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05 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Retraite (FR3)

biocides

« Près de la moitié des agriculteurs vont arriver à l’âge de la retraite », plus de 60% des terres bio seraient menacées

Les terres bio seraient-elles en danger du fait de nombreux départs à la retraite des agriculteurs dans la décennie à venir ? Agrobio 35 et des acteurs du territoire se mobilisent en tout cas pour le maintien en agiculture biologique des terres bio au moment de la transmission des fermes, en identifiant les terres à risque sur le département d’Ille-et-Vilaine.

2024 est la première année où les surfaces agricoles bio sont en recul en France. 62% des agriculteurs bio envisagent d’arrêter leur activité dans les 10 ans. La moitié des fermes bretonnes sont concernées par un arrêt d’activité dans les dix prochaines années. Et c’est plus vrai en Ille-et-Vilaine que dans le reste de l’Hexagone.

Face à ce constat, Agrobio35, en partenariat avec Terre de Liens, le CIVAM-IT35, et les territoires d’étude, a amorcé un travail, depuis mars 2023, autour de l’enjeu du maintien des terres bio en bio au moment de l’arrêt d’activité.

Ce jeudi, ils invitaient les agriculteur·rices bio du département, agent·es et élu·es des territoires à la restitution des résultats d’une étude menée sur 140 fermes afin de confronter vécus et idées, notamment autour de l’anticipation de la transmission et de la maîtrise du foncier.

Après avoir réalisé une première étude, en 2023 pour identifier les freins et les leviers au maintien des terres bio en bio, au moment de l’arrêt d’activité des agriculteurs et agricultrices, le travail s’est centré, au 1er semestre 2024 sur l’identification des terres à risque de non transmission en bio au moment de l’arrêt d’activité.

Cette étude s’est faite avec l’ambition de se donner les moyens d’anticiper et d’éviter toute dégradation de l’utilisation du foncier bio (retour à une agriculture chimique) en introduisant le principe de sanctuarisation des terres bio.

Anticiper la transmission des fermes

Rennes Métropole a défini dans le cadre de son PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial), sa volonté de réduire de 15% les émissions de gaz à effet de serre de l’activité agricole et d’atteindre 50% d’agriculture biologique d’ici 2030. La pérennisation des terres bio, au moment de la cession des fermes biologiques, représente donc un axe majeur pour parvenir à cet objectif.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, Rennes Métropole travaille donc ardemment sur la question agricole, considérant que l’espace agricole fait partie du territoire de la ville et voit comme essentiel le fait de garder une agriculture en circuits courts.

Pascal Verdier, chargé de mission agriculture durable à Rennes Métropole, le rappelle, « près de la moitié des agriculteurs vont arriver à l’âge de la retraite. » La collectivité travaille donc sur la question cruciale de la transmission. « Pour ça, explique-t-il, on a besoin qu’il y ait des repreneurs qui s’installent mais aussi des cédants qui anticipent suffisamment leur transmission, ce qui va leur permettre d’avoir le temps de trouver les bons repreneurs qui seront adaptés à leurs fermes et leurs projets ». 

Notre objectif, c’est d’essayer de garder des exploitations d’une taille familiale pour ne pas avoir de grosses exploitations avec des pratiques qui ne seront pas bonnes pour l’environnement. Pascal Verdier Chargé de mission agriculture durable à Rennes Métropole

« On peut agir par le foncier »

Concrètement, comment agir ? Selon lui, « on peut agir par le foncier, en ne consommant pas trop d’espace pour urbaniser, et puis aussi en sélectionnant les porteurs de projets qui vont s’installer sur des terres de Rennes Métropole. On peut travailler aussi avec les cantines de la métropole pour qu’elles achètent plus de produits bio et locaux. Enfin, il est également possible d’aider les agriculteurs pour accompagner les transmissions de leurs fermes ». 

L’intérêt de la rencontre d’aujourd’hui, pour lui, « c’est à la fois d’entendre ce que les agriculteurs disent, ce que les organisations agricoles portent comme message et puis c’est de mettre en place après des aides qui vont aider à fluidifier les choses et aller dans le bon sens ». 

« La transmission, on y a pensé dès l’installation »

La transmission, eux, ils y ont pensé dès le début de leur installation en 2019. Philippe Marchand et Emilien Mondher sont paysans fromagers à la Ferme du gros Chêne à Betton, près de Rennes. « On est associés et dès le départ on a été clairs avec notre propriétaire en lui disant qu’on ne serait pas forcément agriculteurs toute notre vie. On s’est toujours dit qu’on était de passage sur cette ferme-là et qu’il y en aurait d’autres après nous et on en sera fiers. On souhaite que la ferme puisse perdurer.

Pour ça, on accueille beaucoup de stagiaires, peut-être qu’un jour, ce seront eux qui reprendront la ferme. Si demain, on veut attirer de nouvelles générations, il faut aussi que le modèle agricole s’adapte, de manière plus souple, avec moins de capitalisation ce qui fait que les gens peuvent venir et partir plus facilement », conclut Emilien Mondher.

De son côté, Philippe « espère que la ferme continuera en bio ». Son associé renchérit : « Pour que la ferme reste en bio, il faut que la consommation suive. Les consommateurs doivent faire un choix militant lors de leurs achats car c’est comme cela qu’on aura demain des paysans et paysannes en bio », conclut Emilien Mondher. CQFD.

Laurence Postic  05/09/2024 Avec Inès Tayeb

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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05 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Barnier (Greenpeace)

ecologie-conflits-energie

Michel Barnier Premier ministre : le renouveau écologique et social n’aura pas lieu

Greenpeace France exprime son inquiétude face à la nomination de Michel Barnier comme nouveau Premier ministre.

Dans un contexte où le besoin de changement est plus pressant que jamais et où des millions de citoyennes et de citoyens se sont rendus dans les urnes pour placer le bloc de gauche, mené par le Nouveau Front populaire en tête des législatives, cette nomination s’inscrit dans la continuité d’une politique ultra-libérale maintes fois dénoncée par notre organisation pour son incompatibilité avec les enjeux de transformation radicale de notre système économique afin de répondre à la crise environnementale et sociale.

Cette nomination qui semble avoir été négociée pour satisfaire aux exigences des chefs de partis de droite et d’extrême droite n’augure rien de bon quant à la ligne politique générale qui sera donnée.

