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24 avril 2023 ~ 0 Commentaire

faim (basta)

faim (basta) dans Altermondialisme
  • Neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté : le retour de la faim en France ?

    « Sans des structures comme les Restos du cœur, il y aurait peut-être des émeutes de la faim », estime la chercheure Bénédicte Bonzi. Elle dénonce le développement d’un marché de la faim qui conforte le système agro-industriel.

La demande en aide alimentaire a triplé depuis dix ans. Il est difficile d’avoir des données précises sur le nombre exact de bénéficiaires, en raison notamment des doubles inscriptions – les banques alimentaires indiquent avoir accueilli 2,4 millions de personnes en 2022 contre 820 000 en 2011, sans compter les autres réseaux de distribution comme les Restos du cœur. Une chose est sûre : la proportion de personnes qui n’y ont pas recours et qui ne demandent rien est importante. Neuf millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Pour ces personnes-là, la nourriture est potentiellement une variable d’ajustement.

Les visages de la pauvreté sont multiples. Il y a beaucoup d’accidents de vie – maladies, accidents du travail, divorces, licenciements, alcoolisme – qui font basculer dans une spirale dont on se relève difficilement. Et quand on retombe, on n’essaie plus de se relever, on espère survivre à aujourd’hui.

Il y a également les personnes en attente de papier et qui ne peuvent pas travailler. Dans les « nouveaux publics », on remarque beaucoup plus de personnes âgées qui n’arrivent pas à s’en sortir avec l’augmentation des charges. Pour maintenir un toit sur la tête, elles n’ont plus d’argent pour manger… « Nouveaux venus » aussi, des travailleurs pauvres qui n’y arrivent plus.

Les étudiants sont apparus pendant le covid, car ils n’avaient plus accès aux petits boulots. Leur présence semble rester d’actualité. Les files s’allongent, sans possibilité d’en sortir, à l’heure où tout augmente sauf les revenus. Sans des structures comme les Restos du cœur, il y aurait beaucoup d’explosion de violences, de tensions, peut-être des émeutes de la faim.

« Des acteurs économiques ont développé un marché de la faim »

Ce mal-être est amplifié par le fait que des acteurs économiques ont développé un marché de la faim. À partir du moment où il est possible de récupérer de l’argent avec la détresse alimentaire des personnes, on rentre dans une logique de marché sous forme de défiscalisation et d’échanges. De grosses commandes sont faites pour nourrir les personnes qui n’ont pas les moyens de se nourrir. Tout un marché s’est développé pour fournir des produits très peu chers et de qualité insuffisante. Ce système participe d’une surproduction agricole.

Il y a deux aspects. D’une part, l’aide alimentaire est entrée dans la loi de modernisation agricole, ce qui crée un débouché en direction de l’alimentation des pauvres. Quand on parle d’accessibilité pour tous, cela interroge ! Par ailleurs, la loi Garot adoptée en 2016 visant à lutter contre le gaspillage alimentaire, n’incite pas à produire moins.

Car celui qui produit trop peut donner une partie de sa production auprès d’associations caritatives et récupérer la défiscalisation [1]. Cela n’incite pas à être dans des quantités justes ni à donner au bon moment, dans un contexte de concurrence internationale favorisant une production à moindre coût.

Les plats distribués sont constitués majoritairement de produits de la gamme la moins chère possible, d’invendus et d’invendables. Les bénéficiaires de l’aide apparaissent comme une variable d’ajustement chargée d’absorber des surplus de production et de permettre des déductions fiscales.

« Violence alimentaire »

La violence alimentaire, c’est la prise de conscience pour les bénévoles et professionnels comme pour les bénéficiaires, que l’aide alimentaire est incapable de répondre au droit à l’alimentation. Ce droit n’est pas du tout garanti en France. La violence du système alimentaire est structurelle et se ressent dans toutes les étapes de l’aide alimentaire. Elle crée des inégalités très fortes avec des conséquences sur la santé et le mental des personnes bénéficiaires – les bénévoles n’en sortent pas non plus indemnes.

L’observation fine du terrain renseigne ces violences psychologiques : on voit les personnes qui baissent les yeux, les attitudes au moment du contrôle… Être toujours dans l’aide abîme la confiance en soi. C’est une violence un peu diffuse : faire la queue tous les jours, c’est pesant, comme ne jamais pouvoir choisir… L’accumulation de petits actes du quotidien rythmés par le fait de revenir sans cesse les impacte fortement, et cela entraîne des demandes et des réponses à côté de ce que veulent vraiment ces personnes.

« Transformer tout le système alimentaire »

Grâce à l’énergie des bénévoles et des professionnels, l’aide alimentaire crée une forme de résistance. Ils ont la tête dans le guidon, font face à des personnes qui font tout pour survivre, mais ils ne sont pas là pour cogérer la pauvreté : ils sont là pour agir contre les injustices. Ils ont beaucoup de désillusions quant à ce que l’État peut apporter et ils bricolent une société parallèle. Les structures bénévoles ont bien d’autres demandes que de faire des ramasses et de passer par le Fonds européen d’aide aux plus démunis. Ils aspirent à servir des produits frais, en quantité, sans avoir à se poser la question des stocks ! Ils jonglent comme ils peuvent.

Transformer l’aide alimentaire, c’est s’autoriser à transformer tout le système alimentaire – système agricole compris – d’un bout à l’autre de la chaîne. Cela implique de sortir l’alimentation du marché pour faire démocratie, de socialiser l’alimentation et protéger les personnes des dérives du système agro-industriel.

Cela induit des réponses structurelles aux inégalités sur toute la chaîne, en donnant les moyens économiques à chacun·e de faire autrement et en le décidant démocratiquement avec de nouveaux espaces de discussion pour se réapproprier, se réancrer dans le système alimentaire : quel type de semence, d’élevage, de distribution, de transformation voulons-nous ? 

Il s’agit de ne plus laisser cette question à des experts, mais d’assumer que nous sommes toutes et tous experts, et d’être davantage dans l’éducation populaire pour que les choses changent. Depuis des années, des résistances liées à l’aide alimentaire sont à l’œuvre dans le monde paysan et les milieux populaires. La rencontre de ces résistances sera déterminante dans la transformation historique, ou non, du système alimentaire. Il nous faut sortir des logiques de jugements pour faire ensemble.

Bénédicte Bonzi est docteure en anthropologie sociale, chercheuse associée au LAIOS (laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales). Aujourd’hui, elle accompagne les collectivités dans leurs transitions alimentaires chez Auxilia Conseil. Elle a mené pendant plusieurs années, dans le cadre d’une thèse, des travaux de recherches en lien avec les associations d’aide alimentaire.

