en cuisine… alors, méfiez-vous ! Autrement dit, choisissez les listes d’ingrédients les plus courtes possibles et avec des noms connus.

Par ailleurs, les emballages très colorés, les portions individualisées et les promotions (car produire ces aliments coûte si peu cher qu’ils peuvent se le permettre) sont autant de signaux d’alerte. Les mentions promettant un produit « allégé » ou « enrichi » doivent aussi vous mettre la puce à l’oreille. Là encore, il s’agit presque à coup sûr d’aliments ultra-transformés.

Emmanuel Clévenot 4 mars 2024

https://reporterre.net/

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