Malgré un intérêt sincère de Michel Barnier pour les problématiques environnementales et un bilan concret sur ces sujets (création de la commission nationale du débat public, loi Barnier inscrivant le principe du pollueur payeur dans la loi ainsi que la mise en place du fonds d’aides aux collectivités pour faire face aux catastrophes naturelles), Greenpeace France doute de sa capacité à répondre concrètement et rapidement aux impératifs dictés par la crise écologique actuelle.

« Cette nomination, qui a été l’objet de tractations d’appareils politiques pendant des mois, est une déception pour celles et ceux qui ont lutté avant l’été pour donner un cap politique différent à la France. Ce choix ne reflète pas le résultat des élections de juillet dernier, déclare Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Avec Michel Barnier comme Premier ministre, les espoirs de mettre la justice sociale et environnementale en haut du calendrier politique sont bien minces. L’obstination du président E. Macron à ignorer les appels des Français et des Françaises à une transformation profonde de notre modèle de société est dangereuse et ne fera qu’aggraver la fracture sociale et écologique. Continuer dans ce modèle politique capitaliste et brutal, qui écrase les femmes et les hommes et s’assoit sur l’avenir des générations futures, c’est ouvrir un boulevard pour l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en 2027. »

Le premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, a déjà prévu dans le projet de budget 2025 des coupes budgétaires alarmantes de plusieurs milliards pour la transition écologique, amputant notamment MaPrimeRénov, dédiée à la rénovation énergétique des logements ainsi que les aides pour les véhicules électriques.

Matignon prévoit également des baisses de crédits pour le Fonds vert, destiné à la transition écologique des collectivités locales. Greenpeace France demande au nouveau Premier ministre de revenir sur ces prévisions et de réallouer les budgets nécessaires à la transition, il s’agira du premier test pour ce gouvernement afin de jauger de son ambition concernant les enjeux environnementaux. L’urgence climatique ne peut pas attendre une nouvelle clarification politique en 2027.

Face à ce Président, qui persiste à ignorer les signaux d’alarme de la crise écologique et sociale, et au futur gouvernement, la société civile reste plus que jamais mobilisée. Les militantes et militants de Greenpeace France seront dans les rues le samedi 07 septembre prochain pour répondre à l’appel lancé par l’Union étudiante et l’Union syndicale lycéenne à une manifestation contre le coup de force autoritaire du président E. Macron.

5 septembre 2024

https://www.greenpeace.fr

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12 août 2024 ~ 0 Commentaire

Fait chaud! (Reporterre)

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Explosion du nombre de nuits à plus de 25 °C en 10 ans

Au cours des dix dernières années, environ 2,4 milliards de personnes (un tiers de la population mondiale) ont connu au moins deux semaines supplémentaires de nuits avec des températures supérieures à 25 °C.

Le nombre de nuits dépassant 25 °C a considérablement augmenté en dix ans dans le monde, selon une étude parue jeudi 8 août. Un phénomène notable également en France, qui gagne des territoires situés toujours plus au nord, et affecte la santé des gens.

Le groupe de scientifiques indépendants Climate Central a comparé la moyenne annuelle des nuits chaudes entre 2014 et 2023. Au cours des dix dernières années, environ 2,4 milliards de personnes (un tiers de la population mondiale) ont connu au moins deux semaines supplémentaires de nuits avec des températures supérieures à 25 °C par rapport à un monde hypothétique sans changement climatique d’origine humaine.

Encore pire en zone urbaine

Par exemple, Trinité-et-Tobago, situé dans les Caraïbes, compte désormais 47 nuits supplémentaires par an au-dessus des 25 °C, ce qui est énorme.

La ville indienne de Bombay a subi à elle seule deux mois supplémentaires de nuits chaudes. En France, le phénomène des nuits dites « tropicales » (lorsque la température ne descend pas sous les 20 °C) progresse et gagne des territoires situés toujours plus au nord.

Ce phénomène se ressent encore plus en zone urbaine où le béton des immeubles et les artères bitumées stockent la chaleur en journée pour mieux la rejeter la nuit.

Ces températures nocturnes élevées nuisent au sommeil et réduisent la récupération physique de l’organisme déjà sujet à des températures élevées en journée.

L’Organisation mondiale de la santé recommande de maintenir la température ambiante à 24 °C ou en dessous pendant la nuit – une limite au-dessus de laquelle le sommeil devient inconfortable et peut affecter la santé des personnes vulnérables (bébés, personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques).

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18 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Météo (Reporterre)

Météo du futur : les nuages au cœur du changement climatique

Météo du futur : les nuages au cœur du changement climatique

Les nuages vont jouer un rôle déterminant dans l’évolution du climat. Mais leur variété et leur complexité fait de leur intégration aux modèles climatiques un véritable défi pour les scientifiques.

Elle est décrite comme « la mission de recherche la plus complexe » de l’Agence spatiale européenne (ESA) à ce jour. Lancé en orbite le 29 mai dernier, le satellite EarthCARE de l’ESA, conçu en collaboration avec l’agence spatiale japonaise, embarque quatre instruments de pointe. Pendant au moins trois ans, ils seront braqués vers l’atmosphère terrestre afin d’y scruter l’un des plus importants et mystérieux acteurs du climat : les nuages.

« Plusieurs satellites ont déjà étudié les nuages par le passé, mais, pour la première fois, grâce à la combinaison de nos instruments, nous allons mesurer toutes leurs caractéristiques physiques en même temps. C’est ce qui intéresse les chercheurs, explique Dominique Gillieron, responsable des projets d’observation de la Terre à l’ESA, ils ont besoin d’améliorer leurs modélisations et de tester leurs modèles actuels. »

Car les nuages jouent un rôle crucial dans le système climatique de la Terre. Ils couvrent à peu près les deux tiers du globe, créant un « effet parasol » géant : en réfléchissant une partie du rayonnement solaire vers l’espace, ils nous protègent de son énergie et refroidissent le climat. Si tous les nuages disparaissaient, la Terre pourrait être plus chaude de 5 °C, selon le Programme mondial de recherche sur le climat.