Propos recueillis par Sophie Chapelle

21 avril 2023  Bénédicte Bonzi

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14 avril 2023 ~ 0 Commentaire

amazon (npa)

briec

Amazon met ses chauffeurEs-livreurEs à la rue

« Autant dire qu’on nous a vendu du rêve pour être au final traités comme de la m… », s’insurge, Ma…, chauffeuse-livreuse. Depuis plusieurs jours avec ses collègues de lutte, comme elle salariéEs d’un prestataire d’Amazon (NGS express), elle bloque avec sa camionnette les portes de l’entrepôt d’Amazon Briec (Finistère).

Ne fonctionnant qu’avec des prestataires écran, Amazon rompt, selon son bon vouloir, le contrat commercial qui le lie à ses prestataires, sans se soucier de leurs salariéEs. Ainsi en est-il avec la société NGS Express, avec comme résultat la mise en arrêt de ces travailleuses et travailleurs (au nombre de 37) qui se retrouvent avec une interdiction d’accéder au site et, pire, sans salaire depuis un mois…

Avec un cynisme sans nom, Amazon rétorque aux salariéEs qu’elle n’a rien à voir avec leur situation alors même qu’elle est l’unique donneuse d’ordre et sous-traite même les fiches de paie en Tunisie, voire en Inde.

Avec un mépris total à l’égard des personnels, cette multinationale aux chiffres d’affaires colossaux (514 milliards de dollars en 2022) et aux profits vertigineux ferme la porte à toute solution, se défausse en proposant aux salariéEs (pas encore officiellement licenciéEs mais sans rémunération) d’aller voir d’autres prestataires alors même qu’une clause de non-concurrence le leur interdit…

Un monde sans loi ni droits

À tout cela se rajoutent les faux, l’écrasement du droit du travail, le non-respect des jours réellement travaillés, des véhicules avec de fausses plaques d’immatriculation et parfois sans contrôle technique, ni carte grise ni assurance…

La lutte de ces jeunes livreuses et livreurs très en colère auto-organiséEs et sans plus aucune ressource démontre que ce mastodonte de l’e-commerce, qui pratique la fraude fiscale et dont le PDG, Bezos, s’est vu décerner la Légion d’honneur par Macron, n’est qu’un groupe de voyous capitalistes.

Ces agissements confirment bien les alertes qu’avait émis le collectif Stop-Amazon face aux illusions de création d’emplois que QBO (la communauté de communes de Quimper) avait fait miroiter pour imposer l’installation de l’entrepôt à Briec.

Solidarité des unEs, silence radio côté éluEs

Alors même qu’Amazon a licencié 18 000 salariéEs au niveau mondial, ces pratiques quotidiennes en font une multinationale hors la loi qui selon les dernières nouvelles n’hésitera pas à faire donner la police et la gendarmerie de Macron et Darmanin contre les livreuses et livreurs qui ne réclament que leur dû.

Dans ce contexte nous avons été et sommes nombreux à apporter notre soutien aux salariéEs en lutte (syndicats, collectifs, partis dont le NPA), ce qui n’a pas été le cas des éluEs (de gôche) pourtant initiateurs de ce « magnifique rêve ».

CorrespondantEs Kemper Hebdo L’Anticapitaliste (13/04/2023)

https://lanticapitaliste.org/

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13 avril 2023 ~ 0 Commentaire

lvmh (jdd)

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Réforme des retraites : des manifestants envahissent le siège du groupe LVMH à Paris

Les grévistes sont repartis au bout de quelques minutes sans heurts avec le personnel. Une action similaire avait été menée la semaine dernière au siège de BlackRock.

Des manifestants ont envahi ce jeudi les locaux du groupe LVMH, spécialisé dans la vente de produits de luxe. Ils entendaient manifester contre la réforme des retraites du gouvernement. Parmi les personnes impliquées, on comptait des cheminots, des travailleurs de la santé, de l’éducation et d’autres secteurs en grève. Ils ont allumé des fumigènes et entonné des chants entrecoupés de sifflets.

Après avoir brièvement bloqué la Gare de Lyon, les 400 grévistes se sont dirigés vers la prestigieuse adresse du 22, avenue Montaigne, près des Champs Elysées, pour mener leur action surprise. Lors de la dernière journée de mobilisation, ils s’étaient déjà illustrés en bloquant le siège du géant de la finance BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde

« On ira jusqu’au retrait »

De nombreux manifestants sont entrés dans le siège avant d’en repartir au bout d’une dizaine de minutes, sans heurts avec les vigiles. Ils ne sont toutefois pas rentrés dans la boutique Louis Vuitton voisine.

« La rue elle est à qui ? Elle est à nous ! » ont scandé les militants devant l’immeuble, inondant le hall d’entrée de fumée rouge. Ils ont également entonné des slogans tels que « de l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat », « on ira jusqu’au retrait » ou encore « anti, anti, anti-capitaliste ». Plusieurs manifestants ont collé des autocollants dans le hall de LVMH, mais nombre dentre eux appelaient également à ne commettre aucune dégradation.

« Ça fait trois mois qu’on se mobilise, c’est-à-dire la mobilisation la plus importante depuis 1968. On va montrer à Macron que la détermination, c’est pas lui, c’est le camp des travailleurs », a déclaré le syndicaliste SUD-Rail Fabien Villedieu, lun des organisateurs de lévènement.

« Si vous cherchez de l’argent pour financer les retraites, et bien prenez-le dans les poches des milliardaires, à commencer par Bernard Arnault », a-t-il ajouté. Avec une fortune estimée à 211 milliards de dollars par le magazine Forbes, le PDG de LVMH est l’homme le plus riche du monde.

Autre organisateur de laction coup de poing, la figure des Gilets Jaunes Jérôme Rodrigues. Pour lui, « on touche à notre démocratie. On se prend des 47-1, des 49-3 qui nous montrent que la démocratie ne va que dans le sens des puissants. Le combat doit aller au-delà des retraites ».

Lucien Petit-Felici 13/04/2023

https://www.lejdd.fr/

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10 avril 2023 ~ 0 Commentaire

silence (yonne)

silence

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10 avril 2023 ~ 0 Commentaire

carhaix (npa)

carhaix

Carhaix se soulève à nouveau pour sa maternité

L’annonce de la fermeture de la maternité de Carhaix prévue le 3 avril 2023 a provoqué le soulèvement de la population du Kreiz Breizh (Centre Bretagne) qui s’est déclarée à nouveau « en résistance ». 

Quinze ans après la lutte victorieuse de 27 semaines, contre une première tentative de fermeture des services vitaux de l’hôpital dont la maternité, l’émotion et la colère se sont de nouveau transformées en une impressionnante mobilisation.

