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18 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Propos racistes (Basta!)

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Propos racistes à l’école, popularité de Bardella : les profs face aux idées d’extrême droite

Alors que monte le vote en faveur de l’extrême droite, l’école n’échappe pas à ses idées. Les enseignantes et enseignants font face à une libération de la parole raciste, notamment dans les territoires et villes où est implanté le RN.

Tous ont demandé l’anonymat. Les enseignants qui témoignent de la montée des idées d’extrême droite dans leurs établissements scolaires ne veulent pas le faire sous leurs vrais noms. « Si jamais la mairie apprend que c’est moi qui ai parlé, c’est mon école qui va en payer le prix », s’inquiètent des professeurs de Béziers, Orange ou Hénin-Beaumont, des villes dirigées par l’extrême droite. Mais ailleurs aussi, les salles de classe et salles des professeurs font l’expérience de la montée de ces idées.

Maria, enseignante d’histoire-géographie à Nîmes, a constaté l’intérêt de ses élèves pour Jordan Bardella, tête de liste RN aux Européennes, pendant la campagne élections de juin dernier. « Lors d’un cours d’enseignement moral et civique sur la démocratie avec mes terminales, plusieurs d’entre eux m’ont parlé du candidat RN, de sa campagne sur les réseaux sociaux et de leur envie de voter pour lui », témoigne-t-elle.

Pour l’enseignante, l’enjeu est de rester dans la neutralité politique qu’exigent d’elle son poste et son statut de fonctionnaire. « J’ai orienté la discussion vers la comparaison avec d’autres pays européens. L’idée était de voir quelles avaient été les conséquences sur la société de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite », explique l’enseignante. Elle n’a pas initié cette discussion dans l’objectif de faire changer d’avis ces élèves, mais pour « leur donner les outils pour qu’ils s’émancipent ».

Face aux élèves, le devoir de neutralité

Parfois, ces outils ne fonctionnent pas face aux discours de haine. Maria se souvient d’un autre élève, plus jeune, lors d’un cours de géographie de seconde. « On étudiait les migrations et cet élève a dit publiquement que les personnes migrantes « n’avaient qu’à rester chez elles » et que l’on « n’avait pas à être envahis », se souvient la professeure. J’étais assez déboussolée car en plus, le cours insistait sur le fait que ces migrations étaient économiques, que la plupart des exilés présents en France y travaillaient, etc. »

Pour l’enseignante, sa discipline et son rôle visent justement à apprendre aux élèves à argumenter et déconstruire les idées préconçues. « C’est d’autant plus frustrant quand on n’y arrive pas », déplore-t-elle. Il est souvent difficile de contrer ce que les élèves entendent à la maison ou à la télévision. Encore plus lorsque les réseaux sociaux s’en mêlent, pointe Samia, enseignante de sciences économiques et sociales à Avignon. « Une de mes élèves avait pris un selfie avec sa classe pour la diffuser sur internet. Elle avait commenté « Moi et ma classe de migrants ». L’élève a été convoquée et sanctionnée, mais imaginez l’ambiance dans la classe après ça… »

Jean, professeur des écoles à Béziers, se souvient de cette toute jeune élève de primaire. « À l’occasion d’un cours sur Léonard de Vinci, j’en viens à parler des valeurs humanistes, que nous sommes tous humains et que le racisme est une construction. Et là, l’élève intervient, affirmant que « Marine Le Pen n’était pas raciste », qu’elle voulait « juste que l’on soit en sécurité chez nous ». Bien sûr qu’elle répétait des paroles qui n’étaient pas les siennes, mais comment réagir ? » se demande l’enseignant. Il a essayé dans un premier temps de la faire réfléchir sur ses propos : que veut dire « chez nous » ? Et « en sécurité » ? « Mais j’ai très vite coupé court à la conversation, je sentais que cela glissait vers le terrain des idées politiques. »

En tant qu’agents de la fonction publique, les enseignants doivent respecter le devoir de neutralité. « Je ne dois pas intervenir dans les opinions de mes élèves, souligne Jean. D’autant que cela pourrait créer un conflit de loyauté entre l’école et leur famille. » Toutefois, l’enseignant se doit de réagir aux propos racistes, contraires aux valeurs de la République. Mais la différence est fine, constate Lucia, enseignante au collège près de Nice : « Prenez un propos raciste, je peux réagir. Prenez ce même propos raciste et ajoutez les noms de Le Pen ou Bardella, c’est de suite plus compliqué de répondre. »

Dialogue parfois difficile avec les familles

Les propos sont loin de concerner seulement les enfants. « Puisqu’ils viennent de la famille, on a aussi parfois à gérer les parents », grince Jeanne. La professeure des écoles exerce à Bollène, commune du Vaucluse qui a été dirigée par une maire d’extrême droite (Marie-Claude Bompard) de 2008 à 2020. « Cela a délié les langues et la parole raciste. Par exemple, j’ai eu des parents qui ont refusé d’acheter la photo de classe car il ne voulaient pas y voir les élèves d’origine maghrébine. »

Avec ses collègues et sa hiérarchie, l’enseignante rappelle alors aux parents le cadre légal et les valeurs de l’école républicaine. Là encore, c’est un jeu d’équilibriste à tenir pour ne pas couper toute communication avec les familles. Un équilibre que connaît bien Jean, son collègue de Béziers : « On essaye de garder un regard neutre sur les familles, pour l’enfant et sa réussite scolaire, et ce même si c’est parfois difficile. Il nous faut préserver le lien entre les familles et l’école. »

Mais pour Lucia, hors de question de ne pas signaler des propos « contraires à la République ». L’enseignante niçoise se souvient d’un épisode survenu il y a quelques années dans son collège. Un élève avait été frappé par un autre dans la classe dont elle était professeure principale. « Nous avons reçu l’élève frappé et sa mère les avons informés de la sanction décidée. La mère a déclaré que ce n’était non pas un élève mais un « arabe délinquant » qui avait attaqué son fils et qu’elle réglerait ça « hors de l’école ». Face à ces menaces, nous avons dû alerter la gendarmerie. »

Le vote RN monte chez les enseignants

Alors que le vote en faveur de l’extrême droite augmente dans la société, la salle des profs ne fait pas exception. Le corps enseignant a longtemps été perçu comme un bastion de gauche. En 2012, seulement 3 % des enseignants votaient pour l’extrême droite. La proportion est montée à 20 % aujourd’hui, selon la dernière enquête électorale du politologue Luc Rouban pour le Cevipof. Le corps enseignants reste toutefois un bastion du vote de gauche.

Les enseignants votent certes beaucoup moins RN que le reste de la population, mais le monde éducatif n’est plus hermétique aux idées du parti de Le Pen et Bardella, constate la prof de sciences économiques et sociale Samia. « Je n’ai jamais eu de collègues qui ont affirmé haut et fort voter pour le RN. Peut-être n’osent-il pas devant moi qui suis issue de l’immigration ? Mais, souvent, les silences de certains veulent dire bien plus que les mots », considère-t-elle. Maria a elle aussi constaté des éléments de discours qui se banalisent : « Des collègues estiment que le RN est un parti comme les autres, qu’il faut les écouter puisqu’ils représentent un certain pourcentage des Français. »

À l’inverse, parfois, la puissance de l’extrême droite permet de souder les rangs des équipes pédagogiques. À Orange, Sophie enseigne dans une des écoles primaires de la ville gérée par un maire d’extrême droite depuis 1995. « Entre enseignants, on a à cœur de proposer des projets éducatifs autour du vivre ensemble, de la solidarité et de l’échange. Et ce quelles que soient les écoles », affirme-t-elle. Mais ce n’est pas toujours facile face à une mairie qui peut décider d’une partie de budgets de l’école. « On échange toujours entre enseignants pour trouver des solutions. Il ne faut pas qu’ils réussissent à nous diviser », ajoute la professeure.

Continuer d’enseigner

Pourtant, soupire Jeanne, l’institutrice de Bollène, « on voit la résistance s’amoindrir au fil des années. Au rythme des élections s’ancre l’habitude de voir une extrême droite forte. » Bollène a finalement élu un maire socialiste lors des dernières élections municipales, mais l’extrême droite y reste implantée. « Il suffit de regarder les résultats des législatives et les votes pour le RN », pointe l’enseignante. La commune de 13 000 habitants a voté à 50 % pour la candidate RN au premier tour et l’a élue député à plus de 63 % au second. Jeanne y voit un résultat des longues années passées avec une mairie d’extrême droite. Lorsque l’extrême droite est au pouvoir, « il y a des barrages qui sautent et que l’on ne peut plus combler ».