Le chiffre est ancien et à prendre avec des pincettes tant la compréhension de la physique des nuages est difficile. Mais il donne un ordre de grandeur de leur influence décisive sur la température globale. Pour être plus précis, les chercheurs estiment l’énergie que l’on reçoit du soleil en calculant la puissance de rayonnement reçu, en watts, pour chaque mètre carré de surface terrestre (noté W/m2). Les nuages refroidissent ainsi la Terre d’environ 20 W/m2. À comparer aux 4,5 W/m2, qui sera le surplus (déjà énorme) emmagasiné à cause des gaz à effet de serre d’ici à 2100, dans le scénario de réchauffement médian à 3 °C.

Incertitudes climatiques

Le rôle refroidissant des nuages est donc capital. Problème : ils sont eux-mêmes perturbés par le changement climatique. Plus le climat se réchauffe, moins les nuages le refroidissent. Les chercheurs savent maintenant avec un haut degré de certitude, selon le dernier rapport du Giec, que cette boucle de rétroaction amplifie le réchauffement d’origine humaine.

Dans quelles proportions les nuages vont-ils aggraver la situation ? Cela reste l’une des principales sources d’incertitude concernant l’évolution du climat. Il est « probable » que l’effet global des nuages ajoute 0,12 W/m2 à 0,72 W/m2 pour chaque degré de réchauffement, selon le Giec, mais certains phénomènes bénéficient d’un faible degré de confiance. « La diversité des nuages, leur taille, leur épaisseur optique, leur altitude… tout cela contribue à générer de l’incertitude », explique Étienne Vignon, chargé de recherche CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique.

Pour comprendre les défis qu’affrontent les climatologues, il faut plonger un instant la tête dans les nuages. L’atmosphère contient en permanence de l’eau sous forme de gaz, en proportions variables. Mais sa capacité à en contenir est limitée : lorsqu’elle arrive à saturation, le surplus d’eau se condense, il se change en petites gouttelettes liquides, voire en cristaux de glaces, notamment selon les conditions de pression et de température. Ces gouttelettes et cristaux forment les nuages.

Effet parasol contre effet de serre

Simple ? Sauf que ces nuages ne se contentent pas de jouer un effet parasol. Ils contribuent également à l’effet de serre, c’est-à-dire à réchauffer la Terre en absorbant et émettant des rayonnements infrarouges (voir le graphique ci-dessous). Effet parasol refroidissant d’un côté, effet de serre réchauffant de l’autre, lequel des deux effets domine ? Cela dépend des nuages.

Ils peuvent notamment contenir une proportion variable de gouttelettes liquides et de cristaux de glace, ce qui a une influence importante aux latitudes tempérées car les gouttelettes ont un plus grand pouvoir réfléchissant. La taille des gouttelettes et la forme des cristaux joue également.

Météo (Reporterre) dans Altermondialisme rvezriuchezriuchzeiu
© Stéphane Jungers / Reporterre

Dans les cumulus, nuages chauds et bas à maximum 2 ou 3 km d’altitude, souvent très épais, l’effet parasol refroidissant domine. A l’inverse, les cirrus, qui flottent bien plus haut dans la troposphère, jusqu’à 14 km, sont très fins, bloquent beaucoup moins les rayons du soleil et l’effet de serre y est dominant, leur influence climatique est donc réchauffante.

Boucles de rétroactions climatiques

Le changement climatique bouleverse ces équilibres dans tous les sens. La hausse des températures va faire monter les cirrus en altitude, ce qui va renforcer leurs caractéristiques réchauffantes. D’autres processus peuvent avoir des effets contraires. « Avec le réchauffement, on s’attend à avoir moins de glace et une proportion de plus en plus importante de gouttelettes dans les nuages dans les régions de moyennes latitudes, donc une hausse de l’effet parasol et un effet refroidissant », souligne Étienne Vignon.

À l’inverse, le chercheur travaille également sur la modélisation des nuages dans l’océan Arctique et, là-bas, la boucle de rétroaction pourrait aggraver le réchauffement. « À l’automne, la banquise se réduit de plus en plus, ce qui entraîne plus d’évaporation de l’océan et donc plus de formation de nuages à basse altitude. Ceux-ci provoquent beaucoup d’effet de serre », dit-il. Comme il y a peu de soleil dans cette région à l’automne, l’effet parasol ne joue pas beaucoup. L’effet de serre, au contraire, accélère la fonte de la banquise, accélérant encore le réchauffement dans une boucle de rétroaction délétère.

Ces deux effets contradictoires restent mal compris et difficiles à quantifier. Surtout, ils ne représentent qu’une petite partie des interactions climatiques impliquant les nuages. Il faudrait y ajouter l’évolution globale de la couverture nuageuse (à chaque degré de réchauffement, l’atmosphère peut contenir 7 % d’eau en plus), la répartition des nuages (l’effet parasol couvre plus de surface avec des nuages très éparpillés que s’ils sont très concentrés), la vitesse à laquelle ces nuages se changent en pluies et disparaissent, la difficulté à anticiper la présence de ces nuages de jour ou de nuit (en l’absence de soleil, l’effet parasol est absent et l’effet de serre domine la nuit), etc.

« En Antarctique, l’effet parasol ne joue pas puisque la surface glacée blanche réfléchit déjà très bien le soleil. Mais si la glace fond et révèle un sol plus sombre, l’effet parasol des nuages devient beaucoup plus important, explique Christoph Kittel, chercheur en climatologie à l’université Grenoble Alpes. Selon la part de glace et d’eau liquide dans le nuage, les conséquences changent aussi complètement. Selon le modèle de nuage que l’on utilise, l’avenir de la fonte globale en Antarctique varie de 50 % dans le pire scénario. Des points de bascule sont possibles mais encore très mal compris. »

Les défis de la modélisation

C’est l’autre difficulté que rencontrent les chercheurs : au-delà de la complexité des nuages, se trouve celle de les modéliser dans leurs ordinateurs. « Nos modèles fonctionnent très bien et on a de bonnes indications sur l’évolution moyenne du climat. Mais il reste de fortes disparités entre modèles, notamment sur les nombreuses incertitudes liées aux nuages et il reste beaucoup de travail scientifique à faire sur la paramétrisation », note Étienne Vignon.

D’où l’intérêt de poursuivre et affiner les observations, comme le fait le satellite EarthCARE. En plus de s’intéresser à la physique des nuages et à leur rayonnement thermique, les instruments de l’ESA vont se concentrer sur les « précurseurs des nuages ». Car si l’eau se condense lorsque l’atmosphère est saturée, la formation de nuage est favorisée par la présence de poussières, sels marins, combustibles fossiles, pollens ou autres particules autour desquelles gouttelettes et cristaux vont s’agglomérer.