Un cortège de 8 000 personnes

Malgré l’annonce, en dernière minute, du report de la fermeture, 8 000 personnes se sont rassemblées le samedi 18 mars à 11 h dans cette ville de 7 200 habitantEs pour affirmer leur détermination à défendre leur maternité. Celle-ci est depuis 2008 le symbole de ces services publics essentiels que les contre-réformes libérales font disparaitre les uns après les autres sur des territoires comme le Centre Bretagne.

Au cours du meeting, notre camarade Matthieu, porte-parole du comité de vigilance, fut ovationné quand il appela à ne rien lâcher, à imposer un « 49.3 de la rue », un « 49.3 sanitaire » et proposa d’aller à nouveau à Kemper manifester autant de fois qu’il le faudrait pour obtenir satisfaction. Catapulte en tête1, le cortège de plus d’un kilomètre de long s’est rendu jusqu’à la gare.

Conséquences de la loi Rist

En 2008, l’attaque avait été franche et ouverte. L’objectif affiché par Perrin, le directeur de l’ARS, était la « rentabilité » des « usines à bébés » au détriment de la proximité et de l’humanité d’une maternité locale. Aujourd’hui l’argumentation est plus hypocrite : la prétendue « impossibilité » pour le CHU de Brest, auquel l’hôpital de Carhaix est désormais rattaché, d’établir, faute d’anesthésistes, un « tableau de garde » pour Carhaix. C’est l’une des premières conséquences de l’application stricte de loi dite « Rist »2. Celle ci plafonne les rémunérations des intérimaires assurant des gardes hospitalières.

Derrière ces arguties la volonté de liquider un service public essentiel pour des raisons d’économies budgétaires n’est jamais loin. La directrice du CHU de Brest n’a d’ailleurs pas hésité à déclarer à la presse que les femmes guyanaises faisant 3 jours de pirogue pour rejoindre la maternité dans ce département, les bretonnes pouvaient bien faire trois quarts d’heure de route pour accoucher à Brest !

Les outils d’une nouvelle lutte collective se mettent en place. Le comité de vigilance (soutenu par la municipalité) rassemble largement toutes celles et ceux qui veulent participer à la lutte, un comité regroupant professionnelEs et usagerEs prépare les dossiers « techniques » et les argumentaires, et le comité des futures mamans fera entendre la voix des premières concernées.

En 2008, la lutte de Carhaix était devenue le symbole national du combat pour la défense des hôpitaux et maternités de proximité contre les restructurations libérales. Le nouveau combat de la population du Kreiz Breizh pourrait en faire le phare de l’opposition à une nouvelle vague de fermetures préparée par le rapport de l’Académie de médecine qui préconise la fermeture de 131 maternités pratiquant moins de mille ­accouchements par an.

Solution libérale

Le manque d’attractivité du travail dans les hôpitaux publics du fait du niveau des rémunérations et de conditions de travail, les départs de professionnelEs qui en sont la conséquence sont une réalité. La « solution » libérale consistant à fermer les petites structures en aggravant l’engorgement des plus grandes n’en est pas une.

Quant à la « sécurité » de femmes qui risquent d’accoucher sur la route, au stress que génère l’inquiétude de ne pas arriver à temps à l’hôpital, il n’est jamais pris en compte.

Dans le Finistère, après Pont-l’Abbé déjà transformée en « centre de périnatalité » ne pratiquant plus d’accouchements, c’est aujourd’hui Landernau qui se mobilise contre la fermeture programmée de sa maternité, avec aussi en toile de fond l’application de la loi Rist. Les effets de cette loi se font sentir sur tout le territoire.

En Bretagne, Guingamp et Redon sont également menacées et, au plan national, les alertes se multiplient. D’ores et déjà on peut citer les exemples de Fontenay-le-Comte en Vendée, de Romilly-sur-Seine dans l’Aube, de Dole et Lons-le-Saunier dans le Jura, de Brignoles-le-Luc dans le Var, de Rodez dans l’Aveyron qui vont demain se multiplier. Le 18 mars dernier à Carhaix n’était qu’un début !

  • 1. La catapulte avait été le symbole et le point de ralliement des grandes manifestations de 2008.
  • 2. Loi qui doit son nom à Stéphanie Rist, députée Renaissance, loi n° 2021-502 du 26 avril 2021 visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification

CorrespondantEs Kreiz Breizh et Kemper Hebdo L’Anticapitaliste Mercredi 5 avril 2023

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07 avril 2023 ~ 0 Commentaire

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Bâtir des EPR en bord de fleuve serait « irresponsable »

Le projet français de construire deux réacteurs en bord de fleuve est « irresponsable », compte tenu de l’accélération du stress hydrique et de l’incertitude quant à son ampleur, a déclaré Yves Marignac, expert critique de l’industrie nucléaire.

Le changement climatique fait craindre des températures extrêmes et des sécheresses qui provoqueront davantage d’arrêts des 44 réacteurs nucléaires – sur 56 – situés en bord de fleuve et utilisant l’eau pour se refroidir.Le débit moyen d’été du Rhône, sur lequel sont installés 22% de la capacité atomique française, pourrait ainsi baisser de 20% d’ici trente ans, selon une étude récente de l’agence de l’eau. Or EDF compte construire deux réacteurs supplémentaires le long de ce cours d’eau.

« On peut toujours aménager les réacteurs pour qu’ils se refroidissent en réduisant leur prélèvement d’eau, comme le font certains réacteurs dans le désert », mais ces évolutions coûteuses font « perdre l’intérêt de placer des installations en bord de rivière », a estimé M. Marignac.

Il redoute également une « augmentation considérable » de la concurrence entre les secteurs gourmands en eau, tels que l’agriculture, l’industrie, l’énergie et le tourisme.

EDF prévoit de construire d’ici à 2042-43 trois paires d’EPR : une première à Penly, une deuxième à Gravelines, toutes deux en bord de mer, et une troisième au Bugey ou à Tricastin, sur les sites existants en bord de Rhône.

La décision sera tranchée d’ici la fin de l’année, a dit Joël Barre, délégué interministériel au nouveau nucléaire, à Montel.

La semaine dernière, Emmanuel Macron a annoncé un vaste plan d’investissement pour adapter les centrales nucléaires au changement climatique, notamment en équipant des unités en bord de fleuves de tours aéro-réfrigérantes, pour les rendre moins dépendantes de la température de ces cours d’eau.

Néanmoins, si ce système permet aux réacteurs de continuer à produire de l’électricité durant les périodes de grande chaleur, il consomme beaucoup plus d’eau puisqu’une partie importante du volume prélevé s’évapore par les tours lors du refroidissement.

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, estime quant à elle que les scénarios établis par le groupe international d’experts climatiques du Giec « montrent des pertes (de production) sur l’année très limitées ».

Un récent rapport de la Cour des comptes prévient toutefois que l’impact du réchauffement climatique sur le parc nucléaire français pourrait devenir « critique » d’ici 2050, avec trois à quatre fois plus d’indisponibilités qu’aujourd’hui.

