2.700 manifestants ont défilé dans les rues de Brest contre la nomination de Michel Barnier
La manifestation contre le « coup de force » d’Emmanuel Macron a rassemblé 2.700 personnes à Brest selon la préfecture du Finistère. Tous sont venus protester contre la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre, ce samedi après midi, place de la Liberté.
À peine nommé Premier ministre et déjà la protestation gonfle autour de Michel Barnier. 2.700 personnes se sont rassemblées place de la Liberté à Brest, ce samedi après-midi, pour dénoncer la nomination d’un homme de droite à la tête du gouvernement alors que l’Assemblée nationale est majoritairement à gauche. Les manifestants ont défilé dans les rues après quelques prise de paroles notamment de Pierre-Yves Cadalen, député LFI et de Mélanie Thomin, députée PS.
À Quimper, 1.000 manifestants ont battu le pavé. Ils étaient 600 à Morlaix et 90 à Carhaix.
Un déni de démocratie selon les manifestants
« Je ne sais même pas comment faire pour expliquer à mes enfants le sens du vote », déclare Anna, une manifestante. Même si la plupart des manifestants ne croient pas à un changement de gouvernement ils veulent tout de même se réunir et aller dans la rue pour exprimer leur mécontentement.
À Brest, près de 2 700 personnes disent non à la nomination de Michel Barnier à Matignon
Ce samedi 7 septembre 2024, environ 2 700 personnes ont manifesté à Brest (Finistère) contre ce qu’ils considèrent être un « coup de force » d’Emmanuel Macron, deux jours après la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre.
Ce samedi 7 septembre 2024, deux jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon, environ 2 700 personnes se sont rassemblées à Brest (Finistère), à l’appel du député LFI-NFP Pierre-Yves Cadalen, des partis de gauche et divers syndicats, pour manifester contre ce qu’ils appellent « le coup de force » d’Emmanuel Macron.
« Le Président ne respecte pas les résultats des élections »
Le rendez-vous est donné à 14 h, sur la place de la Liberté. Romain, 18 ans, et trois de ses amis sont arrivés un peu avant pour fabriquer leur pancarte….
Des partis de gauche et divers syndicats appellent à manifester le 7 septembre à Brest
Une conférence de presse rassemblant le député LFI-NFP Pierre-Yves Cadalen et d’autres représentants de partis de gauche s’est tenue ce jeudi 5 septembre 2024 à Brest (Finistère).
Pauline Louis-Joseph-Dogué (conseillère départementale EELV), Élise Hamard-Péron (Génération. s), Pierre-Yves Cadalen (député LFI-NFP 2e circonscription du Finistère), Édouard Edy (Le Massicot), Erwan Rivoalan (PCF, co-secrétaire de la section de Brest), Axell Youinou, secrétaire de l’Union pirate du Finistère.
Lors d’une conférence de presse, ce jeudi 5 septembre 2024, alors que la nomination de Michel Barnier à Matignon venait d’être annoncée, le député LFI-NFP de Brest-centre (Finistère), Pierre-Yves Cadalen a appelé à une large manifestation, samedi 7 septembre 2024, dans la cité du Ponant.
« L’hypothèse Lucie Castets reste sur la table »
« L’espoir ne s’éteint pas aujourd’hui ; l’hypothèse Lucie Castets reste sur la table et nous serons prêts à incarner l’alternative positive. » Il était accompagné de représentants de partis et mouvements de gauche (PCF, EELV, Union pirate, Génération.s et Le Massicot, qui regroupe les étudiants et étudiantes en école d’art). Tous, ainsi que leurs organisations de jeunesse, le planning familial, #Noustoutes et les radicaux de gauche, alertent sur « les menaces sur la démocratie » et revendiquent un meilleur accès aux services publics.
« Un coup de force inédit »
L’intersyndicale Finistère CGT, FSU, Solidaires et Union pirate estime que « le refus [d’Emmanuel Macron] de nommer un Premier ministre porteur du programme arrivé en tête constitue un coup de force inédit dans la Ve République ».
Elle appelle également à manifester ce samedi pour l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation des salaires, la défense des services publiques et le développement de l’emploi industriel en lien avec l’environnement.
05/09/2024
Pratique : samedi 7 septembre, place de la Liberté, 14 h. Le NPA y sera
Crise de l’hôpital : le « mur de la honte » du CHU de Brest agrandi avec les noms des personnes âgées qui ont attendu plus de 12 heures aux urgences
Selon la CGT, depuis le 10 juillet, plus de 130 patients ont passé plus de 12 heures aux urgences, dont une quarantaine ont patienté plus de 20 heures.
