Explosion du nombre de nuits à plus de 25 °C en 10 ans
Au cours des dix dernières années, environ 2,4 milliards de personnes (un tiers de la population mondiale) ont connu au moins deux semaines supplémentaires de nuits avec des températures supérieures à 25 °C.
Le nombre de nuits dépassant 25 °C a considérablement augmenté en dix ans dans le monde, selon une étude parue jeudi 8 août. Un phénomène notable également en France, qui gagne des territoires situés toujours plus au nord, et affecte la santé des gens.
Le groupe de scientifiques indépendants Climate Central a comparé la moyenne annuelle des nuits chaudes entre 2014 et 2023. Au cours des dix dernières années, environ 2,4 milliards de personnes (un tiers de la population mondiale) ont connu au moins deux semaines supplémentaires de nuits avec des températures supérieures à 25 °C par rapport à un monde hypothétique sans changement climatique d’origine humaine.
Encore pire en zone urbaine
Par exemple, Trinité-et-Tobago, situé dans les Caraïbes, compte désormais 47 nuits supplémentaires par an au-dessus des 25 °C, ce qui est énorme.
La ville indienne de Bombay a subi à elle seule deux mois supplémentaires de nuits chaudes. En France, le phénomène des nuits dites « tropicales » (lorsque la température ne descend pas sous les 20 °C) progresse et gagne des territoires situés toujours plus au nord.
Ce phénomène se ressent encore plus en zone urbaine où le béton des immeubles et les artères bitumées stockent la chaleur en journée pour mieux la rejeter la nuit.
Ces températures nocturnes élevées nuisent au sommeil et réduisent la récupération physique de l’organisme déjà sujet à des températures élevées en journée.
L’Organisation mondiale de la santé recommande de maintenir la température ambiante à 24 °C ou en dessous pendant la nuit – une limite au-dessus de laquelle le sommeil devient inconfortable et peut affecter la santé des personnes vulnérables (bébés, personnes âgées ou souffrant de maladies chroniques).
Appel à rejoindre et organiser des collectifs de précaires
Après la loi « Plein emploi », Macron ne lâche rien et continue à s’attaquer aux chomeur.euse.s : malgré la dissolution de l’assemblée nationale, il veut faire passer la nouvelle réforme d’assurance chômage par décret au 1er juillet (durée de cotisation encore allongée, diminution de la durée d’indemnisation, réduction des droits des séniors etc…).
Travailleur.euse.s, précaires, chômeur.euse.s même combat.
Les réformes touchent tou.te.s les salarié.e.s, en contraignant les sans emploi à prendre des postes toujours plus précaires et rentrer en concurrence avec l’ensemble des travailleur.euse.s. Les organisations syndicales se sont opposées aux nouvelles réformes de l’assurance chômage imposées par le gouvernement, mais les communiqués et recours ne suffisent pas, nous devons tous ensemble passer à l’action. D’un coté et de l’autre du guichet : la détresse et les colères des chômeur.euse.s face à l’oppression se répercutent sur les agent.e.s de France Travail et les travailleur.euse.s sociaux du département. Il est temps d’arrêter la machine à broyer !
Le département du Finistère présidé par Maël de Calan est volontaire pour faire partie des départements « tests » qui mettent en place dès aujourd’hui les 15h hebdomadaires de travail obligatoires pour les Rsastes. Le département assume vouloir sortir 1000 personnes du RSA en un an. On constate déjà que ces sorties se font par l’accentuation violente des contrôles, des radiations arbitraires et des sanctions.
En réaction à ce contexte, des collectifs se sont créés à différents endroits du département, des actions ont eu lieu localement, notamment dans les agences France Travail, à Morlaix, à Brest…
Une première rencontre a eu lieu à Morlaix entre collectifs, assos, syndicats et individu.e.s concerné.e.s le 29 mai dernier. Cette rencontre a officialisée la mise en place d’une coordination départementale. En ressort la nécessité de multiplier les collectifs de précaires, de se retrouver localement pour pouvoir coordonner les forces à une plus grande échelle.
La coordination appelle à la création de collectifs partout où cela est possible : avec ton syndicat, tes voisin.e.s, tes ami.e.s, tes collègues…
RDV LE 25 SEPTEMBRE À 14H À MORLAIX (SALLE KERNEGUES, ANCIEN LYCÉE TRISTAN CORBIÈRES) AVEC DES PROPOSITIONS À METTRE EN COMMUN POUR PRÉPARER UNE ACTION D’AMPLEUR
14 000 décès par an liés au chômage : « Ce n’est pas du tout une priorité de l’État »
Le chômage augmente considérablement les risques cardiovasculaires. Il entraîne chez les personnes sans emploi une énorme surmortalité. C’est un réel problème de santé publique, souligne Pierre Meneton, chercheur en biologie.
Basta! : On entend peu parler de la question de la santé des chômeurs en France, est-ce une impression que vous avez également ?
Ce n’est pas un sujet extrêmement répandu dans la communauté scientifique mondiale. Cela étant, en France, on a été particulièrement mal loti comparé, par exemple, aux pays anglo-saxons ou scandinaves, où quelques études ont été menées. En France, c’était un quasi-désert. Il n’y avait presque aucune donnée sur le sujet.
Vous avez participé à une première étude en 2015 sur le sujet, puis une deuxième, avec un échantillon de personnes plus grand, publiée en 2023. Quelles en sont les conclusions ? [1]
Nous voulions vérifier si on retrouvait, avec les données françaises, ce qui a été décrit dans d’autres études ailleurs. Et confirmer la surmortalité associée au chômage. Et, effectivement, l’étude de 2015 permet de confirmer qu’en France, comme dans les autres pays, au moins occidentaux, le chômage est relié à une surmortalité très forte – de l’ordre de presque 300 % en France ! C’est considérable pour les tranches d’âge concernées puisque ce sont des gens en âge de travailler, qui ont entre 35 et 65 ans [à âge équivalent, il y a trois fois plus de décès parmi les chômeurs que parmi les non-chômeurs, ndlr].
Les problèmes de santé majeurs occasionnés par le chômage sont des problèmes cardiovasculaires : l’augmentation des problèmes cardiaques et des risques d’accidents vasculaires cérébraux. La fréquence de ces maladies augmente chez les chômeurs comparé aux non-chômeurs.