L’été dernier, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé EDF à dépasser les limites de température pour certaines centrales en bord de fleuve afin de lui permettre de continuer à produire de l’électricité dans un climat chaud et sec.

Bugey ou Tricastin ?

Pour Thibault Laconde, fondateur de la start-up d’évaluation des risques climatiques Callendar, le site du Tricastin est un meilleur choix que celui du Bugey pour le refroidissement car la partie du Rhône où la centrale se situe bénéficie de l’apport d’eau froide de l’Isère, qui prend sa source dans le massif des Alpes et se jette dans le fleuve.La construction de réacteurs en bord de mer pose également question, disent les experts, en raison des incertitudes sur la montée du niveau de la mer dans les prochaines décennies, alors qu’EDF explique que ses EPR sont conçus pour opérer au moins 60 ans.

Dans son rapport, la Cour des comptes a aussi appelé EDF à anticiper « la faible probabilité » d’une accélération de la fonte des calottes glaciaires qui entraînerait une élévation du niveau moyen de la mer de près de 2 mètres d’ici à 2100 et 5m d’ici à 2150.

Stéphane Costa, expert Giec pour la Normandie, soutient, s’agissant du site de Penly, qu’il est nécessaire de « regarder de plus près la possibilité d’avoir après 2100 une élévation du niveau de la mer qui dépasserait allègrement le mètre », combiné à la force des tempêtes.

Pourtant, selon M. Barre, EDF n’intègre dans la conception de ses réacteurs EPR qu’une augmentation du niveau de la mer d’environ 1,20m.

Sollicitée, EDF n’a pas répondu aux questions de Montel.

Défaillance des moteurs de secours ?

M. Laconde pointe également le danger de températures de l’air trop élevées qui provoqueraient la défaillance des moteurs diesel d’ultime secours, destinés à alimenter certains systèmes de sûreté des réacteurs en électricité en cas de coupure de courant.Le rendement des groupes électrogènes diminue avec l’augmentation de la température intérieure du bâtiment, qui est elle-même influencée par la température extérieure, dit-il. « Quand vous installez ces groupes électrogènes, vous vous basez sur une température maximale pour qu’ils puissent mener à bien leur mission », dit-il.

Une note de l’Institut de radioprotection de sûreté nucléaire (IRSN) révèle que les projections de températures exceptionnelles, établies par EDF après les canicules de 2003 et de 2006, ont été dépassées de 1 à 2°C à Paluel, Penly et Gravelines lors des épisodes caniculaires de 2019.

« Cela pose évidemment des questions sur la capacité d’EDF à concevoir des systèmes qui vont fonctionner dans des climats très différents », dit M. Laconde. Il prône la construction de réacteurs « adaptables » sur le temps long pour faire face aux incertitudes du changement climatique.

Muriel Boselli 06 Apr 2023

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12 mars 2023 ~ 0 Commentaire

alimentation (basta)

alimentation (basta) dans Altermondialisme
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Agriculture : comment sortir enfin du produire toujours plus ?

Pour produire à moindre coût, les agriculteurs sont mis en concurrence à l’échelle planétaire. Il est possible de sortir de cette pression de la compétitivité, affirme l’agronome Mathieu Dalmais, en « socialisant l’agriculture et l’alimentation ».

Depuis les années 1960, le contrat avec le monde agricole est simple : produire le moins cher possible pour être compétitif à l’international. Face aux conséquences des modèles techniques mis en place pour répondre à cet objectif, ces dernières décennies, de nouvelles injonctions s’imposent à l’agriculture : il s’agit de respecter l’environnement, la biodiversité, les sols, le bien-être animal, et d’avoir des produits sans résidus de pesticides, nutritifs, frais…

À juste titre. Le projet de produire à bas coût est donc dépassé. Seulement, sa règle économique majeure continue de s’imposer : concurrence généralisée à l’échelle planétaire entre tous les producteurs.

La France avait pourtant longtemps résisté à la mise en place de cette hécatombe. La 3è République, effrayée par le monde ouvrier, a joué la paix sociale avec le monde agricole, en proposant de maintenir une économie protectionniste lui assurant des prix élevés, responsables du maintien d’une population paysanne encore très forte en France jusqu’au début des années 1960.

Si les années 1920 avaient vu la France impactée par la crise mondiale de surproduction agricole, les restes de cette politique lui ont permis de contenir le Dorgèrisme et ses chemises vertes [1]. La France prendra ainsi une autre voie que l’Italie ou l’Allemagne, résistant à l’appel d’un pouvoir fasciste fort à même de sauver le monde agricole par le maintien de prix élevés.

L’après Seconde Guerre mondiale sera tout autre et, à partir de 1947 puis surtout de 1960, il est l’heure d’avoir une agriculture compétitive ouverte sur l’international pour rééquilibrer la balance commerciale de la France et nourrir l’Hexagone moins cher. Cette politique s’est notamment appuyée sur l’idée d’une agriculture moderne, sur les aspirations à une vie « normale » pour la jeunesse agricole, intégrée au reste de la société. L’érosion des populations paysannes qui s’en suivra vient témoigner des difficultés chroniques d’un secteur d’activité où la crise devient la norme.

« Construire des outils, autres que le marché »

Avec les dynamiques des circuits courts, de l’agroécologie, de la mise en commun du foncier agricole ou des premières Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap), un mouvement de producteurs et de citoyens a commencé à faire souffler un vent contraire. C’est une tout autre idée de l’agriculture qui a émergé [2]. Et dont le développement plafonne aujourd’hui.

« Socialiser l’agriculture et l’alimentation », c’est poursuivre cette démarche et chercher à l’étendre à l’ensemble de notre production agricole et alimentaire. C’est ainsi construire les outils nécessaires, autres que le marché, comme des lois, normes ou institutions, pour atteindre trois objectifs : de bonnes conditions de travail pour les producteurs (rémunération et outils de production), une alimentation qui convienne à la société et une alimentation accessible à tous et toutes.

Mais c’est également affirmer que ces trois objectifs vont de pair, combattant ainsi une vision ruraliste de l’économie agricole qui ne viserait qu’à protéger les producteurs sans porter le débat de l’alimentation que l’on souhaite dans notre société, dont la cellule Demeter est la face la plus visible. Étouffé économiquement et pointé du doigt socialement, le monde agricole se replie sur cette dernière vision et les seuls acteurs qui les défendent. Il est urgent de lui proposer autre chose : l’agro-industrie tire sa force politique actuelle de cet état de fait.