Or, la présence de ces aérosols dans l’air est elle-même bouleversée par le changement climatique et ajoute une couche de complexité à la compréhension de l’évolution du climat. « L’évolution des tempêtes dans le Sahara peut par exemple soulever plus de sable, l’évolution de la végétation ou les floraisons précoces liées au réchauffement peuvent changer la distribution du pollen, les tempêtes marines plus fréquentes apporter des sels dans l’atmosphère, sans parler des polluants industriels et des combustibles fossiles », énumère Dominique Gilliéron.

« Ces changements d’aérosols vont-ils favoriser la formation de cirrus qui augmentent l’effet de serre ou de cumulus à l’effet rafraîchissant ? » questionne-t-il. Les modèles auront peut-être affiné leur réponse d’ici trois ou quatre ans, lorsque le satellite aura fini sa mission. D’ici là, il reste une certitude que les climatologues rabâchent inlassablement : plus nous émettons de gaz à effet de serre, plus nous nous enfonçons dans les brumes de dérèglements catastrophiques.

Vincent Lucchese 18 juin 2024

https://reporterre.net/

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17 juin 2024 ~ 0 Commentaire

Mini Méga Bassines (LPO)

 

Mini Méga Bassines (LPO) dans Altermondialisme iStock-1150731633
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Et maintenant les «mini méga-bassines» !

Le Gouvernement multiplie les mesures en faveur de la création de retenues de substitution destinées à l’irrigation, souvent au détriment de zones naturelles. La LPO dénonce une régression écologique irresponsable visant à maintenir sous perfusion un modèle agricole obsolète et délétère, et appelle les citoyens à se mobiliser.

Jusqu’au 19 juin 2024, le ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires soumet à la consultation publique obligatoire un projet de modification de l’arrêté du 9 juin 2021 encadrant l’aménagement et l’exploitation de plans d’eau au niveau national, conformément à la rubrique 3.2.3.0 de la nomenclature annexée à l’article R. 214-1 du code de l’environnement.

La LPO demande le retrait de ce projet d’arrêté et encourage les Français à s’y opposer lors de la consultation publique en donnant un avis défavorable avant le 19 juin.

Je participe à la consultation publique

La modification envisagée consiste à soustraire de l’application de l’article 4 dudit arrêté les zones humides dont la superficie est inférieure à 1 hectare, qui représentent environ la moitié de la surface nationale estimée à 3 millions d’hectares. Selon cet article 4, l’implantation d’un plan d’eau en zone humide ne peut intervenir que s’il participe à l’opération de restauration de cette dernière, ou s’il respecte une série de conditions strictes :

  • Existence d’un intérêt général majeur ;
  • Absence d’autre solution alternative ;
  • Efficacité des mesures de réduction et de compensation de l’impact écologique.

Si l’arrêté est adopté, les plans d’eau inférieurs à 1 hectare seront désormais exonérés de toutes ces conditions, avec comme conséquence l’implantation facilitée de bassins d’irrigation artificiels de taille moyenne (des « mini méga-bassines ») en lieu et place d’habitats naturels pour la biodiversité.

Cette mesure fait suite à l’adoption en première lecture par les députés le 26 mai dernier de la Loi d’orientation agricole qui, entre autres reculs environnementaux, limite les procédures de recours suspensif contre les méga-bassines afin de faciliter leur installation.

Il est estimé qu’environ la moitié des zones humides françaises ont disparu entre 1960 et 1990, victimes du remembrement agricole et de l’urbanisation et que 41 % des milieux humides français ont continué de se dégrader entre 2010 et 2020 selon une étude des services de l’Etat.

Dans un contexte de réchauffement climatique et d’effondrement du vivant, il est irresponsable de faire disparaitre des écosystèmes qui sont essentiels pour préserver la biodiversité, réguler le cycle de l’eau et absorber du carbone. L’accaparement des ressources en eau au profit d’une poignée d’agroindustriels accentue en outre l’assèchement des bassins versants et les inégalités au sein du monde agricole.

10 juin 2024 LPO France

https://www.lpo.fr/

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21 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Bassines (Reporterre)

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20 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Méditerranée (Reporterre)

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La Méditerranée à l’épreuve d’un réchauffement extrêmement rapide

Le pourtour de la Méditerranée est l’une des régions qui se réchauffe le plus vite au monde, subissant une sécheresse critique. De la Sicile à la Tunisie, en passant par l’Andalousie, le manque d’eau devient une triste habitude. Sicile (Italie), Andalousie (Espagne), Sousse (Tunisie), reportage

C’est l’une des zones les plus touchées par le changement climatique sur notre planète. Le bassin méditerranéen subit des « conditions critiques » de sécheresse, ont alerté dès le mois de février les scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne. De la Sardaigne au Portugal, en passant par le sud de la France et l’Espagne, ces régions manquent cruellement d’eau. Le Maghreb est même considéré en « extrême gravité » par ce rapport.

Il ne s’agit pas d’un épisode exceptionnel, mais bien d’un phénomène durable, installé depuis plusieurs années et dû à une combinaison de températures élevées et de manque de précipitations. « L’augmentation observée des températures dans cette zone est plus importante que la moyenne mondiale, expliquait en mai 2023 à Reporterre l’hydroclimatologue Yves Tramblay, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement et coauteur d’un chapitre du sixième rapport du Giec consacré à la région. La planète se réchauffe, et la Méditerranée un peu plus vite. »

Le printemps avance désormais et, malgré quelques pluies, la situation ne s’améliore pas sur le pourtour méditerranéen, laissant craindre le pire pour l’été à venir.

En Sicile, des réservoirs d’eau vides

En Sicile, la plus grande île de la mer Méditerranée, nombre de réservoirs d’eau qui alimentent villes et champs sont déjà presque vides. La situation a poussé le gouvernement italien à décréter l’état d’urgence dans la région le 7 mai, pour une durée d’un an, tandis que des restrictions d’eau ont été établies pour un million d’habitants, sur les 5 millions que compte l’île.

