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17 avril 2024 ~ 0 Commentaire

Maison d’Arrêt (Le Tél)

Les professionnels de santé dénoncent les conditions de prise en charge des patients au sein de la maison d'arrêt de Brest.
Les professionnels de santé dénoncent les conditions de prise en charge des patients au sein de la maison d’arrêt de Brest. ©Julien Saliou

Prison de Brest : « la qualité des soins se dégrade, les bagarres se multiplient »

La surpopulation carcérale à la maison d’arrêt de Brest a des conséquences sur le travail des professionnels de santé. Ils dénoncent la dégradation des soins. Les professionnels de santé de l’unité sanitaire de la prison de Brest étaient en grève en fin de matinée.

Le personnel soignant de l’unité sanitaire de la maison d’arrêt de Brest était en grève ce mercredi 17 avril 2024. Un rassemblement était organisé devant la prison de 11 h à 13 h.

Les professionnels dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail en raison notamment de la surpopulation carcérale.

470 détenus pour 256 places

Ce mercredi matin, il y avait 470 détenus pour 256 places, d’après une soignante rencontrée sur place. « Et ils étaient 486 la semaine dernière. »

Une femme, membre de l’unité sanitaire (comprenant des médecins généralistes, psychiatres, addictologues ou encore des dentistes), nous expose la situation à laquelle elle est confrontée :

En ce moment, la prison est comme une cocotte-minute. Je constate une dégradation de la santé mentale de plusieurs détenus. Au sein du centre médico-psychologique, nous avons jusqu’à un mois d’attente en ce moment. Les arrivées étant nombreuses, il faut parfois attendre jusqu’à quinze jours pour voir les nouveaux détenus, alors qu’en principe il faudrait les rencontrer dans les 24 heures.

Une professionnelle de santé

Elle regrette de devoir donner des soins de moins bonne qualité. « Pour les traitements de substitution aux drogues, nous devons voir 50 détenus en une heure. Or, ce moment est censé être un peu privilégié entre le détenu et le soignant, pour discuter de ce qui ne va pas. »

« Les bagarres se multiplient »

La conséquence, selon les professionnels de santé, des tensions qui génèrent par exemple des bagarres dans la prison, « il y en a une par jour en ce moment ».

Des tensions que ressentent forcément les surveillants. Pour l’un d’eux, présent ce matin par solidarité avec ses collègues, « beaucoup de détenus souffrent de problèmes psychiatriques. Tout le monde ne peut pas être vu à l’instant T, les agressions se multiplient. »

Et par ricochet, la charge de travail du personnel ne fait qu’augmenter. Il réclame des conditions de travail plus sereines et dignes.

« Même pour le travail de réinsertion, rien n’avance. Certains sortent de la maison d’arrêt avec des prescriptions de médicaments qu’ils ne peuvent même pas aller chercher car nous n’avons pas eu le temps de faire les démarches pour leur procurer une carte vitale. »

Julien Saliou  17 Avr 2024

https://actu.fr/bretagne/

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Maison d’Arrêt

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10 avril 2024 ~ 0 Commentaire

panneaux solaires ( Reporterre)

npa agricol

Les champs bientôt couverts jusqu’à 40 % de panneaux solaires

L’État a finalisé le décret encadrant la pratique de l’agrivoltaïsme. Un compromis sans surprise, qui laisse une marge de manœuvre importante aux industriels de l’énergie.

Encore un arbitrage qui n’a pas fini d’être critiqué. Après plus d’un an d’hésitation, le fort attendu décret censé encadrer l’agrivoltaïsme a été publié le 9 avril.

En mars 2023, la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (Aper) avait posé une première définition (art. 54) de ces installations solaires au-dessus d’une parcelle agricole sans empêcher la culture en-dessous (au moins en théorie).

Restait à régler les détails pratiques pour encadrer ces projets d’un nouveau genre. Une année entière de lobbying acharné des énergéticiens comme des syndicats agricoles — chaque monde lui-même divisé sur la stratégie à mener — a été nécessaire pour aboutir à la version finale du décret publié cette semaine et qui s’appliquera à tous les nouveaux projets agrivoltaïques déposés à compter du 9 mai prochain.

Jusqu’à 40 % de la surface agricole couverte

Pour quel résultat ? Peu de changement par rapport à ce qui avait été déjà annoncé par le gouvernement en décembre dernier. Sujet clé, le taux de couverture des parcelles : quelle part d’une parcelle cultivée un industriel pourra-t-il couvrir de panneaux ? Ce sera dans la grande majorité des cas jusqu’à 40 %. Un chiffre issu d’un compromis entre la FNSEA [Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles] et le Syndicat des énergies renouvelables — bien au-delà des préconisations des premières synthèses scientifiques.

Le syndicat Sud Recherche n’a d’ailleurs pas manqué de faire part de ses inquiétudes sur les orientations technologiques actuelles dans un courrier adressé à l’ensemble du personnel de l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

Surtout, le décret de ce mois d’avril anticipe déjà des règles plus souples pour le futur en créant une catégorie de « technologies éprouvées ». Une liste de technologies (avec des types de climat et de sol associés) encore vide aujourd’hui qui devra être complétée par l’Agence de la transition écologique (Ademe), sur la base des retours d’expérience.