« Combattre une vision libérale d’une économie de compétition »

« Socialiser l’agriculture et l’alimentation », c’est donc combattre une vision libérale d’une économie de compétition qui ne vise d’une part qu’à assurer des profits, et non l’alimentation, n’hésitant ainsi pas à user de procès spéculatifs pour s’enrichir sur le dos des famines dès le Moyen Âge [3], et d’autre part à mettre en compétition les producteurs, les endetter, pour leur demander toujours plus et en éliminer un maximum.

« Socialiser l’agriculture et l’alimentation », c’est construire un nouveau contrat social entre l’agriculture et la société. De nouveaux objectifs pour la production, exigeants mais indispensables, devront être définis démocratiquement par l’ensemble de la population exprimant ses demandes alimentaires. Ils ne pourront être acceptés qu’en offrant en retour des améliorations considérables pour les producteurs et productrices agricoles : a minima, la sortie de la mise en concurrence permanente.

Alors qu’une petite partie seulement des pratiques agroécologiques ont un intérêt économique reconnu dans les règles actuelles, comme nourrir les vaches à l’herbe (dans les régions où elle pousse), libérons les producteurs du joug de produire le moins cher possible pour rémunérer à leur juste valeur les efforts et investissements fournis, choisis collectivement. Tel est le prix d’une généralisation de l’agroécologie, qu’il faudra rendre socialement acceptable en assurant l’accès de tous et toutes à cette alimentation.

Mesures protectionnistes, contractualisation, quotas, sécurité sociale de l’alimentation

Deux voies s’offrent à nous pour établir ce nouveau contrat social :

Réutiliser les trois outils déjà utilisés par le passé au sein de l’économie agricole : des mesures protectionnistes, pour ne plus vivre la concurrence internationale et maintenir des prix rémunérateurs [4] ; la contractualisation, souvent employée par les coopératives, pour assurer une vue à long terme aux producteurs, les contrats définis comme équitables nous intéressant particulièrement [5] ; et les quotas, pour que chacun ait une part du gâteau sans pouvoir manger celle des autres et limiter la surproduction (seule politique efficace de lutte contre le gaspillage alimentaire). C’est la base du projet historique d’Agriculture paysanne.

Ou innover ? À l’image du monde ouvrier au 19e puis 20e siècle, socialiser l’agriculture peut s’envisager comme une sortie définitive des producteurs de la violence du marché des biens et services.

La construction de la fiche de paie, long combat ouvrier pour passer de la rémunération à la tâche à la rémunération à la qualification – c’est le poste que j’emploie qui définit ma rémunération, et non plus le résultat de mon activité – a permis au monde ouvrier de grandes avancées sociales, et notamment le fait d’être rémunéré selon des conventions collectives, c’est-à-dire des négociations collectives pour établir un contrat social entre les donneurs d’ordre et les travailleurs.

Une inspiration pas si loin de la réalité de la rémunération actuelle du monde agricole, fortement socialisée via la Politique agricole commune.

Moderniser l’agriculture aujourd’hui passe par là : assurer de bonnes conditions de travail à celles et ceux qui nous nourrissent, déterminer démocratiquement la production, en assurer l’accès à tous. Face au repli sur soi dangereux du monde agricole, il est urgent que l’ensemble de la société mette la main à la poche pour créer des débouchés rémunérateurs pour les agriculteurs qui s’y lancent, pour leur proposer une piste de sortie des spirales infernales dans lesquelles ils sont plongés. C’est l’idée travaillée par le projet de Sécurité sociale de l’alimentation.

Mathieu Dalmais 10 mars 2023

https://basta.media/

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15 février 2023 ~ 0 Commentaire

retraites (rdf)

pension

Retraites : les 15 milliards par an d’exonérations de cotisations patronales comblent les déficits

Entre 2019 et 2022, le montant cumulé des exonérations de cotisations et contributions à la Sécurité sociale pour les entreprises s’élève à 278 milliards d’euros. Sur cette période de quatre ans, la part devant contribuer au financement des retraites dépasse quant à elle les 52 milliards.

« C’est 150 milliards d’euros sur les dix prochaines années » dramatisait Élisabeth Borne, le 2 février dernier sur France 2, à propos des déficits cumulés des régimes de retraite, à l’horizon 2032. Un chiffre choc pour marquer l’opinion. Suivi d’une formule choc prononcée par Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, quatre jours plus tard à l’Assemblée nationale : « N’ayons pas peur de le dire : en matière de retraites, c’est la réforme ou la faillite ! ».

S’il s’agit, pour la Première ministre, de convaincre avec ce montant de 150 milliards, que sa réforme est nécessaire, un autre chiffre tout aussi impressionnant peut être placé en symétrie : celui des exonérations et allégements de cotisations dont bénéficient les entreprises.

Retraites : au moins 150 milliards d’exonérations sur dix ans

Pour la seule branche vieillesse, la « réduction générale des cotisations patronales de sécurité sociale » atteint 8,68 milliards d’euros en 2020. Auxquels il faut ajouter 4,36 milliards pour les « exonérations ciblées compensées et non compensées », indique l’annexe 5 du Projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS), voté à l’automne dernier. Un document qui recense les dispositifs dérogatoires relatifs aux cotisations et contributions sociales assises sur les revenus d’activité du secteur privé.

Donc, pour l’année 2020, un total de 13,04 milliards d’euros de réductions générales et d’exonérations ciblées sur les cotisations pour les retraites. Un montant qui augmente année après année de près de 9 % : 14,26 milliards en 2021 et une prévision de 15,4 milliards en 2022.

Projetées sur dix ans (si le montant de 2022 restait stable), les exonérations atteindraient 154 milliards d’euros en 2032. L’équivalent des déficits des régimes de retraite mis en exergue par la Première ministre. Et même 233 milliards, si les 9 % d’augmentation annuelle se maintenaient sur dix ans.

Des chiffres qui permettent de relativiser la communication gouvernementale sur les retraites. Et même de la réduire à néant si l’on prend en compte l’ensemble des allégements généraux, des mesures ciblées et des exemptions d’assiette pour les régimes obligatoires de base de la Sécurité sociale (maladie, famille, accidents du travail…). Ici, les sommes s’envolent : 65,5 milliards en 2020, 71,76 milliards en 2021 et 74,9 milliards en 2022.

Ainsi, même si elles n’augmentaient plus, elles représenteraient 750 milliards d’euros cumulés sur 10 ans que l’État devrait compenser, puisqu’il en a l’obligation depuis 1994, pour la plupart des mesures d’exonération. Pour se rendre compte de l’essor de ces aides aux entreprises, le montant de ces exonérations a triplé en dix ans et été multiplié par plus de 30 en 40 ans.

Avec un SMIC, tu payes rien !

