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06 juin 2023 ~ 0 Commentaire

sncf (lo)

cheminots

Les responsabilités de la gauche de gouvernement

Dans le Journal du Dimanche du 28 mai, les principaux dirigeants de la gauche, Olivier Faure pour le PS, Mathilde Panot pour LFI, Fabien Roussel pour le PCF et Marine Tondelier pour EELV, ont signé, en commun avec les dirigeants syndicaux et diverses associations, une tribune appelant « l’État français à ne pas sacrifier Fret SNCF ».

Selon l’appel, il faut « sortir le fret ferroviaire du marché de la concurrence et créer un grand service public, unifié et cohérent, de transport ferroviaire et routier de marchandises ». L’appel serait moins hypocrite si les gouvernements de gauche n’avaient pas eux-mêmes largement mis en œuvre la privatisation du fret ferroviaire comme du transport de voyageurs et organisé son dépeçage.

En février 1997, la SNCF était coupée en deux :

RFF (Réseau Ferré de France) héritait de la propriété et de la gestion du réseau

tandis que la SNCF devenait un simple exploitant ferroviaire, susceptible d’être mis en concurrence.

La droite avait voté cette séparation, et Gayssot, ministre PCF des transports dans le gouvernement de Jospin, se chargea des décrets d’application. Ce gouvernement dit « de gauche plurielle » de 1997 à 2002, intégra aussi Mélenchon en son sein et eut d’ailleurs le triste record du nombre de privatisations de la Ve République.

Le fret ferroviaire fut le premier secteur à être soumis à la concurrence en 2006, sous Chirac. La convention collective du fret mise en place par le patronat ferroviaire fut très régressive. Au lieu du miracle promis de développement du fret, son trafic a au contraire été divisé de moitié depuis cette date et les effectifs de cheminots ont été laminés.

Revenant au pouvoir en 2012 avec Hollande, la gauche se garda bien de revenir sur cette catastrophe ou de créer ce « grand service public du transport ferroviaire » aujourd’hui réclamé.

Au contraire, malgré une grève des cheminots de deux semaines en juin 2014, elle transféra les 50 000 cheminots chargés de l’infrastructure dans une nouvelle structure baptisée SNCF Réseau.

Ensuite, le gouvernement socialiste organisa l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs. En vue du transfert des cheminots au privé au gré des appels d’offres, il publia, en 2016, un décret socle, calqué sur les dispositions régressives de la convention collective du fret pour les étendre à l’ensemble de la branche ferroviaire.

Macron, quant à lui, a fait supprimer le statut des cheminots en 2020 pour mieux les soumettre à cette convention collective.

Il y a donc eu dans le domaine de la privatisation du transport ferroviaire, une parfaite continuité entre la gauche et la droite. Les conséquences en sont catastrophiques, tant sur le plan social qu’environnemental : le fret ferroviaire ne représente plus que 9 % du trafic de marchandises contre 46 % encore en 1974. Le trafic routier a, de son côté, explosé.

Les signataires de l’appel écrivent que « le gouvernement français doit s’opposer à cette épée de Damoclès de l’Union européenne sur Fret SNCF. » Comme si le gouvernement, ainsi que ceux qui l’ont précédé, n’étaient pas complices et même principaux instigateurs de la privatisation des équipements publics.

Les travailleurs du rail comme de l’ensemble de la société ne doivent se fier qu’au rapport de force qu’ils pourront opposer à un capitalisme aussi irresponsable que parasitaire.

Christian BERNAC 31 Mai 2023

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09 mai 2023 ~ 0 Commentaire

chili (socialist worker)

chili

Le parti d’extrême droite arrive en tête des nouvelles élections législatives au Chili

Le président de gauche Gabriel Boric s’est engagé sur la voie désastreuse de la conciliation avec les grandes entreprises et la droite.

Le parti républicain d’extrême droite est arrivé en tête des élections à l’organe chargé de rédiger la nouvelle constitution du Chili. Il a obtenu 22 des 51 sièges, les partis de droite 11 autres et la gauche seulement 17.

Le président Gabriel Boric avait promis de remanier la constitution adoptée par le général Augusto Pinochet, qui a pris le pouvoir en 1973 à la suite d’un coup d’État soutenu par les États-Unis.

L’homme de gauche a accédé au pouvoir en 2021 à la suite d’un mouvement de masse qui a secoué ce pays d’Amérique du Sud. Il a battu Jose Antonio Kast, chef des républicains qui se sont déclarés opposés à toute modification de la constitution.

Les travailleurs avaient placé de grands espoirs dans M. Boric lorsqu’il est arrivé au pouvoir, espoirs qu’il a ensuite déçus.

Dans le cadre d’une campagne de lutte contre la criminalité, tous les partis de la coalition gouvernementale ont contribué à l’adoption de 15 textes législatifs il y a un mois. Ces textes confèrent des pouvoirs considérables aux forces de police qui avaient si brutalement tenté d’écraser la révolte de 2019.

Les policiers se sont vu accorder une couverture légale pour tuer, ainsi qu’un budget supplémentaire de 1,25 milliard d’euros. « Les ressources supplémentaires », s’est vanté Boric, « seront financées par des fonds d’urgence ». Ils proviennent « du trésor public, pas de réaffectations, pas de fonds déjà affectés à autre chose, et d’autres fonds qui n’ont pas été engagés dans le budget pour l’année 2023″.

L’assemblée constitutionnelle commencera à travailler sur un nouveau projet en juin, qui sera soumis à un vote national. L’année dernière, les citoyens ont rejeté un projet de constitution soutenu par M. Boric et la gauche.

Il comprenait des réformes progressistes que les grandes entreprises et la droite ont combattues bec et ongles. Mais il avait déjà cherché à faire des compromis avec ces forces, plutôt que de s’attaquer aux crises sociales auxquelles sont confrontés les citoyens ordinaires. Par exemple, il s’agissait de donner aux citoyens le choix entre les soins de santé publics et privés, et non de se débarrasser des vautours privés.

Pendant ce temps, la vie des gens ordinaires est devenue plus difficile. Au Chili, l’inflation est à deux chiffres depuis plus d’un an et n’est revenue que récemment à 9,9 % en avril. Le prix des denrées alimentaires, en particulier, a grimpé en flèche au cours de l’année écoulée.

La colère s’est également manifestée à la suite des incendies de forêt qui ont ravagé le sud du Chili en février, faisant plus de 20 morts. Les personnes interrogées ont estimé que le gouvernement n’avait pas réagi assez rapidement.

Boric n’était pas prêt à affronter les intérêts et le pouvoir des grandes entreprises au Chili. Il s’est appuyé sur des voies parlementaires et constitutionnelles « sûres », et non sur des mobilisations de masse dans les rues et sur les lieux de travail, qui ont le pouvoir de s’attaquer au capital.

