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12 novembre 2024 ~ 0 Commentaire

Géoingénierie (Reporterre)

climat

La géoingénierie : une stratégie pour sauver le capitalisme, pas le climat

Contrôler le climat plutôt qu’arrêter nos activités destructrices : telle est l’ambition de la géoingénierie. Elle pénètre les discours politiques, jusqu’à apparaître comme la solution à la crise climatique.

La géoingénierie : le terme aux contours flous désigne l’ensemble des projets de modification volontaire du climat. Qu’il s’agisse de se prémunir du réchauffement global par la modification du rayonnement solaire ou en capturant massivement le carbone de l’atmosphère, ou que l’on tente de réparer localement ses effets catastrophiques en prétendant par exemple modeler les glaciers à notre guise, ces variantes ont en commun l’ambition démiurgique (tout puissante) de leurs promoteurs. Il s’agit de contrôler nous-mêmes le climat plutôt que d’arrêter de le dérégler.

Ces remèdes d’apprentis sorciers suscitent beaucoup de critiques tant ils pourraient s’avérer pires que le mal, en déclenchant des phénomènes imprévisibles et incontrôlables. Ils s’immiscent pourtant avec de plus en plus d’insistance dans les discours politiques, scientifiques et dans les conférences climatiques, au risque de bientôt paraître incontournables.

La dynamique est puissante, car guidée par les intérêts impératifs du capitalisme. La géoingénierie lui offre une porte de sortie pour perdurer malgré l’urgence climatique : on peut changer le climat plutôt que le système ! Cette stratégie dangereusement efficace est brillamment mise en lumière par Marine de Guglielmo Weber, chercheuse sur la géoingénierie à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (Irsem), et Rémi Noyon, journaliste au Nouvel Obs, dans leur ouvrage Le Grand retournement (éd. Les Liens qui libèrent, 2024).

Des concepts écologiques « boulevards pour la géoingénierie »

Les auteurs retracent la longue histoire de l’idée et des ambitions de la géoingénierie, avant de faire la pédagogie des nombreuses limites et dangers de son déploiement. La partie la plus intéressante de leur ouvrage tient à l’identification des différents ressorts ayant contribué à imposer la géoingénierie dans le débat public. Ils sont, entre autres, d’ordre philosophique et économique.

D’un point de vue philosophique d’abord, la modernité occidentale et sa conception de la nature sont intimement liées, pour les auteurs, aux tentations prométhéennes de manipulation du climat. Le fantasme de contrôler la météo est une « constante historique » depuis l’antiquité, rappellent-ils, mais la géoingénierie est devenu un projet crédible au XXe siècle, avec la guerre froide qui a stimulé le déploiement d’armes atomiques et de technologies spatiales et informatiques. Tout cela « favorise la naissance d’un imaginaire démiurgique ».

Divers projets de contrôle des nuages, voire du climat, se sont épanouis dans ce contexte, se nourrissant de l’évolution ontologique majeure qu’a entraîné la naissance des sciences du système Terre. On a commencé à observer et comprendre la planète dans son intégralité, et à vouloir « résoudre des problèmes globaux avec une vision globale », selon les mots de Cesare Marchetti, physicien italien ayant, le premier, utilisé le terme de géoingénierie dans les années 1970.

Le chimiste Paul Crutzen, qui a popularisé le concept d’Anthropocène, a ensuite écrit sur la possible nécessité d’entrer dans une troisième phase de l’Anthropocène, après celles de la Révolution industrielle et la Grande accélération, pour aller vers une gestion contrôlée du système Terre.

Cette vision holistique a été inspirée par l’hypothèse Gaïa émise également dans les années 1970 par James Lovelock et Lynn Margulis, qui voient dans l’ensemble de la biosphère un seul superorganisme cohérent. Flirtant avec la tentation de la géoingénierie, Lovelock finit lui-même par y souscrire en disant croire en l’avènement d’un « bon Anthropocène » puis d’un « Novacène », où l’humain permettra à la biosphère de retrouver son harmonie grâce à la technologie.

Des concepts comme Gaïa ou l’Anthropocène, emblématiques de la prise de conscience écologique, ont ainsi paradoxalement servi à justifier l’hubris technologique. Si l’humanité devient une puissance géologique, cela ouvre « la possibilité d’un nouveau régime de légitimation, celui de la géoingénierie gaïenne », disent les auteurs, reprenant les termes du philosophe Sébastien Dutreuil.

Le même retournement est décrit à propos de la nouvelle philosophie du vivant, portée par des auteurs comme Bruno Latour ou Philippe Descola. Ceux-ci ont œuvré à la critique de la modernité occidentale et de son ontologie singulière qui sépare l’humain du reste du vivant. En prônant la réintégration de l’humanité au sein de la nature, ils sont accusés « d’ouvrir un boulevard à la géoingénierie » : si tout est naturel, y compris les artefacts humains, et si le monde est déjà hybride, et qu’imaginer une nature vierge d’influence humaine est illusoire, alors pousser le curseur vers plus d’artificialisation n’a plus rien de tabou.

La géoinénierie comme aboutissement du capitalisme

L’autre généalogie de la géoingénierie explorée par les auteurs est d’ordre économique. Dès le XIXe siècle, Karl Marx et Friedrich Engels ont dénoncé dans le Manifeste du Parti communiste l’incapacité de la société bourgeoise à « dominer les puissances infernales » qu’elle met en branle. Pour les écomarxistes contemporains, la géoingénierie est le dernier avatar, prévisible et inévitable, de cette fuite en avant propre au capitalisme : celui-ci doit pour survivre exploiter toujours plus les travailleurs et la nature, et doit sans cesse se réinventer par la technologie pour tenter de surmonter ses contradictions.

En découle une propagande technosolutionniste, une foi messianique en la destinée technologique de l’humanité, portée aujourd’hui en premier lieu par la Silicon Valley californienne. L’enjeu est de préserver à tout prix le modèle de croissance et de surconsommation vital pour le capitalisme en essentialisant nos désirs de consommation qu’il a lui-même induits. Il serait vain de vouloir changer la « nature humaine », insatiable et accumulatrice. Le système économique est intouchable : la seule solution est de changer le système Terre.

Ce discours s’est bien sûr affiné au fil des décennies pour rendre la géoingénierie acceptable. Son influence se fait notamment ressentir dans un tournant sémantique important : le remplacement de l’objectif de maintien du réchauffement à 1,5 °C par celui d’atteindre la « neutralité carbone ». Une formulation du problème qui permet opportunément de rendre la sortie des énergies fossiles moins impérative puisque leurs émissions restantes seraient compensées par des « émissions négatives » : soit en captant du carbone par la biomasse soit en le retirant de l’atmosphère par la technologie. Deux voies surinvesties dans les scénarios climatiques pour ménager l’effort de sortir des fossiles, mais largement illusoires.

« Les décideurs y trouvent une raison de procrastiner »

Autre biais de séduction pour la géoingénierie : se présenter comme une option modérée, délestée de ses prétentions originelles de contrôle total du climat. Il s’agirait maintenant seulement de l’utiliser comme coup de pouce temporaire, pour « écrêter le pic » de nos émissions. Plus le temps passe, plus les espoirs de contenir le réchauffement sous 1,5 °C deviennent illusoires : de nombreux scénarios modélisent donc un dépassement « temporaire » de la cible, éventuellement invisibilisée par quelques protections technologiques contre le rayonnement solaire, avant de revenir dans les clous grâce à nos émissions négatives.

C’est toute la rhétorique de lobbies actuels de la géoingénierie, à l’instar de l’influente Climate Overshoot Commission. Cette « Commission mondiale sur la réduction des risques climatiques liés au dépassement » plaide officiellement pour un moratoire, tout en contribuant à développer le débat sur la géoingénierie, présentée comme des « approches additionnelles ».

L’argument est forcément attrayant pour les décideurs, qui y trouvent une raison de procrastiner puisque la technologie promet, demain, de compenser les efforts non consentis aujourd’hui. Dans les coulisses des COP, ces grandes conférences internationales sur le climat, les événements et promoteurs de la géoingénierie pullulent de plus en plus, soulignent les auteurs.

Ces derniers observent également un grand retournement opérant sur le plan moral. Alors que ces projets d’apprentis sorciers étaient jusque-là dénoncés pour leur manière irresponsable de jouer avec le destin de la Terre entière, monte dorénavant l’idée qu’il serait irresponsable de ne pas agir face au chaos climatique annoncé. De même, dans les pays du Sud où ces ambitions technosolutionnistes venues de l’Occident étaient historiquement mal perçues, la multiplication des catastrophes climatiques commence à nourrir le discours inverse : il serait de la responsabilité du Nord de tout faire pour limiter le réchauffement, y compris par la géoingénierie.

Le piège pourrait rapidement se refermer : plus l’on s’engage vers des options de géoingénierie, plus on retarde la lutte contre les énergies fossiles en comptant sur les technologies de manipulation du climat, plus l’on crée une dépendance au sentier et l’on renforcer le « verrouillage sociotechnique ». « Les techniques mises en place deviennent extrêmement difficiles à déraciner, quand bien même l’on finirait par découvrir qu’elles sont inefficaces, voire nuisibles », préviennent les auteurs.

Nous n’en sommes pas encore là, mais subissons déjà une forme de « verrouillage cognitif », écrivent-ils. Cette lente acclimatation culturelle qui nous a rendus plus aptes à « imaginer la fin du monde que celle du capitalisme ». Il est encore temps, concluent-ils, de briser ce verrou, en luttant contre cette imprégnation, et en menant la bataille des imaginaires, sur les terrains ontologique et économique.