« Ces dispositifs dérogatoires correspondent à une réduction du niveau des prélèvements sociaux accordée pour favoriser l’atteinte d’objectifs de politiques publiques » explicite l’annexe 5 du PLFSS. Objectif principal : baisser le « coût du travail » pour les entreprises et, prétendument, favoriser l’emploi. L’envol du montant des exonérations lui est largement imputable puisque « les allégements généraux de cotisations sociales patronales sur les bas salaires représentent en 2021 81 % du montant de l’ensemble des mesures d’exonération de cotisations et de contributions de sécurité sociale » détaille l’annexe 5 du PLFSS.

Comment en est-on arrivé à une telle proportion et à de tels montants ? En réalité, par l’addition de trois mesures politiques prises entre les mandats de Chirac et de Hollande. D’abord, la réduction générale dégressive sur les bas salaires (jusqu’à 1,6 fois le SMIC) de François Fillon en 2005. À savoir, des cotisations allégées tendant vers le zéro à l’approche du salaire minimum. Ensuite, au moment où le Parti socialiste était au gouvernail, cette mesure est élargie aux cotisations d’allocations familiales, puis rehaussée en 2016 pour les salaires jusqu’à 3,5 SMIC.

Enfin, par la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) de 2016 pour les salaires inférieurs à 2,5 fois le SMIC (environ 3000 € par mois), en allégements permanents de cotisation en 2019, lors du premier mandat d’Emmanuel Macron. Pour un coût, cette année 2022, de 23,6 milliards d’euros, sans que son efficacité en matière d’emploi n’ai été démontrée.

Avec ces dispositifs, les cotisations s’évaporent. En effet, la moitié des salariés sont concernés par les mesures Fillon, quant à celles prises sous Hollande elles concernent près de 80 % des salariés selon l’Insee. Résultat : entre 1980 et 2022, le taux effectif de cotisation au SMIC est passé de 45 % à moins de 10 %, boostant les trésoreries des entreprises.

En plus de ces mesures, s’ajoute un empilement de dispositifs spécifiques liés directement ou indirectement au travail. En 2015, l’Inspection générale des affaires sociales et l’Inspection générale des finances en comptabilisaient 92.

La macronie carbure à l’allégement de cotisations sociales

Cette profusion de mesures spécifiques d’allégement ne s’est pas démentie depuis 2017. Au contraire. En 2018, Emmanuel Macron annonce une prime exceptionnelle défiscalisée de 1000 euros, basée sur le volontariat des entreprises, en réponse au mouvement des gilets jaunes. En plus d’être défiscalisée, elle est exempte de cotisations sociales. Même chose pour le retour des heures supplémentaires défiscalisées en 2019. Elles bénéficient d’une absence de cotisations sociales et incitent largement les employeurs à privilégier les heures supplémentaires plutôt que les embauches.

Rien ne change pendant la crise Covid. Que ce soit pour les primes octroyées pour les soignants ou certaines catégories de salariés dits essentiels. Pas plus que pour l’activité partielle. Enfin, avec le retour de l’inflation l’an dernier, de nouvelles mesures sont annoncées pour soutenir le pouvoir d’achat. Là encore, la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA) ouvre le guichet des exonérations pour le patronat. Et confirme ce dernier dans sa frilosité à augmenter les salaires. Et les cotisations attenantes. Une double punition pour la protection sociale. Et une bonne affaire pour les entreprises.

Retraites : le diable se cache dans les détails

Les manques à gagner pour la Sécurité sociale et donc pour sa branche vieillesse ne se limitent pas à la baisse de la rémunération du travail pour les entreprises. D’autres allégements viennent s’ajouter à ceux-là. Parmi ceux-ci, on retrouve les dispositifs de participation comme l’intéressement et les plans d’épargne d’entreprise. Mais aussi des revenus du capital comme les stock-options ou les actions gratuites. Et même des indemnités versées lors de rupture du contrat de travail. Ainsi, de façon très choquante, dans le cadre des plans de sauvegarde de l’emploi, lors de licenciements ou de rupture conventionnelle.

Cerise sur le gâteau, ces exemptions ne sont pas compensées par l’État et manquent directement dans les caisses de la protection sociale. À raison de plus de 2 milliards d’euros pour l’année 2022.

14 février 2023 Stéphane Ortega

https://rapportsdeforce.fr/

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04 février 2023 ~ 0 Commentaire

retraites ( pùblico )

pension

Les Français descendent dans la rue pour leurs retraites

La volonté du gouvernement de faire passer une réforme dure qui augmente l’âge de la retraite suscite les plus grandes manifestations en France depuis 2010.

Quelle mouche a piqué Emmanuel Macron ?

Si les Razzie awards (les anti-Oscars) de la politique existaient, ils devraient en donner un au président français ou à celui qui a eu l’idée de présenter une réforme difficile des retraites en pleine crise énergétique et inflationniste.

L’inconscience du gouvernement macroniste a conduit à la plus grande mobilisation en France depuis 2010. Une vague de protestations qui reflète non seulement le rejet généralisé de l’augmentation de l’âge minimum de départ à la retraite de 62 à 64 ans (avec 42 ou 43 ans de cotisations), mais aussi les difficultés du président français à reprendre le fil de ses réformes néolibérales.

Les syndicats ont réussi à surmonter la léthargie sociale qui règne dans le pays voisin depuis la pandémie. Après un automne marqué par une forte inflation (6,7 % en France) et des manifestations réclamant des hausses de salaires peu étendues – malgré le succès des arrêts de travail dans certaines entreprises, comme Total et la SNCF -, les grèves massives des 19 et 31 janvier ont pris le macronisme par surprise.

Entre 2,8 millions de personnes -selon les organisations syndicales- et 1,27 million -selon la police- ont manifesté lors du second tour de cette impulsion sociale. Même lors des grandes manifestations de 1995 et 2010, le nombre de manifestants n’avait pas été aussi élevé, selon les forces de sécurité.

    72% des Français s’opposent à la réforme

« C’est l’une des plus grandes mobilisations en France depuis les années 1990″, a déclaré à CTXT le politologue Dominique Andolfatto, spécialiste du monde syndical. Le front uni des syndicats, allant de la modérée CFDT aux plus militants CGT et Sud-Solidaires, prépare deux nouvelles grèves générales pour les 7 et 11 février. La deuxième semaine de ce mois devrait être une semaine clé dans la lutte contre cette mesure impopulaire. Jusqu’à 72% des Français s’y opposent, selon le dernier sondage de l’institut Elabe. « Personne ne veut de cette réforme. Plus les jours passent, plus l’opposition grandit », a rappelé le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

« Si nous sommes trop nombreux, ils renonceront à la réforme ».

« Au lieu de toucher aux retraites, Macron devrait s’occuper de la crise énergétique et de la lutte contre le changement climatique », déclare Sabrina, 45 ans, qui a voté pour le leader centriste lors de la dernière élection présidentielle. Malgré cela, ce conseiller clientèle dans une entreprise d’électricité a fait le déplacement du Nord-Pas-de-Calais à Paris pour participer à une manifestation le 31 janvier qui a débordé les rues de la rive gauche. L’une des nouveautés de ces manifestations est leur caractère festif. La violence policière et les émeutes des black-blocs ont, pour l’instant, brillé par leur absence. La force de la foule a prévalu sur les tactiques d’agitation à courte vue.