« On parlait justement du fait qu’il ne pleut pas depuis longtemps », confie Mirella, 65 ans, accompagnée de son ami Vincenzo, en marchant dans la réserve naturelle de Santo Pietro, dans l’est de l’île. Entre septembre 2023 et avril 2024, il n’y est tombé que 191,2 mm d’eau, soit l’une des pires séries enregistrées depuis le début des relevés en 1916. Ce bois a perdu des dizaines de chênes-lièges ravagés par divers incendies estivaux ces dernières années. Mirella dit se sentir « très triste et impuissante face à la raréfaction de l’eau ».

Ces dernières décennies, les conséquences de la sécheresse sont d’ailleurs aggravées par une mauvaise gestion et l’état préoccupant de nombreuses infrastructures hydrauliques : sur les vingt-six barrages de l’île, plusieurs sont depuis longtemps hors service, et de très nombreuses canalisations sont vétustes. « Je m’inquiète beaucoup pour l’avenir des plus jeunes », assure la sexagénaire avant de souffler : « Malheureusement il y a beaucoup d’ignorance. »

« Les Siciliens n’ont pour la majorité toujours pas compris qu’il ne s’agit pas d’une urgence, mais d’un fait établi », assène Pepe Amato, membre de l’association écologiste Legambiente depuis quarante ans. La province voisine de Caltanissetta risque de se retrouver sans eau à partir du 6 juillet, le lac de barrage ressemblant davantage à une flaque qu’à un lac.

Dans les terres intérieures de cette île très agricole, les nuances de vert des blés ont disparu. À la place, des champs aux trop courts épis couleur or, brûlés par le soleil, s’étendent à perte de vue. La situation des agriculteurs est alarmante.

« À ce rythme, je devrai moissonner d’ici dix jours, car les tiges sont déjà sèches. Elles ne vont plus pousser », s’inquiète Alessio, jeune agriculteur de 25 ans, les pieds sur une terre déjà craquelée. Outre des pommes de terre et melons irrigués, il cultive au sein de l’exploitation familiale de plus en plus de céréales, car elles ne nécessitent pas d’irrigation. Il est conscient que l’on « ne pourra plus cultiver partout en Sicile à l’avenir ».

« Le jour où on n’aura plus du tout d’eau, on verra ce qu’on fait »

Face au dérèglement climatique, qui amène aussi son lot de pluies diluviennes — à l’image du printemps 2023 quand, en quelques minutes, la plupart de ses cultures ont été dévastées —, Alessio a diversifié ses cultures et teste des variétés plus résistantes à la sécheresse.

Un peu plus loin, en plein épandage d’insecticide au milieu de ses pêchers aux fruits réduits, Massimo, un agriculteur de 48 ans, ne sait pas ce que les nappes phréatiques où il pompe l’eau ont encore à offrir. « Le jour où on n’aura plus du tout d’eau, on verra ce qu’on fait et comment on s’adapte », dit-il. Alessio, lui, a peur « qu’au mois d’août, il ne reste ici qu’un désert ».

En Tunisie, cinq ans de sécheresse

À des centaines de kilomètres de là, sur la côte sud de la Méditerranée, l’inquiétude est la même. « Tout ce qu’on demande, c’est que Dieu fasse revenir la pluie », s’exclame Béchir, le doigt pointé vers le ciel. Le quinquagénaire fait passer un long tuyau noir entre des oliviers, jusqu’à ses plants de pommes de terre, dans l’est de la Tunisie.

Dans son village de Kondar, comme dans le reste du Sahel tunisien, on dépendait de l’eau provenant des barrages de la région voisine de Kairouan. Avec la sécheresse que connaît le pays depuis cinq ans, les taux de remplissage ne sont plus suffisants pour répondre aux besoins. « La seule solution, ce sont les puits », s’alarme Béchir.

Les agriculteurs de Kondar reconnaissent qu’ils ne sont pas les plus touchés. « Dans mon village, c’est pire : il n’y a plus d’eau pour faire pousser les plantes », dit un ami de Béchir, originaire de Kairouan et venu à Kondar pour fuir la sécheresse. Cependant, ils subissent déjà les conséquences de la raréfaction de l’eau : « L’année dernière, le prix du mètre cube est passé de 200 à 400 millimes [de 6 à 12 centimes d’euros] ! », lance Béchir.

L’agriculteur exploite un forage autorisé par le gouvernement, mais dans la région, certains ruraux n’hésitent plus à utiliser des forages ou des raccordements illégaux pour faire des économies.

Sur la côte, Sousse, troisième ville de Tunisie, subit aussi la baisse de la pluviométrie. Najoua et Tarek, un couple de septuagénaires, vivent avec des coupures d’eau à répétition. « Elles ont commencé en 2023 », se souvient Najoua. Régulièrement, l’approvisionnement en eau est interrompu dans l’ensemble du quartier. « D’habitude, c’est surtout la nuit. Mais en février, l’eau est restée coupée trois jours », dit Tarek.

Sur le perron, sa fille scrute l’arrivée d’un petit camion-citerne. Son conducteur explique qu’il vend de « l’eau de source » à un tarif préférentiel. Deux fois par semaine, il fait le tour des quartiers populaires. « On ne sait pas d’où ça vient, on n’achète pas », confie Najoua. Mais d’autres habitants, à court de ressources, n’ont plus le luxe de la prudence.

En Andalousie, des prières pour le retour de l’eau

En Espagne, en décembre 2023, des écoliers sont allés jusqu’à écrire aux rois mages pour réclamer de l’eau. « Cette année, je ne veux ni un portable, ni une trottinette électrique », a tracé une jeune adolescente devant sa feuille. « Ce que je veux, c’est ouvrir le robinet et qu’il en sorte une eau propre », a complété une autre. « Prendre ma douche sans que ma peau ne démange », « Que mes grands-parents puissent cuisiner sans devoir porter de lourds jerricanes »

Quelques jours avant Noël, dans les montagnes du nord de la province de Cordoue, en Andalousie, douze écoles du secteur ont publié une vidéo où les élèves demandaient de l’eau. Depuis neuf mois, un liquide malodorant, parfois saumâtre, coulait aux robinets des quelques 80 000 habitants des comarques de Los Pedroches et de Guadiato, en raison de la sécheresse.

« Le pantano [grand lac de barrage comme il en existe beaucoup en Espagne] de Sierra Boyera, qui nous alimente normalement, est le premier du pays à s’être asséché complètement, en avril 2023 », raconte Miguel Aparicio, fondateur de la plateforme Unidos por el agua (Unis pour l’eau), lancée durant cet épisode. Les pantanos sont la base du système d’approvisionnement dans ce pays sec. Quand leur niveau est trop bas, l’eau devient impropre à la consommation, en raison de la matière organique qui se concentre au fond.