Comment explique-t-on ce risque plus élevé ?
Les problèmes cardiovasculaires associés au chômage peuvent être expliqués par l’augmentation des facteurs de risques cardiovasculaires traditionnels : un tabagisme plus important, une consommation d’alcool plus importante, une activité physique réduite et une alimentation globalement déséquilibrée par rapport aux non-chômeurs.
Ce sont les quatre facteurs de risques « classiques » qui accroissent la probabilité d’un accident cardiovasculaire. Cela peut donc être attribué à ces comportements à risque plus fréquents chez les chômeurs, chose que l’on observe en France comme d’autres pays voisins.
Vous dites « en partie », quels sont les autres facteurs de cette surmortalité des chômeurs ?
Nos données suggèrent que d’autres mécanismes interviennent également. Ils sont beaucoup moins bien connus, mais nous pouvons esquisser quelques pistes malgré tout. Les troubles du sommeil et la dépression sont ainsi plus fréquents chez les chômeurs. Et ce sont aussi des facteurs de risques cardiovasculaires.
Ensuite, il y a des mécanismes « connus » : l’augmentation du stress, à base d’adrénaline et de cortisol [une hormone liée au stress qui peut affaiblir les défenses immunitaires, ndlr]. Cela reste une hypothèse, mais les niveaux de cortisol seraient quand même plus élevés en moyenne chez les chômeurs que chez les non-chômeurs. Ce stress a plein d’effets sur l’organisme et peut, directement ou indirectement, augmenter aussi le risque cardiovasculaire. Ces mécanismes, démontrés ou supposés, relient le chômage au risque cardiovasculaire, donc à la surmortalité.
Ces problèmes de santé accrus concernent-ils uniquement les personnes qui subissent le chômage, ou cela s’applique-t-il aussi à ceux qui choisissent de ne pas avoir d’activité salariée ou rémunérée ?
Nous parlons bien de l’état de chômage qui est particulièrement mal vécu par les gens, en tout cas dans les sociétés occidentales. Cela ne s’applique pas à l’inactivité professionnelle : on ne retrouve pas cette surmortalité et ces problèmes de santé chez les inactifs « volontaires ».
Peut-on estimer le nombre de décès liés au chômage ?
C’est possible puisqu’il y a une surmortalité chiffrée, on peut donc la mesurer en nombre de personnes concernées. L’estimation est ainsi d’environ 14 000 décès chaque année en France liés au chômage.
Le problème déborde la simple mortalité. Actuellement, nous comptons entre 300 000 et 400 000 accidents cardiovasculaires chaque année en France. Un tiers de ces accidents sont mortels immédiatement ou très rapidement. Les deux tiers qui ne sont pas mortels peuvent entraîner des handicaps majeurs. L’AVC, par exemple, est le première cause de handicap chez l’adulte en France. Les chômeurs sont donc, là aussi, plus frappés que la moyenne. C’est loin d’être marginal.
S’il s’agit d’un problème de santé publique, à l’image d’autres facteurs, comme la pollution, provoquant d’importants décès prématurés, pourquoi les pouvoirs publics ne s’en saisissent pas ?
C’était relativement facile pour les pouvoirs publics, jusqu’à présent, de justifier leur inaction par le fait qu’ils ne disposaient que de peu de données sur le sujet. Le ministère du Travail commandite assez régulièrement des études, sur les conditions de travail par exemple, mais sur le chômage il n’y a jamais rien eu de sérieux.
Cela est-il surprenant ? Je dirais probablement pas. Lorsque vous menez une politique qui dégrade le filet social pour les personnes sans emploi, reconnaître que le chômage est un problème de santé publique devient évidemment un peu gênant.
En 2023, vous avez copublié un article scientifique qui cherche à comprendre si d’autres facteurs augmentent les risques cardiovasculaires et de cancer [2]. Que constatez-vous ?
Nous avons voulu savoir si trois facteurs – les conditions de travail, l’effet de la position sociale et le chômage – doivent se combiner pour produire des effets sur l’état de santé des gens. Est-ce que, par exemple, l’effet du chômage sur la santé pourrait être expliqué par des conditions de travail antérieures. La réponse est claire et nette : il y a bien un effet indépendant de chacun de ces trois facteurs. C’est-à-dire que votre état de santé sera influencé par votre position sociale, vos conditions de travail et le fait que vous soyez au chômage.
Cela agit sur la santé des gens d’une manière temporelle. La position sociale se manifeste dès la naissance, voire même avant la naissance, avec l’environnement social et culturel des parents. Ensuite, vous avez l’éducation, un des paramètres qui définit la position sociale, puis vous exercerez ensuite un métier lié aux années d’études et au niveau de diplômes. Selon ce métier, vos conditions de travail seront plus ou moins bonnes ou mauvaises. Et durant votre carrière, vous connaîtrez éventuellement des épisodes de chômage.
C’est cet ensemble qui, de manière cumulative au cours de la vie, va déterminer en grande partie l’état de santé des gens à partir de 40, 50 ou 60 ans, avec plus ou moins de problèmes de santé, en particulier cardiovasculaires ou de cancer. On observe l’effet du chômage sur le risque cardiovasculaire mais pas sur le risque de cancer, celui-ci étant lié aux conditions de travail qui vont aussi influencer les risques cardiovasculaires. La position sociale agit également sur les deux.
Il y a donc un aspect cumulatif des inégalités ?
Cet effet cumulatif – position sociale, conditions de travail et éventuellement l’exposition au chômage – va intervenir de manière très forte sur le risque cardiovasculaire, donc la mortalité. Lorsque vous réalisez des corrélations entre ces trois paramètres, à peu près un tiers des gens cumule tous les aspects négatifs : mauvaises conditions de travail, position sociale défavorisée et forte exposition au chômage.
À l’inverse, un tiers de la population cumule conditions de travail correctes, position sociale élevée et faible exposition au chômage. Et le dernier tiers mélange un peu tout ça. Au vu des populations concernées, cela a donc des effets majeurs en termes de santé publique.
Quel est le coût pour la société de ces effets sur la santé publique ?