    L’une des nouveautés de ces manifestations est leur caractère festif.

Pour Sabrine Farouzi, 60 ans, les mobilisations actuelles lui rappellent celles de 1995, lorsqu’une vague de grèves avait contraint le conservateur Jacques Chirac à renoncer à faire passer de 37,5 à 40 ans la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein. « Si nous continuons à être nombreux, ils finiront par renoncer à la réforme », estime cette éducatrice en maternelle, qui serait directement concernée par la mesure, puisqu’elle doit entrer en vigueur progressivement cet été, en repoussant l’âge de la retraite de trois mois chaque année jusqu’à atteindre 64 ans en 2030. .

« Le gouvernement devrait défendre notre système de retraite comme un modèle à imiter pour les autres pays européens, au lieu d’essayer de l’aligner sur celui de ses voisins », ajoute M. Farouzi. Outre le report de l’âge légal de départ à la retraite, le texte exige 43 ans de cotisations pour bénéficier d’une pension complète à partir de 2027. Huit ans plus tôt que dans la législation actuelle (2035).

La réforme mettra fin à l’une des spécificités du système de retraite français. En combinant un âge de la retraite relativement bas (62 ans) et une longue période de cotisation (42 ans), le moment du retrait de la vie active est adapté à la carrière de l’individu. En d’autres termes, ceux qui ne sont pas allés à l’université et qui ont commencé à travailler plus tôt – souvent dans les professions les plus exigeantes physiquement et dont l’espérance de vie est plus courte – peuvent prendre leur retraite plus tôt, tandis que ceux qui sont allés à l’université ont tendance à prendre leur retraite à 65 ou 66 ans. Ou même plus tard.

Réduire les pensions pour diminuer l’impôt sur les sociétés

Le gouvernement justifie ce sacrifice, notamment pour les personnes modestes, par le déficit que le système de retraite accumulera en 2030, de quelque 13 milliards d’euros. « Cela représentera 3 % des dépenses totales en matière de pensions. Ce n’est pas un montant énorme », affirme l’économiste Henri Sterdyniak de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

« La dramatisation d’un tel déficit par le gouvernement est peu crédible, après avoir réduit les impôts de quelque 40 milliards ces dernières années (notamment sur les entreprises et les revenus moyens et élevés) et avoir annoncé récemment une augmentation de 100 milliards des dépenses militaires », ajoute ce membre du groupe keynésien Les Économistes Atterrés.

Selon M. Sterdyniak, considéré comme l’un des principaux experts des retraites en France, cette mesure controversée « est en fait due à la volonté de M. Macron de montrer aux marchés financiers et à la Commission européenne que son gouvernement continue à adopter des réformes ».

En d’autres termes, qu’il continue à réduire les dépenses publiques et sociales, à diminuer les pensions et les allocations de chômage », dont la durée maximale a récemment été réduite de 25%. Le gouvernement estime que la réforme des retraites rapportera environ 12 milliards d’euros aux caisses publiques. Ces ressources, qu’il a reconnues dans la dernière loi de finances, serviront à financer une réduction d’impôt de 15 milliards d’euros pour les entreprises.

En échange de ce sacrifice, le gouvernement promet de porter les pensions les plus basses à 1 200 euros pour ceux qui ont cotisé pendant une carrière complète (42 ou 43 ans). Ce ne sera qu’ »un petit pas en avant ». Sur les 6 millions de retraités pauvres en France, seuls 1,8 million ont une carrière complète », rappelle l’économiste de l’OFCE.

Cependant, cette hausse des pensions les plus basses a été utilisée par le gouvernement, notamment par le premier ministre, Élisabeth Borne, pour vendre la réforme comme une initiative de « justice » et de « progrès social ». Une étrange stratégie de communication qui a échoué. En réalité, la mesure est devenue l’étincelle pour le déclenchement d’une indignation plus généralisée.

La « pédagogie de la servitude » de Macron.

Malgré une pression sociale croissante, Macron reste inflexible. Le relèvement de l’âge minimum de la retraite à 64 ans est « non négociable », selon le Premier ministre Borne. Le gouvernement s’oppose également à la proposition de la gauche d’organiser un référendum sur le texte impopulaire, dont l’examen commencera le 6 février à l’Assemblée nationale. « La motivation du gouvernement avec cette réforme est d’imposer une pédagogie de la servitude », a prévenu l’essayiste Emmanuel Todd dans une interview à la web-télévision QG.

    La France a rejoint le Royaume-Uni sur la liste des pays européens où les mobilisations sont importantes.

La plus grande vague de protestations depuis 2010 laisse Macron à la croisée des chemins. D’une part, s’il cède et retire le texte, il renoncera à son ADN d’incarnation du thatchérisme à la française, d’être le président qui a approuvé les réformes néolibérales que ses prédécesseurs Hollande, Sarkozy et Chirac n’ont pas osé mettre en œuvre. En revanche, s’il maintient la mesure contre la volonté d’une grande majorité de Français, il quittera son second mandat politiquement affaibli, de la même manière que Sarkozy a été affaibli après les manifestations massives contre le passage de l’âge minimum de la retraite de 60 à 62 ans.

Après l’imprudence du leader centriste qui a fait passer cette (contre) réforme en pleine guerre en Ukraine, la France a rejoint le Royaume-Uni sur la liste des pays européens à forte mobilisation.

Malgré des différences évidentes – la situation du NHS est plus dramatique que la précarité des soins de santé français – les deux cas présentent des similitudes significatives : la lassitude de leurs sociétés face à la détérioration du niveau de vie et des services publics, ainsi que la tentative de leurs gouvernements respectifs de revenir sur la voie de l’orthodoxie économique.

Macron et Rishi Sunak ont respectivement 45 et 42 ans, mais ils sont prisonniers de la vieille idéologie néolibérale. Ce sont deux vieillards incapables d’entreprendre le changement idéologique de la deuxième décennie du 21è siècle.

Enric Bonet 4/02/2023

https://ctxt.es/

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04 février 2023 ~ 0 Commentaire

2 degrés ( standford)

rechauffment

Même en réduisant les émissions, le réchauffement de 2º est probable d’ici 2054

Selon un système, le climat se réchauffera plus vite que prévu par l’accord de Paris. Une nouvelle étude a révélé que les objectifs d’émission conçus pour atteindre l’objectif climatique le plus ambitieux au monde – 1,5º Celsius au-dessus des niveaux préindustriels – pourraient en fait être nécessaire pour éviter un changement climatique plus extrême de 2º.