Lire aussi :

La géoingénierie solaire ou les apprentis sorciers du climat

Géoingénierie (Reporterre) dans Altermondialisme livre_galerie_772
Le Grand retournement — Comment la géo-ingénierie infiltre les politiques climatiques, de Marine de Guglielmo Weber et Rémi Noyon, aux éditions Les Liens qui libèrent, octobre 2024, 240 p., 20 euros.

Vincent Lucchese 12 novembre 2024

https://reporterre.net/

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30 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Belgique ( Inprecor )

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Les mystères de l’économie : la Belgique est-elle un pays qui vit au-dessus de ses moyens ?

Nous reproduisons ci-dessous un billet rédigé par Angelo Basile, ex-secrétaire général adjoint de la FGTB – MWB, et publié sur sa page Facebook. Cette contribution extérieure pourrait servir de matériel de base à une opération vérité à mener par les syndicats dans le cadre des attaques antisociales qui arrivent.

Les politiques de droite, le patronat, les media comme les grandes institutions internationales et européennes ont fait des finances de nos administrations publiques un véritable cheval de bataille. « Nous dépensons trop. Nous vivons dans un pays de cocagne. Beaucoup de belges se complaisent dans l’assistanat. Le chômage coûte cher. Il nous faut réaliser des économies de toute urgence si nous voulons éviter la banqueroute nationale » Ces jugements qui se sont trouvés au centre de la dernière campagne électorale résistent-ils à l’épreuve des faits ?

Avec un taux d’endettement qui dépasse les 100% du PIB, soit la totalité de la richesse produite en un an, la Belgique s’est forgé la solide réputation d’un État qui vit au-dessus de ses moyens. A en croire ceux qui ne jurent que par l’efficacité du secteur privé et les recettes ultra-libérales, « nous regorgerions de fonctionnaires dont on ne sait trop à quoi ils peuvent bien servir, ni comment ils occupent l’essentiel de leur temps de travail gentiment calfeutrés au fond de leurs bureaux cossus et surchauffés. »

La Belgique est-elle le pays le plus endetté d’Europe voire du monde, comme on le prétend parfois ? A cette question, la réponse est : pas du tout ! Au sein de l’Union Européenne, la Grèce, l’Italie, la France et l’Espagne ont une dette publique rapportée à leur PIB plus élevée que la nôtre. A titre indicatif, elle est de 160% en Grèce et de 138% en l’Italie, pour 108% en Belgique. Si on sort du cadre d’observation européen et si on se reporte à l’échelle du monde, on relève que les USA et le Japon affichent également un taux d’endettement plus élevé que le nôtre : 122% du PIB pour les Etats-Unis contre 263% pour le Japon. Avec un niveau d’endettement deux fois et demi plus élevé que le nôtre, a-t-on jamais entendu dire que l’État japonais était en faillite ?

La Belgique est-elle le pays qui a le déficit public le plus élevée d’Europe ? A cette seconde question, la réponse est, comme pour la précédente, pas le moins du monde. L’Italie, la Hongrie, la Roumanie, la France ou la Pologne sont des États qui possèdent un déficit public supérieur au nôtre. Avec un taux égal à 7.4% du PIB en Italie pour 4.4% en Belgique : on peut dire qu’il n’y a pas photo. Encore ce dernier chiffre mériterait-il d’être lui-même nuancé. II résulte, en réalité, d’un déficit primaire de 2.4% auxquels s’ajoute une charge d’intérêt sur la dette de 2%. Autrement dit, non seulement le montant total des dépenses de l’État n’excède pas de manière démesurée celui de ses rentrées, mais le poids financier de son endettement ne semble pas davantage traduire une situation de dérapage alarmants de nos comptes publics.

« Certes, diront certains, mais n’est-il pas vrai, pour autant, qu’avec une dépense publique égale à 53.5% du PIB, l’économie belge s’apparente à un système collectiviste qui ne dit pas son nom puisqu’il s’accapare plus de la moitié de la production et de la consommation privées. »

Ici encore, il nous faut répondre par la négative. Les dépenses publiques ne sont pas une composante du PIB. Juste un concept fourre-tout qui mélange (en les additionnant) des dépenses de fonctionnement et d’investissement publics, avec des sommes qui ne sont pas dépensées mais redistribuées par le truchement de prestations sociales et de subventions diverses. Elles ne sont qu’une valeur arithmétique rapportée au PIB et il Il est donc faux, erroné ou manipulateur d’affirmer, comme on le lit ou l’entend fréquemment, qu’une fois les dépenses publiques assurées, il ne reste plus que 46.5% pour la production et la consommation privée. Il est des pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, où la dépense publique oscille, selon les années, entre 40 et 45% du PIB, mais où une part non négligeable des pensions est tributaire du système de capitalisation, là où nous avons fait le choix inverse du système de répartition.

De même, il est faux, erroné ou manipulateur de soutenir que les agents de la fonction publique et des secteurs non-marchands (enseignants, infirmières, personnels d’entretien ou des administrations, etc.) occupent des emplois non productifs, dont ils tireraient un revenu aux dépens de l’activité du secteur privé. Non seulement ces professions consistent en un ensemble d’activités pleinement productives et reconnues en tant que telles par des conventions des Nations-Unies mais, de surcroît, elles sont la plupart du temps beaucoup plus utiles (ou plus essentielles) que bien des emplois relevant des secteurs marchands. Comme l’a attesté la crise du covid.

Ces dépenses, que recouvrent-elles exactement ? Si on se reporte aux derniers chiffres disponibles, la dépense publique belge a représenté, en 2023, une masse monétaire de 280 milliards d’euros environ. Parmi lesquels, 38% (plus ou moins 105 milliards) ont directement été reversés aux particuliers et aux ménages sous la forme de revenus de pensions, préretraites, allocations de chômage, allocations familiales, etc. Ces sommes ont ainsi servi à maintenir le pouvoir d’achat des catégories sociales les plus fragilisées et, par-là, à aider ou à soutenir l’activité économique du pays. Parallèlement, les prestations pour soins de santé ont avoisiné les 43 milliards d’euros, soit 15 % du total des dépenses publiques.

Il existe de fortes disparités dans la manière avec laquelle les États-membres de l’Union Européenne utilisent l’argent public. Ainsi, si les dépenses sociales avoisinent les 30% du PIB en France, en Allemagne, en Italie et au Danemark, elles atteignent péniblement les 15% en Estonie, en Lituanie, en Lettonie ou en Roumanie. Ces différences sont l’expression de choix de société qui traduisent de façon chiffrée les rapports que chaque pays entretient avec les valeurs d’égalité et de solidarité. Elles expliquent aussi pourquoi les niveaux de pauvreté des pays de l’ouest de l’Europe sont globalement inférieurs à ceux de l’est, quoiqu’encore particulièrement élevés.

Contrairement à une idée bien reçue, la Belgique n’est pas non plus la championne toute catégorie des dépenses sociales en Europe. Elles sont de l’ordre de 26% du PIB, dont une très large partie (autour de 75 à 80%) est affectée aux paiements des pensions et des soins de santé. C’est dire que sur l’ensemble du budget de la sécurité sociale, le coût des allocations de chômage (cet autre canard auquel il faut tordre le cou) ne pèse que pour une infime partie de l’ensemble des dépenses publiques, tout juste 3.6%, soit l’équivalent du total des montants versés au titre des allocations familiales et un peu plus de la moitié des indemnités de maladie de longue durée.

Avec un budget de 35 milliards d’euros, dont un tiers est directement affecté à la dotation royale, au fonctionnement du Parlement et des cabinets ministériels, les services de nos différentes administrations sont loin d’être prépondérants dans les dépenses de l’État. 35 milliards, c’est très exactement 6% du PIB, soit l’équivalent du coût de l’administration de nos pays voisins et c’est à peine un peu plus que l’enveloppe allouée à l’enseignement (32 milliards).

Faudrait-il dès lors sabrer dans les dépenses pour réduire le déficit public, ainsi que le propose aujourd’hui la quasi-totalité des gouvernements des États-membres européens ? Ce serait faire fi du rôle essentiel qu’assurent cette manne financière au niveau économique et social. Celle-ci n’est de fait pas seulement utiles à nos économies. Organisée à partir d’institutions non marchandes, sans actionnariat à rémunérer et porteuses d’économies d’échelle, elle a un coût qui s’avère nettement plus efficace et beaucoup moins onéreux que celui des mêmes services, lorsqu’ils sont produits par le secteur privé.

Là où il n’existe pratiquement pas (ou très peu) de sécurité sociale, le coût de l’assurance croît, en effet, proportionnellement au risque à couvrir. Aux Etats-Unis, pays où la sécurité sociale est plus que rudimentaire, le coût des soins de santé s’élevait en 2022 à 18,2% du PIB, dont plus de la moitié était à charge des assurés eux-mêmes. Par comparaison, la même année, le coût des soins de santé était de 11,9% du PIB en France, 11,4% en Autriche, 9% en Italie et 11,6% en Belgique avec, pour chacun de ces Etats, une très large prise en charge couverte par la sécurité sociale.

Il est à regretter que ces chiffres ne soient pas plus souvent divulgués dans la presse « spécialisée » laquelle ignore les enseignements que permettent de dégager les comparaisons entre les différents systèmes protection sociale. Seul semble importer, aux regards attentifs de nos « experts » le montant de quelques masses monétaires qu’ils ne parviennent à percevoir que sous l’angle « de leur coût », jamais sous celui de leur utilité.

Pourtant, les chiffres sont bien sans appel. En Belgique, s’il n’existait pas de transferts sociaux le taux de pauvreté calculé sur la base des revenus serait de 25,8% de la population au lieu des 13,2 % enregistrés.