Devant les urgences du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Brest, dans le Finistère, le « mur de la honte » a été agrandi mardi 20 août par des syndicats avec, dessus, les nombreux noms des patients de plus de 75 ans qui ont passé plus de 12 heures aux urgences, rapporte France Bleu Breizh Izel. Selon la CGT, depuis le 10 juillet, c’est le cas de 130 patients et une quarantaine d’entre eux ont patienté plus de 20 heures.
Sur chaque feuille A4 est écrit une initiale, le nombre d’heures et la date. « Madame C, 93 ans, qui a passé 23 heures sur un brancard, Monsieur S, 89 ans, a passé 30 heures sur un brancard… », lit Stéphane Vielmas, infirmier de bloc opératoire et représentant syndical au sein de l’hôpital.
« Une étude faite par l’AP-HP explique qu’une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente la mortalité de plus de 40% pour les patients de plus de 75 ans », raconte le syndicaliste, « les gens font tout ce qu’ils peuvent aux urgences pour les prendre en charge, c’est juste un problème de durée de prise en charge qui ne sont plus acceptables dans nos urgences ».
« C’est dû au fait qu’on est sur des manques de personnel pour faire des examens complémentaires en radiologie ou en biologie et surtout sur un manque de lits, parce que certains devraient être hospitalisés, mais on n’a pas de lits d’hospitalisation pour les prendre en charge », ajoute l’infirmier, « les urgences sont juste le reflet et l’entonnoir du problème de la santé en France ». Un mouvement de grève a démarré mi-juillet aux urgences du CHU de Brest.
Août 1935 – Émeutes à Brest : Contexte politique et local
Il y a 80 ans Brest était le théâtre de plusieurs journée d’émeutes contre un ensemble de mesures que l’on qualifierait aujourd’hui « d’austérité » ; l’occasion de revenir sur un épisode méconnu de l’histoire de notre ville. Une série d’articles sera donc publiée, revenant sur le contexte de ces émeutes, faisant une description de ces journées et tentant d’expliquer ce qui s’est déroulé à ce moment. Ceci est la deuxième des six parties de cette série d’articles.
Une crise économique et politique
En 1934, la situation en France est catastrophique, une grave crise économique, comme ailleurs dans le monde, secoue le pays depuis plusieurs années : près d’un million de chômeurs, des salaires et une consommation en baisse…
La crise est aussi politique : ces années sont celles de « la valse des gouvernements » qui ne durent souvent pas plus de quelques mois ; la république est soupçonnée de corruption et n’a pas de stabilité. Le 6 février 1934, suite à une manifestation antiparlementaire et des émeutes organisées par les ligues d’extrême droite, c’est la chute du gouvernement Daladier, qui n’aura pas duré plus d’une semaine à cause d’un scandale politico-économique, l’affaire Stavisky.
Cette crise ne se résoudra que par la formation d’un gouvernement « d’Union nationale », intégrant des figures de la droite parlementaire, qui avait pourtant perdu les dernières élections…
Ce sont ces événements qui pousseront les partis de gauche – Parti Communiste, S.F.I.O et même les tendances les plus centristes des socialistes – à s’unir au sein du Front populaire, laissant de côté leurs différences politiques pour tenter d’obtenir une victoire électorale en 1936, ce qui marquera un tournant réformiste dans les actions de toute la gauche, jusqu’aux plus « radicaux ».
La situation est donc complexe pour le gouvernement, qui a sur les bras une crise à régler avec un système politique instable. Au cours de l’année 1935, et après une énième destitution d’un gouvernement sous la 3e République, Pierre Laval et son gouvernement d’union nationale obtiennent les pleins pouvoirs du Parlement pour prendre les mesures jugées nécessaires au rétablissement économique.
Le gouvernement a maintenant la possibilité légale de promulguer lui-même des « décrets-lois » sans passer par l’approbation de l’Assemblée nationale. C’est une forme de court-circuitage du fonctionnement normal de la démocratie parlementaire pour faire face à une situation de crise.
Concrètement ces décrets-lois sont un ensemble de mesures tentant de répondre à la crise par une « politique déflationniste » : très grossièrement il s’agit de baisser le montant des dépenses en diminuant les salaires mais aussi le prix des biens de consommation.
La réaction des ouvriers brestois
Fin mars 1934, le gouvernement annonce la promulgation prochaine d’un ensemble de décrets-lois instituant une « politique déflationniste » ayant pour but de résister à la dévaluation et sortir de la « crise de la spéculation ». Dans les faits il s’agit de baisser drastiquement le coût des dépenses publiques en diminuant le coût de la dette mais aussi les subventions et le salaire des fonctionnaires.