Mais ces enseignants et enseignantes veulent continuer à exercer malgré tout dans ces territoires. « L’extrême droite au pouvoir, c’est ce que je vis depuis plus de dix ans. Mais à ma manière, dans ma salle de classe et dans mon quotidien, je lutte », revendique Sophie, à Orange. Rares sont celles et ceux qui parlent de démissionner de l’Éducation nationale, même si elle devait se retrouver sous la tutelle d’un ministre RN. « Jamais je ne partirai, du moins pas de moi-même », tranche Samia à Avignon.

Malika Butzbach 18 septembre 2024

https://basta.media/

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11 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

PSL (Antifa belges)

PSL (Antifa belges) dans Antifascisme site-13

Samedi 21 septembre. 14h De Coninckplein Anvers

Rendez-vous: 21/09/24
La solidarité, pas la haine. Manifestation antifasciste contre Voorpost

Contre qui manifestons-nous?

Le 21 septembre, Voorpost manifestera à Anvers pour de la « remigration » (=déportations de masse) et contre le « grand remplacement » (une théorie de conspiration des nazis).

Voorpost est le « service d’ordre » du Vlaams Belang. Il veut importer ici les émeutes racistes de cet été en Grande-Bretagne. Le 30 juin, ils ont fait une descente dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile à Zutendaal (Limbourg). Ils ont intimidé les familles (des enfants inclus) présentes à l’aide de fusées éclairantes et de bombes fumigènes.

Un incendie a effectivement été déclenché dans un futur centre d’asile à Bilzen en 2019. L’homme arrêté, soupçonné d’incendie criminel, était un dirigeant local du Voorpost et actif au sein du Vlaams Belang à Zutendaal au moins jusqu’en 2006.

Pourquoi protestons-nous?

Contre la haine de l’extrême droite, nous lançons un message fort de solidarité. Ce faisant, nous nous opposons également au terreau du VB.

La solidarité signifie aller à l’encontre du système qui accroît les inégalités et les problèmes sociaux. Nous nous organisons pour protester en faveur d’une société qui ne laisse personne de côté.

Nous sommes solidaires des réfugiés, des migrants, de tous ceux qui subissent le racisme, et de la protestation contre le génocide à Gaza.

Nous sommes favorables à un investissement massif dans les ressources publiques : logements sociaux, services publics (tels que l’éducation, les soins de santé, les transports publics) et formation des enseignants (pour lutter contre le sexisme, le racisme et la LGBTQIA+phobie et mettre l’accent sur l’inclusion du genre), ainsi qu’à une augmentation du salaire minimum à au moins €17 de l’heure.

Qui organise cette manifestation?

Nous sommes des antifascistes (bien ou non) associés à diverses organisations. Le 25 avril, nous avions organisé ensemble une manifestation à Anvers contre une marche du club étudiant d’extrême droite NSV.

Nous sommes ouverts à tous ceux qui reconnaissent notre approche.

https://fr.socialisme.be/

Voir aussi:

Voorpost : le bras armé du Vlaams Belang

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07 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Colons Nazis (Reporterre)

En Allemagne, des «<small class="fine d-inline"> </small>colons ethniques<small class="fine d-inline"> </small>» veulent blanchir les campagnes

En Allemagne, des « colons ethniques » veulent blanchir les campagnes

Derrière une façade d’amoureux de la nature, des militants d’extrême droite, inspirés du mouvement völkisch, achètent des fermes dans l’est de l’Allemagne et diffusent leur idéologie. Un « colonialisme ethnique ».

« Ils veulent diffuser leur poison partout, dans les écoles, les associations… », s’inquiète une habitante de Leisnig, 8 000 habitants dans l’est de l’Allemagne. Des « völkische Siedler », ou « colons ethniques », se sont installés dans cette petite ville et sa périphérie depuis une décennie.

Située en Saxe, avec ses nombreuses bâtisses en ruine, son kebab installé en face de la mairie et son centre historique vieux de presque 1 000 ans, la petite ville est typique de la région. Et c’est là que des partisans de l’extrême droite allemande venus de l’ouest ont élu domicile — entre cinq et sept familles, qui s’ajoutent aux militants d’extrême droite de la région.

Leur but : quitter l’ouest où la présence d’immigrés et d’Allemands d’origine étrangère leur est insupportable pour s’installer dans des zones rurales et blanches à l’est, de façon à y conserver la « substance ethnique » allemande. Le tout, sous les apparences d’amoureux de la nature en recherche de liens avec le vivant.

« Derrière la façade inoffensive d’agriculteurs bio attachés à la tradition se cache en réalité la croyance en la prétendue supériorité du peuple allemand et une vision du monde raciste et antisémite », écrivait, en 2021, le gouvernement au sujet de ces « colons ethniques ». Dans les faits, ces derniers rachètent des fermes mais ne les cultivent pas forcément.

Des « colonies ethniques » ou « völkisch » sont présentes dans presque tous les Länder du pays, avec une prédilection pour l’est. L’extrême droite tire profit du destin difficile de l’ex-République démocratique allemande (RDA), en partie désertée après l’unification du pays et où beaucoup de fermes et de maisons abandonnées ne coûtent presque rien.

L’arrivée de nouvelles familles est perçue de manière positive dans les villages vieillissants, d’autant que ces nouveaux voisins ont de nombreux enfants et se montrent attentifs aux autres : ils vont aux enterrements en signe de solidarité, proposent leur aide, s’engagent comme pompiers volontaires…

Quant à leur idéologie, elle ne pose pas forcément problème à l’est du pays où le parti d’extrême droite AfD fait ses scores les plus hauts, comme lors des élections régionales le 1er septembre : en Saxe et en Thuringe, il a recueilli plus de 30 % des suffrages.

Traditions germaniques

Là, dans un entre-soi confortable, ces représentants de l’extrême droite la plus radicale peuvent vivre selon des traditions « germaniques » et penser en termes de générations plutôt que d’échéances électorales. Comme l’expliquent les journalistes Andrea Röpke et Andreas Speit dans leur livre consacré à cet accaparement des terres (Völkische Landnahme, Ch. Links Verlag, 2019), ces colons ethniques s’inscrivent dans la continuité du mouvement völkisch, apparu à la fin du XIXe siècle outre-Rhin et précurseur du nazisme : il prône une identité enracinée, lie terre, peuple et sang dans un élitisme racial et donc un rejet de l’étranger.

À Leisnig, l’affaire a commencé il y a une décennie : la famille Strauch a installé sa maison d’édition dans un village en périphérie. Y sont vendus des affiches représentant des soldats des Waffen-SS en action sur le front de l’est, des cartes de l’Empire allemand d’avant 1945 ou des livres sur le 3e Reich et la Seconde Guerre mondiale. En 2019, les lieux ont été perquisitionnés dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour incitation à la haine.

Sont aussi arrivés Christian Fischer et sa famille. Sous ses allures de gendre idéal, il est un ancien cadre de l’organisation désormais interdite des Jeunesses allemandes fidèles à la patrie (inspirées des Jeunesses hitlériennes) — il a été condamné en 2010 à douze mois de prison avec sursis pour incitation à la haine.

Jusqu’en 2023, il était aussi le porte-parole de Réinvestir l’Allemagne centrale (Zusammenrücken nach Mitteldeutschland), une initiative visant à promouvoir l’installation de familles d’extrême droite à l’ouest et proposant un réseau d’aide pour y parvenir. En 2023, l’initiative s’est auto-dissoute après l’interdiction par le ministère de l’Intérieur d’une autre structure proche, la Artgemeinschaft, « une association néonazie, raciste, xénophobe et antidémocratique qui compte environ 150 membres », selon le ministère, et dont faisaient partie des habitants de Leisnig.

Une stratégie politique subtile

Dans un premier temps, les nouveaux arrivés se sont faits discrets à Leisnig, privilégiant un engagement politique dans les grandes villes voisines de Chemnitz ou Dresde. Lutz Giesen, actif sur la scène néonazie depuis longtemps et lui aussi nouvel arrivant à Leisnig, a par exemple déclaré la manifestation organisée annuellement par l’extrême droite à Dresde en mémoire du bombardement de la ville par les Alliés en février 1945. À Leisnig même, ils ont commencé par s’investir dans la vie civile : associations, crèches, écoles de leurs enfants ou collecte de dons pour les victimes des inondations à Ahrtal.

C’est à la faveur de la crise sanitaire que les colons ethniques ont commencé à occuper la place principale de Leisnig, en 2021. Sous le slogan « Nous voulons vivre », ils ont organisé des manifestations régulières pour s’opposer aux mesures gouvernementales anti-Covid.

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« La peur crée l’obéissance. » Les militants d’extrême droite ont organisé des manifestations régulières pour s’opposer aux mesures gouvernementales anti-Covid. Site d’extrême droite leisnig.info

Dans la foulée, ils ont créé le site Leisnig.info, décliné sur les réseaux sociaux et sous forme d’un bulletin d’information papier. Présenté comme un média « indépendant », cette plateforme est en réalité un outil servant à promouvoir leur idéologie et à nommer avec nom et prénom leurs opposants politiques.