« Il n’y a pas de vraies mesures d’adaptation à la nouvelle réalité climatique »

« Quand on ouvrait le robinet, s’échappait un filet d’eau marron ou jaune qui sentait le poisson pourri », poursuit Miguel Aparicio. En urgence, le gouvernement espagnol a connecté en mars le lac artificiel de Sierra Boyera à celui, voisin, de La Colada. « Mais ça fait vingt ans qu’il reçoit les eaux usées de plusieurs villages et que la pollution de l’élevage intensif y ruisselle. Notre station d’épuration ne peut assainir cela ».

« Les parents martelaient aux enfants de fermer les yeux et la bouche pour éviter le contact avec les muqueuses sous la douche, certains ont fait des réactions allergiques sur tout le corps, poursuit-il. Ma femme et moi louons une maison de tourisme rural. Dans ces conditions, personne n’est venu pendant plus d’un an. » Pour la consommation humaine, des camions-citernes se relayaient dans le centre des communes. Les habitants venaient faire la queue pour remplir bidons et bouteilles.

La solution est enfin tombée du ciel, fin mars, durant la Semaine sainte, très suivie en Andalousie. De très fortes pluies ont rechargé à 70 % le pantano de Sierra Boyera. L’eau a été déclarée potable le 22 avril. « Mais tout le monde pense que ça se reproduira, car il n’y a pas de vraies mesures d’adaptation à la nouvelle réalité climatique », avertit Miguel Aparicio, regrettant que l’Espagne continue de ne compter que sur le ciel.

À l’avenir, selon le chapitre 4 du sixième rapport du Giec, consacré au bassin méditerranéen, les sécheresses devraient devenir « plus sévères, plus fréquentes et plus longues » en cas d’émissions de gaz à effet de serre modérées. Elles s’intensifieront « fortement » si notre recours aux énergies fossiles se poursuit de manière débridée.

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19 mai 2024 ~ 0 Commentaire

Konkerne (FR3)

Le Trévignon est l'un des 14 thoniers senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO). Il pêche le thon dans l'Océan Indien.
Le Trévignon est l’un des 14 thoniers senneur de la Compagnie française du thon océanique (CFTO). Il pêche le thon dans l’Océan Indien. • © MARCEL MOCHET / AFP

À Concarneau, la filière de la pêche au thon tropical en voie de disparition ?

Activité historique à Concarneau, les armements de pêche au thon tropical sont dans la tourmente. Après la disparition de celui de Via Océan, ex-Saupiquet au début de l’année, la compagnie Française du Thon Océanique (CFTO), elle aussi basée à Concarneau, a annoncé cette semaine un plan d’économies drastiques avec notamment une baisse de 30 % des salaires des marins.

Réunion de crise à Concarneau ce vendredi 17 mai 2024 : une vingtaine de marins de la Compagnie française du thon océanique (CFTO) se sont retrouvés au cours d’une assemblée générale à l’appel de la CFDT.

Ils viennent d’apprendre que leur employeur envisage de réduire leur salaire brut de 30 % pour tenter de redresser les comptes de l’entreprise. Autres mesures sur la table des négociations : la diminution des vivres à bord des navires, l’arrêt des fournitures de tabac… Et pour économiser du gazole, la compagnie veut allonger la durée des campagnes de pêche.

15 millions d’euros de perte en 5 ans

Un plan d’économies annoncé cette semaine, en raison « de difficultés historiques » qui « ont durement et durablement impacté l’entreprise« . Forte de 15 thoniers (dont l’un sous pavillon italien), la CFTO a enregistré près de 30 millions d’euros de pertes nettes en 2020 et 2021, et n’a plus publié ses résultats depuis.

Si on diminue leur salaire de 30 %, [les marins] iront voir ailleurs.

Denis Jutteau Délégué CFDT à la CFTO

Les 260 marins de la CFTO seraient prêts à faire des concessions selon la CFDT, mais ils ne veulent pas être la seule variable d’ajustement.

« Pour l’instant, la seule chose qu’ils sont prêts à faire, c’est d’augmenter de huit à dix semaines le temps d’embarquement, rapport Denis Jutteau, délégué CFDT à la CFTO. Ils sont prêts à faire des efforts en termes de salaire, mais 30 % ça ne passera jamais. Si on diminue leur salaire de 30 % ils iront voir ailleurs. »

La pêche au thon a été très rentable pendant très longtemps. Les marins étaient extrêmement bien payés. Patrice Guillotreau Economiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD)

Les déboires de la CFTO sont d’autant plus scrutés que l’armateur breton, pionnier de la pêche au thon dans l’Océan Indien, compte la plus grande flottille française du secteur. Un secteur qui subit désormais une profonde crise.

« La pêche au thon a été très rentable pendant très longtemps. Les marins étaient extrêmement bien payés« , rappelle Patrice Guillotreau, économiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). « Les conditions ont changé : c’est une pêche peut-être un peu plus coûteuse, le poisson est de plus petite taille et moins bien valorisé par les conserveries« , ajoute l’économiste.

À Concarneau, la fin d’une filière ?

Résultat, d’importants armements français sont menacés ou ont déjà mis la clef sous la porte à commencer par l’ex-voisin concarnois de la CFTO, Via Océan, anciennement nommé Saupiquet.

En février 2024, il annonçait la « cessation définitive » de l’activité de ses thoniers senneurs (des thonnier munis d’un long filet rectangulaire de 1,5 km de longueur et 150 à 200 m de hauteur permettant d’encercler les thons) dans l’Atlantique. À l’arrêt à Abidjan, les navires ont été mis en vente tandis que 58 salariés vont être licenciés.

Un peu plus tôt, en novembre 2023, c’est l’armateur réunionnais Sapmer qui révélait la cession de trois thoniers senneurs, sous pavillon mauricien, pour cause de baisse de ses quotas.

100 000 tonnes de thons par an, pêchés par la France

Avec 100.000 tonnes de thons capturés par an, cette filière est pourtant un acteur majeur de la pêche française : ses navires débarquent un quart des volumes de poissons pêchés sous pavillon français, selon l’organisation professionnelle Orthongel.