À Brest, la moitié de la population est composée de fonctionnaires. En effet, les 6,000 ouvriers de l’arsenal sont des ouvriers d’État et sont donc aussi concernés par les diminutions de salaires. C’est pourquoi, dès cette annonce, la C.G.T et la C.G.T.U, alors divisées, organisent plusieurs manifestations et tractages.
Le 11 janvier, la C.G.T. organise seule un meeting et un défilé contre les décrets-lois – la C.G.T.U. appelle tout de même ses militants et sympathisants à le rejoindre. Environ 3,000 personnes y participent.
Fin janvier un nouveau meeting est organisé, une grève d’une heure est décidée à l’unanimité pour le lendemain, le 1er février. Ce matin-là, quelques incidents éclatent dans les ateliers et plusieurs centaines d’ouvriers forment un cortège et parcourent l’arsenal dont ils sortent pour aller jusqu’à la maison du peuple. Mais le préfet maritime fait fermer les portes derrière eux.
Quand, à 13 heures, 4,500 ouvriers de l’arsenal veulent reprendre le travail comme prévu, ils trouvent les grilles fermées. La porte de la Corderie cède sous la poussée de plusieurs centaines d’ouvriers ; porte de Tourville les ouvriers ne parviennent pas à entrer, forment un cortège et parcourent la ville pour aboutir place Wilson où plusieurs orateurs prennent la parole.
À la fin du meeting, des cris retentissent « Aux Croix de Feu, rue Amiral-Linois ! ». De nombreux ouvriers semblent vouloir en découdre avec les différentes organisation d’extrême droite présentes à Brest. Plusieurs centaines de manifestants se dirigent vers le siège des Croix de Feu qui est conspué et caillassé, d’autres se dirigent vers le local de la « Solidarité Française », mais sont bloqués par un peloton de policiers. Quelques bagarres émaillent cette journée mais le lendemain le travail reprend calmement à l’arsenal.
Après ces journées, le mouvement s’élargit au-delà de celui des ouvriers de l’arsenal : les ouvriers du privé, notamment de la métallurgie et du bâtiment, sont réunis par les syndicats, leurs discours sont les mêmes « Non aux décrets-lois », « Non au fascisme ». Localement l’unité d’action entre la C.G.T.(confédérée, PS SFIO) et C.G.T.U.(unitaire PCF et Anars) se profile de plus en plus, annonçant un mouvement d’ampleur et coordonné, mais est toujours refusée par la C.G.T
Le 16 juillet 1935, la machine se met en marche, le gouvernement obtient enfin le droit de promulguer ses décrets-lois diminuant les dépenses publiques. Dès le 19 juillet, un meeting est organisé par la C.G.T. confédérée avec, cette fois-ci, la participation active de la C.G.T.U. Les orateurs parlent avec fermeté et les anarchistes appellent à la grève générale tout de suite. Les discours terminés, un cortège de plus de 3,000 travailleurs se forme. Toute manifestation ayant été interdite par la préfecture, ils se heurtent à un barrage de gendarmes qui est rapidement forcé ; les ouvriers défilent dans la ville sans incident notable.
Le 22 juillet une nouvelle manifestation, toujours interdite, rassemble 15,000 personnes qui défilent sans incident. « Les soviets partout ! » scandent certains ouvriers. (Proches du PCF minoritaires)
Début août les deux C.G.T. discutent et s’organisent séparément, les confédérés refusant toujours l’unité d’action prônée par les unitaires. Les confédérés, qui sont plus nombreux, décident d’une nouvelle manifestation, toujours interdite, qui rassemblera 12,000 personnes le 1er août. Des poursuites judiciaires seront alors engagées contre 17 syndicalistes, « unitaires » comme « confédérés »
C’est dans ce contexte que les ouvriers recevront leur paie quelques jours plus tard, constatant de visu l’amputation de leur salaire …
Pour l’Université européenne de la Paix, « ce n’est pas de comprimés d’iode dont les riverains de la rade de Brest ont besoin »
L’élargissement des plans particuliers d’intervention de l’Île Longue et de la base navale de Brest fait réagir l’Université européenne de la Paix. Pour l’Université européenne de la Paix, seul le démantèlement de la base nucléaire de l’île Longue assurera la sécurité des riverains de la rade.
L‘article sur l’élargissement des zones d’application des PPI (plans particuliers d’intervention) de l’île Longue et de la base navale de Brest paru dans Le Télégramme de mardi 13 août 2024 n’a pas échappé aux militants de l’Université européenne de la Paix.
Pour son représentant local Roland de Penanros, « les riverains de la rade n’ont pas besoin de plus de comprimés d’iode pour leur sécurité, mais du démantèlement pur et simple de la base nucléaire de l’île Longue ».