Alliance entre « nazis d’ici » et « colons ethniques »

« Ils sont plus subtils et plus malins que les néonazis d’ici qui étaient actifs dans les années 1990. Ils ont une véritable stratégie pour diffuser leur idéologie et mettre à mal la démocratie », remarque un habitant de Leisnig. Originaire de la région, il a connu les violences physiques perpétrées par des néonazis dans les « années battes de baseball » (Baseballschlägerjahre).

Cet opposant, qui souhaite rester anonyme (comme tous ceux interrogés par Reporterre), ne manque pas de rappeler que les colons ethniques ont créé des contacts solides avec les « nazis d’ici ». Notamment à travers le parti d’extrême droite des Freien Sachsen (Saxons libres), qui aspire à l’indépendance du Land de Saxe et regroupe sous un même toit divers groupes extrémistes et néonazis.

En juin dernier, plusieurs de ces acteurs ont été élus aux élections locales sous l’égide des Freien Sachsen : Lutz Giesen est entré au conseil départemental (Kreistag) de Saxe centrale (Mittelsachsen). Christian Fischer a été élu au conseil municipal (Stadtrat) de Leisnig, en compagnie d’un autre candidat des Freien Sachsen. « Leur but va être d’empêcher le bon fonctionnement du conseil municipal et de ralentir ce qu’ils peuvent. Ils ne cherchent pas à gagner quoi que ce soit, mais à détruire », analyse une habitante de Leisnig.

En face, une alliance citoyenne s’est constituée pour informer — la population ainsi que les entreprises — sur l’idéologie portée par ces nouveaux venus. Constituée d’un noyau d’une dizaine de personnes, elle a remporté de petites victoires (les vendeurs de biens immobiliers scrutent désormais le profil des acheteurs potentiels), mais pas de quoi mettre un terme au processus enclenché.

« Les autorités allemandes ne prennent pas la mesure du problème que représente l’extrême droite, ou le minimise, regrette Kerstin Köditz, députée de gauche radicale (Die Linke) au Parlement de Saxe. Et pour nous, dans les espaces ruraux, ça va devenir très compliqué si nos habitants progressistes partent à cause de l’arrivée de colons ethniques ou assimilés. Dans ces endroits, on ne va pas réussir non plus à attirer des personnes issues de l’immigration. Mais on a besoin d’habitants pour faire vivre les campagnes ! »

« Les autorités minimisent le problème que représente l’extrême droite »

Un constat partagé parmi les habitants que nous avons interrogés, dans ce pays qui manque cruellement de main d’œuvre. L’une d’elles propose de s’inspirer de la stratégie de ces opposants politiques : « On ne va pas résoudre le problème en partant ou en se cachant », explique celle qui a emménagé là, entre autres, par choix militant.

« Après tout, les nazis ont quitté l’ouest, car c’était inconfortable pour eux. Il faut faire en sorte que ce soit la même chose ici. Ce sera une belle raison de parler de Leisnig dans les journaux, si on y arrive. »

Leisnig (Allemagne), reportage

https://reporterre.net/

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02 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

Est de l’Allemagne de l’Est (Le Monde)

nazis bzh

Les mercenaires  (80 au plus) nazis bretons se préparant à aller « casser » du résistant

En Allemagne, l’extrême droite remporte pour la première fois depuis l’après-guerre un scrutin régional, en Thuringe

L’AfD est créditée de plus de 33 % des voix devant les conservateurs (24,3 %). Mais il est peu probable que la formation dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec elle.

L’extrême droite allemande a remporté son premier scrutin régional, en Thuringe, dimanche 1er septembre. Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), emmené par Björn Höcke, s’est imposé lors du scrutin, selon les estimations, qui le créditent de 33,1 % des voix, devant les conservateurs de la CDU (24,3 %).

Dans la Saxe voisine, le parti de l’ex-chancelière Angela Merkel, qui dispose d’une courte avance (31,7 %), est suivi de près par l’AfD (31,4 %). Les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz enregistrent un nouveau revers électoral avec un score estimé entre 6,6 et 7,8 % dans les deux Länder.

Une victoire de l’AfD à un scrutin régional constitue une première depuis l’après-guerre, même s’il est improbable que la formation dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec lui. Il s’agit d’un nouveau revers pour l’impopulaire gouvernement de coalition du chancelier avec les Verts et les libéraux du FDP, à un an des élections législatives de 2025.

L’AfD a reçu un « mandat clair pour gouverner », a affirmé le codirigeant du parti au niveau national Tino Chrupalla, se disant prêt « à parler avec tous les partis » pour trouver une majorité absolue. « Les électeurs savent que nous ne faisons pas de coalition avec l’AfD », a rappelé quant à lui le secrétaire général des conservateurs, Carsten Linnemann, qui souhaite former un gouvernement.

Les Verts sortent, eux, du Parlement de Thuringe et les libéraux du FDP ne seraient plus représentés dans aucune des assemblées régionales. La Thuringe et la Saxe, qui disposent d’importantes prérogatives en matière d’éducation ou de sécurité, pourraient être gouvernés par de larges alliances hétéroclites associant droite et gauche.

L’AfD a capitalisé sur l’attaque au couteau

Un nouveau venu, le parti BSW, de l’ancienne égérie d’extrême gauche Sahra Wagenknecht, a fait une percée spectaculaire, au-dessus des 10 % dans les deux Länder, et va se poser en arbitre dans la formation des gouvernements locaux. Comme l’AfD, le BSW a séduit par son discours virulent contre l’immigration et appelé à mettre un terme aux livraisons d’armes à l’Ukraine, une position populaire dans ces régions de l’ex-RDA (communiste) où la peur de la guerre reste profondément ancrée.

Les élections dans ces deux Länder ont eu lieu un peu plus d’une semaine après le triple meurtre au couteau imputé à un Syrien à Solingen, dans l’Ouest, qui a bouleversé le pays et relancé un vif débat sur l’immigration. Les dirigeants de l’AfD ont cherché à capitaliser sur le choc suscité par cet acte, accusant les gouvernements fédéraux successifs d’avoir semé le « chaos ».

L’agresseur présumé, soupçonné de liens avec l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), avait réussi à se soustraire à une décision d’expulsion. Sous pression, le gouvernement Scholz a annoncé un durcissement des règles du port d’armes et du contrôle de l’immigration.

L’AfD a remporté plusieurs succès électoraux ces derniers mois et a obtenu le meilleur score de son histoire aux européennes de juin. L’ex-RDA s’est avérée un terrain fertile pour le parti, en raison d’inégalités persistantes depuis la réunification de 1990 et d’une profonde crise démographique liée au départ des jeunes vers d’autres régions, malgré une attractivité économique retrouvée.

Parti essentiellement eurosceptique à sa création, en 2013, l’AfD s’est radicalisé après la grande crise migratoire de 2015, la pandémie de Covid-19 puis la guerre russe en Ukraine, qui a affaibli la première puissance économique européenne et fait flamber l’inflation.

Il a remporté plusieurs succès électoraux ces derniers mois, obtenant le meilleur score de son histoire aux européennes de juin. Il a séduit autant par ses discours virulents contre l’immigration et par ses appels à mettre un terme aux livraisons d’armes à l’Ukraine, une position très populaire dans ces régions de l’ex-RDA communiste où la peur de la guerre reste profondément ancrée.

https://www.lemonde.fr/

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01 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

France Débat (PUF)

France Débat (PUF) dans A gauche du PS VincentTiberj

Entretien avec Vincent Tiberj conduit par Clémence Mary et Victor Boiteau

France-débat. «Une divergence entre ce qu’il se passe sur la scène politique et dans la société»

C’est le livre à mettre entre les mains d’Emmanuel Macron et des responsables politiques qui refusent d’entendre la victoire du Nouveau Front populaire aux dernières législatives et qui posent comme une évidence l’idée que la France se droitise.

Ils sont nombreux, responsables politiques et éditorialistes s’appuyant sur les scores du Rassemblement national, à affirmer ce penchant à droite, le désir d’une société pour un retour des valeurs conservatrices et traditionnelles de la droite – rejet de l’immigration, famille, ordre, mérite. Dans un ouvrage à paraître le 4 septembre, la Droitisation française, mythe et réalités (PUF), le sociologue et professeur à Sciences-Po Bordeaux Vincent Tiberj déconstruit ce discours. S’il s’attend déjà à un procès en naïveté, le chercheur défend la thèse, données statistiques à l’appui, d’une droitisation non pas des citoyens mais de la scène politique et médiatique, en décalage avec une société plus tolérante qu’il y a un demi-siècle.

Avez-vous envoyé votre livre à Emmanuel Macron qui a passé sept ans à courir après les voix de la droite?