Publié par la Gauche anticapitaliste le 18 octobre 2024

25 octobre 2024 par Angelo Basile

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13 octobre 2024 ~ 0 Commentaire

Carhaix (Ouest France, Le Tél )

Carhaix (Ouest France, Le Tél ) dans A gauche du PS

« On va gagner » : plusieurs milliers de manifestants pour les urgences de Carhaix, ce midi

Vers 11 h 30, ce samedi 12 octobre 2024, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant l’hôpital de Carhaix (Finistère), pour réclamer l’ouverture 24 heures sur 24 des urgences. Selon les organisateurs, ils étaient 10 000, selon la gendarmerie, ils étaient 3 500.

Les manifestants réunis devant l’hôpital de Carhaix (Finistère), ce samedi midi 12 octobre 2024, exigent la réouverture des urgences 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Celles-ci sont régulées depuis l’été 2023, par manque de médecins urgentistes. Les usagers doivent donc appeler le 15 au préalable et ne peuvent se présenter d’eux-mêmes aux urgences.

En octobre 2023, les services de l’État et le CHU de Brest-Carhaix avaient signé un accord prévoyant l’ouverture complète des urgences, sans régulation, ainsi qu’une réunion tous les deux mois. Deux engagements non tenus, pointent les défenseurs de l’hôpital.

Selon Matthieu Guillemot, porte-parole du Comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix, 10 000 personnes sont rassemblées devant l’hôpital. | KEVIN GUYOT / OUEST-FRANCE
 dans Austérité

L’homme politique et syndicaliste Philippe Poutou est venu participé à la manifestation. | KEVIN GUYOT / OUEST-FRANCE

Vers 13 h, les manifestants sont partis en cortège, vers la gendarmerie, « symbole de l’Etat ». La mobilisation s’est arrêtée peu après, vers 13 h 30, dans le calme.

Avant cette manifestation, de nombreux élus, professionnels de santé et comités de défense d’hôpitaux se sont réunis, à partir de 8 h 30, pour échanger sur la gestion hospitalière en Bretagne.

Julie DURAND, Pascale FRETIGNE, Kevin GUYOT et Anthony RIO

https://www.ouest-france.fr/

À Carhaix, un rassemblement devant le hall de l’hôpital, mercredi 16 octobre, à 18 h

Un rassemblement aura lieu mercredi 16 octobre, à 18 h, devant le hall de l’hôpital à Carhaix pour rendre compte de la réunion comité de suivi du protocole de sortie de crise urgences organisée un peu plus tôt dans la journée à la préfecture du Finistère.

Samedi 12 octobre 2024, plusieurs milliers de personnes ont exigé l’application du protocole de sortie de crise signé le 27 octobre 2023. Le compte rendu de la réunion du comité de suivi programmée à Quimper le 16 octobre, sera présenté à 18 h devant le hall de l’hôpital.

Une réunion du comité de suivi du protocole de sortie de crise de l’hôpital de Carhaix signé le 27 octobre 2023, sera organisée, mercredi 16 octobre 2024, à la préfecture du Finistère, à Quimper, quatre jours après la mobilisation massive pour demander la réouverture complète du service des urgences. Christian Troadec, maire de Carhaix, annonce dans un communiqué qu’il fera un compte rendu cette réunion, à 18 h, mercredi, devant les défenseurs de l’hôpital, au niveau du hall du centre hospitalier carhaisien.

« Les autres signataires du protocole d’accord sont aussi évidemment invités à venir s’exprimer devant la population. L’espoir est de pouvoir annoncer aux gens du Centre-Bretagne la réouverture 24/24 h et 7j/7j des urgences de l’hôpital de Carhaix conformément au protocole d’accord signé par l’État le 27 octobre dernier, il y a presque de cela un an. L’État doit tenir ses engagements ! Un an ça suffit ! », explique le maire de Carhaix.

https://www.letelegramme.fr

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21 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

CHINE Guide suprême

CHINE Guide suprême dans A gauche du PS

Quand la Chine s’érige en guide suprême en Afrique

La Chine entend renforcer son influence économique et politique sur le continent africain en promouvant ses méthodes de gouvernement.

Le 9e Sommet du Forum sur la Coopération sino-africaine s’est tenu à Pékin du 4 au 6 septembre. Il a rassemblé la quasi-­totalité des pays africains autour de Xi Jinping qui a détaillé sa politique africaine.

Relation de dépendance

L’annonce choc, c’est évidemment les 50 milliards de dollars destinés aux pays du continent africain. Une somme certes importante mais à relativiser. Étalée sur trois ans, elle se décompose en 30 milliards de prêts, 10 milliards d’investissement d’acteurs privés et 10 milliards au titre de l’aide au développement.

Lors de son discours d’ouverture, Xi Jinping a tenté de répondre aux critiques nombreuses sur l’asymétrie des relations entre l’Afrique et l’empire du Milieu. À cette fin, il a annoncé des mesures comme la suppression des droits de douane pour les exportations agricoles des 33 pays africains les plus pauvres et la création d’un million d’emplois grâce aux investissements des entreprises chinoises. Les mêmes qui surexploitent les salariéEs africainEs dans des conditions de travail indignes.

Ces annonces sont loin de changer les rapports déséquilibrés entre le géant asiatique et l’Afrique, et elles sont similaires en tout point à une relation Nord-Sud se traduisant par des importations des matières premières et une exportation de produits manufacturés.

Source d’inspiration pour les dictateurs

Ce qui est passé plus inaperçu — pourtant affirmé comme objectif premier dans le discours de Xi Jinping — est la mise en avant de sa gouvernance comme une alternative au modèle occidental. Cette volonté s’accompagne d’une présence chinoise qui dépasse le strict domaine économique. Ainsi la Chine joue un rôle majeur dans la politique de maintien de la paix de l’ONU, comme première contributrice financière et seconde pour le nombre de soldats dans les différentes missions onusiennes.

Elle renforce aussi son poids politique depuis quelques années à travers le lancement d’instituts de formation destinés aux cadres des partis politiques africains et des hauts fonctionnaires de l’État. L’idée défendue est que la démocratie est d’abord et avant tout le développement économique, rendu possible grâce à la domination du parti sur les structures d’État qu’elles soient civiles ou militaire.

Un modèle politique aussi enseigné dans les formations militaires où les officiers supérieurs africains constatent que l’armée chinoise est au service non du gouvernement mais du parti dominant. Une politique, on s’en doute, qui n’est pas pour déplaire à nombre de dictateurs qui sévissent sur le continent.

On peut aussi légitimement se poser la question de la pertinence du besoin de ce type de formation, qu’elle soit d’ailleurs chinoise ou occidentale. En effet, elle reflète une vision condescendante et une méconnaissance de la riche culture politique de l’Afrique, nourrie notamment par des décennies de lutte pour sa libération.

Publié par L’Anticapitaliste le 19 septembre 2024

19 septembre 2024 Paul Martial

https://inprecor.fr/

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02 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

LABOUR (UK)

LABOUR (UK) dans A gauche du PS
Keir Starmer en août 2024. © Number 10 – CC BY 2.0

Parti travailliste – Nous ne vous avons jamais promis un jardin de roses

Dave Kellaway réagit au discours du Premier ministre britannique Keie Starmer du 27 août et aux premiers mois du nouveau gouvernement.

De nombreux hauts responsables du Parti travailliste sont fascinés par la politique américaine, en particulier par le Parti démocrate. Ils imitent souvent ses messages et ses stratégies électorales. Il est facile d’imaginer qu’ils préféreraient une structure de parti de type démocrate, où les membres ont encore moins d’influence et les syndicats moins de pouvoir. Il n’est donc pas surprenant qu’un collaborateur astucieux ait eu l’idée d’un discours d’ouverture en forme de « roseraie » pour Starmer ce mardi.

Le jardin de Downing Street n’est pas vraiment une roseraie, mais le nom évoque la Maison Blanche, l’atmosphère présidentielle. Le fait d’organiser le discours à l’endroit même où Johnson et son équipe ont fait la fête pendant les restrictions imposées par le Covid était un choix astucieux, car Starmer a condamné le désastre économique et la corruption de quatorze années de mauvaise gouvernance des conservateurs.

Sur le ton solennel qui le caractérise, M. Starmer a essentiellement soulevé deux points.

Premièrement, il a affirmé que les conservateurs avaient dissimulé un trou de 22 milliards de livres sterling dans les finances publiques.

Deuxièmement, il a affirmé que ce déficit signifiait que le Parti travailliste ne pouvait pas réaliser toutes ses ambitions.

Des décisions « difficiles » en matière d’impôts et de dépenses étaient nécessaires pour jeter les bases de l’économie, afin que de meilleures politiques puissent être mises en œuvre par la suite.

Il n’est pas surprenant qu’un nouveau gouvernement disposant d’une large majorité fasse passer des politiques impopulaires dès le début. Les conservateurs sont en plein désarroi. Les signes d’une résistance significative au sein du groupe parlementaire du Parti travailliste sont minimes : seuls sept députés se sont rebellés contre le plafonnement des allocations pour deux enfants.

La résolution des conflits salariaux avec les médecins, les conducteurs de train et d’autres travailleurs du secteur public a satisfait les dirigeants syndicaux. La suppression de la législation sur le niveau de service minimum introduite par les Parti travailliste, accompagnée de la promesse d’une nouvelle législation du travail destinée à faciliter l’organisation des syndicats, suit une voie similaire.

L’opinion publique, bien qu’elle soit tiède et que la cote personnelle de M. Starmer soit actuellement en baisse, s’aligne probablement sur sa critique générale du gâchis laissé par les conservateurs. Les propositions visant à introduire des augmentations d’impôts limitées sur les riches, par le biais d’ajustements de l’impôt sur les plus-values, de l’impôt sur les successions et des dispositions relatives à l’impôt sur les pensions, sont populaires à la fois au sein du Parti travailliste et de manière plus générale.