« Outre qu’il ferait perdre à la rade son statut peu enviable de cible en cas de conflit nucléaire, ce démantèlement offrirait l’opportunité d’une reconversion de l’île Longue porteuse d’avenir.
Par exemple, en en faisant un centre de production d’hydrogène verte, base pour la région du développement d’activités nouvelles génératrices d’emplois. Il marquerait aussi la volonté de notre pays de se conformer au traité d’interdiction des armes nucléaires (Tian) voté par l’ONU en 2017.
Une rade « libérée » du nucléaire, demain classée par l’Unesco « site mondial pour la Paix » et inscrite au patrimoine mondial, ne serait-ce pas là un beau projet d’avenir pour Brest et sa région ? »
L’hôpital ne soigne plus, il maltraite. La CGT des urgences de Brest a dressé un mur recensant les violentes files d’attente auxquelles font face les personnes âgées.
Le profil des personnes de plus de 75 ans accueillies aux urgences de Brest entre le 10 juillet et le 7 août a été dévoilé hier par des soignant-es de la CGT. Sur chacune des 127 feuilles A4, le temps d’attente paraît délirant avec une moyenne de 23 heures passées sur un brancard et jusqu’à 31 heures pour une femme de 91 ans !
Un “mur de la honte”, pas pour les soignant-es mais pour la clique de managers et bureaucrates qui organise le désastre. Honte d’accueillir, dans l’ancien garage des ambulances rebaptisé “parking de la honte”, jusqu’à 22 lits en-dehors de toute intimité ou confort. Aménagé pour l’épidémie de Covid, le garage est toujours opérationnel et permet de stocker des malades dans des conditions inhumaines.
«Une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente la mortalité de près de 40% pour les patients de plus de 75 ans», indique Stéphane Vielmas, représentant syndical CGT, au journal Le Télégramme. Il était seul à être en grève hier, les autres personnels soignants n’ont pas voulu abandonner leur poste face à la pression et au manque d’effectifs qui dégraderaient d’autant les conditions de soin des patient-es.
Face aux questions du Télégramme, la direction botte en touche et élude le problème, affirmant qu’il y a des lits disponibles. Comment expliquer alors l’existence du parking ? L’inversion du réel est totale, ces gens ne sont pas seulement déconnectés : ils organisent la souffrance. Il en va de même pour le CHU de Nantes, où quatre personnes âgées sont décédées à l’accueil des urgences ces dernières semaines, après avoir attendu de dizaines d’heures sans soin. L’hôpital vient juste de débourser 185.000 euros pour refaire son “image de marque” !
La situation sanitaire que nous connaissons ne vient pas de nulle part. Depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, nous sommes entrés dans la phase finale de destruction des services publics. Une destruction qui avait commencé bien avant lui : cela fait 40 ans que les politiques libérales gangrènent tous les espaces de solidarité qui pouvaient exister depuis la seconde guerre mondiale. Du programme du CNR, le Conseil National de la Résistance, il ne reste quasiment plus rien. Macron est le fossoyeur libéral qui finit le travail.
Constatant la situation, le gouvernement invoque régulièrement le manque de médecins. Principal responsable de ce manque : le libéralisme, encore ! À travers le numerus clausus, c’est-à-dire la limitation du nombre de diplômes de médecine attribués chaque année, l’Ordre des médecins et le gouvernement ont délibérément organisé la pénurie. L’objectif ? Se préserver de la concurrence afin de bénéficier de tarifs élevés et d’un “prestige de la rareté”.
Autrement dit la bourgeoisie libérale sensée nous soigner est prête à sacrifier notre santé pour conserver ses privilèges. L’Ordre des médecins, dont l’adhésion est obligatoire, est une instance réactionnaire, fondée sous Vichy, que l’on pourrait facilement qualifier de criminelle lorsqu’on voit la situation des urgences de Brest ! Avec le numerus closus et la pénurie de médecins, l’évolution c’est que maintenant la plupart des actes médicaux sont sous-traités à des personnels infirmiers, voire à des “agents” recrutés à l’arrache et mal formés, ce qui tire les soins vers le bas, épuisant les personnels et mettant en danger les patient-es.
Heureusement, la résistance s’organise et des victoires sont possibles. Les personnels soignants sont trop souvent seuls face à leurs directions, et les grèves sont rarement efficaces car paralyser l’hôpital équivaut à saborder encore un peu plus la santé des personnes dont on s’occupe. Mais lorsque la population se mobilise avec les soignant-es, lorsque la solidarité se concrétise en actes, alors les directions ne pèsent plus grand chose. C’est ce qui est arrivé à Carhaix l’année dernière : face à une mobilisation offensive la préfecture avait dû faire des concessions et maintenir l’ouverture des urgences de Carhaix.
