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10 février 2025 ~ 0 Commentaire

Climat (Médiapart)

Climat (Médiapart) dans Crise

Illustration : Justine Vernier pour Mediapart.

Climat : le réchauffement approche du point de bascule irréversible

Pour la première fois, la température moyenne du globe sur une année a dépassé de 1,5 °C les températures préindustrielles. Un seuil au-delà duquel des pertes irréversibles et des crises à répétition sont à prévoir, comme le soulignent les chercheurs depuis des décennies.

L’année 2024 restera-t-elle dans les annales comme « l’année du dépassement » ? Le moment où l’humanité a franchi le seuil symbolique d’un réchauffement de plus de 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle ? Ce seuil, considéré comme une « barrière de sécurité », les chefs d’État s’étaient engagés à ne pas le dépasser en 2015, lorsqu’ils ont signé l’accord de Paris. À la lecture des derniers bilans climatiques, le constat est implacable.

Les dix années les plus chaudes jamais enregistrées se trouvent toutes dans la dernière décennie 2015-2025. Avec une température moyenne mondiale de 15,10 °C, l’année 2024 a gagné 0,12 °C par rapport à 2023, qui était jusqu’alors en haut du podium.

Trois saisons sur quatre (hiver, printemps, été) ont connu des pics inédits. Et 2024 rafle aussi la médaille d’or de la journée la plus chaude jamais mesurée : il a fait 17,16 °C le 22 juillet sur l’ensemble du globe.

À ces tristes records s’en ajoute désormais un nouveau : après avoir consolidé six jeux de données internationales, l’Organisation météorologique mondiale a annoncé que la température moyenne à la surface du globe durant l’année 2024 a dépassé de 1,55 °C (avec une marge d’incertitude de ± 0,13 °C) la moyenne de la période 1850-1900.

Ce dépassement ponctuel ne signifie pas que nous ayons échoué à atteindre les objectifs de l’accord de Paris, peut-on lire dans tous les bilans récemment publiés sur le climat 2024 (celui de Copernicus – le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne, mais aussi celui de la Nasa ou encore du Service météorologique du Royaume-Uni). Pour confirmer que ce seuil est bel et bien dépassé, il faut attendre « au moins deux décennies », insistent les expert·es.

Un délai jugé trop long par certains climatologues, qui pointent « le risque de retarder la reconnaissance et la réaction au point de franchissement ». Dans un article publié en décembre 2023, dix d’entre eux proposaient une autre manière de déterminer le moment où ce seuil serait franchi, « en combinant les observations des dix dernières années avec les projections ou prévisions des modèles climatiques pour les dix prochaines années ».

Alors, bien sûr, le climat se mesure sur des décennies, et non sur quelques mois. Sauf qu’en réalité, d’après les données européennes, ce dépassement serait antérieur à 2024 : tous les mois depuis juillet 2023, à l’exception de juillet 2024, ont dépassé ce seuil de 1,5 °C. Et vu le rythme actuel du réchauffement (+ 0,2 °C par décennie depuis 1971 sans aucun signe de ralentissement, bien au contraire), la probabilité de dépasser 1,5 °C durant les deux prochaines décennies est quasi certaine.

D’autant plus qu’un autre record est attesté pour 2024 : celui du taux de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, qui atteint désormais 422 parties par million. En outre, contrairement aux multiples engagements des États, ce taux augmente de plus en plus rapidement. « En Europe, nos émissions ont diminué, mais globalement, elles continuent d’augmenter à un taux plus important que les années précédentes », détaille Laurence Rouil, directrice du programme de surveillance de l’atmosphère pour Copernicus.

 Des conséquences déjà visibles

« On n’est clairement pas dans les clous pour tenir ce seuil de 1,5 °C », reconnaît Wolfgang Cramer, impliqué dans les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) depuis 1992. Ce directeur de recherche au CNRS fait le lien entre ce réchauffement et les nombreux événements climatiques extrêmes qui ont marqué 2024, comme les inondations dans la région de Valence, en Espagne, en octobre 2024.

De fait, ces fortes températures de l’air se traduisent inévitablement par des records de chaleur dans les océans, ainsi que par des quantités record de vapeur d’eau dans l’atmosphère. Or, ce sont là les ingrédients parfaits pour nourrir les phénomènes de précipitations extrêmes et le développement de cyclones.

Ailleurs, ce réchauffement entraîne des périodes de sécheresse de plus en plus longues, créant les conditions idéales pour des départs de feux. On a bien sûr en tête les incendies de Los Angeles, en ce début d’année. Mais l’année 2024, comme 2023, est également marquée par de nombreux mégafeux de forêt, en particulier sur le continent américain.

Et ces énormes incendies nous plongent dans un cercle vicieux dangereux. Car non seulement ces forêts et ces prairies qui partent en fumée n’absorberont plus une partie du carbone de l’atmosphère pour croître, comme elles le faisaient jusqu’alors, mais en plus, le carbone qu’elles avaient patiemment accumulé dans les troncs, les tiges, les feuilles ou les racines finit par être relargué dans l’atmosphère.

«  2024 apparaît effectivement comme une année où la végétation n’a pas joué autant son rôle de puits de carbone, par comparaison avec les années précédentes, signale Laurence Rouil. Et l’on considère désormais que ces mégafeux représentent environ 20 % des émissions totales de CO2. »

 2024 : année hors norme ?

Bref, on voit mal comment 2024 pourrait ne pas représenter la première année d’un dépassement appelé à durer. À moins, comme le soulignent certains, qu’elle ne reste dans les annales comme une année « hors norme ». Car au-delà de nos émissions de gaz à effet de serre, plusieurs facteurs plus conjoncturels se sont combinés pour amplifier le réchauffement.

C’est d’abord le cas de l’oscillation australe El Niño, qui modifie les courants marins tous les deux à sept ans. Apparu en juin 2023, ce phénomène climatique naturel surnommé « l’enfant terrible du Pacifique » a contribué jusqu’à l’été 2024 aux températures inhabituelles et aux événements extrêmes. Il a désormais cédé la place à La Niña, censée faire baisser – un peu – le mercure. Sauf que ce n’est pas ce qui est actuellement observé : le mois de janvier 2025 a été encore plus chaud que celui de 2024…

C’est aussi le cas du Soleil, qui connaît des pics d’activité tous les onze ans. Débuté en 2019, son cycle a atteint son maximum l’an passé, expliquant notamment les fréquentes aurores boréales observées jusqu’à nos latitudes. Ce surcroît d’énergie solaire ne participerait toutefois que de quelques dixièmes de degré au réchauffement terrestre, estiment les chercheurs et chercheuses.

D’autres facteurs de variabilité internes sont également pointés du doigt, même si l’on comprend encore mal leur impact sur le réchauffement exceptionnel de ces deux dernières années : le pouvoir réfléchissant des nuages bas qui semble diminuer ou encore les fluctuations naturelles de l’océan Atlantique.

«  Les années 2023 et 2024 ont connu une conjonction rare de variabilités climatiques naturelles qui est venue se superposer à l’influence directe des activités humaines,confirme Valérie Masson-Delmotte, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement à Paris. La part du réchauffement attribuable uniquement aux conséquences des activités humaines est évaluée à 1,3 °C pour 2024. »

 Moins de pollution, mais plus de réchauffement ?

Une dernière « spécificité » actuelle pour le moins étonnante est notée par les climatologues. Il y a quatre ans, une réglementation internationale a permis de réduire de plus de 80 % la teneur en soufre dans le fioul utilisé par les navires. De manière ironique, ce progrès sur le plan de la pollution pourrait « expliquer en partie la hausse rapide des températures mondiales au cours des douze derniers mois », a conclu une équipe internationale de chercheurs et de chercheuses en décembre 2024.

En effet, en s’accumulant dans les basses couches de l’atmosphère, les particules de soufre renvoient une partie du rayonnement solaire vers l’espace, diminuant d’autant la quantité qui nous parvient. Elles ont donc un pouvoir refroidissant pour notre planète. En les réduisant, on pourrait donc paradoxalement augmenter – de moins de 0,1 °C – la température, en particulier dans les régions très fréquentées par les navires (Atlantique Nord et Pacifique Nord).

 Et maintenant ?

«  L’avenir est entre nos mains – une action rapide et décisive peut encore modifier la trajectoire de notre climat futur », souligne Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus pour le changement climatique, dans le rapport 2024 des faits climatiques marquants.

Certains travaux évalués par le Giec montrent qu’il est encore possible de revenir sous ce seuil de 1,5 °C d’ici à 2100, même après l’avoir dépassé. Pour cela, il faudrait atteindre un zéro émission nette vers 2050, c’est-à-dire un état d’équilibre où la quantité de CO2 émise est équivalente à celle réabsorbée par les écosystèmes. Mais il faudrait aussi être capable de retirer du CO2 de l’atmosphère et le stocker de manière durable. « Ce qui pose de multiples questions de faisabilité, de coût, de risques, dit Valérie Masson-Delmotte. Ce n’est pas du tout certain qu’on en soit capable. »

Ces techniques dites d’émissions négatives regroupent des approches aussi diverses que le reboisement, l’agroforesterie, les « aspirateurs » à CO2, jusqu’aux projets de géo-ingénierie controversés comme la fertilisation des océans. Des solutions qui pourraient aussi devenir un prétexte pour ne pas réduire radicalement nos émissions de gaz à effet de serre. Ce que la chercheuse anglaise en politiques environnementales Rebecca Willis nomme la « dissuasion par l’atténuation ».