Nous n’avons pas chiffré les coûts occasionnés, mais ils sont considérables en termes de santé publique, humains et financiers. Pourtant, ce sont les facteurs de risques présentés comme individuels qui sont mis en avant. Au niveau politique et de l’État, insister sur les paramètres individuels permet de rejeter la responsabilité sur l’individu et non pas sur la société. Alors que les facteurs de risque présentés comme individuels – le tabac, l’alcool, la malbouffe et l’inactivité physique – sont essentiellement dépendants de la position sociale, des conditions de travail et de l’exposition au chômage. Le problème est donc structurel.
Comment agir sur ce problème ?
Pour la communauté médicale, qu’on parle du médecin généraliste ou des spécialistes, mis à part les médecins du travail et encore, la quasi-totalité ne font pas le lien entre position sociale, conditions de travail, chômage et santé. C’est une question qui n’est presque jamais posée aux patients qu’ils ont en face d’eux. C’est donc un paramètre qui n’est pas pris en compte pour la prise en charge médicale. De notre point de vue, quelque chose pourrait être fait, sans que ce soit une révolution.
Il y aura toujours autant de cancers et de maladies cardiovasculaires tant que les conditions de travail seront toujours autant dégradées, tant qu’il y aura un chômage important et qu’un grand nombre de gens demeureront dans une position sociale précaire. Pour le moment, ce n’est pas du tout une priorité de l’État d’améliorer les conditions de travail de la population. Au contraire.
Mon constat est donc plutôt pessimiste. La seule avancée, d’un point de vue réaliste, ce serait un suivi médical plus constant des personnes qui cumulent tous ces risques-là. Encore faudrait-il qu’il y ait une communication vis-à-vis des professionnels de santé, qu’ils soient sensibilisés au problème. Cela pourrait être porté par des associations et des syndicats.
Propos recueillis par Emma Bougerol
Notes
2084-Pourquoi l’État joue avec votre santé, Pierre Meneton, Humensciences, 2021
L’incroyable combat d’une travailleuse agricole contre l’exploitation des êtres humains
Yasmina Tellal, aux côtés d’autres travailleurs détachés agricoles, a brisé le silence sur leurs conditions de travail dans des exploitations agricoles du sud de la France. Fin septembre, la justice a condamné les gérants d’une entreprise dénoncée.
« J’ai mené cette bataille pour toutes les femmes, contre l’exploitation des êtres humains », souffle au téléphone Yasmina Tellal, employée de 2012 à 2017 par Laboral Terra, une entreprise de travail temporaire espagnole qui fournit de la main-d’œuvre aux exploitants et entreprises agricoles françaises. Après avoir vécu un calvaire dans les vergers et les serres de Provence durant des années, Yasmina et trois autres travailleurs agricoles saisonniers ont enfin été reconnus victimes par la justice.
Le 26 septembre, le tribunal correctionnel d’Avignon a condamné les deux gérants de Laboral Terra à verser aux travailleurs près de 100 000 euros d’indemnités, au titre des préjudices économique, financier et moral – soit 25 000 euros chacun. Les gérants de Laboral Terra ont également été condamnés à verser 1 euro symbolique à la CGT qui accompagnait les intérimaires en qualité de partie civile [1].
« C’est une grande victoire d’obtenir un préjudice moral. Dans ce type d’affaires, le symbole est important. Cela montre que la justice a compris l’enfer qu’ils ont vécu », a commenté Yann Prévost, l’avocat des travailleuses et travailleurs détachés. « Ils nous ont donné raison à 100 % : le travail non déclaré, le préjudice moral et économique, l’accident du travail, égrène Yasmina.
Une très longue bataille judiciaire
Le chemin de ces travailleuses et travailleurs pour en arriver là a été très long et difficile. « J’ai beaucoup bataillé pour avoir cette reconnaissance de notre souffrance par l’État français », reconnaît-elle. En 2020, nous avions longuement échangé avec Yasmina Tellal qui dénonçait les conditions « inhumaines » dans lesquelles elle avait été employée chez des exploitants et entreprises agricoles du sud de la France. « Ils n’ont rien respecté : ni les 35 heures ni les congés, et pas plus la possibilité d’avoir accès à la couverture complémentaire santé », dénonçait la travailleuse.
Entre 2012 et 2017, ses contrats se sont enchaînés, dans l’emballage de fruits et légumes, puis dans les serres de fraises où l’ « on n’avait pas de pause, pas de café, pas le droit de manger, pas de toilettes », décrit-elle. Dans une autre entreprise d’emballage de pommes, Yasmina travaille 15 heures par jour, avec une heure de pause seulement. Il y a là « un comportement de mépris et un abus de la force de travail », nous avait confié son avocat.
En 2020, Yasmina Tellal dépose plainte contre Laboral Terra aux prud’hommes, avec quatre salariés, pour non-respect des contrats de travail, non-paiement des heures supplémentaires et des congés payés, manque à l’obligation de sécurité et préjudice moral.
Les cotisations sociales, qui sont payées en Espagne par l’entreprise de travail temporaire, se révèlent bien moins élevées qu’en France. S’il n’est pas illégal d’avoir recours au travail détaché, cela doit se faire de manière limitée dans le temps. Or, dans le cas de Yasmina Tellal, son avocat rappelle qu’elle a travaillé pendant plusieurs années pour deux de ces sociétés, ce qui confirme un besoin structurel, et non pas temporaire, de main-d’œuvre.
Série de victoires
Le 22 septembre 2020, Yasmina Tellal et les quatre autres salariés obtiennent, devant les prud’hommes d’Arles, le paiement de rappels de salaires et congés payés par Laboral Terra. Le jugement évoque alors des « retenues frauduleuses sur salaires, (des) indemnités de congés payés jamais versées » ou des salaires calculés sans respecter le minimum légal.
« Le jugement a également reconnu la responsabilité solidaire des entreprises utilisatrices pour le paiement des sommes restantes dues aux salarié·es détaché·es et aux organismes de sécurité sociale », pointe le Collectif de défense des travailleurs étrangers dans l’agriculture des Bouches-du-Rhône (Codetras). En clair, les exploitations agricoles provençales qui ont bénéficié des services de Laboral Terra doivent aussi payer.