En faisant des concessions aux patrons et à la droite, il a démobilisé ses propres partisans et ouvert la porte à l’extrême droite.

Dans les années 1970, le social-démocrate Salvador Allende pensait que pour apporter des changements, il pouvait promouvoir « l’unité ». Il espérait apaiser la droite en cédant à ses exigences. En 1973, Pinochet l’a renversé et Allende a été tué.

Boric a suivi la même voie de conciliation avec la droite, qui s’est à nouveau avérée désastreuse.

Sophie Squire Monday 08 May 2023

https://socialistworker.co.uk/

 

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03 décembre 2022 ~ 0 Commentaire

maladie (actu bzh)

chadocs

De quoi le Finistère est-il malade ?

Quelles sont les pathologies dont les Finistériens souffrent le plus ? On peut le savoir grâce aux statistiques de l’assurance maladie, désormais accessibles à tous. Le Finistère se démarque en matière de santé mentale.

L’assurance maladie a mis à disposition ses données statistiques sur le site internet ameli.fr/ Elles permettent de constater combien de personnes sont atteintes d’une maladie (dans une liste de 57 faisant l’objet de remboursements de sécurité sociale), en France, dans les régions et dans chaque département, de connaître leur sexe et leur âge. Elles font aussi état des dépenses engagées pour chacune.

On dispose aujourd’hui des données de 2015 à 2020.

« On remarque ainsi que les 2/3 des dépenses de l’Assurance maladie concernent moins de 50 % de la population française et se concentrent sur quatre grands types de pathologies : les maladies mentales, les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies chroniques (type diabète) », signale Hugues Bardoux, directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie du Finistère.

Les principaux maux

Que disent ces statistiques des maux finistériens ?

Les traitements et maladies qui concernent le plus de patients dans le département sont :

  • les traitements du risque vasculaire (13,82 %)
  • les traitements psychotropes (10,34%)
  • les maladies cardiovasculaires (8,93%)
  • les maladies respiratoires chroniques (6,13%)
  • les cancers (6,02%)
  • les maladies psychiatriques (5,63%)
  • le diabète (4,67%)

Le Finistère se démarque en matière de santé mentale

Lorsque l’on étudie la prévalence (proportion de patients pris en charge pour une pathologie dans une population, en %) des pathologies en 2020, on remarque que certaines maladies sont davantage représentées dans notre département qu’ailleurs.

En matière de santé mentale, le Finistère se démarque. Avec une prévalence des maladies psychiatriques (5,63%) plus importante que dans le reste de la France (4,18%) et que dans la région Bretagne (5,16%). Même constat pour les traitements psychotropes avec une prévalence de 10,34% alors qu’elle n’est que de 9,47% en Bretagne et 8,52% en France. On est aussi au-dessus des prévalences régionale et nationale pour les troubles psychologiques et les troubles addictifs.

L’observation de l’évolution de la prévalence pour les traitements psychotropes (hors pathologies) montre une baisse régulière depuis 2015, puis une remontée en 2020, à imputer sans doute à la crise sanitaire.

Moins de diabète

On n’est pas bons non plus sur :

  • le cancer du poumon (0,31% dans le Finistère, 0,25 en Bretagne et 0,24 en France),
  • le cancer colorectal (0,86% dans le Finistère, 0,73 en Bretagne et 0,57 en France),
  • les maladies cardiovasculaires (8,93 dans le Finistère, 8,49 en Bretagne et 7,90 en France)

En revanche, les Finistériens souffrent moins de diabète. La prévalence de la maladie est de 4,67% dans le département, alors qu’elle est de 6,13% en France. « Une question d’alimentation ? », avance Hugues Bardoux.

Les psychotropes :

  • Les anti-dépresseurs : …
  • Les hypnotiques ou somnifères. …
  • Les anxiolytiques ou tranquillisants. …
  • Les neuroleptiques. …
  • Les psychodysleptiques. Les psychodysleptiques les plus connus sont le cannabis et les cannabinoïdes de synthèse, l’amphétamine, l’ecstasy ( MDMA ), les opiacés, le LSD, la cocaïne (crack) et l’héroine. Les pharmacopées traditionnelles proposent de nombreuses substances dysleptiques. L’alcool est un psychodysleptique.
  •  Martine De Saint Jan   3 Déc 22

https://actu.fr/bretagne/

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31 juillet 2022 ~ 0 Commentaire

turquie (4è internationale)

turc

Erdogan en guerre sur tous les fronts

La Turquie traverse une multitude de crises interconnectées, à l’image du reste du monde et dans le prolongement de sa propre trajectoire au cours de la dernière décennie. Afin de maintenir sa position dans cette période de crises multiples, Erdogan fait feu de tout bois : répression, guerres, chantages, négociations, ruptures d’alliances et nouvelles alliances.

Sur le front intérieur

Dans un contexte d’accroissement de la pauvreté, de perte de pouvoir d’achat et d’attaques militaires répétées au Kurdistan irakien et au Rojava, le gouvernement sait qu’il doit se montrer brutal face à toute expression publique de mécontentement.

Il sait que laisser paraître le moindre signe de faiblesse fait courir le risque de voir la contestation se propager. D’où le fait que même les manifestations locales de travailleurs sur leur lieu de travail, pour des augmentations de salaires, sont violemment réprimées par la police. Ces derniers mois, cependant, ces agressions de la police ont été accompagnées de descentes de nervis fascistes.

Au cours des violentes attaques contre la gay pride, l’encouragement fait aux groupes de l’extrême droite islamiste pour agresser les militantEs du mouvement LGBTI dans la rue, et le signalement sur les réseaux sociaux de diverses associations paramilitaires « civiles », fait aussi craindre à l’opposition qu’il pourrait s’agir là d’une sorte de stratégie pré-électorale.

Et il semble bien que ces associations paramilitaires à peine masquées – et peut-on même dire, n’hésitant pas à faire leurs démonstrations de force au grand jour – visent l’intimidation et la paralysie de l’opposition toujours plus inquiète des conditions dans lesquelles ces élections auront lieu et le rôle qu’y jouera la violence de rue.

Le retardement de la crise en Turquie se fait sur le dos de la classe ouvrière dont la vie est toujours plus dure.

Le gouvernement essaye, d’un côté, de réprimer toute opposition en terrifiant la société à coups d’arrestations, de violences policières, et en tentant de susciter une mobilisation nationale autour des guerres au Kurdistan irakien et au Rojava.

Cette stratégie du pouvoir paraît donc assez claire : dissuader par la peur toute mobilisation oppositionnelle, tenter de mettre sur pieds une forme d’aide économique avec l’augmentation du salaire minimum et une amélioration marginale des retraites, pousser à des mobilisations nationalistes dans le pays sur la base de « victoires » extérieures, et diviser l’opposition avec la création d’une opposition néo-fasciste focalisée sur les réfugiés.