L’étude, publiée le 30 janvier dans Proceedings of the National Academy of Sciences, apporte de nouvelles preuves que le réchauffement climatique est en passe d’atteindre 1,5º C au-dessus des moyennes préindustrielles au début des années 2030, quelle que soit l’augmentation ou la diminution des émissions de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie.

La nouvelle estimation du « temps jusqu’au seuil » résulte d’une analyse qui fait appel à l’intelligence artificielle pour prédire le changement climatique à partir d’observations récentes des températures dans le monde entier.

« En utilisant une approche entièrement nouvelle qui s’appuie sur l’état actuel du système climatique pour faire des prédictions sur l’avenir, nous confirmons que le monde est sur le point de franchir le seuil de 1,5º C », a déclaré l’auteur principal de l’étude, Noah Diffenbaugh, climatologue à l’université de Stanford.

Si les émissions restent élevées au cours des prochaines décennies, l’IA prévoit que la Terre aura une chance sur deux de devenir plus chaude de 2 degrés Celsius en moyenne par rapport à l’époque préindustrielle d’ici le milieu du siècle, et plus de quatre chances sur cinq d’atteindre ce seuil d’ici 2060.

Selon l’analyse, cosignée par Elizabeth Barnes, spécialiste de l’atmosphère à l’université d’État du Colorado, prévoit que le monde atteindrait probablement les 2 degrés même dans un scénario où les émissions diminueraient au cours des prochaines décennies. « Notre modèle est convaincu qu’il y a déjà eu suffisamment de réchauffement pour que le seuil de 2º soit dépassé si l’atteinte des émissions nettes nulles prend encore un demi-siècle », a déclaré M. Diffenbaugh.

Cette constatation peut susciter la controverse parmi les scientifiques et les décideurs, car d’autres évaluations faisant autorité, notamment le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ont conclu qu’il est peu probable que le seuil des 2 degrés soit atteint si les émissions nettes sont réduites à zéro avant 2080.

Pourquoi un demi-degré est-il important ?

Franchir les seuils de 1,5º et 2º reviendrait à ne pas atteindre les objectifs de l’Accord de Paris de 2015, dans lequel les pays se sont engagés à maintenir le réchauffement climatique à un niveau « bien inférieur » à 2º au-dessus des niveaux préindustriels, tout en poursuivant l’objectif plus ambitieux de limiter le réchauffement à 1,5º.

La température moyenne de la planète est déjà supérieure de 1,1 °C à ce qu’elle était avant que la combustion de combustibles fossiles ne prenne son essor dans les années 1800, et la litanie des conséquences de ce réchauffement comprend des incendies de forêt plus fréquents, des précipitations et des inondations plus extrêmes, ainsi que des vagues de chaleur plus longues et plus intenses.

Comme ces effets se font déjà sentir, on prévoit que chaque fraction de degré de réchauffement planétaire intensifiera les conséquences pour les populations et les écosystèmes. À mesure que les températures moyennes augmentent, il devient plus probable que la planète atteigne des seuils – parfois appelés points de basculement – qui entraînent de nouvelles conséquences, comme la fonte des grandes calottes polaires ou la disparition massive des forêts. En conséquence, les scientifiques s’attendent à ce que les impacts soient beaucoup plus graves et étendus au-delà de 2º.

En travaillant sur la nouvelle étude, M. Diffenbaugh a déclaré qu’il avait été surpris de constater  que le monde risquait d’atteindre le seuil de 2º, même dans un scénario où les émissions diminueraient rapidement pour atteindre un niveau net nul d’ici 2076. Ce scénario,prévoit une chance sur deux d’atteindre le seuil de 2º d’ici 2054, et environ deux chances sur trois de le franchir entre 2044 et 2065.

Il est toutefois possible d’éviter un changement climatique plus extrême en réduisant rapidement les quantités de dioxyde de carbone, de méthane et d’autres gaz à effet de serre ajoutés dans l’atmosphère. Dans les années qui ont suivi le pacte de Paris sur le climat, de nombreuses nations se sont engagées à atteindre des émissions nettes nulles plus rapidement que ne le reflète le scénario de faibles émissions utilisé dans la nouvelle étude. En particulier, M. Diffenbaugh souligne que de nombreux pays ont des objectifs d’émissions nettes nulles entre 2050 et 2070, notamment la Chine, l’Union européenne, l’Inde et les États-Unis.

« Ces promesses de réduction nette du carbone s’articulent souvent autour de l’objectif de 1,5º de l’Accord de Paris », a déclaré Diffenbaugh. « Nos résultats suggèrent que ces promesses ambitieuses pourraient être nécessaires pour éviter les 2º ».

Pour tirer des enseignements du réchauffement passé

Les évaluations précédentes ont utilisé des modèles climatiques mondiaux pour simuler les trajectoires de réchauffement futur, des techniques statistiques pour extrapoler les taux de réchauffement récents et des bilans carbone pour calculer la vitesse à laquelle les émissions devront diminuer pour rester en dessous des objectifs de l’accord de Paris.

Pour les nouvelles estimations, Diffenbaugh et Barnes ont utilisé un type d’intelligence artificielle appelé réseau neuronal, qu’ils ont entraîné sur les vastes archives de résultats de simulations de modèles climatiques mondiaux largement utilisés.

Une fois que le réseau neuronal a appris des modèles à partir de ces simulations, les chercheurs ont demandé de prédire le nombre d’années avant qu’un seuil de température donné ne soit atteint, en utilisant comme données d’entrée des cartes d’anomalies de température annuelles réelles – c’est-à-dire des observations sur le degré de réchauffement ou de refroidis-sement d’un lieu au cours d’une année donnée par rapport à la moyenne pour ce même lieu au cours d’une période de référence, de 1951 à 1980.

Pour tester la précision du modèle, les chercheurs l’ont mis au défi de prédire le niveau actuel du réchauffement climatique, soit 1,1º, en se basant sur les données d’anomalies de température pour chaque année de 1980 à 2021.

La recherche a correctement prédit que le niveau actuel de réchauffement serait atteint en 2022, avec une fourchette plus probable de 2017 à 2027. Le modèle a également prédit correctement le rythme du déclin du nombre d’années jusqu’à 1,1º qui s’est produit au cours des dernières décennies.

« C’était vraiment le test décisif pour voir nous pouvions prédire le rythme que nous connaissons », a déclaré M. Diffenbaugh. « Nous étions assez sceptiques quant à l’efficacité de cette méthode jusqu’à ce que nous voyions ce résultat. Le fait que l’étude ait une telle précision augmente ma confiance dans ses prédictions du réchauffement futur. »

(Adapté de documents fournis par l’université de Stanford)

31 janvier 2023

https://climateandcapitalism.com/

 

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