Même certains indicateurs économiques s’améliorent pour le gouvernement. On pourrait parler d’une période de lune de miel, même si elle n’est pas passionnante.

LE PARTI TRAVAILLISTE CHOISIT L’AUSTÉRITÉ

Comme Grace Blakeley l’a clairement expliqué dans son article de la Tribune, ce supposé trou noir de 22 milliards de livres est une tactique de peur, conçue pour tromper le public avec une perspective partielle et idéologique de l’économie. D’une part, il inclut les milliards nécessaires pour résoudre les grèves du secteur public. Contrairement aux riches qui thésaurisent leurs actifs, ces travailleurs dépenseront leurs revenus, ce qui stimulera l’économie.
Résumons ses principaux points :

- Dans un pays riche comme la Grande-Bretagne, les dépenses publiques ne sont pas limitées à court terme par les recettes fiscales.

- De nouvelles dettes peuvent être émises, et tant qu’elles sont utilisées pour des investissements productifs, tels que des mesures de transition écologique, l’argent peut être récupéré au fil du temps. C’est ce qu’a fait le gouvernement Attlee après la guerre, malgré une situation économique bien pire, et il a mis en place l’État-providence.

- L’État britannique contrôle le système monétaire – il est tout simplement faux de dire que l’État doit s’incliner devant les marchés mondiaux. Il est intervenu pour sauver les banques en 2008, lorsque les marchés mondiaux ont failli provoquer l’effondrement de l’économie.

- Le gouvernement pourrait taxer les grandes entreprises qui ont réalisé d’énormes profits pendant la crise du coût de la vie – les profits des entreprises énergétiques à elles seules dépassent de plusieurs fois les 22 milliards de livres sterling.

- Il pourrait également réglementer la manière dont les banques émettent des crédits et abaisser les taux d’intérêt, qui rendent actuellement les emprunts d’État plus coûteux. L’assouplissement quantitatif utilisé après 2008 et pendant la Covid a transféré 44 milliards de livres sterling à la Banque d’Angleterre, dont la majeure partie a fini dans les coffres des banques commerciales.

Comme le conclut à juste titre M. Blakeley, la décision de poursuivre les mesures d’austérité est un choix politique. Starmer pourrait choisir d’intervenir dans l’économie de la même manière qu’un gouvernement conservateur l’a fait pendant la crise de Covid, lorsque les indemnités de chômage partiel protégeaient les revenus des citoyens. Il est tout simplement absurde d’affirmer que la réduction des allocations de chauffage pour les retraités et le maintien du plafond des allocations familiales pour deux enfants sont des « choix difficiles ». Ce ne sont pas les personnes qui sont les mieux armées pour subir ce genre de choix.

Un choix vraiment difficile consisterait à mettre en œuvre un impôt sur la fortune efficace, car cela provoquerait une réaction brutale de la part des riches, qui contrôlent la quasi-totalité des médias. Les riches utiliseraient les marchés et leurs alliés de la City de Londres pour tenter de perturber le gouvernement, mais il faut parfois tenir tête à ceux qui sont les plus solides. Starmer ne le fera pas, car c’est avec ces gens-là qu’il veut s’associer pour générer la croissance qui, soi-disant, se répercutera sur le reste d’entre nous.

RÉACTIONS AU DISCOURS DE LA ROSERAIE

Le doux parfum et les mots doux émanant de la roseraie ont été en partie éclipsés par la puanteur du copinage dirigé contre les dirigeants de Starmer. Bien sûr, c’est un peu fort de la part d’une presse dominée par les conservateurs qui n’a jamais exploré à fond la corruption morale endémique de Johnson. Néanmoins, les preuves présentées et les volte-face soudaines affaiblissent la prétention du Parti travailliste de faire le ménage.

Des donateurs et des conseillers du Parti travailliste ont obtenu des postes dans la fonction publique ou un accès privilégié à Downing Street. Il a été révélé que Wahid Ali, l’un des principaux donateurs du Parti travailliste, a offert à Starmer 14 000 dollars pour des costumes et des lunettes élégants. Pour être honnête, il a effectivement meilleure allure, mais ce relooking devrait être prélevé sur son salaire. Private Eye a également découvert que Starmer et Reeves ont bénéficié de cadeaux, tels que des vacances, de la part de donateurs.

Même si ce n’est pas de la même ampleur que les scandales des conservateurs, cela n’a rien de réjouissant pour des millions de retraité·es qui devront choisir entre se chauffer et manger cet hiver, alors que les compagnies d’énergie augmentent encore leurs factures de 10 %.

L’idée selon laquelle nous devrions réduire l’allocation de chauffage d’hiver parce que de riches retraité·es comme Richard Branson en bénéficient est facilement réfutable. Il suffit de récupérer le coût de cette allocation pour tout le monde – afin qu’aucun·e retraité·e pauvre ou moyen n’en soit privé·e – en taxant davantage les riches. Les prestations universelles, comme le NHS, garantissent qu’il est dans l’intérêt de tous d’améliorer le système – il s’agit d’une prestation communautaire.

Sharon Graham, leader du syndicat UNITE, a également critiqué le discours, le qualifiant de « sombre » et déclarant qu’il était « temps de voir le changement promis par le Parti travailliste ». Elle a ajouté : « Nous n’avons plus besoin d’excuses sur la responsabilité fiscale ou de parler de création de richesse. Nous ne devrions pas opposer les retraités aux travailleurs ; ce n’est pas un choix qui devrait être sur la table ».

Même The Guardian, qui s’est montré relativement peu critique à l’égard du nouveau gouvernement travailliste (il suffit de regarder des chroniqueurs comme Behr, Kettle, Toynbee et Freedland), a réussi à souligner dans un éditorial que : » Sans un sentiment d’espoir et de progrès, le Parti travailliste encourra l’impopularité. Le montant qu’un gouvernement doit emprunter et dépenser devrait être déterminé par l’état de l’économie, et non par le niveau d’endettement que lui a laissé son prédécesseur ».

L’humoriste John Crace a bien résumé le problème de crédibilité du discours : « Il ressemblait au maçon qui vous dit que vous avez besoin d’un toit entièrement neuf alors que vous l’avez appelé pour nettoyer les gouttières ».

L’une des meilleures réponses au discours a été la déclaration publiée par Jeremy Corbyn et les quatre autres députés de la gauche indépendante :

La politique est une question de choix – et le gouvernement choisit d’infliger de la souffrance et de la pauvreté dans tout le pays.

Le gouvernement avait annoncé qu’il réduirait les factures d’énergie. Au lieu de cela, il a réduit l’allocation de chauffage en hiver pour les retraités.

 

Le gouvernement a dit qu’il voulait relancer notre économie, mais au lieu de cela, il veut réduire les investissements publics.

 

Au lieu de cela, il veut réduire les investissements publics. Le gouvernement a déclaré qu’il mettrait fin à 14 années d’échec des conservateurs. Au lieu de cela, il a voté pour maintenir le plafond des allocations pour deux enfants.

 

Nous refusons d’accepter que la pauvreté soit inévitable dans la sixième économie mondiale.

 

Il y a beaucoup d’argent. Il est simplement entre de mauvaises mains.

Le gouvernement doit s’opposer aux profiteurs avides en mettant fin à la privatisation de l’eau, de l’énergie, du courrier et des soins de santé. Il doit maintenir l’allocation de chauffage d’hiver pour tous les retraités. Et il devrait introduire des impôts sur la fortune pour mettre fin à la pauvreté des enfants et reconstruire nos services publics.

 

La décision de priver nos services publics de ressources a été une décision politique. Et ce sera une décision politique de répéter cette expérience économique ratée.

Un choix difficile consiste à décider s’il faut chauffer sa maison ou mettre de la nourriture sur la table. L’austérité n’est pas un choix difficile. C’est un mauvais choix.

 

Le bon choix consiste à investir dans les communautés afin d’apporter le véritable changement dont nos électeurs ont besoin, qu’ils exigent et qu’ils méritent.

Adnan Hussain, député de Blackburn ; Ayoub Khan, député de Birmingham Perry Barr ; Iqbal Mohamed, député de Dewsbury et Batley ; Jeremy Corbyn, député d’Islington North ; Shockat Adam, député de Leicester South.

CONSTRUIRE LA RÉSISTANCE À L’AUSTÉRITÉ DU PARTI TRAVAILLISTE

Contrairement à l’ère Blair, nous avons maintenant une situation politique où il existe un groupe indépendant de députés à la gauche du Parti travailliste au Parlement. La question s’est posée de savoir si les député·es élu·es dans des circonscriptions où vivent d’importantes communautés musulmanes, en grande partie à cause de la question de Gaza, adopteraient des positions de gauche sur les politiques sociales et économiques. La déclaration ci-dessus suggère que la réponse est oui. La victoire de Corbyn à Islington semble désormais cruciale pour favoriser le développement politique de ce groupe.

Si l’on ajoute à ce groupe les sept député·es travaillistes qui rompu avec la discipline majoritaire de leur rébellion sur le plafonnement des allocations pour deux enfants, il devient évident qu’il sera possible d’établir un lien entre l’action de masse à l’extérieur du Parlement et les députés à l’intérieur de celui-ci. Nous savons également qu’il existe un malaise généralisé au sein du PLP à propos de la décision sur les allocations pour deux enfants et de la réduction des aides pour le chauffage en hiver.

Il semblerait que cette inquiétude existe même au sein du Cabinet. Les dirigeants syndicaux ont déjà critiqué ces décisions et des résolutions ont été adoptées à ce sujet lors du prochain congrès du TUC. Le fait que le gouvernement ait réglé les revendications salariales du secteur public démontre que l’action de grève peut être payante et faire pression sur un gouvernement du Parti travailliste.