Je ne sais pas [rires]. Les macronistes et les responsables politiques de droite considèrent qu’ils ont encore un coup à jouer et refusent d’entendre ce que les Français ont exprimé le 7 juillet: un attachement à une autre société, aux valeurs de la République, une ouverture à l’autre, à une autre réforme des retraites.

Vous avez écrit l’essentiel de votre livre avant les élections européennes puis législatives. Ont-elles changé quelque chose pour vous?

Ces élections ont été un crash test pour ma thèse. Les élections européennes illustrent l’idée d’une «grande démission» de la part des électeurs post-baby boom et millennials: ceux qui votent sont de plus en plus conservateurs et de moins en moins représentatifs, tandis que ceux qui s’abstiennent pourraient être des réserves pour la gauche.

La nouveauté du RN (Rassemblement national) réside dans sa capacité à séduire des conservateurs parmi les sexagénaires et les septuagénaires qui ne s’autorisaient pas jusque-là ce vote. Le premier tour des législatives a montré combien la droite et l’extrême droite pouvaient être fortes, alors que le second tour et la victoire du NFP (Nouveau Front populaire) racontent une autre histoire, la possibilité de remobiliser une société, pas forcément par adhésion mais d’abord pour exprimer quelque chose comme citoyen. Ce qu’on a vu dans ces élections, c’est une divergence entre ce qu’il se passe sur la scène politique et dans la société.

Ces résultats électoraux semblent plaider en faveur d’une droitisation des Français…

C’est un trompe-l’œil. Il n’y a pas de droitisation par en bas, chez les citoyens, mais par en haut, du côté de la scène politique et médiatique. Ce sont les campagnes qui modèlent des électeurs. En conséquence, certaines valeurs ont plus de poids dans les urnes qu’elles n’en avaient auparavant ; d’autres valeurs pourraient structurer autrement le champ politique. Celles-ci sont désavantagées car on n’en parle pas. Et les citoyens pouvant les porter ne sont pas ceux qui ont un rapport constant au vote. Il y a aussi un paradoxe: les évolutions culturelles de long terme sur l’homosexualité, les rapports de genre, l’immigration et sur les aspects socio-économiques ne se traduisent pas dans les urnes, du fait de cette divergence entre les citoyens et les électeurs.

Comment expliquez-vous ce décalage entre une absence de droitisation «par en bas» et la progression de l’extrême droite dans les urnes?

Une élection, c’est un ensemble de phénomènes. Le plus important, ce sont les thèmes structurant la campagne. Les partis jouent sur des cordes de valeurs, les politisent. Les questions socio-économiques, les inégalités, les services publics, ne sont pas un terrain favorable aux droites. Lors d’une campagne sur l’insécurité, le «wokisme» ou l’immigration, c’est la gauche qui joue en défense.

En parallèle, l’ancien rapport au vote et aux partis, la remise de soi à des élus, ne fonctionne plus. Tout cela ne permet pas à des électeurs qui pourraient se mobiliser de le faire, et la droitisation par le haut finit par ruisseler. Elle permet à des citoyens conservateurs de se sentir légitimes et moins seuls. C’est une question d’hégémonie culturelle. On l’a vu lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, des citoyens ont entendu des figures politiques et médiatiques mettre des mots sur un certain malaise qu’ils pouvaient ressentir. Pour la gauche, la question environnementale a tout le potentiel pour devenir le prochain grand clivage, avec des dimensions sociales, territoriales. C’est une des prochaines pistes de restructuration idéologique, notamment si la gauche parvient à la lier à la question sociale.

Sur quels outils vous fondez-vous pour mesurer ces évolutions sur la tolérance?

Comment mesurer ce que pensent les citoyens, c’est vieux comme la démocratie. «Le terrain nous dit que…», «les Français pensent que…» sont des questions classiques invoquées par les oppositions comme les majorités politiques, mais aussi par les médias ou les intellectuels qui s’en servent pour se positionner. On a de plus en plus de moyens de saisir ce que les citoyens disent de la société, sur les réseaux sociaux par exemple. Derrière, c’est le recours aux sondages qui interroge.

Pléthore d’enquêtes sont faites par Internet avec des access panels [panel créé par un institut de sondage, ndlr] qui ont des biais politiques, conduisant ainsi à une surdéclaration du vote RN. Et donc la partie conservatrice de la société. De mon côté, je travaille sur la quantité, avec une approche cumulative de l’ensemble des données d’opinion disponible. Penser la droitisation se réfléchit dans le temps long, en ayant en tête que les sondages ne sont pas parfaits, que les questions peuvent être biaisées, notamment sur l’immigration. C’est par l’accumulation des séries qu’on obtient une approche fluide et robuste des données d’opinion.

A quelles conclusions êtes-vous parvenu?

Des années 70 à aujourd’hui, la société française a considérablement progressé sur les questions culturelles comme la tolérance à l’homosexualité. Depuis le milieu des années 80 les choses ont aussi beaucoup progressé sur l’immigration, le racisme biologique, l’antisémitisme, la xénophobie, l’acceptation des enfants d’immigrés comme étant des Français comme les autres. Plus une génération est récente, moins il y a de xénophobie chez elle. Ça ne veut pas dire que tous les jeunes sont tolérants. Et en matière de tolérance, il y a des hauts et des bas, des moments de crispation ou de progression.

Lesquels, par exemple?

Les émeutes de 2005 [1] ont été un moment de crispation frappant qui a fait baisser l’indice de tolérance, car elles ont été cadrées comme étant celles de l’immigration et liées à l’islam. Après les attentats de 2015, c’est l’inverse, on assiste à un moment de progression impressionnant. Ce n’est pas l’événement en tant que tel qui crée la xénophobie mais la manière dont on en parle. Les manifestations «Je suis Charlie» et les prises de position de grandes figures ou d’associations ont recréé de la tolérance, à l’inverse de la remontée identitaire qui a eu lieu aux Etats-Unis après le 11 septembre. Ce qu’on voit sur nos écrans et ce qu’on perçoit des débats publics ne reflète pas la société.

Ce travail s’appuie sur du déclaratif, mais d’autres rapports, notamment du ministère de l’Intérieur, enregistrent ces derniers mois une hausse des actes racistes et antisémites.

C’est comme sur l’acceptation de l’homosexualité: sur le déclaratif, les progrès sont impression-nants. En parallèle, des agressions homophobes sont enregistrées très régulièrement. D’une part, car les personnes agressées, qu’elles soient homosexuelles, juives, le disent davantage. D’autre part, les pouvoirs publics ont pris conscience de la gravité de ces actes. L’attentat contre une synagogue à La Grande-Motte [24 août] montre qu’il y a une persistante de l’antisémitisme et on sait que les actes antisémites sont en augmentation depuis le 7 octobre notamment.

Mais en termes d’opinion, l’antisémitisme continue à reculer. Aujourd’hui, plus de 90% de Français disent que les Juifs sont des Français comme les autres, contre 60% en 1966, et un tiers en 1946. Qu’on ait accepté que certaines opinions ne se disent plus est important, d’autant que dans les enquêtes par Internet, il n’y a pas d’enquêteur qui incite à se censurer. C’est la première étape vers le changement, sans compter les effets de conversion des citoyens adultes, qui se font challenger par leurs enfants et petits-enfants et évoluent.

Les campagnes récentes ont pourtant montré une libération des paroles racistes.

La manière de parler des questions migratoires a changé. Parler de l’islam permet d’aborder l’immigration et de tordre des concepts comme la laïcité, la République, l’égalité entre les hommes et les femmes, pour libérer des préjugés et des actes antimusulmans. Le voile étant depuis plus de vingt ans associé à l’idée de «grand remplacement», on a légitimé le fait d’être contre, donc contre l’islam. Cette France-là existe, elle est importante numériquement, mais elle n’est qu’une partie de l’image. A côté de ces agressions racistes, toute une partie de la société, qu’on ne voit pas, accepte de mieux en mieux la diversité ethnoculturelle, y compris des pratiques comme le voile, qui est considéré dans les générations qui arrivent comme une manière d’être parmi d’autres.

Les valeurs culturelles ont donc pris le pas sur les valeurs socio-économiques comme moteur du vote?

Oui. La montée en puissance du vote culturel remonte aux années 90 pour la gauche et à Nicolas Sarkozy pour la droite. Le paradoxe, c’est qu’il y a des hauts et des bas. Les demandes de redistribution montent et baissent selon une logique thermostatique. Les citoyens ne sont pas dans une acceptation homogène du règne du libéralisme. L’attachement à la justice fiscale, au contrôle par l’Etat des entreprises, à la protection et aux aides sociales, reste fort y compris dans les catégories populaires. Mais ces sujets produisent moins de votes. On en parle peu, ou d’une manière individualiste. On valorise par exemple le pouvoir d’achat pour soi et non la redistribution pour tous.