Devant l’euphorie champêtre des énergéticiens, le décret maintient au moins deux garde-fous. D’abord, l’installation agrivoltaïque – pieux en métal, structure, raccordements et locaux techniques inclus — ne pourra pas faire perdre plus de 10 % de la surface agricole. Surtout, la perte de production alimentaire due à l’ombrage des panneaux devra se limiter à 10 % par rapport à une surface témoin.

Là encore, cette surface témoin ne sera pas systématique : les « technologies éprouvées » déjà évoquées pourront en être exemptées et le préfet du département pourra aussi accorder des dérogations, notamment s’il existe une installation similaire à l’échelle régionale et dans « des conditions pédoclimatiques similaires ».

Le foncier et le revenu agricole toujours mal protégés

Rassemblant pourtant nombre d’acteurs de la filière, l’association France Agrivoltaïsme « salue » dans un communiqué ce texte « attendu de longue date » mais attend désormais « des compléments essentiels » et réclame notamment un « arrêté exigeant pour des contrôles effectifs et des sanctions dissuasives ». Le décret pris reste en effet encore flou sur la manière de calculer les pertes de rendements (10 % maximum), notamment quand les panneaux sont au-dessus de pâturages destinés à l’élevage.

Enfin, la question de l’économie des projets reste toujours entière, le gouvernement ayant rapidement renvoyé ce sujet à la proposition de loi sur le partage de la valeur, déposé début mars en pleine mobilisation agricole, sans se douter que celui-ci prendrait une telle importance après les mobilisations d’agriculteurs de ce début d’année.

« Ce texte laisse la porte grande ouverte aux énergéticiens »

Sur le terrain justement, les pratiques observées par les énergéticiens suscitent déjà la contestation, notamment de la Confédération paysanne, qui annonce contester le décret devant la justice. « Ce n’est pas vraiment un cadre, car ce texte laisse la porte grande ouverte aux énergéticiens », déplore auprès de Reporterre Nicolas Fortin, éleveur dans la Vienne, en charge de l’énergie au sein du syndicat paysan. « On s’assoie sur la souveraineté alimentaire, tout en mettant une pression énorme sur le foncier. » Le résultat final de cette politique risque d’être assez peu éblouissant.

Lire aussi :

En agriculture, les bienfaits incertains de l’agrivoltaïsme

Elsa Souchay 10 avril 2024

https://reporterre.net/

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04 avril 2024 ~ 0 Commentaire

Nestlé ( France TV)

eau e

Hépar, Perrier, Vittel, Contrex… La qualité sanitaire des eaux du groupe Nestlé « pas garantie » selon une expertise remise au gouvernement

Dans cette note de l’Anses transmise au gouvernement en octobre dernier, que franceinfo dévoile, des experts évoquent un « niveau de confiance insuffisant » pour assurer « la qualité sanitaire des produits finis ».

« La sécurité sanitaire de nos produits a toujours été garantie et reste notre priorité absolue ». Telle fut la réponse que nous avait adressé le groupe Nestlé, fin janvier, lors des révélations de franceinfo sur l’utilisation de traitements illicites de purification de ses eaux minérales naturelles.

Des eaux contaminées mais traitées comme de la banale eau du robinet. Une tromperie présumée dissimulée pendant des années par la multinationale, qui était allée jusqu’à dissimuler des filtres dans des armoires électriques pour tromper les agents des contrôles sanitaires. Mais selon Nestlé, cette vaste supercherie avait été mise en place pour la bonne cause, c’est-à-dire pour garantir la sécurité sanitaire de ses produits. Or une expertise réalisée pour le compte de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) par le laboratoire d’hydrologie de Nancy, et que franceinfo et le journal Le Monde dévoilent jeudi 4 avril, semble bien moins affirmative à ce sujet.

Niveau de confiance « insuffisant »

A l’origine de cette expertise commandée par le gouvernement, il y a d’abord une demande d’appui scientifique et technique des agences régionales de santé Grand Est et Occitanie, où se trouvent les deux usines d’embouteillage du groupe Nestlé en France. Dans un courrier de juin 2023, annexé à l’expertise, le directeur de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, sollicite les services de l’agence sanitaire « au regard de la vulnérabilité » des ressources en eau du site de Vergèze, où est produite la marque Perrier. Dans cette lettre, il évoque la « présence de traitement interdits » dans l’usine, une « contamination régulière des eaux brutes sur au moins cinq des sept forages », et « la présence de micropolluants ».

C’est en octobre dernier que les experts de l’Anses, qui précisent dans leur rapport n’avoir eu accès pour mener à bien leur mission qu’à des informations « tronquées et parcellaires », ont remis au ministère de la santé leurs conclusions. Et elles sont sans appel : les non-conformités détectées attestent d’un « niveau de confiance insuffisant » pour « garantir la qualité sanitaire des produits finis », c’est-à-dire des eaux minérales naturelles commercialisées par le groupe Nestlé.

Car la contamination des ressources est généralisée, que ce soit dans la région Grand Est (Hépar, Vittel et Contrex), ou en Occitanie (Perrier). La note fait état de contaminations microbiologiques régulières (bactéries coliformes, Escherichia coli, entérocoques) sur de nombreux puits « pouvant atteindre à plusieurs reprises une concentration élevée », alors que la réglementation sur les eaux minérales naturelles ne tolère la présence d’aucune bactérie dans l’eau, que ce soit après ou avant embouteillage.