«  Nous ne pouvons pas être sûrs qu’une baisse de température après un dépassement soit réalisable dans les délais prévus aujourd’hui », alertait une équipe internationale de climatologues en octobre 2024 dans la revue Nature. En outre, « du point de vue de la justice climatique, le dépassement entraîne des impacts socioéconomiques et des pertes et dommages liés au climat qui sont généralement irréversibles et qui frappent plus durement les populations pauvres ».

 Points de bascule

L’enjeu est donc de limiter au maximum ce dépassement, en agissant avant tout sur nos émissions, répètent inlassablement les scientifiques. Chaque dixième de degré en plus compte, chaque choix importe. Une planète à + 2,5 °C en 2100 (comme l’anticipent 77 % des expert·es du Giec interrogé·es par le Guardian) n’est pas du tout la même chose qu’une planète à + 1,5 °C durant quelques décennies.

Car plus le mercure grimpe, plus on s’approche des points de bascule irréversible. Sont souvent cités : la fonte des calottes glaciaires – et donc l’élévation du niveau des mers et océans –, le dégel du permafrost, la disparition des barrières de corail. Mais aussi des perturbations des courants marins, des extinctions d’espèces en chaîne. Sans parler de l’excès de mortalité chez les humains, lié à la chaleur, aux événements extrêmes, aux maladies émergentes, etc. Seul espoir dans ce tableau noir : que ces points de bascule climatique se traduisent un jour en points de bascule politique.

samedi 8 février 2025,  BARNEOUD Lise

 

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17 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Normes (Basta)

Normes (Basta) dans A gauche du PS

« Les normes environnementales ne sont pas la cause du malaise agricole »

Les mobilisations des agriculteurs sont légion cette année sans que de véritables réponses au malaise agricole soient apportées. Les mesures gouvernementales ne s’attaquent pas au principal problème, pourtant facile à identifier pour qui écoute le monde paysan, si hétérogène : le revenu. Faire en sorte que les agriculteurs et agricultrices vivent décemment de leur métier suppose des réformes et des changements structurels, pour le moment non abordés.

 dans Crise
Dorian Guinard
Maître de conférences en droit public à l’Université Grenoble-Alpes.

En lieu et place, les derniers gouvernements ont systématiquement proposé de détricoter le droit de l’environnement, accusé par le poids de ses normes de contraindre les agriculteurs dans l’exercice de leurs métiers. Cette accusation contre les normes environnementales, spécialement celles relatives aux pesticides, doit être nuancée – au minimum – pour plusieurs raisons.

En premier lieu, la santé des écosystèmes, des oiseaux des champs aux insectes, est plus que fragile : alléger les normes ne ferait qu’aggraver les facteurs de pression sur la biodiversité, qui subit déjà le changement d’affectation des terres, le réchauffement climatique et les pollutions chimiques.

En second lieu, les normes protègent aussi la santé humaine, en particulier celle des agriculteurs. Les interdictions et les limites à la commercialisation de produits risqués ou dangereux, n’ont pas été le fait de parlementaires ou de gouvernements « s’étant fait plaisir » pour reprendre les mots de la ministre démissionnaire de l’Agriculture Annie Genevard. Elles sont bien issues de réflexions fondées scientifiquement.

Offensives législatives

Les offensives législatives contre les normes environnementales sont néanmoins importantes ces derniers mois. Parmi celles-ci, une récente proposition de loi dite Duplomb – du nom du sénateur qui l’a déposée – discutée à partir du 17 décembre prochain, retient particulièrement l’attention. Elle vise à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » en mettant notamment fin aux « surtranspositions et aux sur-réglementations en matière de produits phytosanitaires ».

Passons rapidement sur le fait que les surtranspositions n’existent pas en matière de pesticides (lire cette tribune précédemment publiée sur Basta!). Cette proposition de loi introduirait quelques changements importants dans notre droit. Le premier modifierait le code de la santé publique en instaurant la possibilité pour le directeur général de l’ANSES (Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), concernant les autorisations et les retraits des produits phytopharmaceutiques, de « s’en remettre à la décision du ministre chargé de l’Agriculture ».

La version initiale, corrigée par la Commission des affaires économiques du Sénat en raison de très gros risques de violation du droit européen, permettait au Ministre de s’opposer à un retrait après « une mise en balance entre les risques sanitaires et environnementaux et les risques de distorsion de concurrence avec un autre État membre de l’Union européenne ». Cet élément économique – placé sur le même plan que les impératifs de protection des santés humaine et environnementale – est donc officiellement supprimé. Mais il signe une volonté politique de ne pas s’en remettre uniquement à la science pour autoriser ou pour retirer un produit du marché.

Réautorisation de néonicotinoïdes

La proposition de loi Duplomb entend aussi revenir sur l’interdiction législative de deux substances actives : le néonicotinoïde Acétamipride et un autre insecticide au mode d’action identique, la Flupyradifurone. Comment ? Par la suppression d’un article du code rural et de la pêche maritime qui interdit l’utilisation de ces deux substances, autorisées dans l’Union européenne, jusqu’en 2033 pour la première et jusqu’à fin 2025 pour la seconde.

Demandée principalement par les filières noisette et betterave, cette réintroduction du dernier néonicotinoïde autorisé en Europe serait une catastrophe environnementale tant les effets de l’acétamipride sur les faunes, notamment les pollinisateurs, et les vers de terre, sont documentés.

Sans même parler des effets cocktails des ces molécules dont les impacts sont documentés depuis 20 ans. L’utilisation de l’insecticide Flupyradifurone peut également constituer une menace majeure pour les insectes.

Pulvérisation de pesticides par drones

Cette proposition de loi en prolonge une autre, dite Fugit, du nom du député qui l’a déposée en octobre 2024 à l’Assemblée. Elle entend aussi revenir sur l’interdiction de pulvérisation par voie aérienne des produits phytopharmaceutiques, en autorisant celles par drones. Si cette interdiction souffre parfois de quelques dérogations, comme pour la bouillie bordelaise, ces deux propositions de loi souhaitent généraliser la pratique au nom de la protection de l’environnement !

Or, le rapport de l’ANSES publié en juillet 2022 conclut que « l’analyse des données ne permet pas, à ce stade, de dégager des conclusions générales robustes compte tenu des incertitudes observées ». Il conclut que « les performances des drones de pulvérisation apparaissent inférieures à celles de pulvérisateurs terrestres classiques ».

En l’occurrence, une directive européenne, supérieure à la loi française, dispose qu’il « convient d’interdire d’une manière générale la pulvérisation aérienne, avec possibilité de dérogation seulement lorsque cette méthode présente des avantages manifestes, du point de vue de son incidence limitée sur la santé et sur l’environnement par rapport à l’application terrestre des pesticides ou lorsqu’il n’existe pas d’autre solution viable, pourvu qu’il soit fait usage de la meilleure technologie disponible pour limiter la dérive ». Au-delà de la possible violation du droit européen ici, la protection de l’environnement n’est donc pas garantie.

Les normes environnementales, garantie de revenus

Ces reculs concernant le droit des pesticides n’amélioreront pas le revenu du monde paysan mais uniquement de certains agriculteurs, à court terme et au prix de la santé déjà fragilisée des écosystèmes. Le monde agricole, dont les externalités – notamment environnementales – nous concerne tous, ne pourra s’engager pleinement dans des transitions écologiques que si les revenus sont garantis, en rémunérant les services écosystémiques rendus par exemple. Et non en actant des reculs normatifs qui obèrent la capacité de la biodiversité à rendre lesdits services.

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07 décembre 2024 ~ 0 Commentaire

Désertification ( Reporterre)

sahara

La France rejoint les pays touchés par la désertification

Lors de la COP16 désertification en Arabie Saoudite, la France s’est officiellement déclarée touchée. Une décision qui laisse espérer une meilleure prise en compte du phénomène dans notre pays.

La désertification a longtemps été circonscrite aux pays du Sud. La problématique est pourtant mondiale, et c’est tout l’enjeu de la Convention des parties (COP) consacrée à ce sujet, dont la 16ᵉ édition se tient du 2 au 13 décembre à Riyad, en Arabie Saoudite. Moins connue que les COP climat et biodiversité, la COP sur la lutte contre la désertification vise à freiner la dégradation des terres causée par les sécheresses et les activités humaines. Et pour la première fois, la France vient d’y reconnaître qu’elle est concernée.

Mardi 3 décembre lors de la session formelle d’ouverture de la COP16, le secrétaire d’État à la Francophonie et aux Partenariats internationaux a annoncé que la France rejoignait la liste des 169 États qui se sont déclarés affectés à la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Pour Thani Mohamed Soilihi, qui conduit la délégation française à Riyad, cette décision est « un pas de plus pour prendre davantage en compte cette réalité » dans l’Hexagone.

La France se transformerait-elle en désert ? Pas tout à fait, car seul 1 % du territoire national est concerné. Il s’agit essentiellement du pourtour méditerranéen, de la Corse-du-Sud ainsi que La Réunion, la Guadeloupe et Mayotte, selon le comité scientifique français sur la désertification. Une situation sans commune mesure avec des pays beaucoup plus affectés, comme la Chine, l’Inde ou le Pakistan. La désertification affecte aujourd’hui 3,2 milliards de personnes et menace 40 % des terres émergées de la planète, selon l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Dégradation des terres

Contrairement à ce que peut sous-entendre son nom, ce phénomène ne consiste pas uniquement à l’avancée du sable sur des zones cultivées ou habitées : « La désertification ne se résume pas à l’avancée des déserts, cela se traduit surtout par la dégradation des terres des zones climatiques arides, semi-arides et sub-humides sèches », explique Frédérique Montfort, chercheuse au sein de l’association Nitidae et spécialiste de la dégradation et de la restauration des paysages forestiers.

L’évaluation de la désertification se base sur deux indicateurs : l’indice d’aridité et la dégradation des terres. Le premier concerne les zones à risque où les précipitations sont nettement inférieures à l’évapotranspiration potentielle. Le second est lié aux activités humaines telles que l’agriculture intensive, le surpâturage et l’urbanisation, ainsi que l’érosion et le dérèglement climatique.

« La désertification est un processus pouvant être graduel ou brutal, dégradant la productivité biologique de l’écosystème concerné, ce qui entraîne différentes conséquences comme la perte à long terme de végétation naturelle, le déclin de la biodiversité, la diminution de la fertilité des sols et des ressources en eau », ajoute Frédérique Montfort.

« De plus en plus de zones vont devenir arides »

Si la France est pour l’instant très peu touchée par la désertification, le processus devrait s’accélérer sous l’effet du dérèglement climatique. « Puisque les sécheresses vont devenir plus fréquentes et plus intenses, celle de 2022 devrait devenir la norme d’ici la fin du siècle selon le Giec, de plus en plus de zones vont devenir arides et donc susceptibles de désertification », dit Nicolas Gross, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

C’est par exemple déjà le cas des Pyrénées-Orientales qui n’ont connu que 252 millimètres de pluie en 2023, alors que la normale se situe à 507 mm. Les zones arides ne se limiteront pas au pourtour méditerranéen prévient le scientifique, « des territoires comme le Massif-Central seront concernés. Déjà en 2019 les éleveurs manquaient de foin pour nourrir leurs animaux à cause de la sécheresse ».

Des raisons qui ont poussé la France à changer officiellement sa position. Jusqu’à présent, elle était la seule à ne pas s’être déclarée affectée par la désertification parmi ses voisins méditerranéens comme l’Espagne, l’Italie et la Grèce. « La France clarifie enfin son statut et n’est plus une exception parmi ses voisins, se félicite Patrice Burger, président du Cari, association qui lutte contre la désertification au Sahel. Avant, elle était uniquement perçue comme un bailleur de fonds pour aider les pays les plus impactés, maintenant elle fait vraiment partie du groupe, c’est symbolique mais ça permet de renforcer le multilatéralisme. »

La désertification, pas encore une fatalité

Concrètement, la France devra rendre compte tous les quatre ans de la situation de ses territoires affectés, de présenter les mesures adoptées pour faire face à ce phénomène — un plan d’action contre la désertification — et les effets de ces mesures d’atténuation et d’adaptation.

Enfin, cette décision pourrait encourager les recherches scientifiques sur la qualité des sols et des sous-sols sur le territoire. Si beaucoup de chercheurs français travaillent sur la question de la désertification, ils opèrent quasi exclusivement dans les pays du Sud.

« La désertification n’est pas une fatalité, insiste Nicolas Gross, on peut agir. Pour contrebalancer les effets des sécheresses, il faut prévenir la dégradation des sols, protéger la biodiversité, tant animale que végétale, car elle joue un rôle essentiel dans la résilience des écosystèmes face aux sécheresses et à l’aridité croissante, détaille-t-il. Cela implique de repenser les pratiques agricoles dans un cadre agroécologique soutenu par des choix politiques forts. Et surtout, ajoute-t-il, on ne gagnera pas la lutte contre la désertification si on n’enraie pas le déclin de la biodiversité et que l’on ne réduit pas nos émissions de gaz à effet de serre, les trois sont intrinsèquement liés ».

Jeanne Cassard 6 décembre 2024 à

https://reporterre.net/

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15 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Arbres (LRLP)

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En Europe, les arbres migrent vers l’Ouest à cause de la pollution

Pendant 40 ans, les chercheurs ont étudié 266 espèces végétales des sous-bois sur 2954 placettes forestières réparties dans toute l’Europe. Surprenants, leurs résultats montrent que plus de deux tiers de ces espèces végétales se sont déplacées non pas vers le Nord, mais vers l’Ouest, à une vitesse moyenne de 3,56 km/an.

La plupart des espèces migrent lentement vers le Nord à cause du réchauffement climatique. Mais en Europe, des chercheurs ont découvert que les arbres se dirigent plutôt vers l’Ouest. La raison : un excès d’azote issu de la pollution atmosphérique.

Plus d’une quarantaine de chercheurs ont publié en octobre 2024 une étude (« Unexpected westward range shifts in European forest plants link to nitrogen deposition«  Science Vol. 386, No. 6718) qui vient rebattre ce que nous assumions jusqu’alors sur l’adaptation des espèces au dérèglement climatique et aux activités humaines.

Publiée dans la revue Science, leur étude montre que la plupart des arbres des forêts d’Europe migrent vers l’Ouest plutôt que les hautes latitudes, comme c’est souvent le cas pour les espèces végétales qui cherchent à retrouver des températures plus fraîches et appropriées à leurs besoins, face au changement climatique.

« Par exemple, en France, on a pu montrer que le gaillet à feuilles rondes (Gallium rotundifolium) a migré en altitude à une vitesse de 50 mètres par décennie entre les périodes 1905-1985 et 1986-2005. En suivant ce raisonnement, on s’attend donc à des changements de répartition des espèces plus orientés vers le Nord en latitude » précise le CNRS

Pendant 40 ans, les chercheurs ont étudié 266 espèces végétales des sous-bois sur 2954 placettes forestières réparties dans toute l’Europe. Surprenants, leurs résultats montrent que plus de deux tiers de ces espèces végétales se sont déplacées non pas vers le Nord, mais vers l’Ouest, à une vitesse moyenne de 3,56 km/an.

Plus précisément, 39% des espèces de plantes se déplacent vers l’ouest, 23% vers l’est, autant vers le sud, et seulement 15% vers le nord. Et ce, malgré un réchauffement de près de 1,6 °C en moyenne dans ces zones pendant la saison printanière et estivale.

A l’origine de ce changement de cap : la pollution causée par l’histoire industrielle de l’ouest de l’Europe, et particulièrement les dépôts d’azote. Ces espèces végétales forestières se développent davantage là où les dépôts d’azote restent en dessous des 30 kg par hectare et par an. Au-delà de ce seuil, l’excès d’azote ne stimule plus la croissance des arbres, mais au contraire, la ralentit, comme on peut le constater dans les régions endommagées par l’agriculture industrielle telles que la Bretagne.

Cette pollution d’azote est causée par les émissions liées au trafic routier, aux usines, au chauffage, à l’épandage des engrais ou des excréments d’élevages. Attention cependant à ne pas croire que cette pollution deviendrait alors bienfaisante pour les espèces végétales forestières. D’abord, ce sont avant tout les espèces végétales les plus généralistes comme le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), ou bien le gaillet mou (Galium mollugo), qui ont colonisé l’Ouest de l’Europe.

« Ces espèces généralistes, du fait de leurs moindres exigences écologiques, ont l’avantage de pouvoir se développer dans d’autres types d’habitats que les forêts (lisières, friches, prairies), contrairement aux espèces spécialistes qui poussent exclusivement en forêt » explique le CNRS.

Surtout, cette découverte nous rappelle que nous jouons avec les limites planétaires à tellement de niveaux qu’il est impossible de prédire comment les espèces vont réagir. Et donc bien plus délicat de mettre en place des stratégies d’adaptation. La biodiversité est perturbée par de multiples facteurs, et c’est à nous d’y faire attention pour mieux la préserver.

https://lareleveetlapeste.fr/

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14 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Pesticides ( Reporterre)

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La France attaquée en justice pour avoir exporté des pesticides interdits

Deux associations ont déposé un recours devant le Conseil d’État pour faire cesser l’exportation, depuis l’Hexagone, de pesticides interdits dans l’Union européenne.

« Nous avons à corriger, à amender. » Le 13 décembre 2022, Christophe Béchu, alors ministre de la Transition écologique, promettait de mettre fin à l’exportation de pesticides interdits vers des pays à la réglementation moins protectrice. Mais alors que la loi Egalim proscrit depuis 2022 l’envoi de ce type de produits dont l’usage est prohibé dans l’Union européenne, près de deux ans plus tard, rien n’a été fait.

Selon les données collectées par les ONG suisses Public Eye et Unearthed (la cellule investigation de Greenpeace au Royaume-Uni), plus de 7 300 tonnes de ces substances prohibées ont été expédiées depuis la France vers l’étranger, en 2023.

Comment cela est-il possible ? « À cause d’une faille dans la législation », explique Lorine Azoulai, ingénieure agronome et chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire chez CCFD-Terre Solidaire. Une circulaire, censée préciser les conditions d’application de la loi Egalim, la rend totalement inefficace. La circulaire indique que l’interdiction concerne les produits finis et pas les substances pures.

« Autrement dit, on ne peut pas exporter le gâteau mais on peut envoyer séparément la farine, les œufs et le sucre afin que d’autres, dans des pays lointains, fabriquent le gâteau », résume la chargée de plaidoyer. Cette faille permet aux industriels d’expédier leurs substances interdites les plus toxiques en toute légalité.

C’est pourquoi CCFD-Terre Solidaire et l’Institut Veblen ont demandé en avril dernier aux trois ministres concernés (Christophe Béchu à la Transition écologique, Marc Fesneau à l’Agriculture et Bruno Le Maire à l’Économie) d’abroger la circulaire et d’en adopter une nouvelle. Des demandes restées lettre morte. Les deux associations ont donc saisi le Conseil d’État le 7 août et déposé leurs arguments juridiques le 4 novembre.

Une circulaire contraire à la loi

Leur argumentaire repose sur deux principes : le premier est que la circulaire doit respecter les objectifs de la loi. Dans une décision du 31 janvier 2023, le Conseil constitutionnel avait estimé que l’interdiction d’exporter devait être interprétée au regard des objectifs poursuivis par la loi Egalim, à savoir la prévention des atteintes à la santé et à l’environnement liées à la diffusion de substances actives interdites dans l’Union européenne.

Le second s’appuie sur le principe de hiérarchie des normes, une circulaire devant respecter les principes constitutionnels et fondamentaux du droit européen. Ici, la circulaire va à l’encontre de la Charte de l’environnement, qui reconnaît le droit de chacun à un environnement sain. Elle viole également la Charte des droits fondamentaux de l’UE qui garantit la protection de la santé et de l’environnement. Enfin, le texte ne respecte pas la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui défend le principe de non-discrimination.

« L’État a deux mois pour répondre, mais dans la pratique, il faut attendre entre six mois et un an, et l’affaire ne sera pas jugée avant deux ans », dit Stéphanie Kpenou, chargée de plaidoyer à l’Institut Veblen.

Des conséquences néfastes

Or, il y a urgence. Si ces produits sont interdits, c’est en raison de leur dangerosité, même à faible dose. Par exemple, la picoxystrobine, fongicide utilisé dans les cultures de céréales et de soja, a été interdite dans l’UE en 2017 pour son potentiel génotoxique, c’est-à-dire sa capacité à altérer l’ADN, et sa haute toxicité pour les organismes aquatiques et les vers de terre. Le fipronil, interdit dans l’agriculture française depuis 2004, est un insecticide qui, comme les néonicotinoïdes, présente une toxicité aiguë pour les pollinisateurs.

Cette faille juridique a des conséquences dramatiques à trois niveaux. D’abord, la fabrication de substances de pesticides interdits a des effets significatifs sur l’environnement et la santé des riverains des sites de production. Nos confrères de « Vert de rage » sur France 5 l’ont démontré dans une enquête autour de deux usines en septembre dernier : Syngenta, unique producteur de thiaméthoxame à Saint-Pierre-la-Garenne (Eure), et Basf, producteur de fipronil à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime). Les prélèvements d’eau réalisés à proximité des deux usines ont révélé la présence de thiaméthoxame, interdit en France depuis 2018 (à un taux de 0,148 microgramme/litre, soit 48 % de plus que la norme de qualité recommandée) et de fipronil (à des taux plus de 300 fois supérieurs au seuil du risque environnemental).

« Les travailleurs manipulent ces substances dangereuses parfois sans gants »

Une fois expédiés à l’autre bout du monde, ces produits ont également des effets néfastes sur l’environnement et la santé des travailleurs et des populations riveraines. Or, dans ces pays à revenus faibles ou intermédiaires, les règles d’utilisation sont beaucoup moins protectrices qu’en Europe. « Les travailleurs manipulent ces substances dangereuses parfois sans gants, ni masque ni aucune protection », rapporte Lorine Azoulai.

Par exemple, dans les plantations de canne à sucre au Brésil, premier pays importateur de ces substances interdites (3 000 tonnes en 2023), l’utilisation de ces produits a entraîné des intoxications massives chez les ouvriers agricoles et les riverains. « Entre 2010 et 2019, 56 000 cas d’empoisonnement ont été recensés, dont 20 % concernent des enfants », dit Lorine Azoulai. En Côte d’Ivoire, une dizaine d’enfants sont morts des suites d’une probable intoxication alimentaire liée à la consommation d’une bouillie de maïs contaminée par un herbicide. Les bidons utilisés pour stocker la nourriture avaient servi à contenir le poison.

Le risque de l’accord avec le Mercosur

Dernière étape : le retour à l’envoyeur. Vous pensiez que les pesticides interdits au sein de l’Union européenne n’avaient aucune chance de se retrouver dans nos assiettes ? C’est faux. Café, thé, épices, légumineuses… Après analyses, l’équipe de « Vert de rage » a révélé la présence de résidus de cinq pesticides interdits dans plusieurs aliments. Ils avaient tous été exportés depuis la France.

Si le sujet est brûlant, c’est aussi en raison de la signature prochaine de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le marché commun sud-américain du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie). Bien qu’Emmanuel Macron s’y déclare opposé, il n’a rien fait pour modifier le texte ou le faire rejeter, et l’accord devrait être finalisé d’ici la fin de l’année.

Le traité prévoit de supprimer 90 % des droits de douane entre les deux zones, y compris sur l’export de pesticides interdits, et les importations de denrées alimentaires en contenant. Un accord dramatique pour la santé alors que 12 % des échantillons d’aliments importés du Brésil contiennent des résidus de pesticides interdits dans l’Union européenne, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Ces résidus de pesticides interdits ont été retrouvés dans 77 % des pommes, 60 % du riz et 53 % des haricots importés du Brésil.

Jeanne Cassard 14 novembre 2024

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07 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

DANA ( Valencia)

DANA ( Valencia) dans Altermondialisme

Tempête Dana dans l’État espagnol : catastrophe naturelle ou conséquence de l’inaction climatique ?

Daniel Geffner est médecin et militant de Anticapitalistas dans la communauté de Valence. Dans cet article écrit à chaud, quelques jours après le début de la tempête DANA (dépression isolée de haute altitude), il tire les premières leçons de cette catastrophe écologique, sociale et humaine, et appelle à transformer la solidarité populaire qui a vu le jour à cette occasion en une lutte pour une société entre égaux, où la vie et les soins sont au-dessus des profits de quelques-uns.

Alors que le nombre de morts ne cesse d’augmenter et que les images et récits choquants du drame vécu par des dizaines de milliers de personnes nous bouleversent, il apparaît de plus en plus clairement que les autorités n’ont pas agi avec la détermination et la rapidité qu’exigeait la menace annoncée.

Si les phénomènes climatiques extrêmes ne peuvent être évités, le négationnisme climatique et les coupes dans les services publics affaiblissent, voire rendent impossible, la réponse à un capitalisme prédateur qui fait passer les profits avant la vie des gens et de la planète.

La négligence criminelle du gouvernement régional et des employeurs, qui ont privilégié le business as usual au détriment du droit des travailleurs à la sécurité au travail, contraste avec l’empathie et la solidarité dont ont fait preuve les classes populaires pour venir en aide aux personnes touchées par la tempête.

L’élan de solidarité et le désir d’aider les personnes touchées montrent que face au TINA (There Is No Alternative) du thatchérisme et du néolibéralisme, avec sa religion basée sur l’individualisme et la marchandisation de la vie et de la société, il est possible de contester non seulement le discours, mais aussi la pratique en créant un pouvoir populaire d’en bas et de gauche. C’est pourquoi le 9 novembre doit devenir une mobilisation de masse en solidarité avec les personnes touchées par ta tempête et en exigeant la démission du président de la Generalitat Valenciana, Carlos Mazón.

Une normalité anormale

La tempête a frappé la région de Valence avec une force extrême en ce tragique octobre 2024, qui dépasse déjà en nombre de morts et de destructions les inondations du siècle dernier, alors que le nombre de morts et de disparus continue d’augmenter[1] et que l’aide à la population touchée n’arrive pas 3 jours après le début de la tempête. L’électricité, l’eau courante et la couverture de téléphonie mobile n’ont toujours pas été rétablies et les routes sont toujours coupées ou inaccessibles dans de nombreux endroits. Les images choquantes et les récits des drames subis par des dizaines de milliers de personnes nous bouleversent et nous voyons grandir une vague d’empathie et de solidarité avec les personnes touchées.

Les faits montrent que les autorités n’ont pas agi avec la prudence, la détermination et la rapidité qu’exigeait la menace annoncée. En témoignent les retards dans l’activation de l’alarme par le gouvernement de Valence, le manque de coordination des services de protection[2] – qui a entraîné des retards dans l’acheminement de l’aide critique -, ou encore l’effondrement des centraux téléphoniques dû à la surprise de la majorité de la population face aux débordements. À tout cela, il faut ajouter le refus du gouvernement de Valence de recevoir l’aide des pompiers d’autres communautés qui étaient déjà prêts à venir à la rescousse[3].

La négligence criminelle du gouvernement a été soutenue par la collusion avec une classe d’affaires qui aurait fait pression sur le gouvernement pour qu’il n’active pas le feu rouge et continue ainsi à faire des affaires, en espérant que les pluies ne se terminent pas comme elles l’ont fait. Ce pari sur le marché et la boussole du profit a conduit les patrons à privilégier le business as usual sur le droit des travailleurs à la sécurité de l’emploi.

Les capitalistes n’ont pas changé de cap, et leurs profits l’ont emporté sur le droit à la vie et à la sécurité de leurs employés.

La normalité anormale face à la tempête a laissé les travailleur.ses enfermé.es sur leur lieu de travail, ou au volant de leur véhicule lorsque l’inondation a progressé par vagues rapides et meurtrières, alors que l’alarme de la protection civile a retenti sur les téléphones portables à 20h15, après la fin de la journée de travail pour une grande partie de la population, et deux heures après les débordements, ce qui a provoqué l’effondrement des routes avec des centaines de voitures qui rendent désormais difficile l’accès aux populations les plus touchées.

L’administration ne s’est pas non plus mieux comportée avec les employés publics qui n’étaient pas indispensables au travail face à la tempête (administration, enseignants, santé, fonctionnaires). L’occultation de l’alerte rouge par le gouvernement a fait que les élèves sont allés à l’école normalement, et les écoles et les établissements préscolaires n’ont pas été fermés par mesure de précaution.

Si les phénomènes météorologiques extrêmes ne peuvent être évités, leurs effets dévastateurs peuvent être atténués en prévoyant et en surveillant leur évolution, ainsi qu’en élaborant des plans et des actions d’urgence et en les dotant de ressources humaines et matérielles suffisantes[4].

Un exemple qui montre que l’impact de la tempête aurait été bien moindre si la gestion n’avait pas été déficiente est celui de l’UV (Universitat de València) qui, face aux alertes émises par l’AEMET le 28 octobre, a décidé d’annuler les activités d’enseignement et plus tard, le 29, lorsque l’alerte est devenue code rouge, a décidé d’annuler toutes les activités, évitant ainsi des milliers de déplacements[5].

Un négationnisme climatique criminel

Cette insensibilité de la classe d’affaires et du gouvernement, qui a eu des conséquences tragiques, contraste avec l’empathie et la solidarité dont ont fait preuve les classes populaires en aidant les personnes touchées par la tempête, en surmontant l’inconfort, en offrant un logement pour passer une nuit terrible dans la maison d’un étranger par solidarité, et même dans certains cas en prenant des risques avec leur propre vie pour sauver celle d’un étranger.

La crise climatique et le réchauffement de la planète, selon la science, augmentent la fréquence et l’intensité de ces événements météorologiques extrêmes, et la région méditerranéenne est la plus vulnérable.

Le négationnisme climatique du gouvernement Mazón est à l’origine des échecs de la réponse à la tempête. L’inaction et les retards sont motivés par une idéologie de négation de la crise climatique.

Dans le domaine de la santé publique, nous avons eu l’exemple des effets néfastes sur la santé du négationnisme propagé et financé par l’industrie du tabac. En semant le doute sur ses effets pervers, puisque « le cancer du poumon existait naturellement », les mesures de prévention ont été retardées, et l’industrie, en semant ces doutes, n’a pas hésité à continuer à tirer profit de son activité. Le négationnisme climatique est néfaste car il empêche d’agir sur les risques et menaces réels, ainsi que sur les causes qui les provoquent.

Le départ de Vox du gouvernement valencien n’a pas changé d’un iota la pratique négationniste du PPCV (Parti populaire de la Communauté valencienne). L’extrême droite a également marqué de son empreinte la loi de concorde et sa politique éducative contre la langue et la culture valenciennes. L’extrême droite a fixé l’agenda et ce qui a été convenu à l’époque avec le PP est toujours en vigueur, signe de la « lepénisation des esprits », c’est-à-dire de la normalisation de son discours et de sa vision réactionnaire[6].

Si le négationnisme climatique nourrit l’inaction du gouvernement régional, l’orientation néolibérale de réduction des services publics essentiels affaiblit la capacité à répondre à des événements comme cette tempête. Les attaques contre l’État social, l’externalisation et la privatisation des services publics – qui sont l’affaire de tous – sont accentuées par la réduction des impôts pour les riches. Ces œillères négationnistes et néolibérales justifieraient la fermeture de l’unité d’urgence de Valence. C’est un exemple de ce qu’il ne faut pas faire en cas d’urgence climatique.

La vision selon laquelle le changement est déjà là et que cette décennie est vitale pour relever le défi de la décroissance en l’articulant avec la justice sociale et l’amélioration de la qualité de vie, appelle à une action ferme et énergique contre un capitalisme prédateur qui fait passer ses profits avant la vie des gens et la santé de la planète.

Une marée de solidarité

Horta sud-Valencia, Paiporta, Sedavi, Chiva, Utiel et tant d’autres villes ont été témoins de la marée humaine de solidarité qui a aidé de toutes les manières possibles, en offrant un abri, de la nourriture, de la compagnie, en nettoyant, en donnant de l’affection et en respectant le chagrin que tant de familles sont encore en train de vivre.

Des leçons de vie dans les moments critiques, et certainement une bonne leçon pour le retour à la routine : apprendre à transformer cette solidarité populaire en une lutte pour une société entre égaux où la vie et les soins sont au-dessus des profits de quelques-uns, ainsi qu’à mettre en place des plans de reconstruction très éloignés des modèles de spéculation urbaine qui, depuis les années 1960, s’étendent dans les zones inondables et à risque.

Faisons monter la marée face à l’adversité, afin d’organiser cette solidarité et cet élan de défense de la vie contre le profit et l’égoïsme d’une minorité puissante et dangereuse.

Il est temps de continuer à créer un pouvoir populaire d’en bas et de gauche.

Mais une fois le deuil assumé, avec tout le respect et la solidarité envers les personnes touchées, le moment est venu de demander des comptes au gouvernement de Carlos Mazón pour sa négligence criminelle dans la réduction de l’impact de la tempête, qui a laissé tant de personnes sans défense, terrifiées et avec tant de morts.

C’est pourquoi nous nous joignons à l’appel à une manifestation le 9 novembre à Valence pour exiger la démission de Mazón, pour négligence criminelle[7] Il ne peut pas être responsable s’il n’a pas été capable de défendre la vie et la sécurité de tant de Valenciens.

*

Publié le 2 novembre dans la revue Viento Sur.

Traduction, titre et intertitres : Contretemps.

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20 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Nukléaire (Reporterre)

Dans le monde, le nucléaire ne fait plus rêver

Dans le monde, le nucléaire ne fait plus rêver

Les capacités mondiales de l’électricité d’origine nucléaire continuent de décliner. Les chantiers sont retardés ou annulés, et les coûts stratosphériques. Les renouvelables, eux, continuent leur envolée.

C’est devenu le marronnier du monde nucléaire, le rendez-vous annuel qui propose un état des lieux chirurgical de l’industrie atomique à travers le monde. Réalisé par des experts indépendants et coordonné par Mycle Schneider, analyste indépendant en énergie et politique nucléaire, le rapport sur l’état de l’industrie nucléaire dans le monde (WNISR) est rendu public le 19 septembre à Vienne en Autriche.

Depuis plusieurs années, il révèle minutieusement l’écart entre la communication débridée d’une industrie en pleine relance et sa réalité factuelle : chantiers retardés ou annulés, projets suspendus, coûts stratosphériques. « Faire un rapport annuel nous permet de vérifier si les tendances identifiées les années précédentes se confirment ou s’il existe des ruptures entre 2023 et 2024 », dit Mycle Schneider, son coordinateur.

« Le fossé entre la perception du public sur le nucléaire et la réalité industrielle du secteur est remarquable. Ce rapport est beaucoup plus qu’un ramassis de statistiques, bourré d’informations. Il s’agit d’un travail analytique sur plus de 500 pages. C’est inégalé. » À côté, le World nuclear performance report (WNPR) de la world-nuclear.org — une organisation internationale qui fait la promotion de l’industrie nucléaire — ne pèse que trente-trois pages.

Qu’apprend-on dans le rapport du WNISR ? Les capacités mondiales de l’électricité d’origine nucléaire continuent de décliner. En 2023, cinq nouveaux réacteurs (d’une capacité combinée de 5 gigawatts (GW)) ont été mis en service en Biélorussie, en Chine, en Slovaquie, en Corée du Sud et aux États-Unis. Cinq autres — pour une capacité totale de 6 GW — ont été mis à l’arrêt.

Ainsi, les capacités nucléaires ont baissé d’1 GW. À mi-2024, 408 réacteurs (367 GW) sont en fonctionnement dans le monde, contre 407 en 2023. Lors du premier semestre 2024, quatre unités ont complété le mix énergétique en Chine, en Inde, aux Émirats arabes unis et aux États-Unis. Trois réacteurs ont été fermés en Allemagne, un en Belgique et le dernier à Taïwan. Si la production d’électricité d’origine nucléaire a augmenté de 2,2 % en 2023, la part de cette énergie dans la production d’électricité mondiale s’élève à 9,1 %, soit un peu plus de la moitié du pic constaté en 1996 qui plaçait l’électricité d’origine atomique à 17,5 % du mix électrique mondial.

La Chine est la locomotive du secteur

Au total, 59 projets de construction sont répartis dans treize pays, dont 23 ont pris du retard. Avec 27 réacteurs actuellement en construction à domicile, la Chine est la véritable locomotive du secteur. La Russie, elle, domine le marché à l’international : elle construit actuellement 26 réacteurs dont une vingtaine dans sept pays différents. À eux deux, Chine et Russie ont démarré la mise en œuvre de 35 réacteurs depuis décembre 2019.

La France aussi construit à l’étranger, plus précisément à Hinkley Point en Grande-Bretagne où deux unités accusent déjà un retard de livraison, la mise en service étant prévue pour 2029-2031. « On ne regarde pas la trajectoire énergétique mondiale comme on regarde une photo, il faut regarder le film », prévient Mycle Schneider. « Il y a une déconnexion entre les processus de prises de décision politique et la réalité industrielle. Par exemple, il ne suffit pas d’une loi d’accélération pour que tout accélère ! »

Le rapport se plaît à décortiquer, au cas par cas, les situations des pays nucléarisés. En Belgique, la production d’électricité d’origine nucléaire a chuté de 25 % en 2023. D’ici à 2025, 3 des 5 unités restantes doivent fermer, l’exploitation des 2 unités les plus récentes est, elle, prolongée jusqu’en 2037, à condition que la Commission européenne donne son accord.

Au Japon, plus de treize ans après l’accident de Fukushima, la remise en service de certains réacteurs se poursuit. Lors du deuxième semestre 2023, 2 unités ont recommencé à produire de l’électricité, ce qui monte à 12 le nombre d’unités en service (tandis que 21 unités sont hors service). Sur l’archipel, l’atome ne représente plus que 5,6 % de la production d’électricité.

En Turquie, les autorités ont reporté à 2025 le lancement de la première unité de la centrale d’Akkuyu. Pour rappel, un tremblement de terre avait suspendu la poursuite de ce chantier, intégralement mené par les Russes.

Après onze années de construction, le quatrième réacteur de Vogtle a enfin été raccordé au réseau aux États-Unis, pour un coût global de 36 milliards de dollars (32,2 milliards d’euros) les deux unités. Aucune construction n’est désormais en cours au pays de l’Oncle Sam.

Projets de miniréacteurs annulés ou reportés

Alors que le battage médiatique se poursuit concernant les petits réacteurs modulaires (small modular reactor), très prisés des industriels souhaitant décarboner leur mix énergétique au plus près de leur site, le fossé s’agrandit avec le réel. « Vous voulez dire les small miraculous reactor ? » — les « réacteurs petitement miraculeux » — ironise Schneider.

L’industrie et les gouvernements poursuivent leurs investissements mais sur le terrain, rien ne se traduit concrètement. Les projets sont soit abandonnés comme Nuscale aux États-Unis, soit remis à plus tard comme le projet porté par EDF, Nuward, dont le report a été annoncé durant l’été. À ce jour, aucun SMR n’est en construction en Occident, aucun design n’a été certifié par les autorités de sûreté et beaucoup d’inconnues demeurent en matière de combustibles ou d’acceptabilité sociale. Par ailleurs, la rentabilité — qui est le nœud gordien du principe d’un réacteur dont on pourrait industrialiser la production — n’est pas au rendez-vous.

Le projet argentin Carem-25 en construction depuis 2014 est désormais à l’arrêt pour cause de coupes budgétaires. L’autorité de sûreté locale a lancé un audit général de son design avant d’autoriser un éventuel redémarrage du chantier. Une éventuelle date de démarrage a été fixée en 2028. D’après le rapport, ce miniréacteur pourrait avoisiner les 800 millions de dollars (717 millions d’euros), soit l’équivalent de 32 000 dollars le kilowattheure, un niveau absolument stratosphérique. La Chine s’est dotée de deux miniréacteurs fin 2022, dont la construction a pris une dizaine d’années.

Les énergies renouvelables décollent

Pendant que le nucléaire patine, les énergies renouvelables poursuivent leur conquête sur l’ensemble du globe. Le rapport dévoile le découplement total entre l’envolée des renouvelables et la relance poussive et coûteuse du nucléaire. « L’accélération du déploiement des renouvelables — surtout du solaire — est frappante », observe Mycle Schneider.

En 2023, plus de 623 milliards de dollars (559 milliards d’euros) ont été investis à travers le monde dans les capacités renouvelables — hors hydroélectricité. Cela représente vingt-sept fois la mise globale destinée aux centrales nucléaires. Les capacités installées en solaire et éolien ont respectivement progressé de 73 % et 51 % accumulant un total de 460 GW installés. Les centrales photovoltaïques ou les fermes éoliennes ont généré 50 % d’électricité en plus que les usines atomiques.

À elle seule, la Chine a déployé plus de 200 GW de solaire contre 1 seul GW de nucléaire. Ainsi, les rayons du soleil ont permis de produire plus de 578 TWh d’électricité — 40 % de plus que le parc atomique. L’ensemble des renouvelables — éolien, solaire, biomasse — a produit quatre fois plus d’électricité que les centrales.

Même l’Union européenne a battu tous ses records en 2023 : pour la première fois, les énergies renouvelables ont permis de produire plus de 44 % de l’électricité européenne. Fermes éoliennes et centrales solaires ont produit ensemble 721 TWh d’électricité, soit près d’un quart de plus que le nucléaire et ses 588 TWh. Pour la première fois, les énergies renouvelables non hydroélectriques ont généré davantage d’énergie que tous les combustibles fossiles réunis, et l’éolien seul a surpassé le gaz fossile.

Laure Noualhat 19 septembre 2024

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16 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

inondations ( Reporterre )

cirer

Pourquoi la tempête Boris a provoqué l’une des « inondations du siècle » en Europe

Les pertes humaines et les dégâts causés par le passage de la tempête Boris en Europe de l’Est sont importants. Des pluies 20 % plus fortes en raison du changement climatique.

Au moins onze morts (pour la plupart noyés), plusieurs disparus, des villes submergées par les flots, des centaines de milliers de foyers privés d’électricité… La tempête Boris, qui s’abat depuis le 13 septembre sur l’Europe centrale et orientale, a semé le chaos sur son passage. En certains endroits, les stations météorologiques autrichiennes ont enregistré jusqu’à 350 millimètres de pluie, soit quatre fois plus que la moyenne des précipitations du mois de septembre, selon les services météorologiques nationaux.

La Roumanie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ont elles aussi souffert de précipitations exceptionnelles. À Stronie Śląskie, dans le sud-ouest de la Pologne, une rivière en crue a fait céder un barrage, projetant une vague monstrueuse sur la ville de Kłodzko (25 000 habitants). Deux ponts ont également été emportés par les flots à Głuchołazy, à une soixantaine de kilomètres à l’est. Entre la Pologne et la République tchèque, le trafic ferroviaire a dû être suspendu.

La région de Galați, à l’est de la Roumanie, fait partie des plus sinistrées. 15 000 personnes auraient été directement affectées par la pluie diluvienne, selon les autorités. Le village de Slobozia Conachi a été quasi englouti. 700 maisons ont été inondées, d’après son maire, Emil Dragomir. Les terres agricoles ont elles aussi été dévastées par la violence des flots.

Aux sources de cette tempête, qui devrait durer jusqu’au mardi 17 septembre : une descente d’air d’origine polaire. À son arrivée aux latitudes méditerranéennes, cette masse d’air froide a rencontré de l’air chaud et humide en provenance des mers Noire et Méditerranée.

Toutes deux sont en ce moment anormalement chaudes, souligne le chercheur et expert en modélisations climatiques Tommaso Alberti dans un communiqué. En certains endroits, la température de surface de la grande bleue dépasse de 7 °C les moyennes saisonnières, pouvant alimenter les tempêtes en eau évaporée. La dépression est allée s’établir au-dessus de l’Europe centrale, où elle s’est retrouvée bloquée entre des anticyclones… la rendant encore plus dangereuse.

Des pluies 20 % plus fortes avec la crise climatique

La probabilité de rencontrer une coulée d’air aussi frais à cette période de l’année est exceptionnellement faible : de l’ordre de 1 chance sur 100, explique sur X le climatologue et directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou. En raison du changement climatique, sa formation est cinq fois moins probable aujourd’hui qu’il y a trente ans. « Mais si elle se forme, le changement climatique en augmente l’impact, car la goutte froide contient davantage d’eau potentiellement précipitable », écrit le scientifique sur le réseau social.

Dans une étude d’attribution rapide publiée le 16 septembre, les scientifiques du consortium européen ClimaMeter — qui étudie les facteurs des évènements météorologiques extrêmes — estiment que le changement climatique a augmenté de 20 % les fortes pluies de la tempête Boris.

Afin de parvenir à ce résultat, les chercheurs se sont appuyés sur des données météorologiques relatives aux quarante dernières années, et ont comparé les systèmes dépressionnaires observés à la fin du XXe siècle (1979-2001) et ceux observés lors des dernières décennies (2001-2023), davantage marquées par le changement climatique. Ils ont également évalué la contribution de la variabilité naturelle du climat.

« Nous vivons actuellement la deuxième “inondation du siècle” en Europe de l’Est en l’espace d’un seul été [des pluies d’une rare intensité ayant déjà ravagé l’Allemagne en juin dernier], a réagi dans un communiqué le climatologue Davide Faranda, coauteur de cette étude. Mais il ne s’agit pas seulement de catastrophes naturelles isolées. Les recherches montrent que les précipitations extrêmes deviennent plus fréquentes et plus intenses en raison du changement climatique provoqué par l’Homme. »

Afin d’éviter la multiplication de ces catastrophes, nous devons de toute urgence « cesser de brûler du charbon dans nos hauts fourneaux, du gaz dans nos maisons et de l’essence dans nos véhicules », rappelle le directeur de recherche au CNRS.

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14 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Reporterre ( agents de sécurité)

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Mortiers d’artifice, menaces… Les zadistes terrorisés par les agents de sécurité de l’A69

Des militants opposés à l’A69 dénoncent la violence des agents de sécurité chargés de protéger le chantier. Tirs de mortiers d’artifice, coups de pied, insultes… Ces vigiles agresseraient les zadistes sans être ennuyés par la police.

« Nous avons affaire à de véritables mercenaires. » Activiste, Pierre [1] ne mâche pas ses mots à l’égard des agents de sécurité du chantier d’autoroute A69. Au cœur de l’été, l’arrivée de nouveaux vigiles aux « crocs acérés » ont transformé les échanges cordiaux en harcèlement physique et moral presque quotidien, d’après plusieurs militants interrogés par Reporterre. « Ces mecs se sentent invincibles et multiplient les entorses à la loi, sous la protection de Jupiter [surnom de M. Macron], dénonce Laurent Prost, du collectif La Voie est libre, opposé à la construction de cette autoroute écocidaire et antisociale. Tirs de mortier d’artifice, passage à tabac, pillage… Et ce, avec la complicité des forces de l’ordre. »

Six mois après la venue de Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU ayant dénoncé la violence des forces de l’ordre sur l’A69, celle des vigiles est désormais pointée du doigt. Le 8 septembre, sur la désormais disparue zad de la Cal’arbre, à Saïx, ont éclaté de violents affrontements. D’un côté, des militants déterminés à ravitailler l’ultime « écureuil » perché dans un chêne centenaire menacé d’être abattu. De l’autre, des agents de sécurité barricadés dans leur Algeco blanc et visiblement prêts à tout pour les en empêcher. Rétorquant aux jets de projectiles des activistes, ceux-ci leur ont tiré dessus à coups de mortiers d’artifice. « Ça pétaradait dans tous les sens, je n’en croyais pas mes yeux, détaille à Reporterre Châtaigne (un surnom), un militant-vidéaste. L’un des artifices a fini dans la cabane de l’écureuil, ç’aurait pu vraiment mal finir. »

Miliciens cagoulés

À en croire le Code de la sécurité intérieure, seul le port d’armes de catégorie D — telles que le tonfa, la matraque ou la lacrymo en aérosol — est autorisé pour les agents. « L’utilisation de mortiers d’artifices sort évidemment du cadre légal », assure à Reporterre Jean-Baptiste Pandzou, président honoraire du SNEPS, le syndicat national des employés de cette profession.

Adoptée sous Jean Castex en 2021, la loi dite de « Sécurité globale » a par ailleurs durci la législation concernant l’achat, la détention, l’utilisation et la vente de mortiers d’artifice à des non-professionnels. Celle-ci prévoit désormais des peines allant jusqu’à 7 500 euros d’amende et six mois d’emprisonnement. Des sanctions motivées par la dangerosité de ces engins pyrotechniques, propulsés à une centaine de kilomètres par heure et pouvant notamment provoquer des brûlures, arracher des doigts, fracturer des os ou abîmer les tympans.

Interrogée par Reporterre, une porte-parole d’Atosca déplore : « La vidéo ne montre pas l’attaque menée par une trentaine d’activistes ultraviolents, un instant plus tôt, à l’aide de cocktails Molotov. Les vigiles y ont riposté… Disons, un point partout. » À peine sa phrase finie, vraisemblablement mal à l’aise avec l’aveu tout juste formulé, elle corrige : « Les vigiles d’Atosca n’ont pas eu recours à ces artifices. Les activistes tentent de nous instrumentaliser, mais il n’y a pas la moindre preuve que nos agents soient à l’origine des tirs. »

Si la vidéo enregistrée (que Reporterre a visionnée) certifie que ceux-ci émanaient du local des vigiles, la qualité des images empêche bel et bien d’identifier formellement leurs auteurs. Il ne s’agit pas là uniquement d’une question de pixels. Les hommes barricadés dans l’Algeco portent des cagoules et des vêtements unis sans inscription, leur identification est donc de toute manière impossible. « Les agents de sécurité ont l’obligation d’arborer un signe distinctif mentionnant la société les employant », précise pourtant Jean-Baptiste Pandzou.

Aux abords de la zad dite de la Cal’arbre, l’équipe de sécurité excellait dans l’art de l’anonymisation. Avachis dans leur fauteuil de camping, les hommes montant la garde avaient l’allure de miliciens. « Aucun de nos vigiles n’est cagoulé », ose pourtant affirmer Atosca. Alors qui sont ces individus ? « Vous savez, des activistes ultraviolents sèment un climat de terreur dans le territoire depuis dix-huit mois, poursuit la porte-parole. Alors, que des habitants aient envie de se protéger et de se cagouler… C’est possible. » En dépit de la loi, le concessionnaire a par ailleurs refusé de nous dévoiler le prestataire de sécurité, pour des questions « stratégiques ».

Identifiables ou pas, une chose est sûre : le recours à la violence est une prérogative de l’État, et non du personnel de sécurité privée. « Si des agents font face à des actes violents en présence de [membres de] forces de l’ordre, alors leur mise en retrait est obligatoire », détaille le président honoraire du SNEPS.

Le 8 septembre, après les affrontements de la journée, à la nuit tombée, une dizaine de véhicules ont débarqué, phares allumés, à l’entrée du camp où restaient quelques militants. Secouant brutalement le grillage le séparant des activistes, un homme s’est mis à hurler : « Qui a frappé notre collègue ? Qui est le fils de pute ? On va vous niquer ce soir. » Quelques heures plus tôt, l’un des vigiles aurait été légèrement blessé par l’un des projectiles lancés par un activiste.

Authentifiée par Reporterre, une vidéo confirme les propos tenus. On y perçoit aussi la voix nouée d’une militante, murmurant : « J’ai peur. »

Quelques gendarmes ont fini par approcher le groupe. S’est ensuivie une discussion, inaudible, et les individus ont quitté les lieux à bord de leurs voitures. L’un des militaires a alors apostrophé l’ultime écureuil encore perché dans un chêne, pour l’inviter à descendre avant que cela ne dégénère : « Écoutez, moi je vous aurais prévenus. On ne pourra pas vous protéger en permanence », a-t-il déclaré dans une conversation enregistrée par d’autres activistes, et consultée par Reporterre. Interloquée par ces propos, une femme a questionné le fonctionnaire : pourquoi les forces de l’ordre n’ont-elles opéré aucun contrôle ni aucune interpellation, en dépit des menaces proférées sous leurs yeux ?

Déjà plus tôt dans la journée, la complaisance des militaires interrogeait. La vidéo montre que alertés par les détonations, quatre hommes du PSIG, un peloton d’intervention de la gendarmerie, avaient assisté aux tirs de mortiers d’artifice. Bien loin d’invectiver les agents de sécurité, les forces de l’ordre les ont au contraire appuyés en balançant quelques grenades lacrymogènes et de désencerclement en direction des militants. Sur les images, l’une d’elles atterrit et explose au pied d’un homme, manquant de vaciller.

À la première accalmie, l’un des gendarmes a rejoint le groupe de vigiles, une gazeuse à la main. Quelques minutes se sont écoulées puis les militaires ont lancé une offensive : « Les quatre mêmes hommes [du PSIG] ont commencé à prendre en chasse des militants non-violents, dans le jardin d’une propriété privée, témoigne Châtaigne. C’était hallucinant. » Le vidéaste amateur a enregistré la scène avec son téléphone. On y voit l’un des fonctionnaires, flashball dans l’alignement des yeux, le pointer avec son arme : « Ne vise pas la tête s’il te plaît, je ne fais que filmer », a lancé Châtaigne. Un autre fonctionnaire, à la dégaine de cowboy, s’est alors rué sur le militant en criant : « Viens ici, viens au contact ! Tu fais le malin, tu vas voir ! » En arrière-plan, les agents de sécurité patientaient paisiblement.

Quatre côtes fracturées

Des témoignages comme celui-ci, les militants anti-A69 en ont d’autres à conter. Le 25 août, aux abords de la Cal’arbre, Pierre marchait vers son arrêt de bus, se souvient-il. Selon son récit, en chemin, un agent de sécurité du chantier l’a invectivé et attrapé par le cou : « Il avait une force incroyable. Hulk ! » En une poignée de secondes, le chef de la sécurité débarque à son tour et le militant non-violent a essuyé des coups de poings dans le ventre : « J’ai été jeté au sol. Puis les deux m’ont roué de coups de pied. »

Les mains en l’air, se tordant de douleur, Pierre a obéi aux ordres de deux hommes et leur a tendu son permis de conduire. Au même instant, six véhicules de la gendarmerie ont débarqué en trombe. L’activiste décrit alors avoir été immédiatement traité en coupable. L’officier de police judiciaire se serait approché du vigile pour lui demander d’affirmer que Pierre était bel et bien la personne l’ayant « tabassé » le matin même. « L’agent de sécurité a marqué un temps d’arrêt tant il était interloqué par cette histoire montée de toutes pièces, poursuit Pierre. Seulement, face aux hochements de tête insistant de l’OPJ, il a fini par acquiescer. Puis un mec du PSIG s’est penché vers moi en se réjouissant de m’avoir bien niqué. »

« J’ai été jeté au sol. Puis les deux m’ont roué de coups »

Plaqué contre le véhicule puis placé en garde-à-vue, Pierre a alors été accusé de violence en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) inférieure à huit jours. Ce, avec la circonstance aggravante d’une arme par destination : « J’aurais frappé la victime avec un câble », se désole le militant, impuissant face à un tel scénario-fiction. Il dément avoir eu le moindre geste agressif envers le vigile. Les deux vigiles ont eux été convoqués pour enregistrer leur déposition, sans être inquiétés pour le passage à tabac.

Dix-huit jours plus tard, Pierre témoigne à Reporterre souffrir encore le martyr : « J’ai eu deux jours d’ITT et quatre côtes fracturées. Rien que respirer m’est douloureux. » Une enquête a été ouverte à son encontre, et placée sous la direction d’un juge d’instruction. L’ensemble de son matériel informatique — un drone, un ordinateur, quatre téléphones, cinq clefs-USB et des cartes SIM — a été mis sous scellé. « Sûrement pour tenter d’obtenir des preuves dans d’autres affaires », suppose-t-il aujourd’hui.

Réaction des militaires : des ricanements

Une autre militante, Jeanne* [2], aurait aussi subi les foudres du même « mercenaire ». Dans la nuit du 6 au 7 septembre, l’activiste se baladait sur un terrain privé, en veillant à ne pas pénétrer sur la parcelle appartenant à Atosca. « À aucun moment, je n’ai mis un pied sur le chantier… Et pourtant. » Un vigile aurait alors commencé à l’insulter et la menacer. Un autre, tout de noir vêtu, aurait dévalé la butte en sa direction.

À cet instant, Jeanne témoigne à Reporterre avoir pris la fuite avant d’être interceptée par l’agent : « En m’attrapant le col, il m’a coupé la respiration. Puis il a collé une barre en fer à mon visage et m’a hurlé qu’il allait me casser la tête. » L’un de ses supérieurs lui aurait intimé l’ordre de ne pas « abîmer » la zadiste, avant d’appeler la gendarmerie. « En attendant l’arrivée du PSIG, les vigiles m’ont parlé d’un autre militant, en m’assurant que s’ils finissaient par le trouver, ils le tueraient. »

Aux alentours de 2 heures, les militaires ont débarqué sur les lieux. Jeanne leur a détaillé le déroulement de la scène, la menace et la barre de fer. Elle a reçu en retour une flopée de ricanements : « Vous avez de la chance, si ç’avait été en Russie, vous auriez pris bien cher », lui a rétorqué le major. Le même gendarme a refusé quelques instants plus tard que la militante aille aux toilettes : « Tous ses collègues m’ont entourée pendant plusieurs minutes en imitant un bruit de robinet… et en me disant de pisser devant eux. » Une enquête a aussi été ouverte à l’encontre de Jeanne, nous assure-t-elle. Contactée, la préfecture du Tarn n’a pas répondu à nos sollicitations.

« Plus aucun arbre à couper »

Dans l’histoire des luttes, de telles scènes ont au moins un précédent. Les 16 et 17 juillet 2016, des agents de sécurité – armés de gourdins et de bâtons – avaient frappé plusieurs activistes pacifistes, à Bure (Meuse). Lors de cette marche d’opposition au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires, forces de l’ordre et vigiles de l’Andra (l’agence publique qui pilote le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure) partageaient les mêmes rangs. Casque, jambières, bouclier… Les deux corps étaient à peine différentiables, et agissaient comme un seul homme – en dépit de leurs prérogatives dissemblables.

Déjà à l’époque, le porte-parole du syndicat national des entreprises de sécurité, Olivier Duran, avait déploré sur France 3 l’absence de signes d’identification des vigiles, un manquement à une obligation légale. Le directeur général adjoint de l’Andra avait lui félicité ces agents d’avoir « très bien fait leur travail ». Quelques jours plus tard, son départ anticipé avait été annoncé par la direction. Et les journalistes de la télévision locale lorraine d’ajouter : « La question est évidemment tentante de se demander si cette décision fait suite, ou pas, aux événements survenus les 16 et 17 juillet 2016. »

Le 9 septembre, félicitant « l’action décisive des policiers et des gendarmes », la préfecture du Tarn a déclaré dans un communiqué qu’il n’y avait désormais « plus aucun arbre à couper [...] pour la construction de l’autoroute A69. » Quelques minutes plus tôt, psychologiquement affecté par les menaces à répétition, l’ultime écureuil avait pris la décision de descendre du chêne centenaire qu’il occupait. « Désormais, seule la zad du Verger reste debout, précise Laurent Prost, du collectif La Voie est libre. Or, la propriétaire s’apprêtant à quitter les lieux, le lieu pourrait être expulsé dès lundi [16 septembre]. » Si ce rempart à l’avancée des travaux tombe, la lutte de l’A69 devra revêtir un nouveau visage.

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05 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Retraite (FR3)

biocides

« Près de la moitié des agriculteurs vont arriver à l’âge de la retraite », plus de 60% des terres bio seraient menacées

Les terres bio seraient-elles en danger du fait de nombreux départs à la retraite des agriculteurs dans la décennie à venir ? Agrobio 35 et des acteurs du territoire se mobilisent en tout cas pour le maintien en agiculture biologique des terres bio au moment de la transmission des fermes, en identifiant les terres à risque sur le département d’Ille-et-Vilaine.

2024 est la première année où les surfaces agricoles bio sont en recul en France. 62% des agriculteurs bio envisagent d’arrêter leur activité dans les 10 ans. La moitié des fermes bretonnes sont concernées par un arrêt d’activité dans les dix prochaines années. Et c’est plus vrai en Ille-et-Vilaine que dans le reste de l’Hexagone.

Face à ce constat, Agrobio35, en partenariat avec Terre de Liens, le CIVAM-IT35, et les territoires d’étude, a amorcé un travail, depuis mars 2023, autour de l’enjeu du maintien des terres bio en bio au moment de l’arrêt d’activité.

Ce jeudi, ils invitaient les agriculteur·rices bio du département, agent·es et élu·es des territoires à la restitution des résultats d’une étude menée sur 140 fermes afin de confronter vécus et idées, notamment autour de l’anticipation de la transmission et de la maîtrise du foncier.

Après avoir réalisé une première étude, en 2023 pour identifier les freins et les leviers au maintien des terres bio en bio, au moment de l’arrêt d’activité des agriculteurs et agricultrices, le travail s’est centré, au 1er semestre 2024 sur l’identification des terres à risque de non transmission en bio au moment de l’arrêt d’activité.

Cette étude s’est faite avec l’ambition de se donner les moyens d’anticiper et d’éviter toute dégradation de l’utilisation du foncier bio (retour à une agriculture chimique) en introduisant le principe de sanctuarisation des terres bio.

Anticiper la transmission des fermes

Rennes Métropole a défini dans le cadre de son PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial), sa volonté de réduire de 15% les émissions de gaz à effet de serre de l’activité agricole et d’atteindre 50% d’agriculture biologique d’ici 2030. La pérennisation des terres bio, au moment de la cession des fermes biologiques, représente donc un axe majeur pour parvenir à cet objectif.

Depuis plus d’une vingtaine d’années, Rennes Métropole travaille donc ardemment sur la question agricole, considérant que l’espace agricole fait partie du territoire de la ville et voit comme essentiel le fait de garder une agriculture en circuits courts.

Pascal Verdier, chargé de mission agriculture durable à Rennes Métropole, le rappelle, « près de la moitié des agriculteurs vont arriver à l’âge de la retraite. » La collectivité travaille donc sur la question cruciale de la transmission. « Pour ça, explique-t-il, on a besoin qu’il y ait des repreneurs qui s’installent mais aussi des cédants qui anticipent suffisamment leur transmission, ce qui va leur permettre d’avoir le temps de trouver les bons repreneurs qui seront adaptés à leurs fermes et leurs projets ». 

Notre objectif, c’est d’essayer de garder des exploitations d’une taille familiale pour ne pas avoir de grosses exploitations avec des pratiques qui ne seront pas bonnes pour l’environnement. Pascal Verdier Chargé de mission agriculture durable à Rennes Métropole

« On peut agir par le foncier »

Concrètement, comment agir ? Selon lui, « on peut agir par le foncier, en ne consommant pas trop d’espace pour urbaniser, et puis aussi en sélectionnant les porteurs de projets qui vont s’installer sur des terres de Rennes Métropole. On peut travailler aussi avec les cantines de la métropole pour qu’elles achètent plus de produits bio et locaux. Enfin, il est également possible d’aider les agriculteurs pour accompagner les transmissions de leurs fermes ». 

L’intérêt de la rencontre d’aujourd’hui, pour lui, « c’est à la fois d’entendre ce que les agriculteurs disent, ce que les organisations agricoles portent comme message et puis c’est de mettre en place après des aides qui vont aider à fluidifier les choses et aller dans le bon sens ». 

« La transmission, on y a pensé dès l’installation »

La transmission, eux, ils y ont pensé dès le début de leur installation en 2019. Philippe Marchand et Emilien Mondher sont paysans fromagers à la Ferme du gros Chêne à Betton, près de Rennes. « On est associés et dès le départ on a été clairs avec notre propriétaire en lui disant qu’on ne serait pas forcément agriculteurs toute notre vie. On s’est toujours dit qu’on était de passage sur cette ferme-là et qu’il y en aurait d’autres après nous et on en sera fiers. On souhaite que la ferme puisse perdurer.

Pour ça, on accueille beaucoup de stagiaires, peut-être qu’un jour, ce seront eux qui reprendront la ferme. Si demain, on veut attirer de nouvelles générations, il faut aussi que le modèle agricole s’adapte, de manière plus souple, avec moins de capitalisation ce qui fait que les gens peuvent venir et partir plus facilement », conclut Emilien Mondher.

De son côté, Philippe « espère que la ferme continuera en bio ». Son associé renchérit : « Pour que la ferme reste en bio, il faut que la consommation suive. Les consommateurs doivent faire un choix militant lors de leurs achats car c’est comme cela qu’on aura demain des paysans et paysannes en bio », conclut Emilien Mondher. CQFD.

Laurence Postic  05/09/2024 Avec Inès Tayeb

https://france3-regions.francetvinfo.fr/

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