Parmi les catégories populaires, la conscience d’appartenir à un collectif a baissé, rendant les appels à l’égalité moins opératoires. A l’exception des boomers, les catégories populaires ne votent plus, même pour des élections de premier ordre. Aux législatives de 2024, malgré l’appel au front républicain, près de 40% des ouvriers ne se sont pas déplacés.

Depuis 2017, quel rôle le macronisme a-t-il joué dans cette droitisation relative?

Il en est l’un des acteurs, les médias bolloréens [Vincent Bolloré contrôle C8, CNews, Télé-Loisirs, Gala, Voici, Capital, Paris-Match, Le Journal du dimanche, etc.] en sont un autre. Entre le discours des Mureaux, où Emmanuel Macron parlait à la fois d’un séparatisme musulman et des discriminations, et la loi immigration telle qu’elle a été adoptée, c’est la partie droite qui l’a emporté. C’est étonnant car le vote pour Macron, en 2017 et en 2022, est d’abord libéral libertaire: favorable au libéralisme économique et à la diversité, au multiculturalisme. Alors que son électorat est sur cette ligne, Emmanuel Macron est allé chasser sur les terres du RN pour le dégonfler. Or quand un parti de droite commence à investir les enjeux de l’extrême droite, à utiliser sa façon de parler, celle-ci s’en trouve légitimée et renforcée, ça s’est déjà produit en Europe et se confirme de nouveau en France. (Entretien publié le 25 août 2024 par le quotidien français Libération)

[1] Le soulèvement initial à Clichy-sous-Bois en octobre 2005 s’est produit suite à la mort de deux adolescents – Zyed Benna et Bouna Traoré – électrocutés dans l’enceinte d’une poste électrique alors qu’ils cherchaient à échapper à un contrôle de police. Une série d’événements se sont enclenchés et le soulèvement s’est étendu à l’ensemble de la Seine-Saint-Denis. L’état d’urgence a été déclaré le 8 novembre pour une durée de trois mois. Environ 3000 personnes ont été interpellées – dans le contexte de dégradation d’infrastructures ­– avec trois décès dans la population. (Réd. A l’Encontre)

https://alencontre.org/

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01 septembre 2024 ~ 0 Commentaire

VENEZUELA ( LINKS)

VENEZUELA ( LINKS) dans A gauche du PS

Élections présidentielles au Venezuela : Tentative de coup d’État ou fraude ?

Écrivain, militant, sociologue et directeur du Centre d’études pour la démocratie socialiste, Reinaldo Antonio Iturriza López revient dans cet entretien réalisé par Federico Fuentes pour LINKS International Journal of Socialist Renewal sur les récits concurrents – et insatisfaisants – qui entourent l’élection présidentielle du 28 juillet au Venezuela.

L’élection présidentielle du 28 juillet semble être une répétition des élections précédentes, l’opposition dénonçant à nouveau des fraudes et le gouvernement dénonçant une fois de plus une tentative de coup d’État. Quelle est votre analyse ?

Permettez-moi tout d’abord de rappeler les analyses typiques qui sont faites à chaque fois qu’une élection a lieu au Venezuela. En règle générale, le point de départ – étayé par des preuves factuelles – est que chaque campagne voit s’affronter deux camps antagonistes : l’ensemble des forces alignées sur le programme de la révolution bolivarienne contre l’ensemble des forces qui s’y opposent.

À partir de là, les interprétations varient quant aux raisons pour lesquelles le premier camp est au pouvoir depuis 25 ans. Une partie de la gauche a tendance à considérer les victoires successives du chavisme comme la preuve de l’énorme capacité de résistance de sa base et de l’incontestable capacité politique de sa direction à neutraliser les attaques de l’impérialisme et à empêcher les forces les plus réactionnaires de revenir au pouvoir.

De son côté, la droite construit un récit selon lequel le maintien au pouvoir du chavisme ne peut s’expliquer que par son caractère autoritaire : toutes ses victoires électorales seraient forcément sujettes à caution ou dépourvues de légitimité et résulteraient de la manipulation des masses par le gouvernement, de l’utilisation abusive des ressources publiques lors des campagnes électorales et de la discrimination généralisée des leaders de l’opposition, ou encore de la fraude.

Une autre partie de la gauche reprend à son compte certains de ces points de vue pour se dissocier du chavisme, qu’elle considère comme autoritaire, irrespectueux du principe de l’alternance démocratique, usant de manœuvres contre l’opposition, réprimant les manifestations publiques, restreignant les libertés, contrôlant les institutions et portant la responsabilité des dérives économiques.

En réponse, la partie de la gauche qui a une évaluation plus positive de la révolution bolivarienne a tendance à dénoncer le système de deux poids, deux mesures qui prévaut lorsqu’il s’agit du Venezuela. Elle souligne que ce qui est identifié comme des erreurs, des faiblesses ou des excès du chavisme au pouvoir est considéré comme normal dans n’importe quel autre pays démocratique – sans même parler du silence lorsqu’il s’agit de sociétés soumises à des régimes véritablement dictatoriaux ou face au génocide à Gaza, par exemple.

Tels sont les faits et les différentes interprétations de ces faits, exposés de manière très résumée. Périodiquement, des élections ont lieu au Venezuela où des courants différents s’affrontent. Ensuite, une fois les résultats connus, nous passons à la phase de débat sur ce qui s’est passé, sur la base d’évaluations fondées sur des convictions politiques préexistantes. C’est normal, c’est comme cela que ça s’est passé et, en principe, tout indique que ça va continuer comme ça. Il ne semble donc pas utile d’essayer d’expliquer ces différentes interprétations, car nous savons déjà qu’elles ne font que refléter des positions politiques préexistantes, etc.

Si l’on veut vraiment comprendre ce qui se passe au Venezuela, il faut plutôt partir de ce qui s’est réellement passé, c’est-à-dire des faits incontestables. Comme il s’agissait d’une élection présidentielle, nous devons non seulement nous intéresser aux forces politiques en présence – ce qui inclut, bien sûr, l’influence pernicieuse exercée par l’impérialisme américain – mais aussi et surtout au détenteur de la souveraineté populaire, c’est-à-dire aux citoyens.

Le premier fait à garder à l’esprit est que les Vénézuéliens qui ont voté le 28 juillet l’ont fait dans un contexte de profonde crise de la représentation politique. D’une manière générale, la classe politique est dans le pire état qu’elle ait connu au cours des 25 dernières années.

D’une part, nous avons une classe politique anti-chaviste plombée par le poids accumulé des défaites successives, vilipendée par sa base sociale, en proie à ses propres contradictions, sans direction incontestée et fédératrice, avec peu de clairvoyance stratégique, sous la férule du gouvernement américain, et qui paie le prix de ses dérives anti-démocratiques qui ont dilapidé tout son capital politique.

D’autre part, nous avons une classe dirigeante qui est également en proie à ses propres contradictions. Cela a généré un conflit interne dans lequel les tendances les plus conservatrices et pragmatiques l’ont emporté et ont imposé ce que le marxiste italien Antonio Gramsci a appelé l’anti-programme de la révolution passive. La classe ouvrière a alors cessé de constituer l’épine dorsale du bloc de forces au pouvoir.

Depuis la défaite de la classe dirigeante aux élections législatives de 2015 (un signe clair de la fracturation de ce bloc hégémonique national et populaire), mais surtout à partir de septembre 2018 (lorsqu’elle a commencé à mettre en œuvre un programme économique d’un monétarisme orthodoxe), cette classe a tenté de recomposer son bloc dirigeant par le haut avec des fractions de la classe capitaliste.

Ce processus a créé les conditions d’une désintégration progressive de sa force politique qui lui venait d’en bas. Au cours de la dernière décennie, d’énormes contingents de ce qui était autrefois la base ouvrière du gouvernement se sont désaffiliés du chavisme.

Une partie importante de la société vénézuélienne se trouve à nouveau dans une « situación de vaciamiento ideológico » (situation de vide idéologique), pour reprendre une expression du marxiste bolivien René Zavaleta Mercado. Ce phénomène avait disparu du pays depuis les années 1990 et, il faut le souligner, il s’agissait d’un problème politique de premier ordre que le chavisme a réussi à résoudre.

Quelles sont les implications de tout cela pour les élections présidentielles du 28 juillet ? Tout d’abord, il est évident que les deux forces se sont lancées dans la campagne avec des bases sociales profondément affaiblies. Deuxièmement, le changement stratégique opéré par la classe dirigeante implique la remise en question d’un fait autrefois considéré comme acquis, à savoir que les élections sont un affrontement entre deux projets historiques opposés. Le débat programmatique a été pratiquement absent tout au long de la campagne.