Des sources qui ne devraient plus être exploitées pour de l’eau en bouteille

Le rapport pointe aussi la présence de contaminants chimiques, notamment des Pfas, ces polluants dits éternels massivement utilisés par l’industrie, et des pesticides et leurs produits de dégradation dont la somme peut, pour certains captages, « dépasser 0,1 microgrammes par litre », c’est-à-dire le seuil réglementaire pour l’eau minérale naturelle.

Dans leurs conclusions, les experts recommandent aux autorités de mettre en œuvre un plan de surveillance renforcé des usines Nestlé, « considérant les multiples constats de contaminations d’origine fécale », « la présence chronique notable de micropolluants », et « l’absence de paramètre permettant le suivi de la contamination virale des eaux ». Mais surtout, ils affirment ne formuler « aucune recommandation » pour les produits finis, car les non-conformités détectées « ne devraient pas conduire à la production d’eaux embouteillées ». En clair, les sources contaminées ne devraient plus être exploitées pour produire de l’eau minérale naturelle, comme cela semble pourtant être encore le cas.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement est alerté d’un potentiel risque sanitaire. Dans un rapport remis au gouvernement en juillet 2022, mais resté confidentiel jusqu’aux révélations de la Cellule Investigation de Radio France et du journal Le Monde, des inspecteurs de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) affirmaient déjà qu’il « ne serait pas prudent de conclure à la parfaite maîtrise du risque sanitaire », notamment « microbiologique » des eaux du groupe Nestlé. Les inspecteurs s’inquiétaient alors du potentiel retrait des traitements illicites mis en place pour purifier les eaux, « qui serait de nature à engendrer un risque sanitaire ».

Or à ce jour, si Nestlé continue d’utiliser, avec l’assentiment du gouvernement, des micro-filtres interdits par la réglementation européenne, l’entreprise assure avoir retiré tous les autres traitements illicites (filtres à charbon, UV) pourtant nécessaires pour assurer une désinfection efficace de l’eau. C’est la quadrature du cercle. En ayant recours à des traitements, la réglementation ne permet pas à Nestlé de continuer à commercialiser ses produits sous l’appellation eau minérale naturelle, mais sans eux, la qualité sanitaire de ses eaux ne semble pas être garantie. C’est donc peut-être la continuité de l’exploitation de ses usines de production d’eau qui est désormais interrogée.

04/04/2024

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04 avril 2024 ~ 0 Commentaire

polluants éternels

Professeur à l’École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR), Khalil Hanna travaille depuis plusieurs années sur la quantification, la caractérisation et l’élimination des Pfas dans les systèmes naturels.
Professeur à l’École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR), Khalil Hanna travaille depuis plusieurs années sur la quantification, la caractérisation et l’élimination des Pfas dans les systèmes naturels. • © ENSCR

Polluants éternels : « il faut se débarrasser des PFAS qui contaminent tous les objets de notre quotidien »

Détectés sur toute la planète et dans tous les organismes vivants, les polluants éternels ou PFAS sont à l’origine de risques graves pour la santé. Ce 4 avril 2024, une proposition de loi visant à les interdire sera examinée à l’Assemblée nationale. Selon ce chercheur rennais, « il faut arrêter de produire ces composés toxiques ».

Toxiques et persistants, les PFAS, plus communément appelés « polluants éternels », sont partout. À la veille de l’examen d’une proposition de loi visant à interdire ces substances chimiques, les écologistes, qui portent le texte législatif, ont publié ce 3 avril 2024 une étude confirmant l’omniprésence de ces molécules dans l’eau de consommation courante.

Résistants à la chaleur, au froid, à l’eau

Quasi indestructibles, les substances per-et polyfluoroalkylées, ou PFAS, massivement utilisées dans l’industrie chimique, s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusqu’au corps humain, d’où l’appellation « polluants éternels ».

« C’est une large famille de plus de 12.000 composés chimiques. Ce sont des composés anthropiques donc on ne les trouve pas dans la nature, explique Khalil Hanna, physico-chimiste à l’École nationale supérieure de chimie de Rennes. Ces molécules ont des propriétés remarquables car elles sont résistantes à la chaleur, au froid, à l’huile,à l’eau. C’est pour cela que ces molécules représentent un atout industriel intéressant. »

Ces molécules sont utilisées dans divers domaines industriels pour leurs propriétés résistantes aux fortes chaleurs ou encore anti-imperméabilisantes. On les trouve dans de nombreux produits de consommation courante comme dans les composants des emballages alimentaires, dans la mousse anti-incendie. « Les pompiers y sont exposés parce qu’ils l’utilisent sur des sites d’entraînement  à côté des aéroports » indique Khalil Hanna qui travaille depuis plusieurs années sur la quantification, la caractérisation et l’élimination des Pfas dans les systèmes naturels.

Beaucoup de produits électroniques sont porteurs de ces molécules comme les téléphones portables,  les écrans tactiles, la photographie ou la lithographie. Ces polluants éternels sont également présents dans le « fart », cet enduit utilisé sur les skis pour améliorer la glisse. « C’est également utilisé comme isolant dans les fils électriques, dans certains produits ménagers ou dans le textile comme les k-way ou dans certains ustensiles de cuisine comme les poêles antiadhésives. »

On les appelle polluants éternels car ce sont des substances très récalcitrantes et persistantes. « Ils ont une structure chimique très stable » précise Khalil Hanna. Ils sont très résistants à la dégradation, à l’atténuation naturelle. Dans la nature, il n’y a pas de bactéries ou d’organismes vivants qui savent dégrader ou décomposer ces substances. C’est pour cela qu’on les appelle des composés éternels. Ils peuvent rester dans la nature des dizaines, voir des centaines d’années. »

Des molécules classées cancérogènes pour les humains

Depuis les années 1940, les PFAS – ou polluants éternels – envahissent notre quotidien et sont potentiellement cancérogènes.