Quant à elle, l’opposition venue de la bourgeoisie consiste à attendre les élections et à ne se livrer à aucune « provocation » jusqu’à l’issue du scrutin pour ensuite se débarrasser d’Erdogan sans pour autant afficher de quelconques différences politiques entre son programme et celui d’Erdogan.

Malheureusement, en l’absence d’une véritable alternative de gauche, même débarrassés d’Erdogan, on ne voit toujours pas se profiler le programme politique devant permettre à la classe ouvrière d’améliorer ses conditions de travail et sa confiance en elle-même. (Résumé)

Eyüp Özer Traduit par T M Labica pour L’Anticapitaliste

  • 1TÜSIAD (Türk sanayici ve isadamları dernegi), association des hommes d’affaires et des industriels turcs et organisation patronale la plus influente de Turquie, également active dans le lobbying européen pour l’adhésion de la Turquie à l’UE (ndt).

https://fourth.international/fr/

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29 juillet 2022 ~ 0 Commentaire

superprofits (basta!)

presse

TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France depuis deux ans

TotalEnergies annonce de nouveaux profits records : plus de 17,7 milliards d’euros pour le premier semestre 2022. En parallèle, le groupe n’a pas payé d’impôts en France en 2020 et 2021. Une pratique habituelle chez ce géant de l’énergie.

Lors de la dernière réunion du G7, en Allemagne du 25 au 28 juin, Emmanuel Macron a fustigé les « profiteurs de guerre », ces entreprises qui profitent du contexte économique et géopolitique et de l’envolée des prix pour faire « des superprofits ». Pourtant, à la demande du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, les députés soutenant le président de la République se sont opposés aux propositions instaurant une taxe sur ces bénéfices exceptionnels réalisés par les grandes entreprises énergétiques ou des transports.

Après avoir réalisé 14 milliards d’euros de profits en 2021 (40 % de plus qu’en 2019), TotalEnergies annonce ce 28 juillet avoir réalisé plus de 17,7 milliards d’euros de profits (18,8 milliards de dollars) sur le seul premier semestre 2022 [1]. Soit presque trois fois plus que sur le premier semestre 2021.

Voilà des résultats mirobolants battant les records précédents. En parallèle, le groupe TotalEnergies n’a pas payé un seul euro d’impôt sur les sociétés en France en 2020 et 2021.

Quels sont les « superprofits » réalisés par Total ?

« Y a-t-il des superprofits ? Je me méfie de ces mots », s’est exclamé Bruno Le Maire à l’Assemblée nationale pour convaincre ses députés de rejeter toute idée de taxer les gigantesques profits réalisés par les grands groupes de l’énergie et des transports.

Ces superprofits sont des profits d’aubaine réalisés sans qu’ils ne résultent d’investissements nouveaux, ni même d’une transformation de la production ou du niveau des ventes d’un grand groupe. Ils ne sont le fruit d’aucun effort ou prise de risque particuliers.

Comme la plupart des grands énergéticiens, TotalEnergies profite de l’inflation dans le secteur de l’énergie, entretenue par la reprise économique mondiale d’après-pandémie et les pénuries sur les chaînes d’approvisionnement, et surtout par la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine.

Avec des coûts de production de pétrole et du gaz relativement fixes à court terme, les producteurs mondiaux bénéficient d’un accroissement sans précédent de leurs recettes tirées des activités de production. Les résultats des activités de négoce (physique et financier) sont aussi en forte croissance en cette période d’inflation et d’instabilité sur les marchés mondiaux.

Enfin, généralement jugée peu rentable, l’activité de raffinage dégage désormais des marges plus généreuses : chez TotalEnergies, elle ont été multipliées par trois pour atteindre 145,7 dollars la tonne au second trimestre 2022.

Ces superprofits sont-ils très provisoires ?

Les gains qu’engrangent TotalEnergies progressent donc à toutes les étapes de son processus productif, sans que le groupe n’ait rien eu à changer à son outil de production. La multinationale française profite ainsi d’une rente de situation qui lui permet de prélever une part croissante du pouvoir d’achat des consommateurs dont les dépenses en carburants sont pour partie contraintes, sans raison économique effective et sans contribuer à l’intérêt général.

Le chiffre d’affaires et les profits explosent, tout comme la rémunération des actionnaires alors que l’inflation dont ils procèdent pèsent considérablement sur le budget du plus grand monde.

Loin de revenir « à la normale » comme l’exécutif français le promettait à l’automne 2021, les prix de l’énergie sont durablement orientés à la hausse. Selon l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), « les conditions actuelles du marché pourraient conduire à des bénéfices excédentaires allant jusqu’à 200 milliards d’euros dans l’Union européenne en 2022 » pour les seules multinationales de l’énergie.

Entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022, le chiffre d’affaires de TotalEnergies a ainsi augmenté de 58 % pour atteindre 135,6 milliards d’euros, et les profits semestriels ont presque triplé. À ce rythme, les profits annuels du groupe pourraient atteindre un montant stratosphérique record supérieur à 35 milliards d’euros, soit deux fois et demi plus qu’en 2021.

TotalEnergies s’en sert-il pour investir dans la transition écologique ?

Pour tenter d’écarter la critique, le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné a récemment affirmé dans une interview pour Ouest-France que le groupe utilisait les superprofits réalisés dans les hydrocarbures pour accroître massivement ses investissement dans les énergies renouvelables.

Selon la dernière communication du groupe en la matière, TotalEnergies affirme investir chaque année environ 3,3 milliards d’euros dans les énergies renouvelables et l’électricité. Soit à peine 1,6 % de son chiffre d’affaires (205,9 milliards d’euros en 2021). C’est aussi presque trois fois moins que ce que le groupe a consacré à la rémunération de ses actionnaires en 2021 (8,7 milliards d’euros).

Depuis que le groupe accumule ces superprofits, il n’a pas annoncé de données chiffrées exprimant la volonté d’augmenter massivement ses investissements dans les énergies renouvelables. Les actionnaires passent avant la lutte contre le réchauffement climatique : une augmentation de 5 % du dividende portant sur l’exercice 2022 est programmée, ainsi qu’un montant minimum de 3 milliards de dollars de rachats d’action pour le seul premier semestre 2022 – soit plus que sur toute l’année 2021. TotalEnergies va donc augmenter la rémunération de ses actionnaires de l’exact montant qu’il dit investir dans les énergies renouvelables chaque année.

TotalEnergies n’utilise pas les surperprofits tirés des hydrocarbures pour accroître ses investissements dans les énergies renouvelables. Au contraire, le groupe continue à investir massivement dans de nouveaux champs pétroliers ou gaziers comme l’illustre l’annonce d’une association avec le Qatar en vue de l’exploitation d’un immense champ gazier, l’une des pires « bombes climatiques » au monde. Cette stratégie est en contradiction flagrante avec les recommandations de l’Agence internationale de l’énergie qui appelait en 2021 à stopper immédiatement le développement de nouveaux projets gaziers et pétroliers.