La crise du Covid puis la guerre en Ukraine ont cependant déstabilisé les armements en provoquant des tensions sur la chaîne logistique et une flambée du prix du gazole, qui représente « 35 % du chiffre d’affaires annuel d’un thonier senneur« , selon Xavier Leduc, président d’Orthongel.
Ces énormes navires congélateurs, de 80 mètres, voire 100 mètres de long, avec 25 marins à bord, consomment entre 10.000 et 12.000 litres de carburant par jour. Et les prix du thon, fixés sur un marché mondial, « n’ont pas compensé la hausse des coûts« , souligne Xavier Leduc.

Une filière européenne dans le viseur des ONG

Dans ce contexte économique tendu, les navires français et espagnols sont pointés du doigt par un groupe d’États côtiers de l’Océan Indien qui critiquent leur technique de pêche, basée sur le recours à des milliers de dispositifs de concentration de poissons (DCP).
Ces radeaux dérivants, équipés de balises GPS et d’écho-sondeurs, facilitent les captures en attirant les thons en grande quantité. Mais ils sont critiqués pour la pollution, les prises accessoires et les importantes captures de juvéniles qu’ils engendrent.

À terme, la pêcherie va être difficile à exploiter pour les Européens, car leur place est contestée. Patrice Guillotreau Economiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD)

Des ONG, comme l’association Bloom, dénoncent ainsi la pêche « destructrice » et « industrielle » pratiquée par les senneurs européens, alors que la ressource se fait rare dans l’Océan Indien, où les stocks de thon albacore et patudo sont fortement surpêchés.

« À terme, la pêcherie va être difficile à exploiter pour les Européens, car leur place est contestée« , remarque M. Guillotreau. Vendredi, la Commission thonière de l’Océan Indien (CTOI), réunie à Bangkok (Thaïlande), a adopté une résolution réduisant progressivement de 300 à 225 le nombre de DCP autorisés par navire d’ici à 2028. Des « efforts supplémentaires » qui « menacent très sérieusement la durabilité des entreprises fortement malmenées par les crises récentes« , a regretté Orthongel dans un communiqué.

  Manon Le Charpentier

19/05/2024

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

Lire :

« La pêche française a diminué depuis 30 ans ». D’où vient le poisson qu’il y a dans nos assiettes ?

« On s’est laissé faire par la ratatouille des Sea Shepherd et compagnie », à Lorient, une nouvelle coalition pour défendre la pêche bretonne

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09 mai 2024 ~ 0 Commentaire

EPR ( ODN )

epr

Observatoire du nucleaire SCOOP – L’électricité de l’EPR coûtera 2,5 fois plus cher que celle du reste du parc nucléaire

L’EPR de Flamanville va donc être un désastre économique pour la France en plus d’être une catastrophe industrielle pour EDF

- L’électricité produite par l’EPR sera beaucoup plus chère que celle désormais produite massivement en Europe par les renouvelables

Alors que le chargement en combustible du réacteur nucléaire EPR de Flamanville a commencé le 8 mai 2024, l’Observatoire du nucléaire tient à faire savoir que, si EDF parvient dans les mois qui viennent à faire fonctionner correctement ce réacteur, malgré ses diverses tares et malfaçons dont sa cuve défectueuse, l’électricité ainsi générée sera ruineuse.

EDF maintient ce sujet dans une totale opacité afin de laisser croire que l’EPR serait compétitif, ce qui est totalement impossible pour un réacteur dont le prix est passé d’environ 3 milliards à l’origine à plus de 20 milliards : l’estimation de 19 milliards par la Cour des comptes date de 2020 et est donc inévitablement à revoir à la hausse. Il est cependant possible d’avoir une comparaison entre les coûts de production de l’électricité de l’EPR et celle du reste du parc nucléaire d’EDF.

En effet, le rapport de juillet 2023 de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur le coût de production du parc nucléaire situe la part de l’EPR à 2,5 euros/MWh pour la période 2026-2030 (1) pour un coût d’ensemble du parc nucléaire de 60,7 euros/MWh sur la même période, à savoir en moyenne une part de 1,04 euros/Mwh pour chacun des 56 réacteurs actuels.

L’électricité produite par l’EPR sera donc 2,5 fois plus chère que celle du reste du parc nucléaire d’EDF, laquelle est pourtant déjà déjà fort onéreuse comme peuvent le constater les citoyens de France qui voient leurs factures d’électricité s’envoler et leurs impôts servir à renflouer les entreprises de l’atome.

Pourtant, grâce aux productions de plus en plus massives et de moins en moins chères des énergies renouvelables, les prix de gros de l’électricité baissent très fortement en Europe (2), mais cela ne profite pas aux habitants de la France, piégés dans l’impasse nucléaire et soumis aux augmentations régulièrement annoncées par le ministre de l’économie Bruno Le Maire.

De plus, en venant s’ajouter aux productions électriques désormais largement excédentaires en Europe, la production de l’EPR va mécaniquement contribuer à faire encore plus baisser les prix de gros… et rendre le nucléaire (ancien et EPR) encore moins rentable, contraignant EDF à vendre à pertes ou à arrêter des centrales, ce qui arrive d’ores et déjà, et de plus en plus souvent, et lui coûte terriblement cher dans les deux cas. La mise enservice de l’EPR  de Flamanville va donc aggraver la situation de quasi faillite dans laquelle se trouve déjà EDF.

Alors que les énergies renouvelables viennent de dépasser le seuil de 30% de l’électricité produite sur Terre (3), et vont continuer leur montée exponentielle, le nucléaire poursuit son effondrement, passé de 17,1% en 2001 (4) à  9,2% en 2022  (5). De fait, si la France s’obstine à vouloir construire de nouveaux réacteurs (dits EPR2), dont les coûts s’envolent déjà (6) alors qu’ils n’existent même pas sur le papier, ce sera une inévitable nouvelle catastrophe économique. 