Troisièmement, et en lien direct avec le point précédent, un important contingent de citoyens – ceux qui se trouvent dans une « situation de vide idéologique » – a exercé son droit de vote alors qu’il ne se sentait représenté par aucun candidat. Enfin, une part considérable du vote en faveur du candidat de l’opposition ne traduisait pas une identification avec l’anti-chavisme mais était fondamentalement un vote contre le gouvernement. L’inverse est également vrai : une partie du vote pour le candidat officiel n’était pas l’expression d’un soutien au gouvernement, mais plutôt d’un refus d’une victoire possible de l’ultra-droite.

Il est important de souligner que, dans une telle situation, il était crucial que l’arbitre électoral ne laisse aucune place au doute quant au résultat, en garantissant la réalisation des opérations de vérification requises et en publiant les résultats répartis par bureau de vote. Non seulement cela n’a pas eu lieu, mais les explications du Conseil national électoral (CNE) sur les raisons pour lesquelles il n’a pas été en mesure de remplir ses fonctions – à savoir un piratage du système de vote – ont été franchement insuffisantes, c’est le moins que l’on puisse dire.

Tout cela signifie que les interprétations habituelles sont totalement inadéquates pour évaluer ce qui s’est passé au Venezuela depuis le 28 juillet. Elles reposent, au mieux, sur des lectures superficielles et, au pire, sur une méconnaissance totale de ce qui s’est passé ces dernières années en termes d’équilibre des forces politiques.

Il est également manifeste qu’au-delà des versions opposées des événements (fraude ou tentative de coup d’État), nous nous trouvons dans une situation où le doute raisonnable, et avec lui un véritable sentiment de malaise, s’est installé au cœur de la société vénézuélienne. Les manifestations populaires du 29 juillet en sont le résultat direct. Il ne fait aucun doute que les deux camps ont cherché à peser sur le cours des événements de ce jour-là : l’un en cherchant à capitaliser sur le mécontentement et à attiser la violence, l’autre en imposant l’ordre. Nous pouvons clairement affirmer qu’aujourd’hui, l’ordre règne au Venezuela, même si des doutes subsistent et qu’un sentiment de malaise demeure.

Selon vous, pourquoi le CNE et le gouvernement n’ont-ils pas encore publié les résultats du vote et les feuilles de décompte ? Que pensez-vous de l’arrêt de la Cour suprême (TSJ) ?

Il convient de rappeler les mots exacts du dirigeant du conseil électoral, Elvis Amoroso, lorsqu’il a communiqué le premier bulletin officiel aux premières heures du 29 juillet. Il a déclaré : « Les résultats bureau de vote par bureau de vote seront disponibles sur le site web du Conseil National Electoral dans les prochaines heures, comme cela a toujours été le cas, grâce au système de vote automatisé. De même, les résultats seront remis aux organisations politiques sur CD, conformément à la loi ». Comme je l’ai déjà dit, non seulement cela n’a pas eu lieu, mais les explications ont été franchement insuffisantes.

J’ajouterai que la publication des résultats de manière détaillée et vérifiable n’est pas seulement une question technique, c’est une question de fond : nous parlons de quelque chose qui est à la fois une obligation de l’arbitre électoral et une chose à laquelle a droit le peuple vénézuélien, qui a le sentiment que ce droit lui a été volé. La situation n’a pas changé à la suite de la décision du TSJ, qui a validé les résultats du CNE tout en l’invitant à les publier conformément à la loi, c’est-à-dire dans les 30 jours suivant la nomination officielle du nouveau président de la République.

Comment voyez-vous le rôle qu’ont joué les gouvernements latino-américains ?

Je voudrais mettre l’accent sur le rôle joué par les gouvernements colombien, brésilien et mexicain. À mon avis, ils sont véritablement motivés par la volonté de jouer un rôle de médiateur entre les parties en présence, tout en accordant la priorité à la reconnaissance de la volonté du peuple. Leurs déclarations publiques ont été marquées, du moins jusqu’à présent, par le bon sens, ce qui me semble essentiel à l’heure actuelle. Je crois qu’il est juste de souligner la nécessité d’une « publication en toute transparence de résultats ventilés et vérifiables ». Une telle position est conforme aux intérêts de la majorité de la classe ouvrière de notre pays.

Avec un peu de recul, comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Plus précisément, comment qualifieriez-vous la voie suivie par le gouvernement de Nicolas Maduro au cours des dernières années ?

J’ai fourni quelques éléments de contexte importants pour nous aider à comprendre comment nous en sommes arrivés à la situation actuelle. Mais j’aimerais ajouter ce qui suit : Je comprends parfaitement pourquoi les impacts du blocus économique impérialiste sur le Venezuela sont si souvent invoqués pour expliquer l’agitation populaire. Qui plus est, je dirais que la raison en est évidente : en effet, ce blocus a multiplié de façon exponentielle les maux infligés à la population par la crise économique qui sévissait antérieurement, par exemple, à la mise en application des premières sanctions imposées à Petróleos de Venezuela en août 2017.

Nous parlons de mesures punitives et illégales qui visaient à accélérer l’effondrement de l’économie nationale et, pour dire les choses crûment, à engendrer des souffrances humaines et des morts. Confrontée à ces conditions, à une situation aussi extrême, une société comme celle du Venezuela – qui a vécu des années de politisation intense – mettra naturellement en balance les dommages causés par ces attaques et les décisions prises par les dirigeants politiques pour les contrer. Si l’on peut dire que quelque chose est profondément ancré dans la culture politique du citoyen vénézuélien moyen, c’est la conviction que ses dirigeants politiques doivent assumer leurs responsabilités face à de tels défis – Hugo Chávez a joué un rôle fondamental à cet égard.

La façon dont la classe dirigeante a fait face à ces difficultés a été de construire un récit selon lequel il n’y avait pas d’alternative aux mesures qu’elle a finalement adoptées, par exemple dans le domaine de la politique économique.

C’était le premier mauvais signal. En d’autres termes, aucun espace n’a été laissé aux délibérations publiques, aux débats contradictoires sur les différentes options, pour la simple raison qu’il n’y avait qu’une seule option. Et si la seule et unique option remettait en question les objectifs stratégiques de la révolution bolivarienne elle-même ? Manque de chance. Une fois cette logique installée au sein de la classe dirigeante, la seule solution pour contrôler l’hyperinflation, pour ne citer qu’un exemple, a été l’ensemble des mesures appliquées à partir de septembre 2018 : réduction drastique des dépenses publiques, dévaluation des salaires à un niveau historiquement bas, versement des rémunérations de la classe ouvrière sous forme de primes, etc.

Cette séquence d’événements qui ont entraîné un appauvrissement matériel (qui est toujours, en même temps, un appauvrissement spirituel et qui affecte radicalement les liens sociaux), combinée à un blocus impérialiste qui a amplifié de manière exponentielle l’appauvrissement matériel, et à l’appauvrissement politique résultant de l’exclusion de toute alternative pour faire face à la situation, le tout suivi d’un nouvel appauvrissement matériel, contribue à expliquer, au moins partiellement, le fait très grave qu’une partie importante des citoyens est allée jusqu’à considérer l’ultra-droite vénézuélienne comme une option politique valable.

Quelle(s) position(s) les forces politiques de la gauche radicale ont-elles adoptée(s) à l’égard des élections ? Quelles sont les possibilités de renforcer la gauche dans le contexte actuel ?

Je peux vous répondre en fonction de l’orientation de mes propres activités : il y a beaucoup de possibilités, et nous travaillons à les multiplier. Nous essayons de créer des espaces pour analyser la situation sur la base d’un minimum de rigueur intellectuelle et d’honnêteté. Dans ces espaces, nous essayons de sauver de l’oubli les aspects les plus précieux des traditions de la gauche révolutionnaire vénézuélienne, en cherchant à garantir leur transmission à la génération suivante, afin que ceux qui arrivent au militantisme ne considèrent pas qu’ils doient repartir de zéro. Il y a une énorme quantité de luttes et de connaissances qui peuvent nous éclairer sur ce que nous avons à faire aujourd’hui et à l’avenir.

Nous traversons incontestablement une période particulièrement difficile, mais ce ne sera ni la première ni la dernière fois que nous serons confrontés à une telle situation. Nous n’établissons pas seulement des liens avec des activistes dans de nombreuses régions du pays (et en dehors du Venezuela), mais nous nous efforçons également de mettre en place une structuration politique plus efficace.

En outre, nous sommes convaincus que, quelles que soient les circonstances, la gauche révolutionnaire ne peut en aucun cas se permettre de se concevoir comme un ghetto, comme une poignée d’activistes qui proposent des témoignages de luttes sacrificielles, et tout ce qui s’ensuit.

Comme nous l’a enseigné [le révolutionnaire vénézuélien] Alfredo Maneiro, la solution aux problèmes fondamentaux du pays passe par la gauche, mais aussi au-delà d’elle. La gauche révolutionnaire doit pouvoir parler à la majorité de la classe ouvrière et se faire remarquer par sa vocation à exercer le pouvoir, comme l’a expliqué Chávez.