En parallèle, TotalEnergies continue à supprimer des emplois : 2300 en 2020 (dont 410 en France) et 4167 en 2021 (dont 700 en France) [2]. Alors que les syndicats du groupe multiplient les actions (interpellations, grèves) pour demander des hausses de salaire, le groupe s’est limité à débloquer en novembre 2021 une enveloppe d’environ 33 millions d’euros pour les salariés, soit l’équivalent de 0,4 % de ce que les actionnaires ont touché cette année-là.

TotalEnergies ne paie-t-il pas déjà pas suffisamment d’impôts ?

« Je n’aime pas les taxes », dit Bruno Le Maire pour écarter toute taxe sur les superprofits de TotalEnergies, laissant entendre que le groupe en paierait déjà suffisamment. Ce n’est malheureusement pas le cas. Alors que TotalEnergies engrange les profits record, le groupe n’a pas payé un seul euro d’impôt sur les sociétés en France en 2020 et 2021.

Ces informations explosives sont consignées dans un rapport que TotalEnergies a publié en mars de cette année et qui n’a pas eu l’attention qu’il mérite (TotalEnergies, Tax Transparency, Report 2019-2020, mars 2022). Dans un effort, louable, de transparence, TotalEnergies y consigne des données portant sur les bénéfices réalisés et l’impôt sur les sociétés payé pays par pays. Si un tel rapport doit-être remis à l’administration fiscale depuis 2017, c’est la première fois que TotalEnergies le rend public, avec les données relatives aux exercices comptables des années 2019 et 2020.

Qu’y trouve-t-on ? D’abord la confirmation que TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France en 2021 suite à ses résultats de 2020. Ce n’est guère surprenant si l’on tient compte du fait que l’impôt sur les bénéfices d’une année donnée est calculé en fonction des profits de l’année précédente. Ce n’est gère surprenant : en 2020, année de la pandémie, une bonne part de l’économie de nombreux pays, dont la France, était à l’arrêt.

Cette année-là, TotalEnergies a annoncé avoir réalisé 5,9 milliards d’euros de pertes mondiales cumulées, dont 0,9 milliard euros environ en France. Il paraît donc logique que le groupe n’ait pas payé d’impôt sur les bénéfices l’année suivante [3]. En 2020, Total a quand même versé 7,6 milliards d’euros à ses actionnaires, malgré ses pertes abyssales.

Plus surprenant, ce rapport nous apprend que TotalEnergies n’a pas payé d’impôt sur les bénéfices également en 2020. Le groupe avait pourtant réalisé en 2019 un bénéfice mondial très confortable de plus de 10 milliards d’euros. Le groupe précise qu’il a réalisé cette année-là une perte fiscale en France, selon les règles fiscales françaises en vigueur, qui l’ont conduit à ne pas y payer d’impôts sur les sociétés.

Il a même encaissé un chèque de 124 millions d’euros de la part du Trésor public en remboursement d’un trop perçu. Ici, l’étonnement est de rigueur. Comment un groupe qui fait 10 milliards d’euros de profits peut n’en avoir réalisé aucun dans un pays où son siège est installé et qui représente 21 % de son activité, 35 % de ses effectifs, 44 % du capital social de toutes les entités juridiques du groupe, ou encore 66,5 % des bénéfices cumulés et non distribués par le groupe ?

Le fait que TotalEnergies ne paye pas d’impôt sur les bénéfices en France n’est pas nouveau. Déjà en 2015, le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, reconnaissait que son groupe n’avait pas payé d’impôts sur les sociétés de 2012 à 2015 – alors que son groupe faisait des résultats mondiaux très largement positifs.

Comme de nombreuses autres entreprises multinationales du CAC40, TotalEnergies recourt à des pratiques d’optimisation fiscale afin de ne déclarer chaque année que des bénéfices négatifs, nuls ou faibles en France afin d’y limiter son imposition.

Baisser l’essence à la pompe plutôt que payer des impôts ?

Cela fait donc au moins deux ans que TotalEnergies n’a pas payé un euro d’impôt sur les sociétés en France. Mais le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, nécessairement informé de cette réalité par son administration, a préféré écarté toute possibilité de taxer les superprofits réalisés par le groupe : « Une taxe n’a jamais amélioré la vie de nos compatriotes », a-t-il déclaré, comme si une taxe ne pouvait financer une politique publique visant à développer des alternatives à la voiture, et aux dépenses contraintes de carburants.

Après avoir introduit une remise de 10 centimes en milieu rural en février, l’avoir étendu à toutes ses stations-services en avril, puis l’avoir transformé en une « remise été » de 12 centimes valable uniquement sur les autoroutes en juillet-août, TotalEnergies a accepté une nouvelle remise à la pompe de 20 centimes par litre de carburant pour les mois de septembre et octobre, puis de 10 centimes en novembre et décembre.

Là où le premier geste était évalué à 50 millions d’euros, celui de l’été à 100 millions d’euros, le nouveau coûterait 500 millions d’euros de recettes à TotalEnergies. Si ce montant est invérifiable, il ne représente que 0,2 % de manque à gagner sur le chiffre d’affaires annuel du groupe.

Cette remise à la pompe permet à TotalEnergies d’éviter une taxation de ses superprofits, ou de ses profits tout court, et, aussi, que l’administration de Bercy soit sommée par l’opinion publique de regarder d’un peu plus près la réalité et la localisation de ses profits. Annoncée suite à un discussion avec Bruno Le Maire, cette remise semble fonctionner comme le paiement d’une indulgence autorisant le groupe à amasser des superprofits et à en localiser l’essentiel ailleurs qu’en France afin d’y payer le moins d’impôt possible.

Taxer les superprofits, une mesure pourtant juste

Voilà donc un sacré paradoxe. Alors que la taxation des superprofits des géants de l’énergie est désormais au cœur du débat public, encouragée à la fois par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Commission européenne, mise en œuvre par l’Italie, l’Espagne ou le Royaume-Uni, on découvre que l’une des principales entreprises multinationales françaises, ne paie pas d’impôt sur les sociétés en France. Le tout avec l’accord explicite du ministre de l’Économie et des Finances.

Comment justifier que TotalEnergies, qui se retrouve chaque année en haut du classement des profits réalisés par le CAC40 et des dividendes versés aux actionnaires, ne contribue pas à l’effort collectif pour financer les mesures prises face à la pandémie, la guerre ou l’inflation ? Qui plus est alors que TotalEnergies bénéficie elle-même de ces aides publiques : outre le soutien de la BCE, la baisse des impôts de production et des crédits hydrogène des plans de Relance et France2030, TotalEnergies bénéficie de 783 millions d’euros d’aides publiques pour une usine de batteries électriques à Douvrin (Pas-de-Calais), qu’elle doit coconstruire avec Stellantis.