Un pansement sur une plaie ouverte, mais une victoire qui doit tout de même montrer l’exemple : pour aller à contre-courant des politiques libérales mortifères, une mobilisation populaire est indispensable !
Le massacre d’Oradour-sur-Glane, au cours duquel 643 civils périrent, semble être l’unique grande tuerie des nazis que la mémoire collective a retenu en France. Pourtant, il en existe d’autres, tout aussi marquantes et traumatisantes pour des villages, des départements, des familles. Mais leur mémoire s’est au fil du temps étiolée pour laisser place à un unique symbole national de la barbarie nazie.
Le 7 août 1944, presque deux mois après Oradour, dans la petite commune de Gouesnou, dans le Finistère, à seulement huit kilomètres au nord de Brest, eut lieu le massacre de civils le plus important du Grand Ouest.
Quarante-trois personnes furent assassinées par des soldats de l’armée régulière du IIIe Reich, plus précisement ceux de la Kriegsmarine, la marine de guerre allemande. Depuis près de 80 ans, cet évènement reste invisible ; pourquoi ?
C’est pour combler ce vide historique que j’ai entamé une thèse de doctorat, grâce notamment au concours financier de la municipalité de Gouesnou. Car depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aucune recherche n’avait été entreprise sur cette tragédie. Mon enquête porte donc sur le déroulé et la mémoire de ce massacre.
Dans les semaines qui suivent le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie le 6 juin 1944, la Bretagne est en effervescence.
La Résistance locale s’active pour ralentir la montée des renforts allemands vers le front. Les civils trépignent d’impatience à l’idée d’être enfin libérés et les Allemands savent pertinemment que rester bloqués dans la péninsule bretonne sera synonyme de fin, car il leur sera alors impossible d’évacuer par la mer. Ils devront se battre jusqu’au bout, selon le mot d’ordre du Führer.
À partir de 1943, la dure répression allemande
La Bretagne est une région particulièrement active sur le plan de la Résistance depuis le 6 juin. Quelques maquis, comme à Saint-Marcel, dans le Morbihan, parviennent, non sans mal, à mettre en difficulté l’armée allemande.
La Wehrmacht (l’armée régulière du IIIe Reich) ne supporte pas cette « petite guerre », cette guérilla de partisans, de « Terroristen » comme disent les Allemands. Alors, face à la Résistance, l’occupant sévit de plus en plus.
On est loin de l’état d’esprit du début de l’occupation. La répression touche alors essentiellement les communistes, les juifs et les résistants. À partir de 1943, lorsque la Résistance se montre plus active dans l’Hexagone, les autorités allemandes décident de franchir un cap et de faire des otages. Puis, en février 1944, le numéro deux de l’armée d’occupation en France, le général Hugo Sperrle, édicte une directive, qui porte d’ailleurs son nom.
Cette directive ordonne que toute unité allemande prise à partie par la Résistance devra procéder à des rafles d’otages, mais aussi fusiller les personnes suspectes et incendier leurs maisons. Et ce, sans ordre préalable de la hiérarchie militaire. « Les mesures prises, même excessives, ne pourront pas entraîner de sanction », précise même le texte.
C’est exactement ce qu’il s’est passé dans le hameau de Penguerec, sur la commune de Gouesnou, le 7 août 1944.
Pour comprendre l’enchaînement des événements, il faut revenir sur le contexte de cette fin de guerre dans la région. Lorsque l’armée américaine pénètre en Bretagne le 31 juillet 1944, elle est encore à plus de 300 kilomètres de Brest et de son port, qu’elle souhaite prendre intact. La rapidité est donc de mise.
À Gouesnou, la vie suit son cours. Dans cette paisible commune de 1 300 habitants, l’occupation s’est déroulée sans histoires. La Résistance y est même absente jusqu’en 1943, lorsque trois frères, Philippe, Jean et Gilles Prédour, décident de constituer un petit groupe d’une dizaine de personnes. Mais celui-ci a pour consigne de ne rien entreprendre avant la libération.
Le village n’est ni un maquis, ni une plaque tournante de la Résistance – et les Allemands le savent, puisqu’ils cohabitent avec les habitants depuis décembre 1940.
Une opération de résistance tourne au fiasco
Pourtant, tout va basculer en quelques heures seulement ce lundi 7 août 1944. Pour reconstituer les événements, je me suis majoritairement appuyé sur des témoignages écrits et oraux des témoins de la journée du 7 août, notamment ceux conservés aux archives départementales de l’Ille-et-Vilaine.
La veille au soir, les Américains sont à Plabennec, soit à 3 km au nord de Gouesnou. Le 7, une rumeur parcourt le bourg dans la matinée : les Alliés auront atteint Gouesnou en début d’après-midi.