Face à une situation confuse qui ressemble à un labyrinthe politique sans issue apparente, je crois que l’heure est à la retenue et à la force de caractère. Les actions motivées uniquement par l’indignation morale conduiront invariablement à des faux pas. Je suis convaincu que de nouvelles situations se présenteront. Comme je l’ai dit, l’ordre règne au Venezuela et avec lui le calme, mais c’est un calme plein d’inquiétude. Le peuple vénézuélien aura le dernier mot

Publié par LINKS Revue internationale du renouveau socialiste le 28 août 2024.

Traduit pour ESSF pr Pierre Vandevoorde avec l’aide de DeepL

1 septembre 2024 par Reinaldo Antonio Iturriza López

https://inprecor.fr/node/

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25 août 2024 ~ 0 Commentaire

Antisémitisme (MRAP)

Enfants juifs à Paris

Le MRAP89 : Combattre le racisme sous toute ses formes, le MRAP dénonce l’attentat antisémite de la Grande-Motte

 Combattre le racisme sous toute ses formes, le MRAP dénonce l’attentat antisémite de la Grande-Motte

Le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) condamne avec la plus grande fermeté l’attentat contre la synagogue de la Grande Motte et exprime son émotion et sa pleine solidarité à la communauté juive.

Rien ne justifie l’attaque contre la synagogue de la Grande Motte qui fait suite à l’attentat récent contre la synagogue de Rouen et d’autres multiples et nombreux actes visant la communauté juive, dans un contexte indéniable de montée de l’antisémitisme.

Cette résurgence de la haine antisémite ne peut qu’inquiéter tous ceux qui militent contre le racisme, sous toutes ses formes.

La critique légitime de la politique d’extrême droite du gouvernement israélien ne saurait justifier ces attaques ignobles. Notre mouvement exprime sa vive émotion et sa pleine solidarité avec la communauté juive de France.

Le MRAP espère que l’auteur de cet acte infâme soit rapidement arrêté, poursuivi et condamné et sa commission juridique saisit d’ores et déjà le procureur de la République afin de se constituer partie civile, le cas échéant.

Pour le MRAP Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitie entre les Peuples
Agnès Cluzel 25.08.24

https://yonnelautre.fr/

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19 août 2024 ~ 0 Commentaire

Delon (Le Huffpost)

le pen

Mort d’Alain Delon : le cœur de l’acteur a toujours penché (bien) à droite

Alain Delon lors de la cérémonie l’élevant au rang de commandeur des Arts et des Lettres en présence de Jean-Marie Le Pen le 26 mai 1986 à Paris. FREDERIC REGLAIN/GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES

Réac assumé, Alain Delon a multiplié les prises de position en adéquation avec celles de la droite et de l’extrême droite. Quitte à verser parfois dans l’homophobie ou le racisme.

CINÉMA – Une icône culturelle qui sent quand même un peu la naphtaline. Alors que la mort d’Alain Delon ce dimanche 18 août affecte le cinéma français et international, une grande partie de la droite française s’est empressée de saluer la mémoire de ce monument de la culture française.

Rien d’anormal à cela, quand on connaît les prises de position conservatrices de l’acteur, né en 1935 dans une tout autre France que celle d’aujourd’hui. Gaulliste revendiqué, le comédien n’a jamais caché ses opinions politiques, soutenant plusieurs candidats de droite au fil des élections présidentielle françaises.

Favorable à la peine de mort, il s’était notamment positionné en faveur de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et 1981, avant de soutenir Raymond Barre, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy lors élections suivantes. Pour Raymond Barre, qu’il comparait à de Gaulle, il s’était d’ailleurs transformé en mascotte, allant jusqu’à introduire son clip de campagne.

Passionné par la figure du général de Gaulle, Alain Delon avait d’ailleurs racheté le manuscrit de l’appel du 18 juin en 1971 pour éviter qu’il ne parte à l’étranger, comme le rappelle Le Figaro.

 Idylle générationnelle

Ce que l’on sait moins sur Alain Delon, c’est qu’il partageait une certaine accointance avec le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen. Une amitié discrète mais assumée, comme ce fut le cas en 1987, lorsqu’il déclara avoir « des points d’accord et de désaccord » avec cet « ami de longue date ». Alain Delon disait même être « très “sympathisant” de Monsieur Le Pen », tout en soutenant Raymond Barre à la même période.

Une amitié qui trouve son origine dans le passé commun des deux hommes, tous deux ayant participé à la guerre d’Indochine. Jean-Marie Le Pen était d’ailleurs présent sur la liste des invités d’Alain Delon lors de son élévation au rang de commandeur des Arts et des Lettres par Jack Lang, en 1986.

Sans jamais s’engager franchement pour le FN, Alain Delon avait malgré tout adoubé le parti des Le Pen en 2013 lorsqu’il avait affirmé dans le journal suisse Le Matin qu’il souhaitait que «  le Front national prenne une place très importante » dans le paysage français. « Je l’approuve, je le pousse et le comprends parfaitement bien », assurait-il. Des déclarations qui lui avaient valu d’être particulièrement critiqué, en plus de perdre son titre de président à vie du Comité Miss France.

«  Je n’ai pas dérapé. Je suis gaulliste depuis quarante ans mais il faut vivre avec son temps. On ne peut pas être gaulliste dans un monde hollandiste », avait-il répondu dans le même journal face au tollé provoqué par son soutien au parti de Jean-Marie Le Pen. On a « voulu me coller l’étiquette extrême droite parce que j’ai raconté que j’étais copain avec Le Pen depuis l’armée. Non, je suis de droite, point », nuançait-il quelques années plus tard dans le JDD.

 « Raciste, homophobe et misogyne »

Des positions et sorties conservatrices, Alain Delon en a quelques unes au compteur. Pas étonnant donc de le voir s’afficher avec la fervente opposante au mariage pour tous Christine Boutin en 2014 pour la campagne des européennes, assurer au journal L’Express en 1977 qu’il était « fasciste » ou assumer des violences conjugales en déclarant dans l’émission Thé ou Café en 2018 : « Machiste ? Ça dépend de ce que vous appelez machiste. Si une gifle c’est machiste, oui j’ai dû être machiste. »

Interpellé dans l’émission C à Vous en 2013 après des propos sur l’homosexualité dans les colonnes du Figaro (« On a l’air de sous-entendre qu’être avec quelqu’un du sexe opposé ou du même sexe, c’est pareil. Ça, c’est grave ! »), l’acteur s’était une nouvelle fois retrouvé au cœur d’une polémique en affirmant n’avoir « rien contre les gays qui se mettent ensemble » mais qu’il considérait l’homosexualité comme étant « contre-nature ». Avant de se reprendre pour réduire la portée de ses propos à l’adoption des couples homosexuels, comme vous pouvez le revoir dans la vidéo ci-dessous.

 Delon : l’homosexualité est contre-nature

En 2019, avant de recevoir la Palme d’or d’honneur du Festival de Cannes pour l’ensemble de sa carrière, l’acteur de Paris brûle-t-il ? ou Borsalino avait également été attaqué par l’association américaine Women and Hollywood, qui militait pour que le festival cannois renonce à cette remise de prix, jugeant Alain Delon « raciste, homophobe et misogyne ». En s’appuyant sur un bon nombre d’exemples cités plus tôt. « Je n’ai jamais harcelé une femme », avait-il tenu à répondre à ses accusatrices.

Pas à une incohérence près, Alain Delon pouvait se montrer plus tolérant qu’il n’en avait l’air. Sa longue collaboration avec le réalisateur italien Luchino Visconti, homosexuel et sympathisant de la cause communiste, ou son soutien à la marie PS de Paris Anne Hidalgo pour les municipales de 2014 sont là pour le prouver.

Maxime Birken


• Le HuffPost. 18/08/2024
https://www.huffingtonpost.fr/

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16 août 2024 ~ 0 Commentaire

Gilbert Ashcar (EESF)

gaza

L’antifascisme et la chute du libéralisme atlantiste – Le tournant de la guerre génocidaire de Gaza

Le masque libéral est enfin tombé à tout jamais de l’idéologie atlantiste en conséquence de la solidarité et de la collusion manifestées par ses dirigeants avec un État israélien dirigé par des factions néofascistes et néonazies du sionisme – un État qui commet dans la bande de Gaza la guerre génocidaire délibérée la plus odieuse menée par un État industrialisé depuis le génocide nazi.

L’historien français François Furet, communiste dans sa jeunesse devenu anticommuniste par la suite, est l’auteur d’une explication célèbre de la popularité du communisme après la Seconde Guerre mondiale, en particulier parmi les intellectuels, l’attribuant à l’antifascisme mis en valeur par le rôle majeur joué par l’Union soviétique dans la défaite du nazisme pendant la guerre.