Nouvelle victoire judiciaire en juin 2022, au pénal cette fois-ci. Les gérants de Laboral Terra sont alors condamnés par le tribunal correctionnel d’Avignon pour « travail dissimulé » à cinq ans de prison dont deux ferme, 10 000 euros d’amende et se voient interdire d’exercer une activité en lien avec les infractions constatées de travail dissimulé et d’aide au séjour de travailleurs étrangers irréguliers.
Problème : les quatre ex-travailleurs agricoles n’ont pas assisté à ce procès pénal, « faute d’avoir été prévenus », selon leur avocat. Ils n’ont donc pas pu se constituer parties civiles. Les demandes des parties civiles ont finalement été prises en compte lors d’une audience le 24 mai 2023. « Ce sont des victimes qui ont été oubliées », plaide ce jour-là l’avocate Fatma Ferchichi, rappelant que l’enquête pénale a démarré après les plaintes de deux de ces salariés. L’avocate réclame alors 30 000 euros pour chaque travailleuse et travailleur détaché à Laboral Terra.
Le 26 septembre dernier, le tribunal correctionnel d’Avignon a donc suivi les demandes de l’avocate. Les quatre travailleurs détachés dont Yasmina Tellal ont officiellement été reconnus victimes par la justice de « travail dissimulé ». « À la différence du jugement en prud’hommes, le tribunal a jugé que le détachement était illégal précise Yasmina. Le pénal nous a donné raison sur tout ! »
« Ils veulent gagner du temps pour ne pas payer »
« On a gagné une bataille mais pas la guerre, tient à souligner Yasmina. On a gagné sur le papier, mais on n’a pas touché d’argent. » Depuis le jugement aux prud’hommes de 2020, elle et les autres travailleurs détachés n’ont pas perçu le moindre euro. Un an auparavant, en 2019, l’entreprise espagnole s’est déclarée en faillite. Dans ces conditions, c’est normalement la caisse de garantie de salaires (AGS internationale) qui doit prendre le relais [2].
Or, depuis trois ans, l’AGS transnationale rechigne à se substituer au liquidateur de Laboral Terra pour effectuer le versement des sommes dues. « L’AGS nous pose des difficultés pour payer en disant qu’en face le mandataire n’a pas donné le détail des cotisations et nous renvoie en Espagne », se désole l’avocat des travailleuses et travailleurs détachés dans les colonnes de La Marseillaise. La Mutualité sociale agricole attend elle aussi de recouvrer les impayés de cette fraude aux cotisations sociales, soit 3,8 millions d’euros.
« On attend une décision des prud’hommes le 14 novembre pour savoir si l’AGS transnationale va être condamnée à payer », observe Yasmina. Laboral Terra a par ailleurs fait appel de la décision au pénal du 26 septembre. « L’affaire sera étudiée au tribunal de Nîmes, mais on ne connaît pas encore la date. Ils veulent gagner du temps pour ne pas payer », redoute Yasmina.
Elle ne désarme pas et a même fait appel de la décision des prud’hommes de 2020, qui considère le travail détaché comme légal. « On veut que le travail détaché soit reconnu comme illégal. Le pénal nous a donné raison là dessus. La logique voudrait que les prud’hommes nous donnent raison sur cet aspect », précise-t-elle.
L’audience se tiendra le 15 janvier 2024 à Aix-en-Provence. « Ce qui me fait tenir, c’est la rage. Il faut en finir avec les harcèlements des femmes. Et il y a encore en Europe des femmes exploitées sexuellement, menacées de devoir donner leur corps si elles veulent poursuivre leur contrat de travail. »
Pour une nouvelle philosophie sociale. Transformer la société à partir des plus pauvres
Qu’une partie de l’humanité soit condamnée à vivre au cœur de la misère, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, ne semble plus faire l’objet d’un questionnement, aujourd’hui. L’idée selon laquelle il faudrait des perdants sonne comme une évidence.
Pour Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, au contraire, la misère ne relève pas de la fatalité ; produite par des hommes, ces derniers peuvent la détruire. Pourquoi persiste-t-elle alors ? Est-ce parce que, face à cette terrible situation, nos sociétés n’ont jamais imaginé que des mesurettes, pour ne pas avoir à remettre en cause nos manières de penser, d’agir et de nous relier les uns aux autres ?
Ou parce que nous n’avons jamais vu ceux d’entre nous qui vivent la misère comme source précieuse pour critiquer et transformer le monde ?
Ce livre rend compte de l’alliage entre la lutte contre la pauvreté et la pensée critique. Il montre la fécondité d’une démarche consistant à faire œuvre de philosophie avec les premiers concernés.
Au cours de son histoire, la philosophie sociale a su forger des catégories pour dire les profonds dysfonctionnements qui se manifestent au sein la société : aliénation, domination, déni de reconnaissance…
En s’inscrivant dans cette veine, le présent ouvrage propose d’enrichir la méthode, cette fois-ci en pratiquant la philosophie avec des personnes touchées par la grande pauvreté et d’autres engagées dans l’action à leurs côtés.
Les fruits de ce travail mené durant près de quatre années nous invitent à un véritable changement de société au bénéfice de toutes et tous. Ce livre inaugure une philosophie sociale où se pense un mpauvretéonde sans exclusion ; un monde où la contribution de chacune et chacun est reconnue comme un savoir irremplaçable, un savoir-faire société ensemble.
L’ouvrage a été coordonné par deux philosophes, David Jousset et Fred Poché, et deux volontaires permanents d’ATD Quart Monde à la longue expérience de terrain, François Jomini et Bruno Tardieu.
Les travailleurs sans-papiers d’Aviland auront leur titre de séjour provisoire
Ces hommes et ces femmes ont laissé éclater leur joie, samedi 19 juin 2021, lors d’un rassemblement festif à Morlaix (Finistère). Ils espéraient obtenir ce titre de séjour par le travail, mais c’est finalement leur plainte pour traite des êtres humains qui a joué. Tous étaient employés dans une entreprise de ramassage de volailles à Landivisiau sans être déclarés.
« Nous les migrants, nos familles, nos enfants, nous vous remercions tous du fond du cœur pour votre travail. » Samedi 19 juin 2021, l’heure était à la joie, place de la Résistance, à Morlaix (Finistère).
La manifestation devait servir à faire pression sur les services de l’État pour qu’ils accordent un titre de séjour provisoire aux 26 anciens salariés d’Aviland, à Landivisiau, en rapport avec leur plainte pour traite des êtres humains.