Pendant les élections, certains membres de la gauche ont affirmé qu’il y avait peu de différence entre un gouvernement travailliste et un gouvernement conservateur. Ils ont rejeté l’approche de ACR consistant à « chasser les conservateurs » et ont plutôt appelé à ne pas voter pour le « Parti travailliste », même dans les sièges marginaux ou lorsqu’aucun candidat de gauche indépendant crédible ne se présentait.

Nous pouvons déjà constater que la lutte de masse, les campagnes et la pression politique peuvent avoir un impact plus rapide et plus important sur un gouvernement Parti travailliste que sur un gouvernement Tory – bien que cela ne se produise pas sur toutes les questions ou dans tous les contextes. Si nous continuons à adopter une approche sectaire à l’égard du Parti travailliste et de ses membres, nous limiterons l’ampleur et l’impact de nos campagnes. Nous devons créer le plus de tensions possibles au sein du mouvement travailliste et du PLP entre la ligne de Starmer et la défense des intérêts de la classe ouvrière.

L’Assemblée populaire appelle à une grande manifestation lors de la conférence du Parti travailliste le 22 septembre à Liverpool, centrée sur les questions d’austérité. Les manifestations nationales de solidarité avec la Palestine se poursuivent depuis le 7 septembre. Fergal Sharkey et les associations écologiques organisent une manifestation de masse le 26 octobre contre les compagnies des eaux, exigeant une action gouvernementale décisive. Les socialistes devraient soutenir toutes ces initiatives et d’autres similaires.

Le gouvernement de Starmer dispose peut-être d’une majorité écrasante, mais il n’a qu’un mince mandat populaire, basé sur un peu moins d’un tiers des électeurs inscrits. La politique d’aujourd’hui est plus volatile. Les demi-mesures du Parti travailliste, son discours sur le trop grand nombre d’immigrés et les attaques contre le niveau de vie pourraient entraîner une hausse continue du soutien au Parti réformiste raciste de Farage et à des éléments plus extrêmes.

vhttps://inprecor.fr/

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09 mai 2024 ~ 0 Commentaire

EPR ( ODN )

epr

Observatoire du nucleaire SCOOP – L’électricité de l’EPR coûtera 2,5 fois plus cher que celle du reste du parc nucléaire

L’EPR de Flamanville va donc être un désastre économique pour la France en plus d’être une catastrophe industrielle pour EDF

- L’électricité produite par l’EPR sera beaucoup plus chère que celle désormais produite massivement en Europe par les renouvelables

Alors que le chargement en combustible du réacteur nucléaire EPR de Flamanville a commencé le 8 mai 2024, l’Observatoire du nucléaire tient à faire savoir que, si EDF parvient dans les mois qui viennent à faire fonctionner correctement ce réacteur, malgré ses diverses tares et malfaçons dont sa cuve défectueuse, l’électricité ainsi générée sera ruineuse.

EDF maintient ce sujet dans une totale opacité afin de laisser croire que l’EPR serait compétitif, ce qui est totalement impossible pour un réacteur dont le prix est passé d’environ 3 milliards à l’origine à plus de 20 milliards : l’estimation de 19 milliards par la Cour des comptes date de 2020 et est donc inévitablement à revoir à la hausse. Il est cependant possible d’avoir une comparaison entre les coûts de production de l’électricité de l’EPR et celle du reste du parc nucléaire d’EDF.

En effet, le rapport de juillet 2023 de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) sur le coût de production du parc nucléaire situe la part de l’EPR à 2,5 euros/MWh pour la période 2026-2030 (1) pour un coût d’ensemble du parc nucléaire de 60,7 euros/MWh sur la même période, à savoir en moyenne une part de 1,04 euros/Mwh pour chacun des 56 réacteurs actuels.

L’électricité produite par l’EPR sera donc 2,5 fois plus chère que celle du reste du parc nucléaire d’EDF, laquelle est pourtant déjà déjà fort onéreuse comme peuvent le constater les citoyens de France qui voient leurs factures d’électricité s’envoler et leurs impôts servir à renflouer les entreprises de l’atome.

Pourtant, grâce aux productions de plus en plus massives et de moins en moins chères des énergies renouvelables, les prix de gros de l’électricité baissent très fortement en Europe (2), mais cela ne profite pas aux habitants de la France, piégés dans l’impasse nucléaire et soumis aux augmentations régulièrement annoncées par le ministre de l’économie Bruno Le Maire.

De plus, en venant s’ajouter aux productions électriques désormais largement excédentaires en Europe, la production de l’EPR va mécaniquement contribuer à faire encore plus baisser les prix de gros… et rendre le nucléaire (ancien et EPR) encore moins rentable, contraignant EDF à vendre à pertes ou à arrêter des centrales, ce qui arrive d’ores et déjà, et de plus en plus souvent, et lui coûte terriblement cher dans les deux cas. La mise enservice de l’EPR  de Flamanville va donc aggraver la situation de quasi faillite dans laquelle se trouve déjà EDF.

Alors que les énergies renouvelables viennent de dépasser le seuil de 30% de l’électricité produite sur Terre (3), et vont continuer leur montée exponentielle, le nucléaire poursuit son effondrement, passé de 17,1% en 2001 (4) à  9,2% en 2022  (5). De fait, si la France s’obstine à vouloir construire de nouveaux réacteurs (dits EPR2), dont les coûts s’envolent déjà (6) alors qu’ils n’existent même pas sur le papier, ce sera une inévitable nouvelle catastrophe économique. 

A supposer qu’EDF parvienne à construire le premier EPR2, il ne fonctionnera officiellement pas avant 2035 et probablement pas avant 2040 en réalité : il sera encore plus submergé par les renouvelables, dont la progression est exponentielle, et ne pourra probablement même pas être mis en service. Il est encore temps pour la France de sortir de l’impasse nucléaire en stoppant le programme EPR et de prendre le seul train d’avenir, celui des énergies renouvelables…

(1) https://www.contexte.com/article/energie/info-contexte-cout-du-nucleaire-le-regulateur-etrille-la-contre-evaluation-dedf_174867.html

(2) https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/electricite-l-ere-des-prix-negatifs-commence-994515.html

(3) https://www.connaissancedesenergies.org/afp/le-monde-depasse-en-2023-les-30-delectricite-dorigine-renouvelable-selon-un-rapport-240508

(4) https://www.alternatives-economiques.fr/structure-de-production-mondiale-delectricite-origine-2001-0110200355482.html

(5) https://www.connaissancedesenergies.org/sites/connaissancedesenergies.org/files/inline-images/Monde-Production-electricite-2022%20%281%29.png

(6) https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/nucleaire-la-facture-des-futurs-reacteurs-epr2-d-edf-grimpe-deja-en-fleche-992108.html

www.observatoire-du-nucleaire.org

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14 mars 2024 ~ 0 Commentaire

portugal (à l’encontre)

Portugal. La question gouvernementale et la place d’une initiative unitaire de la gauche à l’occasion du centenaire du 25 avril

Les résultats des élections législatives du dimanche 10 mars (voir article et tableau publiés sur ce site le 11 mars) débouchent sur une difficile situation pour une constitution «assurée» d’un gouvernement, du simple fait que le parti-coalition de droite Alternative démocratique (AD), à la tête duquel se trouve Luís Montenegro, ne dispose que d’une majorité relative de 79 députés sur 230. La majorité absolue est de 116 députés. Il est très probable – 4 députés issus des votes des émigré·e·s ne sont pas encore connus – que le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, demandera à Luís Montenegro de former un gouvernement. Pour autant que ce dernier devance, en dernière instance, le PS grâce aux votes des circonscriptions d’émigrés qui seront dépouillés le 20 mars.

Le maire de Lisbonne, Carlos Moedas, membre du PSD (AD), n’a pas manqué de désigner comme responsables pour qu’aboutisse la formation d’un gouvernement AD: «le PS, Chega et d’autres partis». Autrement dit, la «responsabilité» technique de la formation ou non du gouvernement repose, selon lui, sur les options des élu·e·s de ces partis dans l’Assemblée de la République. Ce qui renvoie en priorité à la «responsabilité» du PS qui compte actuellement 77 député·e·s, pour autant que «le cordon sanitaire» soit maintenu par Luís Montenegro et l’AD face à l’extrême droite de Chega.

L’AD peut compter sur l’Initiative libérale (8 sièges). A l’opposé, la gauche – au sens le plus générique, PS, Bloco, PCP, Livre (écologique) – compte 90 députés, et 91 si est additionné le PAN-Personnes-Animaux-Nature. Donc une coalition négative peut se former pour bloquer des propositions de la droite qui, pour dépasser cet obstacle, devrait faire appel à Chega (48 sièges). Or Luís Montenegro a répété le «non et non» pour un «accord» avec Chega.

Pour réduire la dynamique de coalition négative de la gauche, il faudrait que la droite gagne les 4 députés de l’émigration, ce qui aboutirait à une égalité: 91-91.

D’autres «inconnues», avant la tenue de la première réunion de l’Assemblée de la République, au début du mois d’avril, peuvent être mentionnées. Les élections du président et des vice-présidents de l’Assemblée. Les quatre principaux partis parlementaires peuvent proposer un candidat. Reste ouverte la mise en échec d’une des propositions, le vote étant secret. De plus et surtout, comment sera reçu le programme de gouvernement proposé par le premier ministre désigné? Chega, qui insiste sur son électorat de 1 million, va montrer ses muscles pour être partie prenante au moins des principaux éléments d’un programme gouvernemental. Si Chega présente une motion de censure, il ne sera pas suivi par le PS, du moins sur la base des déclarations actuelles.

La question la plus importante, le test, va porter sur le budget 2025, d’autant plus que le PSD (AD) a indiqué qu’il était favorable à «un budget rectificatif», lors de la campagne électorale. Mais son avance limitée sur le PS semble devoir le pousser à aborder ce thème central en obtenant une abstention sur la base de quelques mesures budgétaires acceptables par ce dernier. Si ce budget présenté par le futur gouvernement passait, la survie d’un tel gouvernement serait plus probable, d’une part parce que le président de la République ne peut plus dissoudre l’Assemblée car ce pouvoir n’est plus applicable au cours des six derniers mois du mandat présidentiel et, d’autre part, parce que pourrait s’affirmer dans le PS une orientation – déjà mentionnée par certains caciques – visant à accepter une stabilité gouvernementale, bien que le PS se situe dans l’opposition.

Dès lors, les initiatives communes de la gauche, au sens large, telles que proposées par le Bloco de Esquerda, sur les questions sociales et symboliquement sur le 50e anniversaire du 25 avril ont toute leur place dans ce contexte relativement mobile, mais marqué sérieusement par l’affirmation de Chega.

C’est dans cette perspective que le 12 mars le Bloco a lancé une initiative unitaire pour l’échéance du 25 avril, ce qui pourrait stimuler une possible riposte sociale sur les droits démocratiques et sociaux (entre autres dans la santé, l’enseignement et le logement). Nous la reproduisons ci-dessous. (Rédaction A l’Encontre)

«Le Bloco souhaite une convergence dans l’opposition et se réunira avec les partis»

Par le Bloco de Esquerda

Le 12 mars au soir, Mariana Mortágua a annoncé que le Bloco a demandé des réunions avec le Parti socialiste, le PCP, Livre (écologistes) et le PAN (Personnes-Animaux-Nature) pour «analyser les résultats des élections et discuter des éléments de convergence à venir dans l’opposition au nouveau gouvernement [qui devra être constitué] et dans la définition d’alternatives pour le pays».

Dans un message vidéo [voir ci-dessous avec traduction automatique] publié ce mardi, Mariana Mortágua a analysé les résultats des élections de dimanche dernier et a indiqué des pistes pour une unité de la gauche pour le futur.

Selon la coordinatrice du Bloco, «les élections de dimanche ont changé le visage politique du pays» et «le résultat obtenu par l’AD et la montée de l’extrême droite font courir au Portugal le risque d’une réaction conservatrice qui menace les droits sociaux».

C’est pourquoi elle affirme que «les partis du camp démocratique, les écologistes et la gauche doivent maintenir ouvertes les portes d’un dialogue et rechercher la plus grande convergence possible pour défendre l’essentiel». Et elle insiste: «Nous ne renonçons à rien. Ni à la mémoire, ni à l’avenir, ni à l’Etat social, ni à l’objectif d’égalité.»

«Et, bien sûr, [l’objectif des réunions unitaires sera] de garantir qu’ensemble, nous organiserons des manifestations historiques dans tout le pays le 25 avril», a conclu la coordinatrice du Bloco de Esquerda [pour rappel, il y a cinquante ans le 25 avril marquait le renversement du régime salazariste]. (Déclaration publiée le 12 mars au soir sur le site du Bloco de Esquerda).

_________

PS: Selon diverses sources, la proposition du Bloco pour une rencontre unitaire de la gauche a reçu une réponse positive de la part du PCP. Son dirigeant, Paulo Raimundo, l’a déclaré lors d’une conférence de presse, tout en indiquant que le PCP n’allait pas «se dissoudre dans une convergence», ce qui relève de l’évidence. Le PAN a fait de même ce mercredi. Selon la presse, la PS s’est aussi manifesté comme «disponible» au même titre que Livre.

Selon le PS, des rencontres avec chaque parti devraient prendre forme, ce qui pourrait renvoyer au type de négociations qui ont eu lieu en 2019 pour établir les rapports entre le PS, le Bloco, le PCP. La dynamique «unitaire» et sa configuration vont être testées dans les jours qui viennent. (Réd. A l’Encontre)

13 mars 2024 Alencontre

https://alencontre.org/

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19 décembre 2023 ~ 0 Commentaire

france-palestine (npa)

Crédit Photo DR 
Revue L’Anticapitaliste n° 151 (décembre 2023)

Les circonvolutions de la politique française sur la Palestine et Israël

Les rapports entre la bourgeoisie française et ses gouvernements face au sionisme et à l’État d’Israël ont suivi de nombreuses circonvolutions depuis les années trente du siècle dernier, mais ont toujours été essentiellement déterminés par les aléas de la politique colonialiste et impérialiste de la France en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Dans ce cadre, la question palestinienne a toujours été une variable d’ajustement de cette politique. Au début du siècle dernier, la France a imposé son hégémonie coloniale sur l’Afrique du Nord et l’essentiel de l’Afrique de l’Ouest. Le Moyen-Orient, comme l’Afrique de l’Est, est surtout une zone d’influence exclusive de la Grande-Bretagne qui assure le contrôle du canal de Suez et des voies commerciales avec l’Inde, ayant consolidé ses colonies dans le Golfe persique, en Égypte et au Soudan. De plus, l’utilisation croissante du pétrole commence à faire de l’Iran et de la Mésopotamie une zone stratégique. La Grande-Bretagne essaya même dans les années 1910 de mettre la main, en Iran, sur ce qui restera, jusque dans les années 1940, le plus important gisement de la région, et lorgna aussi sur le gisement ottoman de Mossoul.

Après l’échec de Bonaparte en Égypte, les impérialistes français, notamment Napoléon III, avaient essayé à plusieurs reprises et sans succès, durant le XIXe siècle, d’étendre leur empire nordafricain vers le Levant et la « Grande Syrie ». La France compta donc utiliser l’affaiblissement de l’Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale pour mettre enfin un pied dans cette région et participer à l’exploitation pétrolière naissante.

Le dépeçage de l’Empire ottoman avait été dessiné par la France et la Grande-Bretagne avec le fameux accord secret Sykes-Picot de 1916, révélé au grand jour par la Pravda dès fin 1917. Il prévoyait l’octroi à la France d’une vaste zone au nord d’une ligne Gaza Kirkouk, allant au nord jusqu’en Anatolie, intégrant notamment la Cilicie région arménienne de l’empire ottoman et une partie du Kurdistan. La Grande-Bretagne s’octroyait le sud de la région arabe jusqu’à la mer d’Oman. La Palestine devait constituer une zone internationale.

Mais, parallèlement à cet accord secret, la Grande-Bretagne, pour affaiblir le pouvoir ottoman, avait soutenu la révolte menée dès 1916 par les mouvements indépendantistes, anticoloniaux et nationalistes arabes, avec un engagement à soutenir la création d’un État arabe unifié moderne, unifiant les arabes sunnites et chiites d’Alep à Aden, sous l’impulsion de Hussein ben Ali, souverain hachémite du Hedjaz et chérif de La Mecque, et des nationalistes de Damas.

Cet accord reconnaissait l’indépendance des pays arabes de la péninsule arabique jusqu’à la province de Mersin en Anatolie, de la Méditerranée à la frontière perse, y compris donc la Palestine et la Syrie. De plus, en 1917, par le biais de deux déclarations (Cambon et Balfour), les gouvernements français et anglais engageaient leur soutien à l’Organisation sioniste mondiale à la création « en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif […] étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse créer un préjudice pour les droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine… » (Déclaration Balfour).

Le but, des impérialistes britanniques notamment, était de s’assurer le soutien du mouvement sioniste pour faire pencher les États-Unis dans l’engagement américain dans la guerre, face à l’Allemagne, et aussi de consolider au Nord de l’Égypte la façade maritime en espérant avoir un contrôle étroit sur cette zone.

L’accord secret Sykes Picot contredisait l’engagement envers les droits nationaux des arabes, tout comme il écartait ceux des Arméniens et des Kurdes.

L’imposition du partage colonial face à l’indépendance arabe

À la fin de la guerre, les armées arabes, avec le soutien des Britanniques, sortirent victorieuses de leur affrontement avec l’armée ottomane et avait libéré l’ensemble des territoires arabes de la mer d’Oman à l’Anatolie. Fayçal, dirigeant des armées arabes et fils du chérif hachémite Hussein ben Ali, signait un accord avec le dirigeant sioniste Chaim Weizmann acceptant l’application de la déclaration de Balfour mais explicitement pour lui dans le cadre du nouvel État arabe unitaire et dans le respect des droits des populations arabes vivant déjà sur cette terre.

Mais la résolution de San Remo, en avril 1920, dans la foulée de la Conférence de Paris de 1919, faisait voler en éclat ce nouvel État arabe, sans aucun respect des engagements pris avec Hussein en 1915. Sous les auspices de la Société des Nations (SDN), la Mésopotamie (l’Irak) et la Palestine passèrent sous « mandat » britannique, la Syrie et le Liban sous « mandat » français.

La Grande-Bretagne, forte de son rapport de force militaire face aux Français, obtient d’intégrer à leur zone la région de Mossoul et Kirkouk, où la Turkish Petroleum exploitait les gisements. En dédommagement, la France mettait la main sur les 25 % de parts que détenait la Deutsche Bank dans cette société. Créée pour gérer ces parts, la Compagnie française des pétroles (CFP, future Total) eut ainsi accès au partage des richesses pétrolières du Moyen-Orient, et à un strapontin au côté des 7 majors (BP, Shell, Exxon, Texaco, Mobil, Socal et Gulf) qui détinrent le monopole mondial de l’exploitation et de la distribution jusqu’aux années soixante.

En juillet 1920, les troupes françaises (80 000 soldats avec l’appui de chars, d’artillerie et de l’aviation) envahissent donc le royaume arabe de Syrie, s’imposent à la bataille de Khan Mayssaloun face à l’armée des nationalistes arabes (5 000 soldats mal équipés).

L’ironie morbide des décisions colonialistes de la SDN est que les mandats britanniques et français devaient « permettre aux États du monde arabe d’accéder à l’indépendance et à la souveraineté » mais se traduisent dans toute la région par l’écrasement de la souveraineté arabe déjà réalisée et la création d’une Syrie sous mandat colonial français, avec la création artificielle du Liban et de la Palestine sous mandat britannique, privant la Syrie de toute façade maritime.

En écrasant le régime démocratique et populaire de Fayçal qui aura vécu deux ans, les colonialistes français se sont comportés à Damas avec la même morgue que celle affichée en Afrique du Nord, s’opposant pendant plus de vingt ans au nationalisme arabe qui, chercha à aboutir à une souveraineté nationale et à réunifier la Syrie, appuyée sur plusieurs élections exprimant un sentiment national qui dépassait les « communautés ».

En 1936, la chambre de Front populaire faillit ratifier un nouvel accord avec les nationalistes du Bloc national, reconnaissant leurs droits nationaux vers une Syrie indépendante. La droite y mit un frein, et l’arrivée du régime de Pétain en 1940 fit craindre aux Anglais que la Syrie du mandat serve de point d’appui à l’armée allemande. Ils acceptèrent l’appui des FFL pour intervenir en Syrie et écarter du pouvoir l’administration de Vichy. Pour asseoir leurs bases populaires, Britanniques et gaullistes acceptèrent de proclamer que « les peuples libanais et syriens seraient désormais indépendants et pourraient se constituer soit en deux États séparés soit en un seul État ». Mais dès 1944, l’administration coloniale refuse de céder son pouvoir et cherche à maintenir un contrôle de la France sur les souverainetés syriennes.

Le 29 mai 1945, presque un mois après les insurrections algériennes de Sétif et Guelma qui aboutirent à 35 000 assassinats d’autochtones, l’aviation française bombarda la population de Damas qui exigeait purement et simplement l’indépendance et le départ de la France, avec un bilan d’au moins 400 morts. Finalement, sous pression de la Grande-Bretagne, la France se retirera totalement et sans condition en 1946.

La France colonialiste perd donc totalement pied au Moyen-Orient alors que la Grande-Bretagne garde la main, ayant mieux su négocier les accessions à l’indépendance des monarchies hachémites en Irak et en Jordanie dans le cadre du mandat, dans la péninsule arabique où elle soutient la famille Saoud, (qu’elle avait mise en place dans les années vingt en destituant le souverain hachémite Hussein ben Ali). Si les relations bilatérales sont compliquées mais maintenues avec l’Égypte et notamment sur le contrôle du Canal de Suez, les Britanniques gardent le contrôle du Golfe arabique avec les « États de la Trêve » (aujourd’hui Émirats arabes Unis, Qatar et Bahreïn) toujours intégrés à l’Empire britannique.

Le soutien de la France à Israël de 1945 à 1967

La France d’après-guerre, déjà affaibli par le mouvement des indépendances qui s’annoncent en Indochine et en Afrique, cherche donc un nouveau point d’appui au Moyen-Orient. Alors que Churchill et la Grande-Bretagne cherchent à bloquer l’arrivée de migrants juifs en Palestine, la France, elle, va aider le départ des côtes françaises de bateaux de migrants et de caisses d’armements (Exodus, Altalena…).

En 1947, elle accordera aussi l’asile politique à Yitzhak Shamir, militant sioniste de droite et futur Premier ministre israélien, responsable de l’organisation armée Lehi (groupe Stern), spécialisée dans les assassinats politiques contre des responsables britanniques. Jusqu’en 1948, il s’occupera en France d’organiser les actions et la logistique de l’Irgoun. En tant que « terroriste », sa tête était mise à prix et il était recherché par la police britannique, à la suite notamment de l’attentat de l’Irgoun contre l’hôtel King David (au moins 91 morts). La France refusera son extradition.

Donc, discrètement, mais clairement, les autorités françaises soutiennent contre les Britanniques le développement de l’immigration en Palestine et la création d’un État juif. Dans les années 50, la France va jouer la carte d’Israël pour essayer de maintenir une présence dans la région, alors que toute la région arabe a une image déplorable de la France, après l’expérience du mandat et avec le contexte colonial de la guerre de libération en Algérie.

La Grande-Bretagne, elle, va en 1955 consolider ses alliances par le pacte de Bagdad duquel la France est exclue, avec le Pakistan, la Turquie, l’Irak et l’Iran, rejoints ensuite par les USA. Il s’agit clairement d’une alliance militaire face « au communisme » et à l’URSS sur sa frontière sud-ouest. L’Égypte nasserienne, suite à ce pacte, développe un autre pacte rassemblant le Yémen, l’Arabie saoudite et la Syrie, développant ses liens avec l’URSS, tout en faisant appel à la Tchécoslovaquie pour les fournitures d’armes.

L’Égypte reconnait aussi la République populaire de Chine, mise au ban des relations internationales par les pays occidentaux depuis 1949. Suite à cette évolution, les USA refusent tous les crédits que Nasser veut obtenir pour la modernisation du pays, notamment pour le barrage d’Assouan. En conséquence, l’Égypte va nationaliser la Compagnie universelle du Canal de Suez le 26 juillet 1956, prenant le contrôle du canal et expropriant les capitaux français et anglais (avec de solides indemnités et rachat amenant à la création de ce qui deviendra le groupe Suez).

À l’époque, la France redoute le soutien de Nasser au FLN algérien – c’est au Caire que le mouvement à son siège et il est soutenu par les livraisons d’armes venant de l’Égypte. Le SDECE essaya même à l’époque, sans succès, de pousser les Frères musulmans égyptiens à l’assassinat et au renversement de Nasser. La Grande-Bretagne et Israël craignent le blocage de la voie de transport maritime qui a aussi pris une importance stratégique avec le développement du commerce du pétrole.

La France, l’Angleterre et Israël mènent donc, en octobre suivant, la nationalisation, des discussions secrètes débouchant sur le protocole de Sèvres prévoyant une opération militaire contre l’Égypte avec, de la part de la France, la couverture aérienne et navale de l’offensive terrestre israélienne, une importante livraison d’armes, l’équipement de l’armée israélienne en avions de chasse Dassault et de chars AMX français.

« L’opération de Suez » est donc lancée fin octobre, officiellement pour riposter au blocus du détroit de Tiran, à l’extrémité du Golfe d’Aqaba. Sous protection française, l’armée israélienne et ses alliés traversent le Sinaï jusqu’au Canal de Suez. Mais, ni les USA ni l’URSS ne veulent d’un conflit régional de cette importance et, après la percée militaire, les armées de cette alliance doivent se retirer, deux mois après le début du conflit.

Malgré cet échec politique, l’opération de Suez sera les premiers pas d’une coopération militaire franco-israélienne étroite qui durera jusqu’à la guerre des Six Jours en 1967. Un volet important sera la structuration par la France du programme nucléaire israélien avec la construction de la centrale de Dimona, dans le Néguev, aboutissant à la maîtrise de l’arme nucléaire par Israël, sans que le pays ne l’ait jamais reconnu. La France restera jusqu’en 1967 le premier fournisseur d’Israël en matériel militaire.

L’opération de Suez est malgré cela un échec pour la France et la Grande-Bretagne qui apparaissent comme des impérialismes de seconde zone poursuivant leur politique d’agression coloniale, mais affaiblis et soumis aux décisions américaines. Cette action discrédita particulièrement la France aux yeux des pays arabes, cette opération s’ajoutant à la guerre coloniale en Algérie. La Grande-Bretagne en tirera comme leçon un alignement systématique sur l’impérialisme américain et la France tentera avec De Gaulle, à partir de la fin de la guerre d’Algérie, une politique d’indépendance basée sur la maîtrise de l’arme nucléaire et en cherchant à faire oublier sa politique colonialiste.

À la fin des années cinquante, l’armée française s’était livrée notamment à des crimes de guerre au Cameroun pour assassiner des militants indépendantistes, mettre en place un gouvernement fantoche et démanteler l’UPC et la résistance anticolonialiste.

L’ouverture vers l’OLP

Après la défaite française en Algérie, la France chercha donc à renouer avec une politique vis-à-vis des pays arabes, notamment les pays producteurs de pétrole et les pays clients des fournitures d’armement français. Cette réorientation va se télescoper avec l’alliance privilégiée avec Israël.

Après 1967, la France apparaîtra préoccupée de la question palestinienne, reconnaissant la légitimité de la résistance et exigeant qu’Israël applique la résolution 242 stipulant le retrait total des territoires occupés, c’est-à-dire la bande de Gaza et la Cisjordanie. Le tournant se concrétise à partir de 1974 avec le vote de la France à l’ONU, de reconnaissance de l’OLP comme principal représentant du peuple palestinien, et la France devient le premier pays européen accueillant une représentation de l’OLP.

En 1972, la France refusera l’extradition, vers l’Allemagne ou Israël, d’Abu Daoud, militant du Fatah, coorganisateur de l’attaque lors des Jeux olympiques de Munich en 1972, au cours de laquelle 18 personnes dont 11 athlètes israéliens furent tués. Cet attentat avait été impulsé et financé par Mahmoud Abbas, trésorier du Fatah à l’époque et président actuel de l’Autorité palestinienne. De même, sera mis en œuvre un accord franco-iraquien pour la mise en œuvre du réacteur nucléaire Osirak en 1975 Ce réacteur sera détruit par un raid israélien en 1981.

Par la suite, les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix vont voir une reconfiguration du paysage politique avec le renversement du Shah en Iran et la création de la République islamique, la crise du nationalisme arabe et la disparition de l’URSS. Dans les années quatre-vingt-dix, avec les accords d’Oslo et l’alignement progressif des capitales arabes sous le giron des USA, la politique arabe de la France mit largement de côté cette prise en compte de la question palestinienne.

Elle n’était plus un passage obligé dans le dialogue avec les capitales arabes, notamment celles du Golfe qui, face à l’influence de l’Iran, normalisèrent leur rapport avec Israël. Les intérêts commerciaux de la France dans les pays arabes pouvaient dès lors s’accorder avec une empathie politique avec Israël et un alignement sur la politique prosioniste des États Unis et de l’essentiel des pays européens. La présidence de Jacques Chirac fut la dernière phase de cette politique autonome avec, notamment, le refus de suivre George Bush dans la guerre d’Irak de 2003 qui aboutit à l’élimination de son ancien allié Saddam Hussein et l’ouverture de la déstabilisation de la région.

Un nouveau paradigme se construisit dès lors, notamment après septembre 2001 et l’intervention occidentale en Afghanistan, à l’axe du Mal mis en avant par les USA, reliant l’Iran au Hezbollah libanais et au Hamas, se superposèrent les axes du terrorisme islamiste de Daesh et d’Al Qaeda.

Les gouvernements sionistes successifs des années quatre-vingt-dix à aujourd’hui accélérèrent la colonisation et la répression de la résistance palestinienne, s’appuyant notamment sur le discrédit de la direction du Fatah, alors que la majorité parlementaire aux élections législatives de l’Autorité palestinienne était largement obtenue par le Hamas en 2006. Les gouvernements français acceptèrent désormais d’épouser les définitions imposées par Israël : les groupes armés palestiniens sont des groupes terroristes, l’antisionisme est une nouvelle forme de l’antisémitisme.

Malgré le maintien officiel de la politique adoptée après 1967, à partir de la présidence de Sarkozy, il n’y eut plus aucune prise en compte politique des droits du peuple palestinien et la France se rangea totalement sur le soutien pur et simple à la politique israélienne, tout comme le fit l’Union européenne.

Léon Crémieux

https://lanticapitaliste.org/

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30 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

ehpad (rennes)

hoptiam

Ephad, Esat, IME… « Le salaire de base vient de passer en dessous du SMIC ». Le cri d’alarme des travailleurs du médico-social

Les soins et la solidarité sont dans un état de fragilité immense. C’est ce que sont venus dire près de 400 travailleurs, directeurs et présidents d’associations et de fédérations oeuvrant dans le domaine du médico-social, ce jeudi 30 novembre devant la préfecture, à Rennes. Ils ont symboliquement remis les clés de leur établissement devant les grilles.

Entre colère, ras-le-bol et inquiétude. Environ 400 responsables du secteur social, médico-social et sanitaire privé non lucratif breton se sont regroupés devant la préfecture à Rennes, ce jeudi après-midi.

Nom de la manifestation :  « Non à un Jeudi noir de la santé et des solidarités. Et si on vous rendait les clés ! »

Une manifestation avec la même symbolique mais centrée sur les Ehpad avait déjà eu lieu le 10 octobre à Plédran, dans les Côtes d’Armor.

Ils tirent la sonnette d’alarme, dénonçant la « fragilité extrême du système de santé et des solidarités » en France. Ils demandent des moyens financiers et humains pour les Ehpad, Esat ou IME qu’ils gèrent, où dans lesquels ils travaillent, pour des salaires souvent indécents.

Moins que le SMIC

Comme Patricia Bouëtel, qui travaille en protection de l’enfance. « Au moment du covid, on s’est retrouvé tout seul », déplore-t-elle. « Pas de masque, pas de gel, toutes les structures fermées. Et nous on avait des adolescents qui étaient dans un état lamentable, des éducateurs qui ne savaient pas comment faire. On n’a jamais été augmenté. Le salaire de base vient de passer en dessous du SMIC. Ça fait 40 ans que je bosse dans la protection de l’enfance.  Je ne pensais pas connaître ça dans ma vie ».

Non-marchandisation des personnes vulnérables

Ce que craignent les manifestants, c’est la remise en cause du système non-lucratif. Un de nos crédos, c’est la non-marchandisation de l’accompagnement des personnes vulnérables. Nous voulons préserver ce système. Il faut que le grand public comprenne que la non-lucrativité du secteur implique un accompagnent, des personnes vulnérables pour tous et qu’on ne laisse personne sur le bord du chemin.

« Nous sommes des magiciens »

D’après les manifestants, des associations sont en danger économique. « L’inflation, l’augmentation des personnes vieillissantes fait que beaucoup de nos structures sont au bord de la cessation de paiement », explique Mathieu Thiébaut, membre d’association. Nous sommes des magiciens. Tous les gens qui travaillent, professionnels ou bénévoles, arrivent à inventer des solutions au quotidien ».

Quelques élus ont rejoint les rangs de la manifestation.

Au même moment, la ministre des Solidarités et des Familles dans le Finistère

Pendant ce temps, la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, était en visite dans le Finistère. Ce mercredi, elle a annoncé la construction de « 100 établissements médico-éducatifs » d’ici 2027, pour l’inclusion des enfants en situation de handicap dans les écoles.

Les professionnels attendent de voir.

 30/11/2023  Benoit Levaillant (Avec Sylvaine Salliou)

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27 novembre 2023 ~ 0 Commentaire

hôpital lorient (fr3)

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Le directeur de l’hôpital dans le viseur, forte mobilisation des personnels contre la politique de restriction budgétaire de l’hôpital de Lorient

La mobilisation importante ce lundi 27 novembre pour la sauvegarde des conditions de travail et d’accueil à l’hôpital de Lorient est sans précédent selon les syndicats.

Plus de 500 personnes se sont rassemblées ce lundi après-midi devant l’hôpital du Scorff à Lorient (Morbihan) pour exprimer leur colère et leurs inquiétudes sur la gestion menée par leur tout nouveau directeur, basée sur des économies à tous les niveaux.

L’appel à la mobilisation avait été lancé une intersyndicale (CGT, CFDT, FA Fédération Autonome, Santé Sociaux G.H.B.S et Sud) à 14h devant l’hôpital du Scorff. Et l’appel a largement été entendu, puisque plus de 500 manifestants se sont rassemblés pour défendre leurs conditions de travail, conditions d’accueil des patients et les emplois.

Car depuis son arrivée en juillet dernier, Jean-Christophe Phelep, le nouveau directeur du groupe hospitalier Bretagne sud (GHBS) a réussi, selon les syndicats, un exploit : faire l’unanimité contre lui. « En deux mois, il a réussi l’exploit de réunir pour la première fois une intersyndicale à l’hôpital du Scorff » nous lâchait l’intersyndicale fin septembre dernier.

Une mobilisation historique

Selon un représentant CGT et un médecin au cours de la manifestation, une telle mobilisation, « c’est du jamais vu depuis 20 ans », « une mobilisation historique ».

Dans les rangs des manifestants composés avant tout de soignants, de personnels, de médecins, de patients, de résidents d’Ehpad et de citoyens, l’inquiétude est de mise par rapport aux conditions de travail et de soins prodigués dans l’établissement. Des slogans inscrits sur des pancartes tels : « Vous ne pensez qu’aux sous. Nous ne pensons qu’aux soins », « Non au management par la peur », « Maltraitance du directeur envers le personnel soignant », démontre bien la colère des personnels à l’égard de la nouvelle direction.

Selon les manifestants et les syndicats, la politique de restriction budgétaire engagée par le nouveau directeur se fait déjà lourdement sentir. Ainsi, l’intersyndicale dénonce « le climat délétère créé par le nouveau directeur et les nombreuses rumeurs qui se sont finalement concrétisées avec, par exemple, la fin du recours à des agents contractuels, la privatisation possible de certains services, notamment le bio nettoyage ou encore le gel des CDIsation ». 

Gérard, un résident d’Ehpad de 92 ans, n’a pas hésité à sortir pour soutenir « tous ces personnels compétents, très gentils qui vont perdre leur travail à la fin du mois ou du mois suivant ». Des personnes âgées qui n’auront pas de repas de Noël pour cause de restriction budgétaire.

« Un fossoyeur du service public hospitalier »

Jean-Christophe Phelep aurait dressé l’état d’une situation financière calamiteuse, mettant en avant l’endettement de l’établissement hospitalier, ce qui empêcherait d’avoir suffisamment de trésorerie permettant d’investir dans de nouveaux projets.

Ludovic Bénabès, représentant du personnel CGT du GHBS, n’hésite pas à qualifier le nouveau directeur de « fossoyeur du service public hospitalier ».

Selon le syndicaliste, « il y a urgence » devant l’inquiétude grandissante qui s’empare d’une bonne partie des employés soignants et administratifs du groupe hospitalier Bretagne sud. « On a eu neuf assemblées générales en un mois et à chaque fois le personnel a répondu présent en masse comme pour cette mobilisation d’aujourd’hui, ce qui prouve bien le mécontentement de la nouvelle politique menée ».

Le syndicaliste ajoute que ce qui se déroule actuellement à Lorient est symptomatique des politiques de santé qui ont été menées ces dernières années qui ont contribué à dévaster petit à petit et plus particulièrement ces dernières années l’hôpital public ». Et de parler de double discours « entre la volonté de vouloir maintenir un service public hospitalier de qualité et les moyens mis en œuvre pour y arriver ».

 27/11/2023   Thierry Peigné

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