C’est alors que les résistants FFI – Forces française de l’Intérieur- des frères Prédour, décident, en accord avec des parachutistes français largués dans le secteur trois jours plus tôt, de libérer la commune.
Pour cela, il faut déloger les trois ou quatre soldats allemands qui se trouvent en haut du clocher de l’église, poste de vigie pour surveiller les environs. Le groupe d’une dizaine de personnes attaque le beffroi en tout début d’après-midi, mais très vite, l’opération tourne au fiasco. Deux parachutistes sont tués, ainsi qu’un soldat allemand.
Depuis Gouesnou, les Allemands parviennent à contacter des renforts, situés au lieu-dit de Roc’h Glas, à 4 km au sud du bourg.
Au même moment et non-loin de là, coïncidence malheureuse, un jeune résistant, Pierre Phélep, accompagné de quelques amis, s’en prend justement à un projecteur de DCA (Défense contre aviation) appartenant à la batterie de Roc’h Glas, gardé par des soldats allemands. Il existait une dizaine de batteries de DCA autour de Brest ; leur mission était d’abattre les bombardiers alliés qui menaçaient la base sous-marine de l’armée allemande. Les projecteurs permettaient d’éclairer ces cibles.
L’attaque, qui n’était pas concertée avec celle de Gouesnou, se passe mal.
Vers 16h d’après les témoins, les Allemands se rendent à Penguerec, un hameau composé de trois fermes, à deux kilomètres au sud de Gouesnou. Ce lieu ne doit rien au hasard : dans l’une de ces fermes réside la famille de Pierre Phélep, tout juste 22 ans. Le jeune homme, également actif au sein d’un réseau qui distribue des journaux clandestins dans l’arsenal de Brest, s’y trouve.
Les Allemands, rendus furieux par l’attaque du projecteur DCA, incendient la ferme Phélep, mitraillent les deux autres maisons. Des grenades sont aussi jetées. Cette première exaction fait six victimes identifiées (dont Pierre Phélep et trois membres de la famille Phélep).
Dans le centre de Gouesnou, si les résistants et les parachutistes qui ont mené l’attaque du clocher ont réussi à prendre la fuite, les habitants, eux, persuadés encore, quelques minutes auparavant, de vivre les combats de la libération, sont abasourdis de voir la commune encore aux mains des Allemands.
Le maire, Jean-Louis Lamour, pressent qu’un malheur est imminent, comme il l’explique dans sa déposition de septembre 1948, consultable aux archives nationales, dans le fichier de la police judiciaire relatif aux meurtres et assassinats entre 1940 et 1950.
Il appelle ses concitoyens à rentrer chez eux et à se barricader. Mais il est trop tard : déjà, les soldats allemands forcent les portes des maisons. Une cinquantaine de Gouesnousiens sont arrêtés et rassemblés devant le mur d’enceinte de l’église, sous un soleil de plomb.
Puis les soldats allemands séparent les femmes et les enfants des hommes et décident d’acheminer ces derniers vers Penguerec. Les femmes et les enfants sont laissés dans l’expectative. Ils attendront le retour de leurs maris, pères, frères, en vain.
Les otages sont conduits vers Penguerec ; quelques autres civils sont raflés en chemin. Arrivés sur place, probablement vers 18h, la trentaine d’otages est placée face au spectacle macabre d’une ferme en flammes devant laquelle gîsent des corps. Les Allemands les massacrent aussitôt, dans un déchaînement de violence.
« Hommes ordinaires » et violence inouïe
Les Gouesnousiens ont été obligés d’abandonner les dépouilles. Au bout de dix jours, les Allemands réquisitionnent trois paysans pour enterrer les corps. Le charnier ne sera inhumé qu’en janvier 1945 et les corps seront placés dans une fosse commune du cimetière.
En plus d’un homme abattu chez lui à Gouesnou, ce sont 42 personnes, dont 9 n’ont jamais été identifiées, qui ont été assassinées par des membres de la Kriegsmarine, la marine de guerre allemande.
Car ce ne sont pas des membres de la Waffen-SS, tenants de l’idéologie nazie et réputés plus fanatiques, qui ont agi ici..
La Waffen-SS est responsable, entre autres, des massacres d’Oradour-sur-Glane, mais aussi de ceux, moins connus, de Tulle (Corrèze), d’Ascq (Nord), ou de Maillé (Indre-et-Loire).
Mais à Gouesnou, ce sont de simples soldats, « des hommes ordinaires », pour reprendre l’expression de l’historien américain spécialiste de la Shoah Christopher Browning.