Finalement, le rassemblement a pris un tour festif. « 24 salariés pouvaient y prétendre. Ils sont 14 à avoir reçu leur récépissé, et pour les autres, ça sera le cas la semaine prochaine », annonce, visiblement heureux, Marc Corbel, de la CGT.
« Une première étape »
En lien avec des associations, le syndicaliste a suivi le dossier depuis la première heure. « C’est un homme extraordinaire, passionné par son travail », salue l’un des travailleurs sans-papiers. Marc Corbel met quant à lui l’accent sur « le courage de tous ces salariés qui ont su rester dans une dynamique positive malgré la tourmente ».
Employés dans une société de ramassage de volailles, ces travailleurs n’avaient jamais été déclarés et expliquent avoir subi « menaces et humiliations ». Après la visite de l’inspection du travail, l’entreprise a été fermée administrativement en avril, puis liquidée en mai. Cela fait donc plusieurs mois que ces personnes vivent, de par leur statut de sans-papiers, sans indemnisation et sans possibilité de travailler.
« Ce titre de séjour provisoire, ce n’était qu’une première étape, rappelle Marc Corbel. La suite se jouera avec des avocats, aux prud’hommes et au pénal. » Une procédure similaire est en cours concernant 17 anciens salariés de Prestavic, à Saint-Sauveur.
Mieux connaîtrel’assurance chômagepour mieux la défendre
L’UNEDIC c’est quoi ?
Quelques jalons
1958 naissance de l’ union nationale interprofessionnelle pour l’emploi dans l’industrie et le commerce – association paritaire, gérée par les représentants des salariés et ceux des patrons.
2001 PARE (Plan d’aide au retour à l’emploi) : volonté de changement dans le contexte de la « refondation sociale ». Le principe est de ne pas se contenter du seul rôle « d’indemnisateur » mais de contribuer au retour à l’emploi dans une logique d’assureur.
2008 naissance de Pôle emploi
2015 Le droit d’option des droits rechargeables
2020 L’explosion de la dette de l’Unedic
Le financement historique
L’assurance chômage est financée par le reversement des employeurs des cotisations sur le salaire (pour l’employeur c’est l’ancienne partie brute du salaire au début du régime d’assurance Unédic en 1958, transformée progressivement depuis des dizaines d’années, par artifice comptable, en cotisation employeur dites charges patronales et cotisations salariale) et par l’impôt via une fraction de la CSG activité (payée par le.la salarié.e sur sa fiche de paie).
L’Unédic évolue dans un cadre strictement réglementé: celui de la convention d’assurance chômage, négociée tous les deux ou trois ans par les représentants des salariés et ceux des patrons. La convention doit être agréée par l’État; la loi imposant un objectif d’équilibre financier.
Les grands principes du versement de l’allocation
Pour ouvrir des droits à l’allocation de retour à l’emploi (ARE), les salarié.e.s doivent avoir cotisé (travaillé) suffisamment longtemps (aujourd’hui 4 mois), sur une période de référence (aujourd’hui 24 mois qui précèdent la fin de contrat prise en compte pour ouvrir des droits).
Le salaire journalier de référence (SJR) est calculé comme suit : Moyenne des revenus journaliers perçus sur la période salariée.
L’allocation versée est de 57 % du SJR. Ce qui fait environ 70 % net du revenu antérieur car les prélèvement sociaux sur l’allocation versée sont faibles.
Il est possible de cumuler partiellement les revenus tirés d’une activité salariée et l’allocation, lorsque les revenus bruts mensuels tirés de l’activité salariée n’excèdent pas 143% de l’allocation mensuelle versée.
L’avenir de l’assurance chômage – les grands enjeux
Un faible pourcentage d’indemnisés
Seulement 40% des personnes inscrites au Pôle emploi sont indemnisées par l’Unedic. L’indemnisation de tous.tes les salariés.es privé.e.s d’emploi est un enjeu sociétal majeur.
La dette
C’est une arme politique de casse des droits qui profite aux spéculateurs
Sur le sujet, lire l’analyse pointue du CADTM: Transfert du financement de l’État vers Pôle emploi : plus grande participation de l’Unedic.
La dette est une arme pour casser l’assurance chômage, et mettre la pression sur les chômeurs pour leur faire accepter des emplois toujours plus dégradés.
La dette de l’Unedic est financée sur le « marché de la dette » privé, opaque et spéculatif.
Le braquage de 2018
2018 cotisations transformées en CSG – Augmentation de la participation de l’Unedic au financement de Pôle emploi
Depuis janvier 2019, les salariés ne versent donc plus de cotisations sur leur salaire brut de fiche de paie. Elle a été remplacée par la CSG.
L’État prélève donc l’impôt (CSG) pour financer l’Unedic. Il a donc désormais le pouvoir sur le financement de l’Unedic.
Vers la suppression du droit à l’assurance chômage pour tous ?
Le Medef souhaite se désengager de l’assurance chômage, il est prêt à payer un pourcentage du brut à l’État, qu’il lui demandera de baisser, ce que l’État lui accordera (aides et mesures pour favoriser l’emploi ou les entreprises en difficultés).
Ce serait donc la fin du paritarisme, et l’étatisation de l’assurance chômage
Avec la convention du 1er juillet 2021, le gouvernement fait un pas vers la forfaitisation de l’assurance chômage (type RSA).
On s’oriente vers une allocation normale pour celui et celle qui a plusieurs années d’ancienneté avant la fin de son contrat, un RSA « majoré » (allocation plancher) pour les précaires, et le RSA pour ceux qui sont totalement privés d’emploi.
Les principes de la convention d’assurance chômage Macron
« Inciter au retour à l’emploi »
La « réforme » Macron sur l’assurance chômage s’appuie sur deux énormes bobards :
Bobard N°1 :
Certains allocataires seraient mieux indemnisés au chômage que s’ils travaillent, et donc pour une raison « d’égalité» avec ceux qui subissent le temps partiel, il faudrait diminuer l’allocation des salariés en activité discontinue.
Ceci alors que 47 % des offres diffusées sur le site Pôle emploi ne sont même pas légales…
La vraie et unique raison de cette « réforme » est de baisser les droits des chômeurs de 2,3 milliards d’€ et de leur mettre la pression pour leur faire accepter des emplois toujours moins bien payés et des conditions de travail toujours moins bonnes.