En novembre 2023, deux des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) parmi les plus répandues, le PFOA et le PFOS, ont été classées « cancérogène pour les humains » et « cancérogène possible » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).

L’acide perfluorooctanoïque (PFOA) est interdit depuis 2019 en Europe. C’est aussi à ce composé qu’est consacré le film de Todd Haynes, Dark Waters, sorti en 2020. Le long métrage relate le scandale sanitaire de pollution des eaux dans l’État de Virginie, aux États-Unis, dans les années 80-90. Et le combat mené par l’avocat Robert Bilott au nom de 70.000 personnes, face au géant de la chimie DuPont.

Le contact quotidien avec ces substances nocives pourrait donc impacter notre santé.  »Pour l’instant,  on n’a pas une liste exhaustive des effets sur la santé ou en tout cas sur les organismes aquatiques, observe le chimiste rennais. La littérature a documenté un certain nombre de risques comme les cancers du sein, des testicules. Les PFAS sont des perturbateurs endocriniens qui pourraient entraîner des perturbations du système hormonal, des maladies thyroïdiennes, l’altération du système immunitaire. »

Selon certaines études, un lien a même été établi entre l’augmentation des cancers pédiatriques et les PFAS. « On ne connaît pas encore tous les effets toxicologiques de toutes les molécules, ajoute encore Khalil Hanna. Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais il y a 12.000 molécules. Parmi celles les plus utilisées et les plus trouvées dans l’environnement, on sait que le PFOA a un lien avec les cancers du rein ou des testicules. »

L’ampleur de la contamination aux PFAS a été démontrée par le quotidien Le Monde en février 2023. L’enquête, réalisée pendant près d’un an, avec 17 médias partenaires, a révélé l’existence de 17.000 sites contaminés à travers toute l’Europe dont 37 en Bretagne.

Cette carte montre les sites de contamination aux PFAS détectée et présumée en Bretagne.
Cette carte montre les sites de contamination aux PFAS détectée et présumée en Bretagne. • © Le Monde

Interdire certains PFAS dès 2025

La Convention de Stockholm interdit depuis 2009 les PFAS de la sous-famille des PFOS et restreint fortement les PFOA (utilisés notamment pour rendre les plastiques imperméables à l’eau ou à l’huile). Mais elle laisse de côté de nombreux PFAS, qui rassemblent des milliers de molécules.

Une proposition de loi, qui vise à réduire l’exposition aux PFAS, doit être examinée ce jeudi 4 avril par l’Assemblée nationale. Portée par le député EELV de Gironde, Nicolas Thierry, elle a été votée par la commission développement durable et sera débattue et soumise au vote des députés, au lendemain d’une manifestation des salariés du groupe Seb, syndicat et élus opposés à la proposition de loi.

Le texte vise à réduire l’exposition de la population aux PFAS, en interdisant à compter du 1er janvier 2025 « la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché » de certains produits qui en contiennent.

Un amendement adopté en commission prévoit ainsi d’interdire à compter du 1er janvier 2025 « tout ustensile de cuisine, produit cosmétique, produit de fart ou produit textile d’habillement contenant des substances per- et polyfluoroalkylées, à l’exception des vêtements de protection pour les professionnels de la sécurité et de la sécurité civile« .

« Pour moi, il faut arrêter de produire ces composés-là, confie Khalil Hanna. Cette proposition de loi, elle est pragmatique. Ce sont des composés toxiques qui sont partout. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’ils sont nocifs donc il faut dès maintenant interdire ça. Du moins dans le produit qui entre en contact direct avec la nourriture ou avec le corps humain comme les textiles ou les cosmétiques. Ça relève du bon sens pour moi. »

L’ensemble des textiles seront concernés par l’interdiction à compter du 1er janvier 2030. Le secteur des emballages sort du périmètre de la loi mais un règlement européen doit l’encadrer plus strictement.

Plus de contrôles dans l’eau potable

Autre mesure : l’obligation de contrôler la présence de PFAS dans les eaux destinées à la consommation humaine sur tout le territoire. Le texte demande au gouvernement un rapport proposant des « normes sanitaires actualisées pour tous les PFAS ».

La proposition de loi demande également à l’exécutif une « trajectoire de dépollution des eaux et des sols contaminés » et l’application du principe pollueur-payeur avec une contribution exceptionnelle visant les industriels rejetant des PFAS. « Cette proposition de loi, elle essaye d’appliquer le principe pollueur-payeur, cela signifie que si vous polluez, vous devrez payer un malus et participer à la dépollution. Ça, c’est important » conclut Khalil Hanna.

Yoann Etienne  04/04/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr

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03 avril 2024 ~ 0 Commentaire

éternels

 Les polluants éternels, « c’est plus qu’une histoire de poêles », alerte Camille Étienne

Les députés se penchent ce jeudi 4 avril sur une proposition de loi de l’élu écologiste Nicolas Thierry visant à interdire les polluants éternels. Certains industriels, notamment SEB, s’y opposent farouchement. Dans un documentaire, l’activiste écologiste Camille Étienne alerte sur ce qu’elle considère comme un « enjeu de santé publique ».

On les appelle PFAS (un acronyme anglais qui se prononce Pifasse, pour per et polyfluoroalkylées). Ils sont plus connus sous le nom de polluants éternels. Ces molécules sont présentes partout dans notre vie quotidienne : ustensiles de cuisine, emballages alimentaires, papier de cuisson, textiles, cosmétiques, mousse anti-incendie…

Nées d’une liaison carbone-fluor et quasi-indestructibles, ces substances, massivement utilisées par l’industrie chimique, se retrouvent dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusque dans le corps humain.

« Les PFAS ont en plus la possibilité d’être bio-accumulable, c’est-à-dire que notre corps n’a pas les capacités de les éliminer, on les accumule au cours des années », explique Camille Étienne.

L’activiste écologiste vient de leur consacrer un documentaire (Toxic Bodies, disponible sur YouTube) et appuie une proposition de loi déposée par le député Les Écologistes de Gironde, Nicolas Thierry. Elle est présentée ce jeudi 4 avril devant l’Assemblée nationale.

Pouvez-vous nous résumer l’objectif de la proposition de loi présentée ce jeudi à l’Assemblée nationale ?

Le but de la loi est d’interdire d’ici à 2026 l’utilisation de PFAS dans les cosmétiques, dans les ustensiles de cuisine et dans les textiles d’habillement, de mener des tests sur l’eau potable afin de savoir à quel point elle est contaminée et…

Ouest-France 03/04/2024

https://www.ouest-france.fr/

 

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03 avril 2024 ~ 0 Commentaire

éoliennes ( eaux et rivières )

Eoliennes en mer | Peu de zones, mal choisies

 Eoliennes en mer  Peu de zones, mal choisies

Les propositions de l’Etat pour le développement de l’éolien offshore : des zones propices trop limitées, des justifications insuffisantes, l’environnement n’est pas pris en compte

L’Etat a lancé fin 2023 un débat public sur la planification de l’espace maritime, dans lequel le développement de l’éolien en mer est un des enjeux. L’objectif affiché est de planifier à l’échelle des quatre façades métropolitaines d’importantes capacités de production d’énergie éolienne offshore (45 GW à l’échéance 2050).

Pour les associations de protection de la nature et de l’environnement du mouvement France Nature Environnement, les zones proposées par l’État sur la façade Nord-Atlantique-Manche-Ouest (NAMO) sont sujettes à interrogations.

Pour cadrer ce débat, l’État a présenté divers documents et rapports, synthétisés par deux documents cartographiques :

• d’une part, une cartographie des « zones potentiellement favorables », qui constitue de fait en creux une cartographie des zones défavorables, où l’on comprend que l’État n’envisage pas de parc éolien ;
• d’autre part, dans ces zones potentiellement favorables, il a (très tardivement pour la façade NAMO) défini des « zones propices », où il attend apparemment que se situent tous les futurs parcs éoliens à l’horizon 2050.

Or, pour la façade Nord Atlantique Manche Ouest, ces zones défavorables, selon l’État, occupent une très grande part des zones maritimes. Ceci nous parait incohérent avec les annonces définissant cette zone comme possédant le potentiel le plus important pour l’éolien offshore, et où l’État affiche les ambitions de développement les plus grandes.

Des quelques explications figurant dans le dossier du maître d’ouvrage, on comprend que les zones défavorables ont été définies en prenant en compte les contraintes liées à la défense et celles liées au transport maritime, ainsi semble-t-il, dans une certaine mesure, de considérations liées à la pêche. En revanche, il semble que les enjeux environnementaux, pourtant associés à des engagements internationaux et européens, n’aient pas été pris en compte dans cet exercice.

Au bilan, ceci conduit à concentrer les « zones propices » pour les futurs parcs éoliens sur une faible part de la surface maritime de la façade, et notamment au voisinage de zones côtières déjà disputées et surtout où se concentrent nombre d’enjeux environnementaux.

Carte-de-propositions-de-l-Etat-zones-propices-eolien-en-mer-Bretagne–Pays-de-la-Loire.pdf

Défense nationale, transport maritime, pêche : tapis rouge et l’environnement, sous le tapis

FNE, qui soutient en même temps le développement raisonné de l’éolien offshore au titre de la transition énergétique, et la protection du milieu marin au titre de la transition écologique, ne trouve pas son compte dans ce cadrage initial réalisé par l’État, qu’elle considère pour cette façade comme beaucoup trop contraint par les usages et pas assez par la protection de l’environnement et insuffisamment justifié.

Les contraintes liées à la défense nationale sont évidemment recevables ; mais leur étendue interroge, d’autant qu’elles concernent les zones où la ressource éolienne est la plus importante, et les enjeux environnementaux limités.

De même, les conditions liées à la sécurité du transport maritime sont parfaitement recevables, mais elles devraient être justifiées, dans leurs modalités comme dans leur couverture ; ainsi, le choix d’une zone tampon très importante (10 milles marins, soit plus de 18 km) autour des routes maritimes, où l’implantation d’éoliennes est exclue, n’est justifié ni par des études, ni par des références réglementaires, ni par la pratique des pays plus avancés.

Cette approche de (grande) précaution concernant la sécurité maritime n’a hélas pas été adoptée en ce qui concerne la protection de l’environnement. Ainsi, on aurait pu s’attendre à ce que les zones de protection telles que les aires marines protégées et tout particulièrement les Zones de Protection Fortes (ZPF), existantes ou futures, soient incluses dans les zones défavorables et non laissées au débat ; le choix de les en exclure aurait dû être justifié, et ce d’autant qu’aucune évaluation environnementale n’est fournie à l’appui de ce choix.

Le réseau Océan–Mer–Littoral NAMO du mouvement FNE rassemble des associations issues des deux fédérations régionales Bretagne & Pays de la Loire, agréées par l’État au titre de « la protection de l’environnement ». Leur force vive : une expertise militante avec une vision ambitieuse pour reconquérir le bon état écologique des écosystèmes marins et protéger un milieu naturel exceptionnel. FNE-Bretagne – FNE Pays de la Loire.

Enfin, il est important d’indiquer si des enjeux liés à la pêche ont été effectivement pris en compte dans ces zones défavorables, et si c’est le cas, sur la base de quelle analyse et de quelle justification, s’agissant d’occupation d’un espace commun où prime l’obligation de protection, mais où aucune règle ne priorise une activité économique plutôt qu’une autre. Constatant que ces choix conduisent à privilégier pour le développement de l’éolien à l’horizon 2040 des zones où les enjeux environnementaux sont importants et protégés, FNE Bretagne et FNE Pays de la Loire attendent des explications et des justifications de l’État en réponse à ces observations et à ces questions.

Elles rappellent que la préservation de l’environnement est un objectif d’intérêt général consacré par le droit international, le droit européen et la Constitution. C’est un devoir qui s’impose au droit d’exploiter les ressources, qu’elles soient énergétiques ou halieutiques. Cette préservation nécessite la création d’Aires Marines Protégées et de Zones de Protection Forte, où les exigences de la protection, voire de restriction, s’imposent à toutes les activités, terrestres comme maritimes.

28 mars 2024

Pour participer à la mer en débat, c’est jusqu’au 26 avril

Pour aller plus loin : découvrez nos cahiers d’acteurs postés sur le site de la La mer en débat

https://www.eau-et-rivieres.org/

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31 mars 2024 ~ 0 Commentaire

nucléaire (ODN)

Humour - CAN Commission pour des alternatives au nucléaire sud gresivaudan

Le nucléaire poursuit sa chute libre dans le monde
Le 2 décembre à Dubaï, vingt-deux États ont sans rire annoncé vouloir « tripler les capacités
de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici à 2050 » par rapport à 2020.

L’annonce, parfaitement ridicule, a été faite par John Kerry, le représentant américain à la COP28, en compagnie de plusieurs dirigeants, dont bien sûr le saltimbanque Emmanuel Macron.

Il faut noter que de nombreux pays ont été comptabilisés pour faire partie de ce projet… sans
même que leur avis n’ait été demandé ! Mais il est déjà largement permis de douter des
capacités de ces vingt-deux pays à assumer leur propre part de ce projet qui, à ce jour et
probablement pour toujours, ressemble à un vœu pieux ou une lettre au Père Noël.

.

Pour s’informer bien plus sérieusement, il fallait attendre quatre jours de plus : c’est le 6
décembre qu’a été rendu public à Bruxelles le très attendu Rapport annuel sur l’état de
l’industrie nucléaire mondiale, édition 2023 (WNISR2023). Comme tous les ans, l’équipe
menée par l’analyste indépendant Mycle Schneider aligne les données réelles en réponse aux
promesses mirifiques de l’industrie nucléaire et de ses promoteurs.
.

En 2022, les 407 réacteurs en activité dans le monde ont produit 2 546 térawattheures (TWh)
d’électricité, soit 4 % de moins qu’en 2021. L’atome ne pèse plus que 9,2 % dans le mix
électrique mondial (contre 17,1 % en 2001), son niveau le plus bas depuis quarante ans.
Une véritable chute libre qui ne va faire que s’aggraver dans les années à venir, malgré le bla-
bla des ridicules Kerry, Macron et cie…

L’énergie nucléaire connaît une « baisse spectaculaire » dans le monde
Reporterre, 6 décembre 2023 : https://urlz.fr/pC1e
Promu dans les discours à la COP28, le nucléaire n’en finit pas de décliner
Alternatives économiques, 6 décembre 2023 : https://urlz.fr/pC21

https://www.observatoire-du-nucleaire.org/

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31 mars 2024 ~ 0 Commentaire

EDF (ODN)

mars 2012 – Et vous n'avez encore rien vu…

L’envol géant des renouvelables… sauf en France !

Nous avons déjà eu l’occasion de le dire, il ne s’agit pas ici de prétendre que les énergies
renouvelables seraient exemptes de tout défaut, surtout quand elles sont installées en dépit du
bon sens et sans concertation avec les populations locales.

Mais il est par contre justifié et nécessaire de faire des constats sur l’évolution des diverses
énergies sur Terre, surtout quand divers médias (en particulier en France) continuent à faire
croire à la population que le nucléaire serait une énergie « massive et incontournable ».

Alors que les promoteurs de l’atome ne cessent de parler de nombreux futurs réacteurs qui vont « bientôt » être construits, les renouvelables sont réellement mises en œuvre, immédiatement, massivement, et dans tous les pays du monde… ou presque : on notera que la France atomique et macronisée a osé produire un avant-projet de loi sans objectif pour les renouvelables !

Le problème pour le nucléaire n’est pas seulement d’être réduit au rang d’énergie marginale,
mais aussi d’être confronté à un coût toujours plus bas des énergies renouvelables,
phénomène d’une puissance et d’une rapidité jamais vue dans l’Histoire.

Déjà, des opérateurs (dont EDF) sont parfois obligés d’arrêter des réacteurs nucléaires pour
se fournir en électricité renouvelable à des tarifs imbattables. Alors imaginez la situation dans
plusieurs années si des EPR ont pu être terminés : personne ne voudra de cette électricité
ruineuse. Les pays ayant mis des milliards dans l’atome vont le regretter amèrement…

Les renouvelables bientôt première source d’électricité mondiale, devant le charbon
Libération, 24 janvier 2024 : https://urlz.fr/pFGm

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Les renouvelables produiront plus de 40 % de l’électricité mondiale dès 2028
Agence internationale de l’énergie, janvier 2024 : www.iea.org/reports/renewables-2023
L’Allemagne a passé le cap de 50 % d’électricité verte
Les Echos, 23 décembre 2023 : https://urlz.fr/pFGv

France : avant-projet de loi énergie-climat sans les objectifs renouvelables européens !
Euractiv, 8 janvier 2024 : https://urlz.fr/pFGz

https://www.observatoire-du-nucleaire.org/

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28 mars 2024 ~ 0 Commentaire

Malgré l’accord… (Reporterre)

Malgré l'Accord de Paris, feu vert pour 20 nouveaux gisements pétrogaziers en 2023
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Malgré l’Accord de Paris, feu vert pour 20 nouveaux gisements pétrogaziers en 2023

Au moins vingt développements de champs pétroliers et gaziers ont fait l’objet d’une décision finale d’investissement en 2023. Ils devraient déboucher sur une production de 8 milliards de barils équivalent pétrole (bep), selon l’édition annuelle du Global Oil and Gas Extraction Tracker, publiée par l’ONG étasunienne Global Energy Monitor jeudi 28 mars.

En outre, dix-neuf nouveaux gisements contenant environ 7,7 milliards de barils ont été découverts en 2023. D’ici la fin de la décennie, les entreprises fossiles ont l’intention d’extraire 31,2 milliards de barils répartis sur soixante-quatre champs supplémentaires.

« Au-delà de ce que la planète peut supporter »

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait pourtant averti en 2021 qu’aucun nouveau gisement de pétrole et de gaz ne devrait être exploité afin de contenir le réchauffement global dans la limite de 1,5 °C, conformément à l’objectif de l’Accord de Paris. Mais, d’après le rapport publié ce jeudi, les producteurs d’hydrocarbures ont depuis cette date donné leur feu vert au développement de gisements renfermant au moins 16 milliards de barils et en ont découvert au moins 20,3 milliards.

« Les producteurs de pétrole et de gaz ont invoqué toutes sortes de raisons pour continuer à découvrir et à exploiter de nouveaux gisements, mais aucune d’entre elles ne tient la route. La science est claire : pas de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, sinon la planète sera poussée au-delà de ce qu’elle peut supporter », commente Scott Zimmerman, chef de projet pour le Global Oil and Gas Extraction Tracker.

https://reporterre.net/

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28 mars 2024 ~ 0 Commentaire

total (reporterre)

TotalÉnergies fête ses 100 ans : retour sur ses méfaits en 5 dates clés

 .Total Énergies fête ses 100 ans : retour sur ses méfaits en 5 dates clés

« TotalÉnergies, pionniers depuis cent ans. » Sur son site, la multinationale française du pétrole célèbre fièrement son anniversaire : en mars 1924 était créée la Compagnie française des pétroles, ancêtre de l’entreprise actuelle. Le 26 mars dernier, elle fêtait son bilan centennal en grande pompe en organisant une réception de luxe pour ses partenaires au château de Versailles, où des militants d’Alternatiba Paris, Greenpeace et des Amis de la Terre ont tenté de gâcher la fête.

Présente dans le club des cinq plus grandes compagnies pétrolières du monde, TotalÉnergies a réalisé des bénéfices records ces dernières années, à l’instar des plus de 19 milliards d’euros comptabilisés pour 2022. L’entreprise, à ce titre, est également l’un des acteurs majeurs du changement climatique, via la combustion d’hydrocarbures – pétrole et gaz – qu’elle vend autour du monde. Retour en cinq dates sur les pires méfaits de l’entreprise de Patrick Pouyanné.

  • 1971 : la désinformation climatosceptique

« Total savait » : dans une étude publiée en 2021, les chercheurs français Christophe Bonneuil, Pierre-Louis Choquet et l’Étasunien Benjamin Franta racontent comment l’entreprise avait connaissance, a minima dès 1971, du lien entre ses activités, la hausse des émissions de gaz à effet de serre, et le réchauffement en cours de la planète, aux « conséquences catastrophiques ».

Ainsi que Reporterre vous le rapportait à l’époque, les chercheurs ont épluché les archives du géant pétrolier et mené des entretiens avec d’anciens dirigeants de Total et d’Elf (compagnie absorbée par Total en 1999). Il en ressort que, malgré cette prise de conscience précoce, les deux entreprises sont entrées dans un état de « cécité volontaire », évitant scrupuleusement de mentionner le sujet, renforçant au contraire les investissements dans les énergies fossiles. Pire : les pétroliers français participèrent par la suite à la « fabrique du doute », cette propagande climatosceptique des industriels fossiles.

La stratégie s’est affinée à partir des années 1990 : au lieu de nier frontalement la réalité du changement climatique, Total et Elf ont affiché leur volonté de façade de combattre le phénomène. Reconnaissant officiellement le message des scientifiques, Total communiquait plus subtilement en tentant de minimiser l’urgence, affichait ses investissements croissants dans les énergies renouvelables et peaufinait son greenwashing. « Cela [a permis] à Total de gagner du temps, de continuer à investir massivement dans les énergies fossiles », nous résumait en 2021 Christophe Bonneuil.

  • 1992 : le torpillage de la taxe carbone

Malgré les puissants efforts de lobbying climatosceptique, un vent d’optimisme soufflait à la fin des années 1980 dans les négociations internationales pour le climat. Un projet de taxe carbone, portée par l’Europe et dont la France était l’élément moteur, devait être déployée à l’échelle mondiale après l’échéance du Sommet de la Terre de Rio de 1992. De quoi « assécher la demande mondiale en pétrole » et sortir le plus rapidement possible des énergies fossiles.

C’est ce que raconte une enquête de Mediapart qui révèle comment Total a réussi à saboter ce projet, faisant « perdre trente ans à l’action climatique ». On y apprend comment, en pleine effervescence diplomatique autour de cette future taxe carbone, les industriels des hydrocarbures, et notamment Total, ont mené ce qui sera qualifié par The Economist de « lobbying le plus féroce jamais vu à Bruxelles ».

Le projet a fini par être enterré juste avant le Sommet de Rio et durablement décrédibilisé. Les intérêts de Total avaient finalement reçu le soutien direct de l’État français, le nouveau ministre français de l’Industrie d’alors, Dominique Strauss-Kahn, s’opposant frontalement à un projet remanié de taxe carbone, lors d’un conseil européen, un mois avant Rio.

  • 1998 : les profits sulfureux en Birmanie et ailleurs…

Dès le début des années 1990, Total a collaboré au projet d’exploitation gazière Yadana, en Birmanie, pays alors dirigé par une junte militaire. Le groupe français a commencé à exploiter le gisement en 1998, au grand dam des militants locaux prodémocratie, qui dénoncaient le soutien financier apporté à la junte par l’activité de l’entreprise. Total a été également attaqué en justice pour le « travail forcé » auquel la junte aurait eu recours sur le chantier de Yadana.

L’entreprise s’est défendue de ses multiples accusations, arguant notamment qu’elle était bien obligée de s’acquitter de ses obligations financières envers l’État birman. Un discours mis à mal par des documents consultés par Le Monde en 2021. Loin de s’acquitter passivement de ses obligations, Total aurait activement participé à un montage d’énorme optimisation fiscale, permettant de maximiser ses profits au détriment des finances birmanes en contrepartie d’une rétribution des généraux au pouvoir via des comptes offshore.

Une brève expérience démocratique birmane dans les années 2010 a été interrompue par un coup d’État militaire en 2021. La répression a alors fait des centaines de morts mais Total a maintenu ses activités dans le pays avant de se retirer, en 2022, sous la pression internationale face aux dégradations des droits humains.

Un an après le début de la guerre en Ukraine, TotalÉnergies continuait malgré les sanctions de fournir du gaz russe à l’Europe. Début 2024, la major n’avait toujours pas renoncé à sa présence indirecte dans le pays.

  • 1999 : la catastrophe de l’« Erika »

Le 12 décembre 1999, le navire pétrolier Erika, affrété par Total, a fait naufrage au large de la Bretagne. Plus de 20 000 tonnes de fioul lourd se sont échappées et une marée noire historique a frappé la France. Le pétrole a souillé plus de 400 km de côtes, du Finistère à la Charente-Maritime. La catastrophe écologique est massive ; entre 100 000 et 300 000 oiseaux auraient été tués, selon les estimations réalisées quelques mois plus tard.

En 2008, le groupe Total a été condamné à l’amende maximale de 375 000 euros mais n’a pas assumé sa responsabilité et décidé de faire appel. La confirmation de la condamnation en cassation en 2012 a marqué la consécration de la notion de « préjudice écologique » dans le droit français.

Cette marée noire emblématique n’est, hélas, pas la seule catastrophe écologique majeure à laquelle le nom de Total est associé. En 2023, une enquête de L’Obs montre comment un bassin pétrolier exploité par Total au Yémen pendant vingt ans a provoqué une série de pollutions, affectant l’environnement et la santé de milliers de Yéménites.

  • 2023 : les nouvelles bombes climatiques de Total

Le bilan est déjà bien fourni, mais TotalÉnergies ne compte pas s’arrêter là. Son bilan carbone en 2023 s’élevait à environ 400 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent, en ordre de grandeur, des émissions de la France. Et encore, ces émissions pourraient être largement sous-estimées selon une enquête de Greenpeace.

L’entreprise continue d’investir dans de nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles : l’un des plus récents, le projet gazier Papua LNG, est en attente d’une décision imminente d’investissement. Le plus emblématique et contesté est aussi Eacop, son projet pétrolier en Ouganda et Tanzanie.

Alors qu’en 2021, l’Agence internationale de l’énergie soulignait dans son rapport Net Zero 2050 la nécessité de ne plus investir dans aucun nouveau projet pétrogazier, TotalÉnergies a, depuis cette date, développé au moins soixante-huit nouveaux projets que Reporterre recensait sous forme de carte.

Vincent Lucchese 28 mars 2024

https://reporterre.net/Total

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