Ces hommes ordinaires commirent ce jour-là un massacre d’une violence inouïe, preuve que des membres de la Wehrmacht ont eux aussi participé activement à la répression dans les territoires occupés.
Si les Gouesnousiens, qui commémorent chaque année cette tragédie, ne l’ont jamais oubliée, elle est pourtant passée sous silence depuis près de 80 ans. Pour quelles raisons ?
Premier élément de réponse, le massacre de Penguerec a été victime de la mémoire collective de sa région.
Un massacre invisibilisé par un « brouillard de guerre »
La Bretagne est un territoire très marqué par la forte présence de l’armée allemande et par l’implantation d’une Résistance précoce. L’engagement de nombreux Bretons dans les Forces Françaises Libres est aussi à noter : sur environ 73 000 FFL, 14 % étaient des Bretons. Dès juin 1940, des Français quittent les îles bretonnes pour rejoindre l’Angleterre, le plus emblématique de ces départs étant celui des 128 hommes de l’île de Sein en juin 1940.
Les terribles bombardements comme celui de Rennes en juin 1940, ou ceux sur Brest durant l’Occupation ont également marqué les esprits. D’autant que Brest a aussi été dévastée, à la libération, par 40 jours d’un siège qui eut pour point d’orgue l’explosion de l’abri Sadi Carnot, qui tua environ 400 personnes.
La mémoire collective s’est concentrée sur les faits de résistance et sur les immenses dommages subis par la cité du Ponant, laissant de côté le massacre de Pengerec.
Mais l’oubli de ce drame tient aussi à sa date. Le 7 août 1944, c’est le premier jour du siège de Brest, et Gouesnou se retrouve dans la tourmente des combats, totalement plongée dans un « brouillard de guerre ». On ne sait pas vraiment ce qu’il s’y passe. La nouvelle du massacre n’est donc pas relayée. Par qui pourrait-elle l’être ?
Ce 7 août, les principaux organes de presse que sont la Dépêche de Brest et l’Ouest-Eclair n’existent plus. Du côté des politiques, seul le maire est encore présent. Mais il n’y a plus ni préfet, ni député, ni sénateur, bref, aucune autorité pour se faire l’écho de cet événement.
A contrario, le massacre d’Oradour-sur-Glane est immédiatement médiatisé, car il a lieu 10 juin 1944, dans une région encore sous administration de Vichy, avec des médias pour relayer l’information, et dans un secteur très éloigné des combats.
Une fois la libération achevée (à Gouesnou, elle commence le 2 septembre, et se termine avec la capitulation de Brest le 19 septembre) et les Gouesnousiens revenus dans leur commune, aucune association de victimes ne voit par ailleurs le jour.
Aucun parti ou responsable politique ne se fait le porte-parole des familles. Or, à Oradour, le parti communiste, très présent en Limousin, s’empare du sujet.
Sidération et fatalité : « c’était la guerre, voilà tout »
À Gouesnou, priorité est donnée à la reconstruction, au relogement, à la recherche de nourriture. Le temps de la sidération viendra plus tard.
Les Gouesnousiens vivent alors dans une sorte de fatalité. Ils ne cherchent pas, dans les années d’après-guerre, à comprendre ce qu’il s’est passé, ni pourquoi. Pour certains survivants que nous avons pu rencontrer, « c’était la guerre, voilà tout » ; « les gens en avaient marre d’en parler », comme nous l’ont confié Jeanne Goubin (née Jestin) et Marie-Thérèse Jestin en juin 2019.
Le massacre de Penguerec reste bien sûr très présent dans l’esprit de ceux qui l’ont vécu de près comme de loin, mais les rescapés n’évoqueront pas leur traumatisme.
Les enfants des victimes n’oseront pas non plus poser de questions : « On ne nous a rien raconté, on n’osait pas demander, on a tout appris avec les autres », relate Francine Phélep, nièce de Pierre Phélep, tué le 7 août.
Comme l’explique l’historienne Clotilde Vandendorpe dans son ouvrage sur la question, la problématique est la même à Maillé. « Pour certains psychologues et juristes, l’absence de procès et d’identification claire de coupables peuvent être vus comme une des causes qui conduisent les rescapés à ne plus parler des événements », analyse-t-elle.
Mais les motifs de cette invisibilisation sont aussi à chercher hors des murs de Gouesnou. Ainsi, il n’y a jamais eu, après la guerre, de véritable enquête judiciaire sur cet évènement. Aucun historien ne s’est penché sur ce drame, aucune personnalité politique locale ou nationale ne s’en est fait l’écho.
La raison est également politique, puisque dans la France d’après-guerre, les gouvernants, notamment Charles de Gaulle, ont voulu renouer des liens d’amitié forts avec l’Allemagne.