Puisque TotalEnergies est subventionné avec de l’argent public pour investir dans l’hydrogène ou les batteries électriques, le minimum serait que ses profits, et bien-entendu ses superprofits, soient taxés par les pouvoirs publics. Y compris une part des profits réalisés hors de France : le groupe ne se serait jamais tant développée à l’étranger sans le soutien de l’État.

Sur le plan pratique, on sait faire : calculer l’ampleur de parts de marché ou de profits anormaux et les taxer est techniquement aisé. Seule la volonté politique manque pour que les groupes comme TotalEnergies cessent de s’enrichir par temps de calamité publique et contribuent, par l’impôt, à l’intérêt général.

Maxime Combes 28 juillet 2022

https://basta.media/

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25 juin 2022 ~ 0 Commentaire

pénurie (jdd)

faim

« Il n’y a pas de pénurie alimentaire mondiale mais près d’un milliard de personnes luttent contre la faim »

Jean-François Riffaud, directeur général d’Action contre la Faim (ACF), fait le constat que, malgré la guerre en Ukraine, la pénurie alimentaire mondiale n’est pas encore une réalité. Pourtant, s’alarme-t-il, « près d’un milliard de personnes luttent contre la faim ».

Voici la tribune de Jean-François Riffaud, directeur général d’Action contre la Faim (ACF)

« La guerre en Ukraine fait craindre une pénurie alimentaire mais les causes de la faim dans le monde ne doivent rien à ce conflit et encore moins à la pénurie qui pourrait en découler. Ce n’est pas la pénurie d’aliments qui tue aujourd’hui et ce n’est pas l’augmentation de la production de blé qui réglera la faim dans le monde demain. Il faut s’attaquer d’urgence à ses causes structurelles : guerres, crise climatique, pauvreté. Un regard sur les cartes de l’insécurité alimentaire, de la pauvreté et des guerres permet de constater une saisissante superposition des crises.

Lors de ma dernière visite à Kaboul en février sur les étals des marchands, carottes, oranges, pommes de terre, oignons, riz, pain côtoyaient les poulets dans leurs cages et l’agneau suspendu aux crochets. Nos équipes voient les mêmes scènes à Bangui, Sanaa, Ouagadougou ou Mogadiscio. Pourtant, dans tous ces pays la faim sévit et se répand avec une intensité sans précédent dans l’histoire récente.

La crise alimentaire mondiale en cours ne doit pas grand-chose à la guerre en Ukraine

La crise alimentaire mondiale en cours ne date pas d’aujourd’hui et ne doit pas grand-chose à la guerre en Ukraine. Plus de 927 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire grave (cf. Sofi 2021) ; plus de 276 millions en phase aiguë en 2022, deux fois plus qu’en 2020 (cf. PAM 2022). Au cours des sept dernières années, la faim a augmenté dans le monde et cette tendance n’a pas de raison de s’inverser aujourd’hui si rien de structurel ne change.

Dans les pays connaissant déjà des taux d’insécurité alimentaire élevés l’inflation en cours renforce la pauvreté qui vient le plus souvent s’associer à la guerre ou à la crise climatique. Les causes structurelles de la faim apparaissent d’autant plus nettement aujourd’hui que la guerre en Ukraine fait resurgir la fausse idée de pénurie et sa conséquence, le recours magique à l’augmentation de la production.

Il faut être clair aujourd’hui. Il n’y a pas de pénurie globale, mondialisée, généralisée de produits alimentaires. Au contraire, le monde produit trop et mal.

Si l’on regarde les quantités d’aliments prêts à consommer, sur les 5 milliards de tonnes produites, 20% des aliments disponibles sont perdus, gâchés (cf. Unep). Alors que 12% de la population mondiale ne mange pas à sa faim. Si l’on regarde la destination des aliments produits, plus de 30% de l’ensemble n’est pas destiné à l’alimentation humaine, mais à l’alimentation animale ou à la production de biocarburants. 19% du maïs produit n’est pas destiné à la consommation humaine.

Ce n’est pas l’augmentation de la production qui changera la situation des victimes de la faim

 

Au gâchis de ce qui est destiné à l’homme s’ajoute l’impropre usage des terres, tant par la destination de leur production que par les conséquences environnementales négatives que cela génère, qui elles même sont une cause première de la faim. A la déficience de la chaine de production, et au mauvais usage des sols, s’ajoutent l’accaparement des terres et les logiques de spéculation et de contrôle des stocks au détriment de l’intérêt général. Ce système doit être reformé.

Plus que la question de la pénurie, c’est celle des prix qui doit être aujourd’hui au centre des préoccupations. La première conséquence de la guerre en Ukraine en matière alimentaire est l’inflation généralisée et massive des prix des matières premières alimentaires mais aussi de l’énergie, des transports, etc.

Cette inflation affecte tout le monde, et plus fortement ceux qui sont les plus exposés et les plus vulnérables. Dans des pays où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté à (1,9 USD par personne et par jour), la hausse de 30 à 50% du prix des produits alimentaires est la certitude d’une hausse mécanique de l’insécurité alimentaire. C’est ce que nous constatons partout où nos équipes travaillent.

Ce n’est donc pas l’augmentation de la production, de blé ou d’autres céréales, qui changera la situation des victimes de la faim mais une réponse globale et structurelle, dans l’urgence comme dans le long terme.

De manière urgente, il faut d’agir à la fois sur les aspects économiques et sur la réponse humanitaire auprès des personnes frappées par la crise alimentaire. Sur le plan économique, il convient de construire des mesures d’encadrement des prix. Il faut également favoriser une réponse coordonnée et collective plutôt que bilatérale de la gestion des stocks. Des mécanismes privilégiant l’usage alimentaire de la production agricole doivent être mis en place, au moins de manière transitoire.

Il est également nécessaire de mobiliser des fonds plus importants pour permettre les réponses humanitaires d’urgence. Les appels des Nations Unies, pour le Yémen, l’Afghanistan ou la Somalie sont au mieux couvert à 50 %, au pire à moins de 15%. Et il faut stopper la réaffectation des fonds humanitaires au motif que la guerre en Ukraine fait naitre des besoins importants et durables. Il ne faut négliger aucune crise et s’obliger à y répondre également.

Il faut demander en urgence une session extraordinaire du Comité de la sécurité alimentaire mondiale

De manière structurelle la nécessité d’une régulation renforcée du système agro-alimentaire mondial apparait comme une évidence. Il faut réorienter ses priorités vers la qualité et la couverture des besoins alimentaires de tous. Responsable d’un tiers des émissions de carbone, il n’est tout simplement pas viable.

Il est donc dans l’obligation de réduire son empreinte destructrice. Cela présente une double opportunité. Nourrir tout le monde mieux et réduire une des causes de la faim. Cela passera par une plus grande localisation de la production et une priorité donnée à l’agriculture locale et à la souveraineté alimentaire des territoires.