Des règles à géométrie variable pendant la crise sanitaire
La première phase des décrets Macron s’appliquent depuis le 1er novembre 2019.
Il s’agit du rechargement des droits (qui est supprimé), la dégressivité des allocations chômage pour les hauts revenus (plus de 4500 €), et l’ouverture des droits aux salariés démissionnaires et aux travailleurs indépendants.
Tous les syndicats sont opposés aux décrets Macron. Même Pénicaud, pourtant à l’initiative de la convention, indique le 20 mai 2021 qu’il faut « tenir compte du contexte ».
Ce qui s’applique depuis le 1er novembre 2019
La dégressivité
Cette règle s’applique depuis le 1er novembre 2019. Elle touche pour l’instant les salaires de plus de 4 500 €.
Cette mesure est
stupide pratiquement : Baisser les allocations des cadres ne vont pas les aider à retrouver un emploi, au contraire.
Injuste : Les cadres cotisent plus qu’ils ne touchent d’allocation
Peut être évitée : En faisant sauter le plafond de cotisation (faire cotiser les hauts revenus)
La fin du rechargement des droits
Auparavant, les droits à l’assurance chômage étaient « rechargés » au bout d’un mois d’activité salariée. Avec les décrets Macron, c’est fini. Il faudra donc travailler 4 mois, voire 6 pour ouvrir à nouveau des droits.
L’allongement de la période de référence
La période de référence passe de 28 à 24 mois, limitant ainsi l’accès à l’assurance chômage à de nombreux allocataires potentiels.
La convention d’assurance chômage du 1er juillet 2021
Pour les salariés en activité discontinue, leur allocation va baisser, et va durer plus longtemps
Dans notre exemple, l’allocataire touchera 200 euros en moins, sur 9 mois au lieu de 6 auparavant. Sans qu’il ait le droit d’option (liberté de choisir allocation normale sur 6 mois).
Le calcul du salaire journalier de référence, au cœur de la mobilisation nationale
Prise en compte des périodes non salariées pour le calcul du salaire journalier de référence : Du jamais vu. Une règle injuste, absurde, et totalement aléatoire.
Un allocataire qui aura travaillé 6 mois consécutif au SMIC ouvrira un droit à allocation à 950 euros. Celui qui aura travaillé 6 mois consécutif au SMIC, mais qui, un an auparavant, aura travaillé un jour, aura lui une allocation de 650 euros par mois.
L’allongement de la durée de cotisation pour ouvrir des droits
Il faudra à l’avenir travailler 6 mois au lieu de 4 pour ouvrir des droits.
Une sur-côtisation pour les employeurs qui abusent des contrats courts… Dérisoire et renvoyée aux calendes grecques
Les contrats précaires ont explosé ces 30 dernières années
L’abus de CDD coûte un pognon de dingue à l’assurance chômage
Sur le temps long, il y a explosion du chômage entre 1975 et 1985. Depuis, le chômage de masse est structurel (sur le temps long).
Et ça ne s’est pas arrangé depuis 1996…
Aujourd’hui, 6,5 M de personnes, soit 22 % de la population active, pointe au Pôle emploi.
Les personnes ayant eu des arrêt maladie, arrêt maternité, ou activité partielle
Ces périodes étaient, auparavant, « neutralisées », c’est-à-dire qu’elles n’étaient pas prises en compte pour le calcul du SJR.
«Le projet de décret prévoit la reconstitution, dans le cadre du calcul du SJR, d’un salaire fictif au titre de certaines périodes de suspension du contrat de travail ou de périodes au cours desquelles le salarié percevait une rémunération réduite». Dans un avis transmis mercredi 12 mai au ministère du Travail, l’Unédic pointe cette fois-ci le risque d’illégalité d’un tel correctif.
Une baisse d’allocation partiellement compensée par la prime d’activité
Le souci est que la prime d’activité dépend du revenu du foyer (fiscal), donc pas versée à tout le monde, et qu’elle n’est pas soumise à cotisation. Donc elle ne génère pas de droits (assurance chômage, retraite…)
Une casse de droits sociaux en cascade
Partant d’une allocation plus basse, le montant d’allocation versé en cas de reprise d’emploi est plus faible aussi.
De plus, les allocataires atteindront plus rapidement leur plafond de cumul, et seront par conséquent moins souvent indemnisés quand ils retravaillent.
Les périodes indemnisées par l’Assurance chômage sont prises en compte pour la validation des trimestres d’assurance vieillesse (retraite de base) et des points de retraite (retraite complémentaire).
Pour les allocataires, la réforme du SJR aura un impact à deux niveaux :
– sur la validation des trimestres par la modification des périodes indemnisées et non indemnisées (en lien avec l’allongement des droits),
– sur les revenus pris en compte pour la retraite complémentaire. L’effet total dépend du parcours final d’indemnisation.
Nouveau recours
Le projet initial de décrets sur l’assurance chômage a déjà retoqué une première fois par le conseil d’État
la CGT, la CFDT, FO et la CFE-CGC se sont coordonnées pour déposer vendredi 21 mai chacun un recours contre la réforme de l’Assurance-chômage devant le Conseil d’Etat.
Et demain ?
Le recours des syndicats a toutes les chances d’aboutir. Le gouvernement devra revoir son texte sous 3 ou 4 mois. Tentera-t-il de passer à nouveau en force en diminuant les effets calamiteux de la prise en compte des périodes non salariées dans le calcul du SJR (augmentation de l’allocation « plancher »)
Les revendications CGT
5ème branche de la sécurité sociale
Sur-côtisation sur contrats précaires
100% Indemnisés au moins sur le SMIC à 1 800 euros bruts, même pour les étudiant.e.s qui sortent d’étude.
Par Vladimir Bizet-Guilleron, occupant du théâtre, membre de le CGT Chômeurs rebelles.
Inédite en Espagne, la structure disposant d’un statut juridique veut négocier l’accès à des bâtiments vides de la capitale aragonaise pour y loger des SDF. Comme l’observe le quotidien espagnol Público, classé à gauche, le phénomène d’exclusion s’est accentué avec la pandémie dans le pays.