Le stalinisme est ainsi passé d’un jumeau du nazisme dans leur affiliation commune au totalitarisme, stade suprême de la dictature, à son ennemi juré – un changement d’image qui a permis au stalinisme d’atteindre le sommet de son influence idéologique dans la décennie qui suivit la défaite complète de l’Axe fasciste.

L’antifascisme a continué à jouer un rôle central dans l’idéologie soviétique, mais avec une influence décroissante en raison de la marginalisation relative du fascisme dans les décennies qui ont immédiatement suivi la guerre mondiale, jusqu’au moment où le système soviétique est entré en agonie.

Cette interprétation du sort de l’idéologie soviétique est sans aucun doute correcte, car le rôle de l’Union soviétique dans la défaite du nazisme était en effet l’argument idéologique le plus fort du mouvement communiste après la Seconde Guerre mondiale, dépassant de loin la référence à l’héritage bolchevique de la Révolution russe.

Cependant, ce que Furet et d’autres anticommunistes ont négligé, c’est que le libéralisme auquel ils prétendaient appartenir, tout comme les staliniens prétendaient appartenir au marxisme, était également basé sur l’antifascisme, la différence étant qu’il combinait le fascisme avec le stalinisme dans la catégorie du totalitarisme.

C’était et cela reste la prétention centrale du libéralisme de type atlantiste, inauguré par la Charte de l’Atlantique que les États-Unis et la Grande-Bretagne ont conclue en 1941 pour cimenter leur alliance durant la Seconde Guerre mondiale, et qui est devenue la base de l’Alliance atlantique (OTAN) établie contre l’Union soviétique durant la Guerre froide.

Cette idéologie atlantiste a cependant fermé les yeux sur les racines coloniales impérialistes du fascisme telles qu’analysées par la grande penseuse juive germano-américaine Hannah Arendt, pour la raison évidente que l’OTAN a été créée alors que ses États membres régnaient encore sur des empires coloniaux dans l’ensemble du Sud mondial.

À tel point que le régime colonial fasciste d’après-guerre du Portugal a lui-même été l’un des fondateurs de l’OTAN. Alors que le monde entrait dans l’ère de la décolonisation, l’idéologie atlantiste s’est concentrée sur l’opposition au communisme soviétique sans abandonner son opposition au fascisme, mais en limitant quasiment ce dernier au nazisme et au génocide des Juifs européens qu’il a perpétré.

Ainsi, l’idéologie atlantiste a pu revendiquer le monopole de la représentation des valeurs de liberté politique et de démocratie défendues par le libéralisme historique, alors qu’elle piétinait et continue de piétiner ces mêmes valeurs dans les pays du Sud mondial.

Nous sommes arrivés aujourd’hui à un tournant historique où la prétention libérale que l’OTAN a portée comme un masque est tombée, au moment même où elle venait d’atteindre un nouveau sommet avec l’opposition de l’Alliance à l’invasion russe de l’Ukraine et sa prétention à représenter les valeurs libérales contre le régime néofasciste de Vladimir Poutine.

Cette dernière prétention a persisté malgré la montée du néofascisme dans les rangs de l’OTAN elle-même et son arrivée au pouvoir dans certains de ses États membres, dont les États-Unis sous la présidence de Donald Trump.

Les libéraux atlantistes ont continué à utiliser l’antitotalitarisme, y compris l’opposition au fascisme et au néofascisme, comme base de leur propre idéologie, dépeignant leur lutte comme une version moderne de la lutte du libéralisme (impérialiste) contre le fascisme dans les années 1930, qui s’est elle aussi déroulée dans divers pays du Nord mondial.

Aujourd’hui, le masque libéral est enfin tombé à tout jamais de l’idéologie atlantiste en conséquence de la solidarité et de la collusion manifestées par ses dirigeants avec un État israélien dirigé par des factions néofascistes et néonazies du mouvement colonial sioniste – un État qui commet dans la bande de Gaza la guerre génocidaire délibérée la plus odieuse menée par un État industrialisé depuis le génocide nazi, ainsi que des exactions criminelles continues contre le peuple palestinien en Cisjordanie ainsi que dans les prisons israéliennes, qui révèlent une violente hostilité raciste aux Palestiniens relégués au rang d’êtres sous-humains (Untermenschen) comme les Juifs l’ont été par les Nazis.

À la lumière de cette position des atlantistes, leur prétention libérale dans l’opposition à l’invasion russe de l’Ukraine a perdu toute crédibilité, tout comme leur prétention libérale de s’opposer au fascisme et au génocide, et d’adhérer à d’autres piliers de l’idéologie formulée par leurs prédécesseurs après la Seconde Guerre mondiale et inscrite dans la Charte des Nations Unies de 1945, est devenue sans valeur.

Le grand paradoxe de ce basculement historique est que les atlantistes utilisent le souci pour les victimes juives du nazisme comme prétexte pour justifier leur position. Ils tirent de l’histoire de la lutte contre le nazisme une leçon imprégnée de logique coloniale raciste, préférant la solidarité avec ceux qui prétendent représenter tous les Juifs, et que les atlantistes sont venus à considérer comme faisant partie de leur monde « blanc », même lorsqu’ils sont eux-mêmes devenus des criminels génocidaires, à la solidarité avec leurs victimes non « blanches ».

La théorie d’Hannah Arendt sur les origines du totalitarisme s’est ainsi trouvée confirmée, car un antitotalitarisme qui ne voit que l’hostilité antisémite aux Juifs comme la racine du mal, tout en ignorant l’héritage colonial qui n’est pas moins horrible que les crimes commis par le nazisme, un antitotalitarisme aussi incomplet est voué à s’effondrer, vicié par une incapacité à surmonter le complexe suprémaciste blanc qui a présidé aux plus grands crimes de l’ère moderne – y compris l’extermination nazie des Juifs européens, que les Nazis considéraient comme des intrus non blancs dans leur « espace vital » (Lebensraum) de l’Europe nordique blanche.

Gilbert Achcar

mercredi 14 août 2024 ACHCAR Gilbert

• Gilbert Achcar. BILLET DE BLOG (MEDIAPART) 14 AOÛT 2024 :
https://blogs.mediapart.fr/

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13 août 2024 ~ 0 Commentaire

Argeles sur Mer (NPA)

Crédit Photo Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas

Un député RN aimerait bien faire interdire l’université d’été du NPA

Depuis 2004, la LCR puis le NPA ont tenu chaque année leur Université d’été à Port-Leucate, dans le département de l’Aude. Cette année encore, 700 personnes, dont des familles, s’y retrouveront dans un espace convivial pour échanger, se former, se rencontrer, s’organiser.

Depuis 2022, Frédéric Falcon est député RN dans la 2ème circonscription de l’Aude. Légitimement dérangé par la campagne législative du Nouveau Front populaire portée il y a quelques semaines par Philippe Poutou dans la 1ère circonscription de l’Aude (Carcassonne et villages alentours), logiquement ennuyé de voir la gauche s’unir pour occuper le terrain et tenir tête à l’extrême droite, ne se faisant le relais de personne, Falcon vient de demander au Préfet de l’Aude tout simplement d’interdire la tenue de notre Université d’été !

Pour cela, le député RN ment. En effet, notre organisation n’est aucunement poursuivie pour apologie du terrorisme. Le parquet de Paris n’a pour l’instant donné aucune suite à l’audition du directeur de publication de notre journal effectuée par la Police judiciaire en novembre 2023. Le soutien au peuple palestinien n’est pas un crime. En revanche, le génocide perpétré par le pouvoir fasciste et colonial israélien à Gaza en est un, et Falcon ne semble visiblement pas pressé de le dénoncer.

Falcon se croit sans doute « chez lui » dans le Narbonnais, mais la 2e circonscription de l’Aude n’est pas « la sienne ». Leucate n’est pas une « terre RN » mais une commune de villégiature populaire et ouverte à tout·es, dans un territoire marqué par une histoire tragique. Ainsi, certainement passionné par la « gestion des flux migratoires », que pense Falcon du camp de concentration tout proche ( de républicains espagnols ) d’Argelès-sur-Mer ?

L’offensive menée par le député RN montre une fois de plus à quel point l’extrême droite est une menace pour les libertés démocratiques, car son communiqué de presse pourrait bien être un appel à venir troubler notre Université d’été. Les représentants du RN prétendent s’opposer, en qualifiant leurs opposant·es de « personnalités sulfureuses », d’amis des « terroristes » et des « islamistes », « tenant des propos proches de l’antisémitisme », tout cela pour tenter d’empêcher le débat politique.

Le véritable danger pour l’immense majorité de la population, le véritable trouble, c’est bien l’extrême droite que nous combattons sans relâche. Nous ne nous laisserons pas intimider et continuerons de porter une parole d’émancipation.

 Mardi 13 août 2024

https://npa-lanticapitaliste.org/

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