Cela implique également un recours plus généralisé à l’agroécologie dont les vertus ne font plus douter personnes. La performance de nos systèmes alimentaires ne doit plus être lue qu’au regard de la rentabilité financière mais d’abord au regard de la réponse aux besoins alimentaires et écologiques. Rien d’incompatible.

Parallèlement, la communauté internationale, et le G7 en particulier qui se réunit prochainement, doit œuvrer pour le développement de socles de protection sociale plus performants dans les pays les plus pauvres et les plus exposés à la faim. Les inégalités sociales, économiques, d’accès aux soins, comme de genre sont un enjeu direct et central. Le récent exemple afghan est éloquent.

La corrélation est simple : l’arrêt des aides structurelles internationales (qui représentaient 40% du PIB du pays) a fait s’effondrer (entre autres) le système de soins et fait s’aggraver une crise alimentaire à un niveau encore jamais vu, affectant 60% de la population dont 130 000 enfants sont à risques de mourir de faim aujourd’hui.

Pour le court comme pour le long terme, il faut en particulier demander de manière urgente une session extraordinaire du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) sur la question de la crise des prix alimentaires, afin que l’instance soit en mesure de proposer un vrai plan global de réponse.

Cet organe a le mandat, l’expertise et l’expérience pour mener des négociations interétatiques et organiser une réponse internationale efficace, complète et cohérente. Et il a le mérite de réunir tous les acteurs concernés : États, Nations Unies, Entreprises, ONG, société civile.

Au moment même où des millions s’ajoutent aux millions luttant désespérément pour se nourrir, les causes de la faim, et donc les solutions pour y remédier, s’affirment plus clairement que jamais. Et elles convergent avec un agenda de changement devenu incontournable. »

  24 juin 2022 Jean-François Riffaud

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17 mai 2022 ~ 0 Commentaire

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12 février 2022 ~ 0 Commentaire

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Renvoi requis en correctionnelle à l’encontre du maire François Cuillandre et d’un de ses adjoints dans l ‘affaire de l’association « Vivre à Brest »

Dans l’affaire des indemnités d’élus PS de Brest, le parquet de Brest vient de rendre son avis : François Cuillandre et un de ses anciens adjoint pourraient être renvoyés devant le tribunal correctionnel .L’affaire des indemnités des élus socialistes de Brest avait été révélée en 2018 et éclaboussé le troisième mandat du maire de Brest.

En cause : les irrégularités de l’association « Vivre à Brest » qui percevait les indemnités des élus du groupe PS entre 1985 jusqu’en 2017, avant de les redistribuer dans un objectif de solidarité . Le maire de Brest  a toujours nié avoir eu connaissance des redistributions irrégulières de ce « pot commun » . Deux de ses adjoints avaient été mis en examen.

Le procureur de la République Camille Miansoni a requis le renvoi en correctionnelle du maire de Brest François Cuillandre et d’un de ses anciens adjoints, Jean-Luc Polard, alors trésorier de l’association « Vivre à Brest ».

Le procureur Miansoni estime que « des charges suffisantes existent  à l’encontre du maire de Brest et de son ex-adjoint François Cuillandre pourrait donc être renvoyé devant le tribunal correctionnel pour « recel d’abus de confiance » » .

Jean-Luc Polard lui, pourrait être jugé pour « complicité d’abus de confiance » Le tribunal abandonne donc les charges de « délit de détournement de fonds publics » ou de « financement de campagne électorale »

Les différents parties ont désormais un mois pour prendre connaissance du document du parquet de Brest . Puis ce sera au juge d’instruction de trancher dans les prochaines semaines, du renvoi ou non, en correctionnelle, de François Cuillandre et Jean-Luc Polard .

12/02/2022  Catherine Jauneau avec Laura Roudaut

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25 janvier 2022 ~ 0 Commentaire

oxfam

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23 janvier 2022 ~ 0 Commentaire

kazakhstan (contretemps)

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Kazakhstan : un soulèvement de la classe ouvrière ? Entretien avec A. Kurmanov

 


 

Une république modèle

Le Kazakhstan est l’un des Etats post-soviétiques les plus étendus, derrière la Fédération de Russie, et il joue un rôle clé dans le système de relations politiques et économiques mis en place après l’effondrement de l’Union soviétique. Ceci n’est pas seulement le fait de Noursoultan Nazarbaïev, l’un des architectes de la CEI (Communauté des États indépendants). Le « modèle kazakh », celui d’une transformation en douceur de l’ancien parti et de la nomenclature soviétique reconvertis en oligarchie capitaliste « asiatique », a été considéré par beaucoup comme un exemple à suivre.

En effet, ce modèle présentait des caractéristiques superficiellement attrayantes non seulement pour les élites dirigeantes des autres républiques, mais aussi pour le citoyen ordinaire : un niveau économique élevé, les attributs formels de la démocratie et peu de restrictions quant à l’accès à la culture occidentale. Les grandes réserves de ressources naturelles, dont le pétrole, et le potentiel industriel hérité de la période socialiste ont constitué une bonne rampe de lancement pour le jeune État. Dans le même temps, la propagande officielle de la Fédération de Russie et des chaînes de la CEI se plaisait à présenter le Kazakhstan comme un exemple de préservation des « traditions de l’Union », de respect du souvenir de la Grande Guerre patriotique, d’absence de nationalisme, etc.

Des manifestations de masse ont éclaté immédiatement après les vacances du nouvel an, le 2 janvier. La raison des protestations était l’augmentation du prix du gaz liquéfié pour les voitures, de 60 tenge à 120 tenge par litre. Les premières manifestations non autorisées ont commencé dans l’ouest du Kazakhstan, dans la région de Manguistaou, le cœur des grandes entreprises pétrolières. C’est ici que se trouve la ville tristement célèbre ville de Janaozen, où, il y a dix ans, une grève des travailleurs a été brutalement réprimée : 15 grévistes y ont été tués et des centaines d’autres blessés.

Le lendemain – le 3 janvier – les manifestant.e.s de la province de Manguistaou  ont ajouté de nouveaux aspects sociaux et politiques à leurs revendications initiales : la réduction des prix des denrées alimentaires, l’adoption de mesures contre le chômage, une solution à la pénurie d’eau potable, et la démission du gouvernement et des autorités locales. Ce jour-là, les manifestant.e.s ont également commencé à se rassembler sur les places et dans les rues d’Almaty, de la capitale Noursoultan et d’autres villes. Dans un certain nombre d’endroits, les routes ont été bloquées et les manifestant.e.s ne se sont pas dispersé.e.s, même après la tombée de la nuit.

Le mardi 4 janvier, des manifestant.e.s ont affronté la police. À Almaty, les forces de sécurité ont utilisé des grenades assourdissantes pour disperser les manifestant.e.s. À leur tour, les manifestant.e.s ont renversé des voitures de police. Dans la soirée du même jour, l’internet sur les téléphones portables, les messageries et les réseaux sociaux ont cessé de fonctionner.

Les autorités kazakhes ont tenté d’expliquer l’augmentation du prix du gaz par le fait que celui-ci est désormais déterminé par des enchères électroniques : « le marché a ainsi décidé », disent-elles. L’administration de la région de Manguistaou aainsi fermement affirmé que tout se déroulait désormais dans le cadre d’une économie de marché moderne, et que le prix ne reviendrait pas à son niveau antérieur.

Pourtant, le 4 janvier, sous la pression des manifestant.e.s, le gouvernement a été contraint de baisser le prix du gaz dans la région de Manguistaou , pour le ramener à 50 tenges par litre. Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a déclaré que les autres demandes de la population seraient examinées séparément. Finalement, le 5 janvier, le gouvernement actuel a été démis de ses fonctions. Le directeur de l’usine de traitement du gaz de Janaozen a été placé en détention.

Une région d’une pauvreté totale

Le coprésident du Mouvement socialiste du Kazakhstan, Aynur Kurmanov, a décrit la situation en ces termes :

Les travailleurs de Janaozen ont été les premiers à se soulever.  L’augmentation du prix du gaz n’a été que le déclencheur des protestations populaires. Après tout, une foule de problèmes sociaux s’accumule depuis des années. L’automne dernier, le Kazakhstan a été frappé par une vague d’inflation.

 

Il faut tenir compte du fait que, dans la région de Manguistaou, les produits sont importés et ont toujours coûté 2 à 3 fois plus cher qu’ailleurs. Mais, à la fin de l’année 2021, le coût des aliments a augmenté de manière très substantielle. L’ouest du pays est une région où le chômage est important. À la suite des réformes néolibérales et des privatisations, la plupart des entreprises ont été fermées.

 

Le seul secteur qui fonctionne encore est celui de la production de pétrole. La plupart des sociétés chargées de son exploitation sont détenues par des capitaux étrangers. Jusqu’à 70 % du pétrole kazakh est exporté vers les marchés occidentaux, et la plupart des bénéfices vont également aux propriétaires étrangers.

 

Il n’y a pratiquement aucun investissement dans le développement de la région : c’est une zone de pauvreté et de misère totale. L’année dernière, ces entreprises ont été soumises à des mesures d’optimisation à grande échelle. Des emplois ont été supprimés, les travailleurs ont commencé à perdre leurs salaires, leurs primes, de nombreuses entreprises se sont transformées en simples sociétés de services.

 

Lorsque, dans la région d’Atyraou, la société Tengiz Oil a licencié 40 000 travailleurs d’un coup, cela a été un véritable choc pour tout le Kazakhstan occidental. L’État n’a rien fait pour empêcher ces licenciements massifs.  Il faut savoir qu’un travailleur du secteur du pétrole nourrit 5 à 10 membres de sa famille. Le licenciement d’un travailleur condamne automatiquement toute la famille à la famine. Il n’y a pas d’emplois ici, sauf dans le secteur pétrolier et les secteurs qui en dépendent.

 

Le Kazakhstan a en fait construit un modèle de capitalisme fondé sur les matières premières. La population se retrouve face à une accumulation de problèmes sociaux, et il y a une énorme stratification sociale. La « classe moyenne » est ruinée, l’économie réelle a été détruite. La répartition inégale du produit national est également liée à une part considérable de corruption. Les réformes néolibérales ont pratiquement éliminé le filet de sécurité sociale. , Les propriétaires des sociétés transnationales ont très probablement fait le calcul : seuls 5 millions de personnes sont nécessaires pour entretenir l’achèminement des hydrocarbures par pipeline ; les 18 millions, et plus, de la population kazakhe, c’est trop. C’est pourquoi cette révolte est anticoloniale à bien des égards.

 

Les causes des protestations actuelles sont enracinées dans les rouages du capitalisme : le prix du gaz liquéfié a réellement augmenté sur les marchés électroniques. Cela s’est produit car l’exportation du gaz à l’étranger servait l’intérêt des classes capitalistes ayant le monopole sur la production, créant ainsi une pénurie et une augmentation des prix du gaz sur le marché intérieur. Ils ont donc eux-mêmes provoqué les émeutes. Cependant, il convient de noter que l’explosion sociale actuelle est dirigée contre l’ensemble de la politique de réformes capitalistes qui ont été menées au cours des 30 dernières années et leurs résultats destructeurs.

Traditions de la lutte ouvrière. La grève spontanée

La forme de protestation initiale était une grève « prolétarienne » classique. Dans la nuit du 3 au 4 janvier, une grève sauvage a commencé dans les entreprises pétrolières de Tengiz.  Rapidement, la grève s’est étendue aux régions voisines. Aujourd’hui, le mouvement de grève a deux points de convergence principaux – Janaozen et Aktaou.

Pour les complotistes, les troubles au Kazakhstan ont été soigneusement préparés en Occident, comme en témoignent l’organisation et la coordination minutieuses des manifestant.e.s. Or, selon les mots de Kurmanov :

Il ne s’agit pas d’un Maidan, bien que de nombreux analystes politiques tentent de le présenter ainsi. D’où est venue cette étonnante auto-organisation ? C’est l’expérience et la tradition des travailleurs.

 

Les grèves secouent la région de Mangistaou depuis 2008, et le mouvement de grève a commencé dans les années 2000. Même sans l’apport du Parti communiste ou d’autres groupes de gauche, les demandes de nationalisation des compagnies pétrolières étaient constantes.

 

Les travailleurs ont tout simplement vu de leurs propres yeux à quoi menaient la privatisation et la prise de contrôle par des capitalistes étrangers. Au cours de ces premières manifestations, ils ont acquis une énorme expérience de la lutte et de la solidarité. La vie loin de tout, dans la nature, rendait en elle-même les gens plus solidaires.

 

C’est dans ce contexte que la classe ouvrière et le reste de la population se sont réunis. Les protestations des travailleurs de Janoazen et d’Aktaou ont ensuite donné le ton aux autres régions du pays. Les yourtes et les tentes, que les manifestant.e.s ont commencé à dresser sur les places principales des villes, ne sont pas du tout issues de l’ « Euromaidan » : elles étaient déjà présentes dans la région de Mangastaou lors des grèves locales de l’année dernière. La population elle-même a apporté de l’eau et de la nourriture aux manifestant.e.s.

Aujourd’hui, au Kazakhstan, il n’y a pas d’opposition légale, puisque tout le champ politique a été nettoyé. Le Parti communiste du Kazakhstan a été le dernier à être liquidé en 2015. Il ne reste plus que 7 partis pro-gouvernementaux. Mais de nombreuses ONG travaillent dans le pays, qui coopèrent activement avec les autorités pour promouvoir un agenda pro-occidental.