À Saragosse, les SDF s’unissent autour d’un syndicat. Une trentaine de militants et simples citoyens ont créé un “Sindicato de Personas Sin Hogar” (“Syndicat des sans-abri”) dans la capitale de la région autonome d’Aragon, au nord de l’Espagne.
La structure, qui disposera d’un statut juridique – une première dans le pays –, doit “devenir un interlocuteur pour négocier l’accès aux bâtiments vides de la ville afin d’y loger des sans-abri”, révèle le quotidien de gauche Público.
Le syndicat souhaite épauler, entre autres, les banques alimentaires ou la Croix-Rouge, qui distribuent des repas aux SDF de la ville, leur fournissent des conseils juridiques et luttent pour qu’ils accèdent à un logement décent.
Avec plus de 680 000 habitants, Saragosse est la cinquième ville la plus peuplée d’Espagne. Mais sous l’effet de la pandémie, “parallèlement à l’accroissement de la pauvreté”, le nombre de SDF a explosé, passant d’“une centaine avant la pandémie” à 300 personnes désormais.
Le phénomène d’exclusion propre à toute l’Espagne
D’après l’un des créateurs du syndicat, il y a même “beaucoup plus de personnes qui vivent dans des logements indignes” dans la ville. Selon Público :
Une partie de ces sans-abri obtiennent de la nourriture grâce aux réseaux d’entraide dans les quartiers, auxquels viennent s’ajouter des initiatives comme celle du centre social.”
“Aux difficultés économiques générées par la crise sanitaire s’ajoutent certains problèmes spécifiques à l’Aragon”, développe le journal basé à Madrid. Chiffres officiels à l’appui, il explique par exemple que les expulsions de logement continuent “malgré les moratoires décrétés par le gouvernement espagnol”.
L’aggravation du phénomène d’exclusion n’est pas propre à l’Aragon et se retrouve dans plusieurs villes et régions autonomes espagnoles. Le syndicat saragossan s’inspire par exemple d’une expérience similaire menée à Barcelone – qui ne dispose toutefois pas de statut juridique. La plus grande ville de Catalogne est particulièrement touchée par la crise puisque le nombre de sans-abri y a augmenté de 22 % durant la pandémie.
Réforme de l’assurance-chômage: un avant-goût de la thérapie de choc d’un éventuel second quinquennat de Macron
C’est sans doute la réforme la plus abjecte du premier quinquennat de Macron, car elle frappe de plein fouet les travailleurs/ses les plus vulnérables.
Elle devrait susciter une énorme mobilisation qui malheureusement n’est pour l’instant pas au rendez-vous, mais un espoir de convergence se précise pour le 23 avril.
L’apathie des directions syndicales, le contexte sanitaire, et aussi une certaine indifférence des salarié·e·s les mieux protégé·e·s explique qu’aucun obstacle sérieux n’est mis au travers de la route de Macron. Il est important de revenir sur le contenu de cette réforme, de comprendre ce qu’elle annonce, et de réfléchir à nos moyens de nous y opposer.
Trois dispositifs vont s’appliquer à partir du 1er juillet :
Augmentation de la durée de cotisation pour ouvrir des droits, de 6 mois sur les 24 derniers mois au lieu de 4 mois travaillés sur 28 mois précédemment ;
Dégressivité de l’allocation pour les moins de 57 ans gagnant plus de 4.500 € bruts ;
Et surtout un nouveau mode de calcul du Salaire Journalier de Référence (SJR) : le calcul sera basé sur le salaire mensuel moyen (c’est-à-dire en divisant le salaire par tous les jours du mois, travaillés ou non, et ce pendant 24 mois) alors qu’aujourd’hui, seuls les jours travaillés sont pris en compte. Les travailleurs/ses qui auront été en congé maladie ou maternité seront par exemple lourdement pénalisé.e.s
Selon l’étude d’impact de l’UNEDIC du 24 mars, ce sont 1 150 000 chômeurs/ses qui subiraient une baisse des allocations. Parmi elles et eux, 365 000 privé·e·s d’emploi seraient aussi privé·e·s du quart de leur allocation. Pour l’ensemble des chômeurs/ses indemnisé·e·s, la baisse moyenne serait de 17% par rapport à la situation actuelle.
Cette réforme est justifiée au nom de l’incitation au travail, comme si le chômage de masse était de la responsabilité des chômeurs/ses…
Mais elle se fait aussi au nom de la situation économique (mauvaise). Autrement dit, le gouver-nement assume que l’indemnisation des chômeurs/ses soit une variable d’ajustement de la situation économique.
À l’inverse, c’est le niveau des cotisations qui devraient s’ajuster pour garantir aux privé·.e·.s d’emploi un certain revenu de remplacement. Mais pour Macron, le risque doit être portée par les travailleurs/ses (en l’occurrence les chômeurs/ses), et non par les patrons qui doivent être sécurisés dans leurs profits.
D’ailleurs, la « contrepartie » annoncée à la baisse des allocations, le dispositif de bonus-malus pour les employeurs (pénalisant les patrons ayant le plus recours au travail précaire) est purement et simplement reportée à septembre 2022 !
Macron aura alors tout loisir, s’il est réélu, d’enterrer définitivement cette contrepartie. Pire, le gouvernement s’apprête à prolonger, au delà du 30 juin les mesures “temporaires” prises en 2020 pour “assouplir” le marché du travail : règles dérogatoires pour les CDD et l’interim (sur le nombre maximal de renouvellement de contrats), facilités sur le prêt de main d’oeuvre entre deux sociétés, etc. Et le nombre de jours de congés imposés imposés par l’employeur passerait de 6 à 8 !
Affronter les directions syndicales ! Se réapproprier nos syndicats ! Et construire la journée de mobilisation du 23 avril
Depuis plusieurs semaines, un mouvement d’occupation des théâtres s’enracine et se structure. Il faut dire que les travailleurs/ses de la culture sont particulièrement frappé·e·s par la crise, avec la fermeture des lieux culturels. Ils et elles sont également frappé·e·s de plein fouet par la réforme du chômage.
Le mouvement se construit de façon exemplaire avec des Agoras régulières. Tous les lieux occupés (on pourra lire ici l’excellent appel des occupant·e·s de l’Odéon : https://tendanceclaire.org/, ainsi que la CGT Spectacle et SUD Culture Solidaires, appellent à une journée de mobilisation et de grève le 23 avril contre la réforme de l’assurance chômage.
C’est une date importante qui doit permettre un élargissement de la mobilisation. Dans ce sens, les confédérations syndicales ont une responsabilité importante. Pourtant, elles ne font rien pour œuvrer à l’élargissement.
Elles se contentent de recours juridiques, espérant que la justice bourgeoise déjugera Macron et défendra les droits des travailleurs/ses. C’est pathétique et révoltant. Partout, nous devons intervenir dans nos syndicats pour construire cette date de mobilisation et mettre la pression sur les états majors syndicaux afin qu’ils rompent le dialogue social avec le gouvernement et proposent un véritable plan de mobilisation. Cela devrait commencer par un appel interprofessionnel à la grève le 23 avril.
Un second quinquennat serait un massacre pour les travailleurs/ses
En pleine crise sanitaire et économique, Macron s’attaque à celles et ceux qui ont le moins et mobilise l’argent public pour préserver les revenus et le patrimoine des plus riches. Cela en dit long sur le cynisme du personnage.
Une fois la crise sanitaire derrière nous, Macron a d’ores et déjà annoncé la couleur : les dépenses sociales seront coupées sévèrement afin de réduire le déficit public et stabiliser le niveau de la dette. Le gouvernement a en effet repris à son compte les préconisations de la commission sur l’avenir des finances publiques qui est très claire sur ce point.
Macron et son gouvernement cherchent à constituer un bloc susceptible de le porter au second tour de la présidentielle et à imposer une thérapie de choc au pays. Pour ce faire, LREM ne suffit pas. Des négociations sont engagées avec Sarkozy afin de constituer une alliance LREM/LR qui pourrait prendre forme avant l’élection présidentielle avec la nomination de Baroin comme premier ministre.
C’est ce qu’a révélé le Canard enchaîné. Cela répond à une logique politique parfaitement compréhensible : LR et LREM ont le même programme économique. Il serait donc absurde de se diviser et de risquer d’être absent du second tour de la présidentielle.
Par ailleurs, le patronat le plus conscient poussera certainement à la formation d’un tel bloc bourgeois élargi, qui sera dévoué corps et âme à la satisfaction de ses intérêts, prêt à démanteler le socle de la protection sociale en France.
S’opposer et proposer une alternative communiste
Dans l’urgence, il est essentiel de mettre en échec cette réforme de l’assurance chômage. Ce ne sont pas aux travailleurs/ses les plus pauvres de payer la crise. Bien au contraire, un impôt exceptionnel sur les plus grosses fortunes devrait immédiatement être mis en place pour financer les aides d’urgence à destination de toutes celles et tous ceux qui sombrent dans la pauvreté absolue.
Même cette revendication élémentaire n’est pas portée par les bureaucraties syndicales. De façon pathétique, Martinez s’associe avec Duflot pour réclamer une taxe sur les plus riches https://tendanceclaire.org/… pour rembourser la dette Covid ! Autrement dit, on nous propose de taxer les plus riches pour financer une dette publique détenue (via les banques) par les plus riches !
Au-delà de ces mesures d’urgence pour faire face à la pauvreté absolue, il faut penser une sortie du capitalisme, qui permette à chacun·e d’échapper à la peur du lendemain.
Il faut garantir à chacun·e une sécurité économique minimale et une participation effective à la vie sociale, au travail et dans la cité. Dans le domaine de la culture par exemple, la revendication d’un droit politique au salaire à vie monte en puissance https://www.monde-diplomatique.fr, ce qui permettrait aux travailleurs/ses de la culture d’affranchir leurs activités du capital et des subventions d’État.
Pour garantir à chacun·e un salaire à vie permettant la satisfaction des besoins fondamentaux, il faut sortir du mode de production capitaliste et repenser de nouveaux rapports de production permettant le contrôle effectif des travailleurs/ses sur les moyens de production.
C’est le rôle des militant·e·s communistes révolutionnaires que d’incarner, de populariser, de mettre en débat un tel projet de rupture, condition indispensable à la mobilisation effective de notre classe.
À Quimper, des artistes ont fait le show au supermarché
Un grain de folie et de culture a soufflé dans les allées du supermarché Carrefour à Quimper (Finistère) ce vendredi 16 avril 2021. Dans l’après-midi, une soixantaine de membres du collectif du Théâtre de Cornouaille occupé, dont de nombreux artistes, ont chanté, dansé, réalisé des acrobaties. Objectif : sensibiliser sur l’assurance chômage.
Un clown jongleur, une acrobate facétieuse, l’air de Bella Ciao interprété par un quatuor violon-accordéon-guitare-tambourin, « La Chenille » à travers les rayons… Ce vendredi 16 avril 2021, une soixantaine de personnes, certaines grimées et déguisées, ont mené une action surprise, et joyeuse, dans les allées du supermarché Carrefour, à Quimper, à partir de 16 h.
Artistes intermittents du spectacle, professionnels de la culture au sens large ou militants soutenant la lutte, ils ont tous répondu à l’appel du collectif Cornouaille occupé.e. Depuis le 19 mars 2021, la Scène nationale de Quimper est le point de convergence des acteurs culturels du Sud-Finistère.
« On n’est pas des légumes ! »
Ce vendredi, ils souhaitent interpeller les clientes et les clients sur la réforme de l’assurance chômage. Dans une allée, la discussion s’engage entre un artiste et un couple. Qui applaudit la démarche : « Vous avez raison de bouger ! On n’est pas des légumes ! »
De nombreux clients et clientes ont le sourire aux lèvres. Des téléphones captent les scènes de danses improvisées et d’acrobaties. « Ils doivent avoir chaud là-dedans », glisse une dame aux cheveux blancs en croisant trois personnes affublées d’un déguisement de saucisse.
« L’accueil est plutôt bon, commente l’un des participants, venu habillé en civil. Les gens comprennent. C’est une action symbolique, pacifique. »
Comme le sont les rendez-vous hebdomadaires organisés le samedi, en plein air, ouverts à tous.
Samedi 17 avril 2021, l’Agora aura pour thème la détresse étudiante. Un rassemblement est prévu place Médard, en bas de la rue Kéréon, à 12 h. Des prises de parole et des pauses musicales se succéderont.