Et pour cela, il a fallu sciemment passer sous silence plusieurs des nombreux crimes nazis commis en France, comme celui de Gouesnou.
6 août 2023 Dimitri Poupon
Docteur en Histoire contemporaine, Université de Bretagne occidentale
« Cette année, c’est une véritable catastrophe », les algues vertes étouffent les huîtres dans la baie de Morlaix
Depuis 6 ans, la prolifération des algues vertes en baie de Morlaix (Finistère) inquiète les ostréiculteurs mais cette année, « c’est du jamais vu ». Malgré les efforts pour nettoyer les parcs à huître, les pertes pourraient monter à 40%. Avec le concours d’associations, des analyses et des recours en justice sont entrepris.
« Si on laisse la verdure, les huîtres crèvent. » Dans la baie de Morlaix, les algues vertes prolifèrent et étouffent les coquillages. Depuis quelques mois, 30 centimètres d’algues viennent tapisser les fonds marins. Dans l’exploitation ostréicole de Jacques Cadoret, un bateau passe quotidiennement pour tenter de les enlever.
Entre 30 et 40% de perte
Ses essaims sont semés et élevés au sol, de manière traditionnelle. « Avec une herse ou un tapis de chaînes, on vient remuer le fond, explique-t-il. Mais ce n’est pas une solution car on abîme les sols et les huîtres. Même sur les poches, on doit passer des râteaux pour enlever les algues fixées dessus. »
Malgré ses efforts, il y aura de la perte. Entre 30 et 40%, estime-t-il.
« Déjà l’année dernière, ce n’était pas folichon, raconte une ostréicultrice de la baie. Mais cette année, c’est du jamais vu. C’est une catastrophe avec de très grosses difficultés pour récolter. » Cela fait maintenant 6 ans que la situation se dégrade.
« Un fléau pour les ostréiculteurs »
Jacques Cadoret a pris contact avec l’association Eau et Rivières de Bretagne. « On va faire des prélèvements aux quatre coins de la baie et on va faire analyser les algues en septembre pour tenter de savoir d’où ça vient. Ensuite, on portera plainte. »
« C’est un fléau pour les ostréiculteurs, constate Yves-Marie Le Lay, de l’association Sauvegarde du Trégor Goëlo Penthièvre, qui lutte depuis des décennies contre les marées vertes du côté de la baie de Saint-Brieuc. Les essaims sont asphyxiés par la présence des algues vertes. Elles engendrent des dommages environnementaux quand elles pourrissent mais aussi sans pourrir en privant d’oxygène les milieux marins. »
Masque à gaz
Cet été, vous aurez peut-être l’occasion de le croiser avec son masque à gaz, aux côtés de Jean-Yves Quéméneur, de l’association Force 5. Ils ont décidé d’aller prélever des échantillons de vase et de sable sur tous les sites touchés par les algues vertes.
« On va établir et faire des constats du préjudice écologique lié à la putréfaction des algues, développe Yves-Marie Le Lay. On ira sur tous les sites avec des impacts réels et sérieux sur la biodiversité dans le département du Finistère. »
Une fois les dégâts constatés, les associations porteront plainte devant les tribunaux administratifs mais aussi au pénal devant le tribunal judiciaire de Brest, responsable des atteintes à l’environnement.
Appel aux citoyens
Dans les Côtes-d’Armor, une première victoire a été remportée à ce propos. Le préjudice écologique a été reconnu par la justice administrative. Si l’État fait appel de la décision, le message reste encourageant pour les associations. « On fera un recours systématique auprès du tribunal administratif pour reconnaître le préjudice écologique et imposer aux autorités de le réparer dans un délai de 4 mois. »
« On ira dans la baie de Morlaix pour montrer que là aussi il y a des échouages d’algues et qu’il y a des conséquences sur la biodiversité. On en appelle aux citoyens pour qu’ils nous signalent les sites qu’on ne connaît pas. »
Les associations souhaitent ainsi s’investir d’avantage dans le département pour mettre une plus grosse pression sur l’État.
Réunion publique d’information pour le Village de l’eau
Du 16 au 21 juillet se tiendra le Village de l’eau, rassemblement festif international pour lutter contre les mega-bassines et l’accaparement de l’eau.
Pour avoir des infos sur cet événement (convois, covoit, manif’actions…), RDV jeudi 04 juillet à 19h au Beaj Kafe, 51 rue Branda, Brest. (repas et boissons sur place)
Alors que le RN est quasiment au pouvoir, ce rassemblement de l’eau sera aussi résolument antifasciste.
Retrouvons-nous jeudi 04 au soir pour en discuter, et du 16 au 21 juillet dans le Poitou pour nous organiser collectivement !