 

Leurs sujets favoris : la famine des années 1930, la réhabilitation des participants au mouvement Basmatchi et des collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale, etc. Les ONG travaillent également au développement du mouvement nationaliste, qui au Kazakhstan est totalement pro-gouvernemental. Les nationalistes organisent des rassemblements contre la Chine et la Russie qui sont sanctionnés par les autorités.

Selon notre interlocuteur, les « islamistes » que certains accusent également d’être à l’origine des récents événements sont également extrêmement faibles et mal organisés au Kazakhstan. Comme il nous l’a assuré, en fait, le Kazakhstan moderne est déterminé à construire un État mono-ethnique, et le nationalisme est son idéologie officielle. De ce fait, les informations sur un Kazakhstan « pro-soviétique » diffusées par des chaînes comme Mir TV sont un mythe :

En 2017, un monument a été érigé à Kyzyl-Orda à la mémoire de Mustafa Chokay, l’inspirateur de la légion du Turkestan de la Wehrmacht. Aujourd’hui, l’État révise radicalement l’histoire. Le processus s’est particulièrement intensifié après la visite de Noursoultan Nazarbaïev aux États-Unis il y a quelques années. Le mouvement panturc est également de plus en plus actif. Plus récemment, à l’initiative de Noursoultan Nazarbaïev, l’Union des États turcs a été créée le 12 novembre 2021à Istanbul. L’élite kazakhe conserve ses principaux atouts aux yeux de l’Occident. C’est pourquoi les États impérialistes ne sont absolument pas intéressés par la chute du régime actuel ; il est déjà complètement de leur côté.

Mais peut-être que tout n’est pas si clair dans les priorités géopolitiques du Kazakhstan. Il semble que ses dirigeants aient tout de même tendance à mener une politique dite « multivectorielle », manœuvrant entre la Russie, l’Occident, la Chine et la Turquie. Mais une condition est maintenue, qui convient à la totalité des partenaires étrangers : la législation dite « loyale », qui permet aux entreprises étrangères de faire sortir les bénéfices du pays. En outre, si cela était possible, tous ces acteurs mondiaux seraient prêts à troquer le gouvernement actuel pour un gouvernement encore plus docile. En parallèle, bien sûr, l’opposition libérale tente d’établir son contrôle sur le mouvement de protestation de masse.

La démission de Nazarbaïev de son poste de président pour diriger le Conseil de sécurité était motivée par le désir de créer une apparence de démocratie, y compris aux yeux de l’Occident.

 

En réalité, il conserve un contrôle total sur toutes les branches du pouvoir et n’a fait qu’accroître son pouvoir tout en évitant complètement toute responsabilité. Le président Tokaïev est une figure décorative, un pion entre les mains de la famille dirigeante. Il ne fait aucun doute que les protestations actuelles peuvent amener certaines factions à tenter un coup d’État de palais ou des actions similaires.

Il ne faut pas tout réduire à des théories du complot. Il ne faut pas non plus idéaliser le mouvement de protestation actuel.

 

Oui, c’est un mouvement social qui part de la base, avec un rôle de pionnier pour les travailleur.euse.s, il est soutenu par les chômeur.euse.s et d’autres groupes sociaux. Mais des forces très différentes y sont à l’œuvre, d’autant plus que les travailleur.euse.s ne disposent pas de leur propre parti, de syndicats de classe, ou d’un programme clair qui réponde pleinement à leurs intérêts.

 

Les groupes de gauche existant au Kazakhstan sont plutôt des cercles et ne peuvent pas influencer sérieusement le cours des événements. Les forces oligarchiques et extérieures tenteront de s’approprier ce mouvement, ou du moins de l’utiliser à leurs propres fins. S’il gagne, la redistribution des biens et la confrontation ouverte entre les différents groupes de la bourgeoisie, une « guerre de tous contre tous », commencera. Mais, dans tous les cas, les travailleur.euse.s pourront gagner certaines libertés et obtenir de nouvelles opportunités, notamment la création de leurs propres partis et de syndicats indépendants, ce qui facilitera la lutte pour leurs droits à l’avenir.        

Les forces armées du Kazakhstan tentent d’affronter les manifestant·es

Après la publication de l’article, nous avons appris que de violents affrontements s’étaient déroulés à Almaty et dans d’autres villes. Les manifestant.e.s ont occupé de nombreux bâtiments d’infrastructures clés à Almaty et dans d’autres villes. Sous la pression des protestations, le président Tokaïev a fait des concessions sociales sans précédent – il a promis la régulation par l’État du gaz, de l’essence et des biens socialement importants, un moratoire sur l’augmentation des factures des services publics, des loyers subventionnés pour les logements destinés aux pauvres et la création d’un fonds public pour soutenir les soins de santé et les enfants.

Les manifestant.e.s ont également exigé un retour à la Constitution de 1993 et un gouvernement composé de personnes extérieures au système. Elles exigent toujours une baisse des prix des denrées alimentaires et une réduction de l’âge de la retraite à 58-60 ans, une augmentation des salaires, des pensions, des allocations familiales, entre autres.

Les militants de l’opposition libérale se sont empressés de déclarer que ce sont eux qui coordonnent le mouvement. Dans la soirée du 5 janvier, on a appris que Noursoultan Nazarbaïev n’est plus le président du conseil de sécurité. Tokaïev a pris sa place et a déclaré son intention d’agir « aussi durement que possible ». Dans le même temps, il a promis que des « réformes politiques cohérentes » seraient bientôt menées à bien.

Plus tard dans la journée, Tokaïev a demandé une opération de « maintien de la paix » (en réalité, une intervention policière) des pays de l’Organisation du traité de sécurité collective (Russie, Biélorussie, Arménie, Ouzbékistan, Tadjikistan et Kirghizstan) pour réprimer les manifestations, que les autorités kazakhes qualifient désormais de tentative d’intervention extérieure. Au matin du 6 janvier, le conseil de l’OTSC avait approuvé la demande et l’on signalait déjà la présence de troupes russes au Kazakhstan.

Aujourd’hui, les médias de masse et les chaînes de télévision post-soviétiques sont rivés sur les manifestations qui ont soudainement embrasé le Kazakhstan. Pour certain.e.s, elles suscitent l’espoir, pour d’autres, l’horreur et le rejet.

La situation est porteuse de contradictions et différentes interprétations des événements s’affrontent : serait-ce un soulèvement populaire, ou plutôt une querelle de clans ? Une conspiration de forces pro-occidentales et pro-turques voire même d’un courant « réactionnaire islamiste » ? Que se passe-t-il réellement ? Un correspondant de Zanovo-media a interviewé Aynur Kurmanov, l’un des dirigeants du Mouvement socialiste du Kazakhstan.

6 janvier 2022

Cet article est repris de LeftEast qui remercie Zanovo-media, où cet article a été initialement publié en russe. Traduit par Céline Cantat pour Contretemps.
| 12/01/2022

https://www.gaucheanticapitaliste.org/

 

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