A supposer qu’EDF parvienne à construire le premier EPR2, il ne fonctionnera officiellement pas avant 2035 et probablement pas avant 2040 en réalité : il sera encore plus submergé par les renouvelables, dont la progression est exponentielle, et ne pourra probablement même pas être mis en service. Il est encore temps pour la France de sortir de l’impasse nucléaire en stoppant le programme EPR et de prendre le seul train d’avenir, celui des énergies renouvelables…

(1) https://www.contexte.com/article/energie/info-contexte-cout-du-nucleaire-le-regulateur-etrille-la-contre-evaluation-dedf_174867.html

(2) https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/electricite-l-ere-des-prix-negatifs-commence-994515.html

(3) https://www.connaissancedesenergies.org/afp/le-monde-depasse-en-2023-les-30-delectricite-dorigine-renouvelable-selon-un-rapport-240508

(4) https://www.alternatives-economiques.fr/structure-de-production-mondiale-delectricite-origine-2001-0110200355482.html

(5) https://www.connaissancedesenergies.org/sites/connaissancedesenergies.org/files/inline-images/Monde-Production-electricite-2022%20%281%29.png

(6) https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-la-facture-des-futurs-reacteurs-epr2-d-edf-grimpe-deja-en-fleche-992108.html

www.observatoire-du-nucleaire.org

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25 avril 2024 ~ 0 Commentaire

Eau de Mer (Reporterre 1)

Dessaler l'eau de mer : fausse solution, vraie catastrophe écologique
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Dessaler l’eau de mer : fausse solution, vraie catastrophe écologique

Des communes françaises se sont récemment mises au dessalement de l’eau de mer pour faire face à la sécheresse. Ce procédé a cependant des répercussions écologiques néfastes.

Faute de pluie, boirons-nous bientôt de l’eau dessalée ? L’idée peut sembler tentante, alors que le pays se dirige, lentement mais sûrement, vers une nouvelle sécheresse estivale, et que le changement climatique promet de raréfier nos ressources en eau.

Déjà adopté depuis une cinquantaine d’années sur l’île de Sein, en Bretagne, le dessalement de l’eau de mer a récemment été testé par deux autres communes françaises : le village de Rogliano, en Corse, et l’île morbihannaise de Groix, qui a mis en place l’été dernier une unité temporaire de dessalement afin de répondre à l’explosion de la demande durant la saison touristique. Transformer un bouillon de plancton, de chlorure et de sulfate en eau potable se fait cependant à un prix écologique élevé.

Dessaler avec… les énergies fossiles

Premier problème : la consommation d’énergie requise par l’opération. Plusieurs techniques de dessalement existent. On peut les diviser en deux  : les procédés thermiques, qui rendent l’eau salée potable en la distillant, et l’osmose inverse (aujourd’hui majoritaire), qui récupère l’eau douce contenue dans l’eau de mer en la faisant passer à travers une membrane.

Les premiers consomment entre 7 et 27,3 kilowatt-heure (kWh) pour 1 m3 d’eau dessalée, relèvent les chercheurs Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Élise Cassignol dans un rapport réalisé pour l’Institut français des relations internationales (Ifri) en septembre 2022. L’osmose inversée requiert quant à elle entre 2,5 et 3 kWh pour produire la même quantité d’eau douce. De nombreux projets de recherche ont été lancés, ces dernières années, afin d’augmenter la résistance des membranes au sel, et ainsi améliorer l’efficacité énergétique de ce procédé. Il n’en demeure pas moins, comme ses compères thermiques, « très énergivore », note le rapport.

La facture est d’autant plus salée que les usines de dessalement fonctionnent, dans leur immense majorité, grâce aux énergies fossiles. C’est notamment le cas aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, au Koweït et à Oman, qui font partie des plus gros producteurs d’eau dessalée de la planète.

En 2017, les énergies renouvelables ne fournissaient que 1 % de la demande d’énergie nécessaire aux quelque 20 000 stations opérationnelles à travers le monde, selon une étude publiée dans la revue Desalination. Chaque année, selon les estimations de Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Élise Cassignol, le dessalement est responsable de l’émission d’au moins 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone. D’après une étude de la Banque mondiale, si rien n’est fait pour rendre le secteur plus durable, il pourrait d’ici 2050 en émettre 280 millions supplémentaires — soit l’équivalent du volume des émissions françaises en 2021.

« Un cercle qui amplifie le dérèglement climatique »

Autre péril : les rejets toxiques. Selon une étude publiée sous l’égide des Nations unies en 2019, les usines de dessalement déversent chaque jour dans l’océan 141,5 millions de mètres cubes de saumure, un concentré d’eau de mer plus chaude, plus salée, et surtout bourrée de produits chimiques (anti-tartre, antichlore, anti-mousse…). Ce sous-produit représente un risque écologique majeur.

L’augmentation de la salinité de l’eau peut en effet amplifier, localement, le phénomène de désoxygénation de l’océan. « Si l’eau est moins oxygénée, elle peut capter moins de CO2, explique à Reporterre Christophe Mori, hydrobiologiste et maître de conférences à l’université de Corse. Avec le dessalement, on entre dans un cercle de résistance non vertueux, qui amplifie le dérèglement climatique. »

« Le dessalement devrait être la dernière chose à faire »

Les conséquences peuvent également être catastrophiques pour les organismes marins, notamment les coraux, les algues et certains mollusques. Christophe Mori se dit particulièrement inquiet pour l’avenir des herbiers de posidonies, des plantes à fleurs marines emblématiques de la Méditerranée, déjà très endommagées par les ancres des bateaux de plaisance. « À Chypre, une étude a montré que ce milieu était très détérioré, en partie à cause de la saumure. »

Ces résultats devraient selon lui nous inciter à juger le dessalement avec plus de circonspection. Les herbiers ne sont pas là « que pour faire des jolies couleurs sur la mer », insiste-t-il : « Ils augmentent la biodiversité, oxygènent la mer, stockent le carbone, freinent la houle, ce qui nous protège des tempêtes et ralentit l’érosion… » Si cette espèce venait à disparaître, « tout l’édifice de l’écosystème pourrait être déstabilisé ».

Plutôt que de miser sur le dessalement à grande échelle, l’universitaire recommande de réduire au maximum les fuites du réseau — responsables, en France, de la perte de 1 milliard de mètres cubes d’eau potable par an, soit 20 % de la production —, de réutiliser les eaux usées, et de remettre en question certains de nos usages, notamment les piscines.

« Il faut voir au cas par cas : certains pays ne peuvent pas faire autrement, et cela peut également être compliqué pour certaines îles détachées du continent qui n’ont pas de ressources en eau sur place, précise-t-il. Mais globalement, sous nos latitudes, le dessalement devrait être la dernière chose à faire. »

Hortense Chauvin 